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  • il y a 2 mois
Son procès s'ouvre au Palais de justice de Beauvais le 25 mai 1981 devant la Cour d'assises de l'Oise. Il doit répondre de cinq meurtres dont il est accusé. Les trois autres crimes attribués à Barbeault n'ont pu être retenus contre lui faute de preuves : les éléments de balistique retrouvés pendant l'enquête ne permettent pas de l'incriminer de manière certaine. Il nie toujours être le « tueur de l'ombre », malgré de lourds éléments à charge, et reste très froid pendant la durée de son procès. L'avocat général Marc Moinard requiert la peine de mort au terme d'un réquisitoire de quatre heures et demie, bien que cette dernière ait peu de probabilités d'être appliquée compte tenu de l'élection récente de François Mitterrand qui s'y était déclaré ouvertement défavorable. Malgré la plaidoirie de cinq heures de l'avocat de la défense maître Jean-Louis Pelletier, le jury condamne Marcel Barbeault à la prison à perpétuité le 10 juin 1981 après six heures de délibération.

Mais, s'étant pourvu en cassation (à l'époque il n'est pas encore possible de faire appel d'un procès aux assises), Marcel Barbeault voit sa condamnation annulée le 17 mars 1982 et est rejugé en novembre 1983 par les assises de l'Oise, qui le condamnent de nouveau à la réclusion criminelle à perpétuité le 2 décembre 1983.

Marcel Barbeault est toujours, en 2025, incarcéré à la maison centrale de Saint-Maur, dans l’Indre, n'ayant bénéficié d'aucune remise de peine. Il y est bibliothécaire et est le 2e plus ancien détenu de France après Thommy Recco.

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00:00:00Musique
00:00:30Marcel Barbeau, cet homme, est l'un des plus grands tueurs en série du XXe siècle.
00:00:45Même si à l'époque, à la fin des années 60 et au début des années 70, on ne parlait pas encore de serial killer.
00:00:51Marcel Barbeau a été accusé de 8 assassinats et condamné pour 5.
00:00:55La plupart de ses victimes, les femmes, il les traquait le soir dans les ruelles sombres de la petite ville de Nogent-sur-Oise,
00:01:02plongeant crime après crime les habitants dans une véritable psychose.
00:01:07Comme tous les tueurs en série, il signait son crime par le même rituel.
00:01:11Il déshabillait ses victimes des pieds jusqu'au-dessus des seins.
00:01:15Aujourd'hui, un dossier pareil serait sans doute bouclé très vite grâce à la génétique, à la police scientifique.
00:01:21L'enquête qui a permis l'arrestation de Marcel Barbeau a été plus longue.
00:01:24Mais elle est un chef-d'oeuvre de l'enquête de police à l'ancienne.
00:01:29L'enquête d'un flic qui travaillait seul, à l'intuition, au flair.
00:01:33Une sorte de commissaire maigré.
00:01:35Sauf que là, l'histoire est vraie.
00:01:40Il n'est pas rentré comme ça quand elle allait rentrer de travailler.
00:01:44Il était déjà là.
00:01:47J'avais l'impression d'être suivi en permanence.
00:01:49J'avais l'impression qu'il était caché quelque part, qu'il est pied.
00:01:54Quand j'ai vu que c'était la même base, j'ai dit, oh là là, on a un dégue qui tue n'importe qui, qui piège les femmes.
00:02:00Il va falloir qu'on mette le paquet.
00:02:02Elle me disait, on veut me tuer.
00:02:03Sous mon traversin, j'ai un point américain, une matraque, un chapelet et un livre de prière.
00:02:12Ces crimes ressemblent à des opérations commando.
00:02:14Barbeau, c'est un chasseur qui est à l'affût et qui passe à l'acte comme on passe à l'acte dans une chasse au gibier.
00:02:23C'est le premier tueur en série à l'américaine chez nous.
00:02:29Barbeau, en liberté, ne peut que continuer à tuer.
00:02:34Tout commence pendant l'hiver 69, en janvier, à Nogent-sur-Oise, en région parisienne.
00:02:48À cette saison-là, la nuit tombe tôt.
00:02:51Le 23 janvier, on découvre un cadavre, le long de la voie ferrée rue des frères Perrault.
00:03:01Le cadavre d'une femme.
00:03:02Les policiers pensent d'abord à un suicide.
00:03:06Mais pas longtemps, car très vite, ils découvrent que cette femme a été tuée d'une balle de 22 longs rifles dans la tête.
00:03:14La scène de crime est étonnante.
00:03:15La victime est agenouillée, la tête contre le sol.
00:03:19Ses vêtements sont relevés au-dessus des seins et baissés jusqu'aux pieds.
00:03:22Elle a subi des violences sexuelles.
00:03:26Les traces de sang mènent les enquêteurs de l'autre côté de la rue, devant un pavillon.
00:03:31À l'époque, l'inspecteur divisionnaire Louis Courtois est chef de la Sûreté de Creil.
00:03:36Il ne sait pas encore que cette enquête qui débute va durer 7 ans.
00:03:40Il y avait des traces de sang.
00:03:42Des traces de sang nous ont conduits au garage.
00:03:44Parce que nous avons découvert le corps-là ensanglanté, dénudé et à plat-vâte.
00:03:48Mais on pourrait penser qu'il avait été tué là.
00:03:51En fait, en suivant les traces de sang, ils nous ont emmenés au garage où elle a été abattue.
00:03:55Où là, on a trouvé des douilles, des douilles, des balles.
00:04:00Il l'a quand même traîné du pavillon.
00:04:03Il a traversé la route.
00:04:05Il a traversé le parterre à bœuf qui joue sur la voie ferrée.
00:04:10Jusque sur le bas, là-bas.
00:04:12C'est lourd encore le corps d'une personne morte.
00:04:14La victime s'appelle Thérèse Adam.
00:04:18C'est une femme de 46 ans, une veuve, qui vivait seule.
00:04:22Elle a été tuée devant son garage alors qu'elle rentrait chez elle, vers 19h, après avoir fait ses courses, comme tous les soirs.
00:04:30Le tueur était-il un cambrioleur ?
00:04:32Non.
00:04:33Car dans la maison, rien n'a été volé.
00:04:35Seul son sac à main a disparu.
00:04:36C'est alors que les policiers se souviennent que 13 jours plus tôt, cette Thérèse Adam était venue au commissariat.
00:04:42Elle prétendait que quelqu'un voulait la tuer.
00:04:45Elle nous a dit, vous avez devant vous une future morte.
00:04:49Alors on lui a demandé pourquoi.
00:04:51Elle a dit, je suis menacé, je suis très menacé.
00:04:54On me surveille, on m'épille, etc.
00:04:57Elle était très inquiète.
00:05:00Oui, elle me disait, on veut me tuer.
00:05:02Elle ne donnait pas d'argument, non.
00:05:03Elle ne me disait pas, on m'a suivi, tout ça.
00:05:06Elle me disait, on me surveille, on me surveille.
00:05:09C'est tout ce qu'elle me disait, qu'elle avait peur de rentrer chez elle.
00:05:13Puisque, je vous dis, elle m'avait demandé un des chiens qu'on avait à l'époque.
00:05:18Thérèse Adam était terrorisée.
00:05:20Depuis qu'une femme, une presque voisine, avait été attaquée, ruffée d'herbe, à nogent.
00:05:26Cette femme rentrait chez elle après ses courses.
00:05:28Vers 19h, elle était dans sa cuisine, quand quelqu'un lui a tiré dessus, depuis l'extérieur.
00:05:34Six coups de feu.
00:05:35Elle a reçu une balle dans l'épaule.
00:05:37Elle s'est jetée à terre, ça l'a sauvée.
00:05:39Thérèse Adam avait dit aux policiers qu'elle craignait d'être la prochaine cible.
00:05:43Je me dis, ça lui a tourné la tête, elle a peur, elle a peur, c'est pour ça.
00:05:47Mais jamais je n'aurais pensé, à ce point-là, qu'elle était surveillée, qu'on la surveillait.
00:05:53Parce que moi, je pensais que c'était, qu'elle se mettait ça dans la tête.
00:05:59Comme beaucoup de femmes, dans nos gens d'ailleurs, on avait tous peur.
00:06:03Des gens qui avaient peur et qui se sentaient menacés, il y en avait des tas.
00:06:07Celle-là, elle venait nous le dire.
00:06:08Mais combien d'autres, on ne venait pas nous le dire, se sentaient autant menacés qu'elle y en avait ?
00:06:13Alors, elle me disait, moi, sous mon traversin, qu'elle me disait, j'ai un point américain, une matraque, un chapelet et un livre de prière.
00:06:25Ça, sous son traversin.
00:06:27Je lui ai dit, ça ne va pas, elle devient folle ou quoi ?
00:06:31Thérèse Adam va même jusqu'à consulter une voyante qui lui dit, la mort rôde autour de vous, ne rentrez pas chez vous.
00:06:39Quelques jours plus tard, Thérèse Adam est assassinée, personne n'a rien vu, personne n'a rien entendu.
00:06:50Madame Adam avait un chien, je crois.
00:06:52Il n'a pas aboyé.
00:06:53Il avait un chien depuis 15 jours, à peu près, 3 semaines, 15 jours.
00:06:57Il n'a pas aboyé.
00:06:57Il n'a pas aboyé.
00:06:59Il a peut-être aboyé.
00:07:01On n'a peut-être pas fait attention non plus, vous savez.
00:07:04De quoi Thérèse Adam avait-elle peur ?
00:07:09Elle avait senti un homme qui rôdait autour de sa maison.
00:07:11Quelqu'un avait essayé de forcer ses volets une nuit.
00:07:15Quelqu'un l'a surveillé.
00:07:16Mais qui ?
00:07:17Thérèse Adam n'avait rien dit qui puisse aider les enquêteurs.
00:07:20Les quelques 60 policiers de Nogent-sur-Oise se déploient dans la ville.
00:07:26Ils passent la vie de la victime au peigne fin, mais ils ne trouvent rien.
00:07:31Ce qui est sûr, c'est que Thérèse Adam avait raison de se croire la prochaine victime.
00:07:36L'examen balistique révèle que l'arme qui l'a tuée est la même que celle qui a tiré sur la femme de la rue Féderbe.
00:07:42Alors, les policiers s'interrogent.
00:07:44Existe-t-il un lien entre ces deux femmes ?
00:07:47Avait-elle le même coiffeur ?
00:07:49Faisait-elle partie d'un même club ?
00:07:51Est-ce qu'elles voyageaient en même temps ?
00:07:53Est-ce qu'elles arrivaient en même temps à la gare de Creil ?
00:07:55Un lien qui nous faisait penser que l'auteur les avait vues en même temps quelque part.
00:08:02Et avait décidé, pour une raison qui était à trouver, de les tuer toutes les deux.
00:08:05Alors, on a cherché le lien entre ces deux femmes, et en fait, elles ne se connaissaient pas.
00:08:11Elles ne s'étaient jamais vues.
00:08:14L'agresseur a utilisé par deux fois une carabine 22 long rifle, mais c'est une arme trop courante pour constituer une vraie piste.
00:08:23Les gens achètent des carabines pour tuer des rats, tirer sur des rats.
00:08:27On les a piquées ces gens-là, on leur a piqué leurs carabines pour vérifier.
00:08:32Vous voyez, les carabines, la veine de l'orif, tout le monde a une veine de l'orif.
00:08:34Et même les gamins pour jouer à leur jardin.
00:08:38Un tueur rôde dans la ville.
00:08:40Un homme armé qui vise des femmes sans raison.
00:08:43Il peut frapper à tout moment.
00:08:45La peur s'installe à nos gens sur Oise.
00:08:47Pour rassurer la population, les effectifs de police sont doublés.
00:08:50Ce triste événement ne vous ferait pas quitter le quartier.
00:08:55Il n'y aurait que moi, je partirais tout de suite.
00:08:59Les femmes de nos gens sur Oise vivent dans la peur.
00:09:02Le commissariat est saturé d'appels qui signalent des hommes aux comportements bizarres.
00:09:08Les policiers multiplient les interpellations.
00:09:11Ils vérifient des centaines d'emplois du temps en vain.
00:09:15Et puis le temps passe.
00:09:17La ville semble retrouver son équilibre.
00:09:19Mais dix mois après l'assassinat de Pérès Adam, en novembre 1969, une autre femme est tuée, ruffée d'herbe.
00:09:31Sa fille Micheline, 17 ans, rentre du lycée vers 19h.
00:09:34Un homme s'engouffre derrière elle au moment où elle ouvre la porte.
00:09:37Au début, elles pensaient que c'était une plaisanterie.
00:09:43Elles ont pensé une plaisanterie parce que c'était tellement grosse histoire-là, elles pensaient une plaisanterie.
00:09:48Et puis quand elles ont vu que c'était sérieux, à ce moment-là, elles ont paniqué, bien sûr, elles ont paniqué, mais elles étaient tenues par lui.
00:09:54Alors, elles ont compris à un certain moment, à un moment donné, c'est ce que m'a dit à jamais, à un moment donné, elles ont compris que cet homme était là et allait les tuer.
00:10:04L'homme est armé d'une carabine.
00:10:06Très vite, il emmène les deux femmes dans le jardin, derrière la maison.
00:10:09Mais, une fois dehors, il s'aperçoit qu'il a oublié son sac à l'intérieur.
00:10:14Il a dit à la... Madame Mérienne de ne pas bouger.
00:10:17Il a pris la fille et lui dit, viens avec moi.
00:10:19Et là, il l'a ramené vers la maison avec l'intention, elle, de la tenir, de reprendre son sac et de revenir avec les autres balles.
00:10:26Et puis, je ne sais pas pourquoi, alors là, pourquoi, il s'est ravisé tout d'un coup.
00:10:30Il a lâché la jeune Mérienne, il est revenu vers la mer, il l'a tuée,
00:10:36avec certainement l'intention ensuite de reprendre la jeune Mérienne et d'aller faire la même chose avec elle.
00:10:41Mais elle a profité de l'occasion, elle, ce laps de temps, pour partir en courant et aller se réfugier chez le docteur Perdry, je crois.
00:10:48Et ça lui a sauvé la vie, finalement.
00:10:51Lorsque Micheline Mérienne revient sur les lieux accompagnés de ses voisins,
00:10:55sa mère, Suzanne, gît par terre, une balle dans la tête.
00:11:00Elle meurt à l'hôpital.
00:11:04Traumatisée, Micheline Mérienne fera quand même un portrait robot, mais imprécis.
00:11:09Le tueur avait un foulard sur le visage, il portait une casquette, il avait un long imperméable,
00:11:14il était plutôt grand, costaud, jeune, et il avait, dit-elle, des yeux de chat.
00:11:22Les enquêteurs comprennent tout de suite qu'il s'agit de l'homme qu'il cherche, depuis des mois.
00:11:28On y a pensé tout de suite, là.
00:11:31D'ailleurs, ensuite, à l'autopsie, la première chose, moi je rappelle que j'ai dit au médecin légiste,
00:11:35c'était, il doit y avoir une balle, il doit y avoir une balle, il me faut la balle.
00:11:39La balle est bien du 22 long rifle.
00:11:42L'arme utilisée est la même que celle qui a tué Thérèse Adam.
00:11:46Là, quand j'ai vu que c'était la même balle, j'ai dit,
00:11:49on a un dingue qui tue n'importe qui, qui piège les femmes, il va falloir qu'on mette le paquet.
00:11:55Mais cette fois, mes policiers ont un indice.
00:11:58Le sac que le tueur a abandonné chez les Mériennes.
00:12:01Ses moindres recoins sont passés au microscope.
00:12:03Il n'y a malheureusement pas d'empreinte.
00:12:07A l'intérieur, les enquêteurs trouvent de la ficelle, un manche à outil scier en forme de matraque,
00:12:12un petit porte-monnaie vert, des balles 22 longs rifles enveloppées dans du journal.
00:12:18Et une serviette de table.
00:12:20Ça ressemble à un sac à casse-croûte d'un ouvrier.
00:12:24La serviette avec des traces d'huile végétale, de nourriture, de goudron.
00:12:27Alors donc, serviette de cantine de chantier, de cantine d'usine.
00:12:32Mais 14 usines, à nos gens, ne serait-ce qu'ils m'ont traité à dire, 14 usines.
00:12:37Dans certaines, comme Chausson, avec 4000 ouvriers.
00:12:40Usine or, avec près de 4000 ouvriers aussi.
00:12:4214 usines.
00:12:44Nos gens, il y avait Chausson, Brissonneux, avec près de 4000 ouvriers aussi.
00:12:48Pour les policiers, autant chercher une aiguille dans une botte de foie.
00:12:54Située à 60 km au nord de Paris, Nogent-sur-Oise est une ville ouvrière qui compte 15 000 habitants.
00:13:01Elle fait partie de l'agglomération de Creil, qui réunit aussi Laineville, Montaterre et Villers-Saint-Paul.
00:13:07En tout à l'époque, 100 000 habitants.
00:13:10Le tueur est sans doute l'un d'eux.
00:13:13Mais comment le trouver ?
00:13:14Il y a bien ce sac, peut-être que quelqu'un pourrait le reconnaître.
00:13:18Le juge d'instruction prend alors une décision très inhabituelle.
00:13:22Il va exposer le sac et son contenu à la mairie de Nogent-sur-Oise,
00:13:26misant sur le sens civique des Nogentés.
00:13:36Alors Alain Hamon, à l'époque, vous êtes tout jeune journaliste, vous avez 18 ans.
00:13:40Vous êtes correspondant pour le Courrier de l'Oise.
00:13:43C'est votre premier fait d'hiver.
00:13:44Drôle d'idée, tout de même, d'exposer comme ça le sac qu'on a retrouvé et son contenu.
00:13:51C'est une initiative du juge d'instruction.
00:13:53C'est-à-dire que les gens viennent à la mairie voir le sac.
00:13:55Oui, ils viennent à la mairie voir les objets saisis, dont ce sac écossais, comme ils viendraient voir la crèche de Noël.
00:14:03En gros, c'est un peu ça.
00:14:04Ils viennent, ils se promènent, ils en profitent.
00:14:07Ils profitent du samedi, ils profitent du dimanche.
00:14:09Ça aurait pu payer parce qu'il y a des milliers de personnes qui ont défilé à la mairie de Nogent-sur-Oise.
00:14:14Donc les policiers tirent sur toutes les ficelles qu'ils peuvent recueillir.
00:14:19En même temps, ils s'accrochent au peu d'indices qu'ils ont, ce manche d'outils.
00:14:23Le manche d'outils, il a servi à vraisemblablement des actes contre nature sur Madame Adam.
00:14:33Et puis surtout, et là on en vient à l'unité d'action, on sait que le tueur agit toujours de la même façon.
00:14:39C'est-à-dire que pour Madame Adam et pour Madame Mérienne, il frappe d'abord avec vraisemblablement ce morceau de manche de pioche.
00:14:46Il assomme sa victime et puis il donne le coup de grâce à la vinte de l'enriffle.
00:14:50Du côté de la police, il y a une grosse mobilisation.
00:14:53Ils butent sur un os, on double les effectifs.
00:14:56Vous savez qu'après la troisième agression, on a peur à Nogent-sur-Oise.
00:15:01On a très très peur.
00:15:02Alors du coup, on veut rassurer surtout la population.
00:15:05Et le doublement des effectifs, c'est surtout fait pour ça.
00:15:08C'est-à-dire beaucoup d'uniformes, des gendarmes mobiles, des compagnies républicaines de sécurité,
00:15:12les policiers de Creil à l'époque, c'est 60 gardiens de la paix et 10 inspecteurs de la sûreté urbaine.
00:15:18Ça fait 70 policiers pour un immense bassin industriel.
00:15:22C'est pas assez, donc on en rajoute.
00:15:25Mais c'est surtout pour se montrer.
00:15:26Si on se résume, le criminel a frappé trois fois durant l'année 69.
00:15:35Le 10 janvier, il a tiré six fois sur une femme ruffée d'herbes,
00:15:39une femme qui est une vraie miraculée.
00:15:41Elle s'est jetée à terre et n'a été que blessée.
00:15:4313 jours plus tard, le 23 janvier, il violente et tue Thérèse Adam,
00:15:47dont on retrouve le corps près de la voie ferrée.
00:15:50Enfin, après un long répit, dix mois plus tard, le 17 novembre,
00:15:53il tue Suzanne Mérienne dans son pavillon, tandis que sa fille s'échappe.
00:15:58A chaque fois, le meurtrier frappe aux alentours de 19 heures.
00:16:01On l'appelle donc désormais le tueur de l'ombre.
00:16:04Et Nogent-sur-Oise vit dans une vraie psychose.
00:16:15Après l'affaire Mérienne, ça a été la catastrophe.
00:16:17Ah oui, et puis la presse étant là en plus, les gens ont pris peur.
00:16:20Ils ont pris peur, ça a été l'angoisse.
00:16:22L'angoisse, surtout chez les femmes.
00:16:24Oui, on avait peur parce qu'il y avait vraiment la psychose dans nos gens.
00:16:29À partir de 18 heures, on n'avait plus de clients, tout le monde rentrait chez soi.
00:16:33On était arrêtés par la police, on vérifiait dans les voitures.
00:16:36J'avais l'impression d'être suivi en permanence.
00:16:39J'avais l'impression qu'il était caché quelque part, qu'il épiait sans cesse.
00:16:44Et puis bon, tout le monde avait peur.
00:16:45Parallèlement à l'enquête, la police quadrille la ville.
00:16:53À défaut d'arrêter le tueur, il faut au moins empêcher un nouveau crime.
00:16:57Avec des voitures banalisées, même des moteurs, on avait deux moteurs, on bouclait des quartiers entiers.
00:17:04À partir d'une certaine heure du soir, les gens ayant peur restaient chez eux.
00:17:08Puis souvent, il faisait une nuit où il pleuvait, donc personne n'allait eut.
00:17:11Tout ce qui bougeait, tout ce qui bougeait, on pouvait le voir, on le voyait.
00:17:14Et on sautait dessus, on sautait dessus, parce qu'on essayait d'attraper l'auteur de tous ces crimes en flague, en flague.
00:17:21Dès qu'on entendait le moindre bruit, tout le monde était debout.
00:17:25Et on avait peur de l'accident parce que tout le monde était armé, en définitive.
00:17:30Et on se disait, un jour, il va arriver.
00:17:33Il va arriver quelque chose.
00:17:34J'ai donc mis la carabine en évidence, de façon à ce qu'on voit que j'avais une carabine devant la fenêtre de ma salle à manger,
00:17:44qui donnait derrière, sur un terrain vague, quoi.
00:17:47Et puis bon, je me dis, j'avais même dit, ma belle-mère, tant pis, si jamais c'est lui ou autre chose, je lui tire dedans.
00:17:55Tout le monde a peur de tout le monde.
00:17:57Le tueur peut être un ami, un voisin.
00:18:00Nos gens sur Oise deviennent paranoïaques.
00:18:03Vous avez beau avoir confiance, vous vous demandez quand on ne trouve pas qui ça peut être, hein.
00:18:08Ça peut être un voisin, un ami, votre mari, et on a quand même...
00:18:14Non, moi, j'ai pas eu de doute, mais on y a pensé.
00:18:18Oh, ben, imaginez un fou, c'était pas possible autrement.
00:18:22La surveillance policière est renforcée par celle des habitants.
00:18:26Les dénonciations vont bon train, plus personne n'ose bouger, le petit doigt.
00:18:33Il y a eu des jours où on n'avait même plus un vol de voiture, alors qu'on en avait 10, 12, on n'avait même plus un vol de voiture.
00:18:38Quand l'inspecteur de permanence arrivait le matin à 8h30 au commissariat, il n'y avait plus de plaignant, hein.
00:18:43Il n'y avait plus rien.
00:18:45C'était incroyable, les gens, il ne se passait plus rien, finalement.
00:18:51Petit à petit, la ville finit par retrouver son calme.
00:18:55Le calme à Nogent-sur-Oise va durer plus de deux ans.
00:19:05Le tueur de l'ombre a disparu.
00:19:06Alors les policiers et les habitants gambergent.
00:19:08Il a peut-être quitté le pays.
00:19:10Une rumeur dit même qu'il se serait suicidé.
00:19:13Le 9 janvier 1970, en effet, on a retrouvé sur une voie ferrée
00:19:16le corps d'un homme qui correspond au signalement du tueur.
00:19:20Un homme qui s'est jeté sous un train.
00:19:21Dans la poche de cet homme, on a retrouvé des clés qui portent des traces de plâtre.
00:19:25Or, dans le sac du tueur, il y avait des traces de poudre que l'on pensait être du plâtre.
00:19:30Ça colle.
00:19:31En plus, après avoir vérifié l'identité du corps,
00:19:33on apprend très vite que la femme de cet homme l'avait récemment dénoncée à la police
00:19:37comme correspondant au signalement du tueur.
00:19:40Il avait été interrogé puis relâché.
00:19:42Il se serait suicidé, déprimé par la trahison de sa femme.
00:19:46Les policiers sont convaincus qu'il n'est pas le tueur,
00:19:49mais ça n'empêche pas la rumeur de courir.
00:19:51Jusqu'à ce qu'en février 1972, on découvre une troisième victime.
00:19:57Un homme retrouve sa femme, morte, dans un fourré tout près de chez eux, en plein centre-ville.
00:20:02La victime s'appelle Annick Delisle.
00:20:07Elle avait 30 ans.
00:20:08On l'appellera la plus belle morte de nos gens.
00:20:11Elle a été tuée vers 19h en rentrant de son travail.
00:20:13Elle est dénudée.
00:20:14Son sac à main a disparu.
00:20:16On le retrouvera plus tard.
00:20:17L'argent a été volé.
00:20:19L'autopsie révèle que la jeune femme est morte d'un coup violent, à la tête,
00:20:22mais pas de traces de balle.
00:20:24À part le fait qu'elle soit dénudée et non violée ensuite par le rapport d'autopsie,
00:20:33c'est la seule chose qui nous rapprochait des affaires de nos gens ensemble.
00:20:35Mais en dehors de ça, pas de balle, découvert par le mari, dans des circonstances bizarres.
00:20:41On a fait le rapprochement, mais sans trop y croire quand même.
00:20:45Le meurtre d'Annick Delisle n'est pas attribué au tueur de l'ombre.
00:20:50D'ailleurs, à nos gens sur Oise, certains continuent de croire que l'homme est mort.
00:20:5716 mois plus tard, en mai 73, vers 23h,
00:21:01un couple de jeunes gens vient flirter sur le parking du cimetière de Lègneville,
00:21:05tout près de nos gens sur Oise.
00:21:07L'endroit est réputé pour attirer les amoureux.
00:21:09Le lendemain, le jeune homme est retrouvé mort, à côté de la voiture.
00:21:16La jeune fille gît plus bas dans le chemin qui mène au cimetière.
00:21:22Eugène Stéphan, 24 ans,
00:21:25et Morissette Vanift, 22 ans, sont morts d'une balle de 22 enrifles dans la tête.
00:21:30Le corps de la jeune fille est nu, des pieds jusqu'au-dessus des seins.
00:21:33La position du corps est obscène, son sac à main a disparu.
00:21:37Est-ce le retour du tueur ?
00:21:39Les enquêteurs en doutent, car l'arme utilisée, une automatique,
00:21:43est différente de celle des crimes précédents.
00:21:47Et puis l'une des deux victimes est un homme.
00:21:48Le crime a eu lieu au printemps et à une heure, très tardive.
00:21:53Tout cela ne ressemble pas au tueur de l'ombre.
00:21:56Cette enquête est confiée aux gendarmes de Lègneville,
00:22:00alors que l'enquête sur les trois premiers meurtres
00:22:02est dans les mains de la police judiciaire de nos gens sur Oise.
00:22:05Chacun travaille dans son coin, on ne croise pas les dossiers,
00:22:08on ne se parle pas et de toute façon les gendarmes de Lègneville
00:22:11ne croient pas à la thèse du tueur de l'ombre pour ce qui est de leur enquête.
00:22:15Les policiers de leur côté d'ailleurs n'y croient qu'à moitié.
00:22:17Les habitants de la région en revanche sont convaincus que le tueur est de retour,
00:22:21la psychose est intacte et un nouveau meurtre va venir l'alimenter.
00:22:25Janvier 1974.
00:22:30Cela fait cinq ans que le tueur de l'ombre hante les nuits de nos gens sur Oise.
00:22:34La population reste persuadée qu'il est toujours là, prêt à frapper.
00:22:39Dès que la nuit tombe, les nojentés s'enferment chez eux.
00:22:43Peut-être vers quatre heures par là, j'avais entendu un carreau cassé.
00:22:48Et je me suis penchée à ma fenêtre, on n'avait pas de balcon,
00:22:50mais on avait des petits rebords de fenêtre.
00:22:53Et comme j'avais ma voisine en dessous, elle mettait souvent son balai sur ce petit balcon,
00:22:59je pensais qu'avec le vent, le balai l'avait culbuté, puis que ça avait cassé le carreau.
00:23:05Comme tous les soirs, Josette Routier quitte son travail d'employée de banque.
00:23:10Elle rentre chez elle, la peur au ventre.
00:23:12Le tueur rôde.
00:23:14Il est 19h30 quand la jeune femme ouvre sa porte et entre chez elle, soulagée.
00:23:23Elle est propriétaire depuis peu de son petit deux pièces, situé au rez-de-chaussée.
00:23:32J'avais entendu un drôle de bruit.
00:23:34Et je n'ai jamais pu bien expliquer en moi-même, en moi-même,
00:23:39les bruits que j'avais entendus.
00:23:40Madeleine Kiel a entendu des tirs amortis par un silencieux.
00:23:47Le bruit de carreau cassé qu'elle a entendu vers 16h,
00:23:50c'est celui du tueur qui est entré par effraction.
00:23:57Ce n'est que trois jours plus tard que le drame est découvert par une voisine qui promène son chien.
00:24:02Elle m'appelle, elle me dit, madame Kiel, venez voir, il y a des choses qui sont bizarres.
00:24:11À la fenêtre de mademoiselle Routier, les carreaux sont cassés.
00:24:15Elle dit, venez voir.
00:24:17Alors je suis allée voir avec elle.
00:24:19Je dis, oui, en effet, elle me dit, ce n'est pas des drôles de choses.
00:24:22Madeleine Kiel a les clés de Josette Routier.
00:24:25Elle décide d'entrer.
00:24:26Mais il y a déjà une clé à l'intérieur.
00:24:28J'ai dit, c'est bizarre, elle est quand même là.
00:24:33Elle avait un soleil, le soleil que c'était à la cave.
00:24:36Et elle avait aussi une petite voiture qu'elle prenait surtout quand il faisait très mauvais.
00:24:41Et la petite voiture était au parking.
00:24:44Donc on s'est dit, il y a quelque chose de bizarre.
00:24:48Madeleine Kiel n'ose pas rentrer par la fenêtre de Josette Routier.
00:24:52Elle préfère attendre le retour de son mari.
00:24:54Elle était sous le ventre, sur son lit.
00:25:03Oui, ça fait quand même drôle.
00:25:06On a fait la guerre, mais enfin quand même.
00:25:09On a vu des morts, mais je ne sais pas.
00:25:11C'est comme ça.
00:25:13On est presque témoins.
00:25:16Ça fait drôle.
00:25:17Le corps est dénudé, des pieds jusqu'au-dessus des seins.
00:25:21La position est la même que dans les crimes précédents.
00:25:24Le corps est agenouillé, le front contre le sol.
00:25:27La police retrouve six impacts de 22 longs rifles.
00:25:30Le sac à main a disparu.
00:25:31Cette fois, c'est sûr, le tueur de l'ombre est revenu.
00:25:34Elle était couchée sur le lit, dénudée, dans la même position que madame, d'ailleurs.
00:25:38Oui, on a tout de suite fait la relation entre les crimes.
00:25:41Une fois de plus, le tueur n'a pas laissé d'empreintes digitales,
00:25:55mais il a laissé des traces de pas sur le sol, des traces de bottes, taille 42.
00:26:00Un indice pas facile à exploiter.
00:26:03Ah non, non, des bottes.
00:26:06Les gens ici ont tous des jardins, tout le monde a des bottes.
00:26:08À nos gens, les circonstances de l'assassinat de Josette Routier
00:26:14marquent les esprits.
00:26:18Il n'est pas rentré comme ça.
00:26:20Quand elle allait rentrer de travailler, il était déjà là.
00:26:24Puisque j'ai entendu, moi, le carreau cassé bien avant qu'elle allait rentrer.
00:26:29Il se renseignait d'abord pendant plusieurs jours sur les habitudes,
00:26:32les allées et venues de la victime.
00:26:34Et le dernier jour, à coup sûr, il tapait à coup sûr
00:26:37parce qu'elle savait qu'elle était seule, qu'elle faisait ci, qu'elle faisait là,
00:26:40et qu'il ne pouvait pas être importuné.
00:26:42Il est piégé.
00:26:43Ah oui, il est piégé réellement.
00:26:46Et toutes les femmes de nos gens ont peur de tomber dans le piège.
00:26:50La ville est en état de siège.
00:26:53L'ambiance était terrible, si vous voulez.
00:26:54Et bon, les femmes partaient accompagner les enfants à l'école ensemble.
00:27:00Elles se groupaient à 4h30.
00:27:03Ou s'il y avait l'étude de soir à 5h30,
00:27:06elles allaient ensemble chercher les enfants.
00:27:08Les cartes de police se mettaient à la gare.
00:27:16Et puis, les femmes s'adressaient aux cartes de police.
00:27:19Je rentre chez moi, j'habite à tel endroit.
00:27:21Bon, mais plus ou moins, on les accompagnait, on surveillait.
00:27:24On les sécurisait, finalement.
00:27:27On fait tout ce qu'on peut pour dissuader le tueur.
00:27:30Les victimes sont plutôt brunes.
00:27:31Qu'importe, les habitantes de nos gens deviennent blondes.
00:27:34Les brunes se teintaient en blondes.
00:27:40Je sais que j'avais une amie qui était brune, elle s'était teinte en blonde.
00:27:43J'étais brune, avec les cheveux courts, et je me suis fait décolorer.
00:27:47Depuis ce temps-là, plus ou moins, je suis bonne.
00:27:51Les policiers ne savent plus quoi faire.
00:27:54Depuis 5 ans, ils ont interpellé des milliers de suspects.
00:27:57Ils ont consulté l'ensemble des fiches d'état civil des hommes de nos gens.
00:28:01Ils ont frappé à toutes les portes ou presque.
00:28:03Ils sont découragés.
00:28:06On commence à en avoir marre, disons.
00:28:08Parce que ça a des années que ça dure.
00:28:11On se dit, il faudra qu'on l'ait un jour.
00:28:13Mais, vous savez, on a beau trépigner, il faut attendre que ça vienne.
00:28:16On a beau dire, je le veux, il faut attendre que quelque chose tombe et qu'il nous le fasse savoir.
00:28:21Voilà, ça peut être un coup de fil, ça peut être un bon élément.
00:28:23Voilà, c'est tout.
00:28:24On patiente, on patiente.
00:28:26On courbe le dos et on continue le boulot.
00:28:33Dominique, ça fait 5 ans que le tueur de l'ombre frappe.
00:28:42Au fond, qu'est-ce qu'on sait de lui ?
00:28:435 ans, 5 meurtres, une tentative.
00:28:47Ce qu'on sait de lui, c'est qu'il frappe à la nuit tombée.
00:28:50En général, entre 19 et 21 heures, il aime l'automne, il aime l'hiver parce que la nuit arrive vite.
00:28:56Il aime la pénombre, la pluie ne le dérange pas, c'est pour ça qu'on va le surnommer le tueur de l'ombre.
00:29:03Il tue avec une arme à feu, une carabine vaine de longrifle.
00:29:06On sait de lui qu'il tue des femmes.
00:29:09Après les avoir repérées, suivies, après s'être installées dans leur vie, il a besoin de savoir qui elles sont avant de les tuer.
00:29:17On sait qu'il est grand, on le sait pour deux raisons.
00:29:19D'abord parce qu'un jour, il a tenté de tuer une femme à travers la fenêtre de sa maison, il a utilisé sa carabine.
00:29:26Et en fonction de la hauteur des impacts, on a pu déterminer sa taille.
00:29:30Il mesure à peu près 1 mètre 80.
00:29:32On le sait aussi parce que Micheline Mérienne, la fille de Suzanne, l'a vue et elle a décrit elle aussi un homme grand.
00:29:40On sait qu'il est grand, on sait qu'il est fort.
00:29:42Il fallait qu'il le soit pour déplacer sur une centaine de mètres le corps de Thérèse Adam.
00:29:46Est-ce qu'il opère tous les jours de la semaine ou est-ce qu'il y a un jour favori ?
00:29:52Non, jamais le week-end.
00:29:54Il ne tue jamais le week-end.
00:29:55Il tue toujours entre 19 et 21 heures comme s'il avait des contraintes horaires, des obligations familiales, comme s'il devait rentrer chez lui.
00:30:03Alors, on suppose que c'est peut-être un homme marié, un père de famille.
00:30:08En tout cas, c'est quelqu'un qui connaît bien la région parce que quand il suit ses victimes, quand il les repère, il ne se fait jamais voir, jamais remarquer.
00:30:18Est-ce que c'est juste un tueur ou aussi un voleur ?
00:30:22C'est un voleur parce que quand il tue, il prend le sac de ses victimes, il l'inspecte, il prend l'argent qui est à l'intérieur et il abandonne le sac ensuite.
00:30:31On sait aussi de lui que c'est un voyeur.
00:30:34C'est un voyeur parce qu'il déshabille en partie ses victimes, c'est un contemplatif, il les regarde.
00:30:40Il se livre à des attouchements sexuels mais pas à des viols.
00:30:43Alors, ça fait quand même beaucoup d'éléments et malgré ça, la police n'arrive pas à mettre la main sur cet homme.
00:30:51D'ailleurs, on ne sait même pas s'il s'agit d'un seul tueur ou s'il y a plusieurs tueurs, des tueurs, des hommes différents.
00:30:58On n'a pas encore réussi à établir qu'on a affaire à un tueur en série, à un seul homme.
00:31:04Et c'est là qu'un policier va arriver dans l'enquête qui va rassembler tous ces éléments pour tenter d'établir le profil du tueur.
00:31:13Environ un an après le meurtre de Josette Routier, un nouveau policier débarque dans l'Oise.
00:31:19Il a 34 ans, il est inspecteur, il s'appelle Daniel Neveu et il est affecté à la police judiciaire de Creil.
00:31:26Tout le monde s'accorde à dire que l'homme est plutôt taillé pour le quai des Orfèvres à Paris.
00:31:29Mais son esprit frondeur lui a valu cette affectation moins glorieuse, la police judiciaire de Creil.
00:31:35Et dès son arrivée, il hérite du dossier du tueur de l'ombre, presque comme une punition.
00:31:39C'est un dossier qui n'intéresse plus au monde pour ne pas dire personne.
00:31:45Quand Daniel Neveu récupère l'affaire, les autres policiers ont baissé les bras.
00:31:49Après des milliers de vérifications, les crimes de 1969 et celui d'Annick de Lille se sont clos sur un non-lieu.
00:31:56Quant au double crime de Lagneville, les gendarmes en charge de l'enquête l'attribuent au milieu de la prostitution.
00:32:02A ce stade de l'enquête, on n'a jamais réuni les dossiers des différents crimes.
00:32:09Je pense que plus ou moins consciemment, on ne voulait pas qu'il y ait un tueur unique.
00:32:15Il y avait, je vous dis, un certain fatalisme.
00:32:18Si un tueur unique il y a, il finira bien par se faire prendre.
00:32:22Et si ce n'est pas un tueur unique, chacun fait son enquête.
00:32:26Daniel Neveu va être le premier à relier tous les dossiers.
00:32:29Il s'enferme chez lui pour les étudier un par un.
00:32:32Il cherche à décrypter la méthode du tueur.
00:32:35Et il établit que chaque crime se déroule en sept étapes.
00:32:39Il faut que toutes les victimes soient surveillées, dans leurs habitudes, dans leur trajet.
00:32:44C'est la première phase.
00:32:46C'est un chasseur qui est à l'affût.
00:32:49Et qui passe à l'acte comme on passe à l'acte dans une chasse au gibier.
00:32:54Il y a une phase de neutralisation, de guet-apens et de neutralisation.
00:32:59C'est-à-dire que toutes les victimes sont soit assommées, soit atteintes à distance par des balles.
00:33:10Ensuite, elles sont transportées sur des distances plus ou moins longues.
00:33:17Ensuite, elles sont dénudées, des pieds jusqu'au-dessus des seins.
00:33:24Ensuite, il y a un jeu au niveau du sexe.
00:33:29Et ensuite, il y a le vol du sac à main.
00:33:33Il arrive que l'une des phases soit absente d'un crime, lorsqu'un événement imprévu a perturbé le plan du tueur.
00:33:41Dans l'affaire Suzanne Merrienne, par exemple...
00:33:43Il manque la phase de jeu sexuel.
00:33:45Parce que la jeune feuille, l'autre témoin, s'est enfuie.
00:33:49Et donc, il sait pertinemment que du secours va arriver.
00:33:51Et donc, il n'a pas le temps.
00:33:52Annick Delisle n'a pas été tué par un coup de fusil.
00:33:56C'est même pour cette raison que ce crime avait été écarté de la liste.
00:33:59Or, Daniel Neveu le relie à la série sans hésitation.
00:34:03Annick Delisle, on retrouve toutes les phases, sauf une.
00:34:06Il ne manque, en fait, que la phase d'exécution.
00:34:09Mais, elle a néanmoins été frappée.
00:34:12Et le coup était mortel.
00:34:15Donc, la phase de neutralisation, le coup était déjà mortel.
00:34:18Et, à la limite, la phase d'exécution n'était pas nécessaire.
00:34:24La démonstration de l'inspecteur Neveu s'applique parfaitement au crime suivant.
00:34:31Le 25 novembre 1975, Julia Goncalves sort de chez elle vers 6 heures du matin pour se rendre à son travail.
00:34:40Elle traverse le parc Hébert pour aller à la gare.
00:34:44On retrouve son corps le lendemain matin dans le cours d'eau qui traverse le parc.
00:34:54Julia Goncalves a reçu une balle de 22 longs rifles dans la tête.
00:34:58On retrouve son sac à main, sans argent.
00:35:01Sa montre également a été volée.
00:35:03On retrouve les 7 phases.
00:35:05La phase de guet-apens, puisqu'elle est frappée mortellement dès le départ de l'action.
00:35:12La phase de transport, puisqu'étant neutralisée, elle est transportée sur au moins 150 mètres à travers ce parc.
00:35:19La phase de déshabillage, puisqu'elle est dénudée de ses bottes jusqu'au-dessus des seins.
00:35:27La phase de jeu au niveau du sexe, la phase d'exécution, et enfin la phase finale de vol.
00:35:37Son sac à main a été volé.
00:35:40Nouveau choc pour nos gens sur Oise.
00:35:47Tous les policiers sont à nouveau sur le pont.
00:35:494000 foyers sont visités.
00:35:52800 noms de personnes suspectées par leurs voisins viennent s'ajouter aux 1500 noms déjà recensés depuis 69.
00:35:57Mais Daniel Neveu commence à faire le tri.
00:36:00Une fois que j'ai été persuadé que le tueur était unique, il fallait jusqu'au bout du raisonnement.
00:36:08A savoir que si une personne dénoncée présentait un alibi imparable pour l'un des crimes,
00:36:14il ne pouvait pas être l'auteur des autres crimes.
00:36:18La liste des suspects s'en trouve considérablement réduite.
00:36:22Mais elle reste trop fournie pour mener au tueur.
00:36:25Daniel Neveu veut encore affiner sa recherche.
00:36:28Une liste de tous les voleurs et cambrioleurs connus dans la région est établie.
00:36:33Il est persuadé que le tueur...
00:36:34C'est un voleur.
00:36:36Même si les vols n'expliquent pas les crimes, il finit toujours par un vol.
00:36:40C'est pour un risque supplémentaire puisqu'il faut quand même vérifier le contenu des sacs.
00:36:44Les sacs sont généralement jetés à proximité.
00:36:48Et donc il faut prendre le temps de vérifier, il faut prendre le temps de trouver l'argent.
00:36:52Donc c'est effectivement une phase supplémentaire et risquée.
00:36:58Daniel Neveu dispose d'un nouvel élément, un portrait robot établi après le meurtre de Julia Goncalves.
00:37:04Un témoin voit dans les faisceaux de ses phares, puisqu'il est en voiture,
00:37:10un homme traverser la rue, la fameuse rue où se déplaçait la victime,
00:37:16en temps et lieu du crime.
00:37:17Ce qui permettra de confectionner un portrait robot
00:37:21qui, en dehors de la balistique, sera le seul élément d'enquête digne de ce nom.
00:37:25La diffusion du portrait robot entraîne une nouvelle vague de dénonciations.
00:37:30La police enquête sur tous les gens suspectés.
00:37:32Beaucoup sont éliminés de la liste.
00:37:34Tous les gens qui ont été éliminés ont fait l'objet d'un procès verbal.
00:37:43Ils n'ont pas pour cela été interpellés.
00:37:46La plupart des vérifications étaient faites à leur insu.
00:37:49Si une personne est suspecte,
00:37:50il suffit de lui trouver un alibi, ne serait-ce que professionnel,
00:37:54pour l'écarter définitivement.
00:37:56Tout cela prend du temps.
00:37:59Les habitants de Nogent sont sur les nerfs.
00:38:02Certains déménagent, quittent la région.
00:38:05Il y en a qui ont vendu leur maison.
00:38:07Au Mappui, il y a le nœud de l'Astoulune.
00:38:10À l'approche de l'hiver, tout le monde en discutait.
00:38:12Ils commençaient à se barricader.
00:38:15Je vois mon mari pour les dépannages, par exemple.
00:38:18Quand il arrive à une certaine heure,
00:38:19la plupart n'ouvraient pas.
00:38:22Le maire de Nogent demande même à l'émission
00:38:24les dossiers de l'écran.
00:38:26D'annuler la diffusion du film
00:38:28L'étrangleur de Boston,
00:38:29pour ne pas alimenter la psychose.
00:38:33Mais les femmes sont bien obligées
00:38:35de prendre leur train pour aller travailler.
00:38:37La vie continue.
00:38:39La peur en plus.
00:38:48On était jeunes, donc la peur,
00:38:50c'est vrai qu'on l'évitait.
00:38:52En fin de compte,
00:38:53on ne savait pas vraiment...
00:38:55Ce n'était pas notre sujet, vraiment.
00:38:59On en parlait.
00:39:00On en parlait.
00:39:01On se défendrait.
00:39:02On était fortes.
00:39:03À cette époque,
00:39:05Evelyne Robert rejoint tous les matins
00:39:06son amie Françoise
00:39:07sur le quai de la gare de Villers-Saint-Paul,
00:39:10ville voisine de Nogent-sur-Oise.
00:39:12Donc, tous les jours,
00:39:13on venait avec Françoise.
00:39:15Nous étions plusieurs à prendre le train
00:39:16pour Chantilly.
00:39:18Donc, on venait,
00:39:19on traversait,
00:39:20on attendait notre train
00:39:21sur le quai de l'autre côté.
00:39:24Et un jour, elle n'est pas venue.
00:39:25Et un jour, elle n'est pas venue.
00:39:27On a pensé une grippe,
00:39:29un rhume.
00:39:30Bon, on ne s'était pas dans ses habitudes
00:39:32parce qu'elle était assez régulière.
00:39:35Elle s'appelait Françoise.
00:39:37Elle venait tout juste d'avoir 20 ans.
00:39:39Dans le pays,
00:39:39on disait que c'était une très jolie fille.
00:39:41Tous les matins,
00:39:41elle prenait le train de 7h15
00:39:43pour se rendre à son travail à Paris.
00:39:45Mardi,
00:39:45elle a été assassinée
00:39:46entre 7h03 et 7h09
00:39:48dans un terrain vague
00:39:49près de la gare de Villers-Saint-Paul.
00:39:50Le tueur lui a asséné
00:39:51trois coups de couteau,
00:39:52lui a tiré une balle dans la tête
00:39:54et enfin la dévêtue.
00:39:55C'est là où on l'a découvert.
00:39:56Oui, oui.
00:39:57Et vous n'avez absolument rien entendu.
00:39:58C'est une jeune locataire
00:40:01de chez moi
00:40:01qui l'a découvert.
00:40:03Et personne n'a rien entendu.
00:40:05Absolument.
00:40:05Je suis allée pour étendre mon âge
00:40:07et c'est là que j'ai vu ça.
00:40:11Je n'avais pas réalisé
00:40:13tout de suite que c'était...
00:40:15Je me demandais,
00:40:16je suis restée là
00:40:16quelques instants d'abord.
00:40:18Parce que je me demandais
00:40:19si c'était vrai
00:40:20ce que je voyais
00:40:20ou pas.
00:40:23Ça fait peur
00:40:24quand on apprend
00:40:25que quelqu'un est mort.
00:40:26Surtout que je la connaissais
00:40:27pour qu'on est le train avec moi.
00:40:29C'est un drôle d'essai.
00:40:30Françoise Jakubowska
00:40:35a été tuée sur ce chemin
00:40:37qui menait à la gare.
00:40:38Elle a été frappée
00:40:39et entraînée à l'écart
00:40:40en quelques secondes
00:40:41au nez et à la barbe
00:40:43de 90 personnes
00:40:44qui empruntaient
00:40:44le même trajet.
00:40:48Ces crimes ressemblent
00:40:49à des opérations commando.
00:40:51Les victimes sont toujours
00:40:52sur des axes
00:40:54où il y a du monde
00:40:55qui passe.
00:40:56C'est plus possible,
00:40:57on a peur de sortir.
00:40:58Quand il vient quelqu'un
00:40:59à la porte,
00:40:59il faut regarder tout de suite
00:41:00à l'œil.
00:41:00Grosse-moi qu'on en a un.
00:41:02Alors, c'est plus possible,
00:41:03on ne vit plus, nous.
00:41:04Oui, je crois qu'il est temps
00:41:05de prendre les moyens
00:41:06pour mettre fin
00:41:07à cette situation
00:41:08qui est vraiment épouvantable.
00:41:10Alain Hamon,
00:41:11on est en 1976.
00:41:12Ça fait 7 ans
00:41:14que vous vous intéressez
00:41:15à cette affaire.
00:41:17Il y a beaucoup de journalistes
00:41:18qui sont mobilisés
00:41:18à cette époque-là.
00:41:20C'était une époque
00:41:21où les gens de France Soir
00:41:22arrivaient à 5 rédacteurs
00:41:24et 3 photographes.
00:41:25Le Parisien,
00:41:26la même chose.
00:41:27Il y avait l'Aurore,
00:41:28il y avait Paris-Jour,
00:41:29il y avait 20, 30, 40
00:41:31ouvriers spéciaux.
00:41:32C'était de la folie.
00:41:33Si vous prenez les radios,
00:41:34il y avait 30 ou 40 journalistes.
00:41:36Compte tenu de ce qu'est
00:41:37nos gens sur Rois à l'époque.
00:41:38Ah mais nos gens sur Rois,
00:41:39c'est un village.
00:41:40On est tous à l'hostellerie
00:41:42des Trois Rois,
00:41:43très sympathique hostellerie d'ailleurs.
00:41:44On est installés là
00:41:45et on fait le même travail
00:41:48que les policiers.
00:41:48C'est-à-dire qu'on essaie
00:41:49à chaque fois de voir
00:41:50les familles des victimes,
00:41:52les voisins,
00:41:53les amis.
00:41:54On refait le parcours
00:41:55de la dernière victime.
00:41:57Enfin, c'est une enquête
00:41:59de folie, journalistiquement.
00:42:00C'est une enquête de folie.
00:42:01Qu'est-ce qui fait
00:42:02que c'est une affaire
00:42:04qui fait la une ?
00:42:04Quels sont les ingrédients
00:42:05qui font de cette affaire
00:42:06une affaire exceptionnelle ?
00:42:07C'est le premier tueur en série
00:42:10à l'américaine chez nous.
00:42:13C'est-à-dire qu'il y a une arme à feu.
00:42:16Il y a un type qui se déplace,
00:42:17même s'il ne se déplace
00:42:18que dans un petit périmètre.
00:42:20Là, il se déplace.
00:42:21Il se déplace entre trois communes
00:42:24à peu près.
00:42:25Il y a un atout sexuel,
00:42:29mais pas totalement.
00:42:30C'est-à-dire qu'il n'y a jamais eu
00:42:31viol vraiment des victimes.
00:42:33Donc c'est intriguant.
00:42:34Donc c'est très intriguant.
00:42:36C'est très, très intriguant.
00:42:37Et puis, il y a une mise en scène.
00:42:38A chaque fois,
00:42:39la victime est mise en scène
00:42:40après avoir été tuée.
00:42:42Donc tout ça,
00:42:42ça pose d'énormes questions.
00:42:44Donc c'est vraiment une affaire
00:42:45qui retiendra l'attention
00:42:47de tout le monde.
00:42:49L'homme qui arrive
00:42:51à rassembler les éléments
00:42:53et à tirer une logique de tout ça,
00:42:55c'est l'inspecteur neveu ?
00:42:58Oui, il fait de la police de papa.
00:43:01C'est-à-dire qu'il fait des petites fiches,
00:43:02il sort tous les dossiers.
00:43:04qui ont été entassés un peu partout,
00:43:07à Versailles, à Creil,
00:43:09dans différents services.
00:43:11Les gendarmes,
00:43:12parce que là aussi,
00:43:12la guerre des polices,
00:43:13à cette époque-là,
00:43:13c'était pas mal.
00:43:15Et il fait ces petites fiches,
00:43:17il lit tout,
00:43:18il fait tout lire
00:43:19par les gars qui travaillaient avec lui.
00:43:20Il fait, l'inspecteur neveu,
00:43:22ce qu'on a appelé après,
00:43:23mais longtemps après,
00:43:24du profilage.
00:43:25C'est-à-dire qu'il applique
00:43:27la technique de travail
00:43:28sur les tueurs en série.
00:43:29Oui, il fait du profilage
00:43:31avant l'heure.
00:43:32Mais surtout,
00:43:33c'est un excellent flic.
00:43:35L'inspecteur principal,
00:43:37Daniel Neveu,
00:43:38continue sa quête.
00:43:39Il se penche encore
00:43:40et encore
00:43:41dans les dossiers des crimes.
00:43:42La balistique lui permet
00:43:43de les classer
00:43:44en trois séries.
00:43:46On sait qu'en 1969,
00:43:49une seule carabine
00:43:49a servi aux deux crimes.
00:43:51En 1974 et 1973,
00:43:53on sait que la même carabine
00:43:54a servi aux doubles crimes
00:43:57de Légneville
00:43:57et à celui de Mlle Routier.
00:44:00Et enfin,
00:44:01en 1975-76,
00:44:03on sait rapidement
00:44:04que c'est également
00:44:05la même carabine
00:44:07qui a servi à tuer
00:44:08Goncalves et Jakubowska.
00:44:10Donc déjà,
00:44:11il y a trois séries
00:44:12de crimes
00:44:13qui sont bien établis,
00:44:15les réunissant
00:44:16deux par deux.
00:44:18Un crime
00:44:18retient particulièrement
00:44:20son attention.
00:44:21Le double crime
00:44:22de Légneville.
00:44:23C'est le seul
00:44:23de la série
00:44:24qui soit
00:44:24atypique.
00:44:26Cette affaire
00:44:27de Légneville
00:44:27détonne par rapport
00:44:29aux autres crimes
00:44:30dans la phase
00:44:32initiale
00:44:33puisque Guétapant,
00:44:34il ne pouvait pas y avoir
00:44:35ce soir-là.
00:44:36Ni surveillance.
00:44:37Le jeune couple
00:44:39qui montait au cimetière
00:44:40ou aux abords
00:44:41du cimetière
00:44:41probablement pour
00:44:43des ébats amoureux
00:44:43à bord d'une voiture,
00:44:45le tueur ne pouvait pas
00:44:46savoir qu'ils allaient
00:44:47ce soir-là
00:44:48se rendre
00:44:48à cet endroit-là
00:44:49et à cette heure-là.
00:44:54L'inspecteur Neveu
00:44:55est persuadé
00:44:57que le tueur
00:44:57était déjà sur place
00:44:59quand les amoureux
00:45:00sont arrivés.
00:45:01Il a dû voir
00:45:01les phares de la voiture.
00:45:03Il a décidé
00:45:04de s'approcher.
00:45:05Ça n'est pas
00:45:05un crime prémédité.
00:45:06Il a saisi
00:45:08l'occasion
00:45:09de tuer.
00:45:16Donc on peut imaginer
00:45:17que le tueur
00:45:19profitant
00:45:21que le carreau
00:45:21de la voiture
00:45:22était...
00:45:23que la vitre
00:45:24de la voiture
00:45:24était baissée
00:45:25a dû tirer
00:45:26à la volée
00:45:26sur Stéphane
00:45:28au niveau de la tête.
00:45:30Il a immédiatement
00:45:31sorti de la voiture
00:45:32et l'a jeté
00:45:33devant la voiture.
00:45:33On pense que
00:45:36Morissette
00:45:36a voulu
00:45:38reprendre sa place
00:45:39au volant
00:45:40pour se sauver
00:45:41mais qu'elle n'en a pas
00:45:43eu le temps
00:45:43et qu'elle aussi
00:45:44a été atteinte
00:45:45par des balles,
00:45:46deux balles
00:45:47qu'il a tirées
00:45:48à mi-distance
00:45:49en sa direction.
00:45:50Que faisait le tueur
00:45:57à 23h
00:45:58dans le cimetière
00:45:59de Ligneville ?
00:46:00Était-il venu
00:46:01braconner,
00:46:02voler sur des tombes ?
00:46:04Daniel Neveu
00:46:05reprend le dossier.
00:46:06Un élément
00:46:07attire son attention.
00:46:10Une personne
00:46:11qui montait
00:46:12au cimetière
00:46:13pour arroser
00:46:13justement
00:46:14l'une des tombes,
00:46:16une habitante
00:46:16de Ligneville,
00:46:17a découvert
00:46:18au pied du robinet
00:46:18du cimetière
00:46:19une cartouche entière
00:46:21de la même marque
00:46:23que celle trouvée
00:46:24sur les lieux des crimes.
00:46:25Cela impliquait
00:46:26que le tueur
00:46:27ce soir-là
00:46:27s'était rendu
00:46:29à ce robinet
00:46:29pour probablement
00:46:31se laver les mains
00:46:32puisqu'il avait perdu
00:46:33sur place
00:46:33une cartouche.
00:46:37L'inspecteur décide
00:46:38de se rendre
00:46:39sur les lieux
00:46:39et il ne retrouve pas
00:46:41ce fameux robinet.
00:46:42Il lui faudra
00:46:43l'aide du gardien
00:46:44du cimetière
00:46:44pour le découvrir
00:46:45caché derrière l'église
00:46:46au bas d'une cuve
00:46:47qui recueille
00:46:48les eaux de pluie.
00:46:49Et ce robinet
00:46:52pour quelqu'un
00:46:53qui n'est pas
00:46:54du pays
00:46:55et même des gens
00:46:55du pays
00:46:56ne le connaissent pas
00:46:56il est très difficile
00:46:58à trouver
00:46:58et en pleine nuit
00:47:00il faut absolument
00:47:01savoir qu'il existe.
00:47:02Donc
00:47:03on pouvait très facilement
00:47:04déduire
00:47:05que le tueur
00:47:06connaissait l'existence
00:47:07de ce robinet
00:47:07et donc
00:47:08il était un
00:47:08habitué des lieux.
00:47:11Celui qui a
00:47:12utilisé ce robinet
00:47:13travaille au cimetière.
00:47:15C'est un gardien
00:47:15ou un marbrier
00:47:16ou bien
00:47:17c'est quelqu'un
00:47:18qui vient régulièrement
00:47:19entretenir une tombe.
00:47:25Autrement dit
00:47:26son nom
00:47:26pouvait très bien
00:47:28être inscrit
00:47:28sur une pierre tombale.
00:47:30Donc
00:47:30j'ai fait recenser
00:47:31les 650 tombes
00:47:33de ce cimetière
00:47:34au plan patronymique
00:47:36et j'ai recoupé
00:47:38tous ces noms
00:47:38avec les noms
00:47:39des suspects
00:47:40qui restaient.
00:47:41Il ne restait plus
00:47:41qu'une trentaine
00:47:42de noms commun.
00:47:4430 noms.
00:47:46Ordre est donné
00:47:47de les interpeller tous,
00:47:48de fouiller leur maison
00:47:49et de les ramener
00:47:50au commissariat
00:47:51quelle que soit
00:47:51leur position sociale
00:47:53ou leur comportement.
00:47:59Les trois premiers suspects
00:48:01sont mis
00:48:02hors de cause.
00:48:03Le 14 décembre 1976
00:48:05les policiers
00:48:06sonnent
00:48:06à la porte
00:48:07du quatrième.
00:48:09Il est fiché
00:48:10comme cambrioleur.
00:48:11Son nom apparaît
00:48:12sur une tombe
00:48:12du cimetière.
00:48:14Il figure également
00:48:14sur la liste
00:48:15des gens dénoncés.
00:48:16Il s'appelle
00:48:17Marcel Barbeau.
00:48:20Il habite
00:48:20Montaterre,
00:48:21une petite commune
00:48:22toute proche
00:48:23de nos gens-sur-Oise.
00:48:26C'est son épouse
00:48:27qui ouvre aux policiers.
00:48:28Marcel Barbeau
00:48:29est parti faire des courses.
00:48:31Dans l'appartement
00:48:31on trouve
00:48:32un petit porte-monnaie
00:48:33qui contient
00:48:34des cartouches
00:48:3522 longs rifles.
00:48:37A la cave,
00:48:38les policiers
00:48:38découvrent derrière
00:48:39une porte fermée
00:48:40un poignard,
00:48:41un imperméable,
00:48:42des gants,
00:48:43des casquettes
00:48:43mais surtout
00:48:44une carabine
00:48:4522 longs rifles.
00:48:48Lorsque Marcel Barbeau
00:48:49rentre chez lui
00:48:50vers 13h,
00:48:51il est aussitôt arrêté
00:48:52et conduit
00:48:53devant l'inspecteur neveu.
00:48:54Il est très offusqué
00:48:55de son arrestation.
00:48:58Il est arrêté
00:48:58en plus
00:48:59au retour
00:49:00de son lieu de travail
00:49:02où il revient
00:49:02avec les jouets
00:49:04de Noël
00:49:04de ses enfants
00:49:05puisque c'est
00:49:06la période de Noël
00:49:07et ça
00:49:08il est très vexé
00:49:09de la situation.
00:49:12Il n'est pas agressif
00:49:13mais il est
00:49:13très refermé
00:49:14sur lui-même.
00:49:17Marcel Barbeau
00:49:18est placé
00:49:19en garde à vue
00:49:19et tout de suite
00:49:20il est interrogé
00:49:21sur la présence
00:49:22de la carabine
00:49:23dans sa cave.
00:49:25Une carabine
00:49:25il faut quand même
00:49:26la détailler
00:49:27parce que c'est
00:49:27quand même
00:49:28une carabine
00:49:28très particulière.
00:49:31Le canon
00:49:32a été scié
00:49:33a été
00:49:35enmanché
00:49:36au bout du canon
00:49:36à silencieux.
00:49:40Il y a une ficelle
00:49:41qui sert
00:49:42de bandoulière
00:49:43donc on voit
00:49:44très bien
00:49:45que c'est une arme
00:49:45changée
00:49:47transformée
00:49:48qui peut
00:49:50donc mettre
00:49:51sur lui
00:49:51et cachée
00:49:52sous un imperméable
00:49:53et donc
00:49:54on découvre
00:49:55également
00:49:55l'imperméable.
00:49:58Pendant que
00:49:59Marcel Barbeau
00:50:00est interrogé
00:50:00la carabine
00:50:01est expertisée
00:50:02les résultats
00:50:03tombent
00:50:03avant
00:50:04la fin
00:50:04de la garde à vue.
00:50:06Il s'agit
00:50:06de l'arme
00:50:07qui a tué
00:50:07Françoise
00:50:08Jacobosca
00:50:09et Julia Goncalves
00:50:10et pourtant
00:50:11Marcel Barbeau
00:50:12nie.
00:50:13Alors il nous donne
00:50:14comme explication
00:50:15pour la carabine
00:50:16il dit
00:50:17l'avoir trouvé
00:50:18en pièces détachées
00:50:19je vous donne
00:50:20en mille
00:50:21au cimetière
00:50:22de Génieville
00:50:22postérieurement
00:50:25au crime
00:50:25bien évidemment
00:50:26pour ne pas
00:50:27être le criminel.
00:50:29Marcel Barbeau
00:50:30dit qu'il a trouvé
00:50:31cette carabine
00:50:32derrière la tombe
00:50:33d'une parente
00:50:34une tombe
00:50:34qu'il prétend
00:50:35entretenir régulièrement
00:50:36mais conduit sur place
00:50:38il se montre
00:50:39incapable
00:50:39de situer
00:50:40la tombe
00:50:41dans le cimetière.
00:50:44C'est derrière
00:50:45cette tombe
00:50:46qu'il aurait dû
00:50:46nous conduire
00:50:47directement
00:50:47or il n'a jamais
00:50:49retrouvé
00:50:49cette sépulture.
00:50:53Lors de la reconstitution
00:50:54en présence
00:50:56du juge d'instruction
00:50:56Barbeau
00:50:58a erré
00:50:58dans ce cimetière
00:50:59et il nous a même
00:51:01emmené
00:51:02jusqu'à
00:51:02l'autre extrémité
00:51:04de celui-ci
00:51:04à l'opposé
00:51:06de cette fameuse tombe.
00:51:12Marcel Barbeau
00:51:13est inculpé
00:51:13pour l'assassinat
00:51:14de Françoise Jakubowska
00:51:15et de Julia Goncalves
00:51:17les deux dernières victimes.
00:51:18Il est incarcéré
00:51:19à la prison d'Amiens.
00:51:25Lorsque je l'ai vu
00:51:26pour la première fois
00:51:27il était étonnant
00:51:28et impressionnant.
00:51:30Étonnant d'abord
00:51:31et impressionnant
00:51:32ensuite
00:51:32par sa taille.
00:51:34C'était un homme
00:51:34très fort
00:51:35et il y avait
00:51:37dans ce personnage
00:51:38beaucoup de tranquillité
00:51:40et presque
00:51:41de sérénité.
00:51:43Il restait
00:51:45impassible
00:51:47en face des charges
00:51:48qui s'accumulaient
00:51:49il restait serein
00:51:51il ne se faisait
00:51:52jamais démonter.
00:51:54C'est quelqu'un
00:51:54d'apparemment
00:51:56calme et frustre.
00:51:59Ce n'est pas
00:52:00un intellectuel
00:52:01ça c'est évident.
00:52:04C'est quelqu'un
00:52:05de simple
00:52:05et qui s'en tient
00:52:07à des déclarations
00:52:08très catégoriques
00:52:09puisqu'il ne cause
00:52:10quasiment pas.
00:52:12Marcel Barbeau
00:52:13habitait là
00:52:14à Montaterre
00:52:15tout près de nos gens
00:52:16sur Oise
00:52:17dans une HLM
00:52:18de luxe
00:52:18au milieu des autres.
00:52:20Bon père de famille
00:52:21époux exemplaire
00:52:23bon voisin
00:52:24ouvrier spécialisé
00:52:25consciencieux
00:52:26rien
00:52:27rien dans sa vie
00:52:28ne laissait soupçonner
00:52:29les obsessions
00:52:30qui l'ont poussé
00:52:31au crime.
00:52:32Ma femme étant gardienne
00:52:33nous connaissons
00:52:34en tant que locataire
00:52:34pour moi
00:52:36c'est un homme
00:52:37je suis surpris
00:52:38de ce qui vient
00:52:39de se passer
00:52:39vu qu'il était
00:52:40très droit
00:52:41un homme bien habillé
00:52:43toujours bien mis.
00:52:44pour nous
00:52:45c'est un homme
00:52:46calme
00:52:46tranquille
00:52:47on n'avait rien
00:52:48à dire de lui
00:52:48nous
00:52:48la nouvelle
00:52:49de son arrestation
00:52:50vous a surpris ?
00:52:51franchement oui
00:52:51parce que
00:52:52jamais j'aurais pensé
00:52:54que ça venait de lui
00:52:55j'ai déjà parlé avec lui
00:52:57je lui ai dit que j'avais peur
00:52:58à madame Barbeau aussi
00:52:59d'ailleurs
00:52:59on en parlait
00:53:00toutes n'importe comment
00:53:01je crois qu'une fois
00:53:02tu m'avais dit
00:53:02qu'il n'y avait rien
00:53:03à craindre
00:53:03par rapport à
00:53:04c'est lui qui t'avait répondu
00:53:05ça
00:53:05tu avais dit
00:53:06ici à Montaterre
00:53:07ça m'étonnerait
00:53:07oui
00:53:09mais enfin
00:53:10ça nous semble incompréhensible
00:53:12cette histoire
00:53:12sa femme nous a dit
00:53:14un jour j'ai peur
00:53:15du tueur de l'Oise
00:53:16je vais demander à Marcel
00:53:17qu'il me mette des volets
00:53:18et Marcel a mis des volets
00:53:20j'aimerais bien Dominique
00:53:23que vous m'en disiez plus
00:53:24sur Marcel Barbeau
00:53:25est-ce que d'abord
00:53:26il correspond
00:53:27à l'idée
00:53:28qu'on se faisait de lui
00:53:29que les policiers
00:53:30se faisaient du tueur
00:53:31en partie oui
00:53:32en partie oui
00:53:33parce que c'est un habitant
00:53:34de la région
00:53:35il est né dans l'Oise
00:53:37en 1941
00:53:38et quand il tue
00:53:39pour la première fois
00:53:40ça veut dire qu'en 1969
00:53:41il a 28 ans
00:53:43c'est un enfant
00:53:45d'une famille modeste
00:53:46son père est cheminot
00:53:47sa mère élève
00:53:49ses frères et soeurs
00:53:50ils sont 4 enfants
00:53:50et lui
00:53:52c'est un gosse
00:53:53assez réservé
00:53:54c'est un enfant timide
00:53:55qui quitte l'école
00:53:56à 14 ans
00:53:56sans son certificat d'études
00:53:57qu'on retrouve à 16 ans
00:53:59dans une usine de la région
00:54:00il est tout tueur
00:54:01il a trouvé un petit job
00:54:02et à 19 ans
00:54:04il en a déjà marre
00:54:05de tout ça
00:54:05il décide de changer
00:54:06de vie
00:54:07et il profite
00:54:08de cette période
00:54:09de la guerre d'Algérie
00:54:101960
00:54:10il s'engage
00:54:11il veut devenir para
00:54:13il veut faire autre chose
00:54:14mais ça se passera mal
00:54:15parce que dès que l'avion décolle
00:54:17il a le vertige
00:54:18il ne sera pas parachutiste
00:54:19il sera brancardier
00:54:20en Algérie
00:54:21en Algérie
00:54:22il revient quand même
00:54:23avec la valeur militaire
00:54:25et il décide
00:54:26à ce moment là
00:54:26il essaie de devenir gendarme
00:54:28mais il est recalé
00:54:29alors il reprend le chemin
00:54:31de l'usine
00:54:32et à 21 ans
00:54:33il est de retour
00:54:34dans une usine
00:54:35à faire le même boulot
00:54:36qu'avant de partir en Algérie
00:54:37c'est là qu'il se marie
00:54:39et qu'il a deux enfants
00:54:40il s'installe à Montaterre
00:54:42une vie assez ordinaire
00:54:43finalement
00:54:43semble se profiler
00:54:44est-ce qu'il y a une rupture
00:54:45dans la vie de Marcel Barbeau ?
00:54:47la rupture
00:54:48c'est quelques années plus tard
00:54:49quand il a 27 ans
00:54:50qu'il perd sa mère
00:54:52il était visiblement
00:54:52très attaché à elle
00:54:53et un an plus tard
00:54:55il va commencer à tuer
00:54:56et là il y a beaucoup de morts
00:54:57dans sa vie
00:54:57il perd un frère
00:54:59quand il a 30 ans
00:55:00qui se tue dans un accident de voiture
00:55:02quelques mois plus tard
00:55:03un autre de ses frères
00:55:04se suicide
00:55:05et tous ses amis
00:55:06ceux qui travaillent avec lui
00:55:07à l'usine
00:55:07vont dire qu'à partir
00:55:08de ce moment là
00:55:09il change
00:55:10il s'enferme
00:55:11dans une espèce d'isolement
00:55:12il disparaît à l'usine
00:55:14il va s'asseoir
00:55:14dans des recoins
00:55:15qu'on trouvera plus tard
00:55:16il va penser à autre chose
00:55:18est-ce que
00:55:20c'est quelqu'un
00:55:21qui a eu affaire
00:55:22à la police
00:55:23comme on dit
00:55:23il a eu affaire
00:55:24à la police
00:55:25pour des cambriolages
00:55:26toute une série
00:55:26de cambriolages
00:55:27une quinzaine au total
00:55:29et il a été condamné
00:55:31pour ça
00:55:31à de la prison
00:55:32avec sursis
00:55:3318 mois
00:55:33il y a eu une période
00:55:34de 5 ans
00:55:35de mise à l'épreuve
00:55:36et à cette époque là
00:55:38quand il est arrêté
00:55:39il y a quelque chose
00:55:41qui va frapper les policiers
00:55:42c'est son mutisme
00:55:44il va rester
00:55:45pendant 6 heures
00:55:46de garde à vue
00:55:47à ne rien dire
00:55:49pas un mot
00:55:49même pas son nom
00:55:50et vous savez
00:55:51comment il va être identifié
00:55:52parce que
00:55:54l'un de ses voisins
00:55:55policiers
00:55:55entre dans le commissariat
00:55:56ce jour là
00:55:58il reconnaît
00:55:59Marcel Barbeau
00:55:59c'est son voisin
00:56:00il dit
00:56:01mais moi je le connais
00:56:01il s'appelle
00:56:01Marcel Barbeau
00:56:02et ce mutisme
00:56:03de Marcel Barbeau
00:56:05va le suivre
00:56:06jusqu'au bout
00:56:07l'arrestation de Marcel Barbeau
00:56:14surprend tout le monde
00:56:15tout le monde
00:56:17sauf curieusement
00:56:19ses collègues de travail
00:56:21avant qu'il soit arrêté
00:56:24moi j'avais dit à ma femme
00:56:26je serais pas étonné
00:56:28que ce soit Marcel
00:56:28alors je lui ai même dit
00:56:30c'est pas possible
00:56:31parce que comme il était venu
00:56:32à la maison
00:56:33à plusieurs reprises
00:56:34donc boire l'apéritif
00:56:37c'était tellement
00:56:39quelqu'un
00:56:39de sensé
00:56:41qu'il avait l'air
00:56:41d'être sensé
00:56:42qu'on lui aurait donné
00:56:43le bon dieu
00:56:43sans confession
00:56:44ses collègues ont un doute
00:56:46en fait depuis
00:56:47l'affaire maérienne
00:56:48en 1969
00:56:50depuis qu'ils sont
00:56:51allés voir le sac
00:56:52et les affaires du tueur
00:56:54exposées
00:56:55à la mairie
00:56:57alors vous Edouard Benko
00:56:59pendant toute cette époque là
00:57:01vous travaillez
00:57:01avec Marcel Barbeau
00:57:03j'ai connu
00:57:05j'ai connu Marcel Barbeau
00:57:05à l'âge de 16 ans
00:57:06ensuite on s'est quitté
00:57:08avant l'Algérie
00:57:09et ensuite le travail
00:57:10nous a réunis
00:57:11pendant 5 ans
00:57:12dans la même entreprise
00:57:14et même atelier
00:57:15c'était un type
00:57:15plutôt sympa ?
00:57:17très sympa
00:57:18quand il était
00:57:19très sympa
00:57:19comme ça
00:57:19oui bien sûr
00:57:20très sympa
00:57:21oui
00:57:21un peu renfermé
00:57:23il fallait aller le chercher
00:57:24un peu le débloquer
00:57:25un peu
00:57:25mais très sympa
00:57:27à partir de quand
00:57:29est-ce que vous vous dites
00:57:30ce tueur de l'ombre
00:57:32c'est peut-être Marcel ?
00:57:35ah là là
00:57:35question difficile ça
00:57:37il y a eu des indices
00:57:39exposés à la mairie
00:57:40de Nogent-Soroise
00:57:41ces indices
00:57:42nous sommes allés voir
00:57:43ces indices
00:57:44à plusieurs copains
00:57:45le sac
00:57:46le contenu du sac
00:57:46le contenu du sac
00:57:47et quand on est arrivé
00:57:49dans le hall de la mairie
00:57:50on a reconnu le sac
00:57:51et en plaisantant
00:57:52bien sûr
00:57:53en plaisantant
00:57:53on s'est dit
00:57:54c'est le sac du grand
00:57:54on l'appel grand
00:57:55c'est le sac du grand
00:57:56et quelqu'un a dit
00:57:58si dans le sac
00:57:59il y a la serviette
00:58:00carreau rouge et blanc
00:58:01c'était son étard
00:58:03et la serviette
00:58:04c'est lui
00:58:05tout en plaisantant
00:58:06quand même
00:58:06parce que
00:58:06et on a regardé dans le sac
00:58:08et il y avait cette serviette
00:58:09dans le sac
00:58:09et à partir de ce moment là
00:58:10on a commencé
00:58:11à avoir des soupçons
00:58:13mais c'est toujours
00:58:14très difficile
00:58:15de soupçonner
00:58:16un ami de longue date
00:58:17comme ça
00:58:17on n'y croit pas
00:58:19enfin le juge
00:58:19il organise
00:58:20cette exposition
00:58:22des objets retrouvés
00:58:23pour que des gens
00:58:24qui reconnaissent les objets
00:58:25disent
00:58:25je connais le gars
00:58:26à qui ça appartient
00:58:27vous ne le dénoncez pas
00:58:28non
00:58:29on ne le dénonce pas
00:58:29on n'y croit pas
00:58:30on n'y croit pas
00:58:31est-ce que vous arrivez
00:58:32à comprendre
00:58:32pourquoi alors que
00:58:33le soupçon grandit
00:58:35pour arriver à une quasi-certitude
00:58:37vous n'êtes pas capable
00:58:38de franchir le cap
00:58:39l'amitié
00:58:40le problème il est là
00:58:41non non
00:58:41l'amitié oui
00:58:42mais le problème il est là
00:58:42quasi-certitude
00:58:43c'est là le mot
00:58:44moi je n'ai jamais eu
00:58:45la quasi-certitude
00:58:46ça
00:58:47je citais dernièrement
00:58:49quand on a une
00:58:50quand on a une certitude
00:58:51on croit détenir la vérité
00:58:52la vérité existe
00:58:53c'est la certitude
00:58:54qui n'existe pas
00:58:55et déjà à cette époque là
00:58:56on se disait
00:58:57oui on parlait entre nous
00:58:58mais personne ne le disait
00:59:00franchement
00:59:01en tapant du poing sur la table
00:59:02on disait
00:59:02c'est certainement lui
00:59:04certainement lui
00:59:04mais est-ce que c'est
00:59:06vraiment lui
00:59:07on n'y croyait pas
00:59:08vous avez des regrets
00:59:08aujourd'hui
00:59:09compte tenu du nombre
00:59:09de meurtres qu'il a commis
00:59:10vous saviez vous
00:59:11depuis le départ
00:59:12vous aviez cette intuition
00:59:13vous n'avez pas dénoncé
00:59:14vous auriez pu sauver des vies
00:59:15bien sûr qu'on a des regrets
00:59:16bien sûr qu'on a des regrets
00:59:17placé en détention
00:59:20Marcel Barbeau continue de nier
00:59:22je suis dit-il
00:59:24la neuvième victime
00:59:25du tueur de l'ombre
00:59:27il a toujours nié
00:59:28avec force
00:59:30sans colère bien sûr
00:59:32mais avec détermination
00:59:34et il ne sait jamais
00:59:37ce qui est troublant également
00:59:39c'est qu'il ne s'est jamais
00:59:41laissé déstabiliser
00:59:42par les preuves
00:59:44qui lui était apporté
00:59:45il répétait
00:59:46inlassablement
00:59:47et tranquillement
00:59:48c'est pas possible
00:59:49ça peut pas être moi
00:59:50accoutré comme le tueur de l'ombre
00:59:53Barbeau est confronté
00:59:54à Micheline Merrienne
00:59:56la jeune femme
00:59:56reconnaît formellement
00:59:57son regard
00:59:58comment cette jeune fille
00:59:59peut-elle me reconnaître
01:00:00six ans après
01:00:01s'exclame Barbeau
01:00:02il vient de se faire piéger
01:00:03car on ne lui avait pas dit
01:00:04de quel crime
01:00:05la jeune femme
01:00:06avait été témoin
01:00:06ni à quelle date
01:00:07l'inspecteur neveu
01:00:09est persuadé
01:00:09qu'il tient
01:00:10son tueur en série
01:00:11il doit maintenant prouver
01:00:12qu'il est l'auteur
01:00:12des autres crimes
01:00:14l'emploi du temps
01:00:15de Marcel Barbeau
01:00:15est vérifié
01:00:16s'il a un alibi
01:00:17pour un seul crime
01:00:18cela peut suffire
01:00:19à créer le doute
01:00:20mais ça n'est pas le cas
01:00:21la juge d'instruction
01:00:22a récupéré ses horaires
01:00:23à Saint-Gobain
01:00:24alors il s'est avéré
01:00:26qu'il n'avait jamais
01:00:26d'alibi professionnel
01:00:28pour les crimes
01:00:29et oui
01:00:30à la date des crimes
01:00:31Marcel Barbeau
01:00:32est systématiquement
01:00:33en congé
01:00:34mais sa femme interrogée
01:00:35pensait que ces jours-là
01:00:37il était à l'usine
01:00:38en fait
01:00:40en cachette
01:00:41Marcel Barbeau
01:00:42on faisait des heures
01:00:43supplémentaires
01:00:44qu'il récupérait
01:00:45sous forme de jours de repos
01:00:46qu'il dissimulait
01:00:47à sa femme
01:00:47il en profitait
01:00:48pour faire
01:00:49ce qu'il avait à faire
01:00:50disons qu'il y a des jours
01:00:51où il faisait celui
01:00:53qui allait travailler
01:00:54et il rentrait
01:00:56à l'heure de travail
01:00:58comme s'il avait été travaillé
01:00:59mais on le rencontrait
01:01:00en ville
01:01:01où on le rencontrait
01:01:02tous les objets
01:01:04trouvés dans la cave
01:01:05de Marcel Barbeau
01:01:05sont des objets volés
01:01:07l'imperméable
01:01:08les casquettes
01:01:08et les gants
01:01:09par exemple
01:01:09ont été volés
01:01:10aux gardiens
01:01:11du cimetière
01:01:11de Nogent-sur-Oise
01:01:12à qui on avait volé
01:01:14quelques années auparavant
01:01:15une paire de bottes
01:01:16de taille 42
01:01:17curieusement
01:01:18lors de son enquête
01:01:19l'inspecteur avait eu
01:01:20l'intuition
01:01:20que ce cimetière
01:01:21était lié au crime
01:01:23alors je prends le plan
01:01:25de la circonscription
01:01:28alors ici
01:01:30à la gare
01:01:31de Villers-Saint-Paul
01:01:32le dernier crime
01:01:35Mademoiselle
01:01:35Jakubowska
01:01:36le crime de Nogent
01:01:38c'est Mademoiselle
01:01:40Routier
01:01:42le crime
01:01:44le plus excentré
01:01:45le cimetière
01:01:48de Lagneville
01:01:49on établit
01:01:51ainsi
01:01:52un triangle
01:01:54des crimes
01:01:55les plus
01:01:55éloignés
01:01:57les uns des autres
01:01:58à l'intérieur
01:02:00duquel
01:02:00se situent
01:02:01d'ailleurs
01:02:01les autres
01:02:03victimes
01:02:03et l'on constate
01:02:06que si l'on trace
01:02:07les médianes
01:02:11de ce triangle
01:02:12leur point
01:02:15de rencontre
01:02:16et le centre
01:02:17géographique
01:02:18de tous ces crimes
01:02:19c'est
01:02:19le cimetière
01:02:21de Nogent
01:02:22pourquoi ce cimetière
01:02:26est-il au centre
01:02:27des crimes
01:02:28de Nogent
01:02:28sur Oise
01:02:29est-ce un choix
01:02:30conscient
01:02:30ou inconscient
01:02:32en tout cas
01:02:33Marcel Barbeau
01:02:33y venait
01:02:34souvent
01:02:35c'est effectivement
01:02:36
01:02:36que sa mère
01:02:37est enterrée
01:02:38Micheline Barbeau
01:02:40est morte
01:02:40d'un cancer
01:02:41en 1968
01:02:42l'année
01:02:43précédant les crimes
01:02:44pour venir se recueillir
01:02:46sur la tombe
01:02:46de sa mère
01:02:47Marcel Barbeau
01:02:48devait passer
01:02:48devant celle
01:02:49de Thérèse Adam
01:02:50par un hasard
01:02:51incroyable
01:02:52la première morte
01:02:53de Nogent
01:02:53tuée en 69
01:02:54est enterrée
01:02:55à côté
01:02:56de la mère
01:02:57de Barbeau
01:02:58l'inspecteur
01:02:59neveu
01:03:00fait la démonstration
01:03:01que le centre
01:03:02absolu
01:03:03des meurtres
01:03:06commis
01:03:06par le tueur
01:03:07de l'ombre
01:03:07c'est
01:03:08le cimetière
01:03:10de Nogent
01:03:11dans lequel
01:03:12est enterrée
01:03:13la mère
01:03:14de Marcel Barbeau
01:03:16on s'aperçoit
01:03:17que le cimetière
01:03:19de Nogent
01:03:19en effet
01:03:20depuis le début
01:03:21est au centre
01:03:22de toutes les affaires
01:03:23ça c'est clair
01:03:25est-ce qu'il avait
01:03:25un rapport pathologique
01:03:26avec sa mère
01:03:26Marcel Barbeau
01:03:27qui aurait expliqué
01:03:29qu'il pète les plombs
01:03:30Barbeau
01:03:31sa maman
01:03:32va mourir
01:03:33dans ses bras
01:03:34d'un cancer
01:03:36particulièrement douloureux
01:03:37d'un cancer
01:03:38particulièrement lourd
01:03:39et ça on le sait
01:03:40c'est vrai
01:03:40il va la veiller
01:03:42jour et nuit
01:03:42à une époque
01:03:43et elle va mourir
01:03:44dans ses bras
01:03:45et on peut imaginer
01:03:47en effet
01:03:47qu'il y a quelque chose
01:03:48qui se déclenche
01:03:49à ce moment là
01:03:50il tuait des femmes
01:03:50qui ressemblaient à sa mère
01:03:52oui il tuait
01:03:53des femmes
01:03:54qui ressemblaient
01:03:55à sa mère
01:03:56et morphologiquement
01:03:57et la couleur des cheveux
01:03:59brune
01:03:59c'est d'ailleurs
01:04:00ce qui fait que
01:04:00à Nogent-sur-Oise
01:04:01pendant l'affaire
01:04:02les brunes se teindront
01:04:03en blonde
01:04:04on en arrivera
01:04:04même là
01:04:05et c'est vrai
01:04:07qu'on peut retrouver
01:04:08l'âge changeant
01:04:11bien sûr
01:04:11mais on peut retrouver
01:04:13dans les victimes
01:04:13de Barbeau
01:04:14un certain portrait
01:04:15de sa mère
01:04:16il est une femme
01:04:17Marcel Barbeau
01:04:18il est une femme
01:04:18d'ailleurs
01:04:19elle n'a cessé de dire
01:04:21qu'elle ne croyait pas
01:04:22à la culpabilité
01:04:22de son mari
01:04:23elle ne savait pas
01:04:25la femme de Marcel Barbeau
01:04:26elle ne se doutait de rien
01:04:27elle dit en tout cas
01:04:28qu'elle ne se doutait de rien
01:04:29elle a expliqué
01:04:30que c'était un bon père de famille
01:04:32d'ailleurs
01:04:32quand il est interpellé
01:04:33il allait jouer
01:04:34des gosses
01:04:35dans les bras
01:04:35même les policiers
01:04:38qui viennent l'interpeller
01:04:39à un moment donné
01:04:40dans l'escalier de l'immeuble
01:04:41ils se disent
01:04:41c'est pas lui
01:04:42c'est pas le tueur de l'ombre
01:04:43le type
01:04:45il vient voir ses gosses
01:04:46avec des cadeaux de Noël
01:04:48c'est pas possible
01:04:48ils hésitent
01:04:49et comme neveu
01:04:50leur a dit
01:04:50même si c'est un curé
01:04:51vous le ramenez
01:04:52il leur a dit ça ?
01:04:53même si c'est un curé
01:04:54vous le ramenez
01:04:55donc voilà
01:04:56l'enquête continue
01:04:59Marcel Barbeau
01:05:01désigne au juge d'instruction
01:05:02la maison
01:05:03où il a volé son poignard
01:05:04le vol
01:05:05est confirmé
01:05:06par les propriétaires
01:05:07leurs voisins
01:05:09ont également
01:05:10été cambriolés
01:05:11à la même époque
01:05:12on leur a volé
01:05:13une carabine
01:05:14qui se révèle être
01:05:15l'arme
01:05:15des deux derniers crimes
01:05:17de la même manière
01:05:23qu'il insiste
01:05:24pour surveiller ses victimes
01:05:25il a une insistance
01:05:26pour surveiller
01:05:27et rentrer dans les maisons
01:05:28mais autant il veut rentrer
01:05:31autant des fois
01:05:31il improvise
01:05:32parce qu'il n'a pas
01:05:32les moyens de rentrer
01:05:33alors il va prendre
01:05:34un pied de parasol
01:05:36pour casser une vitre
01:05:37il va prendre un parpaing
01:05:38pour enfoncer une porte
01:05:39même si les personnes
01:05:42sont présentes
01:05:42d'ailleurs
01:05:42ça ne le gêne pas tellement
01:05:44il a une avidité
01:05:46de pénétration
01:05:47pour finalement
01:05:48ne faire des vols
01:05:49que de balbioles
01:05:50il va prendre une montre
01:05:51il va grignoter sur place
01:05:54il va boire un petit peu
01:05:55il va fumer
01:05:56alors qu'il ne fume pas
01:05:57il n'est pas un cambrioleur normal
01:05:59il va regarder
01:06:00les photos de famille
01:06:01il va ouvrir des tiroirs
01:06:03regarder les papiers
01:06:04ce que ne font pas
01:06:06les cambrioleurs
01:06:07quand ils sont intéressés
01:06:09par des choses vénales
01:06:09l'inspecteur considère
01:06:16que si Marcel Barbeau
01:06:17a volé l'arme
01:06:19des derniers crimes
01:06:20il a peut-être volé
01:06:21les armes
01:06:22des crimes précédents
01:06:23et il se penche
01:06:24désormais
01:06:24sur les cambriolages
01:06:26il y a de quoi faire
01:06:27il avait une double vie
01:06:30ça c'est évident
01:06:30la vie officielle
01:06:32avec femme, enfant
01:06:35et travail
01:06:36et puis une vie
01:06:37complètement parallèle
01:06:38bien chargée
01:06:39il a quand même
01:06:40été condamné
01:06:41comme cambrioleur
01:06:43à Beauvais
01:06:44une peine assez lourde
01:06:45avec une mise à l'épreuve
01:06:47assez longue
01:06:48ce qui ne l'a pas empêché
01:06:4915 jours après
01:06:50de le commencer
01:06:50donc il avait véritablement
01:06:53une vie de cambrioleur
01:06:54fournie
01:06:55qui lui occupait
01:06:56pas mal de nuits
01:06:58dans une semaine
01:06:59l'inspecteur Neveu
01:07:01consulte un dossier
01:07:02de cambriolage
01:07:03signé Barbeau
01:07:04et qui remonte
01:07:04à 70
01:07:05cette année là
01:07:06Barbeau a volé
01:07:07une carabine
01:07:0722 longs rifles
01:07:08de marque Reina
01:07:09chez des gens
01:07:10s'en est-il servi
01:07:11plus tard pour tuer
01:07:12comment le savoir
01:07:13la carabine n'a pas
01:07:14été retrouvée
01:07:15mais à l'époque
01:07:16le propriétaire
01:07:18avait l'habitude
01:07:18de s'entraîner
01:07:19sur des cibles
01:07:19dans son jardin
01:07:20qui sait s'il ne reste
01:07:21pas une cartouche
01:07:23quelque part
01:07:24le jardin
01:07:25est entièrement retourné
01:07:26et comme c'était
01:07:27une carabine automatique
01:07:28qui éjectait
01:07:29les cartouches
01:07:31en bêchant le jardin
01:07:33on a retrouvé
01:07:33les cartouches
01:07:34qui comparées
01:07:35aux cartouches
01:07:36découvertes
01:07:37chez mademoiselle
01:07:37routier
01:07:38et celles
01:07:39découvertes
01:07:39près de
01:07:40Stéphane
01:07:41et Vanift
01:07:42se sont avérées
01:07:43les mêmes
01:07:43de manière formelle
01:07:46c'est l'avantage
01:07:47de la balistique
01:07:48Marcel Barbeau
01:07:53est inculpé
01:07:54pour l'assassinat
01:07:54de Josette
01:07:55Routier
01:07:55d'Eugène Stéphane
01:07:57et de
01:07:57Mauricette Vanift
01:07:58on ne retrouvera
01:07:59jamais l'arme
01:08:00des trois premiers
01:08:01crimes
01:08:01commis en 69
01:08:02ceux de
01:08:03Thérèse Adam
01:08:03de Suzanne
01:08:04Merrienne
01:08:05et d'Anique
01:08:05de Lille
01:08:06faute de preuves
01:08:09matérielles
01:08:10ces affaires
01:08:11se terminent
01:08:11officiellement
01:08:12sur un non-lieu
01:08:14Marcel Barbeau
01:08:15est inculpé
01:08:16de 5 meurtres
01:08:17et de 16 vols
01:08:19à quelques semaines
01:08:21du procès
01:08:21l'avocat
01:08:22Jean-Louis Pelletier
01:08:23accepte
01:08:24d'assurer
01:08:24la défense
01:08:25de Marcel Barbeau
01:08:27Maître Pelletier
01:08:34quand vous le voyez
01:08:34la première fois
01:08:35qu'est-ce qu'il vous dit ?
01:08:37Il n'était pas très loquace
01:08:38de toute façon
01:08:38difficile de lui arracher
01:08:40quelques mots
01:08:41vous savez
01:08:42le premier contact
01:08:43chacun jauge l'autre
01:08:45en définitive
01:08:46et puis c'était
01:08:46quand même pas
01:08:47une affaire ordinaire
01:08:47donc on a discuté
01:08:49il m'a réitéré
01:08:50qu'il était totalement
01:08:51innocent
01:08:52voilà
01:08:53rien d'extraordinaire
01:08:55et puis moi
01:08:55je suis un homme
01:08:55de dossier
01:08:56je lui ai dit
01:08:56écoutez
01:08:56je vais me plonger
01:08:57dans le dossier
01:08:57puis on en reparlera
01:08:58et à partir de là
01:09:00on a noué
01:09:00de bonnes relations
01:09:02j'ai découvert
01:09:02quelqu'un d'intelligent
01:09:03et qui avait
01:09:05un certain sens
01:09:05de sa défense
01:09:06mais avec des blocages
01:09:08aussi
01:09:09des fois
01:09:10on ne pouvait pas
01:09:10aller plus loin
01:09:11il n'y avait pas moyen
01:09:12d'obtenir une réponse
01:09:13claire
01:09:14voilà
01:09:15alors vous plongez
01:09:16dans le dossier
01:09:17et quand vous avez
01:09:18plongé dans le dossier
01:09:19il en ressort quoi ?
01:09:20il en ressort
01:09:21une pression énorme
01:09:23un travail policier
01:09:24fantastique
01:09:25de l'inspecteur Neveu
01:09:27et aussi
01:09:29des zones d'ombre
01:09:31des interrogations
01:09:32et également
01:09:34l'absence de preuves
01:09:36finalement
01:09:37physique
01:09:38à son sujet
01:09:39entre
01:09:40entre
01:09:40ce que l'on pouvait
01:09:41penser
01:09:42de ce meurtrier
01:09:44et ce qu'était
01:09:45effectivement
01:09:46Barbeau
01:09:46il y avait
01:09:47un décalage
01:09:48énorme
01:09:49et puis à partir
01:09:50de là
01:09:50c'est à moi
01:09:51à essayer
01:09:51de trouver des failles
01:09:52et à les agrandir
01:09:54pourquoi pas
01:09:54il est clair
01:09:55de la part
01:09:56de Marcel Barbeau
01:09:57qu'il n'est pas question
01:09:59de faire autre chose
01:09:59que de plaider
01:10:00l'innocence
01:10:01totale et complète
01:10:02ah oui
01:10:03non mais la question
01:10:03se pose pas
01:10:04d'ailleurs moi
01:10:04je ne les pose pas
01:10:05ces questions là
01:10:06on me dit
01:10:07quelle est la thèse
01:10:09que l'on veut
01:10:09que je défende
01:10:10si elle me paraît
01:10:11défendable
01:10:12j'accepte
01:10:13si elle est
01:10:14totalement indéfendable
01:10:15je le dis au client
01:10:16et puis si ça ne me plaît pas
01:10:18je m'en vais
01:10:18donc lui il vous dit
01:10:19voilà
01:10:20non mais lui il n'y a jamais eu
01:10:21je suis innocent
01:10:22point
01:10:22non négociable
01:10:23non négociable
01:10:24c'est un point définitif
01:10:27après cinq années
01:10:34d'instructions
01:10:35le procès s'ouvre
01:10:36à Beauvais
01:10:37le 25 mai 81
01:10:38Marcel Barbeau
01:10:40risque sa tête
01:10:42c'est la foule
01:10:51des grands jours
01:10:51on est venu voir
01:10:53le monstre
01:10:54qui a terrorisé
01:10:55nos gens sur Oise
01:10:56pendant sept ans
01:10:57je ne suis pas rentrée
01:10:58il y avait un monde
01:10:59un monde
01:11:00on était
01:11:00moi qui ne suis pas grande
01:11:02j'étais à moitié étouffée
01:11:04avec les gens
01:11:05qui étaient là
01:11:06Marcel Barbeau
01:11:08apparaît en costume
01:11:10cravaté
01:11:11élégant
01:11:12l'homme surprend
01:11:14par son allure
01:11:14au moment de son entrée
01:11:16c'était
01:11:16il apparaît
01:11:18comme un homme
01:11:19distingué
01:11:20bien
01:11:22bien
01:11:23c'était plutôt
01:11:24un beau garçon
01:11:25les cheveux bruns
01:11:27et un regard
01:11:28tout à fait particulier
01:11:29on a beaucoup pointé
01:11:32ce regard étrange
01:11:33on a l'impression
01:11:36qu'il regardait
01:11:36sans regarder
01:11:37c'est un peu là aussi
01:11:39qu'on pouvait voir
01:11:40une certaine double personnalité
01:11:42il était
01:11:43un peu ailleurs
01:11:45et derrière son regard
01:11:47Marc Moinard
01:11:50fut avocat général
01:11:52au procès
01:11:53de Marcel Barbeau
01:11:54alors un homme vient
01:12:00s'assoit
01:12:01dans le box des accusés
01:12:02est-ce que
01:12:03cet homme
01:12:04colle avec l'idée
01:12:05que vous en étiez fait
01:12:06alors
01:12:07oui et non
01:12:08parce que
01:12:09on lui reproche
01:12:10cinq assassinats
01:12:12et je vois arriver
01:12:14dans le box
01:12:14comme ça arrive souvent
01:12:15quelqu'un qui se présente
01:12:17d'une manière très banale
01:12:18le président fait l'interrogatoire
01:12:21et là je vais vous dire
01:12:23que
01:12:23j'ai eu un coup
01:12:24lourd
01:12:26parce que
01:12:27effectivement
01:12:28moi je m'étais fait
01:12:28une idée de Barbeau
01:12:29je dis que Barbeau
01:12:31pour maîtriser le dossier
01:12:32comme il a fait
01:12:33c'est-à-dire
01:12:33mentir bien sûr
01:12:34mais mentir intelligemment
01:12:36sans se recouper
01:12:38sur un dossier
01:12:39de milliers de pages
01:12:40entendu des dizaines de fois
01:12:42Barbeau s'est jamais coupé
01:12:43j'avais pensé
01:12:46et j'étais pas le seul
01:12:47que Barbeau
01:12:47était d'une intelligence
01:12:48supérieure à la moyenne
01:12:50
01:12:51il répond
01:12:53d'une manière
01:12:54quasiment maladroite
01:12:56pataude
01:12:57au président
01:12:58qui ne l'interroge
01:13:00pourtant que sur
01:13:01non pas des faits
01:13:02mais sur son curriculum vitae
01:13:04et vraiment
01:13:05là je me suis dit
01:13:06mais est-ce qu'on n'a pas
01:13:07tout inventé
01:13:08est-ce qu'on n'a pas
01:13:09tout construit
01:13:10puisqu'il n'est pas intelligent
01:13:12il n'a pas pu faire tout cela
01:13:13il n'a pas pu
01:13:14avoir cette défense
01:13:16organisée
01:13:16maîtrisée
01:13:17d'un dossier
01:13:17très difficile
01:13:19et puis
01:13:20s'est passé un déclic
01:13:22qui est le suivant
01:13:22le président
01:13:24qui connaissait pourtant
01:13:25le dossier
01:13:25l'interroge
01:13:27mais à mon sens
01:13:28se trompe
01:13:29et là
01:13:29Barbeau se lève
01:13:30interrompt le président
01:13:32en lui disant
01:13:33non monsieur le président
01:13:34
01:13:34on ne doit pas aborder
01:13:36aujourd'hui ce point
01:13:36on va l'aborder
01:13:38qu'on abordera
01:13:38le vol
01:13:39à tel point
01:13:40là où je suis supposé
01:13:41avoir pris la carabine
01:13:43il est vraiment intelligent
01:13:46oui
01:13:46Barbeau va se présenter
01:13:49devant les psychiatres
01:13:50et devant nous
01:13:50comme un homme
01:13:51lisse
01:13:52et si j'ose dire
01:13:54ça va marcher
01:13:55parce que
01:13:56les psychiatres vont dire
01:13:57du moins
01:13:58un collège
01:13:58c'est un homme
01:14:00banal
01:14:00et si c'est un homme
01:14:02banal
01:14:02il ne peut pas avoir
01:14:03commis des choses
01:14:04comme ça
01:14:05face à l'accusation
01:14:07Marcel Barbeau
01:14:08est étonnamment calme
01:14:09il continue de nier
01:14:11mais il ne crie pas
01:14:12à l'injustice
01:14:13comme s'il n'était pas là
01:14:15et comme s'il savait
01:14:16qu'il allait être condamné
01:14:17les deux personnalités
01:14:19se rejoignaient en lui
01:14:21et on avait l'impression
01:14:22qu'il savait
01:14:23qu'il allait être condamné
01:14:23qu'il savait qu'il était coincé
01:14:25puis donc
01:14:26ça ne lui faisait plus rien du tout
01:14:27puis en même temps
01:14:27il se défendait
01:14:28comme si ce n'était pas lui
01:14:29il a tout contesté
01:14:31à l'exception
01:14:33de certains vols
01:14:36parce qu'il ne pouvait pas
01:14:37faire autrement
01:14:37mais pour le reste
01:14:38les assassinats
01:14:40il les a tous contestés
01:14:42il n'y a pas que lui
01:14:43qui était grand et brun
01:14:44qu'à cette époque là
01:14:46il n'était pas là
01:14:46que ça ne pouvait pas être lui
01:14:47parce qu'il n'était pas là
01:14:48il y a plein de trucs de genre là
01:14:49plein de réponses
01:14:50de ce genre là
01:14:52il reste stoïque
01:14:53même quand les débats
01:14:55révèlent sa perversité
01:14:56dans les vols
01:15:00et dans les crimes
01:15:01évidemment
01:15:02la constance
01:15:03c'est
01:15:03l'aspect voyeur
01:15:05bon
01:15:06il va voler des armes
01:15:07et on va retrouver
01:15:08les photos de famille
01:15:09qui ont été regardées
01:15:10étalées sur le lit
01:15:12familial
01:15:12c'est quand même
01:15:14des choses qui font
01:15:15un peu froid dans le dos
01:15:16après les cambriolages
01:15:18la cour examine les meurtres
01:15:21les photos des crimes
01:15:22circulent parmi les jurés
01:15:23ils sont horrifiés
01:15:24Marcel Barbeau
01:15:25lui semble détaché
01:15:27quand on regarde ces photos là
01:15:29et qu'on regarde le personnage
01:15:30qu'on a en face
01:15:31ça colle pas
01:15:32on se dit qu'il y a quelque chose
01:15:34qui va pas là
01:15:35ce sang froid
01:15:36finit par le desservir
01:15:37les jurés
01:15:38commencent à entrevoir
01:15:40un tueur froid
01:15:41méthodique
01:15:42avec une grande capacité
01:15:43de dissimulation
01:15:45Marcel Barbeau
01:15:45Marcel Barbeau
01:15:45m'a donné l'impression
01:15:46de quelqu'un d'intelligent
01:15:47froid
01:15:49rusé
01:15:50et sachant
01:15:53organiser sa défense
01:15:55avec beaucoup de qualité
01:15:57et c'est en ça
01:15:59qu'il montrait
01:16:00sa dangerosité
01:16:01très intelligent
01:16:02très très
01:16:03programmé
01:16:04très bien
01:16:04l'esprit militaire
01:16:06quand un esprit militaire
01:16:08programme quelque chose
01:16:08on enlève
01:16:11on enlève l'insécurité
01:16:12qui pourrait se brancher
01:16:13sur l'action amenée
01:16:15l'inspecteur Daniel Neveu
01:16:20vient à la barre
01:16:20le sort de Marcel Barbeau
01:16:22va se jouer là
01:16:23c'est lui
01:16:24le flic
01:16:25qui va faire basculer le procès
01:16:27je me rappelle de ça
01:16:31mais j'étais un peu subjugué
01:16:32par son exposé
01:16:34c'était vraiment
01:16:34puis là on sentait bien
01:16:35que c'était lui
01:16:37quand Neveu est parti
01:16:39c'était lui c'est sûr
01:16:40c'est sûr
01:16:41tous les éléments du puzzle
01:16:43se complétaient
01:16:45et s'emboîtaient
01:16:46les uns dans les autres
01:16:47et Marcel Barbeau
01:16:49n'a pas réussi
01:16:51à
01:16:52au moment du réquisitoire
01:16:53j'ai requis
01:16:54la peine de conscience
01:16:55difficile
01:16:56c'est peut-être pas le lieu
01:16:58pour en parler
01:16:59simplement
01:17:00ce que je voulais dire
01:17:01c'est que nous avons été
01:17:02hantés
01:17:03par l'idée
01:17:04que Barbeau
01:17:06allait peut-être
01:17:07ressortir à la fin
01:17:08à la suite de l'audience
01:17:09et le moteur criminel
01:17:10de Barbeau
01:17:11repartira
01:17:12Barbeau en liberté
01:17:14c'est l'idée que j'avais
01:17:15et que j'ai toujours
01:17:16Barbeau en liberté
01:17:16ne peut
01:17:17que continuer
01:17:19à tuer
01:17:20vous demandez la peine de mort
01:17:21à un moment particulier
01:17:22on est en juin 1981
01:17:24la gauche est au pouvoir
01:17:25et le président Mitterrand
01:17:26a dit qu'il allait abolir
01:17:27la peine de mort
01:17:28ce qu'il va faire
01:17:29quelques mois plus tard
01:17:29donc vous savez
01:17:31en la demandant
01:17:31que même s'il est condamné à mort
01:17:32il ne s'est pas posé comme ça
01:17:35je pense que
01:17:36c'était
01:17:37ma réponse
01:17:39à une situation
01:17:40et à la défense
01:17:42des intérêts de la société
01:17:43telle que je voyais
01:17:45l'avocat général
01:17:50vient de demander
01:17:52la peine de mort
01:17:53moi je ne pensais pas
01:17:55puisque la peine de mort
01:17:55allait disparaître
01:17:56je pensais qu'il allait demander
01:17:58la réclusion criminelle
01:17:59à la perpétuité
01:17:59et il a demandé la mort
01:18:01et alors vous
01:18:03qu'est-ce que
01:18:03vous pouvez plaider
01:18:04face à la mort
01:18:06vous plaidez l'innocence
01:18:07non non
01:18:08moi je plaide l'innocence
01:18:08il n'y a pas de subsidiaire
01:18:10c'est tout ou rien
01:18:12au fond
01:18:12l'impression générale
01:18:13que vous laissez
01:18:14à l'issue de votre plaidoirie
01:18:16c'est que
01:18:17il n'y a pas de preuve
01:18:18absolue
01:18:19il n'y a pas de preuve
01:18:21et puis il n'avait jamais été reconnu
01:18:22jamais personne n'a dit
01:18:24à propos d'une affaire
01:18:25déterminée
01:18:26c'est lui
01:18:27on l'a vu
01:18:27il était sur les yeux
01:18:28on l'a vu
01:18:28on l'a vu rodé
01:18:29à droite et à gauche
01:18:30mais pas en rapport
01:18:31avec une affaire
01:18:32et puis il y a le mystère
01:18:32de cet homme
01:18:33qui ne correspond pas
01:18:36à ce qu'on dit de lui
01:18:37qui est intéressant
01:18:38et qui n'a
01:18:40on ne sait jamais
01:18:41des parties
01:18:41de son calme
01:18:43de son flègue
01:18:43qui a toujours dit
01:18:45je suis innocent
01:18:46je suis innocent
01:18:46moi c'est une affaire
01:18:47qui m'a
01:18:48vous voyez
01:18:48presque 25 ans après
01:18:49je me pose encore des questions
01:18:51le 10 juin 81
01:18:56la cour d'assises de l'Oise
01:18:59rend son verdict
01:19:00Marcel Barbeau
01:19:03sauf sa tête
01:19:05il est condamné
01:19:07à perpétuité
01:19:08Rien
01:19:12aucune réaction
01:19:13rien
01:19:15aucune réaction
01:19:16les deux gendarmes
01:19:17de chaque côté
01:19:18se sont levés
01:19:19il s'est levé
01:19:19il est parti avec
01:19:21il n'a aucune réaction
01:19:22Barbeau décide pourtant
01:19:24de se pourvoir en cassation
01:19:25il veut un autre procès
01:19:27le 9 octobre 81
01:19:29la peine de mort
01:19:30est abolie
01:19:31et Barbeau
01:19:32obtient son deuxième procès
01:19:34il est rejugé
01:19:35aux assises de Beauvais
01:19:35en novembre 83
01:19:36et il est condamné
01:19:38à la même peine
01:19:39devenue peine maximale
01:19:40perpétuité
01:19:41à l'époque
01:19:41il n'y a pas en France
01:19:43de peine de sûreté
01:19:44pour les perpètes
01:19:45depuis l'arrestation
01:19:48de Marcel Barbeau
01:19:49en 76
01:19:50il n'y a plus jamais eu
01:19:52aucun meurtre
01:19:53du tueur de l'ombre
01:19:54à Nogent-sur-Oise
01:19:56plus de 30 ans
01:20:01après le premier meurtre
01:20:02commis par Marcel Barbeau
01:20:03beaucoup d'habitants
01:20:04de Nogent-sur-Oise
01:20:05restent marqués
01:20:06par cette époque
01:20:07au point qu'une rumeur
01:20:08court la ville
01:20:08il serait sorti de prison
01:20:10certains prétendent même
01:20:11qu'il tiendrait en ce moment
01:20:12un bar à Montpellier
01:20:13c'est faux
01:20:14à l'heure qu'il est
01:20:15Marcel Barbeau
01:20:16est toujours en prison
01:20:17dans une maison centrale
01:20:18quelque part en France
01:20:19il est l'un des plus anciens
01:20:20détenus de notre pays
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