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00:00J'aimerais juste vous parler un tout petit peu de ce qui se passe à Los Angeles,
00:03puisqu'on a eu des scènes d'émeute hier, avec des voitures en flamme,
00:08et des scènes de violence auxquelles malheureusement on est assez habitués dans notre pays.
00:11Là c'était pour dénoncer la politique anti-migrant de Donald Trump.
00:15Donald Trump qui en ce moment vient d'affirmer que déployer l'armée,
00:19parce que c'est le cas, l'armée a été déployée dans les rues de Los Angeles,
00:22c'était une excellente décision, la garde nationale.
00:25On fait le point avec Yael Benhamou et je vous passe la parole, Henri Guenaud,
00:27sur ce qui se passe aux Etats-Unis.
00:30Los Angeles se réveille après les heures de la veille.
00:33Un important dispositif de sécurité a été déployé dans le centre-ville,
00:37et désormais, les rassemblements sont interdits.
00:40Hier après-midi, cette autoroute était bloquée.
00:42A Los Angeles, ces manifestants sont au vent debout contre la politique migratoire de Donald Trump.
00:47Le face-à-face avec les forces de l'ordre s'est rapidement tendu,
00:51des voitures ont été incendiées, du gaz lacrymogène lancé.
00:54A la fin de son direct,
00:55Une journaliste australienne reçoit un projectile en caoutchouc.
01:00Ces scènes de chaos se multiplient depuis vendredi.
01:03Une soixantaine de personnes a déjà été interpellées.
01:06Le président Trump a aussi décidé de déployer 2000 membres de la garde nationale.
01:10Il a déclaré sur son réseau social
01:12« Arrêtez les gens masqués, maintenant !
01:14Ça a l'air d'aller vraiment mal à Los Angeles.
01:16Envoyez les troupes ! »
01:18Court-circuité, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom,
01:21a accusé l'administration Trump de vouloir provoquer une escalade des violences.
01:26« Californie, ne donnez pas à Donald Trump ce qu'il veut.
01:29Exprimez-vous, restez pacifiques, restez calmes ! »
01:32Les habitants de Los Angeles, dont beaucoup sont hispaniques,
01:35s'opposent aux arrestations d'immigrés
01:36menées par la police fédérale de l'immigration.
01:39D'ailleurs, on voit beaucoup de drapeaux mexicains dans ces manifestations.
01:43Henri Guénaud, est-ce que ça préfigure ce qui pourrait se passer dans notre pays
01:46si un jour on avait une politique volontariste sur l'immigration ?
01:49Alors déjà, pour ce qui est de la violence,
01:51je ne sais pas si on est en avance ou en retard.
01:53On est en avance.
01:55Alors oui, c'est une préfiguration,
01:58alors là un peu surjouée par tout le monde en réalité,
02:01cette violence, tout le monde finit par avoir intérêt à ce qu'elle se développe
02:05tout en proclamant que ce n'est pas lui qui la souhaite.
02:13Et à force, la violence, elle vient.
02:14Il arrivera un moment où elle sera incontrôlable.
02:16Donc oui, ce qui nous attend, c'est la violence.
02:20Mais encore une fois, pour l'instant, on a brûlé des voitures,
02:22jeter des gars, envoyer des grenades lacrymogènes,
02:25des bouillants en caoutchou.
02:26Mais ça peut devenir bien plus grave que ça.
02:31Oui, nous vivons dans des sociétés, encore une fois,
02:35qui sont fracturées et qui commencent à avoir envie,
02:37ou chacun commence à avoir envie d'en découdre.
02:40Voilà, et donc, il y a quelque chose en dessous
02:42qui est à la fois plus intéressant et peut-être plus inquiétant,
02:45c'est que Donald Trump s'affranchit de tous les précédents,
02:52de toutes les règles de droit, de toutes les traditions
02:54qui sont...
02:57Par exemple, déployer l'armée dans la rue, c'est ça ?
02:59Alors, déployer la garde nationale, ce n'est pas une nouveauté.
03:02Déployer la garde nationale sans l'accord ou contre l'avis
03:05des gouverneurs locaux ou des maires des grandes villes,
03:09que ça, à ma connaissance, ça ne s'est pas fait,
03:12en tout cas pas depuis très très longtemps.
03:13Voilà, donc, il y a ce glissement.
03:16Donc, on voit bien la guerre qui est engagée
03:18entre une partie des juridictions et le président.
03:23Mais tout ça est normal, c'est-à-dire que tout ce qui ne peut pas arriver
03:25va finir par arriver, parce que tout le monde aura tiré trop loin.
03:29Si le wokisme n'avait pas tiré aussi loin,
03:32on n'en serait sans doute pas dans cette situation.
03:34Si l'immigration n'avait pas été aussi mal maîtrisée,
03:38on ne serait pas dans cette situation.
03:39C'est dans cette situation où, d'abord, les électeurs américains,
03:43en majorité, ont élu Donald Trump pour ça.
03:46C'est-à-dire, ceux qui ont voulu...
03:48Pour lutter contre l'immigration, c'est vrai.
03:49Pour arrêter quelque chose qui leur paraissait insupportable.
03:52Mais Henri, c'est ça.
03:53Louis Granel.
03:53Moi, je trouve que le sujet le plus intéressant, c'est celui-ci.
03:56C'est-à-dire que même Donald Trump,
03:57qui montre une vraie autorité,
04:00à la fois dans l'exercice du pouvoir, dans la manière de parler,
04:02il ne peut pas montrer, il ne peut pas faire la démonstration à ses électeurs
04:05qu'il n'y arrive pas, qu'il y a trop de contre-pouvoir.
04:07Et on peut comprendre aussi,
04:08et ça, on le voit dans plein de pays dans le monde,
04:11et en France en particulier,
04:12le décalage qu'il y a entre la promesse qui est faite aux électeurs
04:16et l'incapacité à mettre en œuvre cette promesse.
04:19Et là, ça concerne la question de l'immigration.
04:22Moi, ce que je vois surtout, c'est un Donald Trump,
04:24au-delà du conflit avec le gouverneur démocrate local,
04:27qui veut montrer à ses électeurs
04:29qu'ils ont voté pour un programme
04:30et qu'il veut mettre en application,
04:32et qu'il est empêché.
04:33Et je me dis que même si le président américain
04:36est empêché de mettre en application sa politique,
04:40ça en dit long quand même sur...
04:41Non, alors le président américain
04:42affasse plus de contre-pouvoir encore
04:45que dans n'importe quel pays occidentaux.
04:47Mais il y a une volonté, une combattivité.
04:48Oui, il y a une volonté,
04:49mais institutionnellement,
04:51le président américain
04:52n'est loin d'avoir les pouvoirs d'un président français
04:56quand il a une majorité, par exemple, au Parlement.
04:59Et il est environné et emprisonné
05:00dans les contre-pouvoirs.
05:02Tout le système américain
05:03est un système de contre-pouvoirs.
05:05Mais on voit bien qu'à un moment donné,
05:07quand ces contre-pouvoirs
05:09empêchent de tenir la promesse politique,
05:12eh bien, la tension monte,
05:15et on en est au point,
05:16qu'on ne croyait jamais voir arriver,
05:17en tout cas aux Etats-Unis,
05:18et probablement en Europe,
05:20on en est au point où
05:22la contestation de ces contre-pouvoirs
05:25devient ouverte.
05:25On ne peut pas l'échanger très difficilement
05:27aux Etats-Unis,
05:28changer la Constitution.
05:29C'est extraordinairement compliqué.
05:31Aujourd'hui, c'est presque impossible
05:32dans l'état actuel des choses.
05:33Et donc, il ne reste plus que la confrontation.
05:36Et la confrontation entre le pouvoir politique,
05:39l'opposition aussi, bien sûr,
05:40mais le pouvoir politique
05:41et tous les contre-pouvoirs.
05:43Gauthier.
05:44Bon, c'est des scènes qu'on connaît,
05:45évidemment, chez nous,
05:47pour une finale de Ligue des Champions.
05:48Malheureusement, très familier.
05:49Ou après la mort d'un jeune comme Naël,
05:53la question, c'est si un gouvernement
05:55proche idéologiquement de Donald Trump
05:57arrivait en France,
05:58c'est-à-dire par exemple
05:59quelqu'un comme Marine Le Pen
06:00ou Jordan Bardella
06:01mettait en place une politique migratoire,
06:04on aurait de telles images.
06:05Mais moi, je pense que ça n'attend même pas
06:07le vote de la moindre loi au Parlement.
06:10Ça n'attend même pas
06:11un référendum organisé sur l'immigration.
06:14Ça n'attend même pas
06:14l'arrivée de Marine Le Pen
06:15ou de Bardella à l'Élysée.
06:17Qui est le parti
06:18qui est le plus implanté dans les quartiers.
06:20C'est évidemment la France insoumise.
06:21Mais pourquoi ils font ça ?
06:23Quelle est la stratégie
06:24et la théorie de Jean-Luc Mélenchon ?
06:26C'est, je n'arriverai au pouvoir
06:27qu'après Marine Le Pen
06:29ou un autre.
06:31Et il aura fallu
06:32que je déclenche le chaos
06:33dans les rues
06:34pour peut-être avoir un jour
06:35un espoir
06:36d'être dans ce fauteuil-là.
06:39Donc évidemment
06:40que le soir
06:41d'une victoire
06:42de Marine Le Pen
06:43ou du RN,
06:44mais vous avez
06:44Jean-Luc Mélenchon,
06:45ses alliés
06:46et tout ce qu'ils peuvent faire
06:48qui se met en branle
06:49pour pouvoir avoir
06:51ce même genre d'image.
06:52Une dernière remarque là-dessus,
06:54c'est que
06:54c'est vrai,
06:57c'est tout à fait exact,
06:59mais
06:59comment dire,
07:01c'est aussi une des raisons
07:03pour lesquelles
07:03Marine Le Pen
07:05n'est pas sûre,
07:05même si elle est blanchie
07:06par la justice,
07:07d'arriver au pouvoir
07:07parce que
07:08la peur effraie
07:10le parti de l'ordre.
07:11Ce grand parti de l'ordre
07:12qui a peur du désordre.
07:13Ça, c'est la première des choses
07:14et la deuxième,
07:15elle est dans les enquêtes
07:17d'opinion.
07:20Chaque année,
07:21depuis 12 ans,
07:22Ipsos fait une enquête
07:26pour le compte
07:27du Monde,
07:29de la fondation...
07:31Fondapol.
07:32Non, non,
07:32pour la fondation
07:33de l'agence Jaurès
07:34et pour le Cevipov
07:36qui est une cellule
07:37d'analyse politique
07:38de Sciences Po.
07:38ça évolue
07:41depuis 12 ans
07:41entre...
07:42Enfin,
07:44à la question
07:45est-ce que vous voulez
07:46un homme fort
07:48capable
07:49de rétablir l'ordre,
07:50ça évolue
07:51entre 79
07:52et 88%
07:53en 12 ans.
07:55Et la dernière étude
07:57qui a été faite
07:58par Opinion Nouée,
07:59elle montre en plus
08:00que pour 41%
08:02des Français,
08:04sur un gros échantillon,
08:063 800 personnes,
08:0741% des Français
08:09sont favorables
08:11à avoir un homme fort
08:13qui ne se sous-signe
08:14ni du Parlement
08:15ni des élections.
08:19Ça s'appelle
08:19un régime autoritaire.
08:20Oui,
08:20mais donc ça,
08:21on n'est pas encore
08:22extraordinairement pressant,
08:24mais ça travaille
08:25en profondeur
08:26le pays.
08:27Voilà ce qui nous attend.
08:29Alors,
08:30c'est la fin de l'émission,
08:31donc vous avez gagné
08:31un ticket pour revenir
08:32nous parler des retraites
08:33quand vous voulez.
08:34Parce que je pense que
08:34voilà,
08:35ça c'est un sujet
08:35qui est explosif.
08:38La question sociale,
08:38elle est explosive en France.
08:40Aussi explosive
08:40que la question identitaire,
08:42aussi explosive
08:42que la question sécuritaire
08:43et peut-être plus
08:44parce qu'elle englobe
08:45en partie la question
08:46migratoire.
08:47Et je trouve
08:48que quand tout le monde
08:49joue avec le feu,
08:49on fait n'importe quoi,
08:51on raconte n'importe quoi,
08:53voilà,
08:53je pense que ça mérite
08:54effectivement qu'on en parle.
08:55On va y consacrer
08:56un bon quart d'heure.
08:58A demain soir.
08:58Merci beaucoup Henri Guénaud.
09:00Gautier Lebrecht,
09:0021h,
09:01100% politique.
09:02Avec beaucoup de plaisir.
09:02José-François
09:03Louis.
09:04Dans un instant,
09:04Christine Kelly
09:05sur CNews,
09:05Pierre Devineau
09:06sur Europe 1.
09:06Bonne soirée à vous
09:07sur nos deux centaines
09:08à demain.