C'est un anarchiste au pays des Soviets, un Ukrainien qui rêvait d'un monde sans maîtres ni esclaves, en pleine révolution russe. Mais l'utopie sera de courte durée car l'histoire, elle, ne se laisse pas dompter facilement. Suivez la chevauchée solitaire de ce Robin des Steppes, un héros libertaire au destin fulgurant, qui finira ses jours en exil, à Paris.
Crédits : Lorànt Deutsch, Bruno Calvès.
Dans le podcast « Entrez dans l'Histoire », Lorànt Deutsch vous dresse le portrait d'une personnalité qui a marqué l'Histoire. Des récits captivants pour apprendre et enrichir sa culture générale.
Regardez Entrez dans l'Histoire avec Lorànt Deutsch du 06 juin 2025.
Crédits : Lorànt Deutsch, Bruno Calvès.
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00:00Jusqu'à 15h30 sur RTL, entrer dans l'histoire avec Laurent Deutsch.
00:06Bonjour les amis, c'est Laurent Deutsch.
00:09La vie de Nestor Marnot tient du roman d'aventure.
00:13Rebelle, chef de bande, révolutionnaire, indépendantiste,
00:17ce héros, vénéré encore par beaucoup d'Ukrainiens aujourd'hui, était tout cela à la fois.
00:23Alors que l'Empire des Tsars s'effondre au cours de la Première Guerre mondiale,
00:27Marnot a tenté l'impossible.
00:30Libérer son Ukraine natale de la tutelle russe et de la domination autrichienne,
00:35avec le rêve fou d'y bâtir une société égalitaire.
00:39Face à lui, les révolutionnaires, les contre-révolutionnaires,
00:43tous d'accord pour empêcher l'Ukraine de voler de ses propres ailes.
00:48Le combat sera rude et aux victoires succéderont les défaites.
00:53Mêlant le romantisme révolutionnaire à l'utopie anarchiste,
00:57Marnot était un aventurier flamboyant, avec des cheveux longs et de fines moustaches.
01:03Bandit ou héros, rêveur solitaire ou génial stratège,
01:07les opinions sur lui divergent.
01:10Alors les amis, aujourd'hui, il est temps de partir à sa découverte.
01:15Restez avec moi, car dans quelques minutes,
01:17nous allons découvrir ce héros au charme slave,
01:20Nestor Marnot sur RTL.
01:23A tout de suite.
01:25Laurent Deutsch sur RTL, entrée dans l'histoire.
01:29Laurent Deutsch sur RTL, entrée dans l'histoire de Nestor Marnot.
01:36Nous sommes le 25 juin 1918 à Moscou.
01:40Nestor Marnot est fébrile.
01:43Hier, lorsqu'il s'est présenté une première fois au Kremlin,
01:46il a pu avoir un entretien avec Sverdlov,
01:49le chef du pouvoir exécutif des soviets,
01:51en un mot, le grand organisateur de la révolution russe.
01:55Sverdlov lui a promis une chose.
01:58« Si tu reviens demain en début d'après-midi,
02:01je peux t'arranger un rendez-vous avec le camarade Lénine. »
02:04Oui, avec Lénine.
02:07Avec le chef de la révolution mondiale en personne.
02:11Au début, Marnot n'y a pas cru.
02:13Et puis, il a décidé de revenir.
02:18Et ce 25 juin, à une heure de l'après-midi,
02:22Sverdlov accueille Marnot pour la deuxième fois.
02:25Et il a le sourire.
02:27« Lénine est à son bureau. Ne le faisons pas attendre. »
02:32Les deux hommes pénètrent dans le cabinet de travail.
02:35D'un pas décidé, Lénine se dirige vers Marnot.
02:40Il pose une main amicale sur son épaule et l'invite à s'asseoir.
02:44Entre révolutionnaires, pas de politesse inutile.
02:48Lénine commence.
02:48« De quelle région venez-vous ? Les paysans de votre région se sont-ils révoltés contre l'invasion des armées allemandes et autrichiennes ? »
02:56« Si oui, qu'est-ce qui a manqué pour que les révoltes paysannes débouchent sur des insurrections généralisées et se fondent avec les détachements de l'armée rouge ? »
03:05Lénine est un intellectuel cultivé et un organisateur méticuleux.
03:10Marnot, lui, a un autodidacte qui aime l'action spontanée.
03:15Tout sépare les deux hommes, sauf le désir d'en finir avec les injustices sociales.
03:23Mais Lénine pense que les anarchistes sont trop brouillons pour avoir une organisation sérieuse, de grande envergure, capable de lutter contre le capitalisme et contre l'impérialisme.
03:32Pour lui, seuls les communistes, par leur discipline de fer, peuvent faire triompher la révolution.
03:40Marnot a beau lui expliquer tout ce que ses camarades anarchistes font au quotidien, Lénine reste sceptique.
03:48« Tout ce que vous m'avez répondu là est assez atristant.
03:52Les anarchistes acceptent tous les sacrifices, mais ce sont des fanatiques myopes.
03:56Ils ne s'occupent pas du présent au nom d'un futur lointain.
03:59Or le présent est si sérieux que ne pas y penser, c'est une honte pour un révolutionnaire.
04:06La majorité des anarchistes pensent à l'avenir et écrivent sur l'avenir sans comprendre le présent.
04:14C'est ce qui nous sépare d'eux, nous, les communistes. »
04:18En quelques mots, tout est dit.
04:20Lénine a parfaitement résumé l'opposition qui existe entre Marnot et lui.
04:24Mais Marnot n'aime pas ces discours simplificateurs dont les communistes raffolent.
04:30Alors il explique à Lénine ce que font les anarchistes au quotidien, dans les villes, dans les campagnes d'Ukraine.
04:37« Peut-être que je me trompe », admet alors Lénine en écartant les bras.
04:41Mais entre les deux hommes, il faudra du temps pour avancer ensemble.
04:48Or la révolution n'attend pas, et Marnot veut retourner en Ukraine au plus vite.
04:53À peine a-t-il le temps de dire à Lénine en conclusion
04:55« Vous portez sur nous, les anarchistes communistes, un jugement sévère,
05:00parce que vous êtes mal informés sur la réalité ukrainienne et sur le rôle que nous y jouons. »
05:06Mais cette rencontre n'aura pas été complètement inutile.
05:09Lénine a senti qu'il aura besoin des anarchistes pour faire triompher le socialisme.
05:16Dans quelques mois, ce sont eux qui sauveront la révolution.
05:20Mais personne ne le sait encore.
05:23Avant une dernière poignée de main,
05:25Lénine propose à Marnot de l'aider à rentrer clandestinement en Ukraine,
05:28aux prises avec la guerre civile.
05:31Le temps d'obtenir un faux passeport,
05:33et voici Marnot à la gare de Kursk, à Moscou.
05:36Quatre jours plus tard, le grand voyage de retour au pays commence pour lui.
05:43Alors que le train s'ébranle vers un destin incertain,
05:46une chose lui trotte dans la tête.
05:48Pourquoi Lénine a-t-il refusé devant lui d'employer le nom d'Ukraine,
05:53lui préférant celui de Russie du Sud ?
05:56L'Ukraine, dans laquelle Nestor Marnot voit le jour le 26 octobre 1888,
06:04fait alors partie de l'Empire russe.
06:07L'Ukraine est issue de la Russe de Kiev,
06:10une principauté slave morcelée au Moyen-Âge entre plusieurs voisins.
06:15Scandinave, Polonais, Lituanien, Russe,
06:19rejoints plus tard par des Turcs et des Autrichiens.
06:21Bref, cela fait bien du monde pour vivre entre soi et en paix.
06:28Gouliaïpol, le village natal de Nestor,
06:31a été fondé au XVIIIe siècle
06:33pour protéger la péninsule de Crimée,
06:36arrachée aux Turcs par les troupes de la Tsarine, Catherine II.
06:41La première chose que découvre notre petit Nestor,
06:44c'est l'injustice qui règne dans l'immense Russie.
06:47L'aristocratie y emploie sur des domaines souvent gigantesques
06:51des paysans riches, les Koulaks,
06:54qui font travailler des journaliers dont la misère est le lot quotidien.
06:58C'est le sort réservé à la famille Marnot,
07:01encore plus pauvre lorsque le père disparaît,
07:03quelques mois seulement après la naissance de Nestor.
07:07Alors, à l'âge de 7 ans,
07:09il doit se faire berger pour gagner sa pittance.
07:12Les années d'enfance sont toujours formatrices dans la vie d'une personne.
07:17Et Nestor y comprend l'injustice fondamentale qui le frappe,
07:20lui et les siens,
07:22lorsqu'il assiste un jour à une scène aussi banale que révoltante
07:25dans la ferme où il est employé comme ouvrier agricole.
07:29Ce jour-là, les deux fils du maître
07:31sautent sur un garçon d'écurie qu'ils se mettent à battre,
07:34suscitant la colère des ouvriers présents qui s'en mêlent à leur tour.
07:39Alors, le maître et ses fils prennent peur
07:41devant le nombre menaçant de mécontents.
07:44Nestor a 13 ans
07:46et il a appris une leçon ce jour-là.
07:49Face à l'injustice,
07:51l'union fait la force.
07:55Les années passent,
07:56il a maintenant quitté la terre
07:57pour travailler dans une fonderie.
08:00C'est là que la révolution russe
08:01vient le chercher en 1905.
08:04Évidemment, il en est,
08:06mais le rapide échec du mouvement
08:08le condamne à passer dans la clandestinité.
08:10Car si la révolution n'a pas triomphé ce coup-là,
08:14il en est certain,
08:15ce n'est que partie remise.
08:18Mais à quoi bon attendre ?
08:20Comme le font les communistes
08:21qui passent leur temps à disserter autour de Lénine.
08:24Le groupe des anarchistes communistes,
08:26lui, préfère passer à l'action.
08:30Pas de théorie vaine
08:31et de congrès pour intellectuels.
08:33Non, ce n'est pas Marx ou Engels
08:36qui leur montre le chemin,
08:37mais Bakounine et Kropotkin,
08:39les fondateurs du mouvement anarchiste.
08:41Le but de Marnot et de ses amis
08:43est de confisquer les terres
08:44aux paysans riches
08:45pour procéder à une redistribution équitable.
08:49En réaction,
08:50leurs adversaires créent
08:51leur propre milice d'autodéfense.
08:53À partir de là,
08:55c'est une véritable guérilla
08:57qui sème le désordre
08:58dans le sud de l'Ukraine.
09:00Guérilla que la police réprime.
09:03Comme cela a été prévisible,
09:05Marnot finit par se faire arrêter.
09:08Et c'est l'intervention de sa mère
09:10auprès du juge
09:11qui lui sauvera la vie.
09:13Enfin,
09:14il a peut-être la vie sauve,
09:15mais il est quand même condamné
09:16à perpétuité.
09:19Et le voici dans la redoutable prison
09:21de la Boutirka,
09:22dans la banlieue de Moscou.
09:24Au contact d'autres révolutionnaires
09:26soumises au même régime que lui,
09:28il apprend ce que c'est que la révolution.
09:30Il apprend
09:30qui en sont les penseurs
09:32et ce que l'on peut en attendre.
09:34En revanche, lui,
09:35il n'espère plus rien.
09:37Il est derrière les barreaux
09:38pour toujours.
09:42Jusqu'au moment
09:42où l'histoire,
09:44la grande histoire,
09:46va en décider autrement.
09:47En effet,
09:52la première guerre mondiale
09:54dans laquelle la Russie
09:55s'est peut-être imprudemment engagée,
09:57voit tous les jours
09:58son lot de morts
09:59affaiblir le pays
10:00et le régime tsariste
10:02qu'il gouverne.
10:04En 1917,
10:05le mécontentement
10:06est à son comble
10:07et la Russie impériale
10:09va s'effondrer
10:11en quelques jours.
10:12Les prisonniers politiques
10:16sortent alors de prison.
10:18Pour Marneau,
10:19c'est l'heure
10:20de la liberté retrouvée.
10:23Une liberté inespérée
10:24et plus que jamais,
10:26c'est l'heure
10:27du grand rendez-vous
10:28avec l'histoire.
10:30La révolution
10:31vient enfin d'éclater.
10:33C'est le moment
10:34de conduire les changements,
10:35tous les changements
10:36dont la Russie a besoin.
10:38Sur la route
10:39qui le ramène chez lui,
10:40à Gouliaïpol,
10:41Marneau a tout le temps
10:43de réfléchir
10:44aux actions immédiates
10:45qu'il va falloir entreprendre
10:46dans sa patrie ukrainienne.
10:49Les camarades d'hier
10:51sont non seulement heureux
10:52de le retrouver,
10:54mais ils sont aussi impatients
10:55de se mettre à l'action.
10:58Alors,
10:59Marneau soutient
11:00les grèves d'usines
11:01et encourage les paysans
11:03à ne plus payer
11:03leur loyer au patron.
11:06Il prend la tête
11:07d'un syndicat
11:08d'ouvriers métallurgistes
11:09et crée une union
11:10des paysans.
11:11Les classes populaires
11:13ont désormais
11:14de quoi faire entendre
11:15leur voix.
11:16Elles ont une chambre d'écho.
11:21Les résultats
11:22ne se font pas attendre.
11:24Un décret sur la Terre
11:25qui force les propriétaires
11:27à accepter
11:27les expropriations
11:28et à abandonner
11:29leurs privilèges
11:30est signé.
11:32Été 1917,
11:34ce qui semblait
11:34être un rêve chimérique
11:36il y a encore
11:36quelques années
11:37devient une réalité.
11:39Les propriétaires
11:41doivent remettre
11:41leur titre de propriété
11:43à une grande assemblée
11:44où est admis
11:45un principe très simple.
11:48On ne peut désormais
11:49posséder
11:49que ce qu'on est capable
11:51de cultiver soi-même.
11:53À ceux qui l'écoutent,
11:55Marneau déclare
11:56il n'y aura plus
11:57en Ukraine
11:58ni esclavage
11:59ni mensonge
12:00ni honte
12:01ni divinité
12:02ni chêne.
12:04Il n'y aura
12:04que la vérité
12:06et la sincérité
12:07des hommes.
12:09Dans les campagnes
12:09naissent
12:10des communes agraires.
12:13Dans les usines
12:14et dans les ateliers
12:14l'autogestion
12:16est mise en place.
12:18Là aussi,
12:18la propriété privée
12:19des moyens de production
12:20est abolie.
12:21Mais vous vous en doutez,
12:25cette révolution
12:26ne fait pas que des heureux.
12:29Non seulement
12:29les propriétaires évincés
12:30ruminent leur vengeance,
12:33mais la première guerre mondiale
12:34atteint des sommets
12:35de violence.
12:37Et voici
12:37que l'Autriche-Hongrie,
12:38maîtresse de l'ouest
12:39de l'Ukraine
12:40depuis des générations,
12:42lance une vaste offensive
12:43avec l'aide de l'Allemagne
12:44pour conquérir
12:45l'ensemble de l'Ukraine.
12:47Et lorsque Lénine
12:49signe la paix avec elle
12:50à Brest-Litovsk
12:51au printemps 1918,
12:53c'en est bientôt fini
12:54des rêves de Marnot.
12:57En effet,
12:58en trois semaines,
12:59l'Ukraine
13:00est reprise en main
13:01par les nouvelles autorités
13:02germaniques
13:02qui réinstallent
13:04les possédants
13:04dans leurs propriétés.
13:06Un peu partout,
13:07les révolutionnaires
13:08sont de nouveau arrêtés.
13:12Et c'est le moment
13:13que choisit Marnot
13:13pour se rendre à Moscou,
13:15chercher conseil
13:16auprès de vieux
13:16camarades anarchistes
13:17et aussi
13:18pour rencontrer Lénine
13:19au Kremlin
13:20comme je vous l'ai raconté
13:21au début de notre aventure.
13:24À son retour,
13:25Marnot n'a plus
13:27qu'une seule idée en tête,
13:29réorganiser la guérilla
13:30autour d'un mot d'ordre,
13:32mort à tout ce qui s'oppose
13:34à la liberté des travailleurs.
13:35Pour cela,
13:38avec quelques fidèles,
13:40ils fondent une petite armée
13:41qu'ils baptisent
13:42l'armée révolutionnaire
13:43insurrectionnelle ukrainienne
13:45et qui passera
13:46la postérité
13:47sous le nom de
13:48Marnov-China.
13:50Son drapeau,
13:52noir,
13:53flanqué d'une tête de mort,
13:54surmontée de l'inscription
13:55SMERT,
13:56c'est-à-dire
13:57la mort.
13:58Cette armée anarchiste
14:02a tout de suite
14:03forte affaire
14:03avec l'armée du pouvoir
14:04régulier ukrainien
14:05baptisée
14:06Armée populaire ukrainienne.
14:09Il y a aussi
14:10les soldats russes blancs
14:12qui veulent le retour du Tsar,
14:13sans oublier
14:14l'armée rouge
14:15des communistes de Lénine.
14:18En résumé,
14:20il y a donc
14:20quatre armées
14:21qui s'entrechoquent
14:22autour de quatre visions
14:24du monde
14:24différentes.
14:25Marneau, lui,
14:29rêve d'un communisme
14:30libertaire
14:31et d'une révolution
14:32faite par les ouvriers
14:33et les paysans.
14:35Ensuite,
14:36on créera
14:36des associations
14:37librement formées
14:38à mille lieux
14:39de l'organisation
14:40pyramidale
14:40et technocratique
14:41des communistes.
14:43Mais justement,
14:45c'est cette organisation
14:46rigoureuse
14:47et implacable
14:48qui va permettre
14:49aux bolcheviques
14:50de Lénine
14:51de mettre un terme
14:52à l'expérience socialiste
14:53des anarchistes ukrainiens.
14:55En 1921,
14:58au bout de trois années
14:59de guerre civile,
15:01les partisans
15:01de Marneau
15:02ne sont plus
15:03que quelques milliers.
15:05Et l'armée rouge,
15:06qui vient enfin
15:07de vaincre
15:07les blancs monarchistes,
15:09peut se retourner
15:10contre l'armée
15:10de Marneau
15:11et l'écraser
15:12consciencieusement.
15:15Nous sommes alors
15:16en août 1921.
15:19Pourchassés
15:20par les communistes,
15:21Nestor Marneau
15:22et 78
15:23de ses partisans
15:24n'ont plus
15:24qu'une seule chose
15:25à faire,
15:26prendre la fuite.
15:28Lorsqu'il franchit
15:29la frontière roumaine
15:30et qu'il se retourne
15:32une dernière fois
15:33sur sa chaire Ukraine
15:34qu'il ne reverra
15:34plus jamais,
15:36à quoi peut bien
15:37songer Nestor ?
15:39Au gâchis politique
15:40qui n'a abouti
15:42qu'à la mise en place
15:42d'un communisme autoritaire
15:44sous la férule
15:44de Lénine ?
15:46Ou bien l'espoir
15:47née des réalisations
15:49anarchistes
15:50qui ont pris corps
15:50dans sa ville
15:51de Gouliaipol
15:52et ailleurs ?
15:54Sans regret,
15:55Marneau trace son bilan.
15:57Écoutez-le.
15:59Il s'agissait,
16:00en somme,
16:00de faire participer
16:01tout le monde
16:02à l'œuvre collective,
16:03d'empêcher la naissance
16:05d'une caste dirigeante
16:06qui monopoliserait
16:07le pouvoir.
16:08Et ça,
16:09nous l'avons réussi.
16:10En revanche,
16:12il faudra attendre
16:13la fin du XXe siècle
16:14pour que l'Ukraine
16:15retrouve la maîtrise
16:16de ses destinées,
16:17loin du pouvoir
16:18de Moscou.
16:22Marneau, lui,
16:23passera le reste
16:24de sa vie
16:24à déambuler
16:25sur les routes
16:25de l'Europe.
16:26Il a seulement
16:2733 ans
16:28et il est condamné
16:29à une vie d'errance.
16:33Sans cesse
16:33pourchassé
16:34par les gouvernements locaux
16:35qui ne désirent évidemment
16:36pas qu'un individu
16:37aussi encombrant que lui
16:39reste sur leur territoire,
16:40Marneau passe
16:42de la Roumanie
16:43à la Pologne
16:43puis de la Pologne
16:45à l'Allemagne.
16:46A chaque fois,
16:47il est arrêté,
16:48incarcéré,
16:49jugé
16:50et finalement
16:51libéré.
16:53En 1925,
16:55c'est la France
16:55qui devient
16:56son ultime refuge.
17:00Comme beaucoup
17:01de Russes
17:01chassés
17:02de la Russie communiste
17:03qu'on appellera bientôt
17:04l'Union des Républiques
17:05Socialistes Soviétiques,
17:07l'URSS,
17:08Marneau s'installe
17:09à Paris
17:09ou plus exactement
17:10à Saint-Cloud,
17:12puis à Romainville
17:13avant de se fixer
17:14à Vincennes.
17:16Le gouvernement français
17:18a accepté
17:19de l'accueillir
17:19à une seule condition,
17:21qu'il ne fasse pas
17:22de politique.
17:25Alors,
17:25pour gagner sa vie,
17:26il retrouve pendant un temps
17:27son métier de fondeur
17:29chez un artisan
17:30à Vincennes
17:30avant de devenir
17:31ouvrier tourneur
17:33aux usines Renault.
17:34Il a dû ressentir
17:37une étrange impression
17:38quand il s'est retrouvé
17:39employé à la chaîne
17:40dans cette organisation
17:42du travail scientifique
17:43que le capitalisme occidental
17:45était si fier
17:46d'avoir mis en place.
17:49Et c'est peut-être
17:50à cause de ce système
17:51vraiment pas fait pour lui
17:52que sa santé
17:53va se dégrader rapidement.
17:54Trop de luttes,
17:58trop de cicatrices,
18:00trop d'enthousiasme déçu.
18:02À 45 ans seulement,
18:03Renault
18:04a l'allure d'un vieillard.
18:07Et il doit être hospitalisé
18:08à l'hôpital Tenon
18:09à Paris
18:09au printemps 1934.
18:13C'est là qu'il mourra
18:14le 25 juillet.
18:18Ses camarades
18:18l'accompagneront ensuite
18:20jusqu'à sa dernière demeure,
18:22le cimetière parisien
18:23du Père Lachaise.
18:24McNov-China,
18:27McNov-China,
18:31tes drapeaux sont noirs
18:33dans le vent.
18:36Ils sont noirs
18:37de notre peine,
18:41ils sont rouges
18:43de notre sang.
18:46À travers
18:47toute l'Ukraine,
18:50se lever
18:52nos parties
18:54au fait,
18:59les amis,
19:00vous savez ce que ça signifie
19:01en ukrainien,
19:02le nom du village natal
19:03de Nestor,
19:04Gouliaïpol ?
19:06Eh bien,
19:06ça veut dire
19:06le chant de la liberté.
19:09Oui,
19:10le chant de la liberté.
19:12Voilà qui résume
19:13assez bien
19:14la vie de Nestor Marneau.
19:16Mais son rêve,
19:17lui,
19:18subsiste toujours,
19:19là où souffle
19:20le vent des révoltes
19:21et où l'utopie
19:22refuse de mourir.
19:31Et bien voilà les amis,
19:33entrer dans l'histoire,
19:34c'est fini pour aujourd'hui
19:35et aussi pour cette semaine.
19:37Et quelle semaine,
19:38vous ne trouvez pas ?
19:39Rappelez-vous,
19:40nous avons pris les airs
19:41avec Roland Garros,
19:43nous avons combattu
19:44jusqu'à la mort
19:44avec Léonidas,
19:46nous avons échappé
19:46à la chasse aux sorcières
19:47de Richelieu
19:48avec les possédés
19:49de Loudun
19:49et nous avons visité
19:51le Louvre
19:51depuis sa construction
19:53jusqu'à aujourd'hui.
19:55Eh bien,
19:55sachez que tous ces épisodes
19:57sont à retrouver
19:57sur le site
19:58et sur l'application RTL
19:59et sur toutes
20:00vos plateformes préférées.
20:02Mais dans un instant,
20:03vous avez rendez-vous
20:03avec Laurent Ruquier
20:04et ses grosses têtes.
20:06Bon après-midi
20:07sur RTL
20:07et surtout,
20:08bon week-end !