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  • il y a 6 semaines
Léa Vigier est une aventurière de toujours. En plus de ses ascensions spectaculaires, elle se frotte aussi à une montagne coriace : celle des préjugés autour des pathologies mentales.

Diagnostiquée bipolaire à l’âge de 30 ans, elle milite aujourd’hui pour déconstruire des idées-reçues qui tuent.

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Transcription
00:00Tu peux, avec cette maladie, avoir la vie que tu veux.
00:04Tu peux avoir la vie de tes rêves.
00:06Et dans mon cas, c'est une vie qu'aucun psychiatre m'avait préconisée.
00:11Je suis aventurière et militante pour la cause bipolaire
00:14et j'effectue des défis pour casser les tabous sur la bipolarité.
00:18C'est allé très bien dans mon enfance
00:20et j'ai commencé à avoir des signaux de la bipolarité à l'âge de 23-24 ans.
00:27En fait, ce qui s'est passé, c'est que chaque année, je vivais une période de dépression.
00:35Et au fur et à mesure des années, ça ne s'arrêtait pas.
00:38Et j'ai deux de mes meilleures amies qui ont commencé à me dire
00:42« Léa, c'est un peu bizarre. À chaque fois que tu tombes en dépression,
00:47juste avant, tu es au top de ta forme, tu es ultra heureuse, tu fais mille projets. »
00:53J'ai commencé à en parler à mon psychiatre.
00:54Et mon psychiatre a commencé à dire « Peut-être que tu es bipolaire. »
00:59Je pense que je n'étais pas prête à l'accueillir
01:01parce que j'avais une image de la bipolarité comme la maladie des fous.
01:08Je me souviens, c'est ma septième dépression.
01:11Je la vis à Katmandou, au Népal.
01:14Après avoir fait une ascension d'une montagne,
01:18je vis ma plus grosse dépression, la plus intense.
01:22Le soir, à chaque fois, je m'attache les mains
01:24parce que j'ai peur que le lendemain, ça soit encore pire
01:26et donc que je me fasse du mal.
01:29Et à ce moment-là, moi, j'en peux plus.
01:33On ne me pose pas de bons diagnostics,
01:35on ne me donne pas les bons traitements.
01:36Et donc, je demande à mon psychiatre
01:38de me donner le nom d'une autre psychiatre pour changer.
01:42Et cette psychiatre, en une séance, me diagnostique bipolaire.
01:45Les antidépresseurs, dans la majorité des cas,
01:48c'est très mauvais pour la bipolarité
01:50parce que ça vient accentuer ta maladie.
01:52Donc malheureusement, aujourd'hui,
01:5460% des personnes sont diagnostiquées à tort dépressif
01:59au lieu de bipolaire.
02:00Et on leur donne des traitements
02:02qui viennent accentuer leur bipolarité.
02:05Pour moi, être bipolaire,
02:08c'était quelque chose de très stigmatisant,
02:12de très grave,
02:13qui allait m'empêcher d'avoir une vie normale.
02:16Et puis, en fait, ce qui s'est passé,
02:18c'est qu'après, j'ai découvert
02:19ce qui était vraiment la bipolarité.
02:21Je me suis rendue compte
02:23que ça touchait énormément de personnes
02:25et que plein de personnes très bien,
02:29avec une très belle vie, etc.,
02:32étaient bipolaires.
02:33J'en peux plus souffrir.
02:35Là, j'ai qu'une envie,
02:36c'est qu'on me dise un petit peu rien
02:39parce qu'en fait, tu as une maladie
02:41et c'est chimique.
02:43Et ce n'est pas de ta faute si tu souffres.
02:45Et deux, en fait, tu vas pouvoir te rétablir
02:49parce qu'il existe un traitement,
02:51il existe des bons accompagnements.
02:52J'ai un rendez-vous hebdomadaire avec ma psychiatre.
02:56J'ai un traitement que je prends tous les soirs.
02:59Et ce traitement, je le souligne,
03:01il est indispensable pour moi.
03:04Sans ce traitement,
03:06je suis pratiquement sûre
03:07que je ne serais plus en vie.
03:09La bipolarité, c'est 50 % de tentatives de suicide.
03:13C'est des maladies les plus mortelles au monde.
03:16Et à côté de ça,
03:17il y a tout un travail qui est à faire
03:19pour réussir à se comprendre
03:22et adapter sa vie pour rester stable.
03:26Tu peux, avec cette maladie,
03:28avoir la vie que tu veux.
03:30Tu peux avoir la vie de tes rêves.
03:32Et dans mon cas,
03:33c'est une vie qu'aucun psychiatre
03:36ne m'avait préconisée.
03:37C'est une vie de nomade.
03:39C'est une vie d'aventure.
03:41C'est une vie d'alpinisme.
03:42C'est une vie de plonger en apnée.
03:43Mais que des choses qui t'amènent dans l'instabilité.
03:46Et dans toutes ces choses-là d'instabilité,
03:49j'arrive à rester stable
03:50parce que j'ai fait ce travail sur moi
03:53de comprendre ma maladie
03:55et de mettre en place plein d'outils
03:57qui vont me permettre de me sentir stable.
03:59Je vais faire le Tour de France
04:00sans argent
04:01et en disant que je suis malade mentale.
04:02Pendant dix jours,
04:03je vais m'inviter.
04:04Je suis des inconnus.
04:05Parler de santé mentale.
04:06Casser les tabous.
04:07Avec quel objectif ?
04:08Faire du bruit !
04:10Alors, cap de m'aider ?
04:11Tous les jours,
04:12je partagerai mes galères,
04:14mes rencontres,
04:14mes claques de vie.
04:15Ce dont je me suis rendue compte,
04:16c'est qu'en majorité,
04:18les personnes ont une image
04:19très déformée de la bipolarité.
04:22Quand ils voient ma pancarte,
04:23déjà, ils sont très surpris.
04:25Parfois, ils se demandent
04:26si ce n'est pas une blague.
04:28Si je dis genre,
04:29je suis bipolaire,
04:29tu m'invites dans ta voiture,
04:31ça te fait peur.
04:31Ben ouais,
04:32je ne veux pas dire que je suis bipolaire.
04:33Il y a des gens,
04:34ils m'ont dit
04:34qu'ils ne veulent pas d'une bipolaire.
04:35Ça ne va pas être facile.
04:36Mais bon, je ne me décourage pas.
04:38Et quand je leur demande
04:39qu'est-ce que c'est que la bipolarité,
04:41les personnes vont avoir l'image
04:43de changements très brusques d'humeur,
04:48d'un accès à des pétages de plomb,
04:52à de la colère,
04:53à de la violence.
04:55C'est une image erronée de la bipolarité
04:57parce que la bipolarité,
04:59c'est des changements du beurre
05:01qui ne vont pas de gentil à méchant,
05:03mais qui vont de heureux à triste.
05:07Et ensuite,
05:07ce sont des changements qui sont longs,
05:09qui durent plusieurs semaines,
05:11plusieurs mois.
05:12Ce n'est pas des changements brusques.
05:14Si les gens ont la bonne image
05:16de la bipolarité,
05:17ils arrêteront d'avoir peur des bipolaires.
05:21Et donc, les bipolaires eux-mêmes
05:23arrêteront d'avoir honte
05:25d'avoir cette maladie.
05:26Ils l'accepteront.
05:28Et l'accepter,
05:29c'est 50% du rétablissement.
05:32Parce qu'à partir du moment
05:33où tu l'acceptes,
05:34tu acceptes des traitements,
05:36tu acceptes de l'apprivoiser,
05:40tu acceptes de mettre en place
05:41des choses pour aller mieux.
05:42Si tu ne l'acceptes pas,
05:43tu ne feras rien.
05:45Et donc,
05:46tu continueras à avoir des crises
05:47et qui, malheureusement,
05:49peuvent finir par des suicides.
05:51C'est bien ce que tu fais.
05:52Ça te fera changer la vie de personne.
05:53Et c'est exactement
05:54la bonne attitude à avoir.
05:56Parce qu'il y a un vrai manque d'informations.
05:58Alors, j'invite tout le monde
05:59à essayer de comprendre cette maladie.
06:01L'aventure continue pour moi.
06:02Aidez-moi.
06:03Faites du bruit
06:04et partagez autour de vous.
06:05Et on va faire bouger
06:06les mentalités ensemble.
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