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  • il y a 7 mois
L'inquiétude des viticulteurs grandit : les Français boivent de moins en moins de vins rouge et de rosé. Regardez le sentiment de Amandine Noriega, vigneronne, récoltante dans la région de l'entre deux mers bordelais.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin du 04 juin 2025.

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Transcription
00:00RTL au quart de l'actu
00:04C'est l'un de nos titres ce matin à 6h14, les ventes de vin continuent de décliner en France
00:10Moins 4,2% sur un an d'après les chiffres du panéliste Circana pour RTL
00:15On parle des ventes en supermarché, moins 5% pour le rouge, moins 6% pour le rosé
00:20Seul le blanc résiste en fait, en progressant même très légèrement
00:24On est avec une productrice bordelaise, Amandine Noriega, bonjour
00:28Bonjour Jérôme, bonjour toute l'équipe
00:30Merci à vous, vous êtes viticultrice à Porte de Benoge, c'est près de Cadillac
00:34Il y a quelques mois, on voulait vous entendre parce qu'il y a quelques mois vous alertiez sur les réseaux sociaux, sur vos difficultés
00:40Vous subissez de plein fouet cette baisse des ventes
00:44Tout à fait, c'est catastrophique même aujourd'hui
00:47On ne vend plus, il n'y a plus rien qui sort déchet, c'est vraiment catastrophique à Bordeaux
00:52À ce point là ?
00:54Ah oui, oui, à ce point là, aujourd'hui on n'en parle pas beaucoup dans les médias
00:59Mais il y a des suicides chez les vignerons, c'est très compliqué
01:02Cette baisse, vous la constatez depuis quand ?
01:06Pardon, excusez-moi
01:07Franchement, ça ne date pas de l'année dernière, ça ne date pas de l'année d'avant
01:11Ça fait plus d'une dizaine d'années qu'on est en baisse dans le bassin viticole de Bordeaux, de l'entre-deux-mer en particulier, là où je suis
01:19Où effectivement, ça fait des années qu'on fait le dos rond en se disant que ça va aller mieux
01:24Que les gens vont reconsommer, parce qu'on fait des efforts sur la biodiversité, sur tout ce qu'on nous demande
01:32Les labels, les labellisations, etc. Et en fin de compte, non, il n'y a pas cet essor qu'on pensait
01:37Donc ça ne date pas de la semaine dernière
01:40Non mais sûr
01:41Il faut arrêter, ça fait plusieurs années
01:43Et donc là, vous parlez du comportement des consommateurs
01:46On consomme moins de vin rouge ?
01:50Oui, indéniablement, mais après c'est mathématique, il n'y a pas besoin d'avoir fait sensir
01:55On est après-guerre sur une explosion de la consommation de vin rouge, qui est le vin de table, en France
02:04Et on se retrouve maintenant, aujourd'hui, dans les années 2000, avec la loi et vin qui est arrivée
02:13Avec des changements de consommation, où effectivement, moi enfant, quand je mettais la table, on mettait le pichet de vin
02:19Enfin, le pichet d'eau et la bouteille de vin
02:22Qu'on en boive, qu'on n'en boive pas, mais il y avait ce geste de le faire
02:25Aujourd'hui, c'est complètement banni
02:27Vous faites ça, on vous traite d'alcoolique
02:29Ce n'est pas possible
02:30Donc on ne boit du vin que pour les belles occasions ou au restaurant
02:35Mais dans la vie courante de tous les jours, il n'y en a plus
02:37Et puis cette génération de bébés boomers qu'on avait après-guerre, gros consommateurs
02:43Est en train de mourir ou de vieillir
02:47Et du coup, consomme beaucoup moins
02:49Donc c'est complètement mathématique
02:51Et c'était même à prévoir
02:53Les instances auraient dû le prévoir
02:54Donc quelles conséquences concrètes pour vous ?
02:56Vous avez dû réduire considérablement votre production ?
03:00Oui, alors nous, au vu de la crise
03:03Aujourd'hui, j'ai arraché et j'ai cessé des fermages, des locations de vignes
03:10Je suis passée de plus de 90 hectares à moins de 40 aujourd'hui
03:13Et même comme ça, aujourd'hui, je ne sais pas si je vais pouvoir continuer
03:17Si je vais pouvoir continuer à mes employés
03:20Parce qu'on parle du vigneron
03:22Mais il faut regarder en fin de compte tout ce qu'il y a à côté
03:25C'est tout un pan de l'économie locale qui est en train de mourir
03:31Clairement
03:31Vous-même, vous avez failli y laisser votre peau
03:35Pardon pour l'expression
03:36Mais il y a quelques mois, vous avez été hospitalisée ?
03:39Tout à fait, j'ai été hospitalisée il y a quelques mois
03:41Je suis partie en urgence vitale un week-end pendant les Vendanges
03:45Parce qu'on ne se rend pas compte
03:48C'est dans l'indifférence totale
03:51Mais le monde viticole, il y a beaucoup d'a priori et de préjugés sur notre monde viticole
03:55On se dit qu'on roule tous dans des très belles voitures
03:57On habite dans des châteaux
03:58Il faut remettre l'église au centre du village
04:01Les châteaux, c'est une dénomination commerciale
04:03C'est tout
04:04Alors il y en a quelques-uns
04:06À Margaux, Saint-Estèphe, dans les Grands Crus
04:08Mais nous, on habite dans des maisons
04:10Et on est endettés jusqu'au cou
04:13On fait des heures à ne plus en pouvoir
04:1580 heures, 90 heures s'il le faut
04:17Sur des pics de vendanges, on ne dort pas
04:20Et on se retrouve effectivement avec cette charge
04:24Cette pression mentale financière
04:26Parce qu'aujourd'hui, le gros problème, il est là
04:27C'est la pression financière
04:29Vous êtes endettée ?
04:29Les banques, les instances
04:30Oui, bien sûr
04:31De combien ?
04:31Je suis énormément endettée
04:32Je suis endettée d'un million d'euros
04:34En termes d'emprunts
04:36Emprunts bancaires
04:37Pour acheter l'exploitation familiale
04:39Pour acheter du matériel
04:41Pour avoir les exigences des consommateurs
04:45Répondre aux exigences des consommateurs
04:46On a acheté beaucoup de matériel
04:48Bien évidemment qu'on ne pouvait pas autofinancer
04:50Et aujourd'hui, je suis endettée à hauteur d'un million d'euros
04:54Et c'est catastrophique
04:55Merci d'avoir pris
04:56Il se joue des gros problèmes
04:57Merci d'avoir pris le temps d'expliquer votre situation ce matin
05:00Merci à vous de m'avoir donné la parole
05:02A l'antenne de RTL
05:03Merci beaucoup Amandine Noriega
05:04Viticultrice à Porte-de-Bénoge
05:06Près de Cadillac
05:07Merci beaucoup à vous
05:08Bon courage surtout
05:09Et puis
05:10Merci beaucoup Amandine Noriega
05:11Merci beaucoup Amandine Noriega
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