La présidente de l'association "Écoute-moi, protège-moi, aide-moi", Jessy Yong Peng, déplore le manque de moyens donnés pour écouter et étudier la parole des enfants victimes de violences.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Sommes-nous logiques, quand le parquet poursuit par exemple pour des violences,
00:04on se retrouve donc avec une enquête pénale en cours,
00:08et face à cette enquête pénale, on est avec un maintien ou des visites médiatisées,
00:14et on se dit, ben non, l'enfant il va aller rencontrer son parent,
00:18alors qu'il ait vécu cette violence conjugale, ou il est désormais victime,
00:22ou qu'il ait lui-même été victime de violences,
00:26où il se retrouve à être forcé, alors je mets forcé entre guillemets,
00:30mais souvent on a des enfants qui reviennent nous dire, ou des familles qui reviennent nous dire,
00:35mais mon enfant ne veut pas, l'enfant ne veut pas, il est tout petit, il fait des crises de colère,
00:39madame, qu'est-ce que je fais ? Est-ce que je le force ?
00:41Ben non, on ne force pas un enfant, on ne force pas un enfant.
00:44Si on force un enfant, on va contre son intérêt supérieur de l'enfant,
00:48on va contre son intérêt supérieur, donc il a dit non, il faut qu'on respecte son nom.
00:52Et en même temps, on a des discours où, oui, ben non-consentement, etc.
00:58Ben non, quand tu dis non, on respecte ton nom, etc.
01:01Bon, alors il faut qu'à un moment donné, on ait un discours logique,
01:04que tout le monde ait ce discours très logique de dire,
01:07ben si l'enfant a dit non, alors on va regarder,
01:09alors on met un pédopsychiatre sur le cou,
01:11on met des professionnels qui savent détecter,
01:13parce que souvent on dit, oui, mais la mère, elle influence l'enfant,
01:17elle instrumentalise l'enfant, etc.
01:20Ben, on a envie de dire, mais pas dans 100% des cas.
01:24Prenons cette parole en compte, en fait.
01:26C'est important, si l'enfant ne veut pas aller voir son autre parent,
01:29parce que le parent a été violent avec lui,
01:31ou parce que le parent a été violent avec sa maman,
01:34sachez qu'à un moment donné, l'enfant, lui, certes, il va avoir ce recul,
01:39il n'est pas bête, il va se dire, tiens, mais mon père, il a tapé ma mère,
01:43donc moi, je protège ma mère, je protège ma maman.
01:46Donc c'est normal qu'il ait ce recul-là.
01:48Alors je me pose la question, est-ce que ce n'est pas mieux justement
01:51qu'il y ait une coupure de lien, pour que cet enfant lui prenne du recul,
01:54qu'il y ait aussi parfois, même quand il a été violent,
01:57une bouée d'oxygène, parce qu'il a besoin de souffler cet enfant,
02:00et qu'on lui mette en parallèle une bulle où il peut aller libérer sa parole,
02:06une bulle sécurisée, etc.
02:08Là où on aura la parole de l'enfant.
02:10Je pense que ça demande un peu plus de profondeur,
02:12et on sait qu'à l'heure d'aujourd'hui, il y a un manque de moyens,
02:15les enquêteurs manquent de moyens,
02:17donc ça nous fait peut-être des rapports,
02:19on n'a peut-être pas tous les éléments là-dedans,
02:22mais franchement, l'enfant mérite à ce que tout ça soit soigné,
02:26les rapports, et puis cette profondeur des entretiens
02:31qu'il peut avoir avec les professionnels.
02:33Je ne pense pas qu'un enfant mérite que ce soit bâclé.
02:36Sous-titrage Société Radio-Canada