Au sortir de la guerre, George Albertini, ancien secrétaire général d'un des principaux partis collaborationnistes, fonde, grâce à l'appui financier de quelques amis hauts placés, une revue consacrée à l'étude du communisme. Celle-ci va devenir la couverture à une intense activité de propagande anticommuniste, menée par Albertini et les collaborateurs dont il s'entoure, également anciens collabos, ou communistes excommuniés.
Ils forment ensemble la "Centrale", un mélange d'officine patronale et d'agence de renseignement, qui va mener une lutte sans relâche à l'encontre du jeune Parti Communiste Français, et prendre progressivement du galon jusqu'à atteindre la sphère d'influence des hommes politiques les plus hauts placés de la Ve République.
Ce film documentaire retrace l'histoire de cette ascension menée dans l'ombre, afin de comprendre comment cette organisation, née sur les cendres du fascisme, a su tisser sa toile en profitant des opportunités, et en développant des stratégies d'ouverture et de diversification pour perdurer jusqu'à aujourd'hui.
Réalisé par Sébastien Tézé
Écrit par Bertrand Delais, Sébastien Tézé
Ils forment ensemble la "Centrale", un mélange d'officine patronale et d'agence de renseignement, qui va mener une lutte sans relâche à l'encontre du jeune Parti Communiste Français, et prendre progressivement du galon jusqu'à atteindre la sphère d'influence des hommes politiques les plus hauts placés de la Ve République.
Ce film documentaire retrace l'histoire de cette ascension menée dans l'ombre, afin de comprendre comment cette organisation, née sur les cendres du fascisme, a su tisser sa toile en profitant des opportunités, et en développant des stratégies d'ouverture et de diversification pour perdurer jusqu'à aujourd'hui.
Réalisé par Sébastien Tézé
Écrit par Bertrand Delais, Sébastien Tézé
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00:00...
00:00Je n'ai rien trouvé de plus fort au XXe siècle
00:16que cette espèce d'obsession permanente du communisme.
00:22L'anticommunisme était au centre de la guerre froide.
00:26Il y a toute une constellation qui se met en place en France
00:30pour monter des organisations spécifiquement anticommunistes.
00:36C'était la centrale anticommuniste, c'était le supermarché du anticommunisme.
00:42Il appelle ça un centre de documentation, c'est une couverture,
00:45c'est une officine qui se crée.
00:47Il y avait le côté « je vous révèle les secrets du parti communiste ».
00:52Georges Albertini disait « les communistes, ils militent 24 heures sur 24,
01:00il faut faire de même pour les arrêter ».
01:03C'est en fait une personnalité très importante de la 4e et de la 5e république,
01:08mais dont personne ne parle.
01:10L'énigme Albertini, comment un ancien collabo,
01:13a pu être le centre de référence à l'anticommunisme.
01:17Au début du 20e siècle,
01:35le monde est en proie à une instabilité politique mondiale.
01:39La guerre de 14-18 a mis en exergue
01:41les visions culturelles de deux mondes bien distincts,
01:44l'Est et l'Ouest.
01:48Car déjà au 19e siècle,
01:50un courant politique révolutionnaire naît en 1848.
01:54Le philosophe allemand Karl Marx écrit alors,
01:56avec Friedrich Engels,
01:58« Le manifeste du parti communiste ».
02:00Un ouvrage qui pose les bases d'une société différente,
02:27qui rompt avec l'idée de socialisme jugée trop utopique
02:30par le monde ouvrier notamment.
02:33L'importance de la lutte des classes,
02:34le rejet de la mondialisation et la fin du capital
02:37sont les principales idées qui y sont développées.
02:45C'est en 1917 que le mouvement communiste
02:48est devenu rapidement la principale force politique de Russie.
02:52C'est la révolution d'octobre.
02:54Dans la nuit du 6 novembre 1917,
02:57l'insurrection est menée.
03:00Lénine s'empare du pouvoir,
03:02les bolcheviks mettent fin au tsarisme,
03:06la Russie soviétique est née.
03:09On a là une notion de communisme
03:11qui d'un seul coup
03:12prend une coloration très particulière
03:15qui va être toute la coloration du communisme
03:18pendant tout le XXe siècle.
03:20Et qui va avoir précisément
03:22cette coloration totalitaire.
03:24c'est-à-dire un parti unique
03:25qui exige le monopole du politique,
03:28du pouvoir,
03:29qui exige le monopole de l'idéologie,
03:31c'est-à-dire qui contrôle tout ce qui est
03:34enseignement, médias, art, etc.
03:37Le monopole de tous les moyens
03:40de production et de distribution
03:42des biens matériels,
03:43ce qui ne s'était jamais vu, bien entendu.
03:45Et puis, évidemment,
03:47ça ne peut pas fonctionner
03:48sans la terreur,
03:49et pas n'importe quelle terreur,
03:50la terreur de masse,
03:52utilisée comme moyen de gouvernement.
03:54Donc voilà,
03:55ça reconfigure complètement
03:58l'idée du communisme
03:59qui jusque-là n'avait pas du tout
04:01cette forme.
04:05Peu à peu,
04:06le régime soviétique s'organise
04:08et Lénine devient
04:09le chef incontestable
04:10du mouvement
04:10qui prend le nom
04:11de parti communiste
04:12en 1918.
04:15L'année suivante,
04:17se crée l'International Communiste
04:18qui regroupe l'ensemble
04:19des mouvements communistes mondiaux
04:21avec pour seul centre décisionnaire
04:23Moscou,
04:24qui pilote l'ensemble
04:25de ce communterne.
04:30Lénine prône alors
04:31une révolution mondiale
04:32qui passe par le contrôle
04:34des partis européens affiliés.
04:38C'est un tremblement de terre politique.
04:39Et ce tremblement de terre
04:40sur un petit point de la planète,
04:42la ville de Saint-Pétersbourg
04:43puis ensuite de Moscou,
04:45va provoquer ce qu'on peut appeler
04:46un tsunami politique mondial.
04:49C'est-à-dire que la vague
04:50va se répandre
04:51à une vitesse phénoménale
04:52et puis alors une vague énorme.
04:55Un déferlement
04:57qui, dans les années 1920,
04:58séduit la majorité
04:59des structures politiques communistes
05:00comme en France
05:01ou en Italie.
05:03Une centralisation
05:04qui renforce la puissance
05:05de Moscou
05:05sur l'échiquier politique mondial.
05:08On assiste alors en Europe
05:09à la fois à la montée du prolétariat
05:11mais aussi à un rejet massif
05:13du communisme
05:13par la classe dirigeante
05:15qui y voit un péril.
05:19L'opposition au communisme
05:20va prendre à partir
05:22de ce moment-là
05:22une forme clairement politique
05:25avec un refus
05:26pur et simple
05:28de l'expansion
05:29de cette révolution bolchevique
05:31hors de Russie.
05:32La base même
05:34de l'anticommunisme
05:35c'est évidemment
05:36les classes dirigeantes
05:37au sens vrai du terme.
05:40C'est-à-dire les gens
05:40qui détiennent l'économie,
05:42qui détiennent l'économie,
05:44disposent d'une influence sociale,
05:47politique, culturelle,
05:51contrôlent toute la société.
05:53Ces classes sociales,
05:54elles ont naturellement
05:55intérêt à ce que rien ne change.
05:57Alors il va y avoir
05:58bien entendu
05:58l'extrême droite
06:00qui va être tout à fait
06:01contre évidemment
06:02essentiellement
06:03par nationalisme.
06:05Les bourgeois,
06:06les propriétaires,
06:07les industriels
06:08sont évidemment
06:09violemment contre
06:10quand on leur dit
06:11on va tout vous prendre.
06:12Donc ça donne
06:13une impression
06:14de dispersion.
06:16Un anticommunisme
06:18façon puzzle
06:19comme dirait
06:20les tontons-flingueurs
06:21mais c'est un peu ça.
06:23Et donc au gré
06:24des conjonctures
06:25à partir de 1918
06:2719 jusqu'à
06:28presque on peut dire
06:29presque jusqu'à aujourd'hui
06:30au gré des conjonctures
06:31cet anticommunisme
06:33éparpillé
06:33il va s'agglomérer
06:35et il va faire
06:36un front puissant.
06:40En 1924
06:41Lénine
06:42emporté par la maladie
06:43est remplacé
06:44à la tête
06:45de l'Empire soviétique
06:46par Staline
06:46qui transforme
06:47durablement l'URSS
06:48en état totalitaire
06:49avec comme seule
06:51force politique
06:51un parti unique
06:53communiste bien sûr.
06:55il procède
06:57notamment
06:57à la nationalisation
06:58des terres
06:59et met en oeuvre
07:00son régime de terreur
07:01avec la création
07:02du goulag.
07:05En 1939
07:07au pouvoir
07:08en Allemagne
07:08Hitler déclenche
07:09la seconde guerre mondiale.
07:12Partout en Europe
07:12la montée
07:14du nationalisme
07:14est fulgurante.
07:17En 1941
07:18l'invasion allemande
07:20oblige l'URSS
07:21à s'engager
07:21aux côtés des alliés.
07:22Sous le régime hitlérien
07:24les communistes
07:25n'ont plus le droit
07:26de citer.
07:27Clandestins
07:28ils sont de moins
07:28en moins nombreux
07:29et pourchassés
07:30par les gouvernements
07:31collaborationnistes.
07:35L'anticommunisme
07:37est plus présent
07:37que jamais.
07:39Ils rejettent en masse
07:39ce qu'ils appellent
07:40la bolchevisation
07:41de l'Europe
07:42et l'ennemi soviétique.
07:44Les bolchevistes
07:48frappent les patriotes
07:49dans le dos
07:49en attendant
07:50victorieux
07:51de déporter
07:52les élites
07:52d'effacer
07:53notre civilisation
07:54chrétienne
07:55d'exproprier
07:56paysans
07:57commerçants
07:58artisans
07:58et de procéder
07:59à des exécutions
08:00massives.
08:01En France,
08:13un homme
08:13du nom
08:13de Georges Albertini
08:15s'illustre
08:16depuis de nombreuses
08:17années
08:17dans cette activité
08:18anticommuniste.
08:20Engagé
08:21sous l'occupation
08:21au sein
08:22du Rassemblement
08:22National Populaire,
08:24il s'est illustré
08:25comme un collaborateur
08:26du régime nazi.
08:29Georges Albertini
08:30a un parcours
08:32qui peut apparaître
08:33étrange.
08:34Avant la guerre,
08:35c'est un socialiste,
08:36un socialiste réformiste,
08:37un socialiste pacifiste.
08:40Il s'intéresse
08:42tout particulièrement
08:43au mouvement social
08:45et syndical,
08:47mais Albertini
08:48va être tenté
08:50par tout à fait
08:52autre chose
08:52que la résistance
08:53contre les nazis
08:55à partir de 1940.
08:57Il considère
08:59que dans
08:59national-socialisme,
09:01il y a socialisme
09:02qui a une part
09:02donc
09:03que nous devrions
09:04prendre en compte
09:05que la collectivité
09:07nationale
09:09encadrée
09:10comme elle l'est
09:12par les nazis
09:13en Allemagne,
09:14c'est un modèle.
09:16Et il va suivre
09:18quelqu'un
09:19qui pense comme lui
09:21et qui est connu
09:22parce qu'il a été député,
09:23il a été ministre,
09:24c'est Marcel Déat.
09:25Albertini va
09:31pendant l'occupation
09:32participer
09:35à la création
09:35de ce parti,
09:37le RNP,
09:37le Rassemblement
09:38National Populaire
09:39de Marcel Déat,
09:40qui est un parti
09:41complètement collabo
09:42et qui est un parti
09:44très anticommuniste.
09:45Des milliers de Parisiens
09:50s'inscrivent
09:50au Rassemblement
09:51National Populaire.
09:52Ils entrent aujourd'hui
09:53dans l'action
09:54pour que les mots d'ordre
09:55du maréchal Pétain
09:56deviennent demain
09:57une réalité vivante.
09:58Dans les circonstances
09:59exceptionnellement graves
10:01que notre pays traverse,
10:02ils exigent une action
10:03immédiate pour une véritable
10:05révolution nationale
10:06et sociale
10:06et pour la reprise
10:08de la collaboration
10:09franco-allemande.
10:10Albertini devient
10:12en 1941
10:13secrétaire général
10:14du RNP
10:16où il conduit
10:18pratiquement la politique
10:19au jour le jour
10:20du mouvement.
10:22Marcel Déat
10:23se contentant
10:24de superviser,
10:26d'être le chef,
10:28mais c'est Albertini
10:29qui gérait
10:30au jour le jour
10:30le RNP.
10:32Il publie des journaux,
10:34prononce de nombreux
10:35discours lors
10:36de meetings
10:36qui se tiennent
10:37un petit peu partout
10:38en France.
10:39Bref,
10:39Albertini est un militant
10:41et même, je dirais,
10:43un des responsables
10:44du RNP
10:47et même, donc,
10:48une des figures
10:49de la collaboration.
10:55En mars 1944,
10:57Marcel Déat
10:58est nommé ministre
10:59du travail
10:59du gouvernement de Vichy.
11:02Georges Albertini
11:03le suit au ministère
11:04et gère au jour le jour
11:05toute son activité politique,
11:07organise son agenda,
11:08écrit les discours.
11:09Bien que le temps
11:12soit court
11:12qui sépare
11:13l'arrivée de Marcel Déat
11:14à rue de Grenelle
11:15des propos
11:16que je tiens ce soir,
11:18il lui a suffi
11:19pour faire le tour
11:19des problèmes
11:20qu'il doit résoudre
11:21et pour les poser
11:22enfin correctement
11:24devant toutes
11:24les autorités responsables,
11:26aussi bien que demain
11:27devant l'opinion.
11:28Deux notions résument
11:30sa politique.
11:32La France ne doit pas
11:33se dérober
11:33aux devoirs européens.
11:36Elle doit donc
11:36faire l'effort maximum
11:37pour que sa force
11:39de travail coopère
11:40efficacement
11:40entre la défense
11:41de l'Europe,
11:43menacée par le bolchevisme
11:44à l'Est
11:44et la plutocratie
11:45capitaliste
11:46à l'Ouest.
11:49Contrairement à ses dire,
11:51il a exercé
11:52une certaine forme
11:53d'antisémitisme
11:54virulent
11:56et Albertini
11:57avait organisé
11:59dans le Rassemblement
12:00National Populaire
12:02des activités
12:03visant les Juifs,
12:06comme on disait
12:07à l'époque,
12:08comme on redit
12:08un peu maintenant,
12:10avec la dénonciation,
12:12le cas échéant,
12:13d'un certain nombre
12:14de gens
12:15qui fallait
12:16dénoncer.
12:19Donc un antisémitisme
12:21organisé,
12:23certes officiellement
12:26pas sanglant,
12:28mais mettre
12:29les Juifs
12:29hors de la nation.
12:32Donc ça,
12:33ça ne a jamais
12:34été reproché.
12:41À l'été 44,
12:42la France
12:43s'est libérée
12:43de l'occupant allemand.
12:45C'est la fin
12:46du gouvernement
12:46de Vichy
12:47et du parti
12:48collaborationniste
12:49de Marcel Déat,
12:50le RNP.
12:53Les arrestations
12:57se multiplient.
13:00Les purges
13:00sont légions.
13:03Déat s'est enfui
13:03direction l'Allemagne.
13:07De son côté,
13:08Georges Albertini
13:09est resté à Paris.
13:10Il se cache
13:11et entre
13:12dans la clandestinité.
13:13Mais en septembre,
13:18il est arrêté
13:19place d'Éterne.
13:21Incarcéré à Freyne,
13:23son procès
13:23se tiendra
13:24le 20 décembre
13:241944
13:25pour des faits
13:26de collaboration
13:27avec l'ennemi.
13:27son procès
13:32est bizarre.
13:34Il a en face
13:34de lui
13:35un juge
13:36qui a
13:39en permanence
13:41l'attitude
13:42de
13:42je comprends
13:43bien ce que
13:43vous dites,
13:45je ne vous fais
13:46pas de procès
13:46d'intention.
13:48Tous les juges,
13:49il faut rappeler,
13:50sauf un,
13:51avait signé
13:53l'allégeance
13:53à Pétain
13:54en 1940.
13:55C'est les mêmes juges
13:56qui vont juger
13:57les collabos
13:58après
13:59ou les vigisois
14:00après.
14:01On peut se demander
14:03toutes sortes de choses
14:04à propos de ce procès.
14:06Le fait que les juges
14:07ne vont pas chercher
14:09très loin
14:10dans les fondements
14:11des réponses
14:12d'Albertini,
14:13toujours est-il
14:14qu'Albertini
14:15est condamné
14:16seulement à cinq ans.
14:19Cinq ans
14:19d'emprisonnement,
14:21c'est peu
14:21pour quelqu'un
14:22qui, en fait,
14:23critiquait
14:24le maréchal Pétain
14:26et le pétainisme
14:27pour être
14:27insuffisamment
14:29national-socialiste.
14:33Au même moment,
14:35c'est la période
14:35d'après-guerre.
14:37La France est libérée
14:38et tente
14:39de se reconstruire.
14:44Politiquement,
14:45le général de Gaulle
14:46est à la manœuvre
14:46et dirige
14:47le gouvernement provisoire
14:48de la République française
14:49qui comprend
14:50deux ministres communistes.
14:51Pendant la guerre,
14:55de nombreux résistants
14:56étaient communistes.
14:58À la libération,
14:59ils sont célébrés
15:00comme des héros
15:01et ils bénéficient
15:02d'une aura
15:03exceptionnelle.
15:09Exilé à Moscou
15:10pendant la guerre,
15:11Maurice Thorez,
15:12le secrétaire général
15:13du Parti communiste
15:14français depuis 1930,
15:16rentre en France
15:17pour reprendre
15:17les rênes du parti
15:18qu'il avait confié
15:19au numéro 2,
15:20Jacques Duclos.
15:22Sa popularité
15:22est restée intacte
15:23auprès des militants.
15:26Françaises et Françaises,
15:27s'unir,
15:28combattre
15:29et travailler.
15:30Voilà notre loi
15:31à tous
15:32afin de hâter
15:33l'écrasement
15:34de l'Allemagne hitlérienne,
15:36afin d'assurer
15:37l'anéantissement
15:38militaire,
15:39politique
15:39et moral du fascisme.
15:41Avant que Maurice Thorez
15:42ne rentre en France
15:43en novembre 1944,
15:45Staline le reçoit
15:46longuement au Kremlin
15:47et il lui explique
15:48exactement ce qu'il a à faire.
15:50Vous n'avez pour l'instant
15:51qu'un seul objectif,
15:52c'est de détruire
15:54politiquement
15:54le général de Gaulle.
15:56Et pour faire ça,
15:56vous avez carte blanche,
15:57vous pouvez vous allier
15:58avec qui vous voulez.
15:59Bon, quand vous l'aurez fait,
16:00vous recevrez
16:01de nouvelles directives.
16:06Aux élections législatives
16:07de 1945,
16:09le Parti communiste
16:10arrive largement en tête
16:11et devient le premier parti
16:12de France.
16:15Maurice Thorez
16:16est alors nommé ministre
16:17de la fonction publique
16:18du gouvernement Charles de Gaulle.
16:21Entre Moscou et Paris,
16:23il mettra en place
16:24un double jeu
16:24qui lui permettra
16:25d'enchaîner
16:26les responsabilités politiques
16:27au PC,
16:28mais aussi au sommet de l'État.
16:33Les ordres donnés
16:35par Staline
16:35en novembre 1944
16:36à Thorez,
16:37ils ont été efficaces.
16:39C'est-à-dire que
16:40le 30 janvier 1946,
16:42le général de Gaulle
16:42a démissionné
16:43en pensant
16:44qu'il serait rappelé triomphalement,
16:46puis il n'a pas été rappelé.
16:47Et donc,
16:48il a traversé son désert
16:49pendant 12 ans.
16:52Bon,
16:52et ça,
16:52les gaullistes
16:53l'ont en travers,
16:54bien entendu.
16:57Le RPF a été un parti
16:59qui,
17:00à ce moment-là,
17:01était violemment
17:02anticommuniste.
17:02Afin d'aider l'Europe,
17:10le plan Marshall
17:11est lancé
17:11par les Américains
17:12pour financer
17:13la reconstruction
17:14des villes
17:14et des infrastructures.
17:17Aux États-Unis,
17:18le président Truman
17:19y voit surtout
17:20la possibilité
17:21de contrer
17:22les Soviétiques
17:22qui maintiennent
17:23leur emprise
17:24sur les partis
17:24communistes européens.
17:26L'administration américaine
17:28est alors
17:28farouchement anticommuniste.
17:30Le péril rouge
17:32y est vu
17:32comme un danger
17:33pour la liberté
17:34et les enjeux
17:35économiques mondiaux.
17:38En 1947,
17:40de grandes grèves
17:40sont lancées
17:41par les syndicats
17:41un peu partout
17:42en France.
17:43On y dénonce
17:44l'augmentation
17:44du prix
17:45des produits
17:45de première nécessité.
17:47Mais pilotées
17:48en sous-main
17:48par Moscou,
17:49les grèves
17:50ont pour but
17:50de dénoncer
17:51le plan Marshall
17:52et l'aide américaine.
17:55Le président Truman
17:56décide donc
17:57d'envoyer un émissaire
17:58pour contrer
17:58cette montée
17:59communiste en Europe.
18:00Irving Brown
18:02atterrit à Paris.
18:04Militaire
18:04et membre
18:05de la CIA,
18:06il a pour mission
18:06d'affaiblir
18:07durablement
18:08tous les mouvements
18:08communistes,
18:09partis,
18:10syndicats,
18:11associations
18:11et la carte blanche.
18:17Irving Brown
18:18arrive avec
18:19deux ou trois gardes
18:20du corps
18:21et des coltes énormes
18:22et puis des valises
18:23pleines de billets
18:24et il finance
18:25bien entendu
18:26tous les groupes
18:27anticommunistes.
18:27à cette époque,
18:30la CGT
18:30est le principal
18:31syndicat en France
18:32avec plus de 5 millions
18:33d'adhérents.
18:34Proche du Parti communiste,
18:35financé par le Kremlin,
18:37la CGT est toute puissante.
18:40Irving Brown
18:41en fait sa priorité
18:42et a pour objectif
18:44de renverser la tendance
18:45en créant une scission interne.
18:48L'objectif est atteint
18:49le 19 décembre 1947.
18:51Au sein de la CGT,
18:55certains adhérents
18:56qui refusent la soumission
18:57à Moscou
18:58créent la CGTFO
18:59avec l'aide financière
19:00des Américains,
19:01bien sûr.
19:02Quelques mois plus tard,
19:04c'est la création
19:04de forces ouvrières.
19:08En 1948,
19:10Georges Albertini
19:11est gracié par le président
19:12de la République,
19:13Vincent Auriol,
19:14un vieux compagnon de route
19:15du temps de la SFIO
19:16d'avant-guerre
19:17et sort de prison.
19:21Remis à flot
19:22par Hippolyte Worms,
19:24un banquier influent
19:25avec qui il avait partagé
19:26sa cellule pendant plusieurs mois,
19:28il crée l'Association d'études
19:30et d'informations
19:30de politique internationale
19:32qui a pour but de publier
19:33un bulletin d'informations politiques
19:35ouvertement anticommunistes.
19:38Albertini,
19:39il faut bien comprendre
19:40qu'il est sorti
19:44de la collaboration.
19:46Il ne peut donc pas
19:47très ouvertement
19:48défendre ses idées.
19:51Une partie de ses idées
19:52ont été condamnées,
19:53il ne va pas non plus
19:55les développer, etc.
19:58Qu'est-ce qui lui reste
19:59de possible
20:00comme activité
20:01à la fin de la guerre ?
20:03Eh bien,
20:03c'est la lutte
20:04contre le communisme.
20:05Il y a toute une constellation
20:06qui se met en place
20:08en France
20:08pour monter
20:09des associations
20:10ou des organisations
20:11strictement,
20:13spécifiquement,
20:13anticommunistes.
20:15En 1949,
20:16Georges Albertini
20:18fait une rencontre décisive,
20:20celle de Boris Souvarine.
20:23Longtemps membre
20:23du Parti communiste
20:24en Russie,
20:25il a ensuite dénoncé
20:26les agissements
20:27de Staline.
20:29Devenu fervent
20:29anticommuniste,
20:31exilé un temps
20:31aux États-Unis,
20:33il devient l'un des amis
20:34proches d'Albertini.
20:34Un beau jour
20:38chez Albertini,
20:42Souvarine
20:43vient dîner
20:44et fait passer
20:45un véritable examen
20:47de la valeur
20:48de son communisme
20:49à Georges Albertini.
20:51Il voulait voir
20:52si cet Albertini,
20:54qui après tout
20:55quand même
20:55sortait de la collaboration,
20:57avait un anticommunisme,
21:00j'allais dire,
21:01présentable.
21:01Boris Souvarine
21:02va jouer un rôle
21:03très important
21:03parce que c'est un connaisseur
21:05incomparable
21:07du monde communiste.
21:09Il a connu Lénine,
21:10il a connu Trotsky,
21:11il a connu Staline,
21:11il a connu Moscou,
21:12il parle le russe,
21:13donc il a un avantage énorme,
21:15il accède directement
21:17aux sources.
21:17Habilement,
21:19Albertini
21:20lui propose
21:21au fond
21:22de fondre leurs efforts,
21:24de fusionner
21:25leurs efforts
21:26pour mieux critiquer
21:28le communisme
21:30français
21:30et international.
21:35En 1949,
21:37Staline a 70 ans.
21:39Le culte de la personnalité
21:40atteint son apogée
21:41et il est célébré
21:42en grande pompe.
21:44Maurice Thorez,
21:45le meilleur stalinien de France
21:46comme le surnomment
21:47les anticommunistes,
21:48ne fait pas
21:49dans la demi-mesure.
21:50Gloire et longue vie
21:52aux chefs
21:53du prolétariat international,
21:55aux dirigeants
21:56de la révolution socialiste,
21:58aux libérateurs
21:59des peuples,
22:00aux premiers
22:00des combattants
22:01de la liberté
22:02et de la paix.
22:03Et nous,
22:04communistes,
22:05que l'ennemi de classe
22:06et ses agents
22:07croient tout rager
22:08en nous appelant
22:10staliniens,
22:11nous redisons bien haut
22:12comme il y a
22:1320 ans déjà
22:14notre fierté
22:15de ce titre
22:16d'honneur
22:17et de gloire
22:18que nous nous efforçons
22:19de mériter.
22:20Vive à jamais
22:21notre cher
22:23et grand Staline,
22:24vive le communisme !
22:35Pour développer son activité,
22:39Albertini crée
22:39une nouvelle structure
22:40au 86 du boulevard Haussmann,
22:43le centre d'archives
22:44et de documentation
22:45surnommé
22:45La Centrale.
22:50À quelques centaines
22:51de mètres,
22:52la banque Worms
22:52a pignon sur rue.
22:55Albertini entretient
22:56de solides relations
22:56avec son vieil ami banquier
22:58qui le soutient
22:58et le finance.
22:59Il appelle ça
23:01un centre de documentation,
23:02c'est une couverture.
23:04C'est simplement
23:04une officine
23:05qui se crée.
23:06C'était la centrale
23:07anticommuniste.
23:08C'est là
23:10où on s'abreuvait
23:12de documents.
23:14Je dis,
23:15pendant les élections,
23:16les candidats
23:17allaient là,
23:19on faisait des fiches
23:20pour eux.
23:21c'était l'endroit
23:23des explications,
23:25des dénonciations.
23:27C'était là
23:28où on se fournissait,
23:29il n'y a pas eu besoin
23:29d'aller ailleurs.
23:30C'était le supermarché
23:32du anticommunisme.
23:33Je pense qu'on peut dire
23:34que c'était une institution.
23:36C'était une institution,
23:38ça avait des locaux,
23:39ça avait des moyens,
23:41ça avait des permanents,
23:43ça avait de l'influence.
23:45Il y avait,
23:52en général,
23:53et c'est vrai
23:53pour toutes ces publications,
23:56le côté
23:56« je vous révèle
23:58les secrets
23:58du Parti communiste ».
24:00Les horreurs
24:00du communisme
24:01en France,
24:04en Union soviétique,
24:06dans les pays
24:06où ils ont
24:07quelque influence,
24:09de façon
24:09à être
24:10la source
24:11d'informations
24:12de tous les milieux
24:14qui voulaient
24:14combattre le communisme
24:16et qui trouvaient là
24:17matière
24:18à justifier
24:20leur position.
24:21Albertini
24:22va
24:23organiser
24:25ce
24:25centre d'archives
24:27d'une façon
24:29un peu particulière.
24:30Je dirais
24:30que c'est presque
24:31une agence de presse.
24:33Il nourrit
24:34l'anticommunisme
24:36lui-même,
24:38il donne
24:38des exemples
24:39précis
24:40et fournit
24:41aux journalistes
24:43de quoi
24:44alimenter
24:45leur critique
24:46du Parti communiste.
24:51Albertini
24:51est connu
24:52du tout Paris.
24:53Il travaille,
24:54écrit,
24:55conseille,
24:56forge des réseaux.
24:57Ses clients
24:58sont multiples.
24:59Les services
24:59de renseignement
25:00américains,
25:01le patronat,
25:02le syndicat
25:02Force Ouvrière
25:03dont il est très proche,
25:05des journaux
25:05comme le Figaro,
25:07les ministères
25:07et services publics
25:08qui ont besoin
25:08d'informations
25:09sur les communistes.
25:11Qui est qui ?
25:12Qui fait quoi ?
25:14Qui pense comment ?
25:16Albertini est vu
25:18comme l'homme
25:18de la situation.
25:20Plus que jamais,
25:21son engagement
25:22le maintient
25:22dans un état
25:23de veille constant.
25:24Le communisme
25:25est son ennemi
25:26et il le fait savoir.
25:29Dès lors,
25:30il agira dans l'ombre
25:31et cultivera
25:32la discrétion.
25:33Plus de photos,
25:34plus de discours officiels,
25:35met un nom
25:36qui résonne
25:37dans la galaxie
25:38anticommuniste.
25:41Il fallait
25:41qu'il soit
25:42dans l'ombre.
25:43C'est vraiment
25:44là qu'il avait
25:45sa place.
25:46C'est évident
25:47que c'était
25:47un homme de l'ombre.
25:49C'était une éminence grise
25:50et qui existe
25:52par son côté gris.
25:55C'est-à-dire que justement,
25:56il n'apparaît jamais.
25:57Il n'apparaît jamais
25:58et il est une tombe.
26:00C'est-à-dire que tout le monde
26:00se confie à lui
26:01mais rien ne sort.
26:04Et c'est évident
26:04qu'il a...
26:05Le secret a été
26:06pour lui
26:06une grande arme.
26:08Sa discrétion,
26:09sa quasi-clandestinité
26:10était une grande arme.
26:12Parce que chacun
26:13savait que, bon,
26:14si on a un problème
26:15et qu'on ne sait pas
26:16très bien comment faire,
26:17on va aller voir Albertini,
26:18il va trouver une solution,
26:20il va trouver un canal,
26:21il va trouver...
26:22Voilà.
26:22Personne,
26:23sous la IVe République,
26:27même des anciens résistants,
26:29n'ont trouvé à redire
26:30de se servir des services
26:32d'un collabo
26:35de ce niveau,
26:37etc.
26:38Il avait sûrement
26:39d'autres jambes,
26:40mais il avait
26:40une capacité
26:44à mentir
26:45considérable
26:46sur son passé.
26:47C'est un peu
26:48l'énigme Albertini,
26:51comment un ancien collabo
26:52a pu être le centre
26:54de référence
26:55à l'antigouïnisme ?
26:59C'est en fait
26:59une personnalité
27:01très importante
27:02de la IVe
27:04et de la Vème République,
27:05mais dont personne ne parle.
27:08Albertini ne travaillait pas seul.
27:11Plusieurs collaborateurs
27:12l'aidaient à sa tâche
27:13au centre d'archives
27:14et de documentation.
27:16Souvent de vieilles connaissances
27:17du milieu de la collaboration.
27:19Morvan Duhamel,
27:21son secrétaire particulier,
27:22qui suivait au jour le jour
27:23tous les dossiers
27:24que traitait la centrale.
27:26Claude Armel,
27:28alias Guy Lemounier,
27:30proche des mouvements
27:30syndicalistes et journalistes.
27:32Il écrivait des articles
27:33dans chaque numéro du Bepi
27:34et est devenu en quelques années
27:36une plume à viser.
27:38Branko Lasic,
27:40qui avait de nombreuses relations
27:41avec les réseaux
27:42anticommunistes étrangers
27:43et permettait à la centrale
27:44d'avoir des informations
27:45à la source.
27:48Barbé et Selor,
27:49qui rédigeaient
27:50de nombreuses notes confidentielles
27:51pour alimenter
27:52la documentation proposée
27:53par la centrale
27:54à ses clients.
27:55Je crois qu'ils travaillaient
27:57quand même avec Albertini
27:59et pas pour Albertini
28:01parce que tous,
28:02ce sont des militants politiques
28:04depuis longtemps
28:05et ils continuent à être intéressés
28:06par la chose politique.
28:08Ils ont leurs spécialités
28:09mais sont tous des militants.
28:12Ils s'amusaient entre eux
28:13à parler des réunions
28:15de la direction
28:15comme celle du bureau politique.
28:17Ce n'est pas anodin
28:18comme plaisanterie.
28:23En 1950,
28:25la fracture entre l'Est
28:26et l'Ouest domine.
28:28La guerre froide est née.
28:31Pilotée par les grandes puissances mondiales
28:33que sont l'URSS et les États-Unis,
28:35la guerre de Corée
28:36devient le terrain de jeu militaire
28:37de cette opposition frontale
28:39entre communistes
28:40et anticommunistes.
28:41Les programmes d'armement nucléaire
28:43s'intensifiant,
28:45on assiste un peu partout
28:46dans le monde
28:46à la montée de mouvements citoyens
28:48qui prônent la paix.
28:53L'appel de Stockholm
28:54est une pétition mondiale
28:56qui dénonce cette course
28:57à l'arme atomique
28:58inspirée principalement
28:59par des militants communistes
29:00et par des personnalités
29:02du monde des arts
29:03comme Picasso
29:03qui prônent le pacifisme.
29:05Un mouvement d'opinion
29:12qui sera vivement critiqué
29:14par les anticommunistes
29:15de tous bords
29:15car il soutient ouvertement
29:17la politique étrangère soviétique
29:19en ne dénonçant
29:20que le programme nucléaire américain.
29:23C'est par exemple
29:24le cas de Paix et Liberté,
29:26un mouvement anticommuniste français
29:28initié par le député
29:29Jean-Paul David.
29:32Financé par les Américains,
29:33il publiera
29:34des centaines d'affiches
29:35anticommunistes
29:36comme la célèbre parodie
29:37« La colombe qui fait boum »
29:39en réponse à la colombe
29:40de la paix
29:41dessinée par Picasso
29:42ou bien encore
29:43« La pelle de Stockholm »
29:45qui creuse la tombe
29:46des pays d'Europe de l'Est.
29:48Il n'hésite pas non plus
29:49à parodier
29:50le parti communiste français
29:51et ses dirigeants
29:52Jacques Duclos
29:53ou Maurice Thorez.
29:57Pour contrer
29:58les grandes campagnes pacifistes
30:00du parti communiste,
30:01il y a la fameuse affiche
30:01où on voit Joseph Staline
30:03en espèce de marlou
30:04de Marseille
30:05tatoué de partout
30:06avec à la main
30:08une massue, etc.
30:10Et puis un gros titre
30:11« Jojo la colombe »
30:12c'est la fameuse colombe
30:13de Picasso.
30:14C'est le moment
30:15où Picasso dessine
30:16cette magnifique colombe
30:18qui est censée représenter
30:19le mouvement de la paix
30:20de la part des communistes.
30:21Pays et liberté
30:23étaient en lien
30:24avec Albertini.
30:26Enfin,
30:26il n'y avait pas
30:27une activité
30:27anti-communiste
30:28qui ne soit pas
30:29d'une manière ou d'autre
30:30reliée
30:31avec Albertini.
30:35Georges Albertini
30:36disait
30:36« Les communistes
30:37ils militent
30:3824 heures sur 24,
30:40il faut faire de même
30:41pour les arrêter
30:43sinon il n'y parviendra pas. »
30:44Bien sûr que ça relève
30:45de l'obsessionnel.
30:48De l'obsessionnel,
30:49je dirais même
30:50de la paranoïa.
30:51Mais dans la mesure aussi
30:53où le parti communiste
30:54est une organisation paranoïaque
30:57et qui suscite
30:59la paranoïa
31:00chez ses adversaires.
31:01Je vois des archives
31:02de tous types,
31:03des diplomatiques,
31:04des militaires.
31:05Je n'ai rien trouvé
31:07de plus fort
31:07au XXe siècle
31:09que cette espèce
31:11d'obsession permanente
31:13de la Russie
31:14et du communisme.
31:16Ça c'est clair.
31:23Celui qu'un peuple
31:24de 200 millions d'habitants
31:26acclamait tous les ans
31:27sur la place rouge,
31:28Joseph Staline,
31:29est mort.
31:30Le chef du plus vaste
31:31empire du monde
31:32a succombé à 73 ans
31:34à une hémorragie cérébrale.
31:37En 1953,
31:39c'est le début
31:39de l'ère Khrouchev.
31:41La guerre froide
31:42demeure,
31:43mais les temps changent.
31:44Le communisme
31:45n'est plus incarné
31:46par un seul homme,
31:47mais par une politique
31:48de développement économique.
31:51C'est l'heure
31:52de la déstalinisation.
31:55Les choses évoluent.
31:57La guerre froide
31:59prend d'autres formes.
32:01Le mouvement communiste,
32:03et Khrouchov à sa tête,
32:05propose du communisme
32:07une autre image
32:07que celle
32:08que donnait Staline.
32:09on parle de coexistence
32:11pacifique,
32:12on parle de passage
32:13pacifique au socialisme.
32:15Et Albertini
32:17se rend compte
32:17que leurs brochures,
32:20leurs mots d'ordre
32:21un peu durs,
32:22leurs dénonciations
32:23féroces du communisme,
32:25ça prend sur un moins
32:27grand nombre de gens.
32:29Et par conséquent,
32:30il faut peut-être réfléchir
32:32aux modalités même
32:35de la propagande.
32:37En France,
32:39la centrale
32:39continue son travail.
32:42Albertini pense
32:42qu'on est loin
32:43d'en avoir fini
32:43avec le communisme.
32:45Il redouble d'efforts,
32:47lance des campagnes
32:47d'affichage,
32:48écrit et conseille
32:49tous ceux
32:50qui viennent le rencontrer
32:51boulevard Haussmann.
32:55En 1954,
32:57Boris Souvarine
32:58réouvre à Paris
32:59l'Institut d'histoire sociale
33:00qu'il avait fondé
33:01en 1935
33:02et qui a pour but
33:03d'étudier le communisme.
33:05Un lieu de réflexion
33:06et de ressources
33:07où l'on peut consulter
33:07par exemple
33:08l'ensemble des numéros
33:09du journal
33:10L'Humanité
33:10depuis sa création.
33:15En 1955,
33:17Albertini arrête
33:18de publier
33:18son bulletin d'information,
33:20le BEPI,
33:21et s'associe
33:21avec l'Institut de Souvarine
33:23pour publier
33:23une nouvelle revue,
33:25Est et Ouest,
33:26qui devient la revue
33:27de référence
33:27du milieu anticommuniste.
33:31En parlant d'Est et Ouest,
33:33Albertini se rend compte
33:34qu'on peut, au fond,
33:36parler davantage
33:38du communisme
33:39et même signer
33:40ses articles.
33:41Et à partir de 1956,
33:44le BEPI
33:45devient Est et Ouest
33:47et les articles,
33:49qui étaient tous anonymes,
33:50se transforment
33:52et sont signés
33:54d'un certain nombre de gens.
33:56N'étant pas
33:56un personnage public,
33:58il fallait quand même
34:00qu'il explique
34:02qu'il était au centre.
34:04Donc,
34:05d'où,
34:06dans Est et Ouest,
34:07sous les dix ans,
34:07les bilans
34:08qui étaient,
34:10le contraint,
34:11à divulguer,
34:13si j'ose dire,
34:14un certain nombre
34:15de liens,
34:16de choses comme ça,
34:17parce que
34:18il n'a pas la possibilité
34:20de le dire publiquement.
34:214 novembre 1956,
34:26l'armée soviétique
34:27envahit Budapest.
34:30Après 13 jours
34:31de révolution,
34:32le peuple hongrois
34:33est à terre.
34:36Depuis des années,
34:37l'international communiste
34:39permet à Moscou
34:39d'imposer son emprise
34:40sur de nombreux états
34:41adjacents
34:42qui forment l'URSS.
34:45La révolte du peuple
34:46contre le jour soviétique
34:47est violente.
34:49Des milliers de personnes
34:49s'organisent en milice
34:50pour défier les troupes
34:51soviétiques.
34:54Dans la capitale,
34:56les symboles tombent
34:56les uns après les autres.
35:03Mekruchef ne permet pas
35:04la contestation naissante.
35:06Il envoie son armée.
35:10Les chars soviétiques
35:11ne font pas d'en détail
35:12et des milliers de Hongrois
35:14sont assassinés.
35:21Après l'écrasement
35:22de la révolte,
35:23l'exode des populations
35:24est inévitable.
35:26200 000 Hongrois
35:27fuient les combats
35:28et deviennent
35:29des réfugiés politiques.
35:31Il fuit alors
35:32les heures sombres
35:33du communisme soviétique.
35:37Albertini,
35:38je ne vais pas dire
35:39qu'il est soulagé,
35:40mais il lui semble
35:41qu'un événement terrible
35:43lui apporte
35:44de l'eau à son moulin,
35:46c'est l'écrasement
35:47de la révolte hongroise
35:49de Budapest.
35:50C'est bien la preuve
35:51que même avec ce Khrouchov,
35:53le communisme soviétique,
35:55le communisme international
35:56reste le même.
35:58Les manifestations
35:58de solidarité
35:59avec les insurgés hongrois
36:00se sont déroulées
36:01pendant toute une journée.
36:04Le quart pour Châteaudun,
36:05où s'élève le siège
36:05du comité central
36:06du Parti communiste,
36:07était le théâtre
36:08d'incidents graves
36:09malgré l'intervention
36:10de forces massives de police.
36:12Les manifestants,
36:14en dépit des projectiles
36:15lancés des fenêtres
36:15de l'immeuble,
36:16parvenaient,
36:17après une sorte de siège,
36:18à s'introduire
36:19dans le bâtiment
36:19qu'ils ouvraient alors
36:20à la foule.
36:25C'est un choc international.
36:28L'émotion est palpable
36:29chez les militants communistes,
36:31mais le bureau politique,
36:32par la voix de Maurice Thorez,
36:33apporte finalement
36:34son soutien
36:35à l'armée soviétique.
36:37Une blessure
36:38qui n'arrangera pas
36:38l'image du Parti communiste
36:40en France.
36:44Mais en 1958,
36:45le retour du général
36:46de Gaulle au pouvoir
36:47est un tournant
36:48pour la politique française
36:49et pour les relations
36:50internationales.
36:54Le général de Gaulle
36:55mène une politique internationale
36:56où même s'il est
36:58évidemment l'allié
36:59des Américains,
37:00il cherche à se dégager
37:01une petite marge
37:03de manœuvre
37:03en faisant des sourires
37:05à Moscou
37:06et en donnant des gages
37:08par-ci, par-là.
37:09L'anticommunisme
37:10était au centre
37:12de la guerre froide
37:13et donc il y avait
37:15des enjeux,
37:16des enjeux idéologiques
37:18qui étaient liés
37:19à la vie politique
37:21et la vie internationale.
37:23Sous la Vème République,
37:27y compris la position
37:28de Gérald de Gaulle,
37:29était différente
37:30et donc n'avait pas
37:32un besoin
37:33de cette nature
37:33d'un Albertigny
37:36à l'époque.
37:39Le début des années 60
37:41met fin à la guerre froide.
37:44À Paris,
37:45la jeunesse s'amuse.
37:47Dans les cabarets,
37:47on danse
37:48et on chante
37:49les tubes du moment.
37:50Beaucoup d'artistes
37:51et d'intellectuels
37:52ne cachent pas
37:52leur sympathie communiste
37:53et ça ne plaît pas
37:55à tout le monde.
37:56Ils étaient partout,
37:59les communistes.
37:59Ils dominaient culturellement,
38:01ils dominaient syndicalement,
38:03ils dominaient,
38:04oui, intellectuellement.
38:06Le monde de la culture
38:08et des arts
38:09était communiste.
38:10Picasso était communiste,
38:12Julien de Gréco
38:13était communiste.
38:14Il y avait toute une sorte
38:16d'auréole
38:17autour du communisme,
38:18de puissance.
38:19Alors, effectivement,
38:21dire qu'on était obsédés
38:23à l'époque,
38:24on n'avait pas tellement
38:24le choix.
38:25On se disait,
38:25mais attendez,
38:26la France ne peut pas
38:27basculer là-dedans,
38:28quand même.
38:30Dans les milieux conservateurs,
38:32essentiellement marqués
38:33à droite,
38:35on vomit le communisme.
38:38Des mouvements étudiants
38:39anticommunistes se créent.
38:41À Paris,
38:42Alain Madelin,
38:44Patrick de Véjean,
38:45Alain Robert
38:46ou encore Gérard Longuet
38:47créent ensemble
38:48le groupe Occident.
38:51L'engagement Occident
38:53était très largement
38:55sur la base anticommuniste.
38:56C'était essentiellement
38:58combattre,
38:58pas les communismes,
39:00mais le communisme.
39:01Un communisme,
39:02pour nous,
39:03c'était Moscou.
39:04C'était vraiment,
39:04voilà, c'est clair.
39:06C'était un stade.
39:07On appelait ça des stades.
39:08C'est des staliniens.
39:09Bon,
39:09on n'avait pas une bonne image
39:11des staliniens.
39:12Voilà, clairement.
39:12C'est un groupe occidentiel,
39:17pas du tout un parti politique.
39:19C'est un groupe de jeunes
39:20qui étaient principalement à Assas,
39:24Assas en droit,
39:25à Sciences Po, bien sûr.
39:26Et puis,
39:27dans un certain nombre de lycées,
39:28on se retrouvait,
39:29on se connaissait,
39:31on essayait de faire des réunions,
39:33on essayait de distribuer
39:34d'autres tracts
39:34que les tracts
39:36qui sévissaient.
39:37on essayait d'exister,
39:39de ne pas abandonner
39:40la jeunesse aux marxistes.
39:47En défendant l'Occident,
39:48on avait le sentiment
39:49notamment de se battre
39:50contre le communisme
39:52qui, lui,
39:53voulait asservir
39:54de notre point de vue
39:55ou d'asservir les peuples
39:57au nom d'une dictature
39:58de prolétariat
39:59qui nous semblait
39:59complètement aberrant.
40:06À cette époque,
40:07Georges Albertini
40:08est toujours au centre du jeu
40:09mais n'a pas ses entrées
40:10directes à l'Elysée.
40:12Il voit d'un bon oeil
40:13la création d'Occident
40:14car il pense aussi
40:15à la relève anticommuniste
40:17dans un monde
40:17qui se modernise
40:18chaque jour.
40:24C'est une des premières
40:26personnes que j'ai rencontrées
40:27dans les gens de pouvoir,
40:29on va dire cela,
40:30qui s'est intéressée
40:31à ce que nous faisions.
40:32Ce sentiment
40:33que nous avions
40:33d'être complètement abandonnés
40:35de la classe dirigeante
40:36et on en souffrait
40:37parce qu'on voyait
40:38se développer le marxisme,
40:39on voyait se développer
40:40les idéaux marxistes
40:41et on avait ce sentiment
40:42que personne n'essayait
40:44de nous aider
40:44compte tenu du fait
40:45qu'on était dans un environnement
40:47très hostile.
40:49on était un peu isolés.
40:53Je dois dire que
40:54quand on a rencontré
40:55Georges Albertini,
40:56on a trouvé un homme
40:57qui a commencé
41:00à se préoccuper
41:01de ce problème
41:01et qui se rendait compte
41:02que ce n'était pas normal,
41:04qu'il n'était pas normal
41:05de ne pas préparer
41:06les générations futures
41:07et préparer les générations futures,
41:09ça commençait
41:10par le milieu lycéen
41:11et étudiant
41:11et de ne pas abandonner
41:13cela aux marxistes.
41:15C'est en cela
41:16que j'ai beaucoup
41:16de respect pour lui.
41:19En mai 68,
41:21la déflagration sociale
41:22qui échappe
41:22dans un premier temps
41:23au PC
41:24est vite reprise en main
41:25par le parti
41:26et devient le terrain
41:26de jeu de la lutte
41:27entre communistes
41:28et anticommunistes.
41:35Sur les marches
41:36de l'église de la Madeleine,
41:37des groupes d'extrême droite
41:38comme le Front National
41:39Anticommuniste
41:40font leur apparition,
41:41animée par l'homme politique
41:43Jean-Louis Tixier-Vignancourt.
41:49Le journal communiste
41:51de l'humanité
41:51est alors visé
41:52par une grande manifestation
41:53qui tourne à l'affrontement
41:54avec les forces de l'ordre.
41:58La période était très politique
42:09dans la jeunesse étudiante
42:11et les forces d'extrême droite
42:13étaient très organisées
42:14à l'université aussi.
42:15Ça allait même
42:16jusqu'à la confrontation physique.
42:20Il y avait d'autres formes
42:21d'anticommunisme aussi
42:22qui existaient
42:23à l'intérieur de la gauche
42:26et qui cherchaient
42:28à minimiser
42:29le courant communiste
42:30dans la gauche
42:31et qui usaient pour ça
42:34d'arguments
42:35qui étaient des arguments
42:36anticommunistes
42:38assez classiques.
42:40Les caricatures
42:41sur les communistes
42:42ennemis de la liberté
42:43qui étaient utilisées
42:46évidemment très massivement
42:47par les groupes
42:48de droite
42:50et d'extrême droite
42:51mais qui étaient aussi utilisées
42:52par une partie
42:54des forces de gauche
42:55ou d'extrême gauche.
42:58Depuis plusieurs mois
42:59la Tchécoslovaquie rêve
43:01d'indépendance
43:01et veut s'émanciper
43:02à son tour
43:03du grand frère soviétique
43:04pour amorcer un virage
43:05plus démocratique.
43:07Mais c'est sans compter
43:08le poids de l'histoire.
43:0912 ans après Budapest
43:12le régime communiste
43:14et Brejnev en tête
43:15entendent bien
43:16conserver leur influence
43:17directe sur l'ensemble
43:18de l'URSS.
43:20La nuit du 21 août 1968
43:23les forces armées
43:24du pacte de Varsovie
43:25envahissent le pays
43:26et écrasent la révolte.
43:29C'est le prince en de Prague.
43:30En 68
43:35le parti communiste français
43:37qui a tout fait
43:37pour essayer
43:38de convaincre
43:39les soviétiques
43:40de ne pas intervenir
43:41en Tchécoslovaquie
43:42qui échoue à le faire
43:44condamne
43:45cette intervention
43:46et je pense
43:47qu'à partir de là
43:48il y a une nouvelle phase
43:50de la réflexion
43:51des communistes français
43:53qui démarre
43:54sous l'impulsion
43:55au départ
43:56de Baldé Crochet
43:57qui est le secrétaire général
43:58du parti à l'époque
43:59et qui va être poursuivi
44:00et qui va aboutir
44:01au milieu des années 70
44:03à une rupture
44:05claire et définitive.
44:08Une rupture
44:09qui ne sera pas simple
44:10à mettre en place
44:11tant l'influence
44:12de Moscou
44:12est politique,
44:13idéologique
44:14et financière.
44:17A Paris,
44:18place du colonel Fabien,
44:20le PC construit
44:20son nouveau siège
44:21qui doit symboliser
44:22la puissance du parti
44:23mais l'époque change
44:24et politiquement
44:25le ciel s'assombrit
44:26pour un parti en crise.
44:28Les années 70
44:31marquent un long déclin
44:33du parti communiste
44:35mais un long déclin
44:36irréversible.
44:38Ils perdent
44:38leur image idéologique
44:40généreuse,
44:42aimant le peuple
44:44et tout.
44:44Même les intellectuels
44:45prennent leur distance,
44:47les artistes aussi.
44:49C'est le départ d'Yves Montand,
44:50c'est le départ
44:51de tous ces gens-là
44:52qui s'éloignent.
44:53Ça ne sera plus jamais
44:54comme avant
44:55un monde blanc,
44:56un monde noir
44:57et j'ai l'impression
44:59qu'Albertini
45:02va connaître
45:04à partir
45:04de ces années 70
45:06un certain déclin.
45:10Le centre d'archives
45:11note d'ailleurs,
45:12il y a des statistiques
45:13qui sont faites,
45:14il y a moins d'abonnés,
45:15il y a moins de visiteurs.
45:16L'anticommunisme
45:17des années 70-80
45:19est plus insidieux
45:21en tout cas
45:21dans ses modes
45:22de communication
45:23qu'il ne l'est
45:23dans les années 50
45:25où il est extrêmement
45:26brutal et assumé.
45:29C'est dans le domaine
45:30de l'idéologie
45:30que ça se passe.
45:31C'est les campagnes idéologiques
45:33qui sont très dures.
45:33A la fin des années 60,
45:39Pompidou accède au pouvoir.
45:41Marie-France Garraud,
45:43une proche d'Albertini,
45:44est nommée conseillère
45:45à l'Elysée.
45:46Une occasion en or
45:47pour qu'il puisse continuer
45:48son travail de l'ombre
45:49au plus haut sommet
45:50de l'État
45:51et tenter une influence
45:52plus directe.
45:54Avec Marie-France Garraud,
45:56avec Pierre Juillet,
45:58voilà un homme
45:59qui va être
46:01une sorte de conseiller
46:04indirect
46:05de Georges Pompidou.
46:08Je ne dis pas
46:08qu'il a une immense importance,
46:10mais ce que je remarque,
46:13c'est qu'un point
46:15essentiel pour lui,
46:16c'est d'être proche,
46:18le plus proche possible
46:19du sommet du pouvoir.
46:22Albertini sert de pivot.
46:24Des gens qui ne peuvent pas
46:25se parler directement
46:27se parlent par le biais
46:28d'Albertini.
46:29Et il étend son réseau
46:32de plus en plus,
46:33aux gaullistes aussi.
46:34C'est un homme
46:35de réseau
46:37dont les liens
46:41divers,
46:43multiples,
46:45dans toutes les sphères
46:46de la politique
46:46permettaient
46:49à la fois des contacts
46:50entre des gens
46:53qui ne se seraient pas rencontrés
46:55et en même temps
46:57craint
46:58par ce qu'ils pouvaient
47:00savoir
47:01des uns
47:01et des autres.
47:06En 1972,
47:08la signature
47:08du programme commun
47:09scelle un rapprochement
47:10entre le Parti Socialiste
47:12et le Parti Communiste
47:13et marque le retour
47:14de la gauche
47:15dans le jeu politique.
47:16Georges Marchais,
47:21le nouveau secrétaire
47:21du PC,
47:22signe une alliance
47:23politique avec
47:23François Mitterrand,
47:24alors secrétaire
47:25du Parti Socialiste.
47:27Les conséquences
47:28s'avéront désastreuses
47:29pour un PC
47:29en quête de popularité.
47:31Quand il y a eu
47:32la signature
47:33du programme commun
47:34quand j'étais jeune
47:34communiste,
47:35donc la perspective
47:36d'un retour
47:37des communistes
47:39dans un gouvernement,
47:40on a vu
47:40à ce moment-là
47:41à nouveau
47:42se déchaîner
47:43un anticommunisme
47:44assez classique
47:45qui visait
47:46en fait
47:46à faire peur.
47:49Des forces nouvelles
47:50est née
47:51le 11 novembre dernier
47:53d'une double volonté,
47:57celle
47:57d'arrêter
47:58le processus
47:59de décadence
48:00dans lequel
48:01notre pays
48:02semble engager,
48:04celle de faire front
48:05à la montée
48:07du péril communiste
48:08et au génocide
48:10politique
48:11qu'il implique.
48:12Une partie
48:13des forces de droite
48:14ou d'extrême droite
48:15agite
48:15la peur du communisme,
48:18la peur du rouge
48:19pour essayer
48:20de conjurer
48:22cette possibilité
48:23de transformation sociale.
48:25On a
48:25un anticommunisme
48:27sournois.
48:29Alors bien sûr,
48:29la droite,
48:30la droite va
48:31attaquer Mitterrand
48:32sur le thème
48:32« Ah, vous faites
48:33alliance avec
48:33les communistes ».
48:34Mais les communistes
48:35commencent à ne plus
48:35faire peur à personne.
48:37Malgré la propagande
48:39massive du Parti
48:40communiste,
48:42les Français
48:43ne sont pas
48:44dupes.
48:45Les Français
48:45ne sont pas dupes
48:46des dangers
48:47que présente
48:48le système soviétique
48:49ou le système
48:50communiste
48:51à l'égard
48:51des libertés.
48:53Les Français
48:54ne sont pas dupes
48:54en ce qui concerne
48:56la dépendance
48:57des pays communistes
48:58par rapport
48:59à l'URSS.
48:59Quand vous venez
49:00me dire
49:00« Il n'y a pas
49:01de chaussures
49:02en Union soviétique
49:02mais vous y êtes allé »,
49:03vous en avez vu
49:04des pieds nus
49:04ou en caleçon
49:06ou à Moscou ?
49:08Absolument pas.
49:08Est-ce que vous en avez
49:09vu des gens
49:09pieds nus
49:10en caleçon
49:10ou à Moscou ?
49:11Mais j'ai vu des gens
49:12se précipiter
49:13sur des livraisons
49:14de chaussures
49:15parce qu'ils avaient
49:16peur de ne pas
49:17en avoir.
49:17Ça, je l'ai vu.
49:19Bien.
49:19Eh bien, ça m'étonnerait
49:20qu'ils n'en aient pas
49:21parce qu'ils en produisent
49:22700 millions de paires
49:24par an
49:24de paires de chaussures
49:25de pires.
49:28En grande difficulté
49:30à la fin des années 70,
49:32le Parti communiste
49:32français cherche
49:33à se réinventer
49:34et tente de prendre
49:35ses distances
49:36avec Moscou.
49:38Le Parti
49:38abandonne la référence
49:39au marxisme-léninisme
49:41mais Georges Marchais,
49:42le secrétaire général
49:43du Parti,
49:44ne cachera jamais
49:45sa proximité
49:45avec le régime soviétique.
49:48Devancé par les socialistes
49:49aux élections cantonales,
49:51législatives
49:52et européennes,
49:53c'est un parti
49:54à bout de souffle.
49:56De son côté,
49:57Albertini continue
49:58à conseiller les puissants
50:00mais indéniablement,
50:01l'activité commence
50:02à s'essouffler.
50:08Et en 1981,
50:09l'accession
50:10de François Mitterrand
50:11au pouvoir
50:12cèle d'une certaine manière
50:13le destin
50:13du Parti communiste.
50:16Les socialistes
50:17s'envolent
50:17dans les sondages
50:18et prennent le leadership
50:19des idées à gauche.
50:21Les communistes
50:22qui participent
50:22quand même au gouvernement
50:23ne font que
50:24de la figuration.
50:26Le piège
50:27Mitterrandien
50:27se referme.
50:33C'était un sentiment double.
50:35Il y avait évidemment
50:36un sentiment
50:37d'aboutissement
50:38d'un combat
50:38qu'on avait mené
50:39dans toutes les années 70
50:41pour faire advenir
50:42un gouvernement de gauche.
50:44Mais le fait
50:45que cette victoire
50:47se soit accompagnée
50:49à ce moment-là
50:49d'un premier affaiblissement
50:51du Parti communiste
50:52au profit
50:52des socialistes
50:53faisait qu'il y avait
50:54aussi un peu
50:56d'amertume
50:56qu'on n'ait pas été
50:58mis à la place
51:01qu'on espérait
51:02dans ce moment-là.
51:03Ça a été un calvaire
51:04pour le Parti communiste
51:05parce que François Mitterrand
51:06n'avait évidemment
51:07qu'une seule idée
51:08être élu président.
51:09Il savait très bien
51:10que vu la constitution française
51:12qui avait été taillée
51:13pour le général de Gaulle
51:14une fois qu'on est élu président
51:16on a tous les pouvoirs.
51:17Donc à partir de ce moment-là
51:18il a baladé les communistes
51:20il n'y a pas d'autre mot.
51:22Albertini
51:22ne voit pas en Mitterrand
51:26un révolutionnaire
51:26mais il voit en lui
51:29quelqu'un
51:29qui est assez imprudent
51:32pour avoir à ses côtés
51:33quatre ministres
51:35communistes.
51:38Albertini
51:38a fait les textes
51:40les plus
51:41invraisemblables
51:42sur la bolchevisation
51:44de Mitterrand
51:45alors que
51:46ça finissait
51:48être dans l'outrance
51:49et dans la non-credibilité
51:51puis le Parti communiste
51:53ça déclinait
51:53d'influence
51:54et ça n'avait plus
51:56le même caractère
51:57d'intérêt
51:57etc.
52:02En 1983
52:03c'est la fin d'une époque
52:05Georges Albertini
52:08meurt dans la discrétion
52:09la plus totale
52:10enterré au cimetière
52:13de Saint-Ouen
52:14c'est l'une des grandes figures
52:15de l'anticommunisme français
52:17qui disparaît.
52:17le centre d'archives
52:22ayant fermé
52:23c'est l'institut d'histoire sociale
52:25de Souvarine
52:26qui devient le principal centre
52:27de documentation anticommuniste
52:29un an après Albertini
52:32Boris Souvarine disparaît à son tour
52:35En 1989
52:42la chute du mur de Berlin
52:43remet en cause
52:44la géopolitique mondiale
52:45pour toute une génération
52:47c'est une page
52:48qui se tourne
52:49le communisme
52:51n'est plus perçu
52:51comme un danger
52:52les actes anticommunistes
52:54se font plus rares
52:55les anciens de la centrale
53:00comme Guy Lemoynier
53:01ou Morvan Duhamel
53:02continueront encore
53:04quelques temps
53:04à publier la revue
53:05Est et Ouest
53:06avant son arrêt définitif
53:08au début des années 90
53:09En grande difficulté financière
53:14l'institut d'histoire sociale
53:16sera finalement sauvé
53:17par Charles Pasqua
53:18et le conseil général
53:19des Hauts-de-Seine
53:20pour maintenir
53:21une activité en phase
53:22avec les idées politiques
53:23de la droite parisienne
53:24L'institut d'histoire sociale
53:27était en partie financé
53:29par le conseil général
53:30du 92
53:31avec ensuite
53:34Monsieur De Végean
53:34Monsieur De Végean
53:37Occident
53:37Gérard Longuet
53:38Madeleine
53:39bon
53:39donc voilà
53:40tout ça
53:41voilà
53:42On assiste aujourd'hui
53:45à une nouvelle forme
53:46d'anticommunisme
53:47est-il plus politique
53:49moins social
53:51ou est-il toujours
53:53bercé par les souvenirs
53:54du péril rouge
53:55Bien sûr qu'il est présent
53:59et les caricatures
54:00vont bon train
54:01il y a deux jours
54:03au Sénat
54:04je vous conseille
54:06d'écouter l'intervention
54:08d'un sénateur de droite
54:09Claude Maluret
54:10c'était dans le débat
54:11sur le vote final
54:13sur la réforme ferroviaire
54:14et si vous voulez voir
54:16si l'anticommunisme
54:17un peu primaire
54:18je dirais existe encore
54:20il suffit de l'écouter
54:21c'était assez étonnant
54:22Ce n'est pas enfin
54:24avec un référendum bidon
54:25des urnes en carton
54:26trimballées d'un dépôt à l'autre
54:27des feuilles volantes
54:29en quise liste d'émargement
54:31et à la sortie
54:32un score digne
54:33de l'élection de Brezhnev
54:34au Politburo
54:35comme disait Staline
54:36ce qui compte
54:37ce n'est pas le vote
54:38c'est la façon
54:39dont on compte les votes