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  • il y a 5 mois
À Gravelines, dans le Nord, quatre des six réacteurs de la plus grande centrale nucléaire d'Europe se sont arrêtés automatiquement à cause des méduses. Comment ces dernières peuvent paralyser ces réacteurs ? Est-ce un danger pour les employés ? Quelles sont les conséquences sur la production d'électricité ? - Tous les matins à 6h40, l'actualité du point de vue des auditeurs de RMC. Chaque jour, trois questions autour d'un sujet d'actualité. Témoignages, réactions et débats : RMC est LA radio de l'interactivité.

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00:016h44 sur RMC, on va revenir maintenant sur une information sur laquelle, pour être complètement transparent, complètement honnête,
00:06j'ai un peu bloqué moi hier en découvrant la nouvelle, à Gravelines, dans le Nord, 4 des 6 réacteurs de la centrale nucléaire se sont arrêtés.
00:13C'est la plus grosse centrale nucléaire d'Europe. 4 des 6 réacteurs se sont arrêtés automatiquement à cause de méduses.
00:20Rebonjour Emmanuel Galichet, enseignante chercheuse en physique nucléaire.
00:25On a besoin de vos lumières ce matin pour comprendre comment des méduses peuvent paralyser 4 réacteurs de la plus grande centrale nucléaire d'Europe.
00:33Que s'est-il passé exactement ?
00:35Eh bien, en fait, cette centrale nucléaire est sur le bord de mer, comme vous le disiez, et donc elle va aller chercher de l'eau,
00:44elle fait une prise d'eau sur la mer pour aller refroidir la partie secondaire de sa centrale, c'est-à-dire la turbine et l'alternateur.
00:53Et donc, en prenant cette eau, si vous avez des méduses, ça peut être aussi des algues, très souvent ce sont d'ailleurs des algues,
00:59ça peut être aussi des bancs de sable et des choses comme ça, eh bien il y a des moments où effectivement cette prise d'eau va être bloquée,
01:07et dans ces cas-là, vous avez une procédure de sauvegarde extrêmement bien précise,
01:12qui fait que les réacteurs vont s'arrêter parce que la partie secondaire n'est plus assez bien réchauffée.
01:17C'est quoi ? C'est des filtres qui se bouchent en fait ?
01:19Absolument, ce sont des filtres parce qu'en fait, l'eau, quand vous la prenez et que vous allez la mettre dans ce circuit,
01:26ce qu'on appelle le circuit tertiaire, eh bien il faut qu'elle soit assez propre,
01:30donc il ne faut pas qu'elle soit trop salée, puisqu'on sait que le sel produit de la corrosion sur les métaux,
01:36et donc on a des filtres pour justement enlever les impuretés, et en particulier le sel,
01:41et les choses qui pourraient être dans l'eau de mer.
01:43Et donc le risque, c'est que l'eau qui est censée refroidir la centrale ne rentre plus finalement dans ces bassins ?
01:49Absolument, alors ce n'est pas tout à fait des bassins, mais on peut dire que ce sont des bassins,
01:55c'est un endroit effectivement où vous avez la rencontre entre l'eau de mer et le circuit secondaire qui est en vapeur,
02:03qui fait tourner la turbine et l'alternateur.
02:05Cette vapeur-là, il faut qu'on la refroidisse pour qu'elle reparte en eau,
02:09et qu'elle soit à nouveau réchauffée, qu'elle redevienne vapeur, etc.
02:13Donc à ce moment-là, c'est à ce niveau-là.
02:16Rassurez-nous, une algalichée, c'est un événement qui reste assez exceptionnel quand même ?
02:20Alors c'est exceptionnel, mais c'est pas complètement...
02:26Il y a déjà eu plein de fois où il y a eu des méduses, même à Gravelines d'ailleurs, dans les années 80-90.
02:34C'est pas banal, bien sûr, mais ça peut arriver, et ça arrive même sur des centrales au Japon, aux Etats-Unis, etc.
02:47Si je dis rassurez-nous, c'est parce qu'évidemment, la première chose à laquelle on pense quand on voit des centrales
02:51qui sont mises à l'arrêt automatiquement par des méduses, c'est le risque d'accident.
02:56Il n'y en a pas, pas de danger non plus pour le personnel de la centrale ?
03:00Ah ben non, pas du tout. Là, on est vraiment, un, on n'est pas sur le circuit primaire qui est le réacteur nucléaire.
03:08Donc ce n'est pas une problématique de sûreté nucléaire.
03:11C'est vraiment un problème de refroidissement de la turbine et d'alternateurs.
03:15Donc ce n'est pas un problème nucléaire, c'est un problème d'une centrale thermique.
03:18Et donc, il n'y a pas de danger, il n'y a évidemment pas de danger non plus pour les employés de la centrale.
03:25La centrale a été arrêtée sur une procédure tout à fait normale.
03:29Et là, ils vont aller, il va falloir qu'ils déblaient évidemment l'ensemble des canaux où il y a des méduses
03:34et faire repartir l'installation.
03:36Ça veut dire quand même qu'il y aura des conséquences sur la production d'électricité
03:40puisque pendant ce temps-là, les réacteurs sont à l'arrêt.
03:42Surtout que les deux autres réacteurs qui ne sont pas touchés par ces méduses, eux, sont en maintenance.
03:47Donc là, il n'y a aucun réacteur qui fonctionne à Graveline.
03:50Absolument, absolument.
03:51Là, vous avez eu quatre réacteurs de 900 MW à l'arrêt à cause des méduses, deux en maintenance.
03:57Donc vous avez l'ensemble du site qui est à l'arrêt.
04:00Ça fait 1,5 GW sur 60.
04:07Alors si vous faites le calcul exact, ça fait 3,6 GW sur 61,4 du parc nucléaire.
04:14Vous êtes à une... c'est à peu près 5% du parc.
04:17Ce n'est pas grand-chose sur un été, justement parce que la consommation a beaucoup baissé.
04:21Oui, c'est ça. Ça ne va pas poser de problème.
04:23Je voyais que ça alimentait...
04:26Cette centrale fournissait 70% des besoins d'électricité de la région Hauts-de-France.
04:29Ça ne va pas poser de problème, notamment aux habitants des Hauts-de-France, cette coupure.
04:33Non, pas du tout, parce que les autres centrales, évidemment, ont pris la relève.
04:40Et puis, vous savez, le réseau électrique est national, voire même européen.
04:46Donc il y a d'autres moyens de production qui vont prendre la relève si ça continue, évidemment.
04:52Pas de conséquences sur la production ni la consommation d'électricité.
04:55En revanche, ça a des conséquences financières.
04:58Ça pourrait coûter cher.
04:58Ah ben oui, ça, vous avez totalement raison.
05:02Il faut avoir en tête, quand même, qu'une journée, en gros, une journée d'un réacteur nucléaire qui ne fonctionne pas,
05:07c'est un million d'euros de pertes pour EDF.
05:11C'est un chiffre comme ça, un peu un ordre de grandeur.
05:15Mais vous voyez qu'effectivement, si vous arrêtez les réacteurs,
05:18eh bien, évidemment, c'est un coût financier, évidemment, pour EDF.
05:21Ça, c'est sûr.
05:22Des Ménus dans le Nord, vous le disiez, c'est déjà arrivé,
05:24mais on n'a quand même pas forcément l'habitude de voir ça.
05:26Avec le changement climatique, c'est forcément peut-être des événements qui vont arriver de plus en plus souvent.
05:32Il va falloir s'adapter, il va falloir adapter, notamment, le fonctionnement de cette centrale ?
05:37Oui, alors pas le fonctionnement, mais il va falloir mettre des protections.
05:41Vous avez raison.
05:42Le réchauffement climatique, évidemment, nous oblige à nous adapter.
05:47Et en particulier, effectivement, si vous avez de plus en plus de méduses ou d'algues,
05:50c'est aussi une autre problématique,
05:54eh bien, EDF mettra en place des protections sur les sites en bord de mer,
06:00de manière à ce que les pompes et le circuit tertiaire ne soient pas envahis
06:05par ce genre d'animaux ou de flores ou de méduses.
06:09Merci beaucoup, Emmanuel Gallichet, de nous avoir expliqué
06:12comment des méduses peuvent mettre à l'adrée une centrale nucléaire.
06:16Merci d'avoir été avec nous ce matin.
06:17Je rappelle que vous êtes enseignante, chercheuse en physique nucléaire
06:20au Conservatoire national des arts et métiers.
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