La France va reconnaître l'État de Palestine en septembre à l'ONU, a annoncé jeudi le président Emmanuel Macron, espérant créer une dynamique collective en ce sens, une décision aussitôt décriée par Israël comme une «récompense de la terreur» et «fermement» rejetée par les Etats-Unis. Pour la journaliste Charlotte d'Ornellas, «Emmanuel Macron essaie d’exister dans le dossier».
00:00Moi, je suis assez d'accord pour penser, on va dire, qu'Emmanuel Macron essaye d'exister dans ce dossier depuis le début et encore aujourd'hui par cette décision.
00:08J'ajouterais simplement une nuance, enfin, un désaccord nuancé, on va dire.
00:15C'est simplement que je note que tous les gens qui ont une stratégie depuis un an et demi dans la région échouent.
00:21Le drame est total à Gaza, Israël n'est pas plus en sécurité et le risque que vous évoquez, demain, il peut exister avec ou sans État palestinien.
00:29Le soutien, Emmanuel Macron, évidemment, reconnaît et discute avec Mahmoud Abbas.
00:33Vous avez raison, il a d'autorité que le nom et le crédit que lui accordent Emmanuel Macron.
00:38Mais là, le risque aujourd'hui, c'est que la population palestinienne, d'ailleurs, Benjamin Netanyahou l'aimait déjà dans le même sac,
00:43la population palestinienne soutienne du début à la fin le Hamas en raison de la situation humanitaire.
00:49Donc, il y a aussi une volonté et je pense que quand l'Arabie saoudite accepte, accueille avec bienveillance cette décision,
01:00il y a aussi une inquiétude dans la région de ce que pourrait devenir ce conflit demain.
01:04Donc, je vois.
01:04Et Donald Trump nous avait promis de régler le problème beaucoup plus rapidement que ça n'a lieu.
01:09Comme avec le conflit en Ukraine, d'ailleurs.
01:11Exactement. Et aujourd'hui, et je ne le critique même pas, je pense qu'il découvre que la guerre est compliquée
01:16et que tout le monde ne règle pas la guerre comme un deal.
01:19Il y a des pays dans le monde qui défendent un peu plus, en effet, qu'un deal avec l'un ou l'autre.
01:24Et c'est évidemment le cas dans cette région.
01:26Et après, se pose la question, évidemment, même localement, de ce que deviennent aujourd'hui les Palestiniens.
01:31Il y a aussi cette décision, elle est prise, et je pense que ça rejoint la volonté d'Emmanuel Macron d'exister dans le dossier,
01:36elle est prise à un moment où l'indignation internationale grandit par rapport à ce qui se passe à Gaza.
01:41Mais on va sur ce terrain de l'indignation.
01:43Donc, on va sur le terrain de l'émotion, de la morale.
01:46Ce n'est pas que de l'émotion et de la morale.
01:47Non, mais l'indignation...
01:48Au lendemain du 7 octobre, on était tous, notre émotion, elle est toujours intacte et on a raison.
01:51Pardonnez-moi, Charlotte, il y a trois mois, Emmanuel Macron disait
01:54« Je ne prendrai pas de décision sur le coup de l'émotion ou de l'indignation.
02:00J'irai sur la reconnaissance qui n'est pas un tabou.
02:03Il n'a jamais changé de ligne sur la question de la reconnaissance de l'État palestinien.
02:06Mais il conditionnait cette reconnaissance avec des éléments majeurs.
02:11Vous avez raison, la question que vous posez, à mon avis, est extrêmement importante.
02:16C'est-à-dire, d'ici à septembre, quelle preuve même Mahmoud Abbas lui-même va devoir donner ?
02:21Qui il a derrière lui ? Est-ce qu'il est seulement capable de faire quelque chose ?
02:25Mais ce que je veux dire, c'est que s'il n'est pas capable de faire quelque chose d'ici septembre,
02:28ça veut dire que le Hamas, élection ou pas, a totalement la main sur la région.