Xerfi Canal a reçu Alain Bauer, professeur de criminologie du Conservatoire National des Arts et métiers (CNAM), pour parler de l'immigration.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
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00:00Bonjour Alain Beauveur.
00:10Bonjour.
00:11La conquête de l'Ouest. Partons à la conquête de l'Ouest.
00:14Fayard.
00:15La conquête de l'Ouest, l'immigration nous donne finalement non plus l'assimilation, mais la désintégration.
00:21Voilà où on en est.
00:23Et je vais résumer la thèse de l'ouvrage.
00:25C'est l'État qui est responsable et coupable.
00:26C'est l'État qui n'a pas su faire un choix entre des injonctions contradictoires.
00:31Pendant très longtemps, l'État a créé la nation.
00:34Il l'a inventée, il l'a regroupée, il a pris des tribus qui venaient d'origines extraordinairement diverses,
00:39de cultes extraordinairement diverses, monothéistes, polythéistes, des celtes, des normands, des francs, des gallo-romains, des arabes.
00:47Je rappelle que même si ça s'est arrêté à Poitiers, Narbonne a été occupée par les arabos-musulmans pendant des années.
00:53Charlemagne a même passé des accords politiques et diplomatiques avec nos occupants du Sud-Est.
01:00Nous avons nous-mêmes, par notre logique coloniale, créé des espaces très étranges, des protectorats, des occupations,
01:08mais deux colonies de peuplement, pas une de l'Algérie et la Nouvelle-Calédonie.
01:12Donc chacun a pu voir qu'on avait traité les deux à peu près de la même manière et avec à peu près les mêmes résultats catastrophiques,
01:17en oubliant tout, car l'État est amnésique, amnésique, systématiquement.
01:22Il commet les mêmes erreurs de manière répétitive, avec des délais, certes, mais quand même.
01:27Et donc on voit bien que dans cette logique d'intégration, d'assimilation, d'aspiration,
01:34on construit un État, on lui construit un peuple, on construit une nation, on lui construit une culture,
01:39on lui construit une histoire, le roman national,
01:41et on a un État fort et puissant, centralisé, monarchique et impérial,
01:47dont la promesse est celle de la protection des institutions, il fait ça encore plus ou moins bien,
01:53des frontières, il a sous-traité, de la sécurité, il est hors-jeu, complètement,
02:00puisque jamais on a eu une situation aussi désespérée en matière criminelle que récemment.
02:07Et puis, une problématique qui est, c'est la faute aux étrangers.
02:12Parce qu'on ne sait pas très bien qui sont les immigrés, par ailleurs.
02:15Première, deuxième, troisième génération, nés français, nés français à l'étranger,
02:20nés de pères français et de mères étrangères, de mères françaises et de pères étrangers.
02:24En fait, dans l'immense fouillie chaotique de la statistique,
02:30à part trajectoire et origine qui nous a donné quelques idées sur qui composait la population nationale,
02:35on a quand même un sujet structurel de savoir, après tout, c'est quoi un français ?
02:42Parce qu'on n'a pas les bonnes proportions.
02:45Quel est le mode de définition de ce qu'est un français ?
02:48Un vrai français par rapport à un français de papier et autre joyeuseté inventé par tous ceux
02:54qui n'arrivent pas à digérer le fait qu'à moins d'être consanguins,
02:58donc dans un état intellectuel complexe, nous sommes un produit de mélanges divers, lointains,
03:05mais que nous avions réussi à créer un creuset national autour d'une culture nationale
03:10qui passait par des fadèses, nos ancêtres les gaulois,
03:14mais aussi des héros nationaux qui nous appartenaient à tous.
03:17Louis XI, Jeanne d'Arc, Louis XIV, Napoléon Ier, Charles de Gaulle, on prend qui on veut.
03:26Mais on avait ce qui nous était commun.
03:29Tout ceci a disparu au nom de ce que les Allemands appellent multiculti.
03:35En fait, on a plein de cultures, ce qui n'est pas faux, mais elles se valent toutes.
03:39Ce qui pose un problème, c'est si elles se valent toutes, qu'est-ce qui est commun ?
03:43Et nous, on a donc inventé un truc formidable, vivre ensemble.
03:47N'importe qui peut vivre ensemble avec n'importe qui, n'importe où.
03:50Il n'y a pas besoin d'avoir quoi que ce soit de commun pour vivre ensemble.
03:54Ce qui est important, c'est ce qui nous est commun et qui fait de nous une nation.
03:59C'est ce qui fait de nous des Français, même si je le rappelle souvent,
04:02c'est le nom de nos envahisseurs, parce que nous ne sommes pas des gaulois.
04:04On pourrait dire, nous sommes des gaulois, parce que nos ancêtres étant des gaulois,
04:08on pourrait être des gaulois, mais on n'ose pas.
04:09Il prouve qu'il y a des limites, malgré tout, au roman national
04:12qui est toujours ce côté fictionnel qui nous plonge dans le roman,
04:20mais qui nous éloigne un peu du récit.
04:23Et donc, cet État en retraite, il date de 1974, des années 70.
04:28C'est le moment où Valéry Scardestin, mais il n'est que le produit de l'époque,
04:31ce n'est pas un cas personnel, et tous ceux qui sont là créent la globalisation heureuse.
04:36Ce moment merveilleux, qui n'est pas trop mal expliqué par Alain Minc,
04:45ou d'autres de mes collègues, explique qu'en fait, le capitalisme est la réponse à tout,
04:52et qu'on peut même avoir le capitalisme sans la démocratie, parce qu'à la fin, c'est pareil.
04:56C'est attendre la conquête de l'Ouest, Fayard.
04:59Merci Alain Bauer.