00:00Le président de la République, chef du gouvernement Brice Clotaire, Oligin Gema, l'a rappelé lors de son interview accordée au quotidien de l'Union le 21 août 2025.
00:09La lutte contre la pauvreté est au cœur de notre action, tout en déplorant la trop grande passivité des jeunes face aux opportunités offertes par les secteurs porteurs, comme les agrégats ou l'agriculture.
00:20Ce discours, emprunt de volontarisme, mérite d'être salué, mais il laisse dans l'ombre une vérité brutale.
00:26Ce ne sont pas les Gabonais qui manquent de volonté, c'est le système qui décourage les plus entreprenants.
00:31Le premier obstacle à lever, c'est l'insécurité juridique.
00:34Comment encourager des jeunes à créer des entreprises si une fois un contrat signé, ce dernier, pourtant homologué et exécuté, une simple décision d'un administrateur-directeur général, suffit à tout remettre en cause.
00:45L'exemple de la caisse des dépôts et consignation dirigée par Marius Issa Nkori en est une démonstration alarmante.
00:52Un contrat régulièrement conclu avec une PME gabonaise, homologuée par la Direction générale des impôts et donnant lieu à des prestations réalisées et payées partiellement, a été simplement ignoré.
01:02Résultat, une quinzaine de familles gabonaises sont aujourd'hui menacées.
01:06Ce cas n'est pas isolé, il témoigne d'un fléau structurel tant que l'État et ses démembrements.
01:11Direction générale, établissements publics, industriels et commerciaux ne respecteront pas leur signature.
01:16Entreprendre Gabon sera atteinte deux fois, voire une mise en péril.
01:20Le chef de l'État, Brice Clotaire, Oleg Ingema, déplore à juste titre la fuite des cerveaux.
01:24Mais il faut reconnaître que cette fuite est une conséquence directe de l'étouffement de l'initiative privée.
01:29Les jeunes gabonais formés à l'étranger ne refusent pas de rentrer.
01:33Ils savent simplement qu'ici, leur mérite risque d'être ignorée, leurs compétences méprisées, leurs efforts contrariés.
01:39De là où ils se trouvent, ils ont une oreille attentive sur le traitement de ceux qui les ont précédés.
01:43Comment espérer le retour de nos compatriotes partis se former à l'étranger, souvent bardés de diplômes,
01:48quand ils savent qu'ici même, un contrat signé avec une institution publique peut être bafoué, sans recours ni sanctions.
01:54Quand exiger le respect de ses droits expose à des manœuvres d'intimidation et à des pressions de la part de ceux qui devraient montrer l'exemple.
02:01Dans un pays où réclamer son dû est perçu comme une insolence, comment convaincre cette génération de revenir, construire l'avenir ?
02:07Tant que des dirigeants d'entreprises étatiques continueront de piétiner leurs engagements, la fuite des talents restera une réalité et, avec elle, l'impossibilité d'un véritable décollage économique.
02:18On oublie trop souvent que la véritable usine à emploi, ce ne sont pas les ministères, ni l'administration centrale, mais les PME-PME.
02:251 000 petites entreprises employant 15 salariés, c'est déjà 15 000 compatriotes sortis du chômage.
02:3010 000 PME, ces 150 000 emplois directs, soit plus que tout ce que l'État pourrait jamais absorber dans une fonction publique déjà saturée, budgétivore et incapable de continuer à jouer ce rôle de guichet social ou de variable ajustement de l'employabilité.
02:44Le potentiel est là, immense, à portée de main, les idées existent, les talents abondent, ce qui manque, ce n'est pas l'énergie des Gabonais, mais la confiance et la sécurité institutionnelle.
02:53Tant que les contrats ne seront pas respectés, tant que les entrepreneurs seront abandonnés face à l'arbitraire et au retard de paiement, le pays se condamne à tourner en rond.
03:02Faire le choix des PME, c'est faire le choix de l'indépendance économique, de l'emploi local et d'une rupture réelle avec le modèle d'assistanat qui étouffe le Gabon depuis des décennies.
03:11L'ambition de bâtir un nouveau Gabon ne peut pas reposer sur des slogans ou des incantations.
03:15Elle doit se traduire par une nouvelle culture de gouvernance, celle qui promeut la transparence dans les appels d'offres, l'inclusivité dans la commande publique et la reconnaissance du mérite réel, sans clientélisme ni favoritisme.
03:27Monsieur le Président, votre serment du 3 mai 2025 nous a inspirés.
03:31Rétablir l'état de droit, remettre l'économie entre les mains des Gabonais et ouvrir une ère de justice.
03:36Mais cet état de droit commence par des actes simples, respecter un contrat signe.
03:41Un pays qui méprise ses entrepreneurs signe lui-même l'acte de décès de son développement.
03:44On ne peut pas, d'une main, exhorter la jeunesse à entreprendre et de l'autre, étrangler ceux qui ont le courage de répondre à cet appel.
03:51C'est une contradiction mortifère qui mine la crédibilité de l'État.
03:55Le sursaut que réclame notre temps ne réside pas dans des slogans, mais dans des actes.
03:59Il commence par la rigueur administrative, par la sacralité de la signature publique, par la protection sans compromis de celles et ceux qui bâtissent,
04:06souvent dans l'adversité, des entreprises créatrices d'emplois et de valeurs.
04:09Il ne s'agit pas de faveurs accordées à une poignée de privilégiés, il s'agit de justice économique, de cohérence républicaine, de survie nationale.
04:18Voilà le véritable test de rupture, protéger les bâtisseurs ou continuer à les broyer sous l'arbitraire.
04:23Et ce test, Monsieur le Président, interpelle directement votre serment et la conscience de tous ceux qui prétendent, à vos côtés, gouverner au nom du peuple gabonais.
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