00:008h moins le quart, nous sommes le mercredi 28 mai en direct à la radio, à la télé, c'est le début du quart d'heure toulousain, journée spéciale.
00:07Oh sur votre radio ici Occitanie, comment faire pour l'économiser, comment vous faites vous au quotidien, vous qui nous regardez, que nous écoutez, venez participer à ce quart d'heure toulousain, c'est le vôtre 05 34 43 31 31 avec aussi votre invité Jeanne-Marie Marco.
00:19Et venez poser vos questions à notre grand témoin du jour pour qui la Garonne n'a presque plus aucun secret.
00:26Bonjour Jean-Michel Fabre. On peut résumer en disant que vous êtes le monsieur haut du département, mais votre titre, vrai titre, c'est d'être président du syndicat mixte d'études et d'aménagement de la Garonne et vice-président du département.
00:39D'abord notre vie quotidienne, on a eu de très gros orages la semaine dernière, un printemps très humide, hiver également très pluvieux, on n'en peut plus à Toulouse et dans la région.
00:49Est-ce que ça a fait du bien au moins à nos nappes phréatiques ?
00:53Oui, ça a fait du bien, les nappes phréatiques sont à un bon niveau, si vous passez près de la Garonne en ce moment à Toulouse, ils passent 250 mètres cubes secondes, c'est la moyenne habituelle et c'est 5 fois ce qu'ils passent l'été.
01:05Il reste encore un peu de neige, même s'il n'y en a plus beaucoup.
01:09Donc oui, on est dans une situation qui est une bonne situation.
01:12Les réserves artificielles de montagne ou de piémont sont bien pleines, ce qui nous permettra cet été de lâcher de l'eau dans la Garonne quand il y en aura besoin.
01:21Alors après, les Toulousains et les Garonnais ont l'impression qu'il a beaucoup plu, on est simplement sur une année normale.
01:28Peut-être que ça ne sera pas une année normale dans l'avenir, mais il n'a plus ce qu'il faut.
01:33Par contre, oui, on a de plus en plus d'épisodes violents, comme on en aura cet été.
01:38Le changement climatique, ce n'est pas que plus chaud, c'est des périodes très très sèches et des orages violents et parfois les deux en même temps.
01:45Et c'est parce que les terres n'étaient pas sèches du tout que les nappes ont pu se recharger ?
01:50C'est parce qu'il a plu assez régulièrement, qu'elles ont pu se remplir et ça c'est vrai, quasiment tout le long de la Garonne, on a cette année des nappes qui sont à bon niveau.
02:00Jean-Michel Fabre, on vous a invité pour répondre à une question, à 1000 euros, il y aura-t-il assez d'eau à Toulouse dans les 15, 20, 25 prochaines années ?
02:10On fait tout pour ça.
02:12Et ça fait des années qu'on est engagé sur des programmes, parce que ce qu'on sait, c'est qu'il va y avoir une diminution.
02:18Certains disent que certains étés, on aura 40% d'eau en moins, d'autres 50% en gros pour les Hauts-Garonnais.
02:24Ce qu'on a vu en 2022, avec la Garonne qui était presque à sec, qui aurait été à sec si on n'avait pas lâché de l'eau,
02:29ça sera la norme vraisemblablement dans quelques années.
02:32Donc il y aura beaucoup moins d'eau, à nous à nous y préparer, c'est ce qu'on fait tous les jours,
02:37en se préparant pour 2050, mais pour se préparer pour 2050, il faut déjà se préparer pour cet été.
02:42Et donc vous avez lancé il y a 5 ans le plan Garonne-Amont, qu'est-ce qui a été mis en place concrètement Jean-Michel Fabre ?
02:48Alors l'idée déjà, c'est qu'il n'y a pas de solution miracle, ça n'existe plus.
02:52Ça et tous ceux qui ont prôné telle ou telle solution et qui n'ont rien fait pendant 20 ans, il faut dire non, ça n'existe plus.
02:58On a besoin de l'eau pour tous les usages, on a besoin d'agir partout.
03:01Alors on a travaillé en plus avec un panel citoyen, 32 mesures, il y en a 30 qui sont mises en œuvre et qui touchent tous les domaines.
03:09La plus emblématique peut-être ?
03:10Alors les plus emblématiques, déjà on a plus d'eau stockée disponible, ça veut dire que cet été sur la Garonne, je vais vous prendre un exemple très concret, le lac d'eau,
03:19il y a encore 5 ans, on mobilisait à peu près 5 millions de mètres cubes, cet été, on aura 10 millions de mètres cubes disponibles,
03:24c'est une négociation avec EDF qui a permis cela.
03:29Sur le Touche, il y a des réserves qui n'étaient pas utilisées pour le soutien de la Garonne, du Touche, etc.
03:34Aujourd'hui, il y a 4 millions de mètres cubes.
03:36Et puis, il faut agir sur tous les volets, je le disais, il nous faut protéger les zones humides,
03:40c'est des zones qui conservent l'eau.
03:42On a lancé l'observatoire et le conservatoire des zones humides en Haute-Garonne,
03:46c'est 500 hectares aujourd'hui qui sont protégés, sur lesquels on essaie d'agir.
03:50On travaille avec les agriculteurs, il y a plus de 100 agriculteurs qui sont engagés dans un programme
03:54pour évaluer leur consommation d'eau, diminuer leur consommation d'eau, faire changer leur culture.
04:01Mais les agriculteurs, ça fait des années qu'ils vous réclament une immense retenue d'eau,
04:04comme ça aurait pu se faire à Sivens.
04:08Là, vous leur avez dit non définitivement ?
04:11Alors, est-ce qu'elle s'est construite, cette réserve ?
04:14Non, elle ne s'est pas construite.
04:15À Sivens, dans le temps d'effectivement, non.
04:16Ni Sivens, ni Charlas, qui étaient la grande réserve du...
04:19Est-ce que le terrain a été identifié ?
04:22Oui, il y a un terrain qui a été identifié.
04:23Si on faisait cette grande réserve aujourd'hui, il y aurait de très grandes chances que certaines années ne se remplissent pas,
04:28comme ça a été le cas il y a deux ans.
04:30On n'est plus dans ces grands projets, on est dans l'idée d'avoir de très nombreux projets,
04:36d'agir sur Toil-le-Vieux, de faire des économies.
04:38Vous savez, moi je dis beaucoup qu'il faut qu'on réapprenne à faire en sorte que l'eau reste là où elle tombe.
04:44On a passé des décennies à dire qu'il faut que l'eau parte à la Garonne quand il pleut,
04:48alors on draine, on bétonne, etc.
04:51Aujourd'hui, il faut apprendre à la garder.
04:53Donc, de plus en plus de collectivités récupèrent les eaux pluviales.
04:56Il faut récupérer les eaux pluviales, chacun peut avoir son petit récupérateur à son niveau.
05:01Les agriculteurs travaillent pour que les sols gardent l'eau.
05:03Donc, on agit partout sur ce genre de sujet.
05:05Mais je dis aussi à ceux qui disent qu'il ne faudra jamais de nouvelles réserves et qu'ils se trompent aussi.
05:09Il faudra vraisemblablement aussi des nouvelles réserves qui ne seront pas du même type, qui ne seront pas au même endroit.
05:14On les fera où en Haute-Garonne ?
05:16Il y a des endroits qui sont identifiés, sur lesquels on travaille,
05:20mais qui seront des petites réserves qui vont s'inscrire dans un réseau de réserves.
05:23On a la chance, sur notre territoire, d'avoir des grands canaux.
05:27Le canal du Midi, le canal latéral, le canal Saint-Martaurie, le canal de la Neste, si on va vers le Gers.
05:32C'est autour de ces canaux qu'il nous faut continuer à faire circuler l'eau, et bien sûr, dans la Garonne.
05:39Quand les niveaux d'eau sont bas et qu'il fait très chaud à l'extérieur, comme c'est le cas tous les étés à Toulouse,
05:44on traite davantage l'eau parce qu'on veut éviter la prolifération des bactéries.
05:49C'est un problème, ça ?
05:50Oui, c'est un vrai problème, on ne se le posait pas, il y a encore quelques années.
05:53Aujourd'hui, très régulièrement, la Garonne dépasse le seuil de 25 degrés.
05:58Et c'est vrai, aussi bien à Toulouse qu'à Golfèche, je vais vous dire pourquoi je parle de Golfèche.
06:03Et on avait, dans le passé, des interdictions, en dessous de 25 degrés, de faire de l'eau potable.
06:07Il a fallu adapter, traiter l'eau différemment, de manière à ce qu'on sécurise cette eau.
06:13Mais ce qui est un problème pour l'eau potable, c'est aussi un problème pour les poissons,
06:16c'est aussi un problème pour la centrale nucléaire qui s'arrête quand l'eau est trop élevée.
06:21Il faut qu'on apprenne à vivre avec ça aussi.
06:23Et par exemple, une des solutions qui est complexe à mettre en œuvre,
06:26c'est que l'eau qui arrive des nappes, qui vient nourrir la Garonne, elle est à 15 degrés.
06:30Donc, il nous faut faire en sorte que cette eau qu'on arrive à stocker partout,
06:33elle puisse aussi venir dans la Garonne.
06:35Mais plus de traitements chimiques, c'est dangereux pour notre santé.
06:37Alors, ce n'est pas que des traitements chimiques.
06:39Comment vous faites ?
06:40Ces traitements, aujourd'hui, on sait les faire évoluer avec de l'ozone, il y a différentes méthodes,
06:46avec des filtres, mais ça suppose effectivement plus de traitements.
06:50Ceci étant, moi je veux aussi dire à tout le monde que cette eau,
06:54on met beaucoup collectivement d'argent qui est payé par tous les consommateurs,
06:58c'est pour avoir de l'eau potable.
07:00L'eau potable, c'est pour la boire.
07:02Alors, quand on parle beaucoup du prix de l'eau aujourd'hui,
07:04on paye, selon les endroits, 2,50 euros en euros du mètre cube ou un peu plus,
07:09c'est le prix d'une bouteille d'eau.
07:12Donc, c'est bien qu'on mette un peu d'investissement pour stocker l'eau,
07:15pour traiter l'eau, pour avoir de l'eau potable,
07:18et apprenons à économiser l'eau à tous les niveaux aussi.
07:21Et c'est à partir de ce dimanche, le 1er juin,
07:23que la tarification saisonnière de l'eau sera en service à Toulouse.
07:27Merci beaucoup Jean-Michel Fabre,
07:28président du syndicat Mix d'études et d'aménagement de la Garonne
07:31et vice-président du département.