À 9h20, Mathilde Serrell reçoit l'actrice Anna Mouglalis. Elle est membre du groupe de musique Draga dont le premier album “ö Guerrillères”, d’après les textes de la philosophe et romancière féministe Monique Wittig, sort le 30 mai. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-jeudi-29-mai-2025-4339866
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Mathilde Serrel, ce matin vous recevez une formidable comédienne épique.
00:04Oui, bonjour Anna Mouglalis.
00:06Bonjour.
00:07Vous vous sentez une âme guerrière ?
00:10Guerrière même je dirais.
00:12Vous êtes guerrière ?
00:14Je pense, je pense.
00:16Je pense et je ne le suis pas toute seule.
00:19Oui, on va en parler. Vous êtes plusieurs êtres guerrières.
00:22Mais si vous aviez une devise, ce serait quoi ?
00:24Si j'avais une devise, je n'avais pas réfléchi à ça.
00:28J'en avais une ancienne, une devise de Marina Svetayeva.
00:35Elle disait « Vivre dans le feu ».
00:38Et je l'ai longtemps prise à mon compte.
00:41Et maintenant, je dirais « Vous qui êtes invincibles, soyez invincibles ».
00:47Moi, j'avais pensé à sans peur et sans reproche.
00:50J'aimais bien aussi.
00:52Vous traversez la langue du cinéma français un peu comme ça, comme une chevalière.
00:56Depuis, merci pour le chocolat de Claude Chabrol en l'an 2000.
00:59Vous avez été serveuse du rac cuir dans « J'ai toujours rêvé d'être un gangster ».
01:03Vous avez joué Simone de Beauvoir, Coco Chanel, Juliette Gréco et même la première présidente de la République française.
01:09C'est vous, Amélie Doran II dans la série « Baron noir ».
01:13Voici désormais que vous levez une armée de femmes avec un collectif aux guerrières.
01:19C'est votre album qui sort demain.
01:20Une mise en musique de la ponceuse féministe Monique Wittig.
01:23Quel féminisme elle incarne pour vous, Monique Wittig ?
01:26C'est un féminisme radical, lesbien radical, extrêmement puissant, joyeux.
01:36C'est un texte de 1969, mais qui n'a rien perdu de sa modernité.
01:44Il est moderne pour toujours, aussi parce que malheureusement, les choses n'ont pas beaucoup bougé.
01:50Monique Wittigal faisait partie des femmes qui sont allées poser un bouquet de fleurs sur la tombe du soldat inconnu pour la femme du soldat inconnu.
02:01Encore plus inconnu que le soldat inconnu.
02:03C'est vraiment les tout débuts du MLF.
02:08Le mouvement de libération des femmes.
02:10Oui, pardon.
02:11Mais vous savez qu'il y a des gens qui sont nés parfois après 2020 qui nous écoutent.
02:15C'est vrai.
02:15Ils ont soin de compte.
02:16C'est vrai.
02:17Mais donc voilà, l'écriture de Monique Wittigal, la puissance, l'énergie poétique et politique sont vraiment en matière à l'émancipation.
02:32Là, c'est vraiment ce qui nous a permis de nous rencontrer avec le groupe Draga.
02:37Draga, c'est Lucien Thunès, PR2B, Théodora Delilèze et Narumi Erisson.
02:43Draga, d'ailleurs, pourquoi ?
02:44Draga, alors c'est...
02:47Drag queen ?
02:48En fait, ça veut dire ma chère.
02:52Ma chère ?
02:53Darling.
02:55Effectivement, ça évoque, pourquoi pas, le dragon, les dragues, la drague.
03:01Parce qu'il y a beaucoup d'érotisme aussi dans cette célébration du féminin.
03:07On peut dire que c'est une sorte de... c'est un poème épique, sexe en avant.
03:12D'ailleurs, les guerrières est devenu aux guerrières au passage.
03:16On le sent, le passage à l'épique.
03:19C'est un chant électro-rock.
03:20C'est un hymne punk.
03:22C'est insolent.
03:23C'est joyeux.
03:24On écoute un extrait.
03:25Le monde nous appartient.
03:26Elles disent que tandis que le monde est plein de bruit, elles les voient déjà s'emparer des cités industrielles.
03:37Elles sont dans les usines, dans les aérodromes, dans les maisons de la radio.
03:43Elles contrôlent les communications.
03:45Elles ont mis la main sur les usines d'aéronautique, d'électronique, de balistique, d'informatique.
03:53Elles sont dans les fonderies, les hauts fourneaux, les chantiers navals, les arsenaux, les raffineries, les distilleries.
04:01Elles se sont emparées des pompes, des presses, des leviers, des lames noires, des treuils, des poulies, des grues, des turbines, des marteaux picards, des arcs, des chalumeaux.
04:13Elles disent qu'elles les voient se déplacer avec force et bonheur.
04:21Elles disent qu'elles les entendent.
04:23Crier est sensé, le soleil peut briller, le monde nous appartient.
04:30Ça vous donne envie de le chanter quand vous l'entendez ?
04:35Oui, ça me donne envie de le chanter quand vous l'entendez ?
04:35Le crier ?
04:36Je suis très fan de cette musique.
04:43La rencontre avec ces quatre musiciennes est quelque chose qui m'emplit de joie.
04:49C'est la première fois en plus que j'arrive à faire coïncider à ce point mon cœur, mon corps et mon esprit dans un projet professionnel.
04:59Pour moi, c'est un cadeau porté par la puissance de Vitigme.
05:06Le texte, le texte si prémonitoire parce que lorsqu'elle lance ce cri où on sent que toutes les femmes sont au contrôle, toutes les femmes sont au poste partout, c'est un pari en 1969.
05:18Ça semblait être une dystopie mais c'est un texte, alors là on l'entend déjà dans l'extrait.
05:25Ou une dystopie puisqu'elles sont au contrôle.
05:28Oui, oui, oui, tout à fait.
05:29Mettons que c'est une aspiration, ça sera, puisque de toute façon c'est irréversible.
05:37Mais ce texte vraiment est basé autour du féminin pluriel, c'est-à-dire sans arrêt ça revient à l'entendre dans chaque morceau.
05:48Elles disent, elles disent, elles disent.
05:50Et ce féminin pluriel devient l'universel, ce qui est extraordinaire.
05:55Un renversement de la norme habituelle puisqu'on a un universel neutre masculin on va dire.
06:00Oui, mais c'est fini.
06:01Avec vous, Anna Mouglalis et Les Dragas, attention, vous êtes une grande lectrice, récitante aussi de poésie bien souvent.
06:10Vous, le texte et les textes de Monique Wittig, ça vous fait quoi ? Vous parlez d'une langue de feu.
06:15Comment ça vous accompagne ?
06:16Il paraît que vous continuez à réciter les textes pendant que vous avez préparé le projet et encore aujourd'hui.
06:22Alors aujourd'hui, j'habite avec ce montage qu'on a fait des textes des guerriers.
06:31Mais c'est au-delà de la récitation.
06:33Justement, c'est-à-dire que moi je les transmets, mais là il y a une impatience folle.
06:40L'album me sort donc demain.
06:42Demain, c'est la première fois.
06:44C'est une grande aventure.
06:46Mais surtout, on commence la scène.
06:48Et j'ai vraiment hâte avec le groupe, avec mes sœurs du groupe, de pouvoir donner ça au public.
06:56On a eu la chance de le faire déjà deux fois en public.
07:01Et c'est complètement différent de ce qu'on vit comme comédienne.
07:07Parce que la musique, c'est aussi extrêmement précis et qu'on n'est jamais dans le trac de l'ego.
07:14C'est moi, j'écoute, je compte, j'aime cette précision.
07:21Je trouve ça merveilleux.
07:23Et porté par la puissance de la batterie, de la basse, de la guitare distendue, des claviers magnifiques de Narumi et Hérisson.
07:33C'est une grand messe, ce qu'on a un jour de l'ascension, une grand messe punk.
07:42Monique Wittig, figure fondatrice du féminisme radical, vous l'avez dit.
07:45C'est aussi une œuvre qui infuse aujourd'hui les réflexions théoriques, les créations artistiques.
07:50Elle est un peu partout.
07:51Il y a eu ce roman avant les guerrières qui s'appelle Le Poponax en 1964.
07:55Ça lui a valu les compliments de Marguerite Duras, le prix Médicis.
07:58On l'écoute en parler.
08:00Elle est invitée dans Lecture pour tous.
08:01Vous voyez, c'est pour tout le monde, Monique Wittig.
08:02On dirait en lisant ce livre que vous l'avez écrit à haute voix.
08:07Enfin, en le lisant, on a envie de le lire à haute voix soi-même.
08:11Non, il n'est pas écrit à haute voix.
08:13J'aimerais bien écrire à haute voix.
08:15Ce serait assez sympathique.
08:18Mais on peut dire qu'on entend, au fond, une voix quand on l'écrit.
08:23Et cette voix, vous l'incarnez aujourd'hui, Anna Mouglali.
08:25C'est particulier pour vous. Vous la voulez comment ?
08:27C'est vrai que c'est une langue extrêmement musicale.
08:32Vraiment, c'est déjà un chant, comme un chant retrouvé de sa faux.
08:40Un chant qui manquait.
08:42Et je ne sais pas si je...
08:46En fait, ça se fait...
08:47Je n'ai jamais eu autant de liberté.
08:50C'est le projet qui me rend le plus heureuse dans ma vie, on va dire.
08:54Oui.
08:54Parce que...
08:56Il y avait eu La mer au loin, on pourrait dire qu'il est un film qui vous a beaucoup aussi emmené dans un territoire qui vous plaisait.
09:01Tout à fait.
09:01Tout à fait.
09:02Mais là, c'est une expérience tout autre.
09:04Une vraie expérience de liberté.
09:07De liberté grâce à la construction musicale qui vient vraiment porter ce texte.
09:14Et qui le rend finalement très accessible.
09:18Parce que c'est une littérature qui peut faire un peu peur.
09:20Parce qu'elle décale tout.
09:22Ce féminin pluriel.
09:24On n'a pas l'habitude.
09:25On se retrouve en terrain inconnue.
09:27Mais cette terre, c'est la nôtre.
09:28Oui.
09:29Et il y a un souffle qu'on peut ressentir universellement, en effet.
09:33Et pour votre voix aussi, c'est un exercice particulier.
09:35Votre voix, vous qualifiez parfois vous-même de virile.
09:39Moi, j'ai dit ça.
09:40Non, qu'on a qualifié de virile un jour.
09:44Vous avez peut-être fini par vous l'approprier.
09:46On voulait même que vous enleviez les cordes vocales.
09:48Vous vous fassiez opérer plutôt quand vous avez démarré dans le théâtre.
09:51Oui, c'est ça.
09:51Vous aviez 18 ans.
09:52On m'a dit que j'avais une voix qui ne correspondait pas du tout à mon physique.
09:56Que je ne travaillerais jamais.
09:58Mais bon, voilà.
09:58C'est ces petites...
10:00Toutes ces résistances.
10:02Toutes ces transgressions.
10:03À ce qu'on nous demande de faire.
10:05qui font qu'on est debout, pleine d'enthousiasme.
10:10Vous avez résisté à toute tentative de formatage.
10:13Il y avait aussi l'agence de mannequin qui voulait que vous rebouchiez une cicatrice de varicelle.
10:17Il y a fallu se redresser les dents.
10:19Vous avez dit non à chaque fois.
10:21Je voudrais qu'on écoute un autre extrait de ce grand chant épique qu'est aux guerrières.
10:26Qui s'appelle Clitoris.
10:28Elles disent que le clitoris a été comparé à un noyau de cerise.
10:33Un bourgeon, une jeune pousse, un sésame décortiquée.
10:37Une amande, une baie de myrte.
10:40Un dard, aucun...
10:41Voilà, encore un hommage à une autre partie du corps non retouché qui exalte,
10:48qui s'ouvre pleinement dans ce texte qui est vraiment sensuel en fait.
10:52On peut le dire.
10:53C'est ça qui est très important.
10:54C'est qu'on pense à Wittig peut-être parfois comme une théoricienne.
10:57Il y a une sensualité immense.
10:59Celle-là, elle peut traverser avec la musique encore plus loin, vous pensez ?
11:03Et c'est au-delà de la sensualité.
11:07C'est vraiment une nécessité de se réapproprier son corps,
11:12de ne pas avoir honte d'en connaître toute l'anatomie.
11:16Et de le décrire avec force, détail et comparaison comme dans ce texte.
11:20Exactement.
11:21Exactement.
11:22D'être sujet et plus objet.
11:26Il y a aussi un grand rêve dans le texte de Wittig,
11:30dans un autre titre que vous avez mis en musique qui s'appelle Féminaires.
11:33Elles disent qu'elles partent de zéro.
11:35Elles disent que c'est un monde nouveau qui commence.
11:40Et elles disent qu'elles ont appris à compter sur leurs propres forces.
11:44Elles disent qu'elles savent ce qu'ensemble elles signifient.
11:47Est-ce que vous le ressentez, vous, en ce moment,
11:49dans ce qu'il se passe, on va dire, depuis ce mouvement MeToo à Namuglalis ?
11:54Oui, je sens qu'il y a des choses qui bougent.
11:58Il y a effectivement, maintenant, en pointe du doigt,
12:03toute cette espèce d'éducation à la concurrence, au dénigrement, à la misogynie.
12:12La misogynie est un délit.
12:15Ce n'est pas une opinion ou une posture.
12:18C'est quelque chose qui doit être dénoncé.
12:21Puisqu'on est censé vivre dans une société égalitaire.
12:24qui est tout à fait inégale.
12:26Il faut encore beaucoup de guerrières.
12:29Encore beaucoup.
12:30Oui, ce monde nouveau, on essaye de le dessiner.
12:33Mais quand on écoute votre audition à l'Assemblée nationale,
12:36c'est assez fou, en fait, tout ce que vous racontez de votre parcours.
12:39Entre cette incroyable séance photo pour, d'ailleurs, votre premier film,
12:45pour Claude Chabrol, on vous envoie au Salon du chocolat.
12:48On vous met une robe en chocolat.
12:49Non, j'ai refusé.
12:50Oui, c'est ce qu'on vous propose.
12:52Vous refusez.
12:53Et les visiteurs étaient censés prendre des morceaux de chocolat au fur et à mesure.
12:57C'était une belle mise à l'honneur de Merci pour le chocolat de Chabrol.
13:02On vous propose ça et vous auriez pu, à l'âge où vous le faisiez, accepter.
13:06C'est assez fou.
13:10Mais bon, cette expérience de la réification, on la vit depuis qu'on est toutes petites.
13:17Donc, moi, ça a fait naître en moi une colère qui a été nécessaire,
13:23justement, qui m'a permis de refuser plein de choses et de me respecter.
13:28Maintenant, l'immense joie que j'ai, c'est de pouvoir la déployer en force, cette colère.
13:37En force et en enthousiasme.
13:40Et voilà, d'avoir trouvé des sœurs, des pères avec qui travailler sans être sans arrêt dans la lutte.
13:49Parce qu'entre nous, moi, c'est peut-être une des premières fois de ma vie que je ne suis pas dans la lutte à l'endroit où je crée.
13:55C'est-à-dire ?
13:56C'est-à-dire qu'au contraire, j'appuie.
13:58Vous étiez en confrontation dans vos créations, vos films.
14:03Il y a souvent du conflit parce qu'il y a des récits extrêmement intéressants,
14:06mais dans lesquels il faut toujours réaffirmer que ce n'est pas parce qu'on est une femme
14:12qu'on doit être définie uniquement par le rapport qu'on a au masculin.
14:18Et ça, c'est des luttes permanentes, permanentes.
14:21Là, j'ai trouvé un collectif des sœurs, des amis avec qui j'ai l'impression que je me déploie comme je ne l'avais jamais fait.
14:30Dans le cadre de ces violences sexistes et sexuelles au cinéma, vous avez aussi déployé une armure.
14:36J'ai entendu parler de ça, c'est votre technique coordination d'intimité à vous.
14:40Vous avez une culotte Mickey et si jamais elle apparaît à l'écran, c'est que les réalisateurs sont allés trop loin.
14:45J'ai lu ça dans le monde.
14:46Surtout, j'en tourne plus beaucoup de ces sœurs.
14:52On ne va plus les faire, tout simplement.
14:54Non, il faudrait les faire autrement.
14:56Juste cette célébration du corps féminin qui est dans le texte, dans les guerrières, ça oui, c'est tout autre.
15:04On va écouter quelqu'un avec qui ça s'est très très bien passé, avec qui vous n'étiez pas du tout en conflit.
15:09Et c'est même un espace d'apaisement qui vous a beaucoup accompagné dans toute votre vie.
15:15La situation qui résume le mieux, Karl Lagerfeld.
15:19No second option.
15:20Pût-on mettre des chaussettes blanches avec des mocassins ?
15:24Ce n'est pas recommandé, mais c'est mieux que des chaussettes grises dans les sandales.
15:27À quoi ressemble la tenue d'un dimanche glandouille, vision Karl Lagerfeld ?
15:30Je suis comme Lady Gaga, la discipline 24 heures sur 24.
15:35Votre petit surnom secret.
15:36Ma mère m'appelait Moule et ce qu'en allemand veut dire petit Anne parce qu'elle trouvait que j'étais stupide.
15:41Karl Lagerfeld dans la boîte à questions sur Canal+, en 2019.
15:46Avec lui, Karl Lagerfeld, ça s'est très bien passé, Adam Oglalis ?
15:50Oui, ça s'est très bien passé.
15:51Travailler pour Chanel, vous avez été égérée et vous l'êtes toujours.
15:54Dans ce milieu, en étant actrice, on est souvent renvoyé à la tyrannie, de la séduction, de la domination.
16:06On vous choisit, mais il faudrait qu'on vous passe dessus.
16:09Toutes ces choses.
16:11Karl Lagerfeld, c'était tout autre.
16:15Et surtout, il célébrait ma singularité, ma différence.
16:20Ce qui est compliqué quand on est jeune.
16:22On a envie à la fois d'être soi-même, mais dans le rapport à l'image.
16:27Il m'a libérée.
16:29Je n'ai plus essayé de correspondre à quoi que ce soit.
16:34Vous êtes libérée de la femme mystérieuse aussi, qu'on vous demandait beaucoup trop.
16:38C'est ça.
16:38Je voudrais qu'on vous écoute comme ça, juste sans la mise en musique, dans l'un des textes que vous avez choisi, une des chansons finalement, de Aux Guerrières.
16:49Et puis, puisque c'est un jour férié, vous avez choisi ce craché sur le phallus.
16:55Exactement.
16:56Tout un programme.
16:57Elles disent « Esclaves, tu l'es vraiment si jamais il en fût.
17:06Ils ont fait de ce qui les différenciait de toi le signe de la domination et de la possession.
17:14Elles disent « Tu ne seras jamais trop nombreuse pour cracher sur le phallus.
17:20Tu ne seras jamais des trop déterminés pour cesser de parler leur langage, pour brûler leur monnaie d'échange, leurs effigies, leurs œuvres d'art, leurs symboles. »
17:33Elles disent « Je refuse désormais de parler ce langage.
17:39Je refuse de marmotter après eux les mots de manque, manque de pénis, manque d'argent, manque de nom, manque de signe.
17:50Elles disent « Si je m'approprie le monde, que ce soit pour m'en déposséder aussitôt, que ce soit pour créer des rapports nouveaux entre moi et le monde. »
18:02Aux guerrières, votre album avec le groupe Draga sort demain à Namouglalis.
18:08Quelques secondes, quelques réponses binaires.
18:11Oui, non, enfin vous choisissez Isabelle Huppert ou Isabelle Carré ?
18:16Isabelle, Isabelle, non, non, pas de choix.
18:22Non, aucune.
18:24Les deux.
18:25Voilà.
18:26Tout simplement.
18:26Exactement.
18:27Pas de rivalité.
18:29Vous faites du plongeon acrobatique, du funambulisme toujours ?
18:33Un petit peu moins, il faut dire.
18:35Mais si j'ai un fil chez moi.
18:37Ah !
18:39Qu'est-ce qui vous a provoqué des larmes la dernière fois ?
18:43Vous avez pleuré ?
18:45Je crois que pourtant je me souviens que je pleure pas beaucoup.
18:50Mais je plains beaucoup quand je lis ou quand je regarde des films.
18:56Des larmes de joie, peut-être.
18:59Avec Draga.
19:00Avec Draga.
19:01On était en résidence son.
19:04Et moi j'apprenais à mettre les in-ears, ces outils, un peu comme un casque,
19:10mais qui permettent d'entendre très précisément tous les instruments pour la scène.
19:14Et là vous avez pleuré de joie.
19:15Exactement.
19:16Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
19:18Sororité.
19:19Et Dieu dans tout ça.
19:24Ni Dieu ni maître.
19:25Le chaos, l'anarchie, c'est aussi dans l'Alban.
19:29Évidemment, ça fait partie du souffle de Monique Wittig aux guerrières.
19:35Anna Mouglalis et son gang, ça sort demain dans les bacs.
19:38On peut le dire, bonne journée à vous.
19:40Merci beaucoup.
19:41Merci à toutes les deux.
19:43Merci.
19:44Merci à tous.
19:46Merci.
19:46Merci à tous.
19:48Merci.
19:49Merci.