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  • il y a 5 mois

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00:00Bienvenue à tous sur Europe 1, 8h13, la grande interview Europe 1 avec Arthur Delaporte.
00:06Bonjour !
00:07Bonjour !
00:08Député socialiste du Calvados, merci d'être avec nous ce matin en direct au deuxième jour de l'alerte rouge déclenchée dans plusieurs départements
00:16face à la vague de canicules que l'on connaît, c'est la deuxième de l'été.
00:20Arthur Delaporte, il y a plusieurs mairies de gauche qui ont lancé des plans de végétalisation dans les rues.
00:28C'est très bien, mais est-ce que ce sera suffisant ?
00:32Quand faudra-t-il envisager un plan climatisation en France ?
00:36Alors ce que je peux vous dire, c'est que ça ne sera pas suffisant face au réchauffement climatique qui s'annonce.
00:40Mais ça, il suffit d'avoir écouté les climatologues pour vous dire que tout est en train de changer
00:45et que ce qui se passe aujourd'hui, c'est qu'on est 14 degrés au-dessus des normales saisonnières en moyenne
00:50avec des pics qui sont bien plus importants.
00:52Donc on pourra évidemment végétaliser et il faut le faire, il faut mettre des espaces de fraîcheur
00:58pour pouvoir aller finalement vivre mieux ces périodes caniculaires.
01:03Mais ça ne remplacera pas un plan d'isolation des bâtiments,
01:06ça ne remplacera pas une transformation de nos modalités d'existence plus largement
01:11parce qu'on ne peut pas continuer à vivre comme ça,
01:13parce qu'on ne fait que renforcer l'emballement climatique
01:16et que les canicules de demain seront encore plus importantes que celles d'aujourd'hui.
01:19Et vous êtes favorable à développer la climatisation en France ?
01:22Évidemment qu'il faut tout faire pour que les gens vivent mieux,
01:26mais on sait très bien aussi que si on développe à excès la climatisation,
01:30qu'est-ce qui se passe ?
01:31Derrière, c'est évidemment des villes qui sont plus chaudes.
01:34Quand vous avez une ville qui est remplie de climatiseurs,
01:36c'est 3-4 degrés de plus en moyenne.
01:39Pour autant, évidemment, il faut qu'on puisse permettre à chacun de vivre dans de bonnes conditions.
01:45Donc si on a des logements qui sont trop chauds,
01:47là, il faut évidemment pouvoir mettre des climatiseurs,
01:51mais il faut évidemment ne pas faire de ça la solution face au réchauffement climatique.
01:55C'est des changements de politique globale,
01:56c'est des changements d'habitude de consommation,
01:59c'est tout ça qui va permettre de lutter contre les plus 17, plus 18,
02:03parce qu'aujourd'hui, on n'est qu'à plus 14.
02:04Mais alors, qu'est-ce qu'on attend ?
02:06Ça fait 22 ans qu'on a des vagues de chaleur qui se déclenchent chaque année en France,
02:12et à chaque été, on a l'impression qu'on est pris de court,
02:14qu'on doit supprimer des trains, qu'on doit parfois s'adapter dans les classes d'école.
02:21Pourquoi est-ce qu'on attend pour engager profondément des travaux de rénovation ?
02:26Il y a des choses qui sont mises en place, évidemment.
02:28Mais nous, évidemment, avec les groupes socialistes,
02:30on porte un plan ambitieux de rénovation thermique des bâtiments
02:32qui n'a pas été mis en place à notre sens, en particulier des bâtiments publics.
02:35Moi, je pense à toutes ces écoles de France et d'Europe
02:37qui sont dans un état, finalement, de délabrement avancé
02:41et qui auraient besoin d'être mieux isolés, d'être mieux protégés,
02:45avec des volets pour pouvoir, en cas de sorte de chaleur, mieux protéger les enfants.
02:49Ça, c'est les sujets qui sont devant nous.
02:52Et malheureusement, oui, le gouvernement n'agit pas,
02:54mais sauf que le réchauffement climatique, c'est une solution globale.
02:56Et donc, c'est pas en analysant des climato-spectiques comme Donald Trump
02:59à la tête des États-Unis qu'on arrivera, effectivement,
03:02à mettre en place une décarbonation de nos modes de consommation,
03:06de nos modes de production aussi.
03:07Donc là, le sujet, il est au cœur, finalement, des transformations du monde.
03:12Et en effet, l'extrême droite qui prend le pouvoir partout dans le monde
03:15s'oppose à un modèle plus sobre, notamment en carbone.
03:20Bon, et en France, pour engager ces vastes travaux, il faut de l'argent.
03:24Comment faire sans augmenter les impôts ?
03:26Eh bien, le Premier ministre a proposé, somme toute,
03:30de travailler deux jours de plus sans être rémunéré davantage,
03:33deux jours fériés qui seraient supprimés.
03:38François Bayrou ne redoute pas l'impopularité
03:41ou bien cette mesure proposée par le Premier ministre,
03:44c'est juste un gris-gris qu'il avance pour négocier après ?
03:48Je vais vous le dire, je crois que François Bayrou fait tout
03:50pour être censuré en octobre.
03:53Et c'est malheureux parce qu'on perd du temps.
03:55On perd quatre mois d'été où il essaie de montrer des muscles
03:58en disant, regardez comme je suis courageux.
04:00Mais finalement, ce n'est pas du courage, c'est de la déraison.
04:01Aujourd'hui, on a un Premier ministre qui nous dit
04:04qu'il est au bord de la falaise et qu'il continue d'avancer,
04:06tête baissée.
04:07On devrait avoir aujourd'hui, en effet, des efforts qui sont faits,
04:10mais pas des efforts par les travailleurs.
04:12On nous dit qu'on veut encourager le travail.
04:13Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui sinon décourager les travailleurs ?
04:16Aujourd'hui, je ne rencontre que des travailleurs désespérés,
04:18des gens qui me disent, mais qu'est-ce que c'est que ce gouvernement
04:20qui veut nous prendre finalement ce qu'on a mérité,
04:24ce qu'on a gagné.
04:25Et donc, si c'est les travailleurs qui payent pour les riches,
04:30parce que je vais vous dire une chose,
04:314 milliards d'euros, ce qu'on veut prendre sur les jours fériés,
04:33c'est exactement ce qu'on a offert aux plus riches pour l'ISF.
04:35Si c'est à ces travailleurs-là qu'on fait payer des efforts,
04:38évidemment qu'il y a un sentiment d'injustice.
04:40Donc, évidemment que ces deux jours fériés supplémentaires,
04:42c'est impossible.
04:43Et par ailleurs, je vous le dis,
04:44ce n'est pas ça qui va permettre de financer la transition climatique.
04:47Donc, il ne faudrait pas travailler plus,
04:50peut-être faire travailler plus de monde.
04:52Et pour ça, avant-hier, le Premier ministre a proposé une nouvelle réforme de l'assurance chômage
04:58qui, selon lui, ce nouveau tour de vis inciterait davantage de chômeurs à travailler.
05:04Et on le sait, les tranches des moins de 25 ans ou des plus de 55 ans
05:08sont les plus nombreuses à être sans emploi aujourd'hui.
05:11Est-ce qu'il faut encourager plus de Français à travailler ?
05:13Je vais vous dire une chose,
05:15ce n'est pas avec une quatrième réforme de l'assurance chômage
05:17qu'on arrivera mieux à le faire,
05:18puisque cette recette de toujours réduire les droits des chômeurs
05:21pour essayer de mieux faire travailler,
05:22c'est une vieille recette libérale,
05:24et elle a été utilisée trois fois depuis l'élection d'Emmanuel Macron.
05:28Trois fois, on a durci les conditions d'accès à l'assurance chômage.
05:30On a pris 25 milliards d'euros sur le dos des chômeurs depuis 2017.
05:34Qu'est-ce qui s'est passé ?
05:35Rien. Rien.
05:37On ne travaille pas plus aujourd'hui qu'hier,
05:39parce qu'en fait, on ne travaille pas pour d'autres raisons.
05:41On ne travaille pas parce qu'on a des problèmes de mobilité,
05:43on ne travaille pas parce qu'on a des problèmes de santé,
05:44on a des problèmes de garde d'enfants.
05:46Et donc, qu'est-ce qu'on a fait pour la garde d'enfants ?
05:48Rien.
05:48Donc, je vais vous dire une chose.
05:50Aujourd'hui, ces impostures qui visent à dire
05:52qu'on va mettre les gens au travail en réduisant leurs droits d'accès au chômage,
05:55c'est simplement pour faire des économies sur le dos des travailleurs.
05:58Parce qu'en fait, qui est ceux qui pâtissent des réformes de l'assurance chômage ?
06:02Ce n'est pas ceux qui sont déjà au chômage,
06:03puisqu'ils ont le chômage en ce moment.
06:05C'est ceux qui sont au chômage demain.
06:06Donc, c'est ceux qui travaillent aujourd'hui et qui cotisent et qui ouvrent des droits.
06:09Donc, que fait François Bayrou ?
06:10Sinon, prendre encore une fois de l'argent sur le dos des travailleurs.
06:13On va prendre 4 milliards d'euros avec cette nouvelle réforme de l'assurance chômage.
06:164 milliards d'euros supplémentaires.
06:18Mais enfin, dans quel monde vit-on ?
06:19Dans quel monde vit-on ?
06:20Parce qu'aujourd'hui, je vais vous le dire,
06:22en France, on n'est pas l'un des systèmes les plus généreux avec les chômeurs.
06:25On n'a pas l'un des taux de remplacement,
06:26c'est-à-dire l'un des salaires les plus élevés par rapport aux autres pays en Europe.
06:30On n'est pas ceux qui ont le besoin de cotiser le moins
06:33pour avoir le droit au plus d'assurance chômage.
06:34Donc, il faut arrêter avec ces comparaisons absurdes.
06:36Par contre, il faut regarder la réalité des faits.
06:39On a aujourd'hui un système d'assurance chômage qui est nécessaire
06:42parce qu'on a un marché du travail qui n'est pas suffisamment agile
06:46pour pouvoir permettre à chacun de retrouver rapidement un travail.
06:48Aujourd'hui, on a 2 millions de personnes qui cherchent un emploi.
06:51On a 600 000 offres disponibles.
06:52Donc, on ne va pas me faire croire que c'est en durcissant encore plus
06:55les règles de l'assurance chômage qu'on permettra aux gens magiquement de retrouver un travail.
06:58Arthur Delaporte, vous nous dites qu'on ne prend pas l'argent sur le dos des travailleurs.
07:02Est-ce que le courage politique, ce serait de baisser les pensions de retraite ?
07:06Le courage politique, ce serait d'aller chercher l'argent à ceux à qui on a fait des cadeaux fiscaux.
07:1160 milliards d'euros, ce n'est pas un chiffre 20, c'est la Cour des comptes qui le dit.
07:1560 milliards d'euros, c'est les cadeaux qui ont été faits par Emmanuel Macron
07:17aux grandes entreprises en leur donnant de l'argent sans condition,
07:20aux plus riches en leur supprimant la fiscalité de l'ISF,
07:23en leur réduisant la fiscalité sur le capital.
07:26Donc oui, on préfère donner de l'argent aux rentiers et le prendre sur le dos des travailleurs.
07:29Mais est-ce que ça, c'est une politique saine ? La réponse, évidemment, est non.
07:32Et donc moi, je comprends cette colère qui monte dans le pays, je comprends ce sentiment d'injustice.
07:35Et ce que je vois aujourd'hui, c'est que François Bayrou sera censuré.
07:38Je ne vois pas comment cela est possible autrement,
07:41parce que ce qu'il propose comme horizon politique est inacceptable pour la majorité de la représentation nationale.
07:46Mais alors, si censure à la rentrée, qu'est-ce qui se passe après Arthur Delaporte ?
07:49Eh bien, il faudra un gouvernement qui propose d'autres solutions.
07:52Je veux dire, il n'y a pas qu'une seule alternative possible.
07:54On a l'impression que François Bayrou est isolé dans sa tête en croyant qu'il est le meilleur Premier ministre de tous les temps
08:00et qu'à lui seul, il a les recettes miracles.
08:01La réponse est non.
08:03Aujourd'hui, ces recettes éculées de François Bayrou, on a vu ce que ça a donné partout en Europe.
08:07La montée de l'extrême droite et par ailleurs, finalement, l'appauvrissement des États.
08:10Moi, aujourd'hui, je veux un service public qui fonctionne, je veux un hôpital qui fonctionne,
08:15alors qu'on a des vagues caniculaires, je veux des écoles qui fonctionnent.
08:17Et donc, tout ça, les Français que je croise, ils sont prêts à avoir un modèle social qui est solide.
08:23Mais pour ça, il faut que ceux qui ont les moyens puissent contribuer.
08:25Comment est-ce qu'on peut accepter qu'en même temps que la dette publique a augmenté de 1 000 milliards d'euros,
08:30les fortunes les plus riches en France aient augmenté d'autant ?
08:33Je vous le dis aujourd'hui, il y a un problème de juste répartition.
08:36Et ça, je ne suis pas le seul à le ressentir et à le dire.
08:38C'est nos concitoyens qui le disent, c'est injuste.
08:41Et vous pensez vraiment qu'Emmanuel Macron serait capable de nommer un Premier ministre hors du socle commun ?
08:46En fait, Emmanuel Macron, il a tenté d'avoir une minorité relative à l'Assemblée nationale depuis deux ans
08:51en nommant des gens qui menaient les mêmes politiques qu'avant,
08:54sauf qu'ils n'ont plus les moyens de le faire politiquement, puisqu'ils n'ont plus de majorité absolue.
08:58Donc, s'il ne change pas de braquet, s'il ne nomme pas un Premier ministre qui est capable de faire une politique de justice sociale,
09:04et donc, finalement, quelque chose qui serait, en effet, pas la même chose que ce qu'il a fait depuis sept ans,
09:08mais c'est normal, il a perdu le pouvoir dans ce pays.
09:10Eh bien, je ne vois pas comment on s'épargnera une dissolution de nouvelles pour pouvoir donner le choix aux Français et aux Français.
09:16Est-ce que vous souhaitez, par exemple, qu'on vous prenne des jours de travail supplémentaires gratuitement ?
09:20C'est ça ce que propose François Bayrou.
09:22Est-ce que vous souhaitez, quand vous avez cotisé, donc ouvert des droits de l'assurance chômage,
09:25que derrière, si par un malheur de la vie vous vous trouvez au chômage,
09:29est-ce que vous accepteriez que vous ayez moins de droits que ce que vous aviez le droit aujourd'hui, par exemple ?
09:34La réponse est non.
09:35Donc, moi, je crois qu'il faut qu'on avance, qu'il faut que le Premier ministre parte, finalement.
09:40Il aurait dû partir dès le mois de juillet, quand il s'est rendu compte qu'il ne pouvait pas aboutir à un consensus sur le conclave des retraites.
09:46Et maintenant, qu'on trouve un consensus dans ce pays pour proposer une politique plus juste.
09:51Terminons, Arthur Delaporte, avec la commission d'enquête parlementaire que vous menez sur les effets psychologiques de la plateforme,
09:58le réseau social TikTok, aujourd'hui, qui inquiète de plus en plus de parlementaires français.
10:04Est-ce qu'il faudrait l'interdire au moins de 15 ans ?
10:07Est-ce que c'est faisable ?
10:09Ou est-ce qu'on ne s'inquiète pas trop des dérives chez certains jeunes avec cette nouvelle technologie ?
10:15On avait fait le même procès quand la télévision était arrivée, quand Internet était arrivé,
10:19et quand des nouvelles technologies apparaissent, est-ce qu'on ne s'inquiète pas trop de l'impact des réseaux sociaux
10:24sur les pratiques des jeunes générations ?
10:26Il ne faut pas être dans un alarmisme conséquent.
10:31Mais par contre, moi, ce que je dis, c'est qu'il y a des choses qui se passent.
10:33Ce que j'ai vu sur ma commission d'enquête, c'est qu'il y a des jeunes qui se suicident
10:36parce qu'ils ont été enfermés dans des spirales de contenu dépressif,
10:40parce qu'ils ont été exposés successivement à des vidéos de glorification, de la scarification.
10:45On n'avait pas ça à la télévision.
10:46Par contre, les réseaux sociaux avec les algorithmes détectent,
10:49par exemple, quand vous allez un peu plus mal, et vous enferment.
10:52Et donc, moi, oui, aujourd'hui, il faut agir.
10:54Et si TikTok n'est pas en capacité de modérer suffisamment bien ses contenus,
10:58alors, dans ce cas-là, il faut tout simplement, oui, à la fois réguler l'accès
11:01et donc faire en sorte que quand on n'a pas, par exemple, plus de 15, plus de 16 ou plus de 18 ans,
11:06on ne soit pas exposé à des contenus qui sont problématiques.
11:08Mais au-delà de ça, si l'application ne fait rien, il faut lui mettre des sanctions fortes.
11:12Il y a d'ailleurs des sanctions, des procédures qui sont en cours à l'échelle européenne
11:15parce que, justement, les mineurs sont en danger sur ces plateformes
11:19et que, si on n'arrive pas à le faire, il faudra tout simplement se poser la question
11:23de l'interdiction de ces plateformes qui ne remplissent pas les règles des jeux
11:26et qui, finalement, mettent en danger nos sociétés collectives et la démocratie.
11:31Et vous remettrez votre rapport, normalement, en septembre.
11:34Merci, Arthur Delaporte.
11:36Oui.
11:37Merci pour l'invitation.
11:37Vous êtes revenu en direct sur Europe 1 député socialiste du Calvados.
11:41Très bonne journée à vous.
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