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00:00:00Saint Louis est un roi immense, un mur porteur de notre pays et de notre civilisation.
00:00:14Depuis des années, j'ai entrepris une quête personnelle afin de retrouver la trace et l'image d'un Saint Louis à l'humanité sensible.
00:00:22J'ai remonté le fil de sa vie. Je me suis rendu sur les lieux qui ont marqué son existence.
00:00:35J'en suis arrivé à cette conclusion. La vie de Saint Louis est un trésor.
00:00:40Les enseignements que j'en ai tirés sont des lumières pour aujourd'hui.
00:00:46Il incarne le beau, le grand, le bien. C'est un roi donné, offert.
00:00:52Il incarne notre civilisation, qui est la civilisation chrétienne.
00:01:01Oui, il est l'architecte de la lumière. On lui doit la Sainte-Chapelle et tant d'autres cathédrales.
00:01:10J'ai choisi aujourd'hui de vous emmener avec moi dans les pas de ce roi du XIIIe siècle, dans les pas de Saint Louis.
00:01:16Un souverain qui avait troqué sa couronne de puissance contre une couronne de souffrance.
00:01:25Un roi qui n'abandonna jamais ni son dieu ni son peuple.
00:01:30Il n'y a pas de hasard.
00:01:39Blanche de Castille, la mère du futur roi, le savait et le disait.
00:01:43Le destin d'un nouveau-né est lié au jour de sa naissance.
00:01:47Comme un mauvais présage, le petit Louis est né à 25 avril, le 25 avril 1214.
00:01:56C'est le jour de la Saint-Marc.
00:01:58C'est le jour des croix noires.
00:02:01Où des foules, dans toutes les cités du royaume, cheminent en procession.
00:02:05Ce jour-là, on voile les hôtels et les crucifix en souvenance des victimes d'une épidémie de peste.
00:02:20C'est ici que Saint Louis est né, à Poissy, au cœur du royaume de France.
00:02:26Il y a à l'époque un château, l'église Notre-Dame, où il est baptisé.
00:02:33La forêt giboyeuse d'Yvelines attire les seigneurs et les rois qui y bâtissent des résidences.
00:02:41Le roi Robert II le Pieux, fils duc Capet, reconstruit le château royal
00:02:46et pose en 1016 la première pierre d'une église dédiée à Sainte-Marie, où Saint Louis sera baptisé.
00:02:56Voici possède l'avantage de n'être pas loin de Paris, la capitale.
00:03:02Ville populeuse d'au moins 100 000 âmes, où le jeune Louis vit, grandit.
00:03:13Paris, c'est pour lui la joie des animations au cœur des rues, des poètes, des troubadours.
00:03:20Le tumulte heureux d'une cité bien vivante.
00:03:32C'est à Paris que jaillissent ses premiers rêves.
00:03:38Louis vit dans la fièvre de la quête du Graal, le calice, le vaisseau, le ciboire,
00:03:47dans lequel Joseph d'Arimaty a recueilli au pied de la croix le précieux sang.
00:03:53Un homme, un exemple, va inspirer Louis dans ses premières années.
00:04:04C'est le roi, Philippe Auguste, son grand-père.
00:04:10Louis est d'ailleurs le premier roi de France à avoir connu son grand-père.
00:04:16Philippe Auguste, de son vivant, est déjà une légende, cavalier émérite,
00:04:24et surtout, c'est le fameux vainqueur de la bataille de Bouvines,
00:04:28l'année même de la naissance de Louis, en 1214.
00:04:33Philippe Auguste prend sous son aile le jeune Louis.
00:04:38Il est surnommé Petit Charlemagne,
00:04:41et aime lui conter le récit de cette bataille mémorable de Bouvines.
00:04:46Le choc sera terrible, mais Dieu était avec moi.
00:04:52Il m'envoya une troupe de laboureurs et de boutiquiers qui fut mon renfort.
00:04:59Battu, l'empereur s'enfuit.
00:05:03La bataille est gagnée.
00:05:06Le jeune Louis grandit, il s'élance sur son destrier,
00:05:11galvanisé, emporté par les récits épiques de son grand-père.
00:05:15Lui aussi, il veut aller à Bouvines.
00:05:18Il est touché au plus profond de son cœur, par les rires chaleureux,
00:05:22l'attention de son aïeul.
00:05:27Nous sommes en juillet 1223.
00:05:30Le temps est à l'orage.
00:05:32Louis est dans la cour du Louvre.
00:05:35Il s'amuse avec son frère Robert, cadet de deux ans, son frère chéri.
00:05:39Sa mère, Blanche de Castille, interrompt brutalement la distration.
00:05:50Elle regarde ses fils et leur dit,
00:05:53« Le roi est mort.
00:05:56Le grand-père est mort. »
00:05:58Quel choc.
00:06:03Ce grand-père si vaillant vient de succomber au paluche.
00:06:08Louis n'arrive pas à y croire.
00:06:10Jusqu'au moment où il se retrouve habillé tout de blanc,
00:06:14le blanc du deuil royal.
00:06:16Nous sommes à Saint-Denis, le cimetière des rois,
00:06:24la nécropole royale.
00:06:26C'est ici que tous les ancêtres sont en sépulturés.
00:06:33Le cortège fait face à la basilique.
00:06:40Sa mère lui fait signe.
00:06:42Louis s'avance vers ce grand-père.
00:06:46Le découvre, sceptre à la main,
00:06:50couronne sur la tête
00:06:51et l'embrasse sur le front.
00:06:54Il frissonne.
00:06:56Il est glacé.
00:07:00Louis pleure toutes les larmes de son corps.
00:07:05Son enfance est finie.
00:07:08Soudain, il se remémore cette phrase du défunt.
00:07:12Un enfant roi n'a pas d'enfance.
00:07:16Louis gardera toujours en mémoire
00:07:20les mises en garde de son grand-père.
00:07:23Méfie-toi, Louis, lui avait-il dit.
00:07:26La France est menacée à l'extérieur
00:07:27par trois forces au moins.
00:07:29D'abord par les Plantagenais,
00:07:31qui rêvent de conquérir notre royaume.
00:07:34Ensuite, par l'Empire mongol,
00:07:36du redoutable Gengis Khan,
00:07:38qui a transformé un empire des steppes
00:07:40en un empire universel aux portes de l'Europe.
00:07:48Enfin, par les seigneurs féodaux,
00:07:50à l'intérieur même du royaume.
00:07:51Louis prend conscience de son devoir
00:07:58de protéger son royaume.
00:08:01Et bien au-delà,
00:08:03de protéger sa civilisation,
00:08:05la chrétienté,
00:08:07et en particulier Jérusalem,
00:08:09où se trouve le tombeau du Christ,
00:08:11qu'il veut libérer des mains des mamelouks.
00:08:13« Oh, Jérusalem ! »
00:08:20murmure-t-il.
00:08:21« Oh, Jérusalem ! »
00:08:24Nous sommes le 6 août 1223.
00:08:39Trois semaines après la mort de Philippe Auguste.
00:08:43Les cloches sonnent à toutes volées.
00:08:46Des « Vive le roi » retentissent
00:08:48dans les rues de Reims.
00:08:50Un roi ne meurt donc jamais.
00:08:53Et ce nouveau roi,
00:08:55c'est son père,
00:08:57Louis VIII.
00:09:00Le petit Louis a 9 ans.
00:09:03Il voit ses deux parents
00:09:04se prosterner sous la lourde couronne,
00:09:06chargés de camées antiques
00:09:09et des maux orientaux.
00:09:10Ils ont tous les deux 35 ans.
00:09:14Le petit Louis se demande souvent
00:09:17ce que pouvait bien penser sa mère,
00:09:20loin de sa Castille natale.
00:09:22Sans doute,
00:09:24les envoûtements espagnols
00:09:26lui manquaient.
00:09:27Dans toutes les cités du royaume,
00:09:33on a appris à admirer cette reine,
00:09:36à l'aimer.
00:09:38Le peuple accourait aux fenêtres
00:09:39à chacun de ses passages.
00:09:42Tous les gens
00:09:42lui faisaient grâce
00:09:44à l'exception des barons.
00:09:47Ces grands vassaux
00:09:48qu'il appelait
00:09:49« l'étrangère »
00:09:52ceux-là même
00:09:52qui s'opposeront à elle
00:09:54quelques années plus tard.
00:10:00Et il y a une phrase
00:10:02que Louis entend souvent.
00:10:06Durant son enfance,
00:10:09Blanche de Castille lui dit
00:10:10« Mon fils,
00:10:13un roi illettré
00:10:14n'est qu'un âne couronné. »
00:10:17Blanche veille à l'éducation,
00:10:18aux lectures de son fils.
00:10:20Il apprend le latin,
00:10:21la seconde langue du palais.
00:10:24Après la langue officielle,
00:10:26la langue d'Oil.
00:10:28Le matin,
00:10:29Louis s'exerce à cheval.
00:10:31On lui enseigne
00:10:32ensuite
00:10:33l'histoire de France.
00:10:35Mais la reine tient aussi
00:10:36et surtout
00:10:37à ce que son fils
00:10:38soit un catholique exemplaire.
00:10:41Elle lui dit
00:10:41« Louis,
00:10:43je préférerais
00:10:44vous voir mort
00:10:45que commettre
00:10:46un seul péché mortel. »
00:10:49L'éducation religieuse
00:10:50tient une place
00:10:51dominante
00:10:52dans la vie de l'enfant.
00:10:54Crainte de Dieu,
00:10:57justice,
00:10:58sagesse
00:10:59et puissance
00:11:01sont les piliers
00:11:02de sa formation.
00:11:07Le deuil
00:11:10une nouvelle fois
00:11:12vient frapper
00:11:14à la porte
00:11:15de la maison royale.
00:11:18Trois ans
00:11:18après la mort
00:11:20de son grand-père,
00:11:22c'est au tour
00:11:22de son père
00:11:23de mourir.
00:11:26Louis VIII,
00:11:28emporté par la maladie
00:11:29sur le retour
00:11:31d'une croisade
00:11:32contre les hérétiques
00:11:33et les cathares.
00:11:33Le roi est mort.
00:11:40Louis
00:11:40est depuis le décès
00:11:42de son frère aîné,
00:11:43l'héritier.
00:11:45Mais il n'a que
00:11:46onze ans.
00:11:48Si jeune pour régner,
00:11:49si jeune
00:11:50pour prendre en main
00:11:51le destin de la France.
00:11:53Que faire ?
00:11:55Il faut se hâter,
00:11:57dit Michel de Hane,
00:11:59une figure,
00:11:59un compagnon fidèle
00:12:00de Philippe Auguste,
00:12:02ne pas laisser
00:12:03de temps
00:12:04à la convoitise
00:12:05des seigneurs
00:12:06qui sont prêts
00:12:06à fondre
00:12:08sur leur proie.
00:12:09Comment faire ?
00:12:11Eh bien,
00:12:12aller à Reims,
00:12:13sacrer le roi,
00:12:14très vite.
00:12:16La décision est prise
00:12:17trois semaines
00:12:18après la mort du roi.
00:12:19Le sacre
00:12:20est planifié.
00:12:22La réaction des barons
00:12:26ne se fait pas attendre.
00:12:28Quel dommage
00:12:29que le délai soit si bref.
00:12:30Nous serions venus
00:12:31sinon.
00:12:34Les barons se défilent,
00:12:35les uns après les autres.
00:12:37Ils déclinent l'invitation.
00:12:38Le comte de Bretagne,
00:12:39Pierre de Dreux,
00:12:40dit mot clair.
00:12:43Ce qui restait
00:12:43de son enfance
00:12:44est terminé
00:12:45pour le petit roi.
00:12:47Louis s'apprête
00:12:48à être sacré
00:12:48dans un courant
00:12:49d'hostilité.
00:12:5428 novembre 1226,
00:12:58Louis et sa mère
00:12:59entrent dans Reims.
00:13:05La ville du sacre
00:13:06des rois de Reims
00:13:07depuis Louis le Pieux,
00:13:10fils de Charlemagne,
00:13:12en 816.
00:13:13La reine,
00:13:14en apercevant l'assistance,
00:13:15a immédiatement compris
00:13:16la gravité de la situation.
00:13:18Beaucoup de barons
00:13:20ont décliné l'invitation.
00:13:23Pierre de Bretagne,
00:13:24Hugues de la Marche
00:13:26ont entraîné
00:13:27dans leur défaillance
00:13:28tous les seigneurs du Poitou.
00:13:33Le rite débute.
00:13:36Minutez, chorégraphié.
00:13:38La solennité est là,
00:13:40mais pas la liesse.
00:13:43L'absence des barons
00:13:44inquiète.
00:13:47Louis entre,
00:13:48accompagné de sa mère,
00:13:51et s'avance vers l'échafaud,
00:13:53c'est ainsi qu'on appelle
00:13:54l'estrade,
00:13:56juste devant le cœur.
00:13:58Debout,
00:13:59devant l'autel,
00:14:01Louis se défait
00:14:02de ses vêtements.
00:14:03Monseigneur de Basoch,
00:14:05prélève alors
00:14:06du Saint Crème
00:14:07avec une aiguille en or,
00:14:09et lui donne l'onction.
00:14:11« Je te fais roi
00:14:13au nom du Père,
00:14:14du Fils
00:14:15et du Saint-Esprit.
00:14:17Dieu te saint
00:14:18de la couronne
00:14:19de gloire
00:14:19et de justice, »
00:14:22déclare l'évêque
00:14:22en lui plaçant
00:14:24la couronne de Charlemagne
00:14:26sur la tête.
00:14:27« Vive le roi Louis !
00:14:33Vive le roi Louis ! »
00:14:35s'exclame le peuple.
00:14:36Louis,
00:14:37au milieu des vivas,
00:14:38s'interroge alors
00:14:39sur sa vocation.
00:14:40« Il est donc la mission
00:14:45d'un roi,
00:14:47le salut de son peuple
00:14:48dans l'au-delà
00:14:49ou les bonheurs ici-bas. »
00:14:53« Vous savez,
00:14:54Louis lui répond sa mère,
00:14:58ce qu'on attend d'un roi,
00:15:00ce n'est pas d'apporter
00:15:01les bonheurs privés,
00:15:04mais d'éloigner
00:15:04les malheurs publics. »
00:15:10« L'absence des barons
00:15:11est de mauvaise augure.
00:15:14Elle annonce
00:15:14une période de trouble.
00:15:16La trahison,
00:15:17puisqu'il s'agit
00:15:18d'une trahison,
00:15:20elle est venue
00:15:20de l'Ouest.
00:15:24Le jeune roi anglais,
00:15:25Henri III,
00:15:27a scellé une alliance
00:15:28avec plusieurs barons.
00:15:30Le comte de Mauclair,
00:15:33Lusignan,
00:15:34le comte de Lamarche,
00:15:36le comte de Dreux
00:15:36et le fameux
00:15:38Thibaut de Champagne.
00:15:40Louis est roi,
00:15:42mais il est trop jeune.
00:15:44C'est donc Blanche
00:15:45qui règne.
00:15:47Et ses vassaux,
00:15:49insolents,
00:15:50ne supportent pas
00:15:51l'idée
00:15:51que le royaume de France
00:15:53soit en des mains
00:15:55féminines.
00:15:56Cette trahison
00:16:03donne lieu
00:16:05à la première situation
00:16:06de tension
00:16:07de son règne,
00:16:09face à face,
00:16:10direct,
00:16:11avec ses ennemis
00:16:12venus de l'Ouest.
00:16:13Le voilà
00:16:20qui fonce
00:16:22sur les bords
00:16:22de la Loire,
00:16:24aux côtés
00:16:24de Michel de Arns
00:16:25et surtout
00:16:27d'une femme
00:16:28tout de blanc
00:16:29vêtue,
00:16:31blanche de Castille,
00:16:32sa mère.
00:16:33La troupe,
00:16:34vaillante,
00:16:35renforcée
00:16:35par les rescapés
00:16:36de Bouvines,
00:16:38arrive à Tours
00:16:38en quelques jours
00:16:40seulement.
00:16:40Les féodaux,
00:16:42inféodés,
00:16:43ne s'attendent pas
00:16:44à cette démonstration
00:16:45de force.
00:16:48Blanche,
00:16:48de son côté,
00:16:49parvient à entamer
00:16:50des discussions
00:16:51et à diviser
00:16:52les barons
00:16:53entre eux.
00:16:56Thibaut de Champagne
00:16:57retourne sa veste
00:16:59pour déclarer
00:17:01son amour
00:17:01et sa fidélité
00:17:02à la reine.
00:17:04Les félons
00:17:04n'ont d'autre choix
00:17:05que de faire soumission.
00:17:07Même si au fond
00:17:08de leur cœur,
00:17:09ils n'abandonnent
00:17:10aucun
00:17:11de leur projet
00:17:12secret.
00:17:14Ils veulent
00:17:14se venger.
00:17:17Mais il faut attendre.
00:17:20Ils apprennent
00:17:21que Louis est parti
00:17:22en direction
00:17:23d'Orléans.
00:17:25Ils montrent
00:17:25en urgence
00:17:26une opération
00:17:27pour le capturer.
00:17:29Je dis bien
00:17:29pour le capturer.
00:17:33Louis doit se cacher
00:17:34au château
00:17:35de Montléry
00:17:36tandis qu'un messager
00:17:38est envoyé
00:17:38pour prévenir
00:17:39la reine
00:17:39restée à Paris.
00:17:42Elle fait
00:17:42immédiatement
00:17:44sonner
00:17:45les cloches
00:17:46de la ville
00:17:47pour envoyer
00:17:47le peuple
00:17:48sauver son fils.
00:17:49et c'est le petit peuple
00:17:56qui vient
00:17:57à la rescousse
00:17:57du roi
00:17:58une nouvelle fois.
00:18:00Le peuple
00:18:01de Bouvines.
00:18:02Les paysans,
00:18:03les bouchers,
00:18:05les colonnes entières,
00:18:06les tisserands
00:18:07qui brandissent
00:18:08leurs outils
00:18:09de travail
00:18:09au-dessus
00:18:10de leur tête
00:18:10et qui scandent
00:18:11longue vie
00:18:12au roi Louis.
00:18:13ce petit peuple
00:18:16a sauvé
00:18:18la couronne.
00:18:23Nous sommes
00:18:24à la Noël
00:18:261228.
00:18:29Les barons
00:18:29n'ont pas dit
00:18:31leurs derniers mots.
00:18:33La reine blanche
00:18:34est furieuse.
00:18:35de quoi se mêle
00:18:38l'église.
00:18:41Elle fait référence
00:18:42à ce qui s'est déroulé
00:18:44le soir
00:18:44de la nativité
00:18:46à Oxford
00:18:47alors qu'on y banquetait
00:18:49et qu'on y choquait
00:18:50le broc
00:18:51avec le vin
00:18:52de l'Aquitaine.
00:18:55Un prélat français
00:18:56s'est levé,
00:18:59un verre à la main,
00:19:01c'est l'archevêque
00:19:03de Bordeaux.
00:19:03Que fait-il
00:19:05en Angleterre ?
00:19:08Il est venu
00:19:08offrir
00:19:09à Henri III
00:19:10le plus beau
00:19:12des cadeaux de Noël
00:19:13qu'on puisse offrir
00:19:14à l'Angleterre.
00:19:16Le cadeau,
00:19:17c'est la France.
00:19:20Par une déclaration
00:19:22d'allégeance,
00:19:23il offre la France
00:19:24à l'Angleterre.
00:19:26Et voilà ce que dit
00:19:27cet archevêque
00:19:28de Bordeaux.
00:19:29Je cite
00:19:29« Sire,
00:19:32quand vous voudrez
00:19:33bien le prendre,
00:19:35sachez-le,
00:19:36le pays de France
00:19:37sera à vous.
00:19:38Nous vous attendons.
00:19:40Au nom des barons
00:19:41de Normandie,
00:19:41de Guyenne,
00:19:42du Poitou
00:19:43et de Cascogne,
00:19:45je vous invite
00:19:45à venir promptement
00:19:47réclamer l'autorité
00:19:48sur ce pays
00:19:49qui vous revient
00:19:51de droit.
00:19:51À votre signal,
00:19:56nous semencerons
00:19:57nos vassaux,
00:19:58nous armerons
00:20:00nos sujets
00:20:01et ferons sonner
00:20:02nos cloches.
00:20:04Vous n'aurez plus
00:20:05qu'à hisser
00:20:06l'étendard
00:20:06d'Angleterre.
00:20:09Telle est
00:20:09la trahison.
00:20:11Blanche a eu vent
00:20:12de cette féronie.
00:20:14Elle a des oreilles
00:20:15un peu partout
00:20:16dans le royaume.
00:20:19Elle n'est pas surprise.
00:20:20Les barons
00:20:21ont inventé
00:20:23une ruse.
00:20:25Le comte de Bretagne
00:20:26doit être
00:20:28le premier
00:20:28à lever une armée
00:20:29contre le roi
00:20:30d'Angleterre
00:20:31pour que Blanche,
00:20:32dans son sillage,
00:20:33convoque
00:20:34l'oste royal.
00:20:36Les barons suivront,
00:20:38mobiliseront
00:20:38leurs troupes,
00:20:41mais n'enverront
00:20:42volontairement
00:20:43que de maigres
00:20:44effectifs.
00:20:47À vrai dire,
00:20:47leurs plus mauvaises
00:20:48troupes.
00:20:50Blanche,
00:20:51je le sais,
00:20:53l'affrontement
00:20:54est inéluctable.
00:20:56Chacun compte
00:20:57ses troupes,
00:20:58se prépare
00:20:58au choc.
00:21:00Le mauvais
00:21:01clerc,
00:21:03comme on l'appelle,
00:21:03avec ses troupes
00:21:04de Bretagne,
00:21:04est le premier
00:21:05à entrer
00:21:06en terre de France
00:21:07et à semer
00:21:08le feu,
00:21:09la terreur
00:21:10dans les villages
00:21:11du royaume.
00:21:11le péril
00:21:14est immense.
00:21:18La reine quitte Paris
00:21:19et demande au baron
00:21:20de la rejoindre
00:21:22en un point de rendez-vous
00:21:23fixé dans le perche
00:21:25pour marcher ensuite
00:21:26contre les troupes
00:21:27du comte de Bretagne.
00:21:28sur le lieu
00:21:33de rendez-vous
00:21:34conformément
00:21:35au plan,
00:21:37les seigneurs
00:21:38sont bien présents
00:21:39mais avec
00:21:40leurs plus
00:21:40misérables soldats.
00:21:44La reine,
00:21:45saignant la surprise,
00:21:46leur dit
00:21:47« Ce sont
00:21:49les seuls
00:21:49régiments
00:21:50que vous nous amenez ? »
00:21:52Et puis,
00:21:54elle ajoute
00:21:54avec son mépris
00:21:56castillant
00:21:57« Messieurs,
00:21:59nous n'avons pas
00:22:00besoin de vous.
00:22:02Je vous donne congé.
00:22:03Retournez
00:22:04à vos petites briques
00:22:06dans vos
00:22:07taupinières. »
00:22:11Les régiments royaux
00:22:12n'ont que faire
00:22:13de vos renforts.
00:22:16Mais le péril
00:22:17demeure.
00:22:18Blanche se retourne
00:22:19vers le connétable
00:22:20de Montmorency
00:22:21et le maréchal
00:22:21Clément.
00:22:22Que faire ?
00:22:25Il faut frapper
00:22:25en premier.
00:22:26Elle abonde
00:22:27en ce sens.
00:22:29Elle est décidée
00:22:30à frapper
00:22:30en premier.
00:22:31Le cortège
00:22:32se met en route
00:22:34d'abord
00:22:35les milices bourgeoises
00:22:36et les garnisons
00:22:38des communes
00:22:39puis les machines
00:22:41de guerre
00:22:41qui sont plus lentes.
00:22:44Cet assaut,
00:22:44elle le prévoit
00:22:45à Belhem
00:22:46en territoire ennemi.
00:22:50Soudain,
00:22:50à l'horizon,
00:22:51les éclaireurs
00:22:51aperçoivent
00:22:52ce château de Belhem
00:22:53le poste avancé
00:22:55du comte de Bretagne.
00:22:57Le temps
00:22:58est glacial.
00:23:00La forteresse
00:23:01semble imprenable.
00:23:05Les premières charges
00:23:06de projectiles
00:23:07sont vaines.
00:23:09Les premières lignes
00:23:10sont sous le feu
00:23:11nourries
00:23:11d'arbalettes,
00:23:13de flèches
00:23:14et même
00:23:15de rochers
00:23:16lancées
00:23:17depuis les murailles.
00:23:22Un nouveau plan
00:23:24est alors décidé,
00:23:27creusé
00:23:28sous les murailles.
00:23:30Après des heures
00:23:30de labeur,
00:23:32beaucoup de pertes,
00:23:34le travail
00:23:35finit par payer.
00:23:37La muraille
00:23:38s'effondre.
00:23:39c'est la victoire.
00:23:44L'annonce se répand
00:23:45comme une traînée de pouilles
00:23:46dans tout le royaume.
00:23:49Les anglais,
00:23:50à peine débarqués,
00:23:51sont pris de terreur
00:23:53et reprennent la mer.
00:23:56La reine-mère
00:23:57prend son fils
00:23:58dans ses bras
00:23:58et le serre
00:24:00affecteusement
00:24:01et lui dit
00:24:02« Mon fils,
00:24:05les barons
00:24:05y regarderont
00:24:06à deux fois maintenant
00:24:08avant de s'approcher
00:24:09du roi. »
00:24:13Au contact
00:24:14de sa mère,
00:24:15Louis
00:24:16apprend beaucoup.
00:24:18Peu à peu,
00:24:18il s'émancipe
00:24:19et affirme
00:24:20son autorité.
00:24:22Il se prend
00:24:22maintenant
00:24:23à songer
00:24:24à trouver
00:24:25une reine.
00:24:26Il mandate
00:24:27l'un de ses proches,
00:24:29Gilles de Flagy
00:24:29et l'envoie
00:24:30en Provence
00:24:31avec mission
00:24:32d'y trouver
00:24:33peut-être
00:24:34sa promise.
00:24:37Et puis voici
00:24:37quinze jours,
00:24:38Gilles de Flagy
00:24:39est de retour
00:24:40à la cour.
00:24:42Louis l'aperçoit,
00:24:43s'approche
00:24:44à la hâte
00:24:44et lui demande
00:24:45« Elle est belle ? »
00:24:50Réponse
00:24:51une enluminure
00:24:52de la vente
00:24:53au milieu
00:24:54d'un concert
00:24:54de cigales.
00:24:57Et comment
00:24:58s'appelle-t-elle ?
00:25:00Marguerite.
00:25:04Le mariage
00:25:05est décidé.
00:25:07Il n'aura lieu
00:25:07ni à Paris
00:25:08ni en Provence,
00:25:10mais à Sens,
00:25:13à la mi-mai
00:25:141234.
00:25:16Les deux futurs mariés
00:25:18ne se connaissent pas.
00:25:21Il faut imaginer
00:25:22leur appréhension.
00:25:28Le cortège royal,
00:25:31parti de Paris,
00:25:33grossit,
00:25:34remonte la Seine.
00:25:35L'arrivée
00:25:39est triomphale.
00:25:44Marguerite
00:25:44ne dévoile
00:25:45qu'au dernier moment
00:25:47le mystère
00:25:47de son visage
00:25:48et de sa voix.
00:25:52Louis
00:25:53la découvre
00:25:54enfin.
00:25:57Au moment
00:25:57où elle apparaît,
00:25:59c'est un éblouissement.
00:26:00en quelques secondes,
00:26:03elle devient
00:26:04la reine du cœur
00:26:05du jeune roi.
00:26:10Le lendemain,
00:26:12le 27 mai
00:26:131234,
00:26:16Marguerite
00:26:16s'avance
00:26:17dans la nef,
00:26:19vêtue
00:26:19du manteau
00:26:20royal de France,
00:26:22bordée d'azur
00:26:23et ornée
00:26:24de fleurs
00:26:25de lys d'or.
00:26:27Elle pleure
00:26:28d'émotion.
00:26:28elle sent
00:26:30que c'est la fin
00:26:31de l'enfance.
00:26:33L'adieu
00:26:33à la Provence.
00:26:39Vêtue de soie,
00:26:41la tête courbée,
00:26:43Marguerite
00:26:43reçoit
00:26:45sa couronne.
00:26:47Le royaume
00:26:47l'attendait.
00:26:54Après
00:26:55trois jours
00:26:56de fête,
00:26:58il est temps
00:26:58pour le couple
00:26:59royal
00:27:00de gagner
00:27:00Paris.
00:27:02Les affaires
00:27:02du royaume
00:27:03n'attendent plus.
00:27:05Alors,
00:27:07débute
00:27:07une drôle
00:27:08de cohabitation
00:27:09au palais.
00:27:13Deux reines,
00:27:14blanches,
00:27:15sévères
00:27:16et austères,
00:27:18la Castillane.
00:27:20Marguerite,
00:27:22vive
00:27:22énergique.
00:27:23Énergique.
00:27:24Cette dernière
00:27:25veut introduire
00:27:25au Louvre
00:27:26un nouvel esprit,
00:27:27un peu de sa couleur
00:27:28provençale.
00:27:31Blanche voit
00:27:32d'un mauvais oeil
00:27:33cette bruit
00:27:34qui lui fait
00:27:35de l'ombre.
00:27:39Elle reproche
00:27:40très vite
00:27:40à son fils
00:27:41de ne plus
00:27:41écouter
00:27:42que sa femme.
00:27:44Et comme on dit
00:27:45à l'époque,
00:27:46deux marmites
00:27:47au feu
00:27:48font la fête,
00:27:50mais deux femmes
00:27:51font la tempête.
00:27:53Les tensions
00:27:54s'apaisent
00:27:54quand même
00:27:55peu à peu.
00:27:56Elles se dissiperont
00:27:57réellement
00:27:58six ans
00:27:59après la noce
00:28:00au moment
00:28:00où va naître
00:28:02le premier enfant,
00:28:04une fille
00:28:04prénommée
00:28:05Blanche.
00:28:16Jeune époux,
00:28:18père,
00:28:19roi,
00:28:19Louis était
00:28:20un homme
00:28:20bien occupé,
00:28:22mais c'était
00:28:22un homme
00:28:22avant tout
00:28:23tourné
00:28:23vers le ciel,
00:28:25vers la lumière.
00:28:30Chacun
00:28:31de ses voyages
00:28:32sur les routes
00:28:33de France
00:28:33est un émerveillement.
00:28:38Louis
00:28:39est né
00:28:40au siècle
00:28:41de l'embrasement
00:28:42des cathédrales.
00:28:45Ce sont
00:28:45les futurs
00:28:47trésors du royaume
00:28:48et il en a déjà
00:28:49parfaitement conscience.
00:28:52Il va lui-même
00:28:53donner son impulsion
00:28:54pour bâtir
00:28:55des indices
00:28:56religieux
00:28:56comme
00:28:57à l'habille
00:28:58de Royaumeau.
00:29:00Il faut l'imaginer
00:29:01ici avec le père
00:29:02abbé,
00:29:03une civière
00:29:04emplie de cravats
00:29:05participant lui-même
00:29:07avec ses propres mains
00:29:08à la pose
00:29:09des fondations.
00:29:19Louis dort même
00:29:20dans le dortoir
00:29:21et il revêt
00:29:22une robe de bure
00:29:23dans la journée,
00:29:24une place
00:29:24qui est réservée
00:29:25pour lui,
00:29:25une place
00:29:26au milieu
00:29:26de tous.
00:29:27Royaume-Mont
00:29:28sera toujours
00:29:29pour lui
00:29:29ce lieu
00:29:30de ressourcement
00:29:31intérieur
00:29:33où il aime
00:29:35avenir
00:29:35quand le dimanche
00:29:36s'approche.
00:29:38Il ôte
00:29:38sa vesture royale
00:29:40pour ne porter
00:29:41qu'une simple
00:29:41chape de laine
00:29:42et rejoint
00:29:44sa cellule.
00:29:45Sa voix
00:29:45se mêle
00:29:46à celle
00:29:46des moines
00:29:47lors des matines.
00:29:51Il écoute
00:29:52les enseignements
00:29:53du père abbé.
00:29:56C'est en ces murs
00:29:57qu'il fait
00:29:58une rencontre
00:29:58fondatrice
00:29:59pour sa propre vie.
00:30:08Dans une petite maison
00:30:10isolée
00:30:10vit un frère
00:30:12qui s'appelle
00:30:13le frère Ligé.
00:30:16Ce moine
00:30:16enseigne le roi
00:30:18sur la vertu
00:30:19de la mort
00:30:19et de la mort
00:30:19et de la mort.
00:30:20La mort
00:30:20et de souffrance
00:30:20la sienne
00:30:22est hors
00:30:23des forces humaines.
00:30:25Il est lépreux.
00:30:27Il souffre
00:30:28de cette maladie
00:30:28terrible
00:30:29et lui a pris
00:30:30la moitié
00:30:31du visage.
00:30:31Son apparence
00:30:32est impressionnante
00:30:33et on lit
00:30:34en permanence
00:30:35son immense
00:30:37et perpétuelle
00:30:38douleur physique.
00:30:40Louis
00:30:41est le seul
00:30:42à lui rendre visite.
00:30:48Louis rencontre
00:30:49la pauvreté.
00:30:49Cette pauvreté
00:30:50lui enseigne
00:30:51une nouvelle manière
00:30:52de gouverner.
00:30:53Il sera
00:30:53le roi mendiant.
00:30:56Il sera
00:30:57le roi des pauvres.
00:30:58Il sera
00:30:59le roi
00:30:59des écouelles.
00:31:01Il veut nourrir
00:31:02les malades.
00:31:03Il veut les soigner
00:31:03lui-même.
00:31:04Il veut les élever
00:31:05même au rang
00:31:06de roi.
00:31:08Louis a conscience
00:31:09de n'être
00:31:10que de passage.
00:31:12Il va donc
00:31:12tourner son action
00:31:13au service
00:31:13de la lumière,
00:31:15dédier
00:31:15sa vie
00:31:16à Dieu.
00:31:17Louis IX est un homme
00:31:26de Dieu,
00:31:26mais un souverain
00:31:28qui doit
00:31:28asseoir son autorité
00:31:30dans un royaume
00:31:31toujours en fusion,
00:31:33surtout à l'ouest.
00:31:35L'Angleterre
00:31:35n'a pas dit
00:31:36son dernier mot.
00:31:40Les Anglais
00:31:41n'ont pas supporté
00:31:42cette provocation,
00:31:44cette nouvelle flèche
00:31:44de bouvines.
00:31:45Louis a choisi
00:31:47de célébrer
00:31:48l'adoubement
00:31:48de son frère
00:31:49Alphonse
00:31:50à Saumur,
00:31:51une ville
00:31:52longtemps tenue
00:31:53par les Anglais,
00:31:54sous une halle
00:31:55hautement symbolique,
00:31:57construite
00:31:58par Henry II,
00:32:00roi d'Angleterre.
00:32:01Les barons,
00:32:04au premier rang
00:32:04desquels
00:32:05le comte
00:32:06de Lusignan
00:32:07se sont
00:32:07une nouvelle fois
00:32:08alliés
00:32:09au Plantagenais.
00:32:11L'heure
00:32:11de la revanche
00:32:12a sonné.
00:32:14Le combat
00:32:15va avoir lieu
00:32:16à Taillebourg
00:32:17puis à Sainte.
00:32:18la cavalerie française
00:32:23charge
00:32:24et le choc
00:32:25est terrible.
00:32:30Le roi d'Angleterre
00:32:31prend la poudre
00:32:32d'escampette
00:32:32et file à l'anglaise.
00:32:36C'est de là
00:32:37que vient l'expression.
00:32:38Honteux,
00:32:44Lusignan
00:32:45et sa femme
00:32:45viennent se soumettre
00:32:47au roi.
00:32:48Louis
00:32:49des Bonheirs
00:32:50leur pardonne.
00:32:52Dans la soirée,
00:32:52le roi apprend
00:32:53que la reine Isabelle
00:32:55se retire
00:32:56dans un couvent
00:32:56pour noyer
00:32:57sa rancœur
00:32:58et sa haine.
00:33:03L'autorité
00:33:05de la couronne
00:33:06sur cette terre
00:33:07est assurée
00:33:08mais
00:33:09la couronne céleste
00:33:10est en péril.
00:33:12Louis a conforté
00:33:12son autorité
00:33:13mais une couronne
00:33:15bien plus importante
00:33:16que la sienne
00:33:17est en danger.
00:33:26Sire,
00:33:27l'Empire byzantin
00:33:28ne tient plus
00:33:28qu'à un fil,
00:33:29celui de la chrétienté
00:33:31déclare devant lui
00:33:32l'Empereur
00:33:33byzantin
00:33:33Baudouin II
00:33:34suppliant.
00:33:36Au lieu
00:33:37de vous répandre
00:33:38en gémissement,
00:33:40pourquoi ne pas lever
00:33:42une armée,
00:33:44Baudouin ?
00:33:44Lui répond Saint Louis
00:33:46je n'en ai plus
00:33:47les moyens.
00:33:48Son trésor
00:33:49est vide.
00:33:50Il avait mis en gage
00:33:51auprès des nobles
00:33:52vénitiens
00:33:53quelques dépouilles.
00:33:55Mais de quelle dépouille
00:33:56parlez-vous ?
00:33:59de la couronne d'épines.
00:34:06Cette annonce
00:34:07laisse un blanc glacial
00:34:09sacrilège.
00:34:12La couronne d'épines
00:34:13va être vendue
00:34:15de temps presse.
00:34:16Louis refuse
00:34:17que cette couronne d'épines
00:34:18se transforme
00:34:19en objet de commerce.
00:34:21Il veut absolument
00:34:22l'intercepter.
00:34:22alors il faut trouver
00:34:24un accord
00:34:25et on trouve un accord.
00:34:26Le roi Louis
00:34:27fera un don
00:34:29à Byzance
00:34:29et en échange
00:34:31il récupère
00:34:33la couronne.
00:34:35Quelques mois plus tard,
00:34:37le 10 août 1239,
00:34:39à cinq lieux de sens,
00:34:41Louis retrouve
00:34:41les envoyés royaux,
00:34:43gardiens du coffre
00:34:44scellés par les sceaux
00:34:45des barons byzantins.
00:34:48Louis,
00:34:48d'un geste solennel,
00:34:50ouvre la cassette d'or.
00:34:51Un instant de silence
00:34:53solennel
00:34:55face à ce trésor
00:34:56inestimable.
00:34:57Dans le cœur de Louis,
00:34:59déjà,
00:35:00s'entrelacent
00:35:01les deux couronnes.
00:35:02La sienne,
00:35:03la couronne de France
00:35:04et celle de Jérusalem.
00:35:07Dans l'intimité
00:35:07de sa pensée
00:35:08naît
00:35:09une certitude.
00:35:12Il faut partir
00:35:12en croisade,
00:35:14libérer Jérusalem.
00:35:21De sens,
00:35:23pieds nus,
00:35:24le roi,
00:35:25accompagné de son frère,
00:35:26porte le trésor.
00:35:27Tout au long du chemin,
00:35:28villageois et citadins
00:35:30se pressent,
00:35:31des chants
00:35:32de louanges
00:35:33retentissent.
00:35:38Après 24 heures de marche,
00:35:39le cortège
00:35:40entre dans Paris.
00:35:42Le caisson se pose
00:35:52immédiatement,
00:35:53roi,
00:35:54où conserver
00:35:55des reliques
00:35:56d'une telle grandeur.
00:36:01Et imagine,
00:36:02plus beau des reliquaires
00:36:04pour la plus grande
00:36:06des reliques.
00:36:07Un jour,
00:36:11Saint Louis
00:36:11convoque son architecte
00:36:13et lui dit
00:36:14« Je veux que vous,
00:36:15Pierre de Montreuil,
00:36:17vous me dessiniez
00:36:18un tabernacle
00:36:19de lumière,
00:36:20une chasse
00:36:21translucide
00:36:22pour abriter
00:36:23le plus grand trésor,
00:36:26une arche lumineuse
00:36:28qui nous transporte
00:36:29vers les lumières
00:36:29brûlantes d'Orient.
00:36:31Jusqu'à présent,
00:36:33c'est toujours
00:36:33la pierre
00:36:34qui a tenu la lumière.
00:36:36Je veux
00:36:36que désormais,
00:36:38avec cette arche nouvelle,
00:36:39ce soit la lumière
00:36:40qui tienne la pierre.
00:36:42Sacrifiez,
00:36:43Pierre,
00:36:44je vous en supplie,
00:36:44sacrifiez tout
00:36:45à la lumière.
00:36:48Sa construction
00:36:49sur l'île de la cité
00:36:50se fait
00:36:51en un temps record.
00:36:54La chapelle haute
00:36:55abritera les reliques
00:36:56de la Passion du Christ.
00:36:58670 mètres carrés
00:36:59de derrière.
00:37:03Un joyeux lumineux
00:37:04éblouissant
00:37:05grâce à 1 300 vitraux.
00:37:08Le plus fascinant,
00:37:11la pierre
00:37:11qui semble avoir disparu
00:37:13au bénéfice de la lumière,
00:37:15de Paris,
00:37:15est gagnée.
00:37:19Le 26 avril 1248,
00:37:22le reliquaire
00:37:23est consacré.
00:37:24« Au-dessus de cette chapelle
00:37:32se dresse une flèche
00:37:34en cèdre du Liban,
00:37:37l'arbre de terre sainte
00:37:38comme un mât,
00:37:39un sillage
00:37:39et un appel,
00:37:41l'appel de Jérusalem.
00:37:42« Oh, Jérusalem ! »
00:37:47murmure le roi.
00:37:48C'est une lumière d'Orient
00:37:50que le roi a voulu capter
00:37:51pour la mettre en haut
00:37:53de cette grande verrière
00:37:54d'Apocalypse.
00:37:56Une symphonie de vers
00:37:57où se rencontrent
00:37:58les lueurs de Méditerranée,
00:37:59d'Égypte et de Syrie.
00:38:01Une retranscription physique
00:38:03du royaume de Dieu.
00:38:05Mais l'Orient
00:38:16n'est pas uniquement
00:38:17porteur de trésors
00:38:19et de lumières.
00:38:21Une nouvelle menace
00:38:22pèse sur le royaume.
00:38:25Des hordes d'hommes
00:38:27venant d'Asie
00:38:28montés sur des petits chevaux,
00:38:31des ferles sur l'Europe.
00:38:32On les dit
00:38:33descendants des sorcières chinoises.
00:38:35et des démons du désert.
00:38:39On n'y connaît pas bien.
00:38:41On sait simplement que
00:38:42le fléau est incarné
00:38:43par son chef,
00:38:44le fameux Gengis Khan.
00:38:50Krakowi,
00:38:52Breslo,
00:38:54Neustadt
00:38:54sont déjà tombés.
00:38:57Le royaume de France
00:38:59a peur.
00:39:01Nourri des légendes
00:39:02qui entourent ce peuple
00:39:03venu des steppes.
00:39:05Un événement
00:39:06va modifier la donne.
00:39:09La mort subite
00:39:10du grand Khan,
00:39:12blessé mortellement
00:39:13selon la légende
00:39:14par une flèche.
00:39:16Sa mort sonne le glas
00:39:18des conquêtes sanguinaires
00:39:19et impitoyables
00:39:20du chef mongol.
00:39:22Une menace en moins
00:39:23qui permet à Louis
00:39:24de tourner délibérément
00:39:25ce regard vers l'Orient.
00:39:27Nous sommes en 1245,
00:39:39à peine une menace évanouie
00:39:41qu'un autre péril surgit.
00:39:44Marguerite vient de donner naissance
00:39:47dans la douleur
00:39:48à un héritier, Louis.
00:39:50En action de grâce,
00:39:53le roi se rend
00:39:54en pèlerinage
00:39:55dans un lieu fascinant,
00:39:58Rocamadour.
00:40:02Dans ce village suspendu
00:40:04à la falaise,
00:40:06la vierge noire,
00:40:07douce, triste,
00:40:08attend le roi.
00:40:11C'est en ce lieu magique,
00:40:13à la sortie de la grotte,
00:40:14que le roi apprend
00:40:15une terrible nouvelle.
00:40:17Les infidèles
00:40:18se sont emparés
00:40:20de Tibériade,
00:40:22Jérusalem,
00:40:24Ascalon
00:40:24et Damas.
00:40:26Femmes, vieillards
00:40:27et enfants
00:40:28ont été massacrés.
00:40:30La cité suspendue
00:40:31devient trouble.
00:40:37Louis Titube,
00:40:38il a le cœur transpercé.
00:40:41Sur le retour,
00:40:42la nouvelle s'est répandue
00:40:43en son corps
00:40:45comme un poison,
00:40:47tombe gravement malade.
00:40:50Une fièvre terrible.
00:40:54Le roi se meurt.
00:40:57C'est la fin.
00:41:02Alors,
00:41:02dans un geste de désespoir,
00:41:03la reine blanche dispose
00:41:05des saintes reliques
00:41:06sur le corps de son fils.
00:41:08Dans le murmure
00:41:08des prières
00:41:09des agonisants,
00:41:11toute la famille royale
00:41:12est présente.
00:41:13pleure ce roi
00:41:15encore si jeune.
00:41:18Louis
00:41:19se voit lui-même
00:41:21partir.
00:41:24Il adresse
00:41:24une dernière prière.
00:41:25me voilà
00:41:28entre les deux
00:41:29Jérusalem,
00:41:30la céleste
00:41:31et la terrestre.
00:41:36S'il a dit
00:41:37à un seigneur
00:41:37que je revienne
00:41:39de la première,
00:41:41j'irai de ce pas
00:41:42délivrer
00:41:43la seconde.
00:41:45et le miracle
00:41:50se produit.
00:41:51La main droite
00:41:53du roi
00:41:53tressaille.
00:41:55Le mouvement
00:41:55de son corps
00:41:56fait sursauter
00:41:57les évêques présents
00:41:58dont le cœur
00:41:59était déjà en deuil.
00:42:01D'un signe,
00:42:03il leur demande
00:42:03de laisser la croix
00:42:04sur sa chemise.
00:42:05Cela a un sens
00:42:06pour lui.
00:42:07Blanche,
00:42:08pétrifiée,
00:42:09a compris.
00:42:09son fils
00:42:10va survivre
00:42:11et décide
00:42:12véritablement
00:42:13s'il serait établi
00:42:14de se croiser.
00:42:16Sa mère
00:42:17lui demande
00:42:17aussitôt
00:42:19de renoncer
00:42:20à son projet.
00:42:24Les évêques
00:42:25le supplient
00:42:25également
00:42:26n'y allez pas.
00:42:28Louis
00:42:29persiste.
00:42:31Le roi
00:42:31est décidé.
00:42:33À peine sauvé,
00:42:35il veut se mettre
00:42:36en marche.
00:42:39La chrétienté
00:42:47crie au secours.
00:42:48Mais un homme
00:42:49reste à convaincre.
00:42:51Le pape
00:42:51Innocent IV
00:42:52jusqu'à l'heure
00:42:53opposée
00:42:54à la croisade.
00:42:56Une rencontre
00:42:56est fixée.
00:42:58Elle aura lieu
00:42:59en novembre
00:42:591245
00:43:01à Cluny.
00:43:06Le 30 novembre
00:43:08précisément,
00:43:09l'escorte royale
00:43:10entre à cheval
00:43:12sous le porche
00:43:13de l'abbaye de Cuny.
00:43:16Toute une armée
00:43:16accompagne le roi.
00:43:19Le pape
00:43:19Platon.
00:43:22Les cardinaux
00:43:22sont coiffés
00:43:23d'un nouveau
00:43:24chapeau écarlate,
00:43:26symbole qui signifie
00:43:27qu'ils sont prêts
00:43:27à verser leur sang
00:43:29pour l'Église.
00:43:31Le pape
00:43:32lui aussi
00:43:33a aligné
00:43:34son armée.
00:43:34Mais Louis
00:43:40obtient une chose,
00:43:41celle qu'il était
00:43:42venu chercher.
00:43:45L'autorisation
00:43:46du Saint-Père
00:43:47à partir
00:43:48en Terre Sainte
00:43:49et à se croiser.
00:43:51Louis
00:43:57est à Royaumont,
00:44:00jour de deuil.
00:44:01Il enterre
00:44:02un de ses enfants,
00:44:03Jean,
00:44:03mort quelques jours
00:44:04après sa naissance.
00:44:06Un nouveau
00:44:06malheur
00:44:06qui ne détourne pas
00:44:08le roi
00:44:09de son idée
00:44:09de Terre Sainte.
00:44:11Au contraire,
00:44:11il est justement
00:44:12en train de régler
00:44:13les derniers détails
00:44:14logistiques,
00:44:15à commencer
00:44:16par l'itinéraire
00:44:17à prendre.
00:44:20La terre
00:44:21ou la mer ?
00:44:22La navigation
00:44:23a fait d'immenses
00:44:24progrès.
00:44:26Mais le royaume
00:44:27de France
00:44:27ne possède pas
00:44:28de port.
00:44:29Il faut en construire
00:44:30un.
00:44:33Une terre
00:44:34de marécage,
00:44:35de sable
00:44:36et de sel
00:44:36est choisie.
00:44:40Aigues mortes.
00:44:42La baie
00:44:43des eaux mortes.
00:44:46Bientôt,
00:44:48on voit s'élever
00:44:48la tour de Constance
00:44:49et les murailles
00:44:50du fort.
00:44:52Mais cela ne suffit pas,
00:44:54il faut une aide humaine.
00:44:56Partout,
00:44:56ce n'est que refus.
00:44:58L'Allemagne
00:44:59et l'Italie
00:45:00recrutent leurs hommes
00:45:01pour leur propre croisade.
00:45:07Louis est seul.
00:45:11Il va avoir recours
00:45:13à une ruse.
00:45:14Ce soir de Noël,
00:45:15Louis offre
00:45:16dans la pénombre
00:45:17de la nuit
00:45:18au seigneur
00:45:19et au chevalier
00:45:20un nouveau manteau.
00:45:22On s'empresse
00:45:23de le porter.
00:45:25Mais ce n'est
00:45:26qu'au petit matin,
00:45:28au premier rayon
00:45:28de lumière,
00:45:30que se révèlent
00:45:30les croix brodées d'or
00:45:32sur les épaules
00:45:33des soldats.
00:45:35La décence
00:45:36leur interdit
00:45:37de découdre
00:45:39cette croix.
00:45:40Et voilà,
00:45:41enrôlés
00:45:42par surprise.
00:45:4325 août
00:45:491248,
00:45:52jour du départ.
00:45:53Dans son palais,
00:45:54le roi
00:45:54fait une dernière
00:45:55prière avec sa famille
00:45:56auprès des saintes reliques.
00:45:58Le cortège se met en route.
00:46:12À Corbeil,
00:46:14le martèlement
00:46:15des pas,
00:46:16des pâles froids,
00:46:17dépouillés
00:46:18de leurs estriers,
00:46:19retentissent
00:46:20dans toute la ville.
00:46:21Blanche attend son fils.
00:46:24Elle a le regard
00:46:24tragique
00:46:25d'une matière
00:46:26de l'orosa.
00:46:28Elle sait,
00:46:29elle sent,
00:46:31elle pressent.
00:46:35Adieu, mon fils,
00:46:36que j'aime tant.
00:46:37Vous serez toujours
00:46:38mon petit Louis de Poissy.
00:46:40Adieu.
00:46:40Pourquoi dites-vous
00:46:44adieu, ma mère ?
00:46:45Mais parce que
00:46:46mon instinct de mère
00:46:47m'enseigne
00:46:48que je ne vous reverrai pas.
00:46:53Mais je reviendrai.
00:46:55Je ne serai plus là.
00:46:58Vous m'avez été
00:46:59le meilleur fils
00:47:00qui jamais
00:47:01fut à sa mère.
00:47:02Je garderai la France,
00:47:07beau et tendre fils.
00:47:08Mais vous,
00:47:10je vous perds
00:47:11ce jour-hui.
00:47:13Elle pleure.
00:47:15Louis aussi
00:47:16sait qu'il ne reverra
00:47:18pas sa mère.
00:47:20Louis se cache
00:47:21pour pleurer.
00:47:22Adieu, ma mère.
00:47:2325 000 hommes
00:47:32et 8 000 chevaux
00:47:34l'attendent.
00:47:36Louis n'est plus
00:47:37qu'un simple pélin
00:47:38marchant avec sa besace
00:47:40et son bourdon.
00:47:42Paris,
00:47:44Sens,
00:47:45Vézelay,
00:47:46Lyon,
00:47:46itinéraire,
00:47:47dans une France
00:47:48où on sort
00:47:48tous les trésors
00:47:49d'architecture.
00:47:50C'est le temps
00:47:50des cathédrales.
00:47:51Enfin,
00:47:52le cortège atteint
00:47:53Aigues mortes.
00:47:57C'est l'heure
00:47:57d'embarquer.
00:47:59D'abord les chevaux,
00:48:00puis le clergé
00:48:01chantant
00:48:02un Véni-Creator
00:48:03Spiriti.
00:48:04Enfin,
00:48:05les croisés.
00:48:06La flotte s'ébranle.
00:48:07La monjoie
00:48:08transporte
00:48:09la famille royale.
00:48:10La monjoie.
00:48:14Elle forme une étoile
00:48:15avec une quarantaine
00:48:16d'autres navires.
00:48:18La flotte s'étire,
00:48:20grandiose,
00:48:21et met
00:48:22cap sur Chypre.
00:48:36La flotte fait escale
00:48:38à Chypre,
00:48:40le temps d'attendre
00:48:40du renfort,
00:48:42puis reprend la mer.
00:48:44Le roi a gardé
00:48:45le point d'arrivée
00:48:45secret.
00:48:46Le 4 juin 1249,
00:48:55la terre approche.
00:48:59Du bateau,
00:49:00on crie
00:49:00« Damiette en vue !
00:49:02Damiette en vue ! »
00:49:04C'est en Égypte,
00:49:05dans cette ville
00:49:06à l'embouchure
00:49:07est du Nil,
00:49:08que Louis a décidé
00:49:09de poser pied
00:49:11pour rejoindre
00:49:11ensuite Jérusalem.
00:49:12Louis a visé
00:49:16le delta du Nil.
00:49:18Son objectif
00:49:19est affaiblir
00:49:20les importantes
00:49:21forces sarrasines
00:49:23qui y sont concentrées.
00:49:25Suivant le Nil,
00:49:26il foncera
00:49:27ensuite
00:49:28vers le Caire,
00:49:30puis
00:49:30Jérusalem.
00:49:33Louis et ses soldats
00:49:34s'apprêtent déjà
00:49:35à combattre.
00:49:36Ils entendent
00:49:37les trompettes
00:49:37et les tambours
00:49:38mêlés au cri
00:49:39des sarrasins
00:49:40et au champ
00:49:41du Mouezine.
00:49:45Louis revêt
00:49:46sa cote
00:49:47de satin bleu
00:49:48qui s'adresse
00:49:49à son armée.
00:49:51Mes fidèles amis,
00:49:54nous serons
00:49:54invincibles
00:49:55si nous
00:49:57demeurons
00:49:57inséparables.
00:49:59Si nous sommes
00:50:00vaincus,
00:50:01nous montrons
00:50:01tous au ciel
00:50:02comme des martyrs.
00:50:04Si nous triomphons,
00:50:05au contraire,
00:50:06la gloire sera
00:50:07celle de toute la France.
00:50:08peut-être même
00:50:09de toute la chrétienté.
00:50:12Louis ne veut pas
00:50:13attendre,
00:50:13il est prêt
00:50:14à l'affrontement,
00:50:15mais deux tiers
00:50:15de la flotte
00:50:16dispersée
00:50:16par le voyage
00:50:17ne sont pas
00:50:19encore arrivés.
00:50:26La nuit,
00:50:28les croisés,
00:50:28faute de prêtres,
00:50:29se confessent
00:50:30entre eux
00:50:30et craignent le pire.
00:50:33Au point du jour,
00:50:33l'armée embarque
00:50:34dans des barques
00:50:36à fonds plats.
00:50:38l'oriflamme
00:50:39se dresse
00:50:40fièrement.
00:50:42Dès le débarquement,
00:50:43c'est le choc.
00:50:47Les troupes
00:50:48d'infidèles
00:50:48les attendent
00:50:49et ripostent.
00:50:51Les archers
00:50:52sarrasins
00:50:53répondent
00:50:54aux arbalétriers.
00:50:56Certains écuyers
00:50:56pressés,
00:50:57alourdis
00:50:58par leur côte
00:50:59de laine
00:50:59imprégnée d'eau,
00:51:01s'affaissent.
00:51:02Trop chargée.
00:51:04Elle se noie.
00:51:05Sur le sable,
00:51:11Louis et ses frères,
00:51:12entourés
00:51:13de courageux barons
00:51:14et de leurs chevaliers,
00:51:15crient
00:51:16« Bon joie,
00:51:17Saint-Denis ! »
00:51:23Pas peu,
00:51:23l'armée
00:51:24maomethane
00:51:25succombe
00:51:25sous cet essaim
00:51:26de guêpes
00:51:27et s'enfuit.
00:51:30La bataille
00:51:30tourne
00:51:30à l'avantage
00:51:31des croisés.
00:51:31Sur la plage,
00:51:39les tentes
00:51:39sont dressées.
00:51:41Celle de Saint-Louis
00:51:42est rouge.
00:51:44Il voit
00:51:45au loin
00:51:46la ville
00:51:46de Damiette
00:51:47et il s'inquiète.
00:51:50Il s'attend
00:51:51à une contre-attaque
00:51:52imminente.
00:51:56La nuit est calme.
00:51:57Pourtant,
00:51:57au petit matin,
00:51:58deux messagers,
00:51:59des chrétiens coptes
00:52:00se présentent,
00:52:03Damiette
00:52:03a été abandonnée.
00:52:06La cour
00:52:07et l'armée
00:52:07se sont retirés
00:52:08à Mansoura.
00:52:09La voie
00:52:10vers Damiette
00:52:11et la terre
00:52:11de Promission
00:52:12semble libre.
00:52:19L'Égypte,
00:52:21il faut le savoir,
00:52:22est la clé
00:52:22de la terre sainte.
00:52:24Damiette,
00:52:26c'est la porte
00:52:26de l'Égypte.
00:52:28La nouvelle
00:52:28paraît difficile
00:52:29à croire,
00:52:30digne d'un conte
00:52:31des mille et une nuits.
00:52:33Pourtant,
00:52:33Damiette se dresse,
00:52:35libre de toute occupation.
00:52:37Ce n'est pas
00:52:38avec l'appareil du guerrier
00:52:39que Louis
00:52:39entre dans la ville,
00:52:41mais sous l'apparence
00:52:42du pèlerin.
00:52:43Une tenue simple
00:52:45pour remercier le ciel
00:52:46de lui avoir livré
00:52:48cette ville
00:52:49sans combattre.
00:52:52La vie s'organise
00:52:53peu à peu
00:52:54à Damiette.
00:52:55juin arrive
00:52:59avec les terribles chaleurs.
00:53:04Seul le Nil
00:53:05rafraîchit
00:53:06et permet aux soldats
00:53:07de boire en quantité suffisante.
00:53:12Les températures freinent
00:53:13Louis
00:53:14dans son appétit de conquête.
00:53:16Il faudrait avancer
00:53:17vers Jérusalem.
00:53:17La Providence est avec lui.
00:53:24Des renforts arrivent.
00:53:26Chevalier de Palestine,
00:53:27de Grèce
00:53:28et même des Anglais.
00:53:31Le 24 octobre,
00:53:32Alphonse,
00:53:33le frère du roi,
00:53:34est aperçu
00:53:35avec l'arrière-banc
00:53:36venu de France.
00:53:45Les troupes
00:53:46se mettent en marche.
00:53:47longeant le fleuve.
00:53:52Cette interminable Nil.
00:53:59Le 21 décembre 1249,
00:54:01après 31 jours de marche,
00:54:04on atteint Mansoir.
00:54:08Mais un bras du Nil
00:54:09les sépare de la ville.
00:54:11Large comme la Marne,
00:54:13profond,
00:54:14le fleuve est infranchissable.
00:54:16Louis
00:54:17ordonne
00:54:18la construction
00:54:18d'un guet.
00:54:22En face,
00:54:22l'ennemi a compris
00:54:23la manœuvre.
00:54:24Ses troupes
00:54:25lancent d'abord
00:54:26de grosses pierres,
00:54:28puis des javelots,
00:54:29puis des flèches
00:54:30sur les terrassiers français.
00:54:32Enfin,
00:54:33il déclenche le feu.
00:54:35Le feu glisse
00:54:36sur le Nil.
00:54:37la terreur parcourt
00:54:40les rangs.
00:54:41C'est la panique.
00:54:45Louis prend sa décision.
00:54:48Tentez
00:54:48la traversée
00:54:50en force.
00:54:50Robert,
00:54:54son frère,
00:54:55vient le solliciter.
00:54:56Louis,
00:54:57accordez-moi l'honneur
00:54:57de marcher le premier.
00:54:59Tu vous l'accordes,
00:54:59Robert,
00:55:00mais je connais
00:55:00votre trempe.
00:55:02Je vous recommande
00:55:03de rester prudent.
00:55:06Je vous promets
00:55:08sur les évangiles
00:55:09que je serai prudent,
00:55:11répond Robert.
00:55:13Mais Robert
00:55:14oublie vite
00:55:15son serment
00:55:15de prudence.
00:55:16Louis
00:55:17l'aperçoit
00:55:18au petit jour.
00:55:20Il charge
00:55:20les sarrasins
00:55:21sur l'autre rive.
00:55:24Repris
00:55:24par le démon
00:55:25des batailles,
00:55:26il s'engage
00:55:27dans la ville
00:55:27à la tête
00:55:28de son avant-garde
00:55:29et pénètre
00:55:30jusqu'au palais
00:55:31du sultan.
00:55:35Soudain,
00:55:37une grêle
00:55:37de projectiles
00:55:38et de flèches
00:55:40s'abat sur lui
00:55:41et sur ses hommes.
00:55:43Robert
00:55:43a payé
00:55:45de sa vie.
00:55:47Le prix du sacrifice.
00:55:48Dans son sillage,
00:55:50300 chevaliers
00:55:51sont morts.
00:55:52Louis est dévasté.
00:55:55Il pleure
00:55:56la mort de son frère.
00:55:59Il s'en veut
00:55:59de l'avoir laissé
00:56:01partir combattre
00:56:02avec les éléments
00:56:02de tête.
00:56:05Le deuil rôde
00:56:06chez les croisés.
00:56:09Le doute aussi.
00:56:13Après une nuit
00:56:14de deuil,
00:56:15Louis franchit
00:56:16à son tour.
00:56:16Dès l'aube,
00:56:17le fleuve,
00:56:18la grande bataille
00:56:19de Mansoura
00:56:20commence.
00:56:23Ce n'est plus
00:56:24qu'un choc
00:56:24de masse
00:56:25et d'épée.
00:56:26Louis frappe
00:56:27au milieu
00:56:28de la mêlée.
00:56:29Il se bat
00:56:30avec ses frères d'armes.
00:56:31Il donne l'exemple.
00:56:35Une pluie
00:56:36de flèches
00:56:36s'abat.
00:56:37Les chevaux
00:56:38tombent
00:56:38transpercés,
00:56:40criblés.
00:56:40Le Nil
00:56:41se couvre
00:56:41de lances
00:56:42et de boucliers
00:56:43ensanglantés,
00:56:44emportés
00:56:45à la dérive.
00:56:49À trois heures
00:56:49de l'après-midi,
00:56:51le destin
00:56:52hésite.
00:56:55Les sarrasins
00:56:55se retirent.
00:57:01Louis et ses hommes
00:57:02ont pris le dessus,
00:57:04mais
00:57:04à quel prix ?
00:57:06Les pertes
00:57:13en hommes
00:57:13et en chevaux
00:57:14sont irréparables.
00:57:19Les cadavres
00:57:21ont corrompu
00:57:22l'air
00:57:22et propagé
00:57:23des maladies.
00:57:25La fièvre
00:57:25s'installe
00:57:26dans les rangs.
00:57:28Louis lui-même
00:57:29tombe malade.
00:57:31Les croisés
00:57:31s'affaiblissent
00:57:32de jour en jour.
00:57:36À l'approche
00:57:38de Pâques,
00:57:38le 27 mars 1250,
00:57:41la famine
00:57:42commence à sévir.
00:57:44Louis offre
00:57:44de rendre
00:57:45Damiette
00:57:46à condition
00:57:46de restituer
00:57:48le royaume
00:57:49de Jérusalem.
00:57:51Le sultan
00:57:51répond avec cynisme,
00:57:53les corps
00:57:53de bataille
00:57:54qui fondent
00:57:55sur vous
00:57:55portent
00:57:56trois noms.
00:57:58Mamluk,
00:58:00maladie
00:58:01et famine.
00:58:02Bientôt
00:58:03nous négocierons
00:58:04avec vous
00:58:04au paradis
00:58:06d'Allah.
00:58:06Il n'en reste
00:58:08plus d'autre
00:58:09option
00:58:09que d'opérer
00:58:10un demi-tour.
00:58:12Retournez
00:58:12à Damiette.
00:58:16Dans cette retraite
00:58:17qui débute,
00:58:18on les poursuivre
00:58:19encore.
00:58:19l'état du roi
00:58:32l'oblige
00:58:33à s'arrêter
00:58:34dans le village
00:58:35de Miné
00:58:36Abu Abdallah.
00:58:39On le défend
00:58:40vaillablement
00:58:41contre les
00:58:41Mamluk.
00:58:42mais un huissier
00:58:45qui a perdu
00:58:47la raison
00:58:47crie
00:58:48à tort
00:58:49et à travers
00:58:49que le roi
00:58:50a donné l'ordre
00:58:51de se rendre.
00:58:53Des croisés
00:58:53et surpris
00:58:54lâchent leurs armes.
00:58:57Leur crédulité
00:58:58va les perdre.
00:59:00Alors le roi
00:59:00est fait
00:59:01prisonnier.
00:59:02Captif,
00:59:08la flotte
00:59:09s'arrasine
00:59:09escorte sa barque
00:59:11qui remonte
00:59:11le Nil
00:59:12en direction
00:59:13de Mansoura.
00:59:15C'est la fin.
00:59:19Louis repense
00:59:19à l'épisode
00:59:20douloureux
00:59:21qu'il vient de vivre.
00:59:23La mort
00:59:23de son frère,
00:59:24le massacre
00:59:25de ses troupes,
00:59:26l'épuisement,
00:59:27la maladie,
00:59:28la faim.
00:59:29Dans cette bataille,
00:59:30il vient de revêtir
00:59:32sa couronne
00:59:32de souffrance.
00:59:34Son calvaire
00:59:35commence.
00:59:37Oh,
00:59:37Yerusalem !
00:59:44Louis est seul,
00:59:46coupé
00:59:46du monde
00:59:48dans sa minuscule
00:59:50cellule
00:59:50de 20 à 25 pieds
00:59:52de côté.
00:59:55Chaque jour,
00:59:56300 ou 400
00:59:57chevaliers
00:59:58sont amenés
00:59:59au bord d'une île.
01:00:00Ceux qui renoncent
01:00:01à leur foi
01:00:01sont faits esclaves.
01:00:03Les autres
01:00:03sont tués.
01:00:06Pendant sa captivité,
01:00:09le roi apprend
01:00:09que Marguerite,
01:00:10qui est venue
01:00:11en croisade avec lui,
01:00:13a donné naissance
01:00:13à un fils.
01:00:16Damiette
01:00:17ne tiendra plus longtemps.
01:00:19Marguerite
01:00:20et son nouveau-né,
01:00:21Jean Tristan,
01:00:23sont en danger.
01:00:24les pisans
01:00:25et les génois,
01:00:28dernier rempart
01:00:29contre les sarrasins,
01:00:31veulent quitter la ville.
01:00:34Marguerite
01:00:34s'est comportée
01:00:35en dame de chevalerie.
01:00:36Elle a négocié
01:00:39avec les marchands,
01:00:42assurant la défense
01:00:43de la ville.
01:00:47Les négociations
01:00:48aboutissent
01:00:49le 6 mai 1250.
01:00:51Après trois mois
01:00:52de captivité,
01:00:53Louis
01:00:54et certains
01:00:54de ses frères d'armes
01:00:55sont libérés
01:00:56contre une importante
01:00:58rançon.
01:00:59En échange,
01:01:00ils doivent libérer
01:01:01Damiette
01:01:01et quitter immédiatement
01:01:03le territoire égyptien.
01:01:07La Monjoie
01:01:08reprend la mer,
01:01:10direction Acre,
01:01:11à 150 km
01:01:12de Jérusalem.
01:01:15Une terre
01:01:16encore aux mains
01:01:17des chrétiens.
01:01:18Louis veut défendre
01:01:19la chrétienté
01:01:20en terre sainte,
01:01:21fortifier ses derniers bastions,
01:01:23éviter à tout prix
01:01:24qu'il ne tombe
01:01:25aux mains des turcs.
01:01:29D'Acre,
01:01:30il œuvrera
01:01:31pour continuer
01:01:31à négocier
01:01:32la libération
01:01:33de ses 12 000 compagnons
01:01:35encore captifs.
01:01:39Les cloches
01:01:40d'Acre
01:01:40carillonnent
01:01:41en signe
01:01:42de bienvenue.
01:01:46La foule
01:01:46acclame le roi
01:01:47dans toute la ville.
01:01:48On entend
01:01:49monter
01:01:49des ténéums.
01:01:51Louis,
01:01:51en regardant
01:01:52ses troupes,
01:01:52est envahi
01:01:53de chagrin
01:01:53sur les 2800
01:01:55chevaliers
01:01:56qui l'entouraient
01:01:57à Chypre.
01:01:58Une petite centaine
01:01:59se trouve
01:02:00à ses côtés.
01:02:05Nous sommes en juin
01:02:061250.
01:02:08Déjà un an
01:02:09que la croisade
01:02:10a débuté,
01:02:11Louis convoque
01:02:12ses plus proches
01:02:13et leur demande conseil.
01:02:15sire,
01:02:18vous ne pouvez pas
01:02:19demeurer
01:02:19en Orient,
01:02:20lui disent certains,
01:02:21alors que d'autres
01:02:22lui soufflent.
01:02:24Restez,
01:02:25sinon vos compagnons
01:02:26ne sortiront jamais
01:02:27de prison.
01:02:29J'ai
01:02:29choisi
01:02:30de rester.
01:02:33Madame la Reine
01:02:34saura défendre
01:02:35le royaume.
01:02:36Je demeurerai ici
01:02:37jusqu'au dernier
01:02:38franc captif.
01:02:39mais je laisse
01:02:41à chacun
01:02:41d'entre vous
01:02:42la liberté
01:02:42de partir
01:02:43ou de faire
01:02:44demeurance
01:02:45à mes côtés.
01:02:46Beaucoup décident
01:02:50de partir,
01:02:51dont ses deux frères,
01:02:53Charles et Alphonse.
01:02:55Ils informeront
01:02:55le royaume
01:02:56de l'échec
01:02:57de la croisade.
01:02:58Faute d'effectifs,
01:03:10lui ne peut plus
01:03:11mener l'offensive.
01:03:13Alors,
01:03:13il va bâtir
01:03:14des fortifications
01:03:15pour protéger
01:03:16Acre,
01:03:18Jaffa,
01:03:19Césarée.
01:03:23Un jour
01:03:24arrive
01:03:24une lettre
01:03:26de sa mère
01:03:28blanche.
01:03:32Louis remarque
01:03:33immédiatement
01:03:34l'écriture,
01:03:35celle d'une main
01:03:35mal assurée,
01:03:37faible.
01:03:42Les lettres
01:03:43de la Reine
01:03:44se font
01:03:45de plus en plus rares,
01:03:46de plus en plus brèves.
01:03:51Ce que Louis
01:03:51craignait
01:03:52arrive
01:03:53au printemps
01:03:56de cette année
01:03:561254.
01:03:58on frappe
01:04:07à la porte.
01:04:12Geoffroy de Beaulieu,
01:04:14d'abord,
01:04:15confesseur du roi.
01:04:17Il est suivi d'Eudes,
01:04:18de Châteauroux,
01:04:20de l'archevêque de Tyr
01:04:21et de Joinville.
01:04:21Il entend cette phrase
01:04:26tomber
01:04:26comme un coup près.
01:04:28Madame,
01:04:28votre mère
01:04:29n'est plus.
01:04:31Elle laisse
01:04:31le royaume de France
01:04:33inconsolée.
01:04:35Le roi
01:04:35est
01:04:35tombé à genoux,
01:04:38tente de retenir
01:04:39ses larmes.
01:04:39pardonnez-moi,
01:04:40pardonnez-moi,
01:04:40Seigneur,
01:04:41de pleurer
01:04:42ma mère.
01:04:45Je vous rends grâce
01:04:46en cet instant,
01:04:48car avant
01:04:48qu'il ne vous plaise
01:04:49qu'elle trépasse
01:04:50de ce monde,
01:04:52cette mère reprise
01:04:53fut une mère donnée.
01:04:54Le deuil
01:05:01est interrompu
01:05:02par la situation
01:05:03en Terre Sainte.
01:05:07La ville de Sayette
01:05:09est attaquée
01:05:10par les Sarazins.
01:05:12Louis prend
01:05:12la direction de Sayette.
01:05:16En approchant
01:05:17par les hauteurs,
01:05:19le spectacle est lugubre,
01:05:21un amoncellement
01:05:22de corps inertes.
01:05:243 000 soldats chrétiens
01:05:30ont été massacrés.
01:05:33Il n'y a que des cadavres
01:05:35en décomposition.
01:05:41Louis avance,
01:05:44animé par une obsession.
01:05:51Mettre en Terre
01:05:53ses corps,
01:05:53offrir à ses chevaliers
01:05:56une sépulture
01:05:57digne de ce nom.
01:06:04Louis ressent maintenant
01:06:06le retour
01:06:07comme une nécessité
01:06:09imminente.
01:06:11Il consulte
01:06:12ses barons
01:06:12et chevaliers.
01:06:14Leur réponse
01:06:15est unanime.
01:06:17Il faut rentrer.
01:06:18dans son fort intérieur.
01:06:21Louis le sait.
01:06:23Il reviendra.
01:06:26Après six ans d'exil
01:06:27en Terre Sainte,
01:06:28la Montjoie
01:06:29accoste en Provence
01:06:30le 6 juillet
01:06:321254.
01:06:34La route
01:06:34de Louis
01:06:35sera encore longue
01:06:36avant de rejoindre
01:06:37la capitale.
01:06:39Mais il fait
01:06:40une halte
01:06:40à Aix-en-Provence.
01:06:42Elle sera décisive.
01:06:43Le roi interroge
01:06:46un moine
01:06:46nommé Hugues
01:06:48et lui demande
01:06:49« Quel doit être
01:06:53mon premier acte
01:06:54après ces six années
01:06:55d'exil ? »
01:06:56Votre premier acte
01:06:58« Rendre justice
01:07:00au peuple ? »
01:07:04À la Sainte-Baume
01:07:05dans une prière secrète
01:07:06à Marie-Madeleine
01:07:08Louis cherche
01:07:10ses réponses.
01:07:11Pourquoi Dieu
01:07:12m'a-t-il privé
01:07:13du droit d'approcher
01:07:14le lieu sacré
01:07:15de la déposition ?
01:07:17Sa défaite
01:07:17est une honte.
01:07:20Une tâche
01:07:20indélébile
01:07:21sur sa couronne.
01:07:29Partout
01:07:29Le peuple
01:07:30se porte
01:07:31en foule
01:07:32sur le passage
01:07:33du roi
01:07:34Bocquer
01:07:35le Puy-en-Velay
01:07:37Brioude
01:07:38Clermont
01:07:38Moulin
01:07:39et enfin
01:07:40Saint-Denis.
01:07:42Paris est en fête
01:07:43partout
01:07:44s'étalent
01:07:45les feux de joie
01:07:46et les danses.
01:07:52Louis
01:07:53met fin
01:07:53très vite
01:07:54à ces festivités
01:07:55auxquelles son âme
01:07:56ne s'accorde pas.
01:07:58Sa quête
01:07:58du Graal
01:07:59a échoué.
01:08:00Il a vécu
01:08:01pour Jérusalem
01:08:01mais il n'a pu
01:08:04ni la sauver
01:08:04ni même
01:08:05l'approcher.
01:08:07En veille de tristesse,
01:08:08sa main tremble
01:08:09sur le sceptre
01:08:10trop lourd
01:08:10et paré
01:08:11de trop d'éclats.
01:08:13Il se défait
01:08:14de ses fourrures
01:08:15d'écarlate.
01:08:17Il supprime
01:08:17les ornements.
01:08:19Il devient
01:08:19affamé
01:08:20de sobriété.
01:08:21Louis,
01:08:28depuis son retour,
01:08:30est encore
01:08:31et toujours
01:08:31plus pieux.
01:08:33Sa conversion
01:08:34intérieure
01:08:35le pousse
01:08:36à devenir
01:08:37toujours plus juste.
01:08:39et on le retrouve
01:08:45à Vincennes,
01:08:46sous un chêne,
01:08:48d'où il rend
01:08:48la justice.
01:08:53Il veut,
01:08:54sous les arcs
01:08:54de verdure,
01:08:56être accessible
01:08:56à tous les plaignants.
01:08:59La justice royale
01:09:00doit être
01:09:01à disposition
01:09:02de tous.
01:09:03Assoiffé de justice,
01:09:13réformateur,
01:09:14Louis IX
01:09:15devient
01:09:15un homme d'État.
01:09:17Il retire aux barons
01:09:18leurs droits
01:09:19de battre monnaie,
01:09:21ce qui compliquait
01:09:21les échanges commerciaux.
01:09:23Il crée
01:09:24l'écu,
01:09:25conscient
01:09:26d'une chose.
01:09:28Il n'y a pas
01:09:28de nation
01:09:29sans monnaie
01:09:30et pas de monnaie
01:09:32sans nation.
01:09:33Vécu à frapper,
01:09:36c'est la première
01:09:36monnaie d'or
01:09:37capestienne.
01:09:40Louis retire
01:09:41aussi au baron
01:09:42le droit
01:09:43de déclarer la guerre.
01:09:45Seul le souverain
01:09:46peut désormais
01:09:46déclencher
01:09:47l'hoste royal.
01:09:52Cette réforme
01:09:53lui permet
01:09:54de se muer
01:09:55peu à peu
01:09:56en homme de paix,
01:09:58y compris
01:09:59à l'égard
01:09:59des ennemis
01:10:00héréditaires
01:10:01du royaume.
01:10:03En ce début
01:10:10d'année 1254,
01:10:12Louis reçoit
01:10:13une missive.
01:10:15Le roi
01:10:15Henri III
01:10:16souhaite traverser
01:10:17le royaume de France
01:10:18pour passer
01:10:19de la Gascogne,
01:10:20où il réside
01:10:21sur ses terres,
01:10:23à son pays.
01:10:25Il souhaite passer
01:10:26par l'abbaye
01:10:27de Fontevraud
01:10:27pour y enterrer
01:10:29les restes
01:10:29de sa mère,
01:10:30Isabelle d'Angleterre.
01:10:33Naturellement,
01:10:34Louis lui accorde
01:10:35un sauf-conduit
01:10:35royal
01:10:36et décide
01:10:38de chevaucher
01:10:39à ses côtés
01:10:40jusqu'à Paris.
01:10:49Henri III
01:10:50est émerveillé
01:10:52par la Sainte-Chapelle,
01:10:54puis par Notre-Lame.
01:10:54Il reçut
01:10:56en grande pompe.
01:10:58Le temps
01:10:58est venu
01:10:59d'établir
01:11:00la paix,
01:11:01même avec
01:11:01l'Angleterre.
01:11:04Un traité
01:11:05de paix
01:11:05est signé.
01:11:07Le roi
01:11:07d'Angleterre
01:11:08offre
01:11:09d'importantes
01:11:10concessions.
01:11:11Ces terres
01:11:12du Limousin,
01:11:12du Quersi,
01:11:13du Périgord
01:11:14passent désormais
01:11:15sous l'autorité
01:11:16du roi de France.
01:11:17Le roi d'Angleterre,
01:11:23à genoux devant
01:11:24le roi de France,
01:11:25prononce les mots
01:11:25solennels
01:11:26« Sire,
01:11:27je deviens votre homme
01:11:28de bouche et de main.
01:11:30Je vous jure
01:11:31et promets
01:11:31fiancé et loyauté.
01:11:33Je m'engage
01:11:34à garder votre droit
01:11:35à mon pouvoir
01:11:36et à faire bonne justice
01:11:38à votre semence. »
01:11:41Les deux rois
01:11:41s'embrassent.
01:11:43L'histoire jugera.
01:11:45Il n'y a plus
01:11:45en France
01:11:46un seul pouce
01:11:47de terrain
01:11:48que le roi d'Angleterre
01:11:49occupe
01:11:50en qualité de souverain.
01:11:55Louis a désormais
01:11:5646 ans.
01:12:00Il a décelé
01:12:02en son fils aîné,
01:12:03Louis,
01:12:05son successeur,
01:12:07de bonnes dispositions
01:12:08de caractère.
01:12:09On dirait aujourd'hui
01:12:10l'étoffe d'un dirigeant.
01:12:12Il règnera.
01:12:14Rien de tel
01:12:15pour le préparer
01:12:16que d'effectuer
01:12:16un grand tour
01:12:17de France.
01:12:19Un voyage
01:12:19à travers
01:12:20les contrées,
01:12:21les pays,
01:12:21les terroirs
01:12:22et bien sûr
01:12:23des cathédrales.
01:12:27Il souhaite
01:12:27que son fils
01:12:28approche
01:12:30ce mystère.
01:12:32C'est le beau
01:12:32qui éveille
01:12:33au bien
01:12:34et au vrai.
01:12:36Partout en France,
01:12:37les murailles
01:12:37s'envolent,
01:12:39les flèches
01:12:39dentelées
01:12:39se dressent.
01:12:41C'est le temps
01:12:41des cathédrales.
01:12:42Des cathédrales.
01:12:49Roi,
01:12:50Amiens,
01:12:53Reims.
01:12:53Témoignages
01:12:56de lumière
01:12:57et de grandeur,
01:12:57ces cathédrales
01:12:58sont les portes
01:12:59d'un temps nouveau.
01:13:02Celui de l'harmonie
01:13:03entre Dieu,
01:13:05la nature
01:13:06et les Indes.
01:13:09C'est l'élan
01:13:10des croisés
01:13:11de France.
01:13:13Ceux qui n'ont pas
01:13:13pu partir
01:13:14en Terre Sainte
01:13:15ont construit
01:13:16des maisons
01:13:17de Dieu
01:13:18en forme de croix,
01:13:19de vaisseaux
01:13:19renversés.
01:13:20Amiens,
01:13:23la plus vaste
01:13:24des cathédrales
01:13:25françaises.
01:13:28Chartres
01:13:28avec ses reliques
01:13:29du voile
01:13:31de la Vierge.
01:13:35Reims,
01:13:36édifice
01:13:37carolingien
01:13:38datant
01:13:38de 820,
01:13:40cathédrale
01:13:40des rois,
01:13:41signe
01:13:41de l'intimité
01:13:42entre le roi
01:13:43de France
01:13:44et le roi
01:13:45du ciel.
01:13:48Le voyage
01:13:48s'achève
01:13:49à Notre-Dame
01:13:50de Paris.
01:14:00Un soir
01:14:01de janvier 1260,
01:14:03une terrible
01:14:04nouvelle tombe.
01:14:08Son jeune fils,
01:14:09Louis,
01:14:10a été emporté
01:14:11dans la nuit.
01:14:12On ne savait pas
01:14:13malade,
01:14:14stupeur,
01:14:16terrible épreuve.
01:14:19cette croix
01:14:21est trop lourde
01:14:22à porter.
01:14:24Immense douleur
01:14:25du père,
01:14:26de la mère,
01:14:27Marguerite.
01:14:31Henri III,
01:14:32dans un geste
01:14:33d'affection,
01:14:34revient sur ses pas
01:14:35pour la sépulture.
01:14:38Louis est accablé,
01:14:41inconsolable.
01:14:42Les funérailles
01:14:43ont lieu
01:14:43à l'abbaye
01:14:44du royaume
01:14:44le 13 janvier 1260.
01:15:00Meurtri,
01:15:02Louis continue
01:15:02à transformer
01:15:03son royaume.
01:15:05Sous l'impulsion
01:15:06de son ami
01:15:07Robert de Sorbon,
01:15:09Paris devient
01:15:10ce carrefour
01:15:10universitaire
01:15:11dont il rêvait.
01:15:12une référence mondiale
01:15:15pour la dialectique,
01:15:16la théologie,
01:15:17la grammaire,
01:15:18la rhétorique.
01:15:21À la Sorbonne
01:15:22viennent
01:15:22les plus illustres
01:15:23professeurs.
01:15:27À l'époque,
01:15:28la plupart
01:15:29sont des hommes
01:15:30d'église
01:15:30comme Thomas d'Aquin,
01:15:33illustre frère,
01:15:34qui un soir
01:15:35au cours d'un dîner,
01:15:37en une question,
01:15:38ravivent
01:15:39la flamme
01:15:39du roi
01:15:40pour l'Orient.
01:15:41Une question
01:15:45me brûle les lèvres.
01:15:48Pensez-vous
01:15:49à repartir
01:15:49en Outre-mer ?
01:15:51Oui.
01:15:55Oui,
01:15:57maître.
01:15:58Je pense
01:15:59être croisé,
01:16:00c'est le passage
01:16:01de toute une vie.
01:16:02Oui.
01:16:02Il y a son
01:16:08cheminement intérieur
01:16:09et puis
01:16:10les nouvelles
01:16:10qui arrivent
01:16:11au palais,
01:16:13qui viennent
01:16:13justement de l'Orient.
01:16:14Les appels
01:16:15de la Terre Sainte
01:16:16se font de plus en plus
01:16:17pressants.
01:16:19Chaque jour,
01:16:20au Louvre,
01:16:22des Périns,
01:16:22des clercs,
01:16:23des chevaliers
01:16:24viennent en larmes
01:16:26dresser le lamentable
01:16:27tableau
01:16:28des désastres
01:16:29qui se succèdent.
01:16:30En mars 1263,
01:16:35la situation
01:16:36dégénère.
01:16:38Les églises
01:16:39de Nazareth
01:16:39sont rasées,
01:16:41idem au Mont-Tabor.
01:16:45Jaffa
01:16:45est tombé
01:16:46en une heure,
01:16:48fait arrêt
01:16:49en deux jours.
01:16:50La Terre Sainte
01:16:54n'est plus qu'un
01:16:55petit chapelet
01:16:56de quelques grains
01:16:57disséminés
01:16:58au bord de la mer.
01:17:01Partout
01:17:01monte
01:17:02le cri
01:17:03« Sire,
01:17:05Sire,
01:17:07on vous attend,
01:17:09venez. »
01:17:12Louis a pris
01:17:12sa décision.
01:17:13Le 25 mars 1267,
01:17:15il convoque
01:17:16un parlement.
01:17:17Louis les appelle
01:17:17à se croiser.
01:17:20Beaucoup de barons
01:17:21se font porter pâles
01:17:23sous les yeux
01:17:24de l'Assemblée.
01:17:25Louis
01:17:26prend à nouveau
01:17:27l'insigne
01:17:28des croisés
01:17:28avec ses fils
01:17:30Philippe,
01:17:32Jean-Tristan
01:17:33et Pierre.
01:17:36C'est en pleine
01:17:36préparation
01:17:37de son expédition
01:17:38qu'une série
01:17:39de deuil
01:17:40vient frapper
01:17:40la famille royale.
01:17:42Marguerite
01:17:44pleure
01:17:45la mort
01:17:45de ses deux sœurs.
01:17:49Et maintenant,
01:17:49c'est la sœur
01:17:50du roi Isabelle
01:17:51qui vient
01:17:51de s'éteindre.
01:17:53Ses tristesses
01:17:54viennent charger
01:17:55la croix
01:17:57pèlerine
01:17:58du roi.
01:17:59Louis n'est pas
01:17:59encore parti,
01:18:01il est accablé.
01:18:03Le départ
01:18:03est fixé
01:18:04au mois de mai
01:18:051270.
01:18:07Vient le temps
01:18:10des adieux
01:18:11à la reine.
01:18:13Marguerite
01:18:13ne viendra pas.
01:18:14Elle a maintenant
01:18:1549 ans
01:18:16et les deuils
01:18:17l'ont rendu lasse.
01:18:21Elle craint
01:18:22de ne jamais
01:18:24revoir son époux.
01:18:27C'est un arrachement.
01:18:28Le convoi
01:18:36quitte Saint-Denis
01:18:37s'arrête
01:18:38le temps
01:18:39d'une prière
01:18:40dans la majestueuse
01:18:42Notre-Dame
01:18:43pour placer
01:18:44le pèlerinage
01:18:44sous la garde
01:18:45de la Vierge
01:18:45au cerf
01:18:48puis un arrêt
01:18:50à sens
01:18:50face à la cathédrale
01:18:52où il s'était marié.
01:18:54Passage ensuite
01:18:55à Cluny
01:18:55où il se souvient
01:18:57des échanges houleux
01:18:58avec le pape
01:18:59le convoi royal
01:19:01atteint
01:19:02Egmort
01:19:02à la mi-mère.
01:19:09Le samedi 12 juillet
01:19:111270
01:19:13le roi
01:19:14fait part
01:19:15à ses chevaliers
01:19:16de la destination
01:19:17Tunis.
01:19:19Le roi de Tunis
01:19:21laisse entendre
01:19:22sa volonté
01:19:23de se chrétienner
01:19:25comme on dit
01:19:26de devenir chrétien.
01:19:27Louis se prend
01:19:28à rêver
01:19:29de voir revenir
01:19:30la foi catholique
01:19:30en terre d'Afrique.
01:19:32Les bonnes dispositions
01:19:33du roi de Tunis
01:19:34engagent le roi
01:19:35à faire du pays
01:19:36sa première étape.
01:19:38Charles d'Anjou,
01:19:39le frère du roi,
01:19:40le soutient.
01:19:42Tunis
01:19:42est un bon choix
01:19:43parce que c'est
01:19:44la porte d'entrée
01:19:45vers l'Egypte
01:19:46puis
01:19:46vers la Terre Sainte.
01:19:49deux jours plus tard
01:19:57et laisse tomber
01:19:59les encres
01:19:59devant le port
01:20:00de Tunis.
01:20:02L'amiral
01:20:02Florent de Varenne
01:20:06débarque
01:20:06en éclaireur
01:20:08pour repérer
01:20:09les lieux,
01:20:09voir si la ville
01:20:10est à l'accueil
01:20:11ou si une résistance
01:20:12se prépare.
01:20:14Louis et ses
01:20:14trente mille soldats
01:20:15débarquent à leur tour
01:20:16et installent sur leur rivage
01:20:17leur campement.
01:20:22Les sarrasins
01:20:23sont repérés
01:20:24aux alentours
01:20:24sans hostilité
01:20:25au départ.
01:20:31Rapidement,
01:20:32l'armée
01:20:33manque d'eau.
01:20:36Les cavaliers
01:20:36morts
01:20:37passent au grand galop
01:20:38à proximité
01:20:39des soldats
01:20:40pour les empêcher
01:20:41d'accéder aux sources.
01:20:45On déplace
01:20:46le camp
01:20:46en espérant
01:20:48trouver
01:20:48cette ressource
01:20:49en eau.
01:20:51Les choses
01:20:51se gâtent.
01:20:54Louis apprend
01:20:54que le roi
01:20:56de Tunis
01:20:56a fait prisonnier
01:20:58des soldats chrétiens.
01:21:00La conversion
01:21:01s'éloigne.
01:21:04La chaleur
01:21:04et l'humidité
01:21:05deviennent
01:21:06insupportables.
01:21:09La fébrilité
01:21:11et l'épuisement
01:21:11gagnent les rangs.
01:21:14Les maladies
01:21:15engendrées
01:21:15par le soleil
01:21:16d'Afrique
01:21:17affaiblissent
01:21:19les hommes
01:21:19et morts
01:21:20se comptent
01:21:22par centaines.
01:21:24Les sarrasins
01:21:25harcèlent.
01:21:29Mais il faut
01:21:30attendre,
01:21:32attendre,
01:21:33en espérant
01:21:34le débarquement
01:21:35de Charles,
01:21:36sans renfort
01:21:37inutile
01:21:38d'aller plus loin.
01:21:39Bientôt,
01:21:39c'est l'hécatombe.
01:21:40Les cadavres
01:21:42remplissent
01:21:43les fossés,
01:21:45servent
01:21:45de remparts
01:21:46vivants.
01:21:48La maladie
01:21:48partout.
01:21:51Louis est devenu
01:21:52un roi des sables,
01:21:54un roi nomade,
01:21:55un roi qui ferme
01:21:56les paupières
01:21:56de ses proches.
01:21:57Louis fait appeler
01:22:04son fils,
01:22:06Jean Tristan.
01:22:08Impossible,
01:22:08on lui dit
01:22:09qu'il a quitté
01:22:09le camp.
01:22:11Louis s'inquiète,
01:22:12se doute
01:22:12qu'on lui ment.
01:22:14Où est Jean Tristan ?
01:22:15Il veut savoir
01:22:16la vérité.
01:22:18Son fils,
01:22:19Jean Tristan,
01:22:19s'est éteint
01:22:20ce matin.
01:22:21Il venait
01:22:24de fêter
01:22:24ses vingt ans.
01:22:27Louis
01:22:27imagine
01:22:28le désespoir
01:22:29de Marguerite.
01:22:32Le ciel
01:22:32leur reprend
01:22:34ce prince
01:22:34né pendant
01:22:36la première croisade.
01:22:38Louis
01:22:38sent mourir
01:22:39de chagrin.
01:22:42Le roi de France
01:22:43a-t-il le droit
01:22:44de mourir
01:22:45de chagrin ?
01:22:46Ce même jour,
01:22:53le 3 août,
01:22:55un mal de vent
01:22:56terrible ronge
01:22:57ne peut plus bouger.
01:23:00Mais il faut
01:23:00que ces hommes
01:23:01tiennent.
01:23:03Et pour tenir,
01:23:04ils doivent voir
01:23:05le roi.
01:23:09Louis leur rend visite.
01:23:12Ses bras
01:23:12et son dos
01:23:13sont gagnés
01:23:15par la maladie.
01:23:18Sa peau
01:23:19se noircit.
01:23:22Allongé
01:23:23sur son lit
01:23:23de cendres,
01:23:24il ne peut plus bouger.
01:23:27Il a les yeux
01:23:27fixés
01:23:28sur le crucifix.
01:23:30On lui pose
01:23:30sur ses laves
01:23:31une hostie.
01:23:33Il se met
01:23:34à genoux.
01:23:36Il veut
01:23:36la recevoir
01:23:37à genoux.
01:23:39Isabelle,
01:23:39sa fille,
01:23:41le visage ravagé
01:23:42par les larmes,
01:23:44récite
01:23:44la litanie
01:23:45des saints.
01:23:50Juste avant
01:23:51son dernier souffle,
01:23:53Saint Louis
01:23:53prend la main
01:23:54de sa fille,
01:23:55Isabelle,
01:23:56et lui demande
01:23:57un service.
01:24:00Ma petite Isabelle,
01:24:02tu retrouveras
01:24:03mon psautier
01:24:04au palais.
01:24:06Ce psautier,
01:24:07il a été
01:24:07enluminé
01:24:09par des copistes
01:24:10Tolédans.
01:24:12Ce psautier,
01:24:13c'est lui
01:24:14qui m'a donné
01:24:14la foi.
01:24:17C'est lui
01:24:17dont je tournais
01:24:18les pages
01:24:18chaque soir
01:24:19sous la férule
01:24:21de ma mère.
01:24:23Je souhaite,
01:24:25après ma mort,
01:24:27que tu ramènes
01:24:27ce psautier
01:24:28à Tolède.
01:24:30Louis
01:24:36s'abandonne
01:24:37et ne lutte
01:24:39plus.
01:24:44Paisiblement,
01:24:44il s'en va.
01:24:46On lui
01:24:46ferme
01:24:47les yeux.
01:24:49Adieu,
01:24:50ma France.
01:24:52Ô
01:24:52Yahothalem.
01:24:55Le roi
01:24:56meurt,
01:24:56allongé
01:24:57sur un lit
01:24:57de cendres,
01:24:58comme les moines
01:25:00cisterciens
01:25:01configurés
01:25:02au roi des rois.
01:25:04Le roi
01:25:05est mort.
01:25:25Un saint
01:25:26est né.
01:25:28On parle très vite
01:25:31de canonisation.
01:25:34Des miracles
01:25:35sont reconnus
01:25:36sur le passage
01:25:37du corps du roi
01:25:38et de son vivant.
01:25:41Il a soigné
01:25:42des personnes
01:25:43souffrant
01:25:44de maladies
01:25:45de peau.
01:25:49En 1297,
01:25:52le pape
01:25:52Boniface VIII
01:25:53décide
01:25:54la canonisation.
01:25:55Louis IX
01:25:56devient
01:25:57Saint-Louis.
01:26:03Aujourd'hui,
01:26:04on trouve des reliques
01:26:05de Saint-Louis
01:26:05dans différents pays.
01:26:08Considérés
01:26:09comme un cadeau
01:26:10d'une haute valeur,
01:26:12Philippe le Bel
01:26:12a distribué
01:26:13les restes
01:26:14de son aïeul
01:26:14au grand souverain.
01:26:16avant tout,
01:26:20c'est l'esprit
01:26:20de Saint-Louis
01:26:21qui a traversé
01:26:23les frontières
01:26:23et les temps.
01:26:26Son nom
01:26:26et son prestige
01:26:28ont inspiré.
01:26:32Aux États-Unis,
01:26:33on trouve la ville
01:26:34de Saint-Louis
01:26:34fondée par deux Français.
01:26:38Elle n'a jamais voulu
01:26:39abandonner son nom
01:26:40et son drapeau
01:26:42arbore toujours
01:26:43fièrement
01:26:43la fleur de lys
01:26:45en hommage au roi.
01:26:48Saint-Louis
01:26:48a donné une basilique
01:26:50à Tunis,
01:26:52là où il est mort.
01:26:57À Rome,
01:26:59Saint-Louis
01:26:59est l'église
01:27:00des Français.
01:27:00Si Saint-Louis
01:27:07m'a touché
01:27:08au cœur
01:27:08dès l'enfance,
01:27:10un événement
01:27:11m'a poussé
01:27:11à écrire ce film.
01:27:14C'est en avril 2017.
01:27:17Avec mes amis
01:27:18du Puy-du-Fou,
01:27:19nous sommes à Tolède,
01:27:21en Castille,
01:27:22la patrie de Blanche.
01:27:24Sur le parvis
01:27:25de la cathédrale,
01:27:26le recteur nous attend.
01:27:29Nous comprenons
01:27:29qu'ils veulent
01:27:30nous montrer quelque chose.
01:27:33Nous voyons
01:27:33des diacres
01:27:34avec des gants blancs.
01:27:38Lui-même,
01:27:39le recteur
01:27:39de la cathédrale,
01:27:41met des gants blancs.
01:27:42Pourquoi ?
01:27:44Et là,
01:27:44il ouvre un coffre,
01:27:46un coffre très ancien.
01:27:49Puis,
01:27:49il sort du coffre
01:27:50une grande boîte,
01:27:54vers Moulu.
01:27:56Il ouvre la boîte
01:27:57et il sort de la boîte
01:27:59à linge
01:28:00et dans le linge
01:28:00il sort le psaoutier.
01:28:15Et il nous dit,
01:28:15voilà,
01:28:17le psaoutier désormais
01:28:18restera à jamais
01:28:21à la cathédrale de Tolède
01:28:22comme voulait Saint-Louis
01:28:23au moment de sa mort
01:28:25à Tunis.
01:28:26La petite Isabelle
01:28:27a tenu parole.
01:28:33Le psaoutier
01:28:34de Saint-Louis
01:28:35était à Tolède.
01:28:39Et puis,
01:28:39il y a aussi
01:28:40et d'ailleurs,
01:28:44le premier arbre
01:28:45que nous avons planté
01:28:46là-bas,
01:28:48c'était un chêne.
01:28:50Une chêne de Saint-Louis.
01:28:52de Saint-Louis
01:28:53est d' provide
01:28:53à lui.
01:28:55Sous-titrage Société Radio-Canada
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