Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • avant-hier
Depuis deux ans déjà, des engagés chinois arrivent à l’île Bourbon pour travailler. Mais, très vite, les colons se plaignent. Les Chinois aussi. Le 2 juillet 1846, on suspend l’engagisme chinois...

Musique : Fred Espel (Compère Chinois)

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Pour la Réunion, l'engagisme chinois fut, si l'on se projette sur le long terme, un mal pour un bien.
00:09La communauté chinoise a tant apporté à la Réunion.
00:12On se souvient encore, dans les hauts notamment, du carnet de crédit dans les boutiques chinois
00:17qui permettait d'avoir de quoi se nourrir en fin de mois.
00:21Par leur culture, par leur engagement, et pas engagisme, par leur fidélité aux petits cailloux,
00:26les chinois qui se sont définitivement installés à la Réunion ont largement participé à son développement.
00:32Et pourtant, ça avait plutôt mal commencé.
00:36Le 2 juillet 1846, le gouverneur Greb prend un arrêté suspendant, sauf en ce qui concerne les opérations en cours,
00:43toute nouvelle introduction d'engagés chinois sur la colonie qui en compte alors 458.
00:50Loin de l'objectif des 1000 engagés.
00:52Et pour cause, il y a comme qui dirait, l'eau dans le gaz avec les chinois.
00:56Ce même jour, 2 juillet 1846, le conseil colonial de Bourbon fait un constat, je cite.
01:04Des plaintes s'élèvent de tous côtés au sujet des chinois.
01:07Ils sont généralement mauvais travailleurs, ils peuplent les geôles et les ateliers de discipline.
01:13Fin de citation.
01:14D'où, probablement, la décision du gouverneur Greb juste après.
01:18Alors, il est où le problème ?
01:20L'engagisme des coulisses chinois est lancé fin 1843, car les propriétaires recherchent beaucoup de main-d'oeuvre pour la canne à sucre.
01:30L'année suivante, les premiers travailleurs chinois tout juste arrivés sont affectés aux travaux d'handigage de la rivière des Marsouins,
01:37aux travaux de protection de la rivière Saint-Denis, et quelques-uns à l'Asie pour faire de la sériciculture.
01:43C'est l'élevage du verre à soie.
01:46A Bourbon, on attend beaucoup des chinois, on les rêve dociles et travailleurs forcenés.
01:51Mais vu l'accueil, ils seront tout le contraire.
01:54Car si les propriétaires se plaignent des engagés chinois, ces derniers ont toutes les raisons de la jouer rebelle,
02:00vu les conditions dans lesquelles ils se retrouvent.
02:02Surtout que c'était sûrement pas ce qu'on leur avait promis au départ.
02:06Les contrats ne sont tout simplement pas respectés.
02:08Rations alimentaires limitées, violences de la part du régisseur, horaires de travail abusifs,
02:14ou encore mauvaises prises en charge en matière de santé.
02:17Le policier qui adressera une note à ce sujet au directeur de l'Intérieur
02:21va souligner la bonne volonté et le respect de leurs engagements démontrés par les Chinois.
02:29Dans le camp d'en face, après la déception, place au dénigrement.
02:33Ils travaillent lentement et ont un caractère violent, écrit un employeur de Sainte-Suzanne en 1849.
02:41On les représente comme faibles, malingres, chétifs.
02:44Mais en même temps, on les voit insubordonnés et violents.
02:50Si la première vague d'engagisme chinois s'achève prématurément en 1860,
02:55ça n'empêchera pas les propriétaires de retenter le coup au début des années 1900.
02:58Après un siècle et demi d'esclavage, les propriétaires pensaient avoir trouvé une main d'œuvre peu chère,
03:05capable de remplacer les esclaves.
03:08Mais pour les propriétaires, peu chère, c'est toujours moins bien que gratuit.
03:12Et surtout, ils s'étaient habitués à une main d'œuvre servile, enchaînée.
03:17C'est dire leur surprise lorsque les engagés chinois ont choisi la voie de la rébellion.
03:21Les colons bourbonnés auront une autre surprise de taille deux ans plus tard,
03:25avec l'avènement soudain d'une république et l'abolition définitive de l'esclavage dans les colonies françaises.

Recommandations

1:00