- 13/05/2025
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00:00Bonjour Aurore Berger, et bienvenue à la grande interview sur CNews Europe 1.
00:12Vous êtes la ministre en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations.
00:17Beaucoup de sujets à vous soumettre ce matin et tout d'abord, cette phrase, choc.
00:21En Algérie, je suis un traître, en France, un mauvais, un mauvais arabe.
00:25C'est une interview choc, celle d'un grand écrivain, Kamel Daoud, ciblé par deux mandats internationaux émis par Alger,
00:31mais aussi cible d'attaque au roi Berger de la presse de gauche, qui estime qu'il n'est pas le bon arabe,
00:36car il ne porte pas, dit-il, les bons combats.
00:38La gauche qui lui reproche notamment, je voudrais le préciser, d'avoir dénoncé il y a quelques années les viols de Cologne
00:43et d'avoir interrogé le rapport aux femmes dans le monde arabo-musulman.
00:47Traître en Algérie et mauvais arabe en France, comment vous réagissez à de tels propos ?
00:51Je trouve que c'est une très belle interview parce que c'est une déclaration d'amour à la France.
00:55C'est ça qu'il dit, au-delà de cette phrase qui est évidemment très choc,
01:00il dit à quel point en France on a de la chance, la liberté d'expression, la liberté de penser,
01:05que ça n'est pas tout à fait le cas dans son pays d'origine, qu'est l'Algérie,
01:09et qu'il recommande d'ailleurs à celles et ceux qui aujourd'hui critiquent notre pays,
01:13critiquent la France alors qu'ils n'ont connu que la France,
01:16peut-être d'aller voir ailleurs à quel point la liberté d'expression est précieuse
01:21et à quel point malheureusement elle est contestée.
01:23Donc je crois qu'on a de la chance de l'avoir en France,
01:26on a de la chance qu'il s'exprime aussi librement,
01:28et je pense que certains devraient plus s'en inspirer
01:31plutôt que de le critiquer comme si cette critique était acceptable.
01:35Mais je comprends ce qu'il dit, c'est-à-dire qu'il estime qu'il n'est jamais à sa place.
01:38Et ça, c'est assez insupportable de se dire qu'on ne serait jamais à la bonne place
01:42parce qu'on n'aurait jamais le bon discours ambiant ou mainstream.
01:47Il a un discours qui est un discours d'amour de la France.
01:49Qui porte aujourd'hui les éléments de langage du régime algérien ?
01:53Je fais une différence avec les algériens.
01:55Qui ?
01:55Je pense qu'il faut sortir évidemment de la naïveté,
01:59et c'est ce qu'on fait évidemment vis-à-vis du régime algérien,
02:02avec des décisions très claires.
02:03Quand le ministre des Affaires étrangères dit réponse ferme et proportionnée
02:06après la énième expulsion d'un fonctionnaire français,
02:10M. Téboune tremble vraiment ?
02:11On a assumé aussi d'avoir des expulsions, vous le savez,
02:13de fonctionnaires algériens,
02:15de manière en réciprocité à ce qui s'est passé
02:18et qui était absolument inacceptable,
02:20de rappel de notre ambassadeur par le président de la République.
02:23Donc il y a évidemment des mesures très claires qui ont été prises.
02:25Pour quel résultat ?
02:27C'est bien la difficulté qu'on a.
02:29C'est qu'encore une fois, on a assumé,
02:31le président de la République a assumé dès le début de son mandat
02:33d'essayer de restaurer des liens puissants avec l'Algérie,
02:36parce que je crois que c'était l'intérêt de notre pays,
02:39d'assumer qu'on ait des liens qui puissent exister,
02:41parce qu'on a évidemment une histoire
02:42et parce qu'on a aussi des intérêts qui sont croisés,
02:45au-delà d'ailleurs des questions strictement migratoires,
02:48mais qu'on voit bien aujourd'hui que malheureusement,
02:51on a un régime qui fait de la défiance de la France
02:55une forme de politique,
02:56et que cette politique, elle ne peut pas se faire contre nous
02:59et contre les intérêts de la France.
03:00J'entends que vous êtes davantage sur la ligne de M. Rotaillot
03:02que la ligne du Quai d'Orsay.
03:04En tout cas, sur la ligne du président de la République.
03:06Mais qu'elle est-elle ? Est-ce qu'elle est aussi claire que cela ?
03:08Oui, parce que je pense que les décisions qu'il a prises,
03:10les décisions internationales qu'il a prises,
03:12les décisions vis-à-vis aussi du Maroc,
03:14sont très claires sur le fait que la France
03:17entend être souveraine et assumer
03:19une politique étrangère et internationale
03:21qui ne dépend pas d'un diktat d'un autre pays.
03:24Nous sommes la France,
03:25et parce que nous sommes la France,
03:26nous avons le droit d'avoir la ligne politique
03:28que nous voulons
03:29et la ligne diplomatique
03:31que nous voulons instaurer.
03:32Kamel Daoud, Aurore Berger,
03:34qui tente aussi de faire entendre
03:35une voix d'équilibre sur Gaza,
03:38très très loin de ce qui a été dit samedi
03:39sur le service public.
03:40Vous avez d'ailleurs vivement réagi
03:41après les propos de Thierry Ardisson
03:44dans l'émission qu'à l'époque
03:45affirmant que Gaza, c'est Auschwitz.
03:46Je précise que Thierry Ardisson s'est excusé depuis.
03:50L'émission du service public
03:51était comme d'habitude enregistrée le vendredi,
03:53et pourtant, elle a été diffusée telle qu'elle le samedi.
03:56Comment vous l'expliquez ?
03:58Je ne l'explique pas.
03:59Et je pense que d'ailleurs,
04:00le service public répondra sur ces questions.
04:03Je comprends qu'il y a eu beaucoup de signalements
04:05qui ont été faits auprès de l'ARCOM.
04:07Vous comprenez qu'il n'y a pas encore répondu ?
04:09C'est à eux de le faire,
04:10aux producteurs de l'émission, évidemment, de le faire.
04:13Il y a une double responsabilité,
04:14la responsabilité d'une chaîne.
04:15Il y a la responsabilité des journalistes
04:18et il y a la responsabilité de la production de l'émission,
04:20comme ici sur votre plateau.
04:21Et donc, à chaque fois, les chaînes peuvent être mises en cause
04:24et on a une autorité de régulation indépendante
04:27qui va devoir arbitrer et décider.
04:30Moi, il y a deux choses qui m'ont choquée.
04:31Indépendante, vous parlez de l'ARCOM ?
04:32Oui, oui, l'ARCOM.
04:34Il y a deux choses qui m'ont choquée.
04:35Il vaut mieux préciser.
04:36Sur les déclarations.
04:38Il y a évidemment ce parallèle qui est fait
04:40entre Gaza et Auschwitz,
04:42parce que la banalisation de ce qu'a été la Shoah,
04:45la banalisation d'Auschwitz,
04:46c'est-à-dire cette volonté industrielle d'exterminer,
04:50d'exterminer en masse un peuple, une identité, une culture,
04:55ne peut en aucun cas être banalisée.
04:57Et puis, il y a une autre partie de la phrase
04:59qui est parlée des Juifs.
05:01Les Juifs seraient responsables de la situation.
05:03Il s'est repris.
05:03Après, il s'est repris.
05:04Il a dit non, en fait, pas vraiment les Juifs, les Israéliens,
05:07comme c'était d'ailleurs tous les Israéliens.
05:08Et cette essentialisation des Français juifs,
05:12comme s'ils étaient responsables, depuis la France,
05:14de la situation internationale,
05:16de la situation humanitaire,
05:18c'est vrai, dramatique à Gaza,
05:20est inacceptable.
05:20Et on sait que ça,
05:22je pense que c'est sans doute pas ce qu'il a voulu dire,
05:23puisqu'il s'en est excusé,
05:25mais il l'a dit.
05:26Et le problème, c'est que ça,
05:27ça nourrit l'antisémitisme.
05:29Et d'ailleurs, un certain nombre de lanceurs d'alerte
05:31sur la lutte contre l'antisémitisme
05:33disent que depuis,
05:34ils sont soumis à des centaines et des centaines
05:37et des centaines de messages,
05:39de menaces et de messages antisémites
05:41qu'ils n'arrivent même plus à réguler
05:42sur les réseaux sociaux.
05:44Donc c'est pour ça qu'il faut qu'on soit tous
05:45très vigilants dans le moment qui est le nôtre,
05:47où on voit qu'il y a un risque de réenracinement
05:49d'un certain nombre de haine,
05:50notamment de l'antisémitisme,
05:52sur les propos qui sont les nôtres.
05:53En aucun cas, les Français juifs
05:55ne peuvent être responsables
05:56et être tenus pour responsables
05:58de la politique israélienne.
05:59Bien entendu.
06:00Je suppose qu'il y a eu beaucoup de signalements
06:01suite à cette séquence,
06:03des centaines et des centaines.
06:04Il y a une autre comparaison,
06:06quelques jours avant,
06:06je crois la veille qu'il y a fait polémique
06:08Aurore Berger,
06:09lorsque l'avocat Maître Jakubowicz
06:10a comparé Jean-Luc Mélenchon à Goebbels.
06:13Est-ce que ça vous a choqué de la même manière ?
06:15Ça ne m'a pas choqué de la même manière,
06:16si je dois être honnête.
06:18C'est un procédé de nazification.
06:19Je pense qu'il y a une forme d'excès,
06:21évident, mais déjà je connais
06:23M. Jakubowicz et je sais l'engagement
06:25déterminé qui est le sien
06:26dans la lutte contre l'antisémitisme,
06:28dans la lutte contre le racisme.
06:30Et je pense que,
06:31et vous voyez bien d'ailleurs,
06:32un certain nombre de vos confrères
06:33ont écrit un livre récent
06:34sur la question de la France insoumise,
06:35notamment la meute,
06:37la manière avec laquelle
06:38depuis le 7 octobre 2023,
06:41la France insoumise participe
06:42à la montée de l'antisémitisme
06:43dans notre pays
06:44et donne une forme d'autorisation
06:46aux Français
06:46à pouvoir être antisémite,
06:47comme si l'antisémitisme
06:49était devenu acceptable
06:50d'une quelconque manière.
06:50C'est votre liberté de le dénoncer,
06:53mais là encore, nazifier,
06:55c'est un procédé de nazification,
06:57en est-ce comparé à Goebbels ?
06:58Est-ce qu'il n'y a pas
06:59un deux poids deux mesures ?
07:00Non, mais je pense qu'il ne faut pas
07:01être excessif,
07:01par contre il faut être lucide.
07:02Il faut être lucide
07:03sur d'où provient l'antisémitisme
07:05aujourd'hui.
07:06Il y a un antisémitisme historique
07:07d'extrême droite
07:08qui n'a pas disparu.
07:09Il faut être aussi très lucide
07:10et ça s'est vu
07:11de manière très claire
07:12au moment des élections législatives
07:13par les candidats
07:14qui avaient été investis là,
07:15récemment en 2024.
07:17Et puis, il y a un nouvel antisémitisme
07:18qui est alimenté aujourd'hui
07:20par l'extrême gauche.
07:21Qui peut prendre aussi
07:22les habits de l'antisionisme ?
07:24Qui prend les habits
07:25de l'antisionisme
07:26parce qu'encore une fois,
07:27je pense que l'antisionisme,
07:29il faut se mettre d'accord
07:30sur les termes,
07:31se mettre d'accord
07:31sur ce que c'est.
07:32Chacun est libre de critiquer
07:33la politique du gouvernement
07:34de Netanyahou
07:35et elle est particulièrement
07:37critiquable en ce moment
07:38au regard de la situation
07:39humanitaire à Gaza.
07:40En revanche,
07:41appelée à la destruction
07:42d'un État,
07:43il n'y a que pour Israël
07:44que c'est le cas.
07:44Personne n'appelle
07:45à la destruction
07:45de l'Afghanistan
07:46ou de l'Iran
07:47alors qu'on a des politiques
07:49qui, évidemment,
07:50devraient soulever
07:51une indignation générale.
07:51C'est contre cela
07:52que vous voulez vous élever.
07:53C'est-à-dire les propos,
07:54évidemment,
07:54qui visent une destruction
07:55de l'État d'Israël
07:56et non pas une critique
07:57qui peut être légitime.
07:58La critique est légitime,
07:59comme pour n'importe
07:59quel gouvernement,
08:00que ce soit le nôtre,
08:01que ce soit le gouvernement...
08:02Mais on pourrait pénaliser
08:03l'antisionisme ?
08:04En tout cas,
08:05je pense que l'appel
08:06de manière systématique
08:07à la destruction
08:08d'un État,
08:09quand ça n'existe
08:10que pour un seul État
08:11au monde,
08:11il y a une obsession
08:12quand même d'Israël
08:14d'un certain nombre
08:15de responsables politiques
08:16aujourd'hui
08:17ou médiatiques.
08:18Et cette obsession,
08:19encore une fois,
08:20elle nourrit la haine,
08:21elle nourrit l'antisémitisme,
08:22elle arme en fait
08:23cet antisémitisme
08:24dont on voit bien
08:25la recrudescence
08:26très significative
08:28depuis le 7 octobre 2020.
08:29Autre sujet,
08:29Aurore Berger,
08:30est-ce que vous faites partie
08:31de ceux au gouvernement
08:31comme Bruno Retailleau
08:33et d'autres
08:34qui sont en attente
08:34de vraies garanties,
08:36de solides garde-fous
08:37par rapport au texte
08:39sur ce qui est appelé
08:40l'aide active à mourir ?
08:41Et est-ce que vous pensez
08:42qu'il y aura suffisamment
08:43justement de barrières
08:44pour éviter des dérives ?
08:46Moi, j'ai toujours dit
08:46mes réserves
08:47sur la question
08:48de l'aide active à mourir.
08:50Déjà, je veux dire
08:51en préalable
08:51que je respecte profondément
08:52toutes les opinions
08:54sur cette question-là
08:55parce qu'elles sont d'abord
08:56souvent issues
08:57de trajectoires individuelles
08:59et souvent
09:00extraordinairement douloureuses
09:01et que notamment
09:03dans ceux qui nous écoutent,
09:04il y a forcément
09:04des gens qui sont concernés,
09:05forcément des gens
09:06qui attendent,
09:07forcément des gens
09:07qui espèrent
09:08et qui considèrent
09:09qu'ils veulent avoir
09:10cette liberté
09:12de pouvoir choisir.
09:13Moi, ce que je ne veux pas,
09:14c'est qu'on bascule
09:14dans un moment
09:15où on mettrait
09:16en opposition
09:17la question de l'accompagnement
09:19digne de la fin de vie,
09:21la question des soins palliatifs
09:22Pardonnez-moi, ce mot digne,
09:24que veut-il dire aujourd'hui
09:25dans le débat ?
09:25Je l'entends,
09:26mais vous savez,
09:27vous-même,
09:27et on a tous su malheureusement
09:29de près ou de loin
09:29des situations comme celle-là,
09:30où est la dignité ?
09:31La dignité,
09:32c'est dans l'accès aux soins palliatifs
09:33et la garantie
09:34que chaque Français
09:35puisse y avoir accès.
09:37La dignité,
09:37c'est le fait aussi
09:38de ne pas être seul
09:39dans les moments
09:40qui sont ces moments
09:41de fin de vie
09:42et on ne réagit pas
09:43de la même manière
09:43quand on est entouré,
09:44accompagné et qu'on est seul.
09:46Vous savez,
09:46les médecins en soins palliatifs,
09:47c'est sans doute
09:52d'être au service de l'autre
09:54alors qu'ils savent
09:55qu'ils ne peuvent pas guérir.
09:57Ils ne peuvent pas guérir
09:58à partir du moment
09:58où vous entrez
09:59en soins palliatifs,
10:00mais ils peuvent soulager,
10:01ils peuvent redonner du temps,
10:03ils peuvent redonner de l'espoir
10:04sur la manière
10:05avec laquelle,
10:06encore une fois,
10:06la douleur peut être prise.
10:07Donc la dignité,
10:08pour moi,
10:09c'est déjà garantie
10:10et c'était dans le texte
10:11initial du gouvernement.
10:13C'était de dire que...
10:13Bien changé depuis
10:14en passage par la Commission.
10:16Mais c'est pour ça que moi,
10:16je pense qu'il faut
10:16qu'on maintienne ça,
10:17c'est-à-dire que la question
10:19de l'aide active à mourir
10:20ne devrait pouvoir être
10:21qu'une décision
10:23par exception.
10:26Le principe doit être
10:28l'accès aux soins palliatifs
10:30pour tous les Français
10:31sur tous les territoires,
10:32l'accès aussi à leurs droits.
10:33Trop peu de Français
10:34aujourd'hui connaissent leurs droits,
10:35ont réalisé
10:35leurs directives anticipées
10:37pour dire ce qu'ils veulent.
10:37Le texte sur les soins palliatifs
10:39est une évidence.
10:40D'ailleurs,
10:40c'est consensuel,
10:42transpartisan,
10:42mais vous ne craignez pas
10:43malgré tout
10:44une rupture anthropologique profonde,
10:45une transgression éthique
10:47comme le dit par exemple
10:47le docteur Claire Fourcade.
10:49Est-ce que ça vous interroge ?
10:50Je jante beaucoup
10:50avec le docteur Claire Fourcade
10:51et je salue son engagement,
10:53notamment parce qu'elle porte
10:54cette question
10:55des soins palliatifs,
10:55de l'accompagnement
10:56et de la manière
10:57avec laquelle on peut soulager
10:59la douleur,
11:00la souffrance.
11:01Oui, moi,
11:01c'est évidemment
11:02les réserves qui sont les miennes
11:03et mes réserves,
11:04elles sont accentuées
11:06par la manière
11:07avec laquelle
11:07le débat parlementaire
11:08s'est tenu.
11:09Pas tant sur la nature du débat,
11:11parce que c'est resté respectueux
11:12et j'espère que ça restera le cas,
11:14mais sur le fait
11:15qu'en commission,
11:16il y a un certain nombre
11:18de règles et de garde-fous
11:19qui ont sauté
11:20et c'est ça
11:20mon inquiétude principale.
11:22Et on l'entend.
11:22C'est de dire qu'à un moment,
11:24on basculerait
11:25parce que justement,
11:26dès le début
11:27de l'examen de la loi,
11:28eh bien,
11:28on ferait sauter
11:29un certain nombre
11:30de verrous
11:30qui sont des verrous éthiques
11:32qui doivent impérativement
11:33être maintenus.
11:34Autre sujet,
11:35Aurore Berger,
11:35il vous a été remis hier,
11:37un rapport
11:38qui est porté
11:40par la députée
11:40Sandrine Jossot
11:41sur la soumission chimique.
11:42C'est un sujet majeur,
11:44évidemment,
11:44à l'aune
11:44de l'énorme affaire Pellicot.
11:46Puis il y a cette question,
11:47faut-il lever
11:47le secret médical
11:48en cas de soumission chimique ?
11:50C'est l'une des propositions faites,
11:51je le précise très rapidement,
11:52parce qu'il s'agit
11:53de garantir en fait
11:54une immunité
11:55aux professionnels de santé
11:56qui préviendraient
11:57les autorités judiciaires.
11:59Dit ainsi,
11:59ça paraît du bon sens.
12:01Ça paraît pour moi
12:02du bon sens,
12:02en effet.
12:03La soumission chimique,
12:04il faut avoir en tête,
12:05je pense que ça a explosé
12:06au visage des Français,
12:07à notre visage
12:08au moment de l'affaire Pellicot
12:09et des procès
12:09des viols de Mazan.
12:11C'est-à-dire,
12:14la capacité de jugement
12:16et de réaction de quelqu'un.
12:17Ça peut être
12:18une personne âgée,
12:19une personne en situation
12:19de handicap,
12:20ça peut entraîner
12:21des séquestrations,
12:23du vol,
12:23mais ça peut entraîner
12:24des abus sexuels
12:25jusqu'au viol,
12:26parce que vous n'avez plus
12:27la capacité de dire non,
12:28vous n'avez plus la capacité
12:29de refuser,
12:30vous n'avez évidemment
12:31plus la capacité
12:31de consentir.
12:33Et donc,
12:33ce qui se passe,
12:33c'est que votre jugement,
12:34malheureusement,
12:34il va être altéré.
12:35Pas juste au moment
12:36de la prise de ces stupéfiants
12:38à votre insu,
12:39mais ensuite,
12:40pendant un certain nombre
12:41de temps,
12:42puisque parfois même
12:42les victimes ne sachent pas
12:44qu'elles ont été victimes.
12:45Donc,
12:45on a un enjeu majeur
12:46de formation
12:46des professionnels de santé
12:48pour garantir
12:49qu'on puisse,
12:50de manière presque systématique,
12:52vérifier si les victimes
12:53qui se présentent
12:54ont été abusées,
12:55en plus,
12:56de manière chimique,
12:57ont été droguées.
12:58Et puis,
12:59oui,
12:59je crois que cette idée
13:01de lever la question
13:02du secret médical,
13:04comme aujourd'hui c'est possible
13:05dans le cas des violences
13:05intrafamiliales,
13:07serait majeure
13:07pour protéger,
13:08évidemment,
13:09les victimes
13:09et confondre les auteurs.
13:11Des victimes
13:11iront des questions
13:12et c'est demain mercredi
13:13qu'aura lieu l'audition
13:14du Premier ministre
13:15François Bayrou,
13:16là je parle
13:16de la commission d'enquête
13:17sur les violences
13:18dans les établissements
13:19scolaires nés du scandale
13:20Bétarame,
13:21du nom de cet établissement
13:22Aurore Berger-Béarnet
13:23où des élèves
13:24ont subi des sévices.
13:24La gauche accuse
13:26le Premier ministre
13:27d'avoir menti
13:27à l'Assemblée nationale
13:28et le pointe du doigt
13:29pour son silence présumé.
13:33Est-ce que vous venez
13:33en défense
13:34du Premier ministre ?
13:36Je crois que le Premier ministre
13:36il a plutôt hâte
13:37d'être devant cette commission
13:38d'enquête
13:39pour dire justement
13:40la vérité des faits
13:41et donc c'est à lui
13:42évidemment
13:43de s'en expliquer.
13:45Je pense qu'il ne faut pas
13:45confondre aussi
13:46plusieurs rôles.
13:47Le Premier ministre
13:47est aussi un père
13:49et je ne vois pas
13:49comment on pourrait accepter
13:50de le mettre en accusation
13:51en tant que père.
13:52Dont une fille
13:53dont sa fille a témoigné
13:55dans un livre.
13:55Il a témoigné
13:56de manière à la fois
13:57très courageuse,
13:57très digne
13:58mais aussi de manière
13:58très claire
13:59vis-à-vis de lui.
14:00Et puis il y a
14:01la responsabilité politique
14:02qui est la sienne
14:03parce que
14:04président du conseil départemental
14:06est aujourd'hui
14:06évidemment Premier ministre.
14:07Et puis il y a
14:07l'engagement de la société
14:10notamment sur la question
14:12des violences sexuelles.
14:13Ça c'est mon combat.
14:14Ça devrait être le combat
14:15de toute la société.
14:16160 000 enfants
14:17chaque année
14:19qui sont abusés sexuellement.
14:22C'est la question
14:23de l'inceste.
14:24C'est la question
14:25des violences
14:26dans la famille.
14:27C'est aussi la question
14:27de l'abus d'autorité.
14:29Et c'est bien de cela
14:29dont on parle à Béterham.
14:30C'est-à-dire qu'on confie
14:31nos enfants
14:32dans un environnement
14:33qui doit être
14:33le plus protecteur possible,
14:35l'école.
14:36Et au sein
14:37d'établissements scolaires,
14:38ils ont été abusés,
14:39abusés sexuellement,
14:41abusés physiquement.
14:42C'est aussi pour ça
14:42que je me base
14:43sur l'imprescriptibilité
14:44parce qu'on voit bien
14:45que ces enfants
14:45mettent des décennies
14:47à révéler les faits
14:48et qu'on a besoin
14:49qu'ils aient toujours
14:50accès à la justice.
14:50Autre sujet,
14:53mais là on touche encore
14:53au consentement
14:56et au comportement
14:57puisque c'est aujourd'hui
14:58que le tribunal correctionnel
14:59de Paris
15:00doit rendre au reberger
15:00sa décision,
15:02son jugement.
15:03En fin de matinée
15:04pour Gérard Depardieu,
15:05accusé d'agression sexuelle
15:07par deux femmes,
15:09ils risquent 18 mois
15:09de prison,
15:10une obligation de soins.
15:13De quoi ces auditions
15:14ont-elles été
15:15le révélateur pour vous
15:16par rapport à Gérard Depardieu ?
15:18Je pense que c'est révélateur
15:19du fait qu'il y a une société
15:21qui ne tolère plus
15:22les violences
15:22et tant mieux.
15:23Tant mieux de considérer
15:24qu'une agression sexuelle,
15:26que l'abus d'autorité
15:27qu'on peut avoir
15:28n'excuse en rien,
15:30que le talent,
15:31contrairement à ce que j'ai
15:32encore entendu
15:32dans une interview récente,
15:34n'excuse en rien
15:34et ne justifie en rien
15:36des comportements
15:37qui seraient des comportements
15:38abusifs.
15:39Il reste un immense acteur ?
15:40Mais c'est deux choses
15:41qui n'ont rien à voir.
15:42C'est une question ?
15:42Oui.
15:44Je peux vous poser la question ?
15:45Mais qu'il reste un immense acteur ?
15:46Ça ne va pas gommer
15:46sa filmographie, non ?
15:47Non, d'ailleurs,
15:48je ne suis pas pour
15:49qu'on gomme la filmographie.
15:50Par contre,
15:51c'est autre chose
15:51de le voir retourner.
15:53Je pense qu'il faut arriver
15:54à distinguer les choses.
15:55C'est-à-dire que moi,
15:55je n'ai jamais été
15:55pour qu'on efface.
15:57On peut contextualiser des choses,
15:59mais on n'est pas là
15:59pour effacer.
16:04Depardieu,
16:05on ne vous verra pas
16:05dans la salle de cinéma.
16:06Non, parce que je pense aussi,
16:09encore une fois,
16:11aux victimes présumées
16:12qui sont nombreuses
16:13et je ne suis pas certaine
16:15qu'on est aujourd'hui en vie
16:16pour quelqu'un
16:17qui n'a jamais reconnu
16:18des souffrances
16:20que vraisemblablement
16:21il a pu infliger.
16:23Et pour, je suis désolée,
16:24mais les images
16:25que j'ai vues encore une fois
16:26dans une émission
16:28qui était complément d'enquête
16:29suffisent au regard
16:31des combats qui sont émis
16:32sur la question des violences sexuelles.
16:33Il est revenu
16:33et il s'est défendu.
16:34Oui, enfin,
16:35vous n'auriez pas aimé
16:36qu'il parle comme ça
16:36de votre fille.
16:38Aucun parent n'aurait aimé
16:38qu'il parle comme ça
16:39de sa fille.
16:40Aucun parent.
16:40Et donc, ça mérite,
16:41pardonnez-moi,
16:42je ne me fais pas la parole,
16:42mais ça mérite une double peine.
16:44La question, c'est,
16:45donc, Gérard Depardieu,
16:46plus de film,
16:46Nicolas Bedos,
16:47on ne peut plus
16:47être producteur,
16:49réalisateur, tourné.
16:50Non, je pense que c'est
16:50de sujets différents.
16:51Déjà, parce que la grande différence
16:52pour Nicolas Bedos,
16:53contrairement à beaucoup d'autres,
16:55déjà, il y a eu une peine,
16:56il a été condamné
16:57et il ne nie pas
16:59les souffrances
16:59qu'il a pu engendrer.
17:01Il ne nie pas
17:01que des victimes ont existé.
17:03Et en plus,
17:04il dit vouloir changer.
17:05Moi, je ne suis pas là
17:06pour remettre en cause
17:06sa sincérité.
17:07Qui suis-je pour remettre
17:08en cause sa sincérité ?
17:09L'idée, c'est que la peine,
17:10elle serve dans notre pays.
17:11À quoi ça sert de juger ?
17:13À quoi ça sert de condamner
17:14si derrière, on pense
17:15qu'il n'y a aucune rédemption
17:16possible, surtout de la part
17:18de quelqu'un
17:18qui vraisemblablement
17:20dit qu'il reconnaît
17:21les faits,
17:22qu'il reconnaît la souffrance
17:23et qu'il est prêt à changer
17:24et à changer durablement
17:26de comportement.
17:26C'est ça qu'on veut
17:27dans la société.
17:28C'est que la peine,
17:28elle ait un effet
17:29pour qu'il y ait moins
17:30de victimes demain
17:30et qu'il y ait moins
17:31d'auteurs demain.
17:32On verra tout à l'heure,
17:33vers 10h,
17:34quel sera justement
17:35le verdict.
17:36Merci Aurore Berger.
17:37C'était votre grand interview.
17:38Bonne journée.
17:39Merci Sonia Mabrouk.
17:40Merci Aurore Berger.
17:41À suivre sur Europe 1
17:43dans la prochaine demi-heure,
17:44les signatures Europe 1,
17:45Eugénie Bastier,
17:46Emmanuel Ducrot
17:47et la revue de presse
17:48d'Olivier Delagarde
17:49à la une ce matin.
17:50L'interview choque notamment
17:51de l'écrivain franco-algérien
17:53Kamel Daoud.
17:54À tout de suite.
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