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00:00Il est 7h52, merci d'avoir choisi Europe 1. Vous écoutez Europe 1 matin avec Thomas Chenel.
00:05Bonjour Judith Vintrobe.
00:06Bonjour Thomas, bonjour Marion.
00:07L'édito politique ce matin se penche sur l'entretien du président de la République avec nos confrères de Paris Match à Washington
00:13en marge des discussions sur l'Ukraine entre les dirigeants européens et Donald Trump.
00:17Alors que faut-il retenir de l'interview publiée sur le site de l'hebdomadaire ?
00:21Qu'il s'est totalement déconnecté des réalités de la politique intérieure française.
00:25Le sujet n'occupe qu'une petite partie de l'entretien, actualité internationale oblige,
00:29mais il faut croire que c'est déjà trop pour Emmanuel Macron car à chaque question, il se réfugie dans le déni.
00:34On lui demande si la situation n'est pas un peu compliquée pour lui,
00:37avec François Bayrou et son gouvernement qui compte des ministres de droite et non des moindres.
00:42Il répond que François Bayrou est son ami et que la présence des ministres LR est l'expression d'une coalition plus large.
00:48Voilà tout. Circuler, il n'y a rien à voir.
00:51Il va même jusqu'à s'autocongratuler d'être depuis 8 ans aux responsabilités,
00:55sans alternance, sans perte de majorité au Parlement.
01:00En ajoutant, cela n'était jamais arrivé depuis le général de Gaulle.
01:03Mais qu'on se rassure, il ne se compare tout de même pas au général parce que c'était une autre époque, dit-il.
01:08Et tout cela est faux ?
01:10Si on reprend les choses dans l'ordre, François Bayrou a forcé la porte de Matignon,
01:14en menaçant son ami Emmanuel Macron de le quitter, si Macron ne le nommait pas Premier ministre.
01:20Le président avait la majorité absolue à l'Assemblée nationale en 2017,
01:24avec 308 députés élus sous son étendard,
01:28soit 19 de plus que la majorité absolue, qui est de 289 sièges.
01:32Il pouvait en autre compter sur le soutien, à l'époque indéfectible,
01:37des 42 députés du MoDem de François Bayrou.
01:40En 2022, les macronistes pur sucre ne sont plus que 172.
01:46Avec leurs alliés Horizon, le groupe des fidèles d'Edouard Philippe et les centristes,
01:49la coalition Ensemble atteint péniblement 246 sièges,
01:54soit 43 de moins que la majorité absolue.
01:56Après la dissolution de 2024,
01:58l'effectif total se redit à nouveau avec 168 députés.
02:03Au sein de cet Ensemble, les macronistes sont 91.
02:07Passer de 308 à 91 dans le monde réel,
02:10ça s'appelle perdre sa majorité.
02:13Dans le monde, selon Macron, visiblement pas.
02:15Oui, mais le gouvernement a le soutien des Républicains.
02:17Il l'a eu jusqu'à présent, oui, mais c'est un soutien sous condition.
02:21Les Républicains ont déjà prévenu qu'ils ne voteraient pas le budget en cas de hausse d'impôts.
02:25Or, le projet de François Bayrou en est truffé.
02:27Soit directement, soit sous la forme de rabattage d'abattements fiscaux.
02:32La droite va batailler pour obtenir des économies supplémentaires
02:36et la gauche s'arc-bouter sur les avantages sociaux.
02:39Quant à Bruno Retailleau, qui est l'homme fort du gouvernement,
02:41il peut très bien vouloir claquer la porte du ministère de l'Intérieur
02:44pour préparer sa candidature en 2027.
02:47Il en a déjà agité la menace à deux reprises au moins
02:50pour que la France durcisse le ton vis-à-vis de l'Algérie
02:52et contre le retour de la proportionnelle aux législatives,
02:56un projet qui est toujours dans les tuyaux.
02:57Emmanuel Macron déclare à Paris Match qu'il ne dissoudra pas l'Assemblée nationale une deuxième fois.
03:01Oui, après avoir expliqué en juin qu'il n'entendait pas se priver de l'un de ses pouvoirs constitutionnels.
03:06Mais passons.
03:07Dans son esprit, visiblement, écarter le spectre d'une dissolution
03:11devrait dissuader les oppositions de gauche et de droite de déposer une nouvelle motion de censure.
03:16Mais dès lors que les députés qui censureront le gouvernement
03:19ne risquent pas de se retrouver devant les électeurs,
03:23qu'est-ce qui les empêchera de faire tomber François Bayrou ?
03:25Emmanuel Macron veut garder son premier ministre jusqu'au bout,
03:28il rend hommage à ses capacités dans son interview à Paris Match
03:31et il exhorte les responsables politiques à travailler ensemble,
03:35comme il l'a déjà fait à de multiples reprises, sans succès.
03:39Il en va, selon lui, de la stabilité du pays.
03:43C'est, encore et toujours, le chantage au chaos.
03:46Ça a eu marché, il n'est pas écrit que ça marchera toujours.
03:49Merci Judith Vintra pour votre édito politique sur Europe 1.

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