[podcast] Un jour à la réunion : le 24 juin 1834… l’exil à madagascar pour les perturbateurs

Le Quotidien

Regardez [podcast] Un jour à la réunion : le 24 juin 1834… l’exil à madagascar pour les perturbateurs - Le Quotidien sur Dailymotion

Transcript

00:00Pour éloigner les individus susceptibles de gravement perturber l'ordre public à Bourbon,

00:06on les envoie sur l'île Sainte-Marie, dans le nord-est de Madagascar.

00:11L'impossible bagne, comme l'a surnommé l'historien Bruno Maillard,

00:16dans un article consacré à ses hommes condamnés à la jôle,

00:19mais considéré par les autorités bourbonnaises comme encore trop dangereux.

00:24Ce sera le cas d'un nommé Roser, le 24 juin 1834.

00:31Roser est décrit comme un créole âgé de 40 ans, domestique d'une habitante de Saint-Benoît,

00:36et surtout tête pensante d'un complot.

00:42Celui de Saint-Benoît en l'occurrence, qui a donné lieu à un procès deux ans plus tôt.

00:48Quatre esclaves sont condamnés à la peine capitale, d'autres sont envoyés à Sainte-Marie, Madagascar.

00:55Roser, condamné à la peine de mort, a finalement bénéficié d'une grâce royale.

01:00C'est désormais la prison imperpétuitée qui l'attend.

01:05Mais à Bourbon, on ne veut pas de noirs sédicieux, comme on les appelle.

01:10Même en prison, ils pourraient polluer l'esprit de leurs malheureux co-religionnaires,

01:14avec des idées de révolte, voire de révolution.

01:17L'exemple récent est venu des Antilles, où en 1804, Haïti est devenue indépendante.

01:22Et même si elle paiera très cher cette indépendance,

01:25une telle révolte des Noirs, c'est la hantise absolue des colons de Bourbon.

01:29Ils savent qu'ils sont en nette infériorité numérique.

01:34Le 24 juin 1834 a en arrêté, c'est le destin de Roser, l'insoumis de Saint-Benoît.

01:40Tout comme celui de Zéphyr, accusé d'avoir voulu empoisonner son maître.

01:43Tous les deux partent au bagne, situé sur l'îlot Madame,

01:47une terre de seulement 5 km², près de la côte ouest de l'île Sainte-Marie.

01:52Les conditions y sont... rustiques n'est pas vraiment le mot.

01:56Inhumaines plutôt.

01:58Envoyés de force sur cet îlot pas vraiment accueillant,

02:00les hommes se retrouvent au début dans une cabane de fortune.

02:03Mais à force de vider les geôles bourbonnaises d'éléments sédicieux

02:06et de condamnés de droits communs, on finit par construire un bâtiment en dur.

02:10Mais le principe reste le même.

02:11Et tient en deux mots, exiguïté et insalubrité.

02:16Quant au repas, ils sont réduits à leur portion la plus congrue.

02:20Le tout baignant dans la corruption la plus totale,

02:23toujours au détriment des détenus.

02:28Ceci dit, on ne cherche pas à les faire mourir, les détenus.

02:31Surtout pas.

02:32Nombre d'entre eux sont attendus par leur maître à Bourbon

02:34afin de retourner travailler dans les champs de canne à sucre.

02:37Bourbon fait en effet toujours face à un cruel manque de main d'oeuvre.

02:42Les colons propriétaires seront donc rigoureux sur la date de retour de leur noir.

02:46Nombreux ont encore le statut juridique de biens meubles lorsqu'arrive l'abolition.

02:53Face à la perte de leur investissement, la colère gronde chez les maîtres

02:58quand ils ne voient pas revenir leurs esclaves.

03:00En même temps, les autorités s'inquiètent car elles estiment que les esclaves condamnés

03:04ne sont pas traités à Madagascar, faute d'en avoir les moyens,

03:07avec toute la sévérité que mérite leur position.

03:10Le régime carcéral encourage les vices et la paresse des détenus,

03:15dira un conseiller colonial de Bourbon,

03:17quand un autre décrira le bagne comme un lieu d'oisiveté et de divertissement.

03:24Conséquence.

03:25Premièrement, le conseil colonial va baisser d'année en année

03:28sa contribution essentielle au bon fonctionnement du bagne.

03:30Secondement, on a peur, à Bourbon, que la fonction dissuasive du bagne n'opère plus.

03:37Autant éviter de rapatrier les anciens bagnards,

03:40ils pourraient donner des idées aux autres esclaves.

03:44L'envoi des Noirs dangereux de Lille-Bourbon prend fin en 1848,

03:49écrit l'historien Bruno Maillard.

03:51Lors de l'abolition, se posera la question du devenir de ces hommes désormais libres

03:54en tant qu'anciens esclaves.

03:56D'autant que ces hommes, partis en exil sur décision administrative de l'Ancien Régime,

04:00sont toujours considérés comme dangereux.

04:03Doit-on les rapatrier à la Réunion ?

04:06Lourd dilemne.

Catégorie

Transcription

Écris le tout premier commentaire

Recommandations