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  • il y a 4 mois

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00:00Thomas Chenel, Karl Meus est avec vous en studio.
00:02Pour l'édito politique, bonjour Karl Meus.
00:05Bonjour Thomas.
00:05Rédacteur en chef au Figaro Magazine.
00:07Ce matin, vous revenez sur les propos, les déclarations de Bruno Retailleau
00:10dans un entretien à l'hebdomadaire Valeurs Actuelles.
00:12Il a affirmé que le macronisme s'achèvera avec Emmanuel Macron
00:16et vous nous dites que vous êtes surpris de la polémique déclenchée. Pourquoi ?
00:19Parce que le ministre de l'Intérieur n'a fait que dire une évidence,
00:22mais visiblement en France, on n'aime pas dire les évidences
00:25et encore moins ceux qui les profèrent.
00:27Le macronisme s'achèvera avec Emmanuel Macron.
00:30Pourquoi cette phrase n'est-elle pas choquante ?
00:32D'abord parce que ça correspond à un souhait d'une grande partie de la classe politique
00:35qui rêve de mettre fin à cette expérience qui a coûté cher au parti classique.
00:40Ensuite parce que le président de la République se conduit
00:42comme si lui-même ne voulait pas qu'il y ait de macronisme.
00:45Il n'a pas construit un parti politique dont les structures militantes
00:48lui permettraient de faire vivre ce macronisme après son départ de l'Elysée.
00:52Il n'a pas cherché à développer son parti avec des élus locaux
00:56et un maillage territorial serré.
00:58Il suffit de se rappeler le fiasco des municipales de 2020.
01:02Le parti d'Emmanuel Macron n'a pas été en capacité
01:04de faire élire un seul de ses candidats dans les grandes villes.
01:06Enfin, il a pris soin de ne pas mettre en scène un successeur potentiel.
01:10Au contraire, il a tout fait pour écarter ceux qui auraient pu se présenter comme elle.
01:15Enfin, ceux qui l'a fait émerger cherchent aujourd'hui davantage à se démarquer de lui.
01:19Édouard Philippe revendique sa différence depuis son départ forcé de Matignon en 2020.
01:23Quant à Gabriel Attal, il essaye de transformer Renaissance en un parti à sa main
01:28et tente de renouveler le logiciel.
01:29Tous les deux savent très bien que la présidentielle de 2027
01:32se jouera davantage sur la rupture que sur la continuité.
01:36Bruno Retailleau aussi, et c'est ce qui explique cette sortie.
01:39Et vous voulez dire qu'en affirmant cela, Bruno Retailleau trace un chemin vers 2027 ?
01:43Exactement.
01:44Et il prend la même recette qu'un certain Emmanuel Macron
01:46avait utilisée en 2016 face à François Hollande.
01:49On comprend d'ailleurs la fureur du président de la République
01:51de voir un de ses ministres lui rejouer les mêmes scènes
01:54qu'il interprétait si brillamment en voici presque dix ans.
01:56Le parallèle est frappant.
01:58Un président impopulaire, un espace politique confisqué par les extrêmes,
02:02une majorité atomisée, et un ministre incontrôlable mais indispensable
02:06et qui attend le bon moment pour sortir et préparer sa candidature.
02:10En 2016, Emmanuel Macron a surgi sur les décombres du hollandisme.
02:13Bruno Retailleau tente de faire pareil, mais sur celle du macronisme.
02:16Il se démarque aussi du président de la République
02:18car il sait que son électorat ne veut pas qu'il soit embarqué
02:21dans la même galère que l'autre de l'Elysée.
02:23Il jette des petits cailloux pour marquer sa différence,
02:26comme a pu aussi le faire en son temps un certain Nicolas Sarkozy avec Jacques Chirac.
02:30Et Carl, pensez-vous que Bruno Retailleau réussira à convaincre les électeurs
02:33qu'il peut être un opposant au président tout en étant ministre ?
02:37Alors, c'est toute la difficulté de l'exercice.
02:39Bruno Retailleau n'oublie pas qu'il a été plus longtemps un opposant farouche
02:42à la politique d'Emmanuel Macron que son ministre.
02:44Et c'est la raison pour laquelle il a trouvé l'explication de sa présence au gouvernement.
02:48C'était pour faire barrage à la gauche mélanchonisée.
02:51Un argument auquel l'électorat de droite et d'extrême droite est sensible.
02:54Mais ses électorats sont aussi sensibles aux résultats concrets des politiques menées.
02:58Et c'est là que l'équation peut se compliquer pour le ministre de l'Intérieur,
03:01confronté depuis plusieurs semaines à une stagnation, voire à une baisse de sa cote de popularité.
03:06Bruno Retailleau doit défendre un bilan,
03:08mais il est systématiquement ramené à la réalité de la situation sécuritaire du pays.
03:13Le narcotrafic, les émeutes comme ces derniers jours à Limoges ou à Béziers,
03:17l'immigration, l'insécurité.
03:19On a hâte de savoir ce que les deux hommes vont se dire tout à l'heure
03:22dans leur tête-à-tête à l'Elysée prévue avant ce regain de tension.
03:26Car finalement, Emmanuel Macron, s'il ne peut cautionner les attaques
03:29contre le « en même temps » qui alimente l'impuissance,
03:32est-il en désaccord si profond avec son ministre sur la fin du Macronisme ?
03:36Il veut juste que ça ne soit pas dit publiquement,
03:37parce que ça le renvoie à la fin de son mandat.
03:39En tout cas, les deux hommes auront sûrement en mémoire,
03:42demain, tout à l'heure,
03:45ce que l'écrivain Emmanuel Carrère a écrit dans le Guardian
03:47après avoir suivi un déplacement à l'étranger du chef de l'État.
03:51Des propos qu'Emmanuel Macron va se satisfaire
03:56alors que Bruno Retailleau peut les redouter.
03:58Il décrit une conversation qui lui a été rapportée
04:00entre Donald Trump et Emmanuel Macron
04:02au cours de laquelle le président américain aurait affirmé
04:05« Vous verrez, vous et moi, on fera un troisième mandat. »
04:08Rendez-vous en 2032.
04:09Merci Karl, votre édito politique sur Europe 1.
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