00:00Après plusieurs semaines de concertation et de débat, la nouvelle loi sur les partis politiques a été adoptée au terme d'un processus parlementaire, puis promulguée et publiée au journal officiel.
00:11Au terme d'un compromis sur la délicate question du nombre d'adhérents requis pour créer ou maintenir une formation politique, le Parlement a finalement décidé de porter ce nombre à 10 000.
00:20Cette décision, déjà contestée par une partie de l'opposition, notamment Alain-Claude Bilébindé, qui accuse le gouvernement de caporaliser la démocratie, soulève une autre inquiétude plus profonde celle-là, celle du contrôle exercé par les autorités sur les données personnelles des citoyens à travers l'utilisation du numéro d'identification personnelle.
00:40La réforme impose désormais à tout citoyen souhaitant adhérer à un parti politique de fournir son numéro d'identification personnelle, article 20, et le dossier de légalisation du parti doit lui aussi comporter un état d'adhésion de 10 000 adhérents au minimum, mentionnant leur numéro d'identification personnelle réparti dans les neuf provinces, article 25.
01:02Ce numéro, unique et nominatif, permettrait à l'administration de vérifier si les partis respectent le quota imposé de 10 000 membres.
01:10En pratique, cela signifie que le ministre de l'Intérieur, nommé par le président de la République, lui-même chef d'un parti politique, aura accès aux listes complètes des adhérents au parti politique, ce qui revient à exposer l'orientation politique de milliers de Gabonins.
01:25Une telle centralisation de l'information, sans mécanisme de contrôle indépendant, représente un risque sérieux pour les libertés individuelles.
01:34Dans un contexte où l'administration reste fortement politisée et où les carrières peuvent dépendre de l'alignement politique, cette réforme ouvre la voie à de potentielles dérives.
01:45Les citoyens pourraient être marginalisés ou écartés de certains postes en raison de leur appartenance partisane.
01:50Le danger est d'autant plus grand que le numéro d'identification personnelle, appelé à devenir un outil de référence dans tous les aspects de la vie administrative, pourrait être utilisé à des fins de surveillance politique.
02:03Or, sur les 75 articles que compte la loi, aucune ne fait référence à des gardes fous, pourtant indispensables pour la préservation du pluralisme des idées.
02:12Pour prévenir les dérives, cette réforme aurait dû s'accompagner de garanties solides, à savoir l'anonymisation partielle des listes d'adhésion lors de leur vérification, ainsi qu'un droit d'accès et de rectification pour les citoyens.
02:26Sans ces gardes fous, la réforme pourrait involontairement consolider une logique de partie unique, dissuadant toute appartenance à une formation d'opposition de peur de représailles.