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00:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Toujours en compagnie de Mathieu Bocoté, de Philippe Guibert et du président du parti écologie positive, Yann Verling,
00:10en espérant effectivement que soit les écologistes actuels reviennent à la raison et parlent plus d'écologie,
00:16soit que d'autres écologistes remplacent les écologistes actuels et parlent enfin d'écologie.
00:21En tout cas, on en parle au sommet à Nice, le fameux UNOC, la conférence des Nations Unies sur les océans.
00:28Comment Antonio Guterres, le patron de l'ONU, a tout à l'heure dit qu'il ne fallait surtout pas que ça devienne le Far West ?
00:35Alors, c'est une, comment dirais-je, c'est une pique à Donald Trump en premier,
00:41parce qu'il a des volontés expansionnistes aussi avec le Groenland.
00:44Mais vous-même, comment est-ce que vous la regardez, cette conférence sur les océans ?
00:49Est-ce que c'est un peu comme les différentes COP, COP 21, COP 22, COP 26 ?
00:53Et puis finalement, on a l'impression que ça bouge, mais tout doucement ?
00:56Ou est-ce que ça peut vraiment être un pavé dans la mare et on peut avancer sur les océans ?
01:00Moi, je suis plutôt satisfait de voir qu'on parle enfin des océans,
01:05parce que le premier sommet océans, c'était 2017.
01:09Avant, il n'y en avait pas, comme s'il n'y avait pas de sujet.
01:12Comme s'il n'y avait pas d'océans.
01:13Voilà, il y avait un océan bien avant nous, d'ailleurs, notre présence sur Terre, enfin humain.
01:17Mais donc, on parle enfin des océans, premièrement.
01:20Deuxièmement, c'est le troisième rendez-vous.
01:23Il faut se rendre compte, j'étais ambassadeur à l'environnement,
01:25il faut se rendre compte que mettre d'accord 193 pays, c'est une prouesse de dingue.
01:30Surtout aujourd'hui, où vraiment chacun pense n'importe quoi dans tous les sens, etc.
01:34Donc, mettre d'accord des pays, c'est très compliqué.
01:36Donc, il ne faut jamais en attendre trop, des conférences internationales.
01:40Et donc, quand ça avance, il faut vraiment applaudir des deux mains.
01:43Et là, aujourd'hui, je trouve que ça avance.
01:45Pas assez, bien sûr, il y a plein de sujets sur la table.
01:48C'est un sommet, ce n'est pas une COP.
01:49C'est-à-dire que dedans, il y a comme des tiroirs.
01:53On va peut-être avoir un accord sur comment on gère la haute mer,
01:58parce qu'il y a des zones de non-droit aujourd'hui dans le monde.
02:01Les océans, aujourd'hui, il y a des zones littorales qui nous appartiennent.
02:04Vous parlez des zones internationales ?
02:05Les eaux internationales, c'est une zone de non-droit aujourd'hui.
02:07Et on a essayé de légiférer mille fois là-dessus.
02:09Les juristes les plus ardues au monde ont essayé de légiférer sur les zones internationales, c'est difficile.
02:13Et justement, il y a un accord international qui est en train de voir le jour.
02:17Là, il y a des annonces qui vont être faites.
02:18Il faut qu'il y ait 60 États qui ratifient.
02:21On en a 50, 45, 50.
02:2360 sur 190.
02:24Oui, mais ça suffit pour ratifier.
02:26Et après, ça avance.
02:27Donc, là-dessus, peut-être qu'on aura moins de Far West,
02:31comme dit Antonio Guterres, sur la haute mer.
02:33Il y a la question de la surpêche.
02:34Là-dessus, moi, j'ai une position
02:36qui est de se dire qu'il faut qu'on parle avec les pêcheurs un peu sérieusement.
02:41Si on continue à surpêcher comme on le fait aujourd'hui,
02:45c'est que les pêcheurs sient la branche sur laquelle ils sont assis.
02:50Parce que demain, s'il n'y a plus de poissons,
02:51cette activité économique va s'effondrer.
02:54Donc, il faut qu'on gère le truc.
02:55Moi, j'ai en tête...
02:56C'est juste démographique.
02:57C'est-à-dire que si on tue les parents, des petits poissons,
02:59il n'y a plus de petits poissons.
03:00Il n'y a plus de poissons, il n'y a plus de poissons.
03:01Il n'y a plus de poissons, il n'y a plus de poissons.
03:01C'est logique, mais ça n'est pas encore le cas aujourd'hui.
03:04Et moi, j'ai l'exemple en tête de l'air marine protégée de Cerber Bagnoules,
03:08que j'ai visité à plusieurs reprises quand j'étais ambassadeur.
03:11Là-bas, ils ont mis en place un dialogue avec les pêcheurs
03:13qui a fini par aboutir.
03:14Il n'y avait quasiment plus de meroux dans cette aire protégée.
03:17Dans cette aire marine, il n'y avait plus de meroux.
03:19Ils ont mis en place une aire protégée avec les pêcheurs.
03:22Aujourd'hui, il y a de nouveau du meroux.
03:23Et on peut de nouveau consommer du meroux dans les restaurants à Bagnoules.
03:27Il est un peu plus cher qu'autrefois.
03:28Ah, ça, le poisson aujourd'hui ?
03:30Je pense qu'il faut aussi payer le juste prix.
03:32À une époque, le vendredi, on servait du poisson
03:34parce que c'était soi-disant moins cher.
03:36Et du coup, dans la tradition catholique,
03:38on mangeait ce qui était le moins cher, le poisson, le vendredi.
03:40Maintenant, on mange des oeufs
03:42parce que le poisson est plus cher que la viande.
03:44Mathieu Bocoté.
03:45Restons à table.
03:47Vous avez évoqué la question du poisson.
03:49Je me permets de faire un lien avec une question
03:50qui touche l'écologie, me semble-t-il,
03:52du point de vue d'un non-militant.
03:54La question de la viande.
03:55Alors, aujourd'hui, il y a une forme de mode végane,
03:59appelons-nous ça comme ça,
03:59qui nous dit qu'il faudrait nous délivrer
04:01peu à peu de l'alimentation carnée.
04:03Premier élément, à la rigueur, chacun fait ce qu'il veut.
04:05Mais plus encore, remplacer la viande, par exemple,
04:07d'une forme de viande de synthèse, de viande de laboratoire,
04:10qui ne serait pas de la vraie viande,
04:11mais c'est une espèce de...
04:12Pourquoi c'est le tricatel, là ?
04:13C'est l'ail ou la cuisse, là, que vous nous faites.
04:15Non, mais en fait, cette espèce d'idée qu'on va sacrifier...
04:17Le steak de soja ?
04:18Non, même pas.
04:19On va sacrifier cette tradition profonde
04:21qu'il y a la chasse et la consommation de viande
04:23pour aller plutôt vers la viande artificielle.
04:25Voilà, c'est le terme qui me manque.
04:26Est-ce que, d'un point de vue écologique,
04:27cette préoccupation habite votre esprit ?
04:29Vous voyez bien, on est toujours dans la même histoire
04:31que quand on est dans l'excès et dans la caricature,
04:34on perd tout le monde.
04:35On perd tout le monde.
04:36Si l'écologie, c'est plus de viande du tout,
04:38on perd tout le monde.
04:39Enfin, on perd une très très grande partie des gens.
04:42Et moi, je suis un démocrate.
04:43Je veux faire convaincre la majorité.
04:46Et la majorité n'est pas végane.
04:48En France, comme ailleurs dans le monde,
04:50la majorité des gens,
04:51ils ne sont peut-être pas totalement des viandards non plus.
04:54Ils mangent un peu de viande de temps en temps.
04:56Moi, j'en mange aussi.
04:57Donc, le sujet, ce n'est pas
04:58est-ce qu'on mange ou pas de la viande ?
05:00Le sujet, c'est comment on produit une viande
05:02qui soit moins impactante sur la planète.
05:03C'est ça, le sujet.
05:04Mais manger de la viande n'est pas un problème en soi.
05:06Enfin, moi, j'ai discuté avec des militants de la cause animale.
05:11Moi-même, je l'ai été pendant longtemps.
05:12Pas lui, mais d'autres plus raisonnables et plus sympathiques.
05:16Et franchement, la plupart admettent quand même
05:19que tuer un animal,
05:22que la mort dans le monde animal,
05:24c'est une chose absolument normale.
05:25On meurt tous.
05:26Ce n'est pas le sujet.
05:26C'est peut-être la souffrance animale qui est un vrai sujet.
05:29La souffrance animale.
05:30Il ne faut pas faire souffrir les bestioles
05:31quand on les élève ou quand on les tue.
05:32Ça, c'est normal de faire attention à ça.
05:34Mais tuer n'est pas un problème.
05:37Petite question.
05:38Vous parlez de la question de la souffrance animale.
05:40Est-ce que ça impose la question de l'abattage rituel aujourd'hui ?
05:42Par exemple, le halal ?
05:44Absolument.
05:45Moi, je n'ai aucun problème pour dire aujourd'hui
05:47que cette pratique n'a pas lieu d'être normalement
05:50dans un pays comme le nôtre,
05:51dans un continent comme l'Europe,
05:52où on a des règles.
05:53Notamment, on a aujourd'hui des directives européennes.
05:54Vous pouvez dire dans un continent civilisé.
05:56Sur le bien-être animal aujourd'hui,
05:57il y a des directives européennes.
05:58Et ces directives européennes ne sont pas appliquées
06:02dans le cas de ces traditions
06:05qui, à mon avis, n'ont pas leur place dans les abattoirs en Europe.
06:08Je reviens sur la question identitaire des écologistes.
06:11Le nucléaire.
06:12Où est-ce que vous en êtes, vous, sur le nucléaire ?
06:14Est-ce que vous continuez le discours écologiste
06:16qui est de dire qu'il faut se passer du nucléaire
06:19à plus ou moins court terme ou long terme ?
06:23Est-ce que c'est encore raisonnable de tenir cette position ?
06:26Moi, j'ai évolué sur la question.
06:28J'ai été anti-nucléaire pendant des années,
06:30quand j'étais jeune.
06:31Et depuis quelques années, je ne le suis plus.
06:33Je ne le suis plus pourquoi ?
06:35Parce que je pense qu'aujourd'hui,
06:36pour produire l'énergie dont on a besoin,
06:39d'abord, elle doit être décarbonée.
06:41C'est l'essentiel de ça.
06:42Le sujet, c'est comment on décarbone l'énergie,
06:45la production d'énergie.
06:46Et aujourd'hui, la France a une chance folle.
06:47C'est qu'on a justement cet outil qui est le nucléaire
06:50qui nous permet d'avoir une électricité
06:52qui est la plus décarbonée du monde.
06:54Donc ça, on répond déjà à cette question
06:55avec le nucléaire.
06:57Après, moi, je pense que si on veut,
06:59comme certains le disent,
07:00se passer complètement du nucléaire,
07:02bien sûr, on peut réduire nos consommations.
07:03Et on le fait.
07:04La France réduit ses consommations énergétiques
07:06régulièrement et l'Europe aussi.
07:07Mais ça ne suffit pas.
07:08Il faut continuer de produire d'ailleurs de l'énergie.
07:10En plus, on dit qu'il faut plus d'électricité
07:12pour décarboner.
07:13Donc, il faut électrifier les maisons,
07:15les voitures, etc.
07:15Donc, il faut plus d'électricité.
07:17Moi, je ne suis pas pour couvrir le pays tout entier
07:20de panneaux photovoltaïques et de champs éoliens.
07:23Les Français ne le veulent pas.
07:24Moi, je ne le veux pas non plus pour des raisons
07:25de paysage et de biodiversité.
07:27Donc, je trouve que le compromis,
07:28il est bon là aujourd'hui
07:29entre une bonne part de nucléaire
07:31et une part d'énergie renouvelable.
07:32C'est un équilibre.
07:33Quel rôle voulez-vous jouer aujourd'hui,
07:35Yann Verling ?
07:36Vous êtes président du parti Écologie Positive.
07:38Est-ce que vous voulez vous faire connaître
07:40ou vous faire élire ?
07:41Quel est le but du jeu pour faire avancer l'écologie
07:44tel que agréablement, je pense ?
07:47Mathieu, Philippe et moi,
07:48nous vous écoutons dans ce studio.
07:49On se dit, tiens, ça fait longtemps
07:50qu'on n'a pas parlé à un écologiste raisonnable
07:52qui pense vraiment ce qu'il dit.
07:57Et quel est, comment dirais-je,
07:59est-ce que vous pourriez faire un acte de foi
08:01comme quoi, une fois que vous serez élu,
08:03vous ne parlerez pas d'autres sujets
08:05comme le font les écologistes d'aujourd'hui ?
08:07D'abord, je suis déjà élu.
08:09Je suis vice-présent de la région Île-de-France.
08:11Non, mais je sais bien,
08:12mais est-ce que vous voulez un mandat de député ?
08:14Ben, un mandat de député, pourquoi pas ?
08:17Mais parlementaire, c'est moins dans la recherche de compromis
08:21que d'être dans un exécutif comme je le suis aujourd'hui.
08:23Donc, pardon de vous le dire,
08:25mais je ne vais pas faire différemment demain
08:27que ce que je fais déjà aujourd'hui
08:28dans les responsabilités qui sont les miennes.
08:31Et donc, bien évidemment que moi,
08:33j'aspire à ce qu'en France émerge,
08:34enfin, une force politique écolo
08:36qui soit, à l'image des Grunen,
08:38c'est-à-dire une force politique,
08:40une écologie de gouvernement.
08:41On n'a pas ça en France aujourd'hui.
08:43On n'a que les gens qui sont contre tout
08:44et ça ne fait rien avancer.
08:46Vous en avez peut-être le souvenir,
08:48c'était il y a deux ans,
08:49Hugo Clément, figure connue de ce combat,
08:52s'était fait reprocher très sévèrement
08:54par ses compagnons de lutte,
08:57ses compagnons d'armes,
08:58d'avoir participé à un événement de valeur actuelle
09:00en acceptant de parler aux gens de valeur actuelle,
09:03vous parlez à ce que la gauche appelle l'extrême droite
09:05et dès lors que vous leur parlez,
09:07vous vous contaminez.
09:08Est-ce que selon vous,
09:09les figures importantes du mouvement écologiste
09:11doivent parler à tous,
09:12je dirais, de reconquête à LFI,
09:14donc j'intègre vraiment tout le monde,
09:15du RN au Parti Socialiste,
09:17est-ce qu'il faut parler à tous ces gens
09:19ou est-ce que pour vous,
09:19la conversation démocratique s'arrête à un certain seuil ?
09:22Ça dépend de quoi vous parlez.
09:25Est-ce qu'on parle de faire des coalitions politiques
09:28avec des partis qui sont d'extrême droite
09:30ou d'extrême gauche ?
09:31Là, pour moi, la réponse est non.
09:32J'ai effectivement des bornes politiques,
09:34moi, dans ma tête,
09:34c'est pas LFI, c'est pas RN,
09:35ça c'est clair.
09:36Mais après, il y a des électeurs d'ailleurs, ça.
09:38Ça, c'est autre chose.
09:39Vous mettez LFI et LRN dans le même sac ?
09:42Moi, j'étais candidat au législatif,
09:44j'ai mis LRN et LFI dans le même sac.
09:46Pourquoi ?
09:46Parce que je refuse les deux populismes.
09:49Je les refuse.
09:50Mais corrigez-moi,
09:51mais ils n'ont pas grand-chose d'avoir LFI et LRN.
09:52Non, bien sûr, c'est pas la même chose.
09:54Je dis pas que c'est la même chose,
09:55je dis que le populisme est un poison pour la société.
09:58Mais corrigez-moi,
09:58mais LRN a cherché à s'approprier la question environnementale, non ?
10:00Je réponds à votre question.
10:03Derrière, il y a des électeurs.
10:04Et précisément, moi, je pense que
10:06quand on reste entre soi,
10:07et c'est ce que beaucoup d'écologistes font,
10:10ils se parlent entre eux.
10:11Et c'est la surenchère permanente.
10:13A qui plus radical écolo tu seras,
10:15mieux tu seras considéré par tes militants.
10:17Moi, je n'ai pas ce problème aujourd'hui.
10:19Moi, je pense qu'il faut parler à tous les Français,
10:21y compris ceux qui peuvent voter pour des partis d'extrême droite,
10:25y compris ceux qui se présentent pour ces partis ?
10:27Mais ce sont leurs représentants.
10:29Ce que j'entends par là, c'est que le RN,
10:32un programme environnemental, par exemple,
10:33est-ce que vous le prenez aussi au sérieux
10:34que le programme environnemental des socialistes ?
10:36Je le regarde, je le challenge,
10:38je le regarde et je le discute.
10:39À froid, comme on dit.
10:40Bien sûr, avec objectivité.
10:42Moi, je n'ai pas de problème pour regarder tout ça.
10:44Surtout si, justement,
10:46il y a prise dans la société aujourd'hui.
10:48Et il y a prise dans la société
10:49sur un certain nombre de discours
10:50un peu anti-écolo, voire très anti-écolo.
10:52Et moi, j'essaie de comprendre pourquoi.
10:53Merci beaucoup, Yann Verling,
10:55d'avoir été notre invité ce soir sur Europe 1,
10:59président du parti Écologie Positive.
11:02Et puis, quand on a parlé de vegan,
11:03je n'ai pas pu m'empêcher de me rappeler
11:04de cette scène dans Coup de foudre à Notting Hill,
11:07lorsqu'il y a cette femme à table
11:09qui dit qu'elle refuse de manger des carottes
11:11parce que ces carottes ont été assassinées.
11:1320h43 sur Europe 1.