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Nicolas Serrie, PDG de Khimod, était l'invité de Sandra Gandoin dans French Tech, ce lundi 21 juillet. Il est revenu sur le développement d'une solution pour produire un carburant de synthèse durable pour les transports aériens chez Khimod afin de réduire l'émission de gaz à effet de serre en France, dans Good Morning Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00Nous recevons Nicolas Serry, PDG de Quimod. Bonjour, bienvenue dans la matinale de l'économie.
00:05Quimod qui a été lancé en 2019. On parle ici de iméthane, de carburant d'aviation durable.
00:13Enfin, ça arrive dans l'émission. C'est plutôt un bon signe.
00:17Dites-nous, quel est le champ d'activité assez large d'ailleurs de Quimod ?
00:22Aujourd'hui, le transport maritime et le transport aérien représentent à eux deux
00:27environ 10% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
00:30C'est important et ce chiffre, si on ne fait rien, est amené à accroître
00:33puisque c'est des modes de transport qui sont amenés à accroître.
00:37Aujourd'hui, dans ces deux domaines-là, il y a un consensus très fort de tous les acteurs,
00:41que ce soit les motoristes, les fabricants d'avions, de bateaux, les exploitants de ces avions et de ces bateaux,
00:47pour dire qu'un des leviers majeurs de décarbonation de ces secteurs-là, de ces domaines de transport,
00:54c'est ce qu'on appelle les carburants d'aviation durable ou les carburants de synthèse.
00:58Ces carburants, ils sont en tout point équivalents aux carburants fossiles,
01:04mais ils ont une empreinte carbone qui est bien moindre puisqu'ils sont fabriqués soit à partir d'hydrogène décarboné
01:10et de CO2 qu'on recycle, soit à partir de biomasse.
01:13Donc on parle d'une empreinte carbone qui est au moins 70% jusqu'à 90% plus faible que leur équivalent fossile.
01:21Et chez Kimod, c'est exactement le sujet qu'on adresse,
01:25puisque nous développons des solutions, des systèmes,
01:29qui permettent de produire, de fabriquer ces gaz et ces carburants de synthèse.
01:34Et concrètement, on fait trois gaz et carburants de synthèse.
01:37On fait ce qu'on appelle du iméthane ou du méthane de synthèse.
01:39Donc c'est un gaz qui est en tout point équivalent au gaz de vide que vous pouvez avoir chez vous.
01:44On fait du méthanol de synthèse qui sert beaucoup à décarboner le transport maritime
01:50et en partie le transport aérien.
01:54Et enfin, on fait ce qu'on appelle des carburants d'aviation durable,
01:57donc du kérosène de synthèse, du SAF en anglais,
01:59qui lui permet de décarboner l'aviation.
02:02Et justement, vous dites que ces carburants, ils sont pratiquement égaux aux carburants fossiles.
02:07Pourquoi on ne les utilise pas aujourd'hui ?
02:09Alors, on parle de choses nouvelles.
02:12Ces carburants-là, ils n'existaient pas, ou très peu, il y a encore 5-6 ans.
02:16Donc on est sur quelque chose qui est très récent,
02:19qui est lié à une volonté de décarboner ces modes de transport
02:22et qui est lié aussi à une régulation qui a été mise en place il n'y a finalement pas très longtemps
02:28et qui, je dirais, lance cette filière.
02:30Donc on est sur une filière qui est naissante, qui est vraiment en croissance
02:34et on vise ce qu'on appelle des taux d'incorporation.
02:39Donc quel pourcentage de carburant de synthèse on aura dans les avions ou dans les bateaux à partir de 2030 ?
02:46Alors 2030, c'est dans 5 ans, mais finalement, dans notre domaine d'infrastructure, c'est demain.
02:51Et on commence avec des petits niveaux et ensuite, on va aller croissant jusqu'à incorporer beaucoup plus en 2035, 40, 2050.
03:01Vous en êtes où aujourd'hui du développement, de la production de ce produit,
03:05de l'industrialisation de ces trois produits que vous nous avez cités ?
03:09Alors on a démarré, vous le mentionniez, en 2019, on a démarré en faisant du méthane de synthèse
03:14et puis on a progressivement élargi notre champ d'application.
03:19Ce qu'on fait, c'est que nous concevons des systèmes qui incorporent un équipement qui est un peu particulier,
03:26qui s'appelle un réacteur échangeur de chaleur,
03:29qui est un équipement vraiment unique au monde et que nous sommes les seuls chez Kimod à pouvoir fabriquer.
03:34En disant un mot de ça, c'est un équipement qui permet très simplement de fabriquer ces molécules dont on parle,
03:44ces carburants, avec un très fort rendement énergétique.
03:47Et c'est une solution qui est complètement modulaire, c'est-à-dire qu'on peut faire du sur-mesure, je dirais,
03:52pour des projets, on peut à la fois faire des petits projets, des moyens projets, des gros projets,
03:58et donc avoir, je dirais, quelque chose qui soit adaptable ou adapté au territoire dans lequel on s'implante.
04:03Donc là, vous avez levé de l'argent, justement, pour développer ce système-là ?
04:08Tout à fait. On a levé de l'argent pour développer ça.
04:10On a levé de l'argent, en réalité, pour trois choses.
04:13Pour, d'une part, accélérer notre développement commercial, notamment à l'étranger,
04:18parce qu'on a besoin, c'est un marché qui est mondial,
04:20pour également accélérer nos investissements dans notre site industriel,
04:27puisque nous fabriquons aujourd'hui en France, sur un site qui est situé à Vissou, à côté d'Orly,
04:32et donc pour, je dirais, apporter de l'investissement,
04:35et puis aussi pour finaliser des développements techniques,
04:39notamment dans les domaines des carburants de synthèse et du méthanol.
04:43D'ailleurs, dans quelques mois, on aura le plaisir d'inaugurer une première unité,
04:50la première unité en France, en réalité, de fabrication de carburants d'aviation durable,
04:56de kérosène de synthèse, dans un premier temps modeste,
05:00mais ce sera la première unité en France et une des premières au monde à faire ça.
05:05Léa ?
05:05Si j'ai bien compris, vous me coupez si je me trompe,
05:07mais en fait, vous n'êtes pas vraiment un producteur de carburants.
05:10En fait, vous, vous fournissez les briques technologiques pour que d'autres produisent ce carburant.
05:14Exactement, grâce à cet équipement que je mentionnais, réacteur à chargeur de chaleur.
05:21D'ailleurs, à ce titre, cerise sur le gâteau, je dirais, dans le développement technique qu'on a réalisé,
05:27on s'est rendu compte à un moment qu'on pouvait également utiliser cet équipement dans le domaine de la chimie.
05:31Alors là, on parle beaucoup d'énergie, mais on a aussi une petite activité dans la chimie,
05:36dans ce qu'on appelle la chimie fine ou la chimie continue,
05:39notamment dans le domaine de la pharmacie, par exemple, ou des cosmétiques.
05:41Il y a deux ans, au Bourget, on attendait énormément et on disait que le verdissement de l'aviation,
05:46par exemple, allait passer principalement par ces carburants verts, finalement.
05:52Deux ans plus tard, il y a quelques semaines, au Bourget,
05:55le gros sujet, c'était la défense, malheureusement, vu le contexte international.
05:58Est-ce que c'est difficile pour vous, entreprises du secteur de la décarbonation de ces transports,
06:04de développer votre stratégie, d'avoir un calendrier précis,
06:07quand, comme ça, les agendas politiques, finalement, ne suivent pas assez
06:10et que le secteur est un peu au ralenti, au final, par rapport à ce que vous, vous voudriez ?
06:15Alors, les agendas changent, en effet.
06:17Donc, je dirais, on est dans un monde, mais je pense que c'est vrai pour tout dirigeant d'entreprise,
06:21ce qui est assez fluctuant et donc il faut pouvoir être agile, s'adapter.
06:24Cela étant, on est sur une tendance de fond,
06:26qui est la décarbonation de ces modes de transport-là.
06:29Cela reste là, on est sur des sujets qui prennent du temps.
06:32On parlait de 2030, 2030, c'est demain pour nous.
06:35Et donc, on voit qu'il y a quand même une volonté très forte de nombreux acteurs,
06:40je pense notamment aux compagnies aériennes ou aux motoristes,
06:44pour, je dirais, avancer dans ce domaine-là.
06:47Maintenant, en effet, on est rattrapé par d'autres sujets.
06:50Alors, on a aussi la chance, quand on synthétise des carburants en Europe,
06:55il y a quand même une question d'indépendance énergétique,
06:57puisque on fait ça en Europe, ce n'est pas de l'importation de carburants,
07:01c'est quelque chose qu'on maîtrise.
07:02Et donc, il y aura quand même, d'une certaine manière,
07:04un volet également d'indépendance et d'autonomie énergétique.
07:07Léa ?
07:07Et justement, en parlant d'indépendance, vous êtes très…
07:11Est-ce que c'est rentable de produire ces carburants synthétiques
07:14ou alors est-ce que vous êtes aujourd'hui très dépendant des subventions de l'État ?
07:19Alors, c'est important d'avoir des subventions pour se lancer.
07:22Et quand on lance une filière industrielle,
07:24parce que c'est finalement ce qu'on est en train de faire aujourd'hui…
07:26Oui, c'est finalement eux qui créent le marché.
07:27En fait, avec les subventions ?
07:28On a besoin au début d'un coup de pouce de l'État
07:30pour démarrer nos activités.
07:33Maintenant, en effet, il va falloir à un moment que ce coup de pouce s'arrête.
07:38Ce n'est pas aujourd'hui, mais c'est plutôt demain.
07:41Maintenant, on est…
07:42Il ne faut pas se mentir,
07:43on est en train de synthétiser quelque chose
07:45qui jusqu'à maintenant était fondamentalement gratuit
07:48puisque c'est quelque chose qu'on extrait du sol.
07:50Donc, le coût aujourd'hui du pétrole,
07:52c'est un coût d'extraction, de traitement,
07:53mais ce n'est pas un coût de fabrication.
07:55Là, on le fabrique.
07:55Donc, on va forcément avoir un surcoût
07:59de ces carburants de synthèse
08:01par rapport à leur équivalent fossile.
08:03Maintenant, est-ce que c'est grave ?
08:05Probablement pas.
08:06Alors, c'est un surcoût, je dirais,
08:07qui est lié à la transition énergétique
08:08et qu'il faut pouvoir prendre en charge progressivement.
08:12L'intérêt aussi, c'est que ces carburants
08:14sont mélangeables totalement
08:15avec leur équivalent fossile.
08:17Et donc, on peut avoir des petits pourcentages d'incorporation
08:21pour lancer la machine
08:22et après avoir, je dirais, une évolution
08:25qui va permettre d'amortir ce coût
08:27sur de nombreuses années
08:28pour que ça soit, je dirais,
08:29le plus d'un dollar possible
08:30pour le consommateur final.
08:31Vous fabriquez, vous fabriqueriez,
08:33tout cela en France.
08:35Vos clients, vos prospects sont en Europe,
08:37mais ils sont aussi potentiellement aux États-Unis.
08:39Est-ce que la guerre commerciale,
08:40l'ambiance actuellement entre les pays,
08:43entre les continents,
08:44pèse sur votre business ?
08:47Ça pèse, mais surtout, ce qui pèse,
08:50c'est la lecture, je dirais,
08:52des nouvelles normes aux États-Unis,
08:54qui n'est pas simple quand on est en Europe.
08:58Et donc, c'est ça qu'on regarde
08:59avec beaucoup d'attention.
09:03Mais en effet, on a la chance
09:04d'être sur un marché qui est au-delà
09:06du marché américain,
09:07qui est relativement mondial,
09:07qui est aussi un marché européen.
09:09Donc, l'Europe va être quand même
09:11en premier de cordée, je dirais,
09:14sur ce domaine,
09:15et également d'autres marchés
09:17comme l'Amérique latine ou comme l'Ouble d'Orient.
09:19On aime bien entendre
09:19qu'on sera premier de cordée
09:20dans un domaine aussi important que celui-là.
09:24Un carburant qui fera fonctionner un avion
09:26à 100% comme ceux que vous fournissez,
09:29on est sur un calendrier dans combien de temps ?
09:31Finalement, 2050, 2040 ?
09:33Alors, 100% en test,
09:35on va y être assez rapidement.
09:36Maintenant, quand vous et moi
09:38prenons l'avion,
09:39de temps en temps,
09:40je pense qu'il va se passer un peu de temps,
09:42mais est-ce que c'est grave ?
09:44Non.
09:44Ce qui est important,
09:44c'est d'avoir un taux d'accomploration
09:46qui soit important
09:47et qui permette d'avoir,
09:49je dirais,
09:49une facture énergétique
09:50ou une facture,
09:51une empreinte carbone réduite.
09:52Merci beaucoup Nicolas Serri
09:54d'être venu nous voir PDG de Kimod
09:55dans la matinale de l'économie.

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