00:00Il fêtera prochainement ses 40 ans, le Futuroscope, tout premier parc d'attractions français, inauguré donc en 1987.
00:07Nous sommes en ligne ce matin avec son directeur général. Bonjour Rodolphe Boin, merci beaucoup d'être avec nous au cœur de l'été.
00:14Le Futuroscope, c'est 2 millions de visiteurs l'an dernier. Très belle année, c'est un record pour votre parc qui a traversé, rappelons-le,
00:21une passe quand même difficile il y a quelques années, faute d'investissement, de renouvellement aussi des attractions.
00:26Tout ça, Rodolphe Boin, c'est un mauvais souvenir aujourd'hui ? Ça y est, le ciel s'est éclairci ?
00:33Je le crois, oui. Après, c'est une histoire qui est ancienne maintenant, mais qui a marqué les esprits des différents salariés.
00:39Donc on reste vigilant, ça nous confère une certaine forme d'humilité. On sait que tous les ans, on met les compteurs à zéro.
00:45Mais enfin, quand même, après avoir livré tout ce qui était de gravité autour de ce qu'on a appelé Vision 2025,
00:50un grand investissement de 300 millions d'euros, avec une très forte progression, on peut entrevoir l'avenir sereinement.
00:55Oui, 300 millions annoncés en 2020, donc pour 2025, et des attractions à plusieurs millions, voire plusieurs dizaines de millions d'euros.
01:04Aujourd'hui, c'est ce type d'investissement qu'il faut faire pour rester compétitif et pour réussir à avoir encore plus de touristes et de publics ?
01:12Exactement. C'est un marché de l'offre, le tourisme et les voisins. Donc il faut continuellement se réinventer, prendre des risques, investir fortement,
01:23le faire intelligemment au travers d'une stratégie. Notre stratégie, elle est simple, c'est s'installer définitivement comme étant une destination de court séjour,
01:31faire venir de plus loin, faire rester plus longtemps, puisque le Futuroscope a une zone de chalandise à deux heures à la ronde,
01:36qui n'est pas non plus extraordinaire. Donc nous avons investi très fortement dans des nouvelles attractions, des innovations à chaque fois,
01:44et puis deux hôtels thématisés. Il y a un second parc, qui est l'Aquascope, qui a fêté sa première année d'exploitation le 15 juillet,
01:51qui rencontre son succès, avec une stratégie qui a été validée. Je vais juste donner un chiffre.
01:56On a multiplié par quatre les personnes qui restent dorénavant trois jours. Ça représente dorénavant 25% et c'était ça l'objectif.
02:02Oui, et pour ça, l'hospitalité, c'est essentiel. Vous parliez de l'hôtellerie, la restauration aussi. J'imagine qu'il y a des investissements indispensables à faire à ce niveau-là
02:12pour retenir le public peut-être plus que 24 heures sur une seule journée, mais sur des séjours de deux, trois jours, comme vous le disiez,
02:19surtout qu'effectivement, géographiquement, le Futuroscope, ce n'est pas Disneyland Paris, c'est plus difficile d'accès.
02:26Exactement. Donc ça nous oblige à faire autrement. Et donc, finalement, on n'a rien inventé.
02:32Il y a 40 ans, M. Monnerie et le département qui étaient à la manœuvre avaient déjà identiqué ça
02:36et avaient déjà commencé à construire un certain nombre d'hôtels pour transformer du un jour au deux jours.
02:41On ne fait que renforcer, en fait, l'idée originelle du parc du Futuroscope en allant un petit peu plus loin.
02:47C'est pour ça qu'on a souhaité créer un second parc il y a un an maintenant, qui est l'Aquascope.
02:51Nous cherchions une nature d'expérience qui pouvait se consommer à la demi-journée ou à la journée.
02:55C'est assez simple, finalement. La stratégie, c'est mettre le doute dans l'esprit de nos visiteurs,
02:59et être suffisamment attractif et avoir suffisamment de quantité d'offres, de belles offres,
03:04pour transformer encore plus fortement des un jour en deux jours et des deux jours en trois jours.
03:08Paris réussit pour l'instant.
03:09Derrière vous, il y a le département de la Vienne, la Compagnie des Alpes aussi, bien sûr,
03:13qui est votre actionnaire majoritaire.
03:15Il vous apporte le soutien nécessaire pour réaliser ces projets, pour effectuer tous ces investissements ?
03:21Évidemment, c'est une très, très grande chance d'être adossé à la Compagnie des Alpes,
03:26qui est notre actionnaire.
03:28Le tour de table, c'est 80% de la Compagnie des Alpes et 20% du département qui a créé,
03:32donc il y a 40 ans, le parc de Futuroscope.
03:35On a l'habitude de dire que c'est un formidable partenariat public-privé.
03:38Évidemment, être adossé à la Compagnie des Alpes nous confère énormément d'avantages.
03:42Juste un élément, quand on valide, grâce à la Compagnie des Alpes, le plan de 304 millions d'euros,
03:51on est en octobre 2020 et on n'a pas de chiffre d'affaires parce qu'on est arrêté avec le Covid.
03:57Donc évidemment, ça donne de l'élan, ça nous oblige à faire également.
04:00Donc les équipes sont bien conscientes de la chance que nous avons d'être adossé à la Compagnie des Alpes.
04:06C'est un alliage qui est formidable parce qu'on a à la fois les avantages d'un grand partenaire privé
04:12qu'est la Compagnie des Alpes et puis le sens également que donne notre actionnariat avec le département
04:18et cette grande idée il y a 40 ans d'aménagement du territoire.
04:22Une chance d'être adossé à la Compagnie des Alpes, vous le disiez,
04:25d'autant plus qu'aujourd'hui la société cherche de nouveaux relais de croissance
04:29au moment où les domaines skiables engrangent moins de recettes,
04:33notamment avec le changement climatique.
04:35Vous profitez aussi peut-être de ces changements, ces variations sur les investissements ?
04:40Les domaines skiables dans la Compagnie des Alpes continuent à progresser très fortement
04:47et d'ailleurs peuvent entrevoir un avenir relativement serein
04:50puisque la stratégie qui avait été initiée par la Compagnie des Alpes est la bonne,
04:53à savoir exploiter des stations de ski qui sont des domaines skiables
04:58qui sont en très haute attitude.
05:00Donc cette branche-là de la Compagnie des Alpes continue de progresser.
05:05Pour ce qui est des parcs de loisirs et du parc Futuroscope,
05:11finalement on essaie de ne pas trop regarder la conjoncture et regarder quels sont ces éléments-là
05:15puisque le Covid nous a appris qu'il y avait des choses qui étaient incertaines.
05:19On a un sujet sur l'eau par exemple en ce moment qui nous aurait dit il y a 7-8 ans
05:22que nous aurions eu des sujets sur l'eau.
05:24Donc on est fait d'agilité et de grande adaptabilité et surtout nous essayons de construire un cap,
05:30une stratégie et d'essayer de s'y tenir.
05:31– Rodolphe Bouin, directeur général du Futuroscope,
05:34votre parc s'est aussi au départ centré et axé sur les innovations,
05:39sur le futur justement, ça n'avait plus de sens aujourd'hui de se concentrer sur ce thème-là
05:44au moment où le futur en réalité il s'écrit tous les jours,
05:46on le voit en permanence avec notamment les sujets autour de l'IA, l'IA générative,
05:50ça va trop vite aujourd'hui l'innovation pour que le Futuroscope ne se concentre que sur ces thèmes-là ?
05:56– Vous avez la chance, c'est une très bonne question,
05:58on a la chance d'avoir cette grande et belle histoire qu'elle parle du Futuroscope
06:02qui nous confère des valeurs et qui nous confère du sens,
06:06en revanche avoir futur dans la racine de Saint-Marc,
06:08ce n'est pas forcément un héritage extraordinaire et pas évident à gérer.
06:13Nous avons toujours été faits de technologie et nous serons toujours faits de technologie.
06:17Tout ce que nous avons conçu, tout ce que nous avons livré ces dernières années
06:20sont quasiment des prototypes, c'est le cas pour le parc aquatique,
06:23c'est le cas pour la dernière attraction Mission Bermude qui a été ouverte il y a un mois,
06:26mais quelque chose qui a été con-construit avec un constructeur allemand,
06:31donc nous prenons des risques de l'audace.
06:32Vous avez raison de dire qu'on traite vraisemblablement un peu moins le futur,
06:37ou en tout cas pas de la même manière en 1987 quand le Futuroscope est né,
06:43on avait les années 2000 qui étaient devant nous et c'était un futur qui était parfois enchanteur.
06:49Ce n'est peut-être pas tout à fait le cas en ce moment,
06:51mais enfin nous voulons également quand même traiter cette dimension-là
06:55pour essayer de montrer que le futur peut être peut-être un peu moins morose
06:59ou un peu moins noir que ce qu'on peut voir ici et là.
07:02On parlait tout à l'heure dans notre émission du gouvernement
07:04qui revoit aussi sa stratégie sur l'attractivité touristique de la France
07:08avec un objectif fixé par François Bayrou qui n'est plus 100 millions de touristes
07:12mais 100 milliards d'euros dépensés par les touristes et notamment les touristes étrangers.
07:16C'est la bonne stratégie à adopter pour vous qui êtes à la tête d'un parc de loisirs ?
07:22Je le crois, c'est en tout cas celle que nous avons adoptée au Futuroscope
07:25et globalement sur l'ensemble des parcs de la Compagnie des Alpes.
07:28On est un peu moins dans la course au volume et un peu plus au chiffre d'affaires,
07:32alors pas la progression du chiffre d'affaires pour le chiffre d'affaires
07:34mais tout simplement la progression du chiffre d'affaires
07:36pour avoir des modèles économiques qui tournent bien
07:38pour se donner les capacités d'investissement
07:40qu'il faudra mettre à l'avenir pour continuer à avoir un produit dynamique.
07:44C'est exactement ce que nous avons initié comme virage.
07:48Alors évidemment il faut du volume pour faire du chiffre d'affaires
07:50mais nous constatons au parc du Futuroscope
07:53que nous avons ces dernières années bien plus progressé en dépenses moyennes qu'en volume
07:57pour avoir des résultats qui sont très importants.
08:01Entre avant et après le Covid, c'est une progression de pratiquement 50%.
08:03Et les touristes étrangers, vous pouvez compter sur eux ou pas ?
08:06Ou vous êtes moins concerné ?
08:08Je crois, alors pour l'instant ça reste relativement faible pour le parc du Futuroscope,
08:127% seulement, mais il s'agit de faire des choses dans l'ordre.
08:14Nous avions considéré que nous avions déjà fort à faire sur le marché français.
08:18Et quand je dis que la stratégie du Futuroscope, c'est de faire venir de plus loin,
08:21de faire rester plus longtemps, évidemment les pays de métropes
08:23vont devenir une cible particulière pour le parc du Futuroscope.
08:26Et donc à partir de l'année prochaine, nous allons densifier notre dispositif média,
08:31notre dispositif de communication en Angleterre, en Belgique, en Italie et en Espagne.
08:36Rapidement, pour terminer, un mot sur le Tour de France féminin,
08:39puisque la cinquième étape aura lieu chez vous, mercredi au Futuroscope justement.
08:43C'est toujours un événement qui permet de contribuer à la notoriété du parc.
08:49Oui, évidemment.
08:50Là encore, on vient puiser dans les chromosomes originels du parc du Futuroscope.
08:54Peut-être pas un hasard si nous avons eu la flamme olympique,
08:57si nous avons eu les Miss France, il y a bien 40 ans,
08:59et nous avions également eu les Miss France.
09:02Le Futuroscope a également une grande histoire avec le Tour de France.
09:07Et puis, je rappellerais tout simplement que pour le cyclisme féminin,
09:11nous avons une grande et belle équipe dont le siège social est à 3 km du parc du Futuroscope,
09:18FDJ Suez, qui est au tout départ l'équipe cycliste du département et du parc du Futuroscope.
09:25Donc, ce sera un bel événement qui a du sens et qui vient un petit peu clôturer symboliquement
09:30toute cette esprit Vision 2025 et tout ce que nous avons pu livrer comme nouveauté ces dernières années.
09:35Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin en direct,
09:38Rodolphe Bouin, directeur général du Futuroscope dans le Grand Entretien.