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  • 12/05/2025
Alors que les États-Unis et la Chine ont renégocié tout le week-end la question des droits de douane, l'important pour la France et l'Europe ne sont pas les "péripéties" mais le "nouveau paysage du commerce mondial" qui en résultera, selon Alexandre Saubot.

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Transcription
00:00L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04Bonsoir à toutes et à tous, comment se porte l'industrie européenne, l'industrie française,
00:09prise en tenaille entre les Etats-Unis et la Chine,
00:12qui semblent avoir mis leur guerre commerciale en sourdine ce week-end à Genève.
00:16Bonsoir Alexandre Sobo.
00:17Bonsoir.
00:18Vous êtes à la tête de France Industrie, invité éco de France Info ce soir.
00:22Le président de la République, Emmanuel Macron, inaugurait tout à l'heure le laboratoire d'excellence
00:27du leader franco-italien de l'optique, Essilor Luxottica, à Vissou, près de Paris.
00:33Est-ce que c'est de bon augure ? Est-ce que ça signifie que la France est toujours attractive ?
00:37C'est une bonne nouvelle. Toutes les implantations sont des bonnes nouvelles.
00:39Souvent, ce qu'on voit aujourd'hui, c'est l'état du travail qui a été fait il y a 2, 3, 4 ans.
00:44Et moi, ce qui m'inquiète, c'est que la période actuelle est moins favorable
00:47et qu'on risque d'avoir une baisse de l'attractivité de la France et des implantations en France,
00:52mais surtout en Europe, compte tenu de la réglementation de la fiscalité du prix d'énergie dans les années qui viennent.
00:57Et tout ce qu'on fait maintenant, c'est pour des annonces dans 2, 3, 4 ans.
01:00Mais sauf que vous le savez, le président de la République va réunir le sommet de Chouz France lundi prochain.
01:06Vous craignez qu'il y ait moins d'investisseurs étrangers que par les années passées ?
01:10J'espère qu'il y en aura autant et que la France restera attractive.
01:13Maintenant, je partage avec les autorités publiques tous les risques
01:16et toute la nécessité de continuer à prendre des mesures favorables à l'industrie
01:19si on veut que la dynamique se poursuive.
01:21Alors, vous l'avez vu, les Etats-Unis et la Chine ont décidé de mettre leurs différents commerciaux sur pause.
01:28Est-ce que c'est une bonne chose pour l'Europe ?
01:30C'est une bonne chose qu'on apaise la guerre commerciale.
01:33Les niveaux de droits de douane dissuasifs qui avaient été mis en place
01:36se traduisaient de fait par une large abrogation ou fin des échanges commerciaux
01:41entre les deux plus grandes puissances économiques du monde.
01:44Tout le monde savait que ce n'était pas soutenable.
01:46Maintenant, c'est mis entre parenthèses pour 90 jours comme ce qui a été fait avec l'Europe.
01:50Ce qui est important, c'est comment dans cette période les négociations vont se poursuivre
01:53et quel va être le point de sortie.
01:54C'est ça qui sera important pour la France, pour l'Europe et pour le commerce mondial.
01:58Mais est-ce que vous espérez que ça permette à l'Europe de souffler un peu ?
02:02On avait dit que la Chine risquait de détourner ses produits vers l'Europe,
02:06ce qui n'allait pas rentrer aux Etats-Unis.
02:07Oui, à court terme, sans doute que ça allègera un peu la pression.
02:10Mais ce qui est important, c'est le point final de la négociation.
02:12Depuis le début de cette offensive commerciale de l'administration américaine,
02:17je répète et l'ensemble de nos représentants répètent que la question, c'est comment ça se termine.
02:21Pas quelles sont les péripéties des négociations, des pics de tension, des moments d'apaisement.
02:27C'est quel est le nouveau paysage du commerce mondial à la fin de toutes ces négociations.
02:31Et c'est à ce moment-là qu'on pourra bien mesurer les risques.
02:33Et dans ce contexte, il est important que l'Europe reste prête à la fois à se protéger
02:37et surtout à surveiller tous les mouvements et tout ce qui se passe.
02:40Sachant qu'en attendant, l'industrie européenne est morose.
02:441 400 suppressions de postes chez ArcelorMittal en Europe, dont 636 en France.
02:50France Chimie parle de 15 000 à 20 000 emplois menacés en France à court terme.
02:56Est-ce que vous aussi, vous êtes inquiet, Alexandre Sobo ?
02:58Oui. Aujourd'hui, on ne peut pas ne pas être inquiet.
03:01Quand on voit à la fois la difficulté de l'Europe à se réformer sur toute la simplification réglementaire
03:06après les constructions technocratiques un peu folles qu'on a eues pendant le mandat précédent de la Commission,
03:12on ne peut pas ne pas être inquiet.
03:14On a des difficultés, on l'a évoqué, sur le prix de l'énergie.
03:16Et aujourd'hui, en plus, on a une conjoncture qui est assez à tonnes.
03:21Et donc, dans cet environnement, on le voit dans l'automobile, on le voit dans la chimie,
03:24mais on le voit dans bien d'autres secteurs.
03:26L'activité est fragile et la croissance est insuffisante.
03:29Et comment l'Europe doit réagir ?
03:32Notamment concernant les droits de douane.
03:34Vous avez vu que Ursula von der Leyen a parlé d'augmenter les droits de douane
03:39sur certains produits très rapidement.
03:43Est-ce que c'est la bonne manière de faire ?
03:44Les voitures et les avions, notamment américains.
03:47L'objectif doit être qu'il n'y ait pas de droits de douane des deux côtés de l'Atlantique
03:51entre deux partenaires commerciaux, deux alliés qui partagent niveau technologique,
03:56niveau de vie, salaire.
03:59Et donc, ça c'est l'objectif.
04:01Après, il faut que l'Europe soit prête à utiliser tous les moyens en sa possession
04:04pour être crédible dans la négociation qui a été ouverte par la suspension il y a quelques semaines
04:09et qui va se terminer dans le courant du mois de juin.
04:11Et qui sont ? Quels sont ces arguments ?
04:13Ces arguments, c'est dire que si vous n'êtes pas prêts à aller vers de la désescalade,
04:17on est nous aussi capables de prendre des mesures qui feront mal à l'économie américaine.
04:21Et donc, c'est ce qu'est en train de faire Ursula von der Leyen.
04:24Et donc, la Commission élabore avec les États, avec les secteurs,
04:26l'ensemble des mesures pour bien identifier ce qui a des effets positifs dans cette négociation,
04:32pour être le plus fort possible dans les échanges avec les autorités américaines.
04:36C'est indispensable.
04:37Et vous avez parlé également de la compétitivité, notamment concernant le prix de l'énergie.
04:42On sait que les industriels français n'étaient pas contents, on va le dire, du précédent président d'EDF, Luc Crémont.
04:49Il a été remplacé par Bernard Fontana.
04:52Est-ce que vous pensez que maintenant, les industriels français vont réussir à se mettre d'accord
04:56sur le prix de l'électricité dans les années qui viennent avec EDF ?
05:01La question, ce n'est pas d'être ou de ne pas être content de tel ou tel responsable.
05:04Enfin, il y a quand même des industriels qui ont dit haut et fort que ça n'allait pas du tout.
05:07L'important, c'est que les négociations, notamment pour nos électro-intensifs,
05:11c'est une quinzaine ou une vingtaine d'implantations en France,
05:15trouvent une solution pour leur permettre d'être compétitif et de poursuivre l'activité
05:18au moment où le dispositif AREN va venir à son échéance à la fin de cette année.
05:23Est-ce qu'ils en prennent le chemin, Alexandre, à votre connaissance ?
05:25Les négociations vont reprendre suite au changement de gouvernance.
05:29Et moi, je continuerai à défendre l'idée qu'il faut que cette négociation aboutisse vite
05:33et dans des conditions satisfaisantes pour l'industrie,
05:36pour que tout simplement ces activités puissent se poursuivre.
05:38Après, chacun a sa contrainte, chacun a sa négociation.
05:41Et ce n'est évidemment pas le rôle de France Industrie d'être au milieu de chaque négociation individuelle.
05:46Alors, en France, vous l'avez vu, le gouvernement est à la recherche de 40 milliards d'euros d'économies.
05:52L'an prochain, est-ce que vous, qui représentez l'industrie,
05:55vous vous craignez d'être mis à contribution dans le cadre du prochain budget ?
06:00Écoutez, on porte une conviction forte.
06:01On ne réglera aucun des problèmes du pays en augmentant les impôts.
06:05On a le pays le plus fiscalisé d'Europe.
06:08On a le niveau de prélèvement obligatoire le plus élevé.
06:10On a des sujets de compétitivité qui ont été identifiés depuis 15 ans, 20 ans, rapport après rapport.
06:16Je pense qu'on doit poser comme axiome de cette discussion
06:18où on n'augmente pas les impôts. Et réduire une niche fiscale, c'est augmenter les impôts.
06:22Vous pensez à quelle niche en particulier ?
06:23On a raboté le CIR plusieurs fois ces dernières années.
06:27Le crédit impôt recherche.
06:28On a écrété les allégements de charges d'une façon très défavorable à l'industrie dans le budget 2025.
06:34Alors, certes, moins que ce que les gens avaient imaginé,
06:35mais c'est quand même douloureux quand ça s'est produit.
06:38Et donc, le principe est qu'on n'augmente pas les impôts.
06:41Et donc, on recherche des économies.
06:42Et pour ça, il faut aller regarder du côté de l'organisation de l'État, du millefeuille territorial
06:47et de l'ensemble des gros postes de défense.
06:49Comme on le fait, ce n'est pas du tout comparable.
06:50Des gros postes de dépense ?
06:51Des gros postes de dépense.
06:53Il y a toute la sphère sociale.
06:54Vous avez des idées ?
06:54Toute la sphère sociale.
06:55Comment on incite mieux au retour à l'emploi ?
06:57On essaie de faire pas mal de choses à France Travail.
06:59Et il y a plein d'autres domaines dans lesquels il faut continuer.
07:01Puisque vous êtes également à France Travail ?
07:02Il faut continuer à travailler pour trouver.
07:05L'idée, ce n'est pas de faire moins, c'est de faire mieux.
07:07Et il faut se poser la question.
07:09Nos concitoyens, ils ne demandent pas moins de services publics.
07:12Mais en revanche, je pense que si on est capable de leur rendre le service pour un coût moindre,
07:15parce qu'on est mieux organisé, parce qu'on a rationalisé les niveaux des collectivités territoriales,
07:20parce que les administrations fonctionnent mieux, je pense que tout le monde sera content.
07:24Moins d'impôts pour le même service, je pense que c'est un très bon objectif.
07:27Et donc pas de hausse d'impôts plutôt, de baisser les dépenses.
07:32Les hausses d'impôts détruiront de l'activité, font baisser la croissance et monter le chômage.
07:36Ça, c'est une certitude.
07:37Merci beaucoup Alexandre Sobo, président de France Industrie, invité éco de France Info ce soir.
07:42Merci beaucoup.

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