00:00Nathan Devers et Vincent Roy ce soir dans Europe 1 sur le week-end.
00:03J'aimerais messieurs qu'on termine avec cette supérette qui fait trembler les beaux quartiers parisiens.
00:07Je sais que vous attendiez ce sujet, je ne sais pas si vous avez vu passer l'info.
00:11En fait si, je sais que vous le savez, peut-être pas vous qui nous écoutez.
00:14Les vedettes sont en guerre contre l'ouverture d'un Carrefour City en bas de chez eux.
00:17Parmi elles le chanteur Alain Souchon, les acteurs Pierre Richard et Catherine Fraud
00:19ou encore l'ancien ministre Jacques Toubon.
00:21Ces vedettes qui ont signé une pétition pour s'opposer à l'implantation de cette supérette
00:24près du Jordan de Luxembourg.
00:25C'est dans le 6ème arrondissement de la capitale, l'un des très beaux quartiers de Paris.
00:30Est-ce qu'on ne touche pas ici au summum du privilège parisien ?
00:33Il y a une chose merveilleuse.
00:35Vous avez quelqu'un qui est absolument merveilleux.
00:39Il s'appelle Céline Hervieux, qui est du côté des opposants à la supérette.
00:43Il refuse en fait qu'un commerce de proximité...
00:45Oui, parce que ça amène à la fois...
00:49L'âme du quartier, ça vient de changer l'âme du quartier.
00:50Non seulement parce que ça amène des racailles le soir sur la petite place où cette supérette peut être...
00:55Non, non, mais attendez, c'est très clair.
00:57Et puis surtout du bruit le matin lorsqu'on livre la supérette.
00:59Mais vous avez cette dame merveilleuse, qui est une députée socialiste de la 11ème circonscription,
01:05qui vit dans le quartier, Céline Hervieux, qui dit ceci.
01:07On a ras-le-bol d'une forme d'uniformisation, c'est-à-dire qu'il n'y aura pas à mettre des supérettes chez nous, dans notre écosystème.
01:15Dans le 6ème, on est différent.
01:18Écoutez bien, dans le 6ème, on est différent.
01:20On a envie de garder nos spécificités, l'aspect culturel de Montparnasse, l'accès au beau, une qualité de vie, ne pas être dans cette marche forcée.
01:29Et puis, et puis, alors ça c'est également merveilleux, c'est très protégé ici, et c'est normal, la police vient, dès qu'on l'appelle,
01:37quand on est à plus de 20 000 euros le mètre carré, on n'a pas envie d'avoir de la racaille, de la racaille, c'est pas moi qui le dit, de la racaille en bas de chez soi.
01:48Voilà, je trouve ça merveilleux.
01:49Donc, à 20 000 euros le mètre carré, vous avez droit à l'accès au beau, donc pour les supérettes, pour la racaille, etc.,
01:57à 500 euros le mètre carré, gardez vos supérettes, vos racailles, dans votre quartier, à 1000 euros, c'est pas beau, mais c'est votre problème.
02:05Nous, on vit dans le beau, on n'a pas envie de ça.
02:07Voilà, et ces gens, ces gens déclarent ce manifeste...
02:11Vous aussi vous choisissez votre combat.
02:12Non, mais sans aucune honte, c'est-à-dire que, parce que ces gens-là, au moins, bon, on serait discrète, etc.,
02:18non, non, mais ça fait des années qu'ils nous expliquent qu'ils appartiennent au camp du bien,
02:21alors vous avez là-dedans la famille Souchon, tout ça, absolument merveilleux.
02:25Écoutez, je vais vous dire, ça confine à l'indécence.
02:28Dites-moi, Nathan Devers, on a des personnalités, comme le disait Vincent Roy, Alain Souchon, Catherine Fraud,
02:33ou encore d'autres directeurs comme Pierre Richard, ce sont des gens qui sont pourtant bien connaisseurs de la communication.
02:40Ces personnes-là savent très bien qu'en allant signer ce genre de pétition,
02:44le pétard, il va leur péter entre les mains, c'est pas très futé, non ?
02:48Oui, mais j'ai trouvé qu'il y a eu cette polémique qui est vraiment passionnante.
02:52J'entends ce qu'on leur a reproché, d'être complètement déconnectés,
02:55de ne pas vouloir avoir en bas de chez eux, dans leur jardin, enfin dans leur rue,
03:00les problèmes qui ne les dérangeraient pas dans la France entière.
03:03Mais je suis en désaccord complet avec cette analyse.
03:05de ce que j'ai cru en comprendre, la pétition qui a existé contre cette supérette
03:10était motivée par quelque chose d'absolument légitime,
03:14qui est, c'est le mot que vous avez cité, le refus de l'uniformisation.
03:17L'uniformisation de la France est un phénomène qui touche toute la France.
03:21Les quartiers bourgeois, le sixième arrondissement de Paris,
03:24mais les villages, mais les banlieues, mais n'importe quoi.
03:26C'est-à-dire quoi ? Le remplacement de commerces locaux, humains,
03:30qui ont une histoire, qui ont une âme, par des sortes de superstructures,
03:35comme le nom de cette supérette, on ne va pas citer son nom,
03:37mais des superstructures qui existent absolument partout.
03:38Mais là on touche à un autre problème, si par exemple les petits magasins
03:41n'arrivent plus à survivre eux-mêmes, peut-être que c'est le fait d'avoir des succursales.
03:44Bien sûr, c'est l'histoire du bonheur des dames de Zola.
03:46C'est la tragédie qui est inhérente au capitalisme.
03:48Mais moi, où que j'aille en France, la tragédie que je vois en France,
03:52dans le territoire français, dans les villages, dans les zones rurales,
03:55dans les zones populaires, dans les quartiers populaires,
03:58et aussi dans les quartiers européens, c'est la même tragédie.
04:01C'est l'uniformisation du territoire par des entreprises qui n'ont pas d'âme.
04:06Mais je n'habite pas dans le sixième, ce n'est pas mon sujet.
04:08Mais si dans mon quartier, on remplaçait un à un tous les commerces
04:11qui sont tenus par des générations et des générations,
04:14qui existent depuis 40 ans, qui ont une âme,
04:16par des entreprises multinationales qui s'installent pour faire des choses
04:19qui sont, si vous voulez, qui sont de la standardisation du territoire,
04:24ça me dérangerait tout autant.
04:25Et je pense que c'est le même combat qui existe dans tous les villages,
04:28dans tous les quartiers populaires, et aussi dans les quartiers huppés,
04:31qui est de lutter contre cette forme d'aplatissement,
04:36de suppression de la différence.
04:37Les lieux ont un génie qui leur est immanent,
04:39les quartiers...
04:39Non, mais je pense qu'il n'y a pas de même d'accord.
04:42Non, non, je peux tout à fait comprendre ce que dit Nathan.
04:45Je peux tout à fait comprendre ce que dit Nathan.
04:47Mais les revendications des gens de ce quartier,
04:49et notamment du président de l'association des commerçants,
04:53c'est tout autre chose.
04:54Il dit très clairement, c'est écrit,
04:57quand on est à plus de 20 000 euros le mètre carré,
04:59on n'a pas envie d'avoir de la racaille en bas de chez soi.
05:02Cette phrase, elle est abominable.
05:03Cette phrase, c'est de l'indécence pure,
05:06et ces gens n'ont pas honte.
05:08Pardonnez-moi, ils n'ont pas honte.
05:08Cette phrase, elle est abominable,
05:09mais quand Denis Olivenne dit,
05:11il faut être attaché à une forme de conservatisme urbain,
05:13et refuser la suppression de l'âme des villes
05:16par le capitalisme moderne,
05:18il a raison, et c'est valable pour le 6ème,
05:21comme pour n'importe quel quartier de n'importe quelle ville de France.
05:22Les supérettes qui amènent de la racaille,
05:24c'est mieux à Aubert-Villiers que dans le 6ème.