Jean-Noël Barrot, le ministre français des Affaires étrangères, s'est exprimé depuis New York, où s'est ouvert un sommet sur le Proche-Orient et sur une solution à deux États. On en parle avec : Antoine Basbous, politologue, directeur de l'observatoire des pays-arabes. Et Adel Bakawan, chercheur associé au programme Turquie/Moyen-Orient de l'IFRI.
00:00Jean-Noël Barraud, le ministre français des Affaires étrangères, il s'exprimait depuis New York où s'est ouvert un sommet sur le Proche-Orient et sur une solution à deux États.
00:09On en parle avec nos invités Ulrich Bounin, analyste géopolitique. Merci d'être là.
00:14À vos côtés, Adèle Bacawan, spécialiste du Moyen-Orient et vous êtes l'auteur de la décomposition du Moyen-Orient.
00:19Trois ruptures qui ont fait basculer l'histoire. C'est aux éditions Talendier.
00:23Antoine Bassebousse, politologue, bonsoir.
00:25Associé chez Forward Global et directeur de l'Observatoire des Pays Arabes.
00:29Et puis Thierry Arnaud, éditorialiste politique et international, BFM TV.
00:33Pour commencer, ces deux jours de sommet à New York, après l'annonce la semaine dernière par le président de la République de son intention de reconnaître formellement et officiellement un État palestinien par la France.
00:44Qu'est-ce qui se joue à New York, peut-être Antoine Bassebousse, en ce moment dans cette conférence de près ?
00:48Il a parlé d'étapes décisives. C'est des mots ou ça a vraiment une importance ?
00:53Il a apparemment envie que ce soit un tournant.
00:56Mais personnellement, je reste sceptique.
01:00Je crois que l'initiative qui est louable a peu de chances d'aboutir.
01:04Parce que le malade est dans un État comateux avancé.
01:07Et intervenir à ce stade, il va falloir déplacer des montagnes, engager les acteurs majeurs qui ne sont pas engagés.
01:16Les Américains ne sont pas là.
01:18Et le seul capable d'imposer à Israël de reconnaître à ses côtés un État palestinien, fut-il un État symbolique ?
01:27Eh bien, cet acteur n'est pas présent sur la table.
01:31Et de ce fait, ça donne bonne conscience à la France, à l'Europe et surtout aux pays arabes dont les opinions publiques sont remontées contre les régimes.
01:42Dites-vous que l'Égypte qui est aux portes de Gaza n'a pas fait grand-chose.
01:47Alors que des centaines, des milliers de camions sont chargés sous un soleil brûlant aux frontières,
01:55mais qui n'étaient pas autorisés de transférer les denrées alimentaires à l'intérieur de Gaza.
02:01Hier, nous avons assisté à des largages par avion de denrées alimentaires de la Jordanie et des Amirats arabes unis.
02:09C'est parce que ces gouvernements ont envie de dire qu'ils sont actifs, qu'ils ne s'aident pas et qu'ils aident les Gazaouis.
02:16L'Arabie a le même problème. C'est l'associé de la France dans cette démarche.
02:21Tout ça, c'est pour se donner bonne conscience.
02:24Je crois que les acteurs qui sont aujourd'hui à New York doivent être conscients que leur initiative a peu de chances d'être couronnée de succès.
02:33Écoutez, factuellement, qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ?
02:37On a eu plusieurs projets, plusieurs scénarios.
02:41D'abord, le scénario de Trump, version 2, à la Maison Blanche.
02:45Il nous dit qu'au bout de 24 heures, je vais régler le problème du Gaza et je ramène les otages à la maison.
02:51Échec total.
02:52Deuxième projet, je vais transformer la bande du Gaza en révéras du Moyen-Orient.
02:56Échec total.
02:57Troisième projet, je vais déporter les 2,3 millions de Gazaouis vers l'Egypte et la Jordanie.
03:03Échec total.
03:04Et ensuite, vous avez le projet de Benjamin Netanyahou, le gouvernement israélien.
03:09C'est quoi ?
03:09C'est l'embargo, la dissolution, l'annexion.
03:13Échec total.
03:14Là aussi, on est dans l'échec total.
03:15Du côté de Hamas, je vais détruire Israël.
03:19Je vais, je vais, je vais, je vais.
03:20Là aussi, le Hamas est dans l'échec total.
03:23Non seulement, il est dans l'échec total.
03:2480% des infrastructures militaires du Hamas détruites.
03:2960 000, presque 60 000 Palestiniens tués.
03:32Quand je fais des calculs ce matin, pour chaque jour, ça nous fait à peu près 91 Palestiniens tués.
03:39Vous vous rendez compte, depuis à peu près 22 mois.
03:42Et donc, tous les projets, tous les scénarios, on est dans l'impasse totale.
03:46Et dans cette impasse totale, vous avez un président d'une grande république.
03:50Il faut le dire, la France est quand même membre du Conseil de sécurité.
03:53La France est une puissance européenne.
03:56C'est la première puissance de l'Union européenne qui dispose de la bombe.
03:59C'est la première puissance de l'Union européenne qui est membre du Conseil de sécurité.
04:04La France qui a une grande tradition diplomatique au Moyen-Orient.
04:08Je vais vous dire qu'est-ce qui va changer.
04:10La France est quand même derrière son Moyen-Orient qu'on connaît avec le projet d'où ça expliquait en 1976, n'est-ce pas ?
04:17On sait tout ça.
04:18Alors, qu'est-ce qui va changer aujourd'hui cette France-là ?
04:21Dans ce cas-là, là où il n'y a que la bombe, il n'y a que des armes qui partent là,
04:27la France remet la diplomatie, le politique au cœur de tous les centres de gravité, n'est-ce pas ?
04:35Maintenant, factuellement, si la France comme le centre de gravité en Europe
04:41et l'Arabie Saoudite comme le centre de gravité au Moyen-Orient,
04:46qui dispose de très bonnes relations avec Donald Trump, avec la Maison Blanche,
04:51ne mobilise pas toutes les ressources pour engager Donald Trump dans ce processus-là,
04:56bien évidemment, il est peu probable que sur le terrain, ça aboutit.
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