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  • il y a 3 mois
Israël-Iran : alors que le régime des Mollahs joue sa survie, quels sont les craintes et espoirs des Iraniens ? Mahyar Monshipour, champion du monde de boxe, né en Iran, a acquis la nationalité française en 2001. Il est l'invité d'Amandine Bégot.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot du 18 juin 2025.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:02Avec Amandine Bégaud et Thomas Soto
00:05Il est 8h et 4h, l'interview d'Amandine Bégaud qui nous emmène en Iran,
00:08pays dont votre invité est originaire même s'il n'a pas pu y remettre les pieds depuis des années.
00:12Il a aussi porté très haut nos couleurs puisqu'il a été champion du monde de boxe et Maillard Monchipour.
00:16Bonjour et bienvenue à vous.
00:18Bonjour.
00:18Bonjour et merci beaucoup d'être là ce matin.
00:20Vous êtes arrivé en France en 1986 à l'âge de 11 ans.
00:24Mais une grande partie de votre famille vit toujours en Iran.
00:27Est-ce que vous avez de leurs nouvelles ?
00:28Pas vraiment.
00:30On est dans une dictature.
00:33Même si des outils comme WhatsApp sont protégés, ils ont peur.
00:38Ils ne m'en répondent pas tout simplement.
00:40J'ai beaucoup de contacts en Iran en ce moment avec des jeunes notamment sportifs.
00:46C'est les jeunes qui m'en répondent.
00:47Ma famille, ils ont peur.
00:48Et j'ai déjà vu, en fait, ils effacent même mon historique d'appel.
00:53Ils ont peur.
00:53Mais ça veut dire que quoi ?
00:55Peur de quoi ?
00:56On fouille leur téléphone ?
00:58Ils ont peur, oui.
00:59Dans la rue, on peut les arrêter.
01:00Vous savez, à l'aéroport, on fouille tout.
01:03Dans la rue, ils ont peur.
01:04Voilà.
01:04C'est vraiment...
01:06Vous savez, je n'arrête pas de le dire.
01:07Quand on parlait d'état dictateur, il y a quelques temps, quand il y avait des manifestations avec des violences dans la rue et que la police devait faire son maintien de l'ordre, on disait oui.
01:18Mais les Français ne savent pas ce que c'est une dictature.
01:20Une dictature, c'est quand on regarde dans votre portable.
01:23C'est quand on regarde comment vous êtes avec votre femme ou votre homme dans le lit conjugal.
01:27C'est ça une dictature.
01:28C'est surveiller tous les pans de la vie.
01:31C'est le cas en Iran.
01:32Donc concrètement, vous n'avez aucune nouvelle de vos proches ?
01:35Non, pas des proches.
01:36Les seules nouvelles que vous avez aujourd'hui d'Iran, ce sont des nouvelles de jeunes sportifs avec qui vous êtes en contact.
01:42Qu'est-ce qu'ils vous disent ?
01:44Je vais vous étonner.
01:46Nos concitoyens ici ne comprennent pas.
01:49Je crois qu'ils ne comprennent pas.
01:51Des partis politiques, votre ancien invité, j'ai eu un accrochage avec lui dans les coulisses.
01:56Ils attisent le feu, oui.
01:57Ils attisent le feu.
02:00Dans l'ensemble, dans l'ensemble.
02:02Je ne veux pas parler au nom des Iraniens.
02:04Je parle dans l'ensemble des Iraniens.
02:05Ils sont contents.
02:06On espère que ça va au bout.
02:08Ils espèrent que ça va au bout.
02:10Sans l'attaque israélienne, jamais ces criminels de Mollor,
02:15qui, grâce à une religion arriériste-esclavagiste, ont mis sous esclavage un peuple.
02:21Jamais ils ne seraient partis.
02:22Mais ils sont contents, Maïar Monchipour.
02:24Il y a quand même ces frappes.
02:25Il y a des victimes, au moins 224 morts, d'après les autorités iraniennes.
02:30Que des civils.
02:30Que des civils.
02:31Que des civils.
02:32Alors, je vous explique une chose.
02:35Mais je le sais.
02:36J'ai eu une amie qui m'a même insultée.
02:39Qui m'a dit, vous ne vous rendez pas compte qu'on est sous les bombes.
02:42On a peur.
02:42Mais regardez, quand j'habite, je suis un dignitaire des pastoral, des gardiens de la Révolution au 4ème étage.
02:49On cible le 4ème étage.
02:51Vous avez vu les images, c'est très bien ciblé.
02:53Oui, je veux bien, le 3ème étage est un peu touché.
02:55Parfois même, il y a des blessés, voire morts.
02:57Mais vous croyez que vous et moi, on peut habiter au 3ème étage dans cet établissement ?
03:01Ce ne sont que des gens du régime qui sont là.
03:04Ne vous inquiétez pas, monsieur, tout le monde n'est pas touché et un peu touché.
03:07On les voit fuir.
03:09Tous ceux qui habitent Téhéran, tous ceux qui pouvaient en tout cas,
03:12ont quitté Téhéran.
03:13Parce que Téhéran, c'est 10 millions de personnes.
03:15Oui, mais il y a quand même plein de gens qui ne peuvent pas.
03:17Bien sûr, bien sûr.
03:18Mais regardez, regardez.
03:19Mais ils sont inquiets, pas de soucis.
03:21Mais regardez, dans l'ensemble, les Iraniens remercient les frappes.
03:25Dans l'ensemble, je ne parle pas au nom des Iraniens de tous.
03:27Dans l'ensemble, ils remercient Israël d'avoir frappé
03:30et peut-être de nous débarrasser des mollas.
03:33Quelque chose, encore une fois, que vous ne maîtrisez pas.
03:36Vous savez ce qu'ont dit les Iraniens ?
03:37On est sous occupation depuis 79, depuis 46 ans.
03:40On est sous occupation.
03:41Les mollas, l'islam, les islamistes, ce n'est pas l'Iran.
03:44L'Iran, c'est autre chose.
03:46Mais malheureusement, je sais très bien que ce n'est pas maîtrisé chez nous ici.
03:51Et est-ce que ce n'est pas aux Iraniens de décider tout simplement de la chute du régime ?
03:55Emmanuel Macron disait hier, vouloir changer le régime iranien par la force,
03:58ce serait une erreur stratégique.
04:00La plus grande des erreurs aujourd'hui, c'est de chercher par la voie militaire
04:03à faire changer ce régime, parce que là, ce serait le chaos.
04:06Monsieur le Président, vous avez été élu démocratiquement par un peuple.
04:12Vous avez été nommé par votre parti comme candidat.
04:14Et l'ensemble des citoyens français âgés de plus de 18 ans, majeurs, vous ont élu.
04:20Ce n'est pas le cas en Iran.
04:21Que ce soit d'un maire, d'un gouverneur évidemment, d'un représentant à l'Assemblée nationale
04:29et au Président de la République, il y a 100 000 filtres avant d'être candidat.
04:33Il n'y a aucune démocratie dans ce pays-là.
04:36Ils ne peuvent pas, ils n'ont rien.
04:37Ils avaient besoin d'une aide extérieure qui est arrivée.
04:41Je ne sais pas jusqu'où ça ira.
04:42Vous savez maintenant, c'est assez simple.
04:44On l'espère tous, on l'espère tous que Khamenei soit tué avant de pouvoir,
04:48parce qu'il va partir probablement.
04:50Il est à Machad, au nord-est de l'Iran, il va probablement partir en Russie.
04:54On espère qu'il soit tué, on ne veut pas qu'il soit mort.
04:56Et en fait, la clé de l'histoire, c'est quoi ?
04:58C'est les Sepa et Pasteran, les gardiens de la Révolution.
05:01Il y aura deux cas.
05:02Soit coup d'État, ça va probablement être le cas, ils vont prendre le pouvoir.
05:05Ils ont déjà le pouvoir, mais pas réellement, parce que c'est le clergé qu'il a.
05:08Ils vont prendre le pouvoir ou ils vont déposer les armes, comme en 79.
05:12Vous savez, vous oubliez, les gens oublient tout.
05:14En 79, quand il y a eu la Révolution, des tirs, il y en a eu très peu.
05:21Il l'a laissé tomber, il est parti, il n'a pas voulu tuer sa population,
05:24puisqu'il était amoureux de son pays.
05:26Mais qu'est-ce que vous dites à tous ceux qui disent,
05:28on a vu ce que ça donnait par le passé,
05:30quand on renverse par la force militaire un régime autoritaire qui tombe ?
05:37On a vu ça avec la Libye, on a vu ça avec l'Irak.
05:39C'est souvent encore pire après.
05:40L'Irak, c'est un désert avec quelques oasis.
05:44La Libye est tenue par un parti politique.
05:47La Libye, c'est une mosaïque d'ethnies racialo-religieuses qui se côtoient.
05:54Et Kadhafi, il unifiait le pays.
05:57Il unifiait le pays.
05:59L'Iran n'est pas le même.
06:00L'Iran est une mosaïque d'ethnies, mais ultra-nationalistes.
06:04Ils ont donné entre 350 et 500 000 morts pour défendre le pays.
06:08Ce n'est pas le cas de la France en 39-45, rappelez-vous.
06:11Ultra-nationalistes, ils aiment leur pays, ils ne voudront pas qu'ils se divisent.
06:15Et il y a, alors moi je ne suis pas du tout,
06:18il y a quelques figures tutélaires dont l'Esa, le fils du chien,
06:22mais il n'y a pas que lui.
06:23Il y a quelques figures tutélaires qui sauront rassembler les gens autour d'eux.
06:25Maïar Monchipour, vous dites, je remercie Israël.
06:29Je ne suis pas le seul, on est nombreux.
06:31Vous pensez vraiment que tous les Iraniens remercient Israël ?
06:33Parce qu'il y a une différence quand même entre vouloir la fin du régime des Mola et remercier Israël.
06:38Alors, je ne représente pas l'Iran,
06:41et même, comme on dit, qui se ressemble s'ensemble, et mes amis non plus.
06:46Mais tous les échos qu'on a, c'est des faits.
06:50Moi hier j'ai eu des gens au téléphone,
06:52il y avait un mariage, des petits jeunes, comme la ville religieuse où tout est décidé,
06:58c'est Vatican, ils étaient en train de pique-niquer,
07:01ils attendaient la chute du régime.
07:03Beaucoup de personnes attendent la chute du régime.
07:07Il y a la peur, il y a la peur, il y a cette ombre,
07:10il y a les huit ans de guerre, ils ont peur d'une guerre qui dure.
07:13Mais beaucoup, quand je dis beaucoup, la majorité des gens,
07:16la grande majorité attend la chute du régime.
07:18Aujourd'hui, vous, ce régime, il vous empêche de retourner en Iran ?
07:21Oui, mais ce n'est pas grave, oui, oui, si je veux, on m'arrête.
07:23Mais vous savez pourquoi ?
07:24Mais pourquoi ?
07:25C'est simple, c'est simple.
07:26Dans l'islam, le corps de la femme est un enjeu politique.
07:30Dans l'islam, le corps de la femme est un enjeu politique.
07:33Parce qu'il y a six ans, j'ai organisé un combat féminin,
07:37la première fois, Sadaf Radem, la première fois,
07:39et toujours la seule fois où une Iranienne est montée sur un ring
07:42pour effectuer un combat de boxe.
07:44C'est moi qui l'ai organisé, ça a été mondialement relayé.
07:46J'ai mis en danger un régime.
07:48Et oui, ça va vous paraître étrange, mais je vous redis,
07:51les simples cheveux, vos bras nus, ici, sont un danger dans l'islam.
07:55L'islamisme ?
07:56Non, dans l'islam.
07:57C'est l'erreur que vous faites tous les journalistes,
08:00il n'y a qu'un seul islam.
08:01Dans l'islam, lisez le Coran,
08:04la femme doit se cacher au regard de ceux qui ne sont pas mahram.
08:09Que voulez-vous faire ?
08:10Que voulez-vous faire ?
08:11Et donc, moi, nous, les Iraniens, on l'a goûté,
08:15on ne parle pas d'islamisme, on parle de l'islam.
08:17Dans l'islam, le Coran de la femme est un enjeu politique.
08:19Aujourd'hui, si je vais en Iran,
08:21hormis là, aujourd'hui, je me fais arrêter à l'aéroport
08:23parce que j'ai permis à une jeune fille de vivre son rêve.
08:26Merci beaucoup, Maïa Mouchi,
08:27pour d'être venue prendre la parole ce matin sur RTL.
08:30Merci beaucoup, Maïa Mouchi.

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