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  • 27/05/2025
L'Église s’oppose au droit à l’aide à mourir, contrairement à la majorité de la société française selon les sondages. Jacques Habert, évêque du diocèse de Bayeux-Lisieux, était notre invité ce mardi 27 mai pour expliquer cette position

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Transcription
00:01Ici Normandie, dès votre réveil, actus locales, musique et bonne humeur.
00:07À 7h45, merci d'être avec nous. Didier Sherpin, bonjour.
00:10Bonjour François, bonjour à tous.
00:12Notre invité ce matin, Jacques Habert, évêque du diocèse Bayeux-Lisieux.
00:15Présent dans nos studios, Jacques Habert, bonjour.
00:17Bonjour.
00:18Les deux propositions de loi sur la fin de vie sont soumises aujourd'hui au vote solennel des députés.
00:23L'une est plutôt consensuelle sur les soins palliatifs, l'autre fait bouger les lignes dans notre société.
00:27Elle ouvre la possibilité d'un droit à l'aide à mourir.
00:31Pourquoi les évêques de France y sont opposés ?
00:34Alors ça fait des années que ce projet est un peu en discussion dans le débat public
00:38et nous les évêques nous avons pris position très rapidement
00:40parce qu'on pense qu'il y a là une dérive qui...
00:44On comprend la souffrance qui est en jeu dans beaucoup de situations
00:46et on y est présent à travers l'église
00:48mais de dire entre accompagner des personnes, les aider, les soulager, les réconforter
00:53avec ce qui est possible aujourd'hui
00:55et injecter une substance létale, comme on dit, pour tuer la personne.
00:59Là, il y a quelque chose qui est de l'ordre d'une rupture.
01:02On parle de personnes qui expriment ce sourire.
01:05Oui.
01:06Alors, de fait, il y a la volonté de la personne qui s'exprime
01:08mais qui peut être...
01:10Cette volonté peut être, comment dire, très manipulée.
01:14Je mets des guillemets dans ce terme
01:15parce que la souffrance est insupportable pour tout le monde
01:18et donc si la solution que l'on propose, c'est celle de l'arrêter immédiatement par la mort
01:22de fait, on offre une solution
01:24mais nous, nous pensons qu'il y a d'autres solutions
01:26qui sont celles de l'accompagnement, de la présence
01:28qui sont plus exigeantes
01:29qui demandent justement, vous avez évoqué
01:31qui est dans ce projet de loi
01:32il y a tout le volet sur les soins palliatifs
01:35qui sont vraiment une très très très belle oeuvre
01:37que nous soutenons
01:38mais dont on se rend compte qu'elle n'est pas toujours présente
01:42dans bien des territoires français
01:43donc c'est cela que nous soutenons surtout.
01:45Il y a de nombreuses conditions pour que ce droit à l'aide à mourir soit validé
01:49la personne doit être atteinte d'une affection grave, incurable
01:53qui engage le pronostic vital en phase terminale
01:56et surtout doit avoir, je mets de gros guillemets, toute sa tête
01:58Pour vous, ce n'est pas suffisant ça ?
02:01Alors, encore une fois, on respecte infiniment les personnes qui sont dans la souffrance
02:05il ne s'agit pas de relativiser tout cela
02:07mais de se dire, quand on fait une loi, elle est pour tous
02:10et donc des situations comme celle-là, il y en a beaucoup
02:13certaines personnes aussi vont être peut-être se dire
02:15finalement je suis gênant, je suis en trop
02:17et pour simplifier la vie de tout le monde
02:19autant effectivement prendre cette solution
02:22et on voit que cette société-là risque de générer
02:26beaucoup de demandes de ce genre
02:27et la dimension de fraternité qui pour nous est essentielle
02:30on sera fortement altérée
02:32On a entendu ce matin sur notre antenne le témoignage de quelqu'un
02:35qui a vu l'un de ses amis partir en Belgique
02:37de son plein gré pour en finir
02:39Comment ces personnes pourraient se dire
02:43je suis de trop puisqu'elles expriment, elles réclament
02:46elles crient cette envie d'en finir ?
02:49Oui, mais vous savez, des personnes qui veulent se suicider
02:51hélas, il y en a beaucoup
02:52j'ai comme prêtre été souvent témoin de l'enterrement
02:55où on accompagnait quelqu'un qui se suicidait
02:56et en fait, ce que ça génère dans ce qui reste
02:58c'est un immense sentiment de culpabilité
02:59on n'était pas assez près de lui
03:01on n'a pas assez compris, on n'a pas assez soutenu
03:03ce qui n'est souvent pas le cas
03:04les gens ont fait ce qu'ils ont pu
03:05et donc si cette loi permet cela
03:08je pense que ça ouvrira bien des dérives
03:11qui feront que beaucoup de gens vont recourir à cela
03:14alors de fait, on aura résolu une question
03:16qui est celle de personnes qui sont dans une grande souffrance
03:19mais quelles sociétés auront-nous construit ?
03:21je pense aux plus pauvres, aux plus vulnérables
03:23à ceux qui sont seuls
03:24peut-être la solution pour eux sera
03:26écoutez, il faut mieux que j'en finisse
03:27alors que s'il y a une mobilisation de la société
03:30pour dire comment nous accompagnons
03:31les personnes les plus
03:32voilà, en précarité, les plus souffrantes
03:35je crois qu'on aura un surcroît de fraternité
03:37qui sera très bon
03:38à 7h48 notre invité, Jacques Habert
03:40évêque du diocèse Bayou-Lisieux
03:42vous avez organisé une messe hier soir à Caen
03:44pour marquer votre opposition
03:46pensez-vous que tous les catholiques
03:48vous suivent dans cette ligne ?
03:50alors les catholiques sont
03:52majoritairement, me semble-t-il
03:53on n'a pas fait de sondage pour les catholiques
03:55mais dans cette ligne-là
03:56parce que pour nous
03:57et je n'ai pas encore employé cet argument
03:59mais la vie est un don de Dieu
04:01donc on ne peut pas disposer de sa vie
04:04comme si on en était les propriétaires absolus
04:06alors ce qui est exigeant
04:08et on ne va pas imposer évidemment
04:09cette conviction à ceux qui ne croient pas en Dieu
04:11et nous, nous prenons la parole
04:13parce que nous croyons effectivement
04:15que la vie est un immense cadeau
04:17qu'il faut le protéger
04:18que parfois cette vie est abîmée
04:19mais que la solution qui consiste à la supprimer
04:22ne nous semble pas la plus juste
04:24vous n'avez pas fait de sondage auprès des catholiques
04:25par contre des instituts de sondage
04:27on fait des enquêtes auprès des français
04:28il en ressort que majoritairement
04:30les français sont pour ce droit à l'aide à mourir
04:34vous n'avez pas l'impression d'être
04:35entre guillemets à contre-temps de la société ?
04:37alors ça, ça arrive dans d'autres sujets
04:39de fait, nous sommes peu nombreux dans la société
04:42à avoir cette conviction d'être chrétien
04:44mais ce n'est pas pour cela
04:46qu'il faut que nous arrêtions de parler
04:48c'est un service qu'on veut rendre à la société
04:50si cette loi passe, elle passera
04:52et on ne s'opposera pas à cette loi bien évidemment
04:54mais on estime qu'il y a
04:56ce qu'on appelle dans notre jargon
04:58une rupture anthropologique
04:59c'est-à-dire quelque chose qui fait que
05:01même dans le corps médical
05:02les positions sont partagées
05:05mais majoritairement en faveur
05:08je pense que l'opinion publique est majoritairement en faveur de cette loi
05:12et alors nous avons prié hier
05:14parce que nous pensons aussi que
05:16il s'agit de discuter, d'échanger des arguments
05:19comme nous le faisons ce matin
05:20mais aussi nous nous pensons à la force de la prière
05:22et nous ont demandé au Seigneur de nous éclairer
05:25et d'éclairer les parlementaires
05:26qui cet après-midi vont voter
05:28qui voteront donc pour ce vote solennel
05:30ce ne sera pas terminé
05:31il y aura ensuite le Sénat
05:32qui s'exprimera Jacques Habert
05:34évêque du diocèse de Bayeux-Lisieux
05:35merci d'être venu évoquer ce sujet ce matin
05:38merci

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