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00:00Europe 1, Stéphanie Demuru et vous.
00:0412h47, il nous reste encore un petit quart d'heure.
00:07Dernière ligne droite, Stéphanie Demuru.
00:10C'est le cas de le dire.
00:10Et vous, c'est le cas de le dire.
00:12Le Tour de France, voilà la thématique qui va être évoquée avec vous et votre invité,
00:17François-Guillaume Lorrain, Stéphanie.
00:19Vous regardez le Tour de France, Stéphanie ?
00:20Quand on partait sur les fémains ?
00:22J'avoue, non.
00:24Ça tombe bien, le livre n'est pas fait forcément pour les férus de vélo.
00:28Bonjour François-Guillaume Lorrain.
00:30Bonjour.
00:31Vous présentez votre livre en quatrième de couvre
00:34qui éprouve un grimpeur fendant une foule en délire dans un col,
00:38un champion qui essuie une terrible défaillance,
00:40un sprinter quand il chute ou se fait doubler sur la ligne,
00:4460 scènes, 60 portraits, 60 situations
00:47qui expliquent le vélo à ceux qui ne connaissent pas grand-chose finalement.
00:51Alors c'est vrai que le Tour, c'est un petit peu la France qui défile sous nos yeux,
00:55les clochers, les virages serrés.
00:57La France que l'on aime qui est belle, c'est aussi un feuilleton d'été
01:00avec ses héros, ses coups de théâtre et parfois même ses tragédies.
01:04Vous en parlez très bien dans votre livre.
01:07Les Français ont vraiment un lien très intime avec le Tour de France
01:11qui fait un petit peu partie de leur culture populaire ?
01:15Ah oui, c'est comme un pèlerinage.
01:17Chaque année, c'est un pèlerinage laïque.
01:19Et puis, on fait le tour du pays, pas tout le pays, mais presque.
01:23Et il y a quoi ? Il y a plusieurs millions de spectateurs qui sont sur les bords de route.
01:29Alors ceux qui disent, oui, enfin, on regarde passer des dopés,
01:33ils disent, voilà, ces gens-là, ils sont trop crédules,
01:36ils croient à ce qu'on leur montre.
01:39D'ailleurs, c'est intéressant.
01:40D'ailleurs, le vélo, c'est un peu le combat entre ceux qui n'y croient pas,
01:45ceux qui n'y croient plus.
01:46Parce qu'il y a le dopage depuis des années, des années, des années.
01:48Et puis ceux qui croient.
01:49Ça a vraiment jeté une ombre sur le Tour de France.
01:52Oui, mais en fait, ça n'a jamais dissuadé les gens d'y aller.
01:57J'ai refait l'expérience de faire une visite sur le Tour.
02:01C'est vraiment inversement proportionnel.
02:04Le temps que vous les voyez passer, 30 secondes, une minute, deux minutes,
02:08et le temps que vous mettez pour y aller.
02:10Mais c'est le moment, c'est comme une communion, un voyage.
02:14C'est un voyage sur le Tour pour y arriver.
02:16Parce qu'on peut, je le disais, ne pas être fan de vélo,
02:19mais on aime le Tour de France pour cette ambiance,
02:22pour ce qu'il y a à côté, pour les caravanes, pour les coulisses, le spectacle.
02:28C'est vraiment ça.
02:29Oui, et puis on l'aime quand même aussi pour la course.
02:32Oui, bien sûr.
02:33Parce que c'est un sport.
02:36C'est le seul sport où vous avez ce peloton.
02:38C'est comme une société.
02:40Vous avez la société du Tour de France à l'extérieur,
02:42les milliers de personnes qui préparent le parcours.
02:47Moi, je me suis intéressé, par exemple, à suivre celui qui trace toutes les lignes d'arrivée.
02:51Il y a un seul monsieur qui, toute l'année, prend la route,
02:56arrive dans les villes qui ne savent pas encore quelles sont villes étapes,
02:59et qui, pendant 48 heures, tourne incognito.
03:03C'est rigolo.
03:04Pour trouver, parce que c'est un barnum, la Tour de France,
03:06c'est 4500 personnes qui arrivent.
03:09Il a besoin, en fait, de conditions extrêmement contraignantes dans une ville.
03:14En fait, une ville, elle est faite pour les piétons, les voitures,
03:17mais pas encore tellement pour un peloton qui arrive à 60 à l'heure.
03:20Et donc, il regarde exactement, avant d'aller rencontrer le maire,
03:24quand il est désigné,
03:25et il connaît mieux, à la fin, sa ville que le maire.
03:29Et le maire lui dit,
03:29« Ah ben moi, j'aimerais bien que ma ligne d'arrivée, elle soit là,
03:32parce que, bon, pour des raisons qui lui sont propres.
03:34Ah non, non, non, monsieur, ça ne va pas être possible.
03:36C'est là, et ce n'est pas un autre endroit. »
03:38Et il devient, en fait, le vrai maire.
03:40Olivier Guenegg, vous suivez le Tour de France ?
03:43Très, très loin.
03:44Non, non, je ne suis pas un spécialiste.
03:46Là, vous allez me mettre en difficulté.
03:47Non, mais j'adore l'ambiance, c'est magnifique.
03:51Non, mais oui, c'est une belle ambiance.
03:53Fabrice Laffitte, vous regardez ou pas ?
03:54J'adore me mettre devant la télé,
03:56et en même temps, on voyage,
03:57on voit des différents paysages,
03:59des quatre coins de la France, c'est très joli.
04:00Mais j'avoue que ça m'aide, quelquefois,
04:02à me bercer, à m'endormir pour la sieste.
04:04Oui, il ne se passe pas toujours grand-chose,
04:06mais en fait, il faut regarder quelque chose.
04:08En fait, le Tour de France,
04:11c'est l'espoir qu'il va se passer quelque chose.
04:13Oui, c'est ça.
04:14Donc, c'est un peu une école de la patience.
04:17Et puis, je pense que, comme dans toute chose,
04:19on apprécie, plus on connaît, plus on apprécie.
04:22En fait, il se passe plein de choses
04:23à l'intérieur d'un peloton,
04:24selon les équipes, selon les stratégies,
04:27selon les psychologies des coureurs,
04:30selon les enjeux des étapes, de chaque étape.
04:33En fait, c'est très, très, très riche.
04:34Il faut avoir parfois un décrypteur.
04:37Il faut avoir la voix off, le commentaire.
04:40Et d'ailleurs, ce qui est très déstabilisant,
04:42quand vous allez sur le Tour,
04:43parce que nous, on est tous habitués,
04:44en fait, on nous fournit les images,
04:47on nous fournit la voix off, le commentaire.
04:48Et quand vous êtes sur le Tour,
04:50au bord de la route, vous n'avez plus ça.
04:52Donc, vous êtes perdus.
04:53Vous vous dites, je regarde où ?
04:55Vous avez 50 personnes qui sont avec leurs iPhones,
04:58qui gesticulent.
04:59Donc, vous êtes totalement paumés.
05:01En fait, moi, j'avais l'impression,
05:03je voulais aller sur le Tour,
05:04mais c'est le Tour qui m'est passé dessus.
05:05Je me suis fait piétiner.
05:06Et François, Guillaume Lorrain,
05:08vous parlez du cyclisme
05:09comme un monde conservateur
05:11qui tenait à ses habitudes et à ses rituels.
05:13Ça veut dire quoi, ça ?
05:14Parce que, déjà, une équipe,
05:17c'est comme une société d'ancien régime.
05:19Vous avez le roi,
05:21qui est le leader, le capitaine,
05:23pour qui on fait tout,
05:25à qui on amène le bidon,
05:27qu'on place.
05:28En fait, le vélo, c'est l'art du placement,
05:29c'est l'art de ne pas prendre des frottements,
05:31des chocs, de ne pas prendre le vent.
05:33Donc, en fait, la plus grande partie de la course,
05:35c'est qu'on le protège.
05:36On protège son leader,
05:38comme à la bataille avant,
05:40on protégeait le seigneur,
05:41on protégeait le roi.
05:42Donc, ensuite, il y a les lieutenants.
05:44Par exemple, je consacre tout un chapitre
05:46qui s'appelle
05:47« Ceux qui l'aiment feront le train »
05:50parce que c'est en montagne,
05:52c'est les étages d'une fusée,
05:53c'est le premier, deuxième lieutenant,
05:56qui sont des martyrs minutés.
05:58C'est-à-dire, pendant 3-4 minutes
05:59sur la pente, sur la montagne,
06:03ils vont faire tant de watts
06:04à tant de kilomètres.
06:05Vous avez d'ailleurs un ton très décalé
06:07dans ce livre,
06:07comme vous l'avez un petit peu là.
06:08Oui, parce que l'écriture,
06:10on essaie d'être un peu original.
06:13On n'est pas à la télé,
06:13on n'est pas à la radio,
06:14on fait autre chose.
06:16Et donc, il y a cette sorte de hiérarchie
06:19très très forte, en fait,
06:21avec ce qu'on appelle les domestiques,
06:23carrément, les grégarels.
06:24Ah oui, il y a des danses !
06:26Et tout ça peut être remis en cause.
06:28Donc, il peut y avoir un peu de révolution
06:30si le leader n'est pas à la hauteur.
06:33Mais sinon, c'est tout pour lui
06:34parce qu'à la fin,
06:36il y a le classement général.
06:37Enfin, ça, c'est pour les courses
06:39de 3 semaines.
06:40Et vous dites, à un moment donné,
06:41vous employez cette phrase,
06:43d'ailleurs, du nom d'un livre
06:44de Philippe Labreau,
06:45sur sa dépression,
06:46d'ailleurs,
06:47« Tomber 7 fois,
06:47se relever 8 »,
06:50vous dites,
06:51c'est le quotidien des cyclistes.
06:52Oui, parce que la chute,
06:54je consacre plusieurs chapitres
06:55à ces chutes.
06:57Moi, ça me fend le cœur,
06:58par exemple,
06:58quand j'avais vu
07:00quelqu'un comme Marc Handish,
07:01qui a le plus de vecteurs d'étape
07:03autour,
07:03et qui voulait battre,
07:05avec Eddy Merckx,
07:06le grand Eddy Merckx,
07:07il voulait battre le record
07:08d'Eddy Merckx,
07:09et,
07:10bon,
07:11il tombe,
07:12il est en train de discuter
07:12avec ses copains
07:13dans une étape totalement banale,
07:14il tombe,
07:15et une minute après,
07:17on le voit monter dans la voiture.
07:19Il devient un passager automobile.
07:21Tout est fini.
07:22Ou bien,
07:23à la première étape,
07:24vous avez un des favoris,
07:25ça fait trois mois
07:26qu'il fait tous les sacrifices,
07:28je me suis amusé
07:29à faire toute la liste,
07:30non pas de ses envies,
07:31mais de ses sacrifices,
07:32et puis,
07:34un mauvais virage,
07:35un type de vent
07:35qui freine trop vite.
07:37En fait,
07:37le vélo,
07:38c'est comme c'est
07:39le seul sport vraiment ouvert
07:41hors enceinte,
07:42hors stade,
07:43voilà,
07:44il y a tous les hasards,
07:45les bons,
07:46les mauvais hasards.
07:47C'est un sport très très libre,
07:48mais en même temps,
07:49vous pouvez vous prendre
07:50un bidon sous les bras.
07:50Les Français,
07:51ils ne sont pas terribles quand même.
07:52Les Français,
07:53ça fait 40 ans,
07:56il nous manque
07:57ce qu'on appelle
07:58le très gros moteur,
07:59c'est-à-dire celui
08:00qui est très très bon
08:01en contre-la-monde,
08:02très très bon en montagne,
08:03les deux.
08:04Nous,
08:04on est assez baroudeurs,
08:06on est puncheurs,
08:06on est nerveux,
08:07on est sanguins.
08:08En tout cas,
08:08si vous êtes un fan
08:10du Tour de France
08:10ou pas,
08:11ou justement un novice,
08:12eh bien,
08:13ce livre est assez passionnant.
08:14François-Guillaume Lorrain
08:16qui nous dresse 60 portraits,
08:1860 situations.
08:19Merci d'avoir été avec nous
08:21dans le studio d'Europe 1.

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