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00:00Et on parle de ce bilan de Bruno Retailleau, 9 mois après son arrivée à Beauvau,
00:05naturalisation, visa, l'on séjour, asile, les chiffres de l'immigration baissent depuis l'arrivée de Bruno Retailleau à Beauvau.
00:12On va écouter Sophie Prima, porte-parole du gouvernement,
00:15qui a commenté les critiques du Rassemblement National sur ces chiffres de l'immigration présentés par le ministre de l'Intérieur.
00:22Elle était l'invité de Sonia Mabrouk ce matin sur CNews Europe 1.
00:25Moi je crois qu'il faut regarder les faits, et les faits qui sont imputables à l'action de Bruno Retailleau,
00:30c'est plutôt sur le premier trimestre de l'année 2025 naturellement.
00:33Ils sont la preuve d'une volonté du ministre de l'Intérieur,
00:36qui effectivement a envoyé des directives très très claires dans les préfectures.
00:40Aujourd'hui on a des directives qui sont appliquées par les préfets, qui donnent des résultats.
00:44Donc ces résultats sont tangibles, et peut-être qu'ils ne font pas plaisir au Rassemblement National,
00:48mais nous sommes sur la bonne voie.
00:50Victor Hérault.
00:52Très intéressant.
00:53Oui.
00:54C'est-à-dire ?
00:54Il n'y a pas une seule fois le mot gouvernement dans sa phrase, dans son analyse.
00:58Vous voyez la configuration, il y a Sophie Primace qui est porte-parole du gouvernement,
01:02les Républicains, qui loue le bilan de Bruno Retailleau, les Républicains,
01:06président des Républicains, potentiel candidat à la présidentielle des Républicains,
01:10et les deux ayant, il y a quelques semaines, je n'ai plus la date exacte en tête,
01:14prédit la fin du macronisme.
01:15Enfin, l'écurier LR est en train de se détacher du gouvernement,
01:19est en train de préparer...
01:19Ah vous l'analysez comme ça ?
01:20Moi je vois, c'est le bilan de Bruno Retailleau, du ministre de l'Intérieur,
01:23ce n'est pas le gouvernement, ce n'est pas François Bayrou,
01:25tous ces gens-là sont complètement écartés,
01:27ce qui compte c'est Bruno Retailleau, dans l'analyse de Sophie Primace.
01:30Oui.
01:31La tende vert, vous l'analysez comme ça également ?
01:33Oui, sur ce point, je suis tout à fait d'accord avec vous.
01:35J'ajouterais une chose, c'est que la grande ligne de fracture au sein de ce gouvernement,
01:41en dehors des questions politiciennes, des partis, etc.,
01:44c'est vraiment la question sociétale du rapport à l'immigration.
01:47C'est-à-dire que Bruno Retailleau est arrivé au gouvernement en disant tout de suite
01:51« L'état de droit n'est pas une chose sacrée en France,
01:54ce n'est pas vraiment l'immigration, mais en tout cas on n'est pas très loin,
01:56parce que quand il critique l'état de droit, c'est beaucoup pour faire passer des lois contre l'immigration,
02:01et l'immigration n'est pas une chance pour la France. »
02:03Ce qui est un discours qui d'ailleurs n'a pas été tenu beaucoup dans l'héritage de la droite républicaine,
02:07qui était globalement sur un discours de « L'immigration est une chance,
02:10tant qu'on s'assimile, tant qu'on s'intègre, disaient certains,
02:12mais je veux dire, même le discours de Nicolas Sarkozy,
02:14ce n'était pas celui de Bruno Retailleau,
02:16et pourtant à l'époque il était critiqué déjà comme un discours ultra-droitier,
02:20ultra-hostile à l'immigration.
02:21Donc je crois que Bruno Retailleau a réactivé la méthode de Patrick Buisson,
02:25mais en beaucoup plus, pas violent, mais en beaucoup plus intense, si vous voulez,
02:30parce que sur le fondamental, c'est-à-dire sur la question de savoir
02:34si l'immigration est quelque chose qui est globalement négatif,
02:38qui est neutre, qui est globalement positif,
02:40il s'est aligné sur le discours du RN, sur le discours de reconquête,
02:44sur le discours d'autres, qui consiste à dire
02:46« L'immigration prise en tant que telle, ce concept, ce signifiant, est négatif. »
02:51Et je crois qu'en cela, il n'est pas sur la ligne de beaucoup de gens qui sont au gouvernement.
02:55Alors je vais donner quand même quelques chiffres, des indicateurs,
02:57pour nos auditeurs, on est à moins 7,5% pour les visas de long séjour accordés,
03:01moins 30% pour les admissions exceptionnelles de séjour,
03:05moins 4%, c'est plus léger, pour les premières demandes d'asile,
03:08et près de 10 000 naturalisations en moins en un an,
03:11les interpellations d'étrangers aussi en situation irrégulière ont augmenté de près de 19%,
03:15et du coup, la France est en quatrième position en Europe pour cet indicateur,
03:19derrière l'Espagne, l'Allemagne et l'Italie.
03:22Ce sont des chiffres qui sont relativement probants,
03:24surtout que Bruno Retailleau, mine de rien, a eu assez peu de temps,
03:27c'est des chiffres qui mettent du temps à apparaître,
03:28entre le moment où un ministre de l'Intérieur décide quelque chose,
03:31et le moment où il y a le retour du chiffre.
03:32Là, on est sur l'affaire, période octobre-avril, avril-mai.
03:35Maintenant, il faut amputer aussi, à mon avis,
03:38il ne faut pas complètement oublier Gérald Darmanin dans cette affaire.
03:40Il y a le bilan de Gérald Darmanin aussi,
03:41qui doit être un petit peu comptabilisé là-dedans.
03:43Là où je suis...
03:45Alors, premier bémol, il va falloir attendre les chiffres
03:47qui seront plus scrutés, qui seront ceux de la sécurité,
03:50puisqu'il y a l'immigration et la sécurité.
03:51Bruno Retailleau, comme le Rassemblement National,
03:53fait le lien entre les deux,
03:53mais il va falloir voir les chiffres de la sécurité,
03:55qui, à mon avis, ne sont pas en baisse.
03:57Et pour répondre à Nathan,
03:59Bruno Retailleau dit que l'immigration n'est pas une chance.
04:02Je ne pense pas qu'il faille l'interpréter comme
04:04l'immigration est une malchance.
04:06Je pense qu'il dit que ce n'est pas, par principe, une chance.
04:08Ça dépend le nombre, ça dépend la provenance,
04:11ça dépend l'assimilation.
04:12Je ne pense pas qu'il dise que c'est une malchance en tant que telle.
04:15Et, si vous voulez, je pense que Bruno Retailleau
04:18a réussi à faire la démonstration de quelque chose de très important,
04:21c'est de dire que les problèmes de l'intérieur,
04:23avec un grand I, les problèmes de mon ministère,
04:25viennent de l'extérieur.
04:26C'est pour ça qu'il s'est autant acharné sur la question de l'Algérie,
04:29sur la question de Doualem, les influenceurs.
04:31C'est pour ça qu'il a voulu tordre et empiéter sur le terrain.
04:32Et c'est pour ça qu'il communique aussi,
04:34parce que c'est aussi important.
04:35C'est un ministre de l'intérieur qui communique régulièrement.
04:37C'est un ministre de l'intérieur qui est imprégné par la parole de Charles Péguy,
04:41qui disait, il faut dire ce que l'on voit,
04:44mais ce qui est plus difficile encore, il faut voir ce que l'on voit.
04:46Bruno Retailleau voit ce qu'il voit,
04:47et dit ce qu'il voit en politique.
04:49Anna Arendt le dit aussi.
04:50La parole, c'est un acte.
04:52Ce sont deux auteurs auxquels est très attaché Bruno Retailleau.
04:55Ils considèrent réellement que la parole est un acte.
04:57Effectivement, le fait de dire que l'immigration n'est pas...
04:59Il aurait pu rajouter forcément une chance.
05:01C'est quand même quelque chose, c'est exclusif,
05:03c'est inédit dans l'histoire de France qu'un ministre de l'intérieur
05:05arrive à dire ça, en tous les cas depuis 50 ans.
05:07Nathan Devers.
05:08Oui, alors, je suis partiellement d'accord avec vous,
05:10mais pas totalement, notamment sur plusieurs points.
05:13Le premier, la comparaison entre Nicolas Sarkozy et Bruno Retailleau.
05:17La parole, et en effet la parole, elle est toujours performative,
05:20surtout quand on est un potentiel présidentiable,
05:21qu'on est ministre de l'intérieur en se disant,
05:23je vais occuper la scène médiatique et je vais agir,
05:25c'est pas que de la communication,
05:27pour me placer dans une prochaine campagne.
05:28Nicolas Sarkozy, au moment où il était à la place Beauvau,
05:32il parlait évidemment des sujets de sécurité,
05:34il parlait des sujets d'immigration,
05:36mais il proposait un discours plus large sur la France,
05:38qu'on pouvait accepter, ne pas accepter, contester, etc.
05:40Moi, ce que je note quand même,
05:42c'est que la parole de Bruno Retailleau s'est investie,
05:45s'est surinvestie, sur deux grands sujets,
05:47enfin deux sujets et demi,
05:48immigration, insécurité,
05:50et l'Algérie, mais en lien avec l'immigration
05:53et en lien avec l'insécurité.
05:54Qui sont ses prérogatives,
05:55en tant que ministre de l'intérieur.
05:56Mais si, maintenant il a deux rôles.
05:59Il a aussi le rôle de quelqu'un
06:00qui veut reconstruire une droite républicaine.
06:01Je ne suis pas sûr, je me trompe peut-être,
06:03je ne suis pas sûr que la droite républicaine
06:05doive se reconstruire exclusivement sur ces deux thèmes.
06:08Je pense que la droite républicaine
06:09a une promesse qui est beaucoup plus riche,
06:12que dans son héritage,
06:13elle porte un héritage,
06:14et même quand on est de gauche,
06:15on peut le reconnaître,
06:16qui est grand,
06:17qui a sa noblesse,
06:18qui a son importance,
06:19qu'il y a tout un tas de thèmes
06:20sur lesquels elle aurait des choses à dire,
06:21et je note que Bruno Rotaillot
06:24est assez silencieux sur ces thèmes-là.
06:26Et la question qui se pose,
06:27et qui est toujours la même en fait,
06:28c'est, est-ce que dans un contexte d'élection présidentielle,
06:32les Français ne vont pas préférer l'original à la copie ?
06:34C'est-à-dire...
06:34Quand vous disiez que Sarkozy parlait d'autres choses,
06:37vous faisiez référence à quoi ?
06:38L'économie par exemple...
06:40A énormément de choses.
06:41Évidemment l'économie,
06:42évidemment qu'il y avait aussi un discours chez lui
06:44qui était très fort,
06:45de droite sociale, entre guillemets,
06:47sur l'ascension républicaine,
06:50sur le fait de dire
06:50ce pays doit être un pays
06:51où on va insuffler la réussite,
06:53il parlait de la valeur travail,
06:54il avait tout un discours
06:55sur le rôle de la France,
06:57il avait quelque chose,
06:58et d'ailleurs c'est pour ça
06:59qu'il y avait eu tant de tensions
07:00avec le président Chirac,
07:01il allait au-delà
07:02du simple cadre de l'insécurité...
07:04Mais Bruno Rotaillot,
07:05la valeur travail est importante pour lui
07:06quand il parle de la France des honnêtes gens...
07:09La France des honnêtes gens,
07:10c'est intéressant,
07:10parce que là c'est un slogan
07:12qui fait peut-être un peu référence
07:14à la valeur travail,
07:15mais à la différence du slogan
07:18de Nicolas Sarkozy
07:19la France qui se lève tôt,
07:20évidemment connaître gens
07:21ça vise tout de suite
07:22plutôt vers la question
07:22de l'insécurité.
07:23C'est la France des gens
07:24qui ne sont pas des délinquants.
07:25C'est ça ce que ça veut dire.
07:27On peut estimer que l'époque a changé,
07:28on peut estimer que la droite a changé
07:30et que de la même manière
07:31tout à l'heure on parlait
07:32du Parti Socialiste,
07:33que le Parti Socialiste
07:33a comme centre de gravité LFI,
07:35peut-être aussi qu'aujourd'hui
07:36la matrice intellectuelle
07:37de la droite républicaine
07:38de plus en plus...
07:38La droite n'est plus du tout la même,
07:39elle est complètement changée.
07:40Elle est complètement changée
07:41et en effet,
07:43l'héritage intellectuel
07:44de la droite républicaine
07:45aujourd'hui est moins opérant.
07:47Et la matrice idéologique
07:49de cette droite-là,
07:50en fait, si on réfléchit,
07:52tous les grands concepts
07:53que prononce aujourd'hui
07:54la droite républicaine,
07:55l'ensauvagement,
07:56le lien entre délinquance
07:57et insécurité, etc.,
07:58c'est des concepts
07:59qui ne viennent pas
07:59de la droite républicaine.
08:00C'est des concepts
08:01qui ont été forgés
08:02par Éric Zemmour,
08:03par Marine Le Pen
08:05ou Jean-Marie Le Pen,
08:06par Renaud Camus,
08:07par M. Aubertone.
08:08Il y a eu Passe-Quoi,
08:10il y a eu Sarkozy,
08:11il y a eu quand même
08:12une histoire avant.
08:14Et je crois que
08:14aussi bien Nicolas Sarkozy
08:16que Jacques Chirac avant lui,
08:17enfin, on ne va pas refaire
08:17toute l'histoire
08:18de la droite en France
08:18et des droites françaises,
08:20c'était des héritages intellectuels
08:21qui étaient complexes
08:22et qui allaient parfois
08:23chercher dans la gauche
08:24des concepts
08:24qui pouvaient être réutilisés.
08:26Enfin, la fracture sociale
08:27de Jacques Chirac,
08:28ce n'était pas comparable,
08:29je crois,
08:30à ce que fait aujourd'hui
08:31Bruno Retailleau.
08:32Victor Hérault ?
08:32Je crois que là,
08:34on en demande trop
08:35à Bruno Retailleau,
08:35enfin,
08:35Nathan Devers,
08:36on demande beaucoup
08:37à Bruno Retailleau
08:37qui n'est encore
08:38que ministre de l'Intérieur,
08:39qui n'est pas candidat
08:40déclaré à l'élection présidentielle.
08:41Je pense que Bruno Retailleau,
08:42il faut savoir quelque chose sur lui,
08:43c'est quelqu'un
08:44qui sait saisir son moment,
08:47qui sait attendre
08:47le moment opportun.
08:48C'est quelqu'un
08:49qui a passé 20 ans
08:49au Sénat à l'ombre
08:51avant de voir la lumière
08:52et là,
08:53il baigne dans la lumière
08:53depuis des mois.
08:54Donc, il n'y aura pas
08:55d'empresse en souci.
08:55Il a le sens du timing.
08:57C'est quelqu'un
08:57qui a le sens du timing,
08:58qui sait que tout vient
08:59à point,
09:00à qui s'est attendre.
09:00Et lorsque Nathan dit,
09:02et je suis d'accord avec lui,
09:03on préférera toujours
09:03l'original à la copie,
09:04c'est vrai,
09:05mais d'une part,
09:06Bruno Retailleau
09:06peut ir en faire le travail
09:07d'aller chercher ce qu'il disait
09:08il y avait tant au Sénat,
09:09mais il disait grosso modo
09:10ce que dit aujourd'hui
09:10le Rassemblement National aussi.
09:12C'est pas quelqu'un
09:12qui a changé de posture.
09:14C'est quelqu'un qui,
09:15d'ailleurs,
09:15le mot qui revient le plus souvent,
09:16c'est sincère,
09:17parce que c'est vrai
09:17que c'est quelqu'un
09:17qui dit exactement
09:18ce qu'il pense
09:18depuis 20 à 30 ans.
09:20Mais la ligne de fracture
09:22avec le Rassemblement National
09:22se fera,
09:23et Nathan a raison,
09:24sur l'économie.
09:25Et c'est vrai que Bruno Retailleau
09:25ne parle pas du tout
09:26ou très peu d'économie en ce moment.
09:28Je pense qu'il attend son moment
09:29pour pouvoir charger
09:30sur la question de l'économie.
09:31Mais Bruno Retailleau
09:32est quelqu'un de libéral.
09:33En tous les cas,
09:33il va proposer des mesures libérales,
09:35on en est certain.
09:35Là où le Rassemblement National,
09:36c'est l'inverse.
09:37Sauf peut-être Jordan Bardella.
09:39Il faudra voir comment se jouerait
09:39un match Jordan Bardella-Bruno Retailleau.
09:42Mais sur la question économique,
09:43c'est vrai que Bruno Retailleau
09:44a une carte à tirer
09:44sur la carte du libéralisme.
09:46Et là, il ira plutôt
09:47sur les plates-bandes
09:48d'Edouard Philippe en l'occurrence.

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