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Personnes
Transcription
00:00Juliette Smeralda, que j'apprécie beaucoup, donc dans Sociologie que vous voyez juste ici,
00:04montre comment le racisme ne s'est pas seulement construit dans la domination économique ou politique,
00:09mais aussi par l'obsession du corps, de la peau et de la couleur.
00:13Dans ce livre, elle explore ce qu'elle appelle les logiques sociétales de l'esthétisme et du racisme.
00:20Autrement dit, comment les sociétés ont fabriqué l'idée que la peau noire serait un stigmate
00:26et comment ce stigmate a été intégré, intériorisé, parfois même combattu dans le corps lui-même.
00:33L'inscription de la couleur noire comme marqueur d'infériorité n'a rien de naturel.
00:40C'est une construction purement.
00:42Juliette Smeralda le rappelle très clairement, je cite.
00:45Il s'agit ici de s'attarder sur les constructions idéologiques qui ont conduit à l'incorporation du stigmate
00:51plutôt que sur les techniques utilisées à son effacement.
00:54Et c'est à la page 21.
00:55Ce stigmate s'est traduit par des attaques répétées contre la peau,
01:00les cheveux crépus, les nez, les lèvres,
01:03tout ce qui devenait le support d'un mépris social.
01:07Dans ce processus, le regard de l'Occident a joué un rôle central.
01:11Ce regard a réduit les personnes noires à un corps perçu comme handicapé,
01:17incapable d'être vu autrement que par le prisme de la couleur.
01:21À la page 22, elle dit ceci, je cite.
01:24La pression exercée par le regard exclusionnaire sur la personne du noir des sociétés occidentales
01:29a conduit celui-ci à considérer son corps comme un handicap.
01:34Autrement dit, c'est le regard raciste qui a fabriqué cet handicap.
01:39Et non le corps noir lui-même, tu comprends ?
01:41Le racisme n'est pas seulement une hiérarchie sociale.
01:45Il s'est muet en hiérarchie esthétique.
01:49La couleur noire a été décrite comme un voile, une tare, une difformité.
01:55À la page 24, elle dit ceci,
01:57Ce langage est violent.
02:08Il construit l'idée que la couleur noire empêche l'accès à l'humanité,
02:13qu'elle voit l'âme, les émotions, la beauté.
02:17Face à cette violence symbolique et physique,
02:20Certains ont cherché à se désidentifier de leur couleur, de leur propre couleur plutôt.
02:27Éclaircissement par exemple de la peau, des frisages, chirurgie,
02:30des gestes souvent douloureux liés à l'histoire coloniale.
02:35Page 32, elle dit ceci, je cite.
02:37Il s'en suit fréquemment, non pas l'acquisition d'un statut pleinement normal,
02:41mais une transformation de soi-même qui, de quelqu'un affligé d'une certaine tare,
02:46devient quelqu'un dont on sait qu'il a corrigé une certaine tare.
02:50C'est une phrase terrible qui montre comment le racisme pousse à corriger
02:55ce qui n'a jamais eu besoin d'être corrigé.
02:58Ce que Juliette Smeralda nous montre dans cet ouvrage,
03:02c'est que le racisme n'est pas qu'un système politique ou économique.
03:07C'est aussi une guerre contre le corps, une guerre esthétique,
03:11et cette guerre a laissé des cicatrices profondes.
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