00:00Bonjour Antoine Parmentier, vous êtes membre de l'association Strasbourg-Respire, spécialiste des questions de mobilité.
00:07Alors d'abord, est-ce que ça fait une grande différence 110 ou 90 km heure sur l'autoroute ?
00:12Alors, si on parle en termes de pollution, puisque c'est le sujet du jour, oui, ça fait une différence.
00:18On va rajouter que ça fait une différence en pollution atmosphérique, en pollution sonore et en accidentéologie.
00:24Alors, on ne parle pas de la pollution émise par les pots d'échappement, cette fois c'est bien les particules fines émises par les freins et les pneus, surtout.
00:32Quelle est l'ampleur de cette pollution en Alsace ?
00:33Alors, je me permets de vous corriger, les pots d'échappement émettent aussi des particules fines, ils émettent aussi des dioxydes d'azote.
00:41Donc les pots d'échappement émettent deux types de pollution, les pneus et les freins en émettent un, qui sont effectivement les particules fines.
00:47De plus, les voitures, par leur circulation, remettent ces particules dans l'air, dans l'atmosphère.
00:55Donc c'est double pollution par les pneus dans ce cas-là.
00:57L'Alsace est particulièrement affectée par tous ces types de pollution.
01:00Régions denses, énormément de trafic, voisins allemands et suisses, eux aussi avec une forte industrie, beaucoup de densité de population.
01:07Et ces particules fines, elles posent des problèmes surtout pour la santé ?
01:11Bien sûr, on parle dans ce cas-là de pollution locale, à l'inverse du CO2 qui lui relève du dérèglement climatique.
01:16C'est encore une autre question, même si corrélée.
01:19Et depuis que la proposition a été faite, les automobilistes sont assez mécontents.
01:23Par exemple, David, qui ne pense pas que ce soit la priorité.
01:26C'est complètement débile.
01:27Sur autoroute, déjà à 110, c'est pas assez.
01:30Alors à 90, vous vous rendez compte les bouchons pour réduire la pollution.
01:33Il y a des avions, il y a des paquebots, il y a des fusées.
01:36Alors la question qu'on se pose, c'est est-ce que cette mesure a déjà fait ses preuves ailleurs ?
01:41Alors les fusées, ça ne pollue pas tellement à Mulhouse.
01:43Là, effectivement, il y a une question de pollution locale, pollution globale, qui sont différentes, même si on comprend tout à fait.
01:52Oui, ça a fait ses preuves.
01:53On peut prendre l'exemple du périphérique parisien, par exemple,
01:56où les cinq premiers mois montrent quand même une baisse d'environ 12% de la baisse de la pollution en dioxyde d'azote,
02:04pas loin de 10% en particules fines, sur le passage de 70 à 50.
02:08Sachant que de 110 à 90, il est probable que la baisse soit plus marquée.
02:12Et donc, l'autre inquiétude des automobilistes, c'est de perdre du temps en roulant moins vite.
02:17Mais ce ne sera pas forcément le cas, selon Yves Kupfer, le vice-président de l'agglomération de Mulhouse en charge des mobilités.
02:23De 110 à 90, ça peut paraître beaucoup, mais enfin, on ne perd pas beaucoup de temps.
02:28Au contraire, peut-être que ça va peut-être plus réguler la circulation.
02:31Alors, est-ce qu'on en gagne ou est-ce qu'on en perd du temps avec cette limitation de vitesse à baisser ?
02:36Alors, si on résonne à l'échelle d'une vie, il est probable qu'on en gagne,
02:39puisque ça améliorera l'espérance de vie avec la baisse des maladies.
02:43Sur le problème plus pragmatique du court terme, il est très peu probable qu'on en gagne.
02:49Cela dit, là encore, je prends l'exemple parisien qui est tout récent.
02:53En journée, la vitesse moyenne à Paris est passée de 37 km heure à 35.
02:57Ça ne fait pas une différence énorme.
02:59La nuit, par contre, elle est passée de 60 à 50.
03:02Donc, il y a peut-être aussi des moments où la circulation est fluide,
03:05où il n'y a pas beaucoup de pollution,
03:06où on pourrait envisager que la vitesse reste un peu plus élevée,
03:09alors qu'à d'autres moments, quand le trafic est très dense en particulier,
03:13une baisse de la vitesse maximum n'engendre pas de perte de temps.
03:16Antoine Parmentier, membre de l'association Strasbourg Respire,
03:20spécialiste des questions de mobilité, invité ici à Alsace en ce lundi matin.
03:24On évoque donc cette proposition de l'agglot de Mulhouse
03:27de baisser la limitation de vitesse sur certaines portions de la 35 et la 36,
03:33de 110 à 90 km heure.
03:35Qu'est-ce que vous en pensez, vous ?
03:36Est-ce que c'est une bonne chose, selon vous ?
03:370,3, 88, 25, 15, 15.
03:40Et souvent, quand les municipalités veulent prendre des mesures
03:42pour réduire la pollution de l'air,
03:43elles optent pour des zones à faible émission.
03:45Les fameuses ZFE, comme celles de l'euro-métropole de Strasbourg,
03:48là, abaisser la vitesse, c'est une méthode différente.
03:50Est-ce que, pour vous, c'est une meilleure idée que la ZFE ?
03:54Les deux sont complémentaires.
03:56L'avantage de la baisse de la vitesse est qu'elle affecte
03:58tous les automobilistes de façon indifférenciée.
04:01Donc, il n'y a pas de question sociale ou sociétale
04:04aussi forte que sur la ZFE.
04:07Par contre, en termes à la fois de particules fines et de dioxyde d'azote,
04:11les véhicules anciens, les véhicules diesel,
04:14sont nettement plus émetteurs.
04:16Donc, l'efficacité sera comparativement moindre.
04:19Donc, si on parle des leviers plus en général,
04:22lesquels sont les plus efficaces pour diminuer la pollution de l'air ?
04:24L'agglomération de Mulhouse veut aussi, par exemple,
04:27développer les parkings relais ou les transports en commun.
04:30Est-ce que tout ça, ça va dans le bon sens ?
04:32La baisse de l'usage de la voiture est clairement la meilleure solution
04:36pour diminuer la pollution issue du trafic.
04:39Mais pour ça, il faut bien évidemment fournir des alternatives aux gens.
04:42Les parkings relais, les transports en commun que vous évoquez.
04:44Et ne pas oublier que, malheureusement, beaucoup de gens restent contraints
04:48par l'usage de la voiture.
04:50Et à Mulhouse, il y a aussi ces nouveaux bus, Soléa,
04:53qui sont équipés de filtres pour capter les particules fines,
04:55dont on parle depuis le début.
04:57Est-ce qu'on pourrait imaginer installer ça sur des voitures aussi ?
05:00Alors, c'est le cap dans le cas des dioxydes d'azote
05:05avec les fameux Zadblue et tous les problèmes de fiabilité qu'ils posent.
05:09C'est très difficile sur les voitures.
05:10Des prototypes existent au niveau des pneus,
05:13mais sont à ce stade très peu efficients.
05:15Il est malheureusement plus simple de changer de véhicule
05:18pour un véhicule de type critère 1 ou électrique,
05:20qui sont nettement moins émetteurs de ce type de pollution.
05:23Et vous l'avez évoqué en début d'interview,
05:25l'intérêt, ce n'est pas seulement de réduire la vitesse
05:28pour fluidifier le trafic et réduire la pollution de l'air,
05:31ça pourrait aussi réduire la pollution sonore.
05:33Est-ce que c'est si important que ça ?
05:35C'est extrêmement important.
05:36Les études sont difficiles parce que la pollution sonore
05:39est un tueur indirect.
05:41On ne meurt pas du bruit, mais on meurt du stress induit.
05:44Là encore, je reprends l'exemple à Paris,
05:46moins 2,6 décibels.
05:48C'est énorme, c'est quasiment une diminution par 2
05:50du bruit ressenti.
05:51Or, de 110 à 90, la diminution serait plus importante.
05:55Là, par contre, ça dépend bien évidemment
05:56de la proximité immédiate avec des habitations
05:59ou des zones de vie.
06:01Merci beaucoup Antoine Parmentier.
06:03Je rappelle que vous êtes membre de l'association
06:05Respire Strasbourg, spécialisée dans les questions de mobilité.