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Tissée de répressions et de désastres militaires, mais aussi de victoires décisives, l'histoire de l'Armée rouge épouse celle de l’URSS. Michaël Prazan en restitue les grandes étapes dans cette fresque dense pour déconstruire un mythe insubmersible. Armée de libération ou armée d’oppression ?
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DiversãoTranscrição
00:0026 décembre 2016 la russie est en deuil l'avion qui transportait les coeurs de
00:14l'armée rouge s'est abîmée en mer 64 d'entre eux sont morts dans l'accident
00:21l'orchestre vocal qui reprend depuis plus de 80 ans les standards du répertoire révolutionnaire
00:32était l'un des derniers témoignages vivant de la grande guerre patriotique le combat mené
00:39par l'armée rouge contre le nazisme au prix de 10 millions de morts
00:42et
01:12Sous-titrage MFP.
01:4222 juin 1941, le plan Barbarossa, l'invasion de l'URSS, programmée en secret par Hitler, est déclenchée.
01:583,5 millions de soldats de la Wehrmacht déferlent en Union soviétique.
02:04Comme en témoigne le bulletin d'information diffusé ce jour-là par Radio Moscou, la surprise est totale.
02:09Sous-titrage MFP.
02:391, 2, encore 1, 2.
02:48L'état-major est pris de court.
02:54Le général Timoshenko, tétanisé, n'ose pas réveiller Staline.
02:59Il se défausse sur son second, le général Zhukov.
03:04A l'autre bout du fil, Staline se contente de dire, convoque le politbureau au Kremlin.
03:15Face au péril, Staline n'a qu'une réponse, la répression.
03:20Il fait arrêter et fusiller les hauts gradés qui n'ont pas pu stopper l'offensive allemande.
03:24Pour mieux cadrer les troupes, Staline adjoint à chaque unité des commissaires du NKVD, la police politique.
03:39Officiellement, il s'agit de relever le moral des soldats.
03:42En réalité, le NKVD signalera le moindre écart et purgera les rangs de toute forme de trahison et de défaitisme.
03:57Ces mesures exceptionnelles, l'URSS en a déjà fait l'expérience au cours de sa brève histoire.
04:09Pendant la guerre civile, qui éclate après la révolution bolchevique.
04:13Au mois de novembre 1918, quand débute la guerre civile, Lénine nomme Léon Trotsky au commissariat à la guerre.
04:37Il n'a aucune compétence militaire, mais c'est un organisateur hors pair.
04:43Sa mission est un tour de force.
04:46Vaincre les armées du tsar, en même temps que la coalition internationale, qui s'est liguée contre le jeune état communiste.
04:57Trotsky doit constituer une armée dans l'urgence.
05:03L'armée rouge des ouvriers et des paysans devait être une armée de volontaires, un peuple en armes, sans grade ni haut commandement.
05:13Ces officiers auraient dû être élus démocratiquement.
05:19Mais en deux mois, seuls 150 000 hommes se sont présentés au bureau de recrutement.
05:26C'est insuffisant.
05:27Trotsky comprend que les idéaux de la révolution ne peuvent pas s'appliquer dans ces circonstances.
05:42La mobilisation générale et obligatoire est décrétée.
05:46Les conscrits n'ont pas l'expérience du feu.
05:55Qui pour les former et les diriger ?
05:58Trotsky décide d'intégrer d'anciens officiers tsaristes, rompus à l'encadrement des troupes.
06:06Ils se heurtent au désaccord de Staline, qui n'est encore qu'un commissaire au peuple.
06:10Pour lui, confier la sécurité du régime aux ennemis de la révolution est une aberration.
06:23Un compromis sera trouvé.
06:27Des commissaires politiques, à la fois agents de contrôle, instructeurs et délégués du personnel,
06:33seront désignés pour surveiller les officiers tsaristes.
06:36« On ne peut pas dresser une armée sans répression », écrit Trotsky.
06:43« On ne peut pas mener à la mort des masses d'hommes,
06:46si le commandement ne dispose pas dans son arsenal de la peine de mort. »
06:53Malgré cet encadrement strict, les soldats, affamés et sous-équipés,
07:06désertent par centaines de milliers.
07:11En 1920, deux ans après sa création, l'armée rouge revendique 3 millions de soldats.
07:18En réalité, elle n'en compte pas plus de 700 000.
07:21Sur le terrain, les exactions collectives plongent la population dans l'horreur.
07:34À la terreur blanche de l'armée tsariste, répond celle des Rouges.
07:40Village incendié ou rasé.
07:43Exécution sommaire.
07:45Viole systématique.
07:46Les femmes les plus jeunes sont raflées et enrôlées comme esclaves sexuels.
07:57Des brigades de réquisition sont créées pour fournir des vivres aux soldats.
08:04Elles font main basse sur les céréales,
08:07provoquant des révoltes paysannes.
08:08En octobre 1920,
08:20à 300 kilomètres au sud de Moscou,
08:22une insurrection éclate à Tambov.
08:26La brigade de réquisition y a été lynchée par la population.
08:29Pour mater la révolte,
08:37Lénine fait appel à un ancien officier tsariste,
08:41Mikhail Tukhachevsky.
08:44Ce jeune militaire a fait ses preuves en écrasant une mutinerie de marins
08:48dans le port de Kronstadt.
08:50Tukhachevsky,
08:58qui a reçu les pleins pouvoirs de Lénine,
09:01mène une répression sanglante à Tambov.
09:05L'armée rouge ne fait pas seulement la guerre contre une armée adverse,
09:08mais contre la population locale.
09:13Tukhachevsky émet des ordres d'une impitoyable sévérité.
09:17Ordre du jour numéro 171.
09:20Fusillé sur place, sans jugement,
09:24tout citoyen qui refuse de donner son nom.
09:28Fusillé sur place, sans jugement,
09:31l'aîné des familles de bandits.
09:35L'officier soviétique fait larguer des obus chargés de gaz toxiques sur les paysans.
09:44Les familles récalcitrantes sont expédiées en Sibérie.
09:50D'autres sont internés dans les camps de concentration gérés par l'armée rouge.
09:55En 1922, la re-soviétisation de Tambov est achevée.
10:03La guerre civile aussi.
10:10Pour une génération de soldats et d'officiers, elle fut un baptême du feu.
10:14La guerre civile a transformé le pays en un camp militaire, dira Joukov.
10:21Il a ainsi été possible de concentrer l'ensemble de l'économie nationale sur les objectifs militaires.
10:29Mais ce pays militarisé est plus que défaillant lorsque l'Allemagne envahit l'URSS en 1941.
10:35Au premier jour de l'invasion,
10:43les Allemands qui progressent sur trois fronts ont enfoncé toutes les lignes soviétiques.
10:47Dans l'armée rouge, la désorganisation règne à tous les niveaux.
11:04Les liaisons sont coupées, rien n'a été anticipé.
11:16Sous-titrage Société Radio-Canada
11:30C'est parti.
12:00Boris Vassiliev, un engagé volontaire de 17 ans, se retrouve perdu au milieu des combats.
12:14Ce matin-là, nous avons été réveillés par un vacarme assourdissant.
12:21Ça tirait de tous les côtés.
12:24Nous nous sommes dirigés en courant vers la forêt où se trouvait notre régiment.
12:27Seuls quatre d'entre nous ont pu y arriver sains et saufs.
12:32La première semaine, un soldat soviétique meurt toutes les deux secondes.
12:49200 000 sont tués au combat.
12:52Plus de 100 000 sont faits prisonniers.
12:54Le 26 juin 1941, Minsk, la capitale de Biélorussie, tombe aux mains des Allemands.
13:16Chaque jour, la Wehrmacht gagne du terrain.
13:29À Moscou, Staline confie à Molotov son bras droit.
13:35Lénine nous a laissé un grand héritage.
13:37Et nous, ses successeurs, nous avons tout foutu en l'air.
13:45Mieux que personne, Staline sait que l'armée rouge n'est plus que l'ombre d'elle-même.
13:51Et pour cause.
13:53Quelques années auparavant, il l'a réduite à néant.
13:56En 1936, l'ancien officier tsariste qui a pacifié Tambov, Tukhachevsky, surnommé le Petit Napoléon, est devenu commissaire adjoint à la défense.
14:16Vénéré par ses soldats, il a fait de l'armée rouge l'une des meilleures armées au monde.
14:21Mais en dénonçant la menace que représente Hitler, Tukhachevsky contrecarre les plans de Staline, qui veut privilégier un accord de paix avec l'Allemagne.
14:37Staline décide de le faire taire.
14:40Pour cela, il devra aussi se débarrasser des hommes du maréchal.
14:44Le 11 juin 1937, avec huit autres commandants de premier plan, Tukhachevsky est arrêté et condamné à mort.
14:59Ils sont exécutés la nuit même.
15:01C'est le coup d'envoi de la purge contre les militaires.
15:09Quatre des cinq maréchaux de l'armée rouge, 14 de ses 16 généraux, ainsi que 11 commissaires politiques, suivent Tukhachevsky dans la tombe.
15:19Même les cœurs de l'armée rouge, créés en 1928 pour le dixième anniversaire de la Révolution, sont décimés.
15:34Au total, 75 000 des 80 000 officiers de l'armée soviétique auraient disparu dans ces purges qui se poursuivent jusqu'au mois de mars 1939.
15:43Pour remplacer les hauts gradés engloutis dans les purges de la grande terreur, près d'un millier de jeunes officiers sont promus généraux en 1940.
16:01Parmi eux, Joukov, que son origine modeste a sans doute épargné, ou Cognèv, qui a réussi à dissimuler les biens immobiliers de sa famille.
16:22C'est de cette classe 1940 qu'émergeront la majorité des chefs du haut commandement en poste, en 1941.
16:31Alors que la Wehrmacht déferle sur le territoire soviétique, les officiers sont encore tétanisés par les effets de la purge.
16:49Nous nous souvenions tous de 1937, dira Joukov.
16:53Les plus expérimentés font profil bas, se gardant de toute initiative.
17:02Les généraux maintiennent le flou sur la débâcle, dissimulant à Staline les retraites et les défaites.
17:10Ils savent qu'au moindre faux pas, c'est le peloton d'exécution qui les attend.
17:13Et ils n'ont pas besoin de perdre des batailles pour cela.
17:19Il suffit qu'ils oublient d'envoyer un de leurs rapports bicotidien.
17:213 juillet 1941.
17:30Deux semaines après le début du conflit, Staline s'adresse aux soviétiques dans un discours radiodiffusé.
17:38C'est la première fois depuis le début de l'invasion allemande.
17:40C'est la première fois.
18:10Pour compenser les pertes, Staline déclare la mobilisation générale.
18:30Les soviétiques en âge de combattre, se ruent au bureau de recrutement, tout sexe confondu.
18:40Elena Koudina était l'une d'entre eux.
18:45Staline s'est adressée à nous en nous appelant frères et sœurs.
18:49Et soudain, tout le monde a oublié ses ressentiments.
18:53Nous avions un oncle prisonnier dans un camp du goulag.
18:56Mais maman a dit, défendons d'abord la patrie.
19:00Le reste peut attendre.
19:01Dans un pays qui proclame l'égalité de ses citoyens,
19:12entre 500 000 et 1 million de femmes seront envoyées au fond.
19:17Elles sont infirmières, cuisinières, opératrices, mécaniciennes,
19:23mais aussi tankistes et fusillés marins.
19:26Quand elles intègrent l'armée, les jeunes femmes comme Maria Morozova
19:33pénètrent un univers fait par et pour les hommes.
19:39Dès qu'il nous a vus, le commandant s'est mis en colère.
19:43Voilà qu'on me colle des filles sur le dos.
19:46Qu'est-ce que c'est que ce corps de balai ?
19:48C'est la guerre ici, pas une soirée dansante.
19:50Nous nous sommes sentis insultés.
19:55Pour qui nous prenaient-ils ?
19:57Nous étions venus pour faire la guerre.
20:15Automne 1941.
20:17L'armée rouge est en retraite sur tous les fronts.
20:20Staline est le premier responsable de ses défaites militaires.
20:31Il n'a cessé de lancer des contre-offensives en position de faiblesse,
20:35perturbant le travail de ses généraux,
20:38les remplaçant constamment dans son obsession de débusquer les traîtres.
20:46La pénurie se fait sentir partout.
20:50Dans ses mémoires,
20:54Zhukov écrit
20:55Aussi incroyable que ça puisse paraître,
21:00on devait qu'émander les munitions.
21:02L'ordre était de consommer deux cartouches maximum par jour,
21:06alors que nous étions en plein combat.
21:07Oh !
21:38Pour les soldats soviétiques, la situation semble sans issue.
21:47Ils se rendent en masse à l'envahisseur.
22:09Fin septembre 1941, plus de 2 millions ont été faits prisonniers.
22:14Les soldats de l'armée rouge sont détenus dans des conditions épouvantables et affamés jusqu'à la mort.
22:41Le soldat Igor Trapitsin se souvient.
22:53Ce que j'ai vu au camp était horrible.
22:57Il y avait des bagarres à mort pour arracher à un type le pain qu'il triturait dans sa bouche.
23:02Les allemands nous disaient que nous n'avions encore que 3 mois à vivre, mais nous avons commencé à mourir beaucoup plus tôt.
23:10A partir de la mi-juillet 1941, l'ASS pénètre dans les camps pour sélectionner les éléments indésirables.
23:24Juifs, communistes, intellectuels sont systématiquement exécutés.
23:30Mi-octobre 1941, les allemands sont à 200 kilomètres de Moscou.
23:49Le métro ne circule plus.
23:52La ville retient son souffle.
23:53Les institutions, à l'instar du corps diplomatique, sont évacuées à la frontière du Kazakhstan.
24:05Pour tromper l'aviation ennemie, le théâtre du Bolshoï et le Kremlin sont recouverts de grandes bâches imprimées d'immeubles d'habitation.
24:14L'arrivée précoce de l'hiver offre un répit aux soviétiques.
24:32Staline en profite pour marquer les esprits.
24:36Le 7 novembre 1941, il organise un grand défilé pour l'anniversaire de la révolution.
24:44Sous-titrage Société Radio-Canada
25:14Un sentiment oublié, le patriotisme, ravive l'espoir des soviétiques.
25:22Mon cœur était à la fête, se rappelle Grigory Pomeranz, un étudiant en philosophie.
25:29Il frappait à grands coups, il sentait la pulsation des autres cœurs.
25:36J'ai complètement cessé de penser et la volonté collective l'a emporté.
25:45Le 15 novembre 1941, la Wehrmacht n'est plus qu'à 20 km du Kremlin.
26:00Mais le gel vient fixer les positions allemandes.
26:08La nuit, la température tombe à moins 30 degrés.
26:12L'huile des moteurs s'est transformée en glace.
26:17La Luftwaffe ne peut plus faire décoller ses avions.
26:21Leur ravitaillement est de plus en plus rare.
26:25La Wehrmacht manque de carburant et de gants.
26:28Le 1er décembre 1941, Zhukov téléphone à Staline.
26:37L'ennemi est épuisé, lui dit-il.
26:42Trois jours plus tard, il lance sa contre-offensive.
26:47Son armée fait pâle figure.
26:50Des fantassins.
26:51De l'artillerie.
26:52Une poignée de blindés.
27:10Pour compenser la faiblesse de ses troupes,
27:14Zhukov s'en remet à la stratégie militaire.
27:16Nous avons pris les allemands en tenaille autour de la capitale, écrit-il.
27:23Nous répéterons la manœuvre à Stalingrad
27:26et les allemands donneront de nouveau dans le panneau.
27:33La stratégie de Zhukov met les allemands en déroute.
27:36Pour la première fois,
27:43l'armée rouge découvre les exactions commises par les nazis.
27:49Les soldats soviétiques exécutés sommairement,
27:53les forêts de pendus qu'ils ont laissées derrière eux,
27:56entraînent une justice expéditive.
27:58Les traîtres,
28:09ces soviétiques passés à l'ennemi,
28:12sont jugés sur place par l'armée rouge avant d'être fusillés.
28:15«Brit !»
28:24«Fascistские полчища пытались захватить столицу.
28:33Не вышло!
28:35Под сокрушительными ударами доблестных воинов Красной Армии
28:39Joukov, le sauveur de Moscou, devient du jour au lendemain un héros national.
29:04La victoire soviétique entraîne un regain de la propagande.
29:10Le cinéma et les actualités permettent de souder les soviétiques derrière leur armée.
29:30Les comédies amusent le public en se moquant de l'ennemi.
29:39Les films de guerre exaltent le courage des soldats.
30:00Boris Vassiliev, estropié par l'explosion d'une mine, n'en croit pas ses yeux.
30:09Dans les films de guerre, on voit les soldats qui foncent à l'attaque en criant « Pour la patrie, pour Staline ! »
30:21En fait, ce que j'entendais surtout au front, c'était « Enculé de ta mère ! »
30:29Le lien entre le front et le front et le front, c'était « Enculé de ta mère, pour la patrie, pour la patrie, pour la patrie, pour la patrie, pour la patrie, pour la patrie, pour la patrie. »
30:42Le lien entre le front et l'arrière se résume aux lettres que s'échangent les soldats et leurs familles.
31:0345 500 wagons, chargés de la correspondance des soldats, sillonnent chaque jour l'URSS.
31:14Le courrier est une question centrale et un enjeu de la propagande.
31:19Dans l'unité de Danil Altschitz, c'est l'officier politique que ces hommes surnomment « Papa Shnitov » qui écrit aux parents.
31:33Les recrues y sont toujours exemplaires, leurs combats héroïques.
31:38Quand les soldats viennent lui demander des explications, il répond « Pour chaque mère, son fils doit être le meilleur des soldats. »
31:49Quant aux lettres envoyées par leur famille, elles sont soumises à la censure du NKVD,
31:56qui caviarde avec soin les difficultés de la vie à l'arrière, les pénuries, les réfugiés qui dorment à même le sol,
32:04le décès d'un cousin ou d'un voisin.
32:06Le 6 janvier 1942, profitant de sa victoire à Moscou,
32:34Staline tente une audacieuse manœuvre militaire.
32:41Il aligne 5 millions de soldats,
32:44avant de lancer 10 contre-offensives sur la longueur du front.
32:53Tout se solde par un échec.
32:55Dans le même temps, les conditions de vie des soldats ne cessent de se dégrader.
33:16Leur ravitaillement privilégie les livraisons de vodka, au détriment des vivres.
33:26Épuisés par les combats et le froid glacial de l'hiver,
33:30les soldats sont la proie des poux, des maladies et de la malnutrition.
33:34Certains en sont réduits à manger de la chair humaine,
33:42comme s'en souvient Daniel Altschitz.
33:47Dans notre armée, la sous-alimentation était si dramatique qu'il y a eu des cas de cannibalisme.
33:54Même dans notre division.
33:55A l'hiver 1942, il faisait moins 41 degrés.
34:02Un soldat a trouvé un cadavre, l'a emporté dans une cave et l'a mangé.
34:07Il a été fusillé devant ses camarades.
34:15Les soldats savent que s'ils sont faits prisonniers,
34:18ils seront accusés de traîtrise.
34:21A leur libération, ils seront exécutés ou envoyés au goulag.
34:25C'est pourquoi certains d'entre eux, y compris des généraux,
34:30préfèrent se mettre au service de l'ennemi
34:32et miser sur une victoire de l'Allemagne.
34:39Le général Vlasov, un héros de la bataille de Moscou,
34:44est fait prisonnier en juillet 1942.
34:48Une prise de choix pour les Allemands,
34:50qui parviennent à retourner le général soviétique.
34:55Il lui confie le commandement de l'ORA,
34:58l'armée de libération russe,
35:00composée de prisonniers soviétiques.
35:02Les hommes de Vlasov,
35:15les Vlasovtsis,
35:17de même que les auxiliaires volontaires,
35:20russes, ukrainiens ou baltes,
35:22seront chargés des plus basses besognes.
35:24La plupart sont affectés à l'encadrement des ghettos
35:30et des camps d'extermination,
35:32ou versés aux effectifs des Einsatzgruppen,
35:36les unités mobiles de tuerie,
35:38en charge du génocide des Juifs.
35:40Les Juifs, qui ont pu échapper aux exécutions de masse,
36:01viennent renforcer les groupes de partisans,
36:03qui, à l'arrière des troupes soviétiques,
36:06harcèlent les soldats de la Wehrmacht.
36:07Cachés dans les forêts ou les marais d'Ukraine et de Biélorussie,
36:28ils mènent sans relâche
36:29une guérilla faite d'embuscades,
36:31de sabotages et d'opérations commandos.
36:37Baruch Choub a perdu toute sa famille dans la Shoah.
36:44Il a participé à la résistance du ghetto de Vilnius,
36:48avant de rejoindre un bataillon de partisans juifs
36:50dans la forêt de Rudniki.
36:57On faisait dérailler des trains,
37:00on sabotait les transmissions allemandes,
37:02en coupant les câbles téléphoniques ou télégraphiques.
37:04On faisait sauter des ponts.
37:11J'étais très fier de pouvoir être utile
37:13et de me venger des fascistes.
37:21La résistance
37:23sape le moral des Allemands.
37:26Elle redore aussi le blason d'une armée régulière,
37:28en déroute sur tous les fronts.
37:30Alors que ces groupes se multiplient
37:35hors du giron de Moscou,
37:37il s'agit maintenant pour le Kremlin
37:38de les former et de les encadrer.
37:45Un commandement général
37:46devra coordonner leurs actions.
37:48Pour les intégrer à la propagande du régime,
38:00des opérateurs sont envoyés les filmer
38:01dans les forêts de Biélorussie.
38:03Été 1942,
38:26les Allemands sont aux portes de Stalingrad.
38:28La ville qui porte le nom du dirigeant suprême
38:34est un nœud ferroviaire effluvial.
38:39Prendre la ville permettrait à Hitler
38:41de couper l'armée rouge de son approvisionnement
38:43en carburant et en matériel de guerre.
38:45La sixième armée du général Paolus
39:02entre sans difficulté dans Stalingrad.
39:08Malgré la faiblesse des troupes soviétiques,
39:11un homme fait rempart à la progression
39:12de la Wehrmacht.
39:15Le lieutenant général Chuikov,
39:17qui a pris la tête de la 62e armée,
39:20a combattu pendant la guerre d'Espagne.
39:23Il a l'expérience des combats
39:25en zone urbaine
39:26et organise la résistance.
39:35Chuikov approvisionne en continu
39:37ses troupes en munitions
39:38et forme des commandos
39:40qui prennent les Allemands à revers,
39:41en passant par les égouts.
39:46Chuikov transforme les Fantassa en sniper.
39:57Fin septembre 1942,
40:00les Allemands marquent le pas.
40:02Pour autant,
40:19la victoire est loin d'être acquise.
40:21Staline rappelle Chuikov
40:29que l'on commence à surnommer
40:30le pompier du front
40:31pour rétablir la situation.
40:37Sous son commandement,
40:38les forces soviétiques
40:39attaquent le point faible
40:41des lignes allemandes,
40:42les armées roumaines
40:43alliées au Troisième Reich.
40:44Le plan de Joukov,
40:48nom de code Uranus,
40:50consiste à encercler
40:51et isoler la sixième armée
40:53dans Stalingrad.
40:54Le 31 janvier 1943,
41:06le général Paolus
41:08se rend aux soviétiques.
41:09Malgré des pertes considérables,
41:25l'armée rouge a remporté la victoire.
41:30Le journaliste Alexander Vert
41:33résume l'état d'esprit ambiant.
41:36Tous ressentaient
41:38une fierté nationale profonde.
41:39On voyait enfin
41:41que tant de sacrifices
41:42et de souffrances
41:43n'avaient pas été vains.
41:58Alors que s'estompe
42:00le souvenir de la guerre civile,
42:02la grande guerre patriotique
42:03est le nouveau ciment
42:05de la société.
42:10Après sa victoire à Kursk,
42:12le 23 août 1943,
42:15l'armée rouge ne perd plus de terrain.
42:19En filant vers Berlin,
42:21elle libère une à une
42:22les villes sur son passage.
42:23L'armée rouge a repris
42:30l'initiative stratégique.
42:33Les autorités militaires
42:35décident alors la création
42:36d'une unité de tireurs d'élite
42:38exclusivement féminine.
42:43Certaines,
42:44comme Yudmila Pavlichenko,
42:46se sont distinguées par leur précision
42:48au tir,
42:49au cœur des combats.
42:50Rosa Chanina n'a que 17 ans
42:54quand elle intègre
42:55avec 700 camarades
42:56l'école des tireuses d'élite.
43:01On leur coupe les cheveux.
43:04On les habille
43:04avec des uniformes masculins
43:05trop grands pour elles.
43:09L'entraînement est dur.
43:12Réveil à 6 heures.
43:13Cours de théorie
43:14et de balistique.
43:16Puis c'est la formation au tir
43:22pendant 6 mois
43:24avant d'être envoyée
43:27au champ de bataille.
43:32Rosa Chanina devient rapidement
43:34une tireuse aguerrie.
43:39En quelques semaines,
43:41elle compte une vingtaine
43:42de victimes à son tableau
43:43de chasse.
43:43Dans son journal intime,
43:50elle écrit
43:50« Depuis que je suis au front,
43:54il ne s'est pas passé une minute
43:56sans que j'ai soif
43:57de me battre.
43:59Oh mon Dieu,
44:00pourquoi ai-je
44:01un caractère si étrange ? »
44:05Je donnerai tout,
44:06même ma vie,
44:08pour assouvir
44:08cette lubie
44:09qui me torture.
44:11Je n'endors pas la nuit.
44:12La propagande
44:24l'apporte aux nus.
44:27Son visage
44:27s'affiche
44:28en couverture
44:28des journaux.
44:31Chanina est une célébrité.
44:35À l'automne 1944,
44:38le journaliste
44:38Ilia Ehrenbourg
44:39écrit à son sujet
44:41Elle peut être fière,
44:44la mère russe
44:45qui a mis au monde
44:45une fille auréolée
44:46de tant de gloire
44:47et de noblesse.
44:56La propagande
44:57utilise aussi
44:57les cœurs de l'armée rouge
44:58pour remonter
44:59le moral des troupes.
45:05Depuis le début
45:05du conflit,
45:07l'ensemble musical
45:08s'est produit
45:08sur tous les fronts.
45:11Les cœurs
45:20de l'armée rouge
45:20donneront
45:21près de 1500 spectacles
45:22sous les bombes,
45:25dans les tranchées,
45:27les hôpitaux militaires.
45:28Alexandre Alexandrov,
45:50son créateur
45:51et chef d'orchestre,
45:53compose une chanson
45:54qui est adoptée
45:55par Staline
45:55le 15 mars 1944
45:57comme hymne national
45:59de l'URSS.
46:00Alors que l'armée rouge
46:26poursuit sa route
46:27vers Berlin,
46:28Staline édicte
46:30un nouveau règlement
46:31célébrant l'esprit
46:31d'initiative.
46:34Il se résume
46:35en une phrase
46:36pour suivre l'ennemi
46:39partout
46:39où il est en position
46:40de faiblesse.
46:41en Pologne.
47:09Les soviétiques
47:11découvrent le camp
47:12de Maïdanek
47:13le 24 juillet 1944.
47:18Les troupes de l'armée rouge
47:19sont les premières
47:20à pénétrer
47:21dans un camp d'extermination.
47:22plus de 200 000 personnes
47:25dont près de 80 000 juifs
47:28y ont été assassinés.
47:34Les opérateurs
47:35filment les détenus
47:36les plus valides
47:37et la machine
47:38de mort nazie.
47:43Les allemands ont fui
47:44sans avoir eu le temps
47:44de détruire
47:45la chambre à gaz.
47:46Le 27 janvier 1945
47:59les soviétiques
48:01arrivent au camp d'Auschwitz.
48:03Nous savions que c'était
48:14un camp semblable
48:15à celui de Maïdanek
48:16où notre division
48:18était passée.
48:19Se souvient
48:20le sergent mitrailleur
48:21Ivan Sorokopoud.
48:22En passant le portail,
48:28nous avons vu
48:28une douzaine
48:29de squelettes vivants
48:30qui se déplaçaient
48:31avec peine.
48:33Une odeur putride
48:34se dégageait d'eux.
48:44Revenus à notre camion
48:46après une demi-heure,
48:47personne n'était capable
48:48de formuler une phrase.
48:51Seuls des insultes
48:52nous échappaient
48:53à l'adresse des nazis.
48:55Quelles abominables ordures !
48:59Les opérateurs,
49:14arrivés trop tard
49:14dans le camp,
49:16reconstituent
49:16la libération
49:17d'Auschwitz après coup.
49:18Les habitants des environs,
49:23grimés en déportés,
49:25y accueillent
49:25avec enthousiasme
49:26les soldats
49:27de l'armée rouge.
49:35Mais le film
49:35est si loin
49:36de la réalité
49:37qu'il ne sera
49:38jamais diffusé.
49:39Le 4 février 1945,
50:00Staline rencontre
50:01Churchill et Roosevelt
50:02à Yalta
50:03pour préparer
50:04l'après-guerre.
50:05On y définit
50:09à gros traits
50:09les zones d'influence
50:10en Europe,
50:11les zones d'occupation
50:12en Allemagne
50:13et la création
50:14des Nations Unies.
50:18Staline veut coûte
50:19que coûte
50:20prendre de vitesse
50:20ses alliés
50:21et arriver
50:22le premier à Berlin.
50:23L'armée rouge
50:37est entrée
50:37en Allemagne.
50:39Son mot d'ordre
50:40brise
50:42l'orgueil
50:42de la race allemande.
50:43Sur la route
50:56de Berlin,
50:58les pillages
50:58deviennent la règle.
51:03Léonide Rabitchev
51:04s'en explique.
51:07On rentrait
51:08et on prenait
51:08tout ce qu'on voulait
51:09et des radios
51:11et des vêtements.
51:13En Russie,
51:14nous n'avions rien,
51:15rien du tout.
51:17Et des montres,
51:18des montres.
51:19On enlevait
51:20les montres
51:20à tout le monde.
51:25Au pillage
51:26s'ajoutent
51:26les viols.
51:29Près de 2 millions
51:30d'Allemandes
51:30en seront victimes
51:31entre janvier
51:32et juillet 1945.
51:33Léonide Rabitchev
51:55n'oubliera jamais
51:56le sort
51:56de ces femmes
51:57qu'on a enfermées
51:59dans l'église
51:59d'un village.
52:04Cinq de nos chars
52:05ont fait irruption
52:05et ont dispersé
52:07les sentinelles.
52:09Ils sont entrés
52:10dans l'église
52:10et les viols ont commencé.
52:14Le bruit
52:15s'est répandu
52:15dans la ville.
52:17Tous les soldats
52:17sont arrivés.
52:19Quelqu'un a eu l'idée
52:20de jeter du haut
52:21de l'église
52:22les femmes
52:22qui avaient perdu connaissance.
52:24Ça a duré 3 ou 4 heures.
52:37Au long des combats
52:38qui l'ont conduite
52:39jusqu'en Allemagne,
52:40la tireuse d'élite
52:41Rosa Chanina
52:42a perdu
52:43toute sensibilité.
52:46Au sujet des viols,
52:48elle écrit
52:48« Qu'importe
52:50s'ils se vengent
52:51sur les Allemandes,
52:53maintenant,
52:53de toute façon,
52:55je n'ai plus de cœur. »
52:59Le 28 janvier 1945,
53:02près de Königsberg,
53:04Rosa Chanina
53:05est éventrée
53:06par un éclat d'obus.
53:08L'héroïne de l'armée rouge
53:10ne survit pas
53:11à ses blessures.
53:15Sa mère,
53:16qui a compris
53:17que sa fille
53:17avait franchi
53:18un point de non-retour,
53:20annonce ainsi
53:20la nouvelle
53:21à son fils cadet.
53:23Rosa est morte
53:25et c'est peut-être
53:26mieux ainsi.
53:28Comment aurait-elle
53:29vécu
53:29après la guerre,
53:31elle qui avait tué
53:31tant de gens ?
53:3416 avril 1945.
53:47L'armée rouge
53:48qui a pris de vitesse
53:48les anglo-américains
53:50est à Berlin.
53:56Pendant que Cognèv
53:58tient la ville en tenaille
53:59par le sud,
53:59Joukov investit
54:01ses faubourgs
54:02par le nord
54:02le 24 avril.
54:17Les combats ont lieu
54:18en pleine rue.
54:21La résistance est aussi acharnée
54:22que désespérée.
54:23Il n'y a plus
54:28de retraite possible
54:29pour les derniers combattants
54:30du Troisième Reich.
54:41En moins d'une semaine,
54:43malgré quelques poches
54:44de résistance,
54:45la messe est dite.
54:49Le 30 avril,
54:51Joukov est au centre
54:51de la capitale allemande.
54:53Ce jour-là,
54:57Hitler se suicide
54:58dans son bunker.
55:14Pavel Winick,
55:16un fantassin originaire
55:17d'Odessa,
55:19se battait encore
55:19dans Berlin
55:20quand il apprend
55:20que la guerre est finie.
55:23Au petit matin,
55:25il régnait
55:25un silence total.
55:28Que se passait-il ?
55:31Soudain,
55:32nous avons reçu
55:32un message
55:33du quartier général
55:34sur notre radio portable.
55:36Il disait
55:36« Les troupes allemandes
55:38ont capitulé à Berlin.
55:40Cessez le feu. »
55:44C'était le 2 mai 1945.
55:47Nous nous sommes tous
55:48mis à hurler de joie,
55:50à crier,
55:51à pleurer,
55:53à tirer en l'air.
55:54« Les troupes allemandes »
56:08« Les troupes allemandes »
56:11Yevgeny Khaldéi,
56:15un jeune photographe
56:15de l'agence officielle TASS,
56:18met en scène
56:18le cliché
56:19qui symbolisera
56:19la victoire
56:20de l'armée rouge.
56:25Deux soldats
56:26se sont portés volontaires
56:27pour faire flotter
56:27le drapeau rouge
56:28au sommet du Reichstag.
56:33Khaldéi envoie
56:35à Moscou
56:35sa photo.
56:36Elle lui est
56:37immédiatement retournée.
56:38Deux montres sont parfaitement visibles au poignet du soldat qui maintient son camarade par les pieds
56:45Elles témoignent des pillages de l'armée rouge
56:47Haldéi gratte lui-même le contre-type pour en faire disparaître une
56:54La photo fait le tour du monde
56:58Le 24 juin 1945, les festivités de la victoire sont organisées à Moscou, sur la place Rouge
57:10Le maréchal Zhukov est à l'honneur
57:17Au milieu des troupes, on le voit lancer au galop le cheval blanc que lui a offert Staline
57:28Zhukov a le beau rôle, mais il n'est qu'un faire-valoir
57:32Staline ne souffre aucune concurrence
57:37Le héros incontesté de la victoire, c'est lui
57:40Comme dans les triomphes tsaristes, les bataillons viennent jeter les bannières du vaincu au pied du commandant suprême
57:58Après des débuts difficiles et un conflit qui restera pour longtemps une terrible meurtrissure
58:06L'armée rouge relève la tête
58:09Mais le monde chaotique qui s'annonce au sortir de la guerre recèle de nouveaux défis
58:19De cela, l'armée rouge ne sortira pas vainqueur
58:23L'armée rouge ne sortira pas vainqueur
58:28Les piedsous de la guerre recèle de la violence
58:28L'armée rouge ne sortira qu'une des descennies
58:30Les piquets Qui sont comme les blessures
58:31Le grandestcap, qui la nuitaxes
58:34L'armée rouge ne sortira pas najwięiller
58:36Sous-titrage MFP.
59:06...
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