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Avec le Dr Anne Geffroy-Wernet, anesthésiste-réanimateur au CH de Perpignan et présidente du SNPHAR (Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes Réanimateurs)

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##C_EST_A_LA_UNE-2025-06-03##

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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h09, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Parlons des petites maternités, maternités dites de proximité, souvent en province, évidemment, toujours en province.
00:12Pourquoi on en parle ? Parce qu'une proposition de loi a été votée à l'Assemblée Nationale par les députés visant à lutter contre la mortalité infantile.
00:23Le texte prévoit notamment d'instaurer un moratoire de 3 ans sur les fermetures de maternité.
00:28Sauf en cas de danger pour la sécurité des patients.
00:31C'est une proposition de loi qui a été portée par le groupe Liotte, le groupe centriste Liotte.
00:38Nous sommes avec le docteur Anne Geoffroy-Vernay. Bonjour docteur.
00:42Oui, bonjour.
00:43Merci d'être avec nous. Vous êtes anesthésiste réanimatrice au CHU de Perpignan, président du Syndicat National des praticiens hospitaliers anesthésistes et réanimateurs.
00:52Je n'ai pas dit de bêtises ?
00:54C'est ça. Ce n'est pas encore un CHU, mais sinon c'est ça.
00:57Ah bon, bon. Ce n'est pas encore un CHU à Perpignan, je croyais.
01:00Non, non. On est dans une petite ville. On n'est pas dans une grande ville avec des CHU.
01:04Et donc on est très concerné aussi par le sujet de l'accès aux soins.
01:07De l'accès aux soins.
01:08Alors, ces députés ont voté ce moratoire sur la fermeture des petites maternités.
01:15J'ai vu aussi la publication d'un livre qui a pour titre « Le scandale des accouchements en France »
01:20et les deux auteurs, deux journalistes qui ont enquêté sur la forte hausse de la mortalité infantile en France expliquent qu'il y a un système de démantèlement des petites maternités
01:30qui a pour effet de concentrer les naissances dans les grandes maternités, surcharger ce qui entraînerait une augmentation de la mortalité infantile en France.
01:39Que dites-vous et que répondez-vous à cela ?
01:42Alors, je ne sais pas si la proposition de loi est liée à ce livre, mais je crains qu'elle n'y soit pas complètement étrangère.
01:48Ce livre pose un problème qui est que, je pense que le mot « démantèlement » n'est pas le mot approprié.
01:58Effectivement, il y a eu beaucoup de fermetures de maternité depuis une vingtaine d'années, mais dans un intérêt pour les patientes.
02:05Et en fait, la démonstration de ce livre, elle pose énormément de problèmes parce qu'il y a des choses qui sont tout à fait vraies dans ce qui est écrit ce livre.
02:10Et puis, il y a des choses qui sont des avis d'experts, c'est-à-dire qu'il y a des argumentaires qui tiennent sur l'avis d'une personne qu'on a rencontrée.
02:17Et ce n'est pas du tout comme ça qu'on peut raisonner en médecine, c'est sur des arguments factuels.
02:21Et certes, le chiffre d'immortalité infantile, il a augmenté depuis plusieurs années.
02:26Alors, c'est 4,1 pour 1 000, mais ce n'est pas négligeable non plus.
02:29Et ça mérite qu'on s'y attarde, mais ça mérite qu'on y trouve des bonnes solutions et pas des mauvaises solutions.
02:35Et c'est pour ça que je reviens sur le mot « démantèlement ».
02:37On n'a pas démantelé des maternités.
02:38On a regardé quelles étaient les maternités qui étaient pertinentes dans leur existence
02:43et lesquelles ne sont pas en mesure de fonctionner en assurant le maximum de qualité et de sécurité des soins.
02:49C'est ça la démarche qui a été faite.
02:50Oui, j'ai compris, j'ai compris.
02:52Vous ne liez pas la fermeture de certaines petites maternités à l'augmentation du nombre de la mortalité à la naissance.
03:02Ce lien n'est pas démontré.
03:06Par contre, ce qui est démontré, c'est que quand on a dû fermer,
03:11et quand on a dû, ce n'est pas les médecins qui les ferment,
03:12c'est les agences régionales de santé ou plus haut même,
03:16quand on ferme des maternités ou les directeurs quand ils manquent du monde,
03:20c'est parce qu'on estime qu'il y a un danger pour les patientes.
03:22Ou pire, c'est quand on a alerté et que malgré les alertes, on a maintenu une maternité fermée
03:28et qu'on a dû finalement la fermer après le décès d'une patiente, ou d'une femme, ou du bébé, ou les deux.
03:34Et c'est ça qu'on ne veut pas, nous.
03:35C'est qu'on sait très bien que le maintien de maternité coûte ce que coûte, présente un danger.
03:41Nous, ce qu'on veut, c'est que les gens soient bien soignés.
03:43L'accès aux soins, c'est quelque chose de très important,
03:46mais c'est un accès aux soins de qualité qu'il faut qu'on puisse donner.
03:49Et des maternités qui fonctionnent avec moins d'accouchement par jour,
03:52ça veut dire que nous, médecins, anesthésistes, réanimateurs, gynécologues, obstétriciens, pédiatres,
03:57où on n'intervient que quand il y a une complication.
04:00Alors, les complications, elles sont souvent imprévisibles.
04:03Elles seraient prévisibles, on ne parlait pas comme ça.
04:04Mais la plupart des complications sont imprévisibles et peuvent être mortelles.
04:07Donc, il faut qu'on puisse avoir des structures qui tournent bien.
04:10Voilà. Vous dites, quand une maternité fait moins de 300 accouchements par an,
04:14moins d'un par jour, c'est dangereux.
04:16On restreint les moyens humains, on prend des intérimaires qui sont chers,
04:21et un accouchement par jour, ce n'est pas attractif pour les soignants.
04:25Donc, personne ne veut y aller.
04:26C'est un cercle vicieux.
04:28C'est-à-dire qu'un accouchement par jour, c'est comme si on vous demandait
04:31de conduire sur du verglas, alors qu'on ne conduisait jamais sur du verglas.
04:34Bien sûr.
04:35Le jour où ça arrive, c'est la catastrophe.
04:37C'est exactement la même chose.
04:38Les gens ne viennent pas, donc on recrue des intérimaires
04:41qui ne se connaissent pas entre eux, qui ne connaissent pas la structure,
04:43qui ne connaissent pas le réseau,
04:44et qui, du coup, font qu'il y a encore une majoration du danger,
04:48et donc que c'est moins attractif, et on rentre dans un cercle vicieux.
04:51Vous rappelez, docteur, que si certaines maternités sont fermées,
04:56c'est parce qu'il y a danger.
04:58Exactement.
04:59C'est pour ça qu'en fait, il y a un non-sens dans cette proposition,
05:01parce qu'on dit de faire un moratoire sur les fermetures de maternité,
05:05sauf si elles représentent un danger.
05:07On ne ferme les maternités que parce que lorsqu'on pense qu'elles présentent un danger.
05:10Évidemment, évidemment, évidemment.
05:13Sauf que certains disent, oui, mais nous, il faut, tiens,
05:17je regarde le député PS Christophe Prensa,
05:20qui affirme que son petit-fils est né dans sa maison,
05:23il y a quelques mois, parce qu'il n'y avait pas de maternité à proximité.
05:30On est toujours à propos d'un cas.
05:31Je ne veux pas vous dire que l'accouchement, j'entends tout à fait,
05:35mais on est à propos d'un cas, moi je ne sais pas quelle est l'histoire.
05:39Est-ce que c'est un accouchement qui avait été prévu à la maison ?
05:41Est-ce que c'est un accouchement inopiné ?
05:43Dieu merci, on ne meurt pas à chaque fois quand on accouche à la maison,
05:47sinon on ne serait pas là, parce que ça ne fait pas des millénaires
05:51que les maternités existent.
05:52Donc effectivement, on peut accoucher à la maison,
05:54mais il faut qu'on regarde le truc de plus près.
05:58Je ne peux pas vous dire ça.
05:59Par contre, moi je vous ai dit tout à l'heure, je vis à Perpignan.
06:01À Perpignan, il y a des patients qui sont à une heure, une heure et demie de la maternité.
06:05Elles sont habituées, elles sont organisées, et ça ne pose pas de problème.
06:08Celles qui accouchent à la maison, c'est un choix.
06:10Oui, c'est un choix.
06:11Et quand, effectivement, l'accouchement est programmé, ça ne pose pas de problème.
06:18Et puis, c'est vrai qu'il vaut mieux.
06:21Il vaut mieux pour une jeune maman aller accoucher dans une grande maternité.
06:25Franchement, docteur Anne Joffre, c'est bien mieux.
06:29Il vaut mieux accoucher dans une maternité où les conditions de sécurité sont réunies.
06:32Après, je ne vais pas vous dire si 800, 1000, 2000, 5000, c'est mieux.
06:36Mais il faut aller là où il y a des personnels stables, des équipes stables.
06:40Et puis, oui, on a sur la qualité de la sécurité des soins.
06:44Certains disent que les grandes maternités sont surchargées.
06:47Alors, il y a des maternités qui sont surchargées.
06:50On avait fait une étude il y a quelques années qui montrait qu'en anesthésie et réanimation,
06:54on manquait régulièrement de moyens, notamment sur les petites maternités,
06:58pour les raisons que je vous ai expliquées, et pour les grosses maternités.
07:00Parce que les décrets qui ont été faits pour les maternités de 1998
07:03et qu'ils n'envisageaient pas, c'est grosse maternité.
07:06Et donc, on a les mêmes effectifs exigibles pour 2000 et pour 4000,
07:09alors qu'on fait deux fois plus.
07:10Donc, il y a un vrai sujet.
07:11Et c'est pour ça qu'on demande depuis cinq ans de reprendre les discussions
07:14qui avaient été faites avant le Covid sur la révision de ces décrets
07:18pour justement pouvoir fixer des effectifs, y compris dans ces grosses maternités,
07:22pour qu'on puisse travailler dans des bonnes conditions aussi.
07:25Merci beaucoup.
07:26Merci, docteur Anne-Géffron Avernay.
07:28Merci beaucoup, anesthésiste et animateur à l'hôpital de Perpignan.
07:32Il est 7h19, vous êtes sur Antenne de Sud Radio, bien sûr.
07:35Alors, allez, nous sommes avec vous pour, hein, Laurie ?
07:41Oui, Laurie, le rappel des titres de l'actualité.
07:45Benjamin Gleiz entre dans le studio, il va nous parler, nous verrons bien.
07:49Laurie.

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