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  • il y a 4 semaines

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Musique
Transcription
00:00...
00:00Heifetz a déménagé en Californie à la fin des années 30.
00:20Pourquoi est-ce qu'il a quitté New York ?
00:23Après tout, sur le plan artistique, ce n'était pas un très bon calcul.
00:30Les grands solistes étaient tous dans la région de New York.
00:37Heifetz n'a jamais été très en phase avec les cercles intellectuels new-yorkais.
00:45Il adorait faire de la voile, il adorait le soleil.
00:48Je crois que s'il est parti pour la Californie, c'est qu'il se préparait à amorcer une période de sa vie
01:02où il pourrait enfin se reposer et faire ce qu'il n'avait jamais pu faire.
01:06Il a eu sa période Hollywood.
01:13Il avait même une petite moustache, comme s'il essayait de ressembler à Clark Gable.
01:17Quand j'ai commencé à le connaître un peu mieux, à l'époque où il vivait à Beverly Hills,
01:29j'ai découvert quelque chose.
01:31C'est son incroyable sens de l'humour.
01:34Cette distance, cette froideur, c'était un genre qu'il se donnait.
01:38Il avait beaucoup de petites manies.
01:47A vrai dire, je n'ai connu qu'une poignée de personnes qu'il appelait Yasha.
01:51Et c'était en général de très vieux amis du temps de la Russie.
01:57Quand on avait le droit de l'appeler Mr. H, c'est qu'on était déjà très proche.
02:02Même son pianiste, Brooke Smith, l'appelait Mr. Heifetz.
02:05Je me souviens qu'une fois, j'ai accompagné Mr. Heifetz chez le dentiste.
02:14On l'installe dans le fauteuil, le dentiste entre et lui dit
02:17« Alors, Yasha, comment ça va ? »
02:20Mr. Heifetz s'est tourné vers lui et lui a dit
02:23« On se connaît, il s'est levé et il est parti. »
02:28Quand il voyageait, ce n'était jamais sous le nom de Heifetz,
02:33mais sous celui de Jim Hoyle, J.H. pour que ça corresponde à ses initiales sur ses bagages.
02:41Il ne voulait pas de publicité ni qu'on vienne le saluer.
02:44Il ne signait jamais d'autographe.
02:45Il a écrit quelques chansons célèbres,
02:55mais il n'a jamais composé sous le nom de Yasha Heifetz.
02:59Il utilisait ses initiales J.H. et signé Jim Hoyle.
03:03Dans les années 1960, il était très préoccupé par la pollution atmosphérique.
03:31Il a donc décidé de transformer sa voiture en véhicule électrique.
03:42C'était la première voiture personnelle de ce type sur la côte.
03:47Cela m'a pris deux ans de préparation.
03:50Je voulais qu'on en parle le plus possible.
03:53Elle est passée à la télévision, je l'ai montrée à des scientifiques, partout.
03:56C'était ma contribution à la lutte contre la pollution.
04:02Pour que nous puissions tous respirer l'air auquel nous avons droit.
04:05C'était un homme qui soignait ses habitudes.
04:23La plupart du temps, il accomplissait tous les jours les mêmes gestes,
04:27comme pour ne pas perdre de vue les objectifs qu'il s'était fixés.
04:30La vue qu'il avait des fenêtres de son studio
04:40lui apportait une sorte de paix intérieure.
04:46Il adorait être seul là-bas quand il y allait le matin.
04:48Personne n'avait le droit d'y entrer.
05:00Il avait vraiment besoin d'être seul une bonne partie de la journée.
05:05La plupart du temps,
05:08ses secrétaires n'avaient pas le droit d'entrer dans le studio
05:10avant d'y être convoqués, si je puis dire.
05:13Il avait une sonnette de vélo,
05:23une sorte de klaxon poire qui faisait pouet-pouet.
05:28Quand j'étais dans le bureau et qu'il était dans son studio,
05:32il s'en servait pour m'appeler.
05:36Le rituel était toujours le même.
05:39Je l'appelais le jeudi après-midi,
05:40c'est sa secrétaire qui répondait « Ici, le bureau de Mr. Heifetz ? »
05:45Je disais « Puis-je parler à Mr. Heifetz ? »
05:48Elle répondait « Je suis désolé, Mr. Heifetz n'est pas là,
05:50puis-je lui transmettre un message ? »
05:52Le lendemain, mon téléphone sonnait.
05:55Je décrochais « Allô ? »
05:57Et la personne au bout du fil disait « Allô ? »
06:00Alors je répétais « Allô ? »
06:03Et la personne répondait « Allô ? »
06:06Et après le troisième « Allô ? »
06:09Je disais « Oh, Mr. Heifetz, comment allez-vous ? »
06:11Il répondait « Bien, et vous ? »
06:13Il ne disait jamais « Mr. Heifetz à l'appareil ».
06:15Il se contentait de dire « Allô ? »
06:17Et j'étais censé reconnaître sa voix.
06:19Ou bien il décrochait en prenant un accent chinois caricatural
06:25et il disait « Ici, la blanchisserie ».
06:27Parfois, il changeait de nom ou bien il disait « Allô, qu'est-à-l'appareil ? »
06:32« Non, Mr. Heifetz n'est pas là. Je peux prendre un message ? »
06:35Ça fait partie des histoires qu'on raconte sur lui.
06:42Mr. Heifetz n'autorisait jamais personne à faire la poussière dans son studio.
06:48On ne devait toucher à rien.
06:51Mais un jour, j'ai découvert tout un tas de transcriptions inachevées.
06:57J'ai pris mon courage à deux mains
07:00et je lui ai demandé ce que ces manuscrits faisaient là.
07:05Il m'a répondu « Ça ne vous regarde pas,
07:09c'est moi qui décide de ce que je dois faire ou ne pas faire. »
07:18Toujours est-il que quelques jours plus tard,
07:20il m'a fait venir dans son studio
07:21et m'a demandé de jeter un œil à ses manuscrits.
07:30Le tout premier remontait à 1923.
07:34Il était alors à Mexico pour préparer un concert
07:38et il s'était soudain rendu compte
07:40qu'il n'y avait aucune œuvre d'un compositeur mexicain dans son programme.
07:43Par hasard, un soir, dans un café,
07:50il a entendu un musicien mexicain chanter une chanson populaire intitulée
07:54« Estrellita », ma petite étoile.
08:01Il l'a tellement aimée qu'il l'a transcrite sur une serviette de table
08:06et en rentrant à son hôtel le soir,
08:09il en a écrit un arrangement pour violon et piano.
08:14C'est devenu un de ses bis préférés.
08:16Il connaissait George Gershwin.
08:30Les deux hommes s'appréciaient beaucoup,
08:31ils avaient de l'admiration l'un pour l'autre.
08:34Gershwin n'avait jamais rien écrit pour le violon,
08:37mais Mr. Raffetz voulait jouer sa musique.
08:40Alors il en a fait des transcriptions.
08:41Gershwin n'avait pas nécessairement fait par Gershwin.
08:47Gershwin n'avait pas nécessairement fait par Gershwin.
08:52Gershwin n'avait pas nécessairement fait par Gershwin.
08:53Gershwin n'avait pas intéressé par Gershwin.
08:53Gershwin n'avait pas nécessairement fait par Gershwin.
09:25Avant de rendre sa transcription à l'éditeur, il l'a joué en boucle, peut-être 20, 30, 40, 50 fois.
10:25J'ai passé beaucoup de temps dans ce studio.
10:33Je repense à toutes les transcriptions écrites par Mr. Heifetz ici même en pleine nuit.
10:38Il me disait que pour rester éveillé et alerte, il lui suffisait d'un verre de coca et d'une cigarette.
10:49Heifetz a toujours été un grand patriote toute sa vie.
11:03Ça a été un grand moment pour lui d'acquérir la nationalité américaine en 1925.
11:09Il hissait toujours le drapeau dehors, comme ça.
11:17Et les gens qui étaient chez lui à ce moment-là étaient censés rendre hommage au drapeau en silence.
11:23Et pendant cette petite cérémonie, il se disait peut-être que c'était un privilège immense pour lui de pouvoir hisser le drapeau américain quand il le voulait.
11:37Lui qui était maintenant citoyen de ce grand pays.
11:39Pendant la deuxième guerre, il a passé trois ans à jouer en Europe pour les soldats américains, souvent dans des situations très dangereuses.
11:58Une fois, il donnait un concert sur un site qui a été bombardé et ils ont dû évacuer les lieux.
12:02Il était vraiment au cœur des combats.
12:08Ça a dû le marquer de jouer pour tous ces jeunes hommes dans des hôpitaux.
12:13Dans ces situations-là, il a vraiment donné le meilleur de lui-même.
12:17L'expression sur son visage est vraiment incroyable.
12:20Sous-titrage Société Radio-Canada
12:50Je me rends compte qu'en toutes circonstances, il n'a jamais joué à l'économie.
13:03Que ce soit pour 20 ou 30 soldats crottés qui revenaient du front, il continuait à être Heifetz.
13:10Et il jouait comme Heifetz, pas moi.
13:14Et ça m'a vraiment beaucoup appris.
13:16C'est quelque chose à apprendre.
13:20Il m'a raconté qu'un jour, il était prévu qu'il pleuve des corps de l'après-midi où il devait jouer devant les troupes.
13:36Du coup, il n'y aurait sûrement pas de public.
13:39Sa réaction ?
13:41Quand il est prévu que je joue, à moins que je sois très malade, je joue.
13:44Le moment venu, à sa grande surprise, il n'y avait qu'un seul soldat, assis au dernier rang sous un parapluie.
14:03Il m'a dit qu'il n'avait jamais aussi bien joué.
14:05De même qu'il est difficile d'être un héros dans sa propre ville,
14:21peut-être qu'il faut être naturalisé américain comme moi,
14:24pour vraiment bien comprendre à quel point les États-Unis sont un grand pays.
14:27Après toutes ces expériences,
14:34après avoir vécu les horreurs de la guerre,
14:37il rentre en Californie en 1945.
14:41Et là, ce qui n'est pas surprenant,
14:43il a envie de faire le point
14:44et d'envisager certains changements dans sa vie.
14:47C'est là qu'il décide de se consacrer à quelque chose qui lui semble vraiment important,
15:00c'est-à-dire transmettre la tradition de Léopold Hauer
15:03en devenant lui-même professeur de musique.
15:05Une fois que nous étions entrés en classe,
15:14nous attendions tous avec anxiété ces premières paroles,
15:17qui étaient généralement
15:18« Qui est prêt ? »
15:22J'étais toujours tétanisée quand j'entendais cette phrase « Qui est prêt ? »
15:26comme si on pouvait vraiment être prêt à jouer devant Yasha Heifetz.
15:30Avec lui,
15:37on ne savait jamais vraiment sur quel pied danser.
15:41Parfois,
15:42il suffisait de lui tenir tête
15:43pour gagner son respect.
15:45Mais à d'autres moments,
15:46c'était le contraire.
15:48On était tout d'un coup rayés de sa liste
15:50et on ne savait jamais vraiment
15:51à quel moment on avait dépassé la limite.
15:53Ce n'était pas un professeur facile.
16:14Il ne faisait jamais la moindre petite plaisanterie
16:18pour vous mettre à l'aise.
16:20Pour lui,
16:21plus on était mal à l'aise,
16:22plus on avait le trac,
16:23plus on serait capable d'affronter le stress d'un concert.
16:32C'était des moments intenses
16:36et très angoissants.
16:42Avec lui,
16:43j'avais toujours l'impression
16:44d'être prise dans un vrai duel
16:46au lieu d'un dialogue.
16:48Il ne pouvait pas s'empêcher
16:52de vous lancer les défis.
16:53Il y avait des étudiants
17:07qui venaient une fois
17:08et puis plus jamais.
17:10Les élèves moyens ont besoin
17:13de conseils pratiques.
17:14Comment tenir l'archet,
17:16comment faire un vibrato,
17:17un démanché.
17:18mais Eiffel se situait
17:22au-delà de tout ça.
17:23Qu'est-ce qu'est-ce qu'il y a quelqu'un d'un dialogue ?
17:32Pourquoi on a sa pakanini ?
17:32Péteus, je me suisma Sachs.
17:33Que pas parINKI ?
17:34Oui, donnez-en.
17:35Péteus, jeION.
17:36Tu as joué entrepreneur ?
17:37Et si quelqu'un n'avait pas travaillé chez lui, pour une raison ou pour une autre,
17:58il avait une amende, un demi-dollar.
18:00Ce n'était pas grand-chose, mais c'était pour le principe.
18:07Il pouvait arriver qu'on se trouve en infraction, soit parce qu'on avait une partition trop à noter,
18:18ou encore parce qu'on n'était pas allé écouter Nathan Milstein, qui jouait à Los Angeles.
18:28Et on était mis à l'amende.
18:29L'argent des amendes servait à acheter des cordes pour les étudiants qui ne pouvaient pas s'en payer, ou des partitions.
18:41Ce clown, par exemple, n'avale que des pièces de 25 cents.
18:45Pour moi, maîtriser le violon, c'est le contrôler parfaitement.
18:59Le musicien doit toujours être plus fort que son instrument.
19:02Il doit s'en rendre maître et pouvoir lui faire faire ce qu'il veut.
19:06La première fois que j'ai rencontré Heifetz, je devais avoir 14 ans.
19:14J'étais élève à la Julliard School.
19:16Je travaillais avec Ivan Galamian.
19:18Heifetz m'a demandé ce que je jouais.
19:21A l'époque, je travaillais la symphonie espagnole de Lalo.
19:26J'étais élève à la Julliard School.

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