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  • 02/07/2025

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Transcription
00:00Mais d'abord, Eugénie Bastier est avec nous sur Europe 1. Bonjour Eugénie.
00:03Bonjour à tous.
00:04Vous revenez ce matin sur les émeutes de 2023, c'était il y a deux ans,
00:08et la relative indifférence qui accompagne cet anniversaire.
00:12Oui, dans la torpeur de la canicule, on en viendrait presque à oublier
00:14ce qu'il s'est passé il y a deux ans, à savoir l'embrasement spectaculaire
00:18des banlieues françaises.
00:1950 000 émeutiers, 2500 bâtiments touchés, 243 établissements scolaires
00:24pour des dommages estimés à près d'un milliard d'euros.
00:28Un an après cet événement, l'anniversaire avait été noyé par les fracas de la dissolution.
00:32Deux ans après, c'est la quête d'un budget introuvable
00:35et la chaleur qui étouffe la mémoire d'une guérilla urbaine pourtant sans précédent.
00:39C'est comme si les politiques français étaient passées à autre chose.
00:42Pas tous, cependant, parce que le maire de Nanterre, lui, a annoncé
00:46qu'une plaque allait être inaugurée en mémoire de Naël dans sa ville
00:50dont était originaire le jeune homme.
00:51On est au paroxysme de la société victimaire et de la confusion des ordres.
00:55On érige au rang de modèle un jeune homme qui certes n'a pas mérité de mourir
00:59mais qui circulait sans permis et qui avait refusé d'obtempérer.
01:03Comment mieux entretenir le ressentiment envers l'État français,
01:06la haine de la police et la déresponsabilisation de cette jeunesse de banlieue ?
01:11C'est une absurde démagogie mémorielle
01:13mais qui n'est que l'écho de la complaisante minute de silence
01:16accordée dans l'enceinte de l'Assemblée par les députés,
01:19vous vous en souvenez, il y a deux ans,
01:20soucieux de calmer à tout prix les jeunes en colère
01:23et d'acheter la paix sociale.
01:24On m'a trahi pour acheter la paix sociale.
01:26C'est aussi ce qu'a dit Florian M. cette semaine,
01:29le policier qui a tué Naël,
01:30dont Libération a publié les écrits en prison.
01:34Oui, dans ses carnets qui ont été publiés par le journal,
01:37le policier qui a dû déménager,
01:39qui a été muté loin de la région parisienne,
01:41estime que le président a choisi de le sacrifier.
01:45Il estime être en détention pour avoir voulu faire son travail.
01:49Rappelons qu'il a passé cinq mois en détention
01:51et qu'il sera mis en examen pour meurtre,
01:54ce qui choque énormément de policiers
01:55qui estiment qu'il n'a jamais voulu délibérément donner la mort.
01:58Vous avez le sentiment, Eugénie,
02:00que deux ans après, rien n'a changé ?
02:02Ce qui a changé, c'est la perception
02:04d'une dislocation française désormais indéniable.
02:07Le président de la République lui-même
02:09avait évoqué à l'époque la décivilisation à l'œuvre.
02:12Alors, il y a deux ans, j'avais fait une interview
02:14de l'ex-patron de la DGSE, Pierre Brochand,
02:17et voilà ce qu'il m'avait dit.
02:18Il m'avait dit, le pronostic vital de la France
02:21est engagé après ces émeutes.
02:23Alors aujourd'hui, la fièvre est retombée,
02:25mais le patient en France n'est toujours pas tiré d'affaires
02:27et les convulsions de fête de la musique en victoire du PSG
02:31le reprennent régulièrement.
02:32Et les solutions ne sont pas à la hauteur.
02:35Franchement, Dimitri, citez-moi une seule proposition forte
02:38qui a été prise en France suite à ces événements.
02:40Un rapport du Sénat, on avait fait toute une série,
02:42on parlait de contrôler les réseaux sociaux en cas d'émeute,
02:45d'interdire les mortiers d'artifice,
02:47d'adapter l'arsenal pénal.
02:49Sur ce dernier point, le projet de loi Attal
02:50de révision justice des mineurs
02:52s'est heurté au mur du Conseil constitutionnel.
02:55Quant au plan anti-émeute du gouvernement,
02:57qui prévoyait entre autres l'encadrement
02:59des jeunes délinquants par des militaires,
03:00des stages de responsabilité parentale,
03:03tout cela était enterré par la dissolution.
03:05La seule solution éternellement mise sur le tapis
03:07par le Président de la République, c'est l'interdiction des réseaux sociaux.
03:10Et même celle-ci semble impossible à mettre en œuvre.
03:13Quant à Bruno Retailleau, il tente, avec les moyens qu'il peut,
03:16de réguler les flux migratoires incessants
03:18qui empêchent toute solution pérenne à long terme
03:20pour ces banlieues.
03:22Alors peut-être que la solution viendra de 2027.
03:24Le verdict des urnes dira peut-être
03:26ce que le pouvoir enlisé n'a pas su trancher.
03:29Faut-il changer le pays ?
03:31Ou s'habituer à cette décomposition ?
03:33Signature Europe 1, Eugénie Bastier.
03:35Merci beaucoup, Eugénie.
03:36Dans un instant, on vous retrouve vendredi
03:40pour la dernière de la grille de la saison d'hiver.
03:44Bien qu'il fasse chaud, c'est la saison d'hiver.
03:46On appelle ça comme ça.
03:48Allez, reposez-vous bien.

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