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Style de vieTranscription
00:0114h-16h, Brigitte Lae, Sud Radio.
00:04Nous sommes aujourd'hui avec Jacques Fricard, médecin nutritionniste et auteur de Manger intelligent, éloge de l'omnivore aux éditions Odile Jacob.
00:12Robert nous rejoint. Bonjour Robert, merci de prendre la parole.
00:16Oui, bonjour.
00:17Bonjour.
00:19On vous écoute Robert, vous avez envie de parler d'alimentation et de morale, c'est ça ?
00:24Enfin pas la morale, le moral.
00:26Oui, oui, en effet.
00:27Oui, je voulais partager peut-être mon expérience, peut-être ça pourrait servir à d'autres.
00:35Donc j'étais militaire parachutiste, voilà, en compagnie de combat.
00:41J'étais déployé en mission, en opération à l'étranger, dans une zone de conflit armé pour faire des actions civiles.
00:49J'ai eu une blessure en service pour laquelle j'ai eu une réforme pour infirmité par le ministère de la Défense.
00:55Du coup, je me suis retrouvé civil du jour au lendemain sans le vouloir.
00:58Oui, donc c'est déprimant, évidemment.
01:01Très déprimant, oui.
01:03Donc on m'a privé de ma carrière et bon, bref.
01:05Enfin, c'est pas on, c'est votre corps qui vous a privé.
01:10Attention, les choses, les mots ont de l'importance.
01:13Et donc vous vous êtes vengé sur la nourriture ?
01:17Et du coup, bon voilà, après, forcément le moral et tout, j'ai commencé à manger n'importe quoi.
01:27Moi qui étais sportif, j'ai pourtant quelques capacités à rester sportif pour faire du sport quotidiennement,
01:35mais j'ai arrêté tout.
01:37Oui.
01:37Et j'ai commencé à prendre du poids, donc le moral et la nourriture m'ont entraîné vers le bas, quoi.
01:48J'ai commencé à prendre du poids, j'ai pu, devant le miroir, en fait, j'arrivais plus à me,
01:54enfin je me plaisais plus moi-même, en fait, on va dire ça.
01:58Et ça avait des incidences aussi sur, forcément, quand on s'aime plus, on s'apprécie plus.
02:02On mange n'importe quoi, le moral, on mange mal, et bien on n'arrive plus non plus à plaire à l'autre, quoi.
02:11Enfin, on est dans un couple.
02:13Et est-ce que, parce que c'est intéressant ce que vous racontez, parce qu'on voit bien qu'il y a quelque chose,
02:19il y a une blessure, une blessure physique, mais également une blessure de l'âme, sans doute,
02:23parce que ne plus pouvoir faire ce métier, visiblement, réparer quelque chose,
02:29fait qu'on se réfugie sur la nourriture.
02:31Et déjà, moi, j'ai envie de vous poser la question, puisqu'on vient de parler de la nourriture quand on est enfant.
02:37Comment, avec vos parents, c'était quoi la manière de manger ?
02:43On était obligés, on va dire, obligés de manger de tout, quoi, ce qu'il y a.
02:49Donc, nos parents nous ont obligés à manger ce qu'il y a.
02:53Donc, on était obligés de manger des légumes, de manger diverses choses.
02:58Alors, a priori, on pourrait penser que c'est bien, mais moi, ce que j'entends, je ne sais pas ce que vous en pensez,
03:03j'ai affricaire, j'entends plutôt des parents qui imposent à l'enfant de manger,
03:08et qui, finalement, ne montrent pas à l'enfant comme quoi manger, c'est aussi se respecter et être du plaisir.
03:14Alors, oui, ce qui est fondamental, d'abord, qu'on donne les parents, c'est de montrer l'exemple.
03:19Si vous mangez des frites et si vous dites à votre enfant « mange des rèques au verre », il ne va pas les manger.
03:24Parce que ce que mange le parent, l'enfant, du moins jusqu'à l'adolescence, c'est un modèle pour lui.
03:30Et il va avoir envie d'essayer de le manger.
03:32Donc, il faut vraiment avoir mangé la même chose que ce qu'on présente à l'enfant.
03:36Ça, c'est très important.
03:37Ce qui était peut-être votre cas, Robert.
03:38Oui, c'était mon cas.
03:40Je pense qu'ils ont bien fait de vous demander au moins de goûter et de manger.
03:45C'est ce qui se passait dans la plupart des familles pendant des siècles.
03:49Il y avait beaucoup moins de choix possible et l'enfant n'allait pas se servir dans le frigidaire.
03:53Il mangeait ce qu'il y avait à table pour un final.
03:55Plus ou moins selon sa faim.
03:57Mais il mangeait ce qu'il y avait à table et finalement, ça se passait assez bien.
04:00Parce que même s'il n'y avait pas beaucoup de certains aliments, il a mangé un petit peu.
04:03Et puis après, il se mettait petit à petit à les aimer pour la plupart.
04:07Oui, voilà, c'est ça.
04:08En effet, au début, c'était compliqué.
04:09Mais on s'est habitué après à apprécier l'aliment, à manger du poisson, à manger des légumes.
04:16Alors, ce qu'il faut éviter par rapport aux parents également et au moral,
04:20c'est éviter de donner à l'enfant à manger pour le consoler.
04:24Style, mon pauvre chéri, je pense à vous, à votre problématique.
04:27Parce que vous avez été blessé, comme le dit Brigitte, dans votre corps et dans votre âme.
04:31Parce que votre destin, votre carrière a été totalement interrompu.
04:35Je pense que quand on est militaire de carrière, c'est une vocation, c'est plus qu'un métier.
04:40Et donc, je ne sais pas si ça a été le cas, mais il y a des parents, pour vous, avec vos parents,
04:44mais il y a des parents qui disent, mon pauvre chéri, tu es malade,
04:47ou mon pauvre chéri, tu t'es blessé, ou tu es triste.
04:50Tiens, mange d'une sucette, mange des bonbons, mange des gâteaux.
04:54Et du coup, l'enfant associe le fait de manger des aliments qui, en général, ne sont pas très sains,
04:58quand on en mange beaucoup, ce genre d'aliments, notamment les aliments sucrés, au réconfort.
05:02Et après, quand je suis adulte, je vais chercher mon réconfort dans ces mêmes aliments,
05:07parce que consciemment ou non, ça me rappelle ce que je me donnais.
05:11C'est ce qui s'est passé, peut-être, Robert, ou pas ?
05:14Oui, après, c'est vrai que les parents, souvent, pour nous faire plaisir,
05:20des fois, ils nous font nos repas préférés quand on est malade.
05:25Et du coup, c'est vrai que ça... Je n'avais pas pensé à ça, mais c'est vrai que ça peut assimiler dans un cerveau...
05:29Si c'est votre repas préféré, tout au moins celui que vous allez manger,
05:32parce que vous êtes malade et que sinon, vous ne mangez rien, là, c'est différent.
05:35Non, c'est plus le fait de donner plein d'aliments sucrés quand l'enfant n'est pas content.
05:38Le pire, c'est lui donner des aliments sucrés pour être tranquille.
05:41C'est une chose qui se passe avec les portards, parfois, ou les écrans.
05:45On veut être tranquille, du coup, on met l'enfant devant son portable, devant une télé,
05:49ou avec des bonbons.
05:52Et ça, ce n'est vraiment pas la chose à faire si on veut bien éduquer les enfants à la nourriture.
05:57Mais aujourd'hui, Robert, vous avez retrouvé un poids de forme ou vous êtes encore un peu en surpoids ?
06:03Du coup, là, depuis janvier, je me suis mis à...
06:06J'ai perdu 10 kilos depuis janvier.
06:09Bravo !
06:10En 5 mois, c'est très bien.
06:12Ce n'est pas trop rapide, c'est très bien.
06:13Oui, oui.
06:14Donc, je me suis motivé.
06:17Oui.
06:17Du coup, ça m'a fait beaucoup...
06:20Déjà, le sport, ça fait beaucoup de bien moral.
06:22Exactement.
06:22C'est associé à la nourriture saine, donc ça change, quoi.
06:28Ça change l'état d'esprit, la manière d'être bien dans sa peau.
06:32Et peut-être aussi que lorsqu'on fait du sport, lorsqu'on aime le sport, parce qu'il ne faut pas faire...
06:37Enfin, j'ai envie de dire, c'est comme le reste.
06:39Si on est obligé de faire du sport, on n'en bénéficie pas vraiment sur le plan psychique.
06:44Mais si on aime faire du sport, c'est qu'on respecte son corps, on aime son corps.
06:49Et à mon avis, du coup, on reprend une meilleure alimentation, sans doute.
06:54Non ?
06:54Mais tout est lié, oui.
06:55Après, voilà, tout est lié, oui, c'est vrai.
06:57Après, en faisant du sport, ça déclenche une hormone.
07:01Je ne sais pas si c'est une hormone ou quoi, mais ça fait du huir, vraiment.
07:04Oui.
07:05Ça déclenche une sécrétion, non pas d'une hormone.
07:09Enfin, il y a des hormones aussi.
07:10Mais surtout d'un neurotransmetteur qu'on appelle la sérotonine.
07:13La sérotonine relaxe, détend, fait du bien.
07:17Et quand on mange sucré, on a également une sécrétion de sérotonine.
07:21Finalement, les personnes, ça, ça a été bien montré,
07:23les personnes qui font du sport, lorsqu'elles avaient des pulsions alimentaires
07:27ou des pseudobulimies avant, ont beaucoup moins de pulsions
07:30parce qu'elles sont relaxées par le sport.
07:33Donc, l'activité physique, effectivement, permet très souvent
07:36d'avoir moins de pulsions sucrées.
07:39Et finalement, vous êtes en train de mettre en place un cercle vertueux.
07:43Vous mangez mieux, vous faites du sport, vous massissez,
07:45meilleure morale, du coup, je bouge encore plus et vous mérissez.
07:49Et alors qu'avant, il y avait un cercle qui était contraint vicieux
07:51où je suis triste, je mange n'importe quoi, je prends du poids,
07:55je suis encore plus triste parce que j'ai pris du poids.
07:57Et j'ai pas envie de faire du sport.
07:59Bon, je prends encore du plus de poids.
08:00Donc, bravo d'avoir inversé la tendance.
08:02C'est tout à fait ce qu'il fallait faire de façon globale,
08:04avec une alimentation saine, plus le sport.
08:07Oui, c'est vrai, ça marche.
08:11Donc, vous n'avez pas besoin de nous, Robert.
08:13Vous avez su trouver le bon rétablissement.
08:18Bravo.
08:19Merci.
08:20Et votre témoignage est important parce que c'est vrai que lorsqu'on ne va pas bien,
08:24pour quelles que soient les raisons, vous, on comprend tout à fait,
08:27mais ça peut être un chagrin d'amour.
08:29Il y a des personnes qui, après un chagrin d'amour, vont maigrir
08:32et d'autres qui vont grossir.
08:32Absolument, c'est très divers.
08:33Il y a des personnes qui fondent, qui perdent tout appétit,
08:37et puis qui perdent du poids, lors d'un deuil ou d'un chagrin d'amour.
08:40Et d'autres qui prennent du poids.
08:41Qui vont se réfugier sur les kilos affectifs, absolument.
08:45Merci, Robert. Merci beaucoup.