LE DOSSIER DU 20H - Syndrome de Diogène: il raconte l'enfer qu'il a vécu pendant 8 ans - Vidéo Dailymotion

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Le syndrome de Diogène est l'accumulation compulsive d'objets, de détritus chez soi, ne plus recevoir personne. Ce syndrome semble avoir fait une nouvelle victime, à Limeil-Brévannes, dans le Val-de-Marne. Un homme est mort dans un incendie, ses voisins racontent que son appartement était rempli à ras bord.

Transcript

00:00Mais juste avant, voici le dossier du 20h BFF, dossier ce soir sur le syndrome de Diogène,

00:04l'accumulation compulsive, accumuler des objets, des détritus aussi chez soi,

00:09ne plus recevoir personne, un syndrome qui semble avoir fait une nouvelle victime,

00:13c'est ce que nous dit le Parisien, l'Imeil Brevan dans le Val-de-Marne,

00:15un homme mort dans un incendie, ses voisins racontent que son appartement était rempli à ras-bord.

00:20Bonsoir Bastien Reuset.

00:22Bonsoir.

00:22Merci beaucoup d'être avec nous.

00:23Vous avez été atteint de ce syndrome de Diogène et vous avez accepté de témoigner ce soir.

00:28Je salue également à vos côtés Pierre Ludoski.

00:29Bonsoir, merci d'être là.

00:30Vous êtes président de l'association Survivre à l'insécurité.

00:33Vous venez en aide justement à ces personnes victimes du syndrome de Diogène.

00:37Ça a duré combien de temps pour vous Bastien ?

00:39Entre 8 et 10 ans.

00:41Entre 8 et 10 ans.

00:41À quoi ressemblait votre appartement à ce moment-là ?

00:45Un assemblage de couches.

00:48Un assemblage de couches.

00:50Tout ce que je trouvais dans la rue, j'étais...

00:53Voilà, je gagnais très bien ma vie avant en repotisseur sur les marchés.

00:56Oui.

00:56À cause de la maladie alcoolique, je me retrouve au RSA ou à travailler en intérim.

01:03Du coup, je me mets à cette condition de pauvre et je récupère tout ce qui traîne,

01:07tout ce qui traîne dans la rue, des planches de bois, des chaises en plastique.

01:11Au cas où ?

01:12Au cas où.

01:13Voilà.

01:13Je me prends d'affection pour ces objets.

01:16Peut-être aussi, c'est plus simple de donner de l'affection et d'être entouré

01:21par des objets que par un être humain.

01:24Là encore, il y a une question philosophique à réfléchir.

01:28Et ça durera pendant...

01:30L'enfer va aller de la troisième année jusqu'à la dixième année.

01:34Et à la fin, c'est-à-dire que la porte de l'appartement, on l'ouvre avec beaucoup de difficulté,

01:39ça veut dire que vous ne recevez personne chez vous ?

01:42C'est dissimuler aux voisins, c'est vivre reclus.

01:46C'est vraiment comme un confinement, en fait.

01:49Pour reprendre le terme de l'association, qu'ils utilisent souvent confinement.

01:53Et vous-même, sans comprendre ce qui est en train de vous arriver ?

01:55Vous ne comprenez pas pourquoi vous accumulez ?

01:57C'est ça.

01:57J'étais vraiment à l'opposé du diogène.

02:01J'ai nettoyé mes entourages de fenêtres au coton-tif.

02:03Oui, au départ, vous êtes maniaque.

02:05Très maniaque.

02:06Et ça va arriver comme ça, sans que je m'en aperçoive,

02:10sans que je comprenne ce qui m'arrive.

02:13Et c'est qu'au bout de 4-5 ans que je tape accumulation compulsive,

02:18que là, je trouve un nom, syndrome de diogène.

02:20J'en parle aux médecins, j'en parle aux psychiatres,

02:22j'en parle aux psychologues, les addictologues.

02:25Tout le monde me dit, vous rentrez chez vous,

02:27vous faites un sac plastique, et personne n'est formé, en fait.

02:31Pas d'aide de l'État, personne n'est formé.

02:34Il manque vraiment quelque chose à mettre.

02:36Enfin, il y a quelque chose à mettre.

02:37Jusqu'à ce que vous tombiez sur Pierre Ludoski,

02:39et qu'il donne la parole dans un instant,

02:40c'est vous qui le contactez ?

02:43J'ai confiance au milieu associatif qui m'a aidé pour l'alcool,

02:46et du coup, je cherche l'association Diogène, Diogène Association.

02:50Ça mettra un an avant que j'ai un résultat,

02:52et je tombe sur l'association Survivre à l'insécurité,

02:55qui porte très bien son nom,

02:56et M. Ludoski, à côté de moi, qui saura me rassurer,

03:02saura mettre en place une solution qui, pour moi, est idéale.

03:06Mais ça va prendre du temps, Pierre.

03:08C'est bien Bastien qui vous appelle,

03:10mais avant que vous ne puissiez aller chez lui,

03:12ça va prendre un temps fou.

03:13Oui, alors disons, un temps fou, ça va prendre quelque temps.

03:16Pourquoi ? Parce qu'il faut recréer cette confiance,

03:18parce que ce trouble est dû, déjà, d'une part,

03:23à une histoire qui s'est produite dans le passé,

03:25et qui a fait que ces êtres humains

03:27se soustraient leur confiance totale à l'être humain.

03:30Donc, automatiquement, il faut réassocier une confiance.

03:32Ils se sont recroquevillés, d'une certaine manière.

03:34Oui, c'est ça. Il faut le remettre en place,

03:36et lors de nos rencontres,

03:39ce travail, c'est de remettre la confiance au beau du jour,

03:42de manière à ce que nous puissions pouvoir les aider,

03:45et surtout qu'ils acceptent qu'on puisse les aider.

03:47Parce que vous aviez été en contact avec des entreprises

03:49dont le métier, c'est notamment de, comment dire,

03:55de venir, de désencombrer, c'est comme ça.

03:57Sauf qu'en réalité, on vous dit, on vient, on jette tout,

04:00et ça, vous dites, ça, c'est pas possible.

04:01Pour moi, c'était impossible.

04:02Mais alors, littéralement, impossible.

04:04Je préférais rester dans cette souffrance que j'avais

04:06plutôt que de voir tous mes souvenirs.

04:09Alors, il y avait des choses auxquelles je tenais,

04:11des souvenirs, certains vêtements, des casquettes, des photos,

04:14des choses que je ne pouvais pas avoir jetées dans une benne.

04:17Et la première question que ces sociétés me posaient,

04:19c'est, est-ce qu'on peut mettre une benne en bas de chez vous ?

04:22Ça, par rapport à mes voisins, l'image, c'était impossible à l'époque.

04:25Pourquoi est-ce que cette photo-là est importante ?

04:28Alors, cette photo-là, parce que l'association est la seule

04:31qui a su me proposer de désencombrer discrètement.

04:35Aujourd'hui, mes voisins, bien sûr, sont au courant.

04:38Je n'ai aucun doute.

04:40Et j'assume entièrement ce qui s'est passé.

04:42Et je passe le message, parce qu'il y a d'autres personnes qui souffrent.

04:45Mais de le faire en toute discrétion,

04:47sans aller faire des photos avant, après,

04:51voilà, je trouvais ça vraiment ludique.

04:53Et pour moi, la bonne solution.

04:55Oui, ça a pris plusieurs jours pour trier, pour désencombrer.

04:59Oui, disons que ça a pris une semaine

05:02pour pouvoir faire les choses correctement.

05:04puisque c'est normal, ce sont des choses qui appartiennent aux personnes.

05:07Donc, il faut quand même leur démontrer

05:09que nous sommes là pour les aider

05:11et non pas pour éliminer ce qu'il y a chez eux.

05:14Oui, évidemment.

05:15Donc, c'est pour cette raison que nous faisons attention.

05:18Aujourd'hui, vous diriez que vous revivez ?

05:21J'ai retrouvé ma vie normale,

05:23mais j'ai perdu 8 à 10 ans de ma vie.

05:26Maintenant, c'est une épreuve que j'avais à subir.

05:31L'univers, on ne voit pas des épreuves au hasard.

05:34Il en est ainsi, et j'ai rencontré mon messie.

05:38Voilà, et c'est grâce à lui, vraiment, aujourd'hui,

05:40que je peux dire que je m'en suis sorti.

05:44Merci, je trouve votre témoignage extrêmement touchant.

05:46Une question, est-ce que vous décririez, je vais y arriver,

05:50ce que vous accumuliez comme une sorte de carapace

05:52que vous créez autour de vous ?

05:54Certainement une protection contre l'extérieur.

05:56Certainement une protection contre le monde extérieur.

06:04J'avais eu beaucoup d'amis, fait des grandes tablées,

06:07j'ai beaucoup reçu, j'ai beaucoup fait la fête,

06:09j'étais très bien entouré,

06:11mais le jour où je me suis retrouvé à perdre mon entreprise,

06:13à perdre mon permis à tout perdre,

06:15il n'y avait plus personne autour de moi.

06:17J'avais toujours été la bonne oreille pour mes collègues,

06:19mais le jour où j'ai eu, moi, tout perdu,

06:23là, je n'avais pas d'oreille à qui me confier.

06:25Et là, du coup, j'ai construit certainement cette carapace.

06:29Une forteresse.

06:30Une toute dernière question,

06:31est-ce que vous avez peur de la rechute ?

06:35Est-ce que vous surveillez votre comportement ?

06:37Je surveille mon comportement,

06:38j'ai mis en place des stratégies pour que ça ne recommence pas,

06:43et j'ai toujours l'association.

06:46Non, je fais très attention et je ne veux jamais revivre ça.

06:51Donc, à partir de ce principe-là,

06:53dès que ça commence à déraper, je m'en aperçois.

06:56Merci à tous les deux.

06:57Merci d'être venus ce soir témoigner en direct dans le 20h BFM,

06:59et merci d'avoir accepté,

07:00et de nous avoir fait confiance pour venir témoigner ce soir.

07:03Merci encore à tous les deux.

07:05Merci d'avoir regardé cette vidéo !

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