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00:00C'est l'histoire d'une rencontre improbable.
00:05D'un côté, un père de famille et ses enfants.
00:09De l'autre, un voyageur et son chien.
00:11De lui, ils ne savent presque rien.
00:14Bonjour.
00:14Salut.
00:15Olivier.
00:16David.
00:17Salut.
00:17Salut.
00:21Salut.
00:23Ah, le fameux chien.
00:25Salut.
00:26Il se voit pour la première fois.
00:28Ça va ? C'est bien passé ?
00:30Oui, ça a été.
00:32Un dernier nid au froid ?
00:35Très gelé.
00:36Ouais.
00:37Hier encore, David dormait dans la rue.
00:39Bon.
00:41Aujourd'hui, il vient s'installer chez Olivier et sa famille.
00:45Une famille qui a décidé d'héberger chez elle ce sans-abri.
00:48Pour qu'il ne passe pas l'hiver dehors.
00:51Moi, je ne te connais pas, tu ne me connais pas.
00:54On va faire connaissance.
00:55On est là pour apprendre à ce m'aider.
00:57Et voilà, quoi.
00:59Ben, je me dis que moi, ça pourrait peut-être m'arriver.
01:01Et trouver quelqu'un qui tend la main, ben...
01:04Ça peut être une bonne chose, quoi.
01:07Ça me fait bizarre.
01:08Ça me fait drôle.
01:10Mais il faut juste le temps d'une adaptation et de m'habituer.
01:13Mais je me dis que vous ne serez pas là.
01:19Je serai encore dans la rue.
01:24Loger un SDF à la maison, voici la main que tentent de plus en plus de Français.
01:29Comment se sont-ils rencontrés ?
01:33Il y a un étage.
01:37Pourquoi les familles ouvrent-elles leurs portes ?
01:40Le petit chalet, c'est bon.
01:41Oui, c'est sûr.
01:42Grâce à cette aide, les SDF ont-ils une chance de se réinsérer ?
01:47Nous avons suivi 3 familles, 3 histoires d'entraide de citoyens, avec les plus démunis.
01:59Comment accorder sa confiance du jour au lendemain à un homme qui vit dans la rue depuis 14 ans ?
02:04Les premiers mots de Marie et la femme d'Olivier, une question.
02:07Tu n'as pas d'enfant ? Tu n'as jamais été marié ? Rien ?
02:11Non, j'étais déjà avec des copines, mais ça n'a jamais duré.
02:15Et par rapport à quoi ton métier ?
02:17Non, par rapport à ma situation précaire.
02:25Visiblement, David n'a pas très envie de se livrer.
02:28Mais la famille fait tout pour le mettre à l'aise.
02:32Tiens, je vais te faire voir un peu comment est la maison.
02:35Là, la salle de bain, avec une douche italienne.
02:40Donc là, la chambre à Wendy.
02:42Wendy.
02:44D'emblée, la famille reçoit cet inconnu comme un ami.
02:48Alors là, c'est la cave.
02:50Bon, si le midi, tu veux manger quelque chose, le congèle, il est plein,
02:54et le placard en bas, c'est plein, et dans le frigo, tu...
02:57Soit on ouvre les porcs, soit on ne l'ouvre pas, quoi.
03:02Ça ne peut pas être...
03:03Il n'y a pas de demi-mesure, en vrai.
03:04Ouais, voilà, ouais.
03:06Ça vous touche, ça, David ?
03:07C'est un soulagement et une peur aussi en même temps,
03:12mais ça, c'est normal, mais de petit à petit, ça va aller mieux, quoi.
03:18C'est parce que c'est juste le temps de la transition, quoi.
03:22Mais sinon, oui, c'est drôlement mieux que la rue, oui.
03:24Attention, attention, attention.
03:34Est-ce que vous ressentez, là, au moment de passer à table ?
03:37C'est émouvant ?
03:39C'est émouvant, je sais pas, mais ça va changer des pâtes à emporter, des kebabs dans la rue, quoi.
03:49Marie est manutentionnaire et Olivier, chauffeur routier.
03:53Ils ont des revenus modestes.
03:54À leur table, David est un invité, à qui l'on a réservé un repas du dimanche.
04:00Coquille Saint-Jacques, endive au gratin, un menu qui ne lui convient pas.
04:05Merci.
04:10Non, parce que j'aime pas les choux, les endives et la choucroute.
04:13Ça tombe mal, mais apparemment, c'est moins amer.
04:17Donc, je l'ai goûté et je m'enlève.
04:23Et alors ?
04:24C'est pas bon, c'est dégueulasse.
04:28Mais il en faut plus pour décourager la petite famille.
04:33Pour faire plaisir à David, Loïc, le fils aîné, retourne au fourneau cuisiné des surgelés.
04:41Donc là, ça change.
04:43Ça va mieux, là ?
04:49Plein d'huile.
04:50Oh, et puis à mon avis, ça va le faire.
04:56On dit dans la rue, tu meurs de ça.
04:58Ben là, je crois que je peux pas m'en garder.
05:01Nous, on habite à la campagne.
05:03Les maisons, les trois quarts du temps, elles sont grandes.
05:05Et il y a toujours une chambre ou deux de libre, quoi.
05:08Parce qu'il y a des gens qui arrivent en retraite, qui ont plus d'enfants à la maison.
05:11Donc, ils pourraient faire ça.
05:13À cuire des gens.
05:14Et multiplié par le nombre de...
05:17Il y a 65 millions d'habitants en France.
05:21Et on pourrait régler ce problème, quoi.
05:23Parce que maintenant, si on attend que l'État le fasse, ça sera jamais, quoi.
05:27Le problème, c'est que depuis longtemps, les gens, ils ont compris tout ce qu'on se dire.
05:33Ils l'ont tous compris.
05:35Mais ils ont peur de le faire.
05:36Ou alors, ils ont honte de le faire.
05:39La première image de David, la famille l'a découverte sur Internet.
05:43C'est un artiste de rue, des tours de magie.
05:48C'est comme ceux-là qu'ils se sont rencontrés.
05:52C'est cette vidéo qui les a convaincus.
05:55On y voit David faire des tours de magie.
05:57Leur premier contact a eu lieu il y a un mois, grâce à un nouveau réseau d'entraide, le 115 du Particulier.
06:06Créé par un ancien SDF, ce site met en relation d'un côté des familles qui proposent un hébergement,
06:12de l'autre des personnes qui cherchent un toit.
06:14Marie et Olivier y ont déposé une annonce et laissé leurs coordonnées.
06:30David les a contactés.
06:31Ils lui ont parlé au téléphone plusieurs fois, avant de l'inviter chez eux.
06:35Sinon, on a dit oui tout de suite, c'est parce qu'au niveau du téléphone, déjà, ça passait.
06:39Et puis, Skype ?
06:40Il y a, ouais, il y a ça, et puis, je sais pas, on le...
06:43Enfin, moi, je sais pas, j'ai une certaine intuition, si ça passe, ça passe, ça passe pas, ça passe pas.
06:48Le ton est déterminé, tout autant que cette mise en garde.
06:51Bah, de toute façon, moi, je suis franc, quoi.
06:53Ouais, on est très franc.
06:54C'est-à-dire que si ça va pas, on arrête, quoi.
06:59Ouais, ça va.
07:00Alors, si ça va, ça va, quoi.
07:02Il y aura des moments où je vois peut-être un peu de blouse.
07:04C'est bourdon, ouais.
07:05Parce qu'il y a le passé qui rattrape un peu.
07:07Et il faut que je fasse un peu le ménage là-dedans, quoi.
07:12Mais c'est des choses qui vont pas durer, quoi, je veux dire.
07:16La détresse de David a aussi ému Marie.
07:19Peut-être pas par hasard.
07:20Je te dis, franchement, nous, on a un lourd passé.
07:25Moi, je suis divorcée depuis 2008.
07:30Je partageais ma vie depuis 20 ans avec un homme qui me frappait.
07:34En permanence, qui m'a baissée en permanence.
07:37Voilà.
07:37Donc, je me suis barrée avec mes gamins.
07:41J'aurais pu me retrouver aussi à la rue, dans ton cas.
07:43C'est ce qui s'est passé au début avec ma mère.
07:46Un beau père violent flic.
07:48Et puis, moi, quand je rentrais, c'était toujours ma mère sur le carrelage qui faisait dans ta chambre, David.
07:53À présent, les enfants de Marie sont grands et n'habitent plus avec elle.
07:58Loïc et Wendy sont les enfants d'Olivier.
08:00Une famille recomposée, habituée aux cohabitations compliquées.
08:05Comme ils n'ont pas assez de chambres, c'est au milieu de leur salon qu'ils ont décidé d'installer David.
08:11Ne reste plus qu'à aller chercher un matelas dans le garage.
08:15En fait, voilà.
08:17Ils me remettent dehors avec un matelas.
08:19C'est ça que j'ai gagné.
08:20Voilà.
08:23Un lit après des années de bitume.
08:26Faut que tu valses.
08:28Valses, valses, valses.
08:30Radiateur.
08:34C'est sur la tête.
08:36Ouh !
08:37Pousse-toi à tous.
08:41Un portable.
08:42Comfortable.
08:44J'ai pas la petite.
08:45Clique.
08:47Mais euh...
08:48Ouais, j'ai pas la petite.
08:52Mais euh...
08:54Chicken.
08:55Vas-y, t'as un lit.
08:56Ça ira mieux quand je dormirai.
09:00David n'est là que depuis quelques heures et il a déjà gagné la confiance de la famille.
09:07Les parents lui ont demandé d'aider Wendy, 10 ans, à faire ses devoirs.
09:11Et visiblement, entre le SDF et la petite, le courant passe.
09:18En blanc.
09:20Ici, il faut mettre le...
09:22Ah oui.
09:28Vous imaginez les choses comme ça ?
09:30C'est bien.
09:33Ça prouve qu'il a l'air de se sentir bien, quoi.
09:36Voilà.
09:36Ouais, c'est...
09:39C'est ce que je recherchais, quoi.
09:43David n'a jamais eu d'emploi stable.
09:46Il a quitté l'école à l'âge de 16 ans.
09:48Et a suivi une formation dans une école de cirque.
09:57Ils lui tendent la main, mais en retour, ils ont des attentes.
10:01Qu'il anime la maison, qu'il s'implique.
10:04Des demandes qu'ils n'ont pas formulées clairement.
10:05Après 14 ans dans la rue, le soir venu, pour David, la vie d'avant semble ne pas s'effacer.
10:16Est-ce qu'il y a des habitudes de la rue qui subsistent un peu au moment d'aller se coucher ?
10:20Ouais, d'enlever les habits.
10:24Je préférais partir directement au lit avec les habits, parce que j'avais l'habitude de dormir avec les habits, quoi.
10:32Je dors pas de la même façon.
10:33J'évite même les anglais, mais bon, je vais l'enlever.
10:39Ça va paraître bizarre, ce que je vais dire, mais ça fait du bien.
10:45Tu te dis, c'est cool, t'as un lit, t'as un matelas, etc.
10:50Le truc bizarre qui va arriver, c'est que, en fait, c'est pas que la rue me manque, mais les habitudes de la rue me manquent.
11:02C'est tellement des habitudes qui me permettent d'être à l'aise, que là, je me sens mieux pour dormir, mais je suis pas à l'aise.
11:08De plus en plus de familles hébergent chez elles des sans-abris.
11:13Ah, c'est bon.
11:14Mais la démarche n'est pas sans ambiguïté ni sans abus.
11:21La générosité de certains n'est pas toujours désintéressée.
11:25Notre enquête nous emmène près du Havre, chez Sylvie et Polo, deux ouvriers à la retraite.
11:30Ils ont déjà logé plusieurs sans-abris, six personnes en un an.
11:33Comment ça se passe, la cohabitation avec des personnes comme ça ?
11:38Bah, c'est pas toujours évident, mais bon, faut qu'on y mette du ciel, quoi.
11:43Si tout le monde met la main à la porte, c'est parfait, hein.
11:46Il faut que tout le monde mette la main à la porte.
11:48Mais sinon, autrement, ça va faire très bien.
11:50François, 51 ans, est arrivé ici il y a trois jours, dans l'urgence.
11:55Il vient d'être expulsé de son logement.
11:58Il a contacté Polo sur le site du 115 du Particulier.
12:01Bon, ça, ça va être à manger rapidement.
12:02Donc, ça, c'est pour le site parmentier.
12:07Chez Polo et Sylvie, l'accueil est rustique.
12:09Et il ne s'en cache pas.
12:10En échange du toit, il y a une contrepartie.
12:12C'est quoi les règles, un petit peu ?
12:14Il doit y avoir des règles pour que ça se passe bien, non ?
12:17Les règles alimentaires, c'est tout le monde met la main à la porte,
12:20tout le monde mange, tout le monde travaille.
12:22François, tu prends pas ça pour une agression, quand même,
12:24quand je te dis tout le monde mange, tout le monde travaille.
12:26C'est des trucs de la vieille école.
12:28Faut participer, c'est tout, ça s'arrête là.
12:30C'est pas une colonie de vacances, ici.
12:33C'est logique ou pas ?
12:35Non, tout à fait.
12:37Bon, le petit salé, c'est bon ?
12:39Oui, c'est délicieux.
12:41Se plier aux règles, au principe de cette famille qui l'accueille,
12:45sans avoir son mot à dire.
12:47Lui qui a tout perdu depuis 2 ans.
12:49Donc ça, c'est moi quand j'étais en mon activité professionnelle.
12:59J'avais une villa, une famille, 3 filles formidables.
13:02Un travail qui me plaisait en tant que gérant de société.
13:07Donc la vie se passait très bien.
13:11Mes filles, ça s'est super bien passé.
13:14Et puis du jour au lendemain, le flash, quoi.
13:18Un divorce difficile à subir.
13:20Et puis, voilà, quoi.
13:23C'est très blessant.
13:25Parce qu'on avait une vie, je dis, normale.
13:30C'est-à-dire, partie de la société, normale.
13:33Et puis du jour au lendemain, on se trouve exclus de partout.
13:36Quand on tape à toutes les portes, tout se ferme.
13:37Un exclu sur lequel le regard des autres a changé.
13:42Quand Polo s'adresse à lui,
13:44c'est pour lui demander d'entretenir le jardin,
13:46d'engager des travaux dans la maison.
13:49La tâche de François ce matin-là,
13:51c'est de dégager ce débarras qui lui sert de chambre.
13:55Vous pensez que vous allez pouvoir faire un petit chez-vous ici ?
13:58Ah ben, ça va être nickel, peinture propre partout.
14:00Ça sera pour manger par terre.
14:02Accepter de se retrousser les manches pour dormir au chaud,
14:09lui, l'ancien gérant,
14:10doit désormais accepter les ordres d'un autre.
14:13Il lui faut ranger des années de vieillerie
14:15accumulées par le couple.
14:17Et Polo ne le quitte pas des yeux.
14:20Alors, Polo, il fait son petit nid chez vous ?
14:23Ça me fait le coquille.
14:25Je profite que j'ai un arbre.
14:28Tu profites quoi ?
14:30Une réflexion à caractère raciste
14:35que François ne comprend pas.
14:37Mais quand il lui demande de répéter,
14:39Polo préfère passer à autre chose.
14:41A l'évidence, ce qu'attend Polo,
14:43c'est tout simplement que François remette
14:44toute sa maison en ordre.
14:47Et puis, c'est celle-là qu'on est en train d'aménager.
14:51Qui me sert de débarras aussi.
14:52Est-ce que là, vous seriez prêt
14:54à accueillir encore quelqu'un, alors ?
14:57Éventuellement, il n'y a pas...
14:59dans la mesure du possible.
15:02Un toit en échange d'un travail,
15:04une hospitalité plus qu'ambiguë.
15:07Nous retrouverons François dans quelques jours.
15:12À Châtillon-sur-Indre,
15:14chez Marie et Olivier,
15:15David prend ses marques.
15:16Quel statut pour l'ancien SDF dans la maison ?
15:21Invité, ami,
15:22il est aussi devenu la nounou de la famille.
15:27Tous les matins, il réveille la petite Wendy,
15:30lui prépare son petit déjeuner
15:31pendant que Marie est au travail.
15:34Olivier, lui, cherche des missions de routier
15:36sur Internet.
15:38La place accordée à cet inconnu
15:39n'est-elle pas trop grande ?
15:41Il y a des gens qui doivent se dire
15:45« Ouais, quand même,
15:47accueillir quelqu'un comme ça
15:48chez toi, chez soi,
15:50on ne connaît pas.
15:53Mais en réfléchissant bien,
15:56une maman célibataire
15:58qui rencontre quelqu'un,
16:00pour qui elle a un coup de foudre,
16:03elle va l'accueillir chez elle.
16:06Elle ne le connaît pas plus. »
16:08David s'occupe de Wendy
16:09et Olivier accomplit les tâches ménagères.
16:13Les deux hommes donnent l'impression
16:14d'avoir presque inversé les rôles.
16:17« Wendy, tu prends ton cartable
16:18et tes gants, s'il te plaît ? »
16:20C'est lui aussi qui l'accompagne à l'école.
16:23« Je suis prête ! »
16:25« Je suis prête ! »
16:27Loin de sa vie de SDF,
16:29David découvre la vie de famille.
16:31Se lever tôt le matin,
16:33respecter les horaires,
16:34donner un coup de main.
16:35Des règles qui n'ont pas été énoncées,
16:39mais qu'il respecte depuis son arrivée.
16:41« Au revoir, Wendy ! »
16:44« À ce soir ! »
16:47« Au revoir ! »
16:49« C'est agréable, là, pour vous ?
16:50Vous aimez faire ça ? »
16:53« Oui, ça me change un peu mon quotidien
16:56et puis ça me fait rappeler des choses
16:59que j'avais faites il y a très longtemps. »
17:01« On va rentrer, prends-y ! »
17:03Dans cette relation entre David et Olivier,
17:06les préjugés sont parfois mis à mal.
17:09Ce matin, c'est le SDF qui instruit le père de famille.
17:12« Je mets toute la journée à la maison,
17:15je n'arrive pas à faire tourner le truc.
17:17S'il était dans la rue,
17:19il sert Internet mieux que moi.
17:20Tu passais ta journée dans les cybercafés ? »
17:23« Oui. »
17:24« Mais ça veut l'ordinateur avant. »
17:26« Je ne regrette pas, vraiment, je ne regrette pas du tout. »
17:30« Parce que par rapport à ce qu'il a enduré,
17:34il s'est adapté, mais... »
17:39« C'est comme si c'était quelqu'un de la famille qui vient, en fait. »
17:45Une semaine de cohabitation seulement.
17:48Et Olivier veut déjà en faire son associé
17:50dans un projet qui lui tient à cœur.
17:52Devenir gérant de camping.
17:57Ce matin, il emmène David sur le terrain
17:59qu'il envisage d'acheter.
18:01Un rêve dans lequel il tient à l'impliquer.
18:04« J'ai toujours dans l'idée de le mettre en place.
18:07En plus, l'avantage avec David,
18:09c'est qu'au niveau informatique,
18:12il est calé, très calé.
18:15Donc moi, c'est un peu le...
18:17où ça pêchait dans mon projet.
18:19Maintenant, David, il peut participer.
18:22Ça serait super, quoi. »
18:24Pas d'enthousiasme et même peu de mots.
18:27David, lui, ne confie rien de ses projets.
18:31Nous reviendrons dans quelques jours en Indre-et-Loire.
18:34« Peut-on changer l'avis de ceux que l'on aide ?
18:37La main tendue est-elle toujours acceptée ? »
18:41À l'abri des regards,
18:42une tente au fond d'un bois,
18:44près de la ville de Bourges.
18:46Elle abrite deux jeunes SDF
18:47et leurs chiens.
18:52Nicolas, surnommé Pompon, 33 ans,
18:54et sa petite amie, Alexandria, 21 ans,
18:57vivent ici depuis un an.
18:59La nuit a été dure,
19:01la température a frôlé les zéros degrés.
19:04« Comment ça se passe, la nuit, ici ? »
19:07« Ça caille ! »
19:09« Ça caille ! »
19:11« J'allais dire, ça caille ! »
19:14« C'est l'horreur.
19:16Cette nuit, c'était horrible. »
19:18Alexandria est enceinte de 5 mois.
19:21Elle pourrait trouver une place
19:22dans un foyer d'urgence,
19:23mais elle refuse de se séparer de son homme.
19:26Elle préfère supporter cette précarité extrême.
19:28« Ta grossesse, ça va ? Cette nuit, t'as pas eu de... »
19:31« Ça va. Lui, il est au chaud.
19:36Il dort bien, il mange bien. »
19:38« Vas-y ! »
19:39Les deux jeunes ont pris un mauvais départ dans la vie.
19:42Alexandria est orpheline.
19:44Elle s'est retrouvée à la rue à 19 ans seulement.
19:47Nicolas Pompon, lui, a multiplié les petits boulots,
19:50mais n'a jamais eu de logement durable.
19:52Tous les deux touchent le RSA.
19:55Environ 700 euros pour le couple.
19:57Pour survivre, ils font la mange
19:59dans les rues commerçantes de Bourges.
20:01Apparemment, l'oralure ne fait pas peur
20:03aux habitants du quartier.
20:07« Ça va, Laurent ? »
20:08Parmi eux, Laurent et sa fille de 8 ans.
20:10« Je me lève pour te faire la bide. »
20:12« Bah ouais, tous les midis. »
20:14« Tu vas bien ? »
20:15« Ouais, je... »
20:16« Ça va, tu as rien ? »
20:18« Non, non, ne te laisse pas. »
20:19« Ça va, ça va ? »
20:21« Ma fille finit l'école à 11h30
20:25et c'est un peu une tradition.
20:26Voilà, aller voir Nico et Alexandria
20:29et ses chiens,
20:31dans la mesure où ils ont un rapport
20:33extrêmement presque familial,
20:35il faut bien le dire, depuis bien longtemps. »
20:37Il a déjà tenté de les sortir de la rue,
20:39mais les deux jeunes y retournent toujours.
20:43Laurent et sa famille habitent
20:45à une centaine de mètres de là.
20:48Lui est professeur de philosophie.
20:49Sa femme Cécile enseigne le français au lycée.
20:54Le couple anime une émission de radio
20:56qui donne la parole aux plus démunis
20:58et dialogue avec eux.
20:59« C'est vrai qu'on a souvent l'habitude
21:01de discuter avec les gens
21:04auxquels des fois on donne une pièce,
21:07on donne une clope.
21:09C'est vrai qu'on s'arrête pour discuter.
21:12On ne va pas donner de l'argent comme ça
21:13sans s'intéresser aux gens.
21:15Et donc, on a commencé à discuter
21:17avec Nicolas. »
21:20Alexandria et Pompon
21:21dînent une fois par semaine chez eux.
21:24Ce soir, ils sont attendus.
21:26Surtout par la petite Saskia
21:28qui guette leur arrivée.
21:33« Bonsoir ! »
21:36« Salut ! »
21:38« Ça va ? »
21:39« Ça va. »
21:40Malgré leur grande précarité,
21:42les deux jeunes ne viennent jamais
21:43les mains vides.
21:45« Tiens, Laurent.
21:46Je vous apportais une bonne du lait. »
21:48« La salle, elle a l'air venu,
21:50il faut l'isoler. »
21:52Entre les deux femmes,
21:53la complicité est forte.
21:55Alexandria montre
21:56sa dernière échographie à Cécile.
21:58« Ah, ça me rappelle,
22:00j'ai les mêmes derrière. »
22:01« Tu les avais vues ? »
22:02« Oui, oui, tu me les avais faites
22:03la première fois. »
22:04« Comment vous avez réagi
22:05quand vous avez appris les nouvelles ? »
22:10« C'est vrai que je ne m'y attendais pas,
22:12mais j'ai vu que Pompon était content,
22:14donc et Alexandria aussi. »
22:17« La première réflexion après ça
22:18que j'ai eue,
22:19c'est qu'on n'a pas un enfant
22:20dans la rue. »
22:20« Ah non, ça c'est clair. »
22:22Savoir qu'Alexandria dort dehors
22:23inquiète le couple.
22:26Il voudrait lui offrir un toit.
22:28Dans les combles,
22:29ils ont une chambre vide.
22:31Le confort est sommaire,
22:32mais il y fait chaud.
22:34Pourtant,
22:35les deux jeunes refusent
22:36de s'y installer.
22:38« J'évite au maximum
22:39de m'imposer chez les gens.
22:41C'est l'impression
22:42de s'imposer surtout.
22:44Ma fierté,
22:45c'est d'abord
22:47d'essayer de me démerder
22:49tout seul
22:49avant de demander
22:52d'appeler au secours.
22:53« C'est pas trop dur,
22:58de repartir comme ça
22:59à ce temps-là,
23:00sachant que... »
23:02« C'est pas facile,
23:03mais bon.
23:05C'est leur vie aussi.
23:06Ils ont...
23:06Ils veulent pas...
23:10S'incruster,
23:12qu'ils disent. »
23:14Laurent et sa femme
23:16ont compris
23:16qu'ils ne réussiront pas
23:17à les héberger
23:18chez eux.
23:19Mais ils pensent
23:20à une autre solution
23:21pour leur trouver
23:22vers un toit.
23:24Illégale,
23:24cette fois-ci.
23:28Nous retrouvons François,
23:29le sans-abri
23:30qui résidait
23:31chez les 2 retraités
23:32du Havre.
23:33À plus de 350 km de là,
23:36à la gare de Cholet,
23:37dans le Maine-et-Loire,
23:39il est parti
23:39de chez ses prétendus
23:40bienfaiteurs.
23:41« Ça commençait
23:42à devenir un petit peu
23:43pénible à supporter.
23:46Donc lui,
23:47il y avait quand même
23:47des réactions
23:49très violentes.
23:51Et surtout,
23:52il cherchait quelqu'un,
23:54un petit peu,
23:54un genre d'esclave
23:55pour lui retaper
23:56sa maison.
23:57Après,
23:58s'il y a des gens
23:59qui accèdent,
24:01tant mieux pour lui.
24:02Mais bon,
24:02c'est pas le cas pour moi.
24:04Dans la nuit,
24:04j'ai préparé mes affaires
24:05et le lendemain matin,
24:08j'ai profité
24:09de l'absence
24:11de Polo
24:12qui est parti
24:13faire des courses
24:15pour m'en faire.
24:16Donc,
24:17j'ai un peu
24:18la peur aux ventes,
24:18donc je suis parti. »
24:21François préfère
24:21repartir dans la rue
24:22plutôt que d'être
24:24hébergé
24:24chez un autre particulier.
24:27Quant à Polo
24:28et Sylvie,
24:29nous sommes retournés
24:29les voir
24:30pour les interroger
24:31sur leur expérience
24:32avec François.
24:33Ils n'ont l'air
24:34ni surpris
24:34ni culpabilisés
24:36de son départ précipité.
24:37« Est-ce qu'il a eu peur ?
24:39Je sais pas,
24:39je pense pas quand même.
24:40Mais les parties
24:42sont dit au revoir
24:43sans rien,
24:43comme ça.
24:45C'est pour la première fois
24:46que ça arrive.
24:46comme ça. »
24:49Polo nous montre
24:49le travail
24:50qu'a fait François.
24:52Il a abattu
24:53ce mur dans la cuisine
24:54et il a aussi
24:57commencé la rénovation
24:58de cette chambre.
25:00Pour finir le chantier,
25:01Polo a déjà
25:02tout prévu.
25:02« Ça, ça va être
25:05du boulot
25:06pour le petit gars
25:09qui arrive là.
25:10Ça va lui occuper
25:11l'idée. »
25:13Le petit gars,
25:13c'est un autre sans-abri
25:15qui doit arriver
25:15le soir même.
25:17Il ignore
25:17qu'il va devoir
25:18travailler très dur
25:19pour gagner son toit.
25:21Polo l'a recruté
25:22via le 115
25:22du particulier.
25:24Le site
25:24se contente
25:25de mettre en contact
25:26sans contrôle.
25:27A Bourges,
25:31Laurent a donné
25:32rendez-vous
25:32sur un parking
25:33à Pompon
25:34et Alexandria,
25:35les deux jeunes SDF
25:36qui dorment dans les bois.
25:39Avec un élu
25:40écologiste de la ville,
25:42ils ont repéré
25:43un logement vide,
25:44parfait pour accueillir
25:45les deux jeunes
25:45et leur bébé
25:46à venir.
25:47Quand on a
25:49un jeune couple
25:50avec une jeune femme
25:54enceinte
25:54avec cette température-là,
25:57il y a des réponses
25:57à trouver.
25:58Alors,
25:58qu'elles soient
25:59légales,
26:01on peut chercher,
26:02il y a des institutions,
26:04mais des fois,
26:04elles sont illégales.
26:06Et la place
26:07d'un élu,
26:07c'est aussi,
26:09c'est pas uniquement
26:09derrière un bureau
26:10ou dans une assemblée,
26:12c'est aussi
26:12aller au charbon.
26:13Laurent et l'élu
26:14accompagnent le couple
26:16pour prendre possession
26:16des lieux,
26:17un logement social
26:18en cours de rénovation
26:19inoccupé depuis
26:21un an et demi.
26:23C'est la première fois
26:24que Laurent entreprend
26:25une action illégale.
26:28L'humanité,
26:29on justifie pleinement
26:31cet acte
26:31et qui, pour moi,
26:32ne relève pas du tout
26:33de la délinquance
26:35que de l'acte citoyen.
26:37Un acte citoyen,
26:39mais Laurent préfère
26:39tout de même
26:40laisser pompon
26:41forcer la serrure.
26:42Hum hum.
26:46Le logement
26:52est un 4 pièces
26:53en très bon état
26:54et surprise,
26:56il est habitable
26:56immédiatement.
26:57et il y a même
27:11le chauffage.
27:12Ici, là c'est l'eau
27:14et là c'est le chauffage.
27:15En tant que futur
27:16père de famille,
27:17vous ressentez quoi
27:17d'être ici ?
27:19Au moins,
27:20ça me dit que
27:21je galère
27:22pour trouver quelque chose
27:23pour mettre ma femme
27:24et ma fille
27:24à l'abri
27:25et que je vois
27:27des logements
27:28comme ça
27:28qui sont abandonnés,
27:30pratiquement
27:31en très bon état
27:32et qu'ils ne sont pas
27:35foutus
27:35de nous en donner
27:36un quand on en cherche
27:37un alors que
27:39on va avoir un enfant,
27:41on est considéré
27:42comme personne prioritaire
27:43normalement.
27:45Ce sera comme
27:45un petit chinois.
27:47Depuis notre tournage,
27:49Pompon et Alexandria
27:50ont quitté leur squat.
27:52La préfecture
27:53leur a attribué
27:53un logement social
27:54en toute légalité
27:56cette fois.
27:56...
27:57...