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Retrouvez L 'Affaire dans l'affaire, tous les samedis de 12h et 13h sur les ondes de Sud Radio, en partenariat avec la revue Affaires Criminelles de McSkysz.

Avec Daniel Zagury, expert auprès des tribunaux et auteur de « l’énigme publique numéro 1 » paru aux éditions du Seuil

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##L_AFFAIRE_DANS_L_AFFAIRE-2025-06-07##

Catégorie

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News
Transcription
00:00Sud Radio, l'affaire dans l'affaire, Stéphane Simon.
00:04Bonjour, bienvenue pour votre rendez-vous avec l'actualité judiciaire en partenariat avec la revue trimestrielle Affaires Criminelles.
00:11Avec moi justement son rédacteur en chef, Victor Lefebvre.
00:14Bonjour Stéphane Simon.
00:15Jean-Marie Bordry est avec nous également.
00:17Et Jade Serrano, journaliste spécialiste des affaires d'investigation.
00:21Aujourd'hui, nous allons parler de l'incroyable affaire Xavier Dupont de Ligonnès.
00:26Cet homme, originaire de Nantes, qui en avril 2011 aurait supprimé sa famille avant de disparaître à son tour.
00:32Bientôt 15 ans que le mystère demeure.
00:35Et si nous en parlons, c'est à l'occasion de la sortie du livre de notre invité, Daniel Zaguri.
00:41Bonjour Daniel Zaguri.
00:42Bonjour.
00:43Je rappelle que vous êtes psychiatre, expert auprès des tribunaux et auteur de l'énigme publique numéro 1 parue aux éditions du Seuil.
00:51Alors, soyons bien clairs, vous êtes un expert extrêmement connu et réputé auprès des tribunaux.
00:56Pour autant, vous n'êtes pas dans le dossier Xavier Dupont de Ligonnès.
00:59Et c'est avec ce recul précisément que vous avez eu envie de faire ce livre.
01:04Vous allez nous en parler dans un instant, évidemment.
01:05Vous allez nous parler du profil psychologique de Xavier avant qu'il ne devienne Dupont de Ligonnès.
01:11Suspect numéro 1 du meurtre de toute sa famille.
01:13Et puis, nous allons évoquer ensemble les pistes qui vous semblent les plus crédibles depuis sa disparition.
01:19S'est-il suicidé après avoir éliminé toute sa famille ou a-t-il réussi sa cavale et changé de vie ?
01:26Nous allons y venir.
01:27Mais si vous le voulez bien, revenons sur les faits.
01:29Voici le récit.
01:30Lundi 11 avril 2011, 8 personnes, toutes membres et proches de la famille Dupont de Ligonnès,
01:40reçoivent une lettre dactylographiée et signée de la main de Xavier.
01:45Coucou tout le monde, méga surprise, nous sommes partis en urgence aux Etats-Unis,
01:49dans des conditions très particulières que nous vous expliquons ci-dessous.
01:53Dans sa lettre de 5 pages, il explique un scénario invraisemblable.
01:58Il affirme travailler secrètement pour les services américains,
02:02être un agent de la DEA, infiltré dans un réseau de drogue internationale.
02:07Sa couverture ayant été compromise, lui et sa famille doivent être exfiltrés d'urgence
02:12et placés sous protection.
02:14Il précise dans son courrier que toute trace de l'existence de sa famille a été supprimée.
02:19Plus de carte d'identité, plus de domicile, plus de téléphone ni d'adresse e-mail.
02:24Enfin, en bon père de famille, il donne une série de consignes logistiques à ses proches,
02:29jusqu'à distribuer à chacun une mission précise.
02:32A sa sœur Christine, de contacter un notaire pour vendre la maison
02:36et de résilier les différents abonnements et de traiter le courrier.
02:40A son ami Michel Rétif, de récupérer certains objets dans la maison et de la surveiller à distance.
02:45A tous de diffuser sur Facebook la fausse information qu'ils sont partis vivre en Australie
02:51pour raisons professionnelles.
02:53Et bien sûr, de ne pas prévenir la police.
02:56Il ajoute cette phrase, Sibylline.
02:58Inutile de s'occuper des gravats entassés sous la terrasse, c'était là quand nous sommes arrivés.
03:04Depuis une semaine, Xavier avait pris soin de contacter les amis, les écoles et l'employeur de son fils
03:09pour prévenir de leur future absence.
03:12Mais malgré ces précautions et cette lettre d'adieu qui donne la consigne de ne pas alerter les autorités,
03:18l'employeur de sa femme, Agnès, contacte la police.
03:22Le 13 avril, la police se rend donc au domicile du couple, au 55 boulevard Robert-Schumann à Nantes.
03:28Sans mandat de perquisition, les policiers ne peuvent pas pénétrer dans le domicile
03:32et de l'extérieur de la maison, rien d'alarmant.
03:35Tout est rangé, les volets fermés.
03:37Ils quittent les lieux.
03:38Cinq jours plus tard, le 18 avril, sous l'insistance des proches,
03:42la police revient cette fois avec un mandat de perquisition en bonne et due forme
03:46pour fouiller l'intérieur de la maison.
03:49Elles semblent avoir été vidées, comme pour un déménagement.
03:52Les cadres sont vidés de leurs photos.
03:55Les placards ne contiennent ni vêtements, ni objets personnels.
03:58Le frigo est vide, la vaisselle bien rangée.
04:02Seul un seau et une serpillère usagées indiquent une présence récente.
04:06Trois jours plus tard, le 21 avril, une fouille complète est enfin déclenchée.
04:11Et en creusant sous la terrasse en bois, les enquêteurs trouvent cinq corps
04:16soigneusement enveloppés dans des draps, accompagnés d'objets religieux.
04:20Ce sont les corps d'Agnès et des quatre enfants, tués chacun de deux balles de calibre 22.
04:28Seul Xavier est introuvable.
04:29Il devient donc le suspect numéro un.
04:32Les autopsies estiment les crimes autour du 4 avril.
04:39Si Xavier est bien l'auteur du quintuple massacre,
04:41il a déjà pris 17 jours d'avance sur les enquêteurs.
04:45Le 22 avril, un mandat d'arrêt international est émis contre lui.
04:48Le 23 avril, sa photo est diffusée dans tous les médias.
04:51La chasse à l'homme démarre.
04:53Les enquêteurs tracent le parcours du père de famille en cavale.
04:55Le 7 avril, il aurait quitté Nantes après avoir vidé les comptes en banque
04:59par des retraits exclusivement en liquide.
05:02Le 8 avril, il dort dans des hôtels bon marché à La Rochelle puis à Blagnac.
05:06Le 11 avril, il est capté par les caméras de surveillance
05:09dans un hôtel Formule 1 de Roquebrune-sur-Argence.
05:12Le 15 avril, sa voiture est retrouvée abandonnée sur le parking d'un hôtel.
05:16Et depuis cette date, on perd totalement la trace de Xavier Dupont-de-Ligonnès.
05:21Depuis le 15 avril 2011, donc impossible de remonter vers l'auteur,
05:29présumé du quintuple meurtre.
05:30Pas de connexion téléphonique, pas de connexion à ses e-mails,
05:33pas de mouvement bancaire, pas de connexion non plus aux réseaux sociaux
05:36ni aux blogs catholiques dont il était pourtant familier.
05:40Les enquêteurs vont recevoir des dizaines de signalements
05:42qui sont explorés comme autant de pistes pour retrouver le fugitif.
05:46Des ossements sont découverts en 2015 dans le Var,
05:49mais ne correspondent pas à son ADN.
05:51On perquisitionne un monastère en 2018, puis un couvent en 2024, négatif.
05:57En 2019, c'est un passager de l'aéroport de Glasgow
05:59qui est arrêté pour sa ressemblance physique,
06:02mais l'ADN là encore ne correspond pas.
06:04Et puis il y a quelques semaines, c'est l'influenceur Aquababe
06:07qui refait parler de l'affaire.
06:09Il lance un défi à sa communauté de plusieurs millions de fans.
06:12Il faut retrouver Xavier Dupont-de-Ligonnès plus vite que les autorités.
06:15La traque digitale prend une ampleur considérable
06:18et aboutit à la diffusion de la photo d'un homme aperçu en Asie,
06:22aux traits effectivement ressemblants à l'image de Xavier Dupont-de-Ligonnès.
06:26Mais là encore, les enquêteurs n'aboutissent pas.
06:30À l'heure actuelle, ils n'estiment pas être en possession d'une preuve de son existence.
06:34Depuis 2011, plus de 1750 signalements ont été reçus par les autorités,
06:40sans qu'aucun ne permette de localiser Xavier Dupont-de-Ligonnès.
06:43L'enquête reste ouverte, mais le mystère entier, 14 ans après le drame.
06:52Merci Elina Rostand pour la préparation de ce récit.
06:55Alors Daniel Zaguri, je le disais en début d'émission,
06:58vous n'êtes pas dans le dossier Xavier Dupont-de-Ligonnès.
07:00Pour autant, vous avez eu envie de faire ce livre.
07:02Est-ce que vous pouvez nous dire pourquoi ?
07:04Alors je ne suis pas dans le dossier, je ne l'ai pas examiné,
07:07ce qui ne vous étonnera pas.
07:09Mais j'en sais 10 000 fois plus sur lui
07:13que si j'avais vu quelqu'un d'un peu réticent, d'un peu réservé.
07:19Pourquoi s'intéresser à l'affaire Xavier Dupont-de-Ligonnès ?
07:23Je dirais que la France entière s'y intéresse, pourquoi pas moi ?
07:26Mais moi, j'ai cette particularité d'avoir vu d'autres assassins,
07:34dans son cas, c'est un assassin présumé,
07:38et d'avoir en quelque sorte la possibilité de peut-être faire une enquête psychique
07:44et pas une enquête sur les faits.
07:46C'est ça qui m'a intéressé.
07:47Et vous avez eu accès à tout un tas de documentations en revanche, des lettres.
07:53C'est des documentations auxquelles ont eu accès tous ceux qui se sont intéressés à lui.
07:59Quelques éléments d'enquête, des rencontres de ses proches,
08:03j'ai lu les livres, et surtout je suis allé sur les sites catholiques
08:07où il passait beaucoup de temps.
08:09Et vous avez appris beaucoup, on va y revenir dans un instant.
08:13Jade Serrano et Victor Lefebvre, dites-nous pourquoi cette affaire est tout à fait exceptionnelle.
08:16Elle est exceptionnelle par son ampleur,
08:18et ça fait quand même plus de 15 ans qu'on recherche l'ennemi public numéro un français.
08:22Donc c'est pour ça qu'on veut avoir des réponses, tout le monde veut avoir des réponses,
08:25et on n'a pas de corps.
08:26Donc on se demande tous s'il est encore vivant ou pas.
08:29Oui, et puis je pense qu'effectivement le fait qu'il n'ait jamais été retrouvé,
08:33c'est ce qui participe de ce mystère, qui intrigue énormément.
08:36Et puis c'est une famille aussi sans histoire classique jusqu'au...
08:40Près Versaillaise.
08:41Ici, voilà, il y a de la Vangoisie Versaillaise.
08:44Et donc peut-être que ça participe aussi de cette fascination pour l'affaire du plan de l'ennemi.
08:47Et puis elle est exceptionnelle parce qu'on a tous un peu l'impression d'être piégés dans la mise en scène
08:51que l'auteur de ce crime a manifestement installé.
08:54Et c'est ça qui est fort.
08:55Alors, dans un instant, nous allons revenir sur cette incroyable affaire.
08:58Et nous allons nous demander pourquoi ce mystère continue de passionner la société,
09:0214 ans après les faits, avec notre invité, le psychiatre et expert auprès des tribunaux,
09:05Daniel Zaguri.
09:06A tout de suite.
09:08Sud Radio, l'affaire dans l'affaire, Stéphane Simon.
09:11De retour dans votre rendez-vous avec l'actualité judiciaire.
09:14Une émission en partenariat avec la revue trimestrielle Affaires criminelles,
09:18dont on dira un mot tout à l'heure.
09:19Alors, je suis en compagnie de Victor Lefebvre, le rédacteur en chef de cette revue.
09:23Jean-Marie Bordry est avec nous, toujours.
09:26Merci d'être là, Jade Serrano.
09:28Bonjour également.
09:29Nous allons parler toujours de l'affaire Xavier Dupont de Ligonès.
09:3214 ans après les faits, ce mystère français continue de passionner la société
09:36et de partager les français entre ceux qui croient à sa mort et ceux à son suicide,
09:40donc, et ceux qui pensent qu'il est toujours vivant.
09:43Nous en parlons avec notre invité, Daniel Zaguri, psychiatre, expert auprès des tribunaux,
09:46auteur aux éditions du Seuil de ce livre remarquable,
09:50l'énigme public numéro 1, un ouvrage que nous avons passé au crible, évidemment.
09:54Alors, docteur Zaguri, contrairement aux criminels que vous avez pu étudier,
09:58dans leurs cellules, dans leur établissement psychiatrique,
10:00vous n'avez pas rencontré, vous nous l'avez dit, Xavier Dupont de Ligonès,
10:03de quel matériel avez-vous disposé pour faire son profil psychologique ?
10:07Parce que ça, c'est intéressant.
10:08Alors, j'ai eu, encore une fois, beaucoup plus de matériel
10:12que si j'avais rencontré quelqu'un de distant et réticent.
10:15Oui, et qu'elle voulait dire quelqu'un qui ne collabore pas avec la justice.
10:18Oui, ou qui collabore du bout des lèvres.
10:21J'ai rencontré un certain nombre de proches, des gens qu'il connaissait.
10:28J'ai lu tous les livres, ou à peu près tous les livres qui lui ont été consacrés.
10:34Je me suis rendu sur les sites catholiques,
10:40où il a passé son temps, effectivement.
10:45Et puis, Xavier Dupont de Ligonès, c'est quelqu'un d'extrêmement bavard.
10:50Autant il a effacé les traces,
10:51autant il était graphorique et racontait sa vie à ses proches.
10:58À lui-même, il écrivait beaucoup.
11:00Il se prenait pour un grand théologien.
11:03Et donc, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de matériel.
11:07Beaucoup, beaucoup de matériel.
11:08Est-ce que vous diriez, à la suite de cet écrivain Rilke,
11:12que l'enfance est un destin ?
11:14Est-ce qu'il faut aller chercher dans son enfance pour comprendre le personnage ?
11:17Oh, bien sûr que l'enfance est un destin.
11:19Mais en même temps, je vais vous parler de son enfance,
11:23mais je voudrais dire quand même que je me suis bien gardé
11:26de me cantonner à une seule théorie.
11:29L'enfance est tout à fait singulière,
11:30parce que vous évoquiez tout à l'heure une famille,
11:34comme tout le monde, versaillaise, bourgeoise.
11:36Oui, mais enfin, tout le monde n'a pas une maman millénariste
11:41qui prédit l'apocalypse,
11:43qui pense que vous avez un destin grandiose
11:47à la fin de cet apocalypse, après cet apocalypse.
11:49Et je dirais que l'un des fils conducteurs de mon livre,
11:52c'est qu'à être prédestiné,
11:54il n'a malheureusement pas pu se donner un destin.
11:56Alors, Jade Serrano, vous avez étudié son enfance.
11:58Elle est vraiment très singulière.
12:00Elle est très singulière, parce que je pense,
12:02sans faire de la psychologie comptoir,
12:03qu'elle est quand même propice à cette espèce de schizophrénie
12:07qui est en lui, c'est-à-dire qu'il pense que la déité
12:09a quelque chose de magique.
12:11Et je le trouve quand même assez étonnant
12:13quand sa sœur dit qu'elle a été enfantée par Satan.
12:16C'est quand même des mots complètement loufoques.
12:19Et donc, il vit en fait au-delà de la déité,
12:21c'est qu'il vit dans une secte, en fait,
12:23tout simplement un groupe adhéry sectaire quelque part.
12:25La secte de Philadelphie.
12:27De quoi s'agit-il, Daniel Zaguri ?
12:29C'est sa mère qui a créé cette secte.
12:31La maman est prédicatrice.
12:33Elle communique avec l'au-delà, avec Dieu.
12:37Avec le Christ.
12:38Elle est réceptrice de messages.
12:43Et elle transmet ses messages.
12:45Elle écrit même un petit livre.
12:47Et donc, elle prévoit, elle prédit l'Apocalypse.
12:52Et ça va plus loin puisque le chanoine Ridolfi,
12:56qui est un prêtre qui apparemment croit à sa doctrine,
13:00va devenir le pape,
13:03que son fils va être un des premiers au hit parade,
13:06si je puis dire, post-apocalypse.
13:09Et donc...
13:10Son fils, donc, Xavier Dupont-de-Ligonnès,
13:13est prédestiné à devenir une espèce de messie, quoi, entre guillemets.
13:16Oui, il est prédestiné à devenir quelqu'un de très important.
13:20Et dans ces conditions, je dirais, pourquoi faire des études ?
13:24Pourquoi essayer de travailler, de redresser ?
13:29La situation difficile, puisque de toute façon,
13:32ça doit vous arriver tout chaud et tout rôti,
13:34et que vous êtes un winner de naissance.
13:36Est-ce que ça signifie qu'il a été conditionné tout petit
13:39à devenir mégalomène ?
13:41Alors, vous savez,
13:43je ne sais pas si vous avez des enfants,
13:45mais Freud disait
13:46un bébé, c'est his majesty, the baby.
13:50Donc on projette son narcissisme primaire sur l'enfant,
13:54n'importe quel parent,
13:56et heureusement.
13:58Mais là, ça va très au-delà,
14:00puisque il ne s'agit pas simplement du narcissisme maternel,
14:04il s'agit d'une place qui lui est assignée,
14:08qui va être la sienne,
14:10après un événement terrible,
14:12qui est l'apocalypse.
14:15Alors, quels mécanismes ont pu conduire
14:17un père de famille à massacrer les siens ?
14:20Parce que c'est votre théorie, quand même.
14:22Évidemment, vous utilisez des guillemets,
14:24mais vous pensez plutôt à un suicide
14:29après avoir massacré les siens.
14:31Mais parlons d'abord du massacre des siens.
14:32Pourquoi est-ce qu'il en arrive là, déjà ?
14:34Alors, pour ce qui me concerne,
14:36je n'avais pas de religion avant de me plonger dans le dossier.
14:40Soyons clairs.
14:41Alors, ce qu'il faut comprendre,
14:44c'est qu'il y a plusieurs séquences dans sa vie.
14:47Et donc, il y a une suite de désillusions,
14:51et il y a l'émergence d'une dépression.
14:54Mais d'une dépression très particulière,
14:56puisqu'il est en permanence capable de donner le change
14:59et de ne pas montrer son désespoir.
15:01Il n'y a que ces intimes qui le pressentent.
15:06Et donc, il a des idées suicidaires qui surgissent,
15:11et petit à petit, il va se trouver devant une équation.
15:16Comment arrêter de souffrir ?
15:18Parce que c'est insupportable.
15:18C'est devenu insupportable.
15:21Alors, le suicide, ce n'est pas possible,
15:23parce que le suicide n'est pas chrétien,
15:25et il ferait beaucoup de peine à sa mère et à ses soeurs.
15:30Se suicider tout seul, ce n'est pas possible,
15:32parce qu'il ne veut pas les abandonner.
15:36Il faut dire que lui-même a été abandonné par son père, Hubert.
15:39Et lui-même s'est trouvé en position de seul garçon de la maisonnée
15:42après le départ du père.
15:44Et c'est un événement qui, du témoignage des proches,
15:48a été extrêmement important.
15:51Il ne faut quand même pas oublier que la sœur Christine
15:53n'a pas revu son père, n'est pas allée à son enterrement,
15:56ainsi que son ex-femme.
15:58Donc, il y a une fâcherie familiale terrible.
16:01Et, arrêter la souffrance ne suffit pas,
16:05il faut lui donner du sens.
16:06Et ce sens, ça va être le sacrifice.
16:10C'est-à-dire qu'il va retrouver la religion
16:13des premières années de sa vie
16:17comme légitimation, comme alibi de son geste.
16:21Et au fond, dans sa tête à lui, bien entendu,
16:23pas dans la nôtre, pas dans la vôtre, pas dans la mienne,
16:26dans sa tête à lui,
16:27ce massacre présumé était un don sublime au divin.
16:33C'était un sacrifice.
16:35Alors, quelques semaines auparavant,
16:39avant le massacre de la famille,
16:41il a adressé un mail dont vous avez eu copie
16:44et qui est très singulier.
16:46Oui, quelques mois avant, enfin huit mois avant exactement,
16:48en juillet, le 11 juillet 2010.
16:49Donc, il envoie un mail très troublant
16:50à ses deux meilleurs amis qui sont aujourd'hui décédés,
16:53Michel Rétif et Emmanuel Tonner.
16:55Le titre de ce mail, c'est « À mettre de côté ».
16:57Je cite quelques extraits,
16:58c'est vraiment très intéressant de s'y plonger.
17:00Il dit « Ma situation est plus précaire et je préfère prendre des précautions au cas où
17:04et vous donner des instructions à l'avance.
17:07Si ça tourne mal, je n'ai que deux solutions,
17:09me foutre en l'air avec ma voiture
17:11ou foutre le feu à la baraque quand tout le monde dort.
17:14Je serai donc fin août, début septembre,
17:16au pied du mur avec une décision définitive à prendre,
17:19suicide seul ou suicide collectif. »
17:21Et il ajoute « Post scriptum, je suis très sérieux, lucide
17:23et sous l'emprise d'aucune drogue ni d'aucun alcool.
17:26Je souhaite enfin que même après enquête de police,
17:28on ne puisse jamais laisser croire à mes parents, frères et sœurs
17:31que ces accidents ont été volontairement provoqués par moi,
17:34même si les preuves sont formelles. »
17:36C'est ce mail qui vous fait pencher pour la thèse du suicide ?
17:40Alors, c'est ce mail, oui, bien sûr, mais tout le reste aussi.
17:44Alors, ce qui est très intéressant dans ce mail,
17:46c'est qu'après avoir écrit tout ça,
17:48c'est-à-dire ce chronique d'un suicide annoncé,
17:51il dit « Mais ne vous affolez pas ! »
17:54Alors, en grand.
17:56Et quand ses amis lui téléphonent,
17:59il leur dit « Oh, j'ai juste eu un petit moment de lâchage de cafards. »
18:03Et là, vous avez tout Xavier Dupont-de-Ligonnès dans cette histoire,
18:07c'est-à-dire qu'après le désespoir,
18:11c'est l'annulation.
18:14Donc voilà, tout va bien, tout va très bien.
18:16C'est « Monsieur, tout va très bien, Madame la Marquise ».
18:19Je dirais qu'après la chanson de Johnny,
18:21« Noir, c'est noir »,
18:22c'est celle d'Edith Piaf, « La vie en rose ».
18:24Et ça l'empêche, ça l'empêche de vivre sa dépression
18:29et d'appeler au secours ses amis.
18:30Parce que c'est un homme acculé qui,
18:31toutes ses entreprises ont fait faillite,
18:33il est au pied du mur.
18:35Pourquoi il ressent ce besoin de contredire
18:37ce qu'il avait écrit systématiquement après ?
18:40Et de dire que tout va bien ?
18:41Il n'assume pas sa dépression.
18:42Ça ne vous est jamais arrivé d'avoir un coup de cafard
18:45et ensuite de dire « Bon, allez ! »
18:47Ah oui, c'est quelque chose que nous connaissons tous.
18:49Mais pas à ce point-là.
18:50Mais chez lui, ça prend des dimensions effectivement extraordinaires.
18:54Et puis je n'aurais jamais fait une lettre
18:55pour expliquer à quel point j'ai un cafard
18:57qui va me conduire au suicide
18:59ainsi qu'à l'assassinat toute ma famille.
19:01Alors, on revient dans un instant justement
19:03sur cette thèse du suicide
19:05qui est, selon vous,
19:07Daniel Zaguri, la plus probable.
19:09On en parle dans un instant à nouveau
19:10sur Sud Radio.
19:12L'affaire dans l'affaire, Stéphane Simon.
19:16Retour dans l'affaire dans l'affaire,
19:17votre émission sur l'actualité judiciaire
19:20avec la revue Affaires criminelles.
19:23Victor Lefebvre, rebonjour Stéphane.
19:25Rebonjour Jeanne Serrano et Jean-Marie Bordry.
19:28Bonjour.
19:29Voilà, j'ai la voix qui est un peu éraillée, excusez-moi.
19:32Nous sommes en compagnie de Daniel Zaguri
19:35et nous parlons de l'affaire Dupont-de-Ligonnès
19:37qui est l'objet central de votre livre
19:39L'énigme public numéro 1
19:41publié aux éditions du Seuil.
19:43Alors, la personnalité incroyable
19:46de Xavier Dupont-de-Ligonnès,
19:48c'est d'abord et avant tout
19:49une personnalité très compartimentée,
19:52vous le disiez.
19:52Oui, alors, dans notre jargon, on dit clivé,
19:58bon, mais, si vous voulez,
19:59le propre du clivage, c'est comme les parallèles,
20:02ça ne se rencontre jamais.
20:03Moi, il y a quelque chose qui m'a beaucoup frappé
20:05à l'origine de ce clivage,
20:09c'est l'incapacité de marier son père et sa mère en lui.
20:13Il a une mère qui est prédicatrice,
20:16qui est extrêmement religieuse, millénariste,
20:21qui prévoit l'apocalypse,
20:24qui fait vivre les enfants quand même
20:25dans une atmosphère assez lugubre.
20:27Oui, elle dit même à son fils
20:28qu'il va devenir messie à 35 ans.
20:30Voilà, il va devenir quelqu'un de très important.
20:32Donc, une mère qui évoque les pluies de sang,
20:35les châtiments divins,
20:36et un papa, au contraire,
20:38qui aime la vie, la bonne chair,
20:42dont on dit qu'il aime aussi les femmes,
20:44le tabac, l'alcool,
20:46et qui a une vie beaucoup plus libre
20:50et qui d'ailleurs pensent que son épouse
20:55et leur fille sont des illuminés.
20:59Donc, qu'est-ce qu'ils ont de commun,
21:02ce papa et cette maman ?
21:04Et donc, Xavier s'est sorti,
21:08en quelque sorte, de cet univers,
21:10et il a été un ado,
21:11un ado versaillais avec des Ray-Ban,
21:13aimant Eddie Cochrane,
21:16Buddy Holly,
21:18la musique américaine,
21:21il en dit qu'il avait collectionné
21:2440 albums d'Elvis Presley,
21:25bon, bref,
21:27un garçon qui vivait sa vie, par ailleurs.
21:30Donc, il était les deux.
21:32Et Xavier Dupont de Lignanès
21:34ne va cesser d'être les deux,
21:37les deux à la fois.
21:38Mais si vous voulez,
21:39ce n'est pas un conflit,
21:39ça n'entre pas en conflit.
21:40c'est comme le soleil
21:42qui est rendez-vous avec la lune.
21:43Ça ne se rencontre jamais.
21:45C'est deux facettes de sa personnalité.
21:47Voilà.
21:48Et alors,
21:49il y a un événement
21:50qui va être décisif,
21:52selon vous,
21:53c'est évidemment la mort
21:55de son père, Hubert,
21:57qui lui est mort
21:58d'une mort tout à fait naturelle,
21:59à 83 ans,
22:02et découverte,
22:04Xavier Dupont de Lignanès
22:05n'a en héritage
22:07qu'une arme à feu,
22:09une 22 long riff.
22:11Et est-ce qu'il y a vu un signe ?
22:13Puisque c'est avec cette arme
22:14qu'il va tuer toute sa famille.
22:15Alors,
22:16je ne sais pas s'il y a vu un signe.
22:20On peut faire l'hypothèse.
22:22J'ai discuté avec Michael,
22:25qui était l'ami,
22:28qui s'occupait de son vieux père,
22:32Michael Calvi,
22:33quand il commençait à décliner,
22:36qui parle effectivement
22:38de ce moment
22:38où il prend l'arme.
22:42Si vous voulez,
22:43la mort de son père
22:44a probablement été
22:45un élément décisif,
22:46mais on ne peut pas
22:47l'isoler de tout le reste.
22:48On ne peut pas l'isoler
22:49de ce que vous avez évoqué
22:50tout à l'heure,
22:51de ses envies suicidaires.
22:53On peut penser quand même
22:54que ça a été un moment
22:54de bascule
22:55et que ça a été un moment
22:56où il a vécu
22:57un autre abandon.
22:58« Mon père,
23:00pourquoi m'as-tu abandonné ? »
23:02Donc,
23:03chronologiquement,
23:06on peut penser
23:08que c'est un moment
23:08clé de la bascule
23:10où il va arrêter,
23:13en quelque sorte,
23:14sa décision
23:15de façon définitive,
23:17son projet suicidaire.
23:20Alors,
23:20ce qu'on a peine
23:21à comprendre,
23:22c'est pourquoi
23:22tuer toute sa famille
23:24et puis mettre autant de temps
23:25peut-être à mettre fin
23:27à ses jours
23:28parce qu'il va s'écouler
23:29quand même,
23:29on le rappelait
23:29dans la chronologie
23:30tout à l'heure,
23:31plusieurs jours
23:32avant que...
23:33Et puis,
23:33il prend la voiture,
23:34il part dans une espèce
23:35de cavale.
23:36Qu'est-ce qui a pu se passer
23:38selon vous ?
23:38Vous avez fait l'analyse
23:39de nombreux criminels,
23:41des gens qui ont,
23:42comme Xavier Dupont
23:43ou de Ligonnès,
23:44peut-être suicidé,
23:46ce qu'on appelle
23:47le suicide altruiste,
23:48c'est-à-dire
23:48se suicide avec les autres.
23:50Est-ce que...
23:51Qu'est-ce qui peut expliquer
23:52qu'il n'ait pas pris
23:53la décision
23:53de se tuer tout de suite ?
23:55Alors,
23:57qui est mis en avant
23:58par ceux qui pensent
24:00qu'il est vivant.
24:04Et c'est effectivement
24:07sur le plan criminologique,
24:08c'est atypique.
24:09Habituellement,
24:10dans ce type d'histoire,
24:13il y a une unité de lieu,
24:14une unité de temps,
24:15on tue ses proches
24:16et on se donne la mort ensuite.
24:19Mais n'oubliez pas
24:20que son projet
24:20et que tout soit effacé,
24:23qu'on imagine
24:24que toute la famille
24:25est aux Etats-Unis,
24:28exfiltré, etc.,
24:30avec cette histoire
24:31complètement abracadabrantesque.
24:34Donc,
24:35il est,
24:36il est,
24:37et il est,
24:39si vous voulez,
24:40dans un état
24:41très particulier
24:43où il a arrêté son projet,
24:45où il va le commettre,
24:47et où il va être
24:47comme sur sa lancée,
24:49robotisé,
24:50et on peut imaginer
24:55qu'il va prendre
24:57beaucoup de distance
24:58et qu'il va revisiter,
25:01si je puis dire,
25:02les lieux de sa vie,
25:03mais dans un état
25:04où il est à moitié mort
25:06et à moitié vivant.
25:09Ces derniers mails
25:10sont très intéressants.
25:12l'avant-dernier
25:14est adressé
25:15à sa mère
25:17et à sa jeune sœur
25:19pour leur dire
25:20« Rabibochez-vous
25:21avec la sœur aînée »
25:24et au fond,
25:25comme si c'était
25:26vraiment quelque chose
25:27qui était lourd pour lui
25:28et qu'il portait encore,
25:29et puis pour le reste,
25:30Dieu reconnaîtra les siens.
25:32Et le dernier mail,
25:34c'est la généalogie
25:35du Christ,
25:37comme si
25:37il était
25:39dans une identification
25:40christique,
25:41comme le Christ
25:42il n'aura pas
25:43de descendance
25:44et comme le Christ
25:46il a eu
25:46une généalogie
25:49grandiose.
25:52Il faut rappeler
25:53pour les auditeurs
25:54que Dupont-de-Ligonnais
25:56c'est une particule
25:56qui remonte
25:57à Louis XIV
25:59ou Louis XVI,
26:00je ne me souviens plus
26:00exactement.
26:02XVIe siècle.
26:02Quand j'ai vos dents.
26:04Absolument.
26:04Et Hubert,
26:06son père,
26:07donc,
26:08n'a pour héritier
26:09que ce fils
26:10dans la lignée masculine,
26:12il a d'autres filles,
26:14mais c'est lui
26:15qui va donc décider
26:16de mettre fin
26:18à son arbre généalogique,
26:19entre guillemets.
26:20Oui,
26:21mais avec cette idée
26:23qu'il le fait
26:24avec courage
26:25et qu'il le fait
26:26en quelque sorte
26:27en don,
26:29en don sacrificiel
26:30à Dieu.
26:32Alors,
26:32est-ce qu'il n'y a pas
26:33un côté quand même
26:33très grossier
26:35dans cette falsification
26:36quand il envoie un mail
26:37où il veut faire croire
26:39qu'il a été
26:39un agent américain
26:40embrigadé
26:41dans la DEA,
26:42la Drug Enforcement Agency,
26:44dans un réseau
26:45de démantèlement,
26:47c'est quand même,
26:48là,
26:48pour le coup,
26:49on a l'impression
26:49d'un falsificateur grossier.
26:52Oui,
26:52c'est effectivement grossier,
26:54c'est du tintin,
26:54là aussi,
26:55bon,
26:56qui peut croire ça ?
26:58Et de même,
26:59vous avez...
26:59Ça sœur, manifestement.
27:00Ça sœur,
27:01oui, manifestement,
27:02elle l'a cru.
27:03Oui,
27:03mais sa sœur,
27:04elle a toutes les excuses
27:05parce que c'est sa sœur.
27:06Et donc,
27:08de même que
27:10on a fait
27:11le criminel parfait
27:13qui a semé
27:14la police
27:15et la justice
27:15avec une extraordinaire habileté,
27:19mais quand il dit
27:21n'allez pas voir
27:22du côté
27:22de la terrasse,
27:25du jardin,
27:26c'était là
27:27quand on est arrivé,
27:28là aussi,
27:29quand même,
27:29c'est assez...
27:30C'est une manière
27:31de désigner
27:32le lieu.
27:33C'est ça
27:35qui est paradoxal
27:35chez lui,
27:36quand même,
27:36c'est qu'on a l'impression
27:37qu'il y a des petits
27:37cailloux blancs,
27:38il y a des signes,
27:40il y a des symboles
27:41ici ou là.
27:41Mais qu'il veut nous manipuler
27:42parce qu'il veut
27:43qu'on cherche
27:44et qu'on gratte sa piste
27:45jusqu'à ce qu'on arrive
27:46à ne pas le trouver.
27:48Alors,
27:49je ne sais pas,
27:50tout simplement,
27:51moi,
27:52je dirais
27:52assez prosaïquement
27:53que la perfection
27:55du crime,
27:57c'est pas tout à fait ça,
27:59quoi.
27:59Mais vous croyez
28:00dans l'idée de complicité,
28:01c'est-à-dire qu'il aurait
28:02pu, pendant sa cavale,
28:03on pense à son ami,
28:04évidemment,
28:05Michel Rétif,
28:05dont le téléphone borne
28:06à peu près sur le même
28:07trajet dans le sud
28:08de la France.
28:09Est-ce que vous pensez
28:09que dans l'hypothèse
28:10où il aurait mis fin
28:11à ses jours,
28:11il aurait pu être
28:12potentiellement aidé
28:13par quelqu'un d'autre ?
28:15Alors là,
28:15moi,
28:15je ne me suis pas du tout
28:16lancé là-dedans.
28:17Je ne suis pas enquêteur,
28:19je n'ai aucune...
28:21Vous fouillez les âmes,
28:22vous ne fouillez pas les...
28:23Exactement.
28:24Non,
28:24mais est-ce qu'il vous a l'air
28:25d'être capable
28:25de trouver un complice
28:26et de l'enrôler
28:27dans son projet ?
28:29Ou est-ce qu'au contraire,
28:30il a tout de l'être solitaire ?
28:31Il a tout de l'être solitaire.
28:34C'était pas...
28:35C'était quelqu'un
28:36qui avait un grand sens
28:37de l'amitié,
28:38qui a eu des amis
28:39pendant très longtemps,
28:40qui a été très affecté
28:42par l'accident de voiture
28:44de Bruno de Stabenrat.
28:46Pourtant,
28:46il leur a tous menti.
28:48Pourtant,
28:48il leur a tous menti.
28:51Ah !
28:52Vous n'avez jamais menti
28:54pour la bonne cause ?
28:55Alors,
28:56dans un instant,
28:57je vais vous demander
28:58s'il a bien
28:59cette forme
29:00de toute puissance
29:01qui l'accompagne
29:02depuis sa plus tendre jeunesse,
29:04puisque sa maman
29:05lui a expliqué
29:05que c'était pas un roi,
29:06mais c'est encore mieux,
29:07c'est un messie.
29:08Si cette forme
29:09de toute puissance,
29:10c'est bien le profil
29:11d'une personne
29:11qui finalement
29:12mettra fin à ses jours.
29:14On va donc se demander
29:14s'il pourrait être
29:16encore en vie,
29:17s'il ne s'est pas suicidé,
29:18dans un instant,
29:19sur Sud Radio.
29:20Sud Radio,
29:21L'Affaire dans l'Affaire,
29:22Stéphane Simon.
29:24Retour dans l'Affaire dans l'Affaire,
29:25votre rendez-vous
29:26avec l'actualité judiciaire.
29:28On est en compagnie
29:29de Daniel Zaguri
29:30et on parle aujourd'hui
29:31de l'affaire
29:32Xavier Dupont
29:33de Ligonnès
29:34qui partage
29:35véritablement en deux
29:36la France
29:36des passionnés
29:37de faits divers.
29:38Il y a ceux qui pensent
29:38qu'il s'est suicidé,
29:40dont notre invité,
29:41et ceux qui pensent
29:42qu'il est toujours vivant.
29:43Alors,
29:44Daniel Zaguri,
29:45je rappelle que vous êtes
29:46l'auteur donc
29:46de l'énigme
29:47public numéro 1,
29:48paru au Seuil,
29:49et que vous pensez
29:51que l'homme n'est pas
29:51encore en cavale,
29:52qu'il se serait plutôt
29:53suicidé.
29:54Mais,
29:55si on se penche
29:56sur cette personnalité
29:57quand même,
29:58qui est bercée
29:58depuis la plus tendre enfance
30:00dans la toute-puissance,
30:02comment quelqu'un
30:02qui est bercé
30:03dans la toute-puissance
30:04peut-il mettre fin
30:05à ses jours ?
30:06Vous avez d'autres cas
30:07parmi les criminels
30:08qui vous inspirent
30:10une comparaison ?
30:12Si Xavier Dupont
30:13de Ligonnès
30:14a autant retenu l'attention,
30:15s'il est devenu
30:16une véritable légende,
30:17un mythe,
30:18c'est quand même
30:20parce que le cas
30:21est unique
30:22et d'une particulière
30:23complexité.
30:26Essayez de vendre
30:27ce scénario
30:28et on vous dira
30:29écoute,
30:30choisis un angle,
30:31franchement,
30:32il y a trop d'histoires
30:33dans l'histoire.
30:35C'est un peu
30:35comme des poupées russes
30:37qui s'emboîtent
30:37les unes dans les autres.
30:39Et on peut,
30:41dans cette affaire,
30:41appliquer tout un tas
30:42de théories.
30:43La théorie religieuse,
30:45la théorie financière,
30:46la théorie narcissique,
30:48la théorie aristocratique,
30:50il y a beaucoup
30:52d'explications possibles
30:53et elles sont toutes
30:54un peu vraies.
30:55Je crois qu'il faut
30:56les articuler.
30:57C'est ce qui fait
30:57la singularité
31:00de Xavier Dupont
31:03de Ligonnès.
31:04Alors,
31:04ceux qui penchent
31:06pour sa survie
31:07évoquent,
31:07par exemple,
31:08John List.
31:09Ah oui,
31:09l'affaire John List.
31:10Alors,
31:10il faut expliquer
31:11à nos auditeurs
31:12quelle est cette affaire
31:13John List.
31:13parce qu'il faut se rappeler
31:14que Xavier Dupont
31:16de Ligonnès,
31:16c'est quelqu'un
31:17qui parle couramment anglais,
31:19qui a passé des années
31:20aux Etats-Unis,
31:21qui a été même
31:21dans la vente
31:22de Cadillac
31:23pendant des années
31:23et c'est un business
31:24qui a marché
31:25pendant un certain temps
31:26d'ailleurs.
31:26Donc,
31:26c'est une expérience
31:27heureuse pour lui.
31:28Et,
31:29très curieusement,
31:30il est aux Etats-Unis
31:31au moment de l'affaire
31:32John List.
31:33Cet homme
31:33qui a disparu
31:35après avoir tué
31:37sa femme,
31:38sa mère
31:38et ses trois enfants,
31:40donc cinq cadavres
31:41derrière lui,
31:42qu'il laisse derrière lui,
31:43Et puis,
31:4418 ans plus tard,
31:45il y a une émission
31:45de télévision
31:46qui reparle
31:47de cette affaire
31:48et là,
31:49témoignage magique
31:50d'une femme
31:50qui va dire
31:51« Mais mon voisin
31:52ressemble curieusement
31:53à ce John List. »
31:55Et figurez-vous
31:56qu'on est en 1989
31:57et au moment
31:59de l'arrestation
32:00de John List
32:00et c'est précisément
32:02au moment
32:02où Xavier Dupont
32:03de Ligonnès
32:04est aux Etats-Unis
32:05et ne peut pas
32:06ne pas avoir
32:06entendu parler
32:07de cette affaire.
32:08Alors,
32:08est-ce qu'il faut
32:09penser que
32:11quelque part
32:11Xavier Dupont
32:12de Ligonnès
32:12s'est inspiré
32:13de John List
32:14et qu'il serait parti
32:15donc en cavale
32:16et qu'il aurait refait
32:17sa vie complètement
32:18comme John List ?
32:19Vous voyez,
32:20ça c'est toute la différence
32:21entre ceux
32:22qui ont des théories
32:24à partir
32:25d'un argument
32:26et ce que j'ai cru
32:29pouvoir tirer
32:30de toute cette affaire.
32:32Moi,
32:32je n'ai pas un argument.
32:33Moi,
32:34j'ai rentré
32:34dans ma boîte crânienne
32:36des tas,
32:37des centaines,
32:39peut-être des milliers
32:40d'informations
32:40et ce que j'ai cru
32:42pouvoir en tirer,
32:43c'est ce livre.
32:44Donc,
32:44c'est pas...
32:44Oui,
32:45alors,
32:45John List,
32:47quand on regarde
32:48un petit peu
32:48notamment l'expert
32:50dont j'ai oublié le nom,
32:51l'expert américain
32:52qui l'a examiné,
32:54c'est pas du tout ça.
32:55C'est quelqu'un
32:56de beaucoup plus simple,
32:57c'est quelqu'un
32:58de beaucoup plus monolithique.
33:01C'est...
33:01Voilà.
33:02Donc,
33:03Xavier Dupont de Ligonnais
33:04c'était un être déchiré,
33:05un être paradoxal,
33:07un être complexe
33:08et au fond,
33:10toute la ligne,
33:11si je devais en un mot
33:13dire pourquoi
33:13je penche plutôt
33:14pour le suicide,
33:17c'est que toute la ligne
33:18de son parcours,
33:20de sa vie,
33:21il mène.
33:22Voilà.
33:22Et que je ne peux pas
33:23imaginer
33:24que quelqu'un
33:25qui était aussi bavard
33:27se soit tout d'un coup
33:28tue,
33:29que quelqu'un
33:29qui était aussi proche
33:30de sa mère
33:32et de ses soeurs
33:33les ait laissé
33:33pendant 14 ans
33:34sans rien dire,
33:36que quelqu'un
33:37qui financièrement
33:38se débrouillait très mal
33:40tout d'un coup,
33:41il a trouvé un travail,
33:42bon,
33:43si vous voulez,
33:44que quelqu'un
33:45qui était déprimé
33:46soit dans une espèce
33:47d'élan vital
33:48qui fait qu'il rejaillit,
33:50c'est très difficile
33:51pour moi.
33:52Mais pardon,
33:52mais pourquoi l'aurait-il fait
33:53dans ce cas-là
33:53de manière si discrète
33:54qu'on n'aurait pas
33:55découvert son corps ?
33:56Parce que tout ce qu'il a fait
33:57depuis le début
33:58consiste quand même
34:00à nous mettre
34:00sur la piste
34:01de son crime.
34:03Pourquoi c'est le dernier crime
34:04qui manquerait
34:04dans cette histoire ?
34:06C'est pour lui donner
34:08peut-être un caractère
34:08exceptionnel.
34:10Dans son...
34:10Quand même,
34:12dans son projet à lui,
34:13c'était
34:14c'était l'effacement
34:16qu'on ne retrouverait pas,
34:19c'est peut-être très naïf,
34:20mais qu'on ne retrouverait pas
34:21les corps de sa famille
34:22et sans doute
34:26s'est-il aussi débrouillé
34:28pour qu'on ne retrouve pas
34:29le sien.
34:29Mais vous savez,
34:30je crois que là,
34:31il y a une querelle
34:32de croyances.
34:33C'est très intéressant,
34:34moi,
34:35je vois la suite d'émissions
34:36que je fais,
34:36je regarde ce qu'il ne faut
34:37jamais faire,
34:38les réactions des internautes.
34:40Qu'est-ce qu'il raconte
34:41ce psychiatre ?
34:42C'est n'importe quoi.
34:43Il est vivant,
34:45point barre.
34:45Oui,
34:46il est vivant,
34:46point barre.
34:47Donc,
34:48les gens ont une croyance.
34:50Moi,
34:51je ne suis pas dans la croyance.
34:52Oui,
34:52je comprends.
34:53Et vous êtes psychiatre,
34:54et je le rappelais,
34:54vous êtes expert auprès
34:55des tribunaux
34:56et vous avez vu défiler
34:57un paquet de criminels.
34:59Mais je voudrais quand même
34:59attirer votre attention
35:00sur un point qui est troublant.
35:02C'est qu'une personnalité
35:03qui est dans la toute puissance,
35:05en général,
35:05elle ne met pas fin
35:06à ses jours.
35:07Est-ce qu'on est d'accord
35:08là-dessus ?
35:09Non,
35:09on n'est pas d'accord.
35:10On n'est pas d'accord.
35:13Imaginez,
35:14par exemple,
35:15en fonction de ce que
35:16je viens de vous dire,
35:17que son suicide
35:21soit
35:21et l'assassinat des siens,
35:25l'assassinat présumé
35:26des siens,
35:27soit un sacrifice
35:29grandiose
35:30à Dieu.
35:31On est dans le grandiose.
35:33On est dans
35:34la toute puissance là.
35:35Il donne à son geste
35:37une aura
35:38tout à fait
35:40sublime
35:41dans sa tête.
35:43C'est dans sa tête
35:44qu'il faut se mettre.
35:45Pas dans la vôtre
35:45ou pas dans la mienne.
35:46Oui, c'est ça.
35:47Alors,
35:48Victor Lefebvre,
35:49vous allez nous donner
35:50les dernières informations
35:51à notre disposition
35:53sur les traces
35:54que laisse derrière lui
35:55Xavier Dupont-de-Ligonnès.
35:56Oui,
35:57ce qu'on sait
35:57des derniers jours,
35:58des dernières heures même
35:59de Dupont-de-Ligonnès,
35:59c'est que le 14 avril,
36:01donc 11 jours après
36:01la date présumée
36:02des meurtres
36:03qui a lieu,
36:03rappelons-le,
36:04dans la nuit du 3 au 4 avril 2011.
36:06Dupont-de-Ligonnès
36:07retire 30 euros
36:07à un distributeur
36:08automatique de billets
36:09à Roquebrune sur Argence
36:10dans le Var.
36:11On voit d'ailleurs
36:11les caméras de Vidéance
36:13saisissent cette scène.
36:14Le soir,
36:15il dort dans un hôtel
36:16Formule 1 de cette commune.
36:18Le lendemain,
36:18il quitte l'hôtel,
36:19abandonne son véhicule.
36:20Une Citroën C5
36:21qui sera retrouvée
36:22une semaine plus tard
36:22le 21 avril.
36:24La dernière image de lui
36:25le montre sur une caméra
36:26de Vidéosuriance
36:26à 16h10
36:27en train de quitter à pied
36:28le parking de l'hôtel
36:30Formule 1
36:30dans lequel il a passé la nuit.
36:32Le corps,
36:32alors rappelons qu'à ce moment-là,
36:33le 21 avril 2011,
36:34on retrouve le corps
36:35d'Agnès et des 4 enfants du couple,
36:37Arthur, Thomas, Anne et Benoît.
36:39Et alors,
36:39le dernier signalement
36:40pris au sérieux
36:41par les autorités
36:41a lieu le 26 avril 2011
36:43à Lançon-Provence,
36:45donc toujours dans la même zone géographique.
36:47C'est en pleine nuit
36:47à la station totale
36:48après le péage de Lançon.
36:50Un homme correspond parfaitement
36:51aux caractéristiques physiques
36:52du pont de Ligonnès.
36:54Il lui manque même une dent,
36:56un détail
36:56qui n'avait jamais été révélé
36:58dans la presse à l'époque
36:59qui permet de distinguer
37:00du pont de Ligonnès.
37:01Les images,
37:02et encore,
37:02de vidéosurveillance
37:03confirment une ressemblance frappante.
37:05Il est pris en stop
37:05à 3h du matin
37:07par une Volkswagen Combi.
37:08Hélas,
37:09le conducteur,
37:09c'était peut-être le seul homme
37:11en France à ce moment-là
37:11à ne pas avoir connaissance
37:12de l'affaire du pont de Ligonnès,
37:14n'avait donc pas entendu
37:15parler de cette affaire
37:16et il a été retrouvé
37:17par la police auditionnée
37:18mais il ne l'avait pas reconnu.
37:20Et il dépose
37:21du pont de Ligonnès
37:21à la gare d'Aix-en-Provence.
37:22Il est filmé sur le parvis
37:24à 6h du matin,
37:25à 7h du matin.
37:26Il achète un billet
37:27à 1,20€
37:28destination libre
37:30et on ne sait pas
37:30où est passé cet homme
37:31par la suite.
37:32Incroyable quand même,
37:33incroyable !
37:34Alors,
37:35là,
37:35c'est la fin de l'histoire.
37:36Enfin,
37:36c'est la fin de l'histoire,
37:37c'est la fin de la trace
37:38de Xavier Dupont de Ligonnès.
37:40C'est la fin du film,
37:42le sien,
37:43mais c'est le début d'une autre.
37:44C'est-à-dire que
37:45nous allons inventer
37:46chacun d'entre nous.
37:48C'est-à-dire,
37:49ce que je dis,
37:50moi,
37:50c'est que c'est l'auberge espagnole
37:51de nos fantasmes,
37:52de notre imaginaire collectif.
37:54Chacun y met
37:54ce qu'il a envie
37:55d'y mettre.
37:57Mais on peut tout,
37:58vous savez,
37:59tout est interprétable
38:00à double sens.
38:01Par exemple,
38:02il retire 30 euros.
38:05Alors,
38:06les uns vont dire,
38:06vous voyez,
38:07il n'avait plus un rond,
38:07comment voulez-vous
38:08qu'il ait organisé
38:09une cavale ?
38:10Les autres vont dire,
38:10mais non,
38:11il est très malin,
38:12il a fait croire
38:13qu'il n'avait plus un rond.
38:14Mais vous voyez,
38:15donc...
38:16Ça marche toujours.
38:17Tout marche.
38:17Tout marche.
38:19Tout et son contraire.
38:20Et si on revient au dossier
38:21de ce que vous avez étudié,
38:22des lettres que vous avez lues,
38:23des mails,
38:24des messages
38:24et de la personnalité
38:26que maintenant,
38:26vous semblez bien connaître
38:27Dupont-de-Ligonnès,
38:29sur les 7 milliards d'êtres humains
38:31qu'on a aujourd'hui,
38:31on a combien,
38:32d'après vous,
38:32de Dupont-de-Ligonnès en puissance ?
38:34Ah,
38:35chaque être humain est unique
38:36et dans les annales
38:38de la criminologie,
38:42je peux vous dire
38:42qu'un crime
38:43qui ressemble à ça,
38:45moi,
38:45je n'en vois pas.
38:46C'est probablement
38:47pour ça
38:48que d'ailleurs,
38:50il est devenu
38:51une véritable légende française.
38:52Vous savez,
38:53on n'arrive pas
38:54à lui assigner la fin,
38:57un petit peu
38:57comme Jacques Léventreur,
38:58on n'arrive pas
38:59à savoir qui c'est.
39:00Daniel Zégury,
39:02Zégury,
39:03pardon,
39:03Zégury,
39:04moi,
39:04je ne vais pas bien aujourd'hui,
39:05l'énigme publique
39:06numéro 1
39:07paru au seuil
39:08que je vous recommande.
39:10La semaine prochaine,
39:10on va parler
39:11de votre publication
39:13Affaires criminelles
39:14qui vient toujours
39:15de sortir en kiosque,
39:16le numéro 3
39:17est en kiosque.
39:17Et ça parle
39:18des femmes tueuses.
39:19Donc,
39:20si vous êtes libre
39:20la semaine prochaine,
39:21Daniel Zégury,
39:22vous venez nous voir,
39:22il y a beaucoup à dire,
39:23beaucoup à raconter
39:24sur ces femmes
39:25tout à fait étonnantes.
39:27Alors,
39:27merci d'avoir été avec nous.
39:29Vous pouvez nous retrouver
39:30sur la chaîne YouTube
39:31de Sud Radio
39:32la semaine prochaine,
39:32donc à midi,
39:33ensemble,
39:34tous ensemble
39:34et tout de suite
39:35à la marty.
39:36En toute modération
39:37sur les routes des Vins de France.
39:38Allez,
39:38à tout de suite
39:39sur Sud Radio.
39:39Sous-titrage Société Radio

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