Avec Frédéric Balanche, maître de conférence à l'institut de Lyon 2, auteur de "Les leçons de la crise syrienne" éd. Odile Jacob
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NewsTranscription
00:00Allez, écoutez leurs disques et leurs CD, voilà, Pol Pot.
00:05Et là, là, je ne sais pas si on peut parler de dictateur, mais on peut parler de beaucoup de choses.
00:09Bonjour Fabrice Balanche.
00:11Bonjour.
00:11Bonjour et merci d'être avec nous.
00:13Je rappelle, Fabrice Balanche, que vous êtes un éminent spécialiste de la Syrie
00:17et vous avez écrit d'ailleurs chez Odile Jacob un livre que je recommande,
00:21Les leçons de la crise syrienne.
00:24Et vous êtes maître de conférences à l'Institut de Lyon 2.
00:27Alors, d'abord, avant de parler de ce qui s'est passé,
00:30on en avait parlé déjà évidemment quand il y a eu les incidents,
00:34les incidents, métaphores, c'est une litote par rapport à ce qui s'est passé.
00:39Je voudrais que vous disiez ce que votre analyse par rapport à la réception d'Ahmed El-Shara,
00:48donc le nouvel homme fort de la Syrie, par Emmanuel Macron hier,
00:51et ce qu'ils se sont dit, ce que la France va essayer de lever,
00:57en tout cas de demander à ses partenaires européens de lever les sanctions contre la Syrie, etc.
01:02Quelle est votre analyse, quel est votre ressenti par rapport à ce qui s'est passé hier ?
01:06Ahmed El-Shara est venu faire sa tournée des capitales européennes
01:12pour obtenir la levée des sanctions et une aide économique.
01:15Il est en quête d'argent et de légitimité.
01:19Donc c'est à ce titre-là qu'il est venu en France.
01:21Il a commencé par la France, c'est intéressant,
01:22parce que ça flatte évidemment la diplomatie française,
01:26qui s'est fait griller la politesse par les Allemands en Syrie,
01:30puisque l'Allemagne a réouvert son ambassade avant la France.
01:36On est dans cette petite guéguerre diplomatique
01:38pour le leadership de la politique européenne à l'égard de la Syrie en Europe.
01:45Bon, après, Ahmad El-Shara, moi je n'ai pas d'illusion sur ce qu'il est.
01:51C'est un djihadiste.
01:53Il a rompu avec Al-Qaïda sur le plan tactique en 2016,
01:59lorsque Jabhat al-Nusra a changé de nom pour devenir Ayat al-Rasham.
02:04Il n'a pas renouvelé son allégeance à Al-Qaïda.
02:07Mais ça s'est fait, ça a été un divorce à l'amiable.
02:10C'est quoi son parcours, très exactement, Al-Jolani ?
02:15Parce que beaucoup de gens ne le connaissent pas, ils le découvrent là.
02:19Alors, son parcours, quand il avait une vingtaine d'années,
02:23il était étudiant à Damas, après avoir fait ingénieur,
02:26il est passé en études arabes classiques,
02:28ce qui montre déjà une radicalisation précoce,
02:31puisque c'était pour approfondir sa connaissance de la religion et du Coran
02:35qu'il avait changé de filière.
02:37Et très rapidement, à partir de 2003, il part en Irak,
02:41c'est l'époque de l'occupation américaine de l'Irak,
02:45et il va rejoindre Al-Qaïda en Irak,
02:48dirigé à l'époque par un monsieur qui s'appelle Al-Zarkawi,
02:50pour faire le coup de feu contre les Américains.
02:54Il va être arrêté, mis en prison à Boukhlaïb,
02:59où il va rester quelques années, libéré pour bonne conduite.
03:03Il va rejoindre ensuite à Mossoul, Bagdadi,
03:08donc le calife du futur État islamique,
03:12et il va être commandant des opérations militaires dans la région de Mossoul,
03:16spécialisé dans l'attentat suicide.
03:18Ce n'est pas lui qui va se suicider, parce que c'est un travail de débutant,
03:22l'attentat suicide.
03:23Il va convaincre des jeunes d'aller se faire exploser à proximité des barrages américains.
03:30Et c'était l'opérateur, c'était le chef opérateur à ce moment-là ?
03:33Le chef opérateur, oui.
03:34En 2011, il va venir en Syrie, dès juillet 2011,
03:41avec un petit groupe de Syriens qui, comme lui, avait rejoint l'État islamique en Irak,
03:47pour noyauter la rébellion syrienne avec son groupe, le front al-Nosfa.
03:54Au début, il ne dit pas qu'il est membre d'Al-Qaïda,
03:56pour obtenir du soutien matériel, financier,
03:59mais les États-Unis, qui ont des bons renseignements,
04:04dès le mois de décembre 2012,
04:06vont mettre le front al-Nosra sur la liste des organisations terroristes,
04:09en disant qu'ils sont liés à Al-Qaïda.
04:11On se souvient de la phrase de Fabius, à l'époque,
04:14« Ah, c'est dommage, nos partenaires arabes nous disent que le front al-Nosra
04:16fait du bon boulot sur le terrain, ça va nous priver d'un... »
04:19« Le front al-Nosra fait du bon travail, disait Laurent Fabius, absolument. »
04:23Voilà, qui était mise à faire étrangère à l'époque.
04:25Et la France va donc attendre le mois de mai 2013
04:29pour le mettre sur la liste des organisations terroristes,
04:32après qu'il ait officiellement avoué qu'il était membre d'Al-Qaïda.
04:35Là, on ne pouvait quand même pas reculer.
04:38Entre-temps, François Hollande leur avait fait livrer les armes,
04:41il faut quand même le souligner.
04:42Oui, il a appelé, oui.
04:45Et donc, il va rentrer ensuite dans une confrontation avec al-Baghdadi,
04:48le chef de l'État islamique,
04:50pour des querelles d'égo, pour des querelles de contrôle du djihad en Syrie.
04:57Et puis, ils vont se partager le territoire.
04:59Bagdadi, ça va être Raqqa, l'est de la Syrie, l'Irak.
05:02Et puis, Jolani, c'est son nom de guerre à l'époque,
05:06va s'occuper de l'ouest du pays.
05:08Et il va noyauter la rébellion syrienne,
05:11pourrir la rébellion syrienne,
05:15éliminer les modérés,
05:16qu'ils soient laïcs ou islamistes modérés,
05:18comme le groupe Ar-Recham,
05:20qui va être complètement décapité.
05:22Ensuite, il va s'enquister dans la région d'Idlep,
05:24où là, il va faire un nettoyage complet
05:26de toutes les autres bandes rebelles,
05:29éliminant tout le monde.
05:32Mais alors, sa technique, c'est,
05:33on élimine, mais discrètement,
05:36et sans revendication.
05:37C'est-à-dire que, contrairement à Daesh,
05:39à l'État islamique,
05:40qui, tous les vendredis, décapitait à Raqqa,
05:42au carrefour de Tête-Coupée...
05:43Devant les caméras, etc.,
05:45oui, pratiquement.
05:46Lui, il fait ça discrètement dans les prisons,
05:47pour ne pas, justement, avoir cette mauvaise image.
05:51C'est un type qui est très intelligent,
05:53il comprend le jeu géopolitique,
05:56il va se mettre sous la protection des Turcs,
05:58en 2019,
06:00qui vont le sauver de l'anéantissement,
06:03et ensuite, qui vont le manipuler,
06:05et lui permettre de prendre le pouvoir,
06:06donc, en décembre 2024.
06:08Voilà le personnage.
06:11Si on veut comprendre ce qu'il veut faire de la Syrie,
06:13il faut regarder ce qu'il a fait à Idlep.
06:15Idlep, il l'a transformé en émirat islamique,
06:18où la charia règne.
06:19Alors, les gens vous disent,
06:20oui, mais on peut écouter de la musique,
06:22oui, mais on peut fumer.
06:23Oui, d'accord, mais enfin,
06:25toutes les femmes sont voilées,
06:27c'est la loi islamique qui règne.
06:30Oui, mais les chrétiens sont tolérés.
06:33Oui, il y a quelques centaines de personnes âgées
06:35qui restent dans quelques villages,
06:37dans la région d'Idlep.
06:38qui nous protègent comme un zoo,
06:40pour montrer aux interlocuteurs occidentaux,
06:43aux journalistes,
06:43nous regarder comme je suis tolérant.
06:45C'est sa stratégie.
06:48Donc, à votre avis,
06:49il veut faire de la Syrie un Idlib,
06:51un Idlib en grand, un peu.
06:53Il veut faire de la Syrie une république islamique,
06:56centralisée.
06:58Donc, ça veut dire que les minorités,
07:00les Kurdes qui ont acquis une autonomie,
07:02ils vont la perdre sous son contrôle.
07:05il veut se débarrasser évidemment des non sunnites,
07:10et puis surtout des non religieux,
07:12en leur rendant la vie difficile,
07:14voire en faisant quelques massacres,
07:16qui feront jurisprudence,
07:17pour provoquer des épurations ethniques.
07:19Mais depuis quelques jours,
07:20on parle en tout cas des exactions,
07:23presque des massacres,
07:24contre les alawites, les druzes,
07:26etc.
07:26Il y a eu...
07:27La presse et les médias ont reporté
07:29un certain nombre d'exactions,
07:32plus ou moins terribles, quoi.
07:34Oui, alors au mois de mars,
07:35début mars,
07:36il y a eu des massacres importants
07:38dans la région alawite.
07:39Deux à deux mille à cinq mille personnes
07:41ont été exécutées,
07:42par les troupes de Chara,
07:45pas par des éléments irréguliers.
07:46Alors lui, il fait croire
07:47que c'est des éléments irréguliers,
07:49parce que dans ces cas-là,
07:50il faut éviter de se salir les mains directement.
07:52C'est comme lorsque les Turcs
07:53massacraient les Arméniens à Dana en 1909.
07:57L'armée turque, l'armée ottomane,
07:59cernait les quartiers,
08:00et c'était les Bashi Bouzouk
08:01qui faisaient le sale boulot.
08:02C'est toujours comme ça que ça fonctionne.
08:04Et puis, alors ils ont dit,
08:05oui, mais c'était une rébellion
08:07des anciens supporters d'Assad,
08:11et puis ça a dégénéré.
08:12Non, ça a été provoqué par le régime.
08:16Et là, on a des articles
08:17qui commencent à sortir,
08:18notamment toute une série de reportages
08:20dans le monde,
08:21fait par une journaliste,
08:22Hélène Salon,
08:23qui fait beaucoup de terrain,
08:24et qui est une excellente plume,
08:26et qui a révélé,
08:27vidéo, preuve à l'appui,
08:29que c'est bien ce régime
08:32qui a décidé de dépasser les massacres.
08:36Et plus récemment,
08:38il s'en est pris aux Druzes.
08:39Il s'en est pris aux Druzes
08:40dans la banlieue de Damas,
08:41il s'en est pris aux Druzes
08:42dans leur fief,
08:44et là, on ne peut pas les accuser
08:46d'être pro-Assad.
08:47Donc, tout le monde,
08:49tous les médias français
08:50ont fini par mettre en évidence
08:51que c'était bien un problème religieux
08:52qui motivait, justement,
08:54ces massacres.
08:56Et ces massacres, oui.
08:57Alors, justement,
08:58et on arrive,
08:59alors que cette personne,
09:01dont vous venez d'écrire l'itinéraire,
09:02le portrait,
09:03et puis les récentes actions,
09:05il est reçu en grande pompe,
09:08très bien,
09:08avec serment de main,
09:10gestes affectueux, etc.
09:12Est-ce que,
09:14alors, bon,
09:15laissons,
09:16entre guillemets,
09:17à un moment,
09:17la morale et parlons de politique,
09:19c'est quoi pour la France,
09:21aujourd'hui,
09:22à votre avis,
09:23à votre avis,
09:24d'accueillir comme ça
09:25et de dire,
09:25bon,
09:26alors,
09:26est-ce que,
09:27alors,
09:27ceux qui défendent,
09:29ceci disent,
09:30oui,
09:30mais vous comprenez,
09:31c'est bien,
09:32bon,
09:32ce n'est pas un ange,
09:34c'est le moins que l'on puisse dire,
09:35mais il faut quand même
09:36retrouver des liens
09:37avec la Syrie,
09:38etc.
09:38Vous en pensez quoi ?
09:39Bon,
09:41moi,
09:41je suis assez partagé,
09:44je pense que la diplomatie
09:46est faite pour parler
09:47aussi aux ennemis,
09:49voire surtout aux ennemis,
09:50donc le fait que Macron
09:51le reçoive,
09:53sente le personnage,
09:54ça ne me paraît pas
09:56dénué de mon sens,
09:57qu'il lui fasse passer
09:58ensuite des messages,
09:59en lui disant,
10:00écoutez,
10:01on n'est pas dupes
10:02sur ce que vous avez fait,
10:03d'ailleurs,
10:04il l'a dit,
10:04il faut que vous protégiez
10:05tous les civils,
10:07nous serons vigilants,
10:09bon,
10:09il ne faut pas que ça
10:09reste du discours,
10:10par contre,
10:11il faut que si dans six mois,
10:13les massacres continuent
10:14et qu'on se dirige
10:18effectivement vers
10:19une république islamique
10:20dure,
10:20à ce moment-là,
10:21il faut que les sanctions
10:23soient remises en place,
10:25il ne faut pas être dupes,
10:26parce que
10:27on est quand même
10:29coincé,
10:29c'est-à-dire qu'effectivement,
10:32il n'y a pas
10:33une autre,
10:35enfin,
10:35une autre alternative,
10:36il y a toujours
10:36une autre alternative,
10:37mais aujourd'hui,
10:38Chara,
10:39c'est l'alternative
10:39qui paraît la plus crédible
10:41aux yeux de la diplomatie
10:42française et même européenne.
10:43Bon,
10:43moi,
10:44je ne partage pas tout à fait
10:45cette opinion,
10:46je pense qu'il y a
10:46une autre solution
10:48entre la dictature islamique
10:50et l'explosion de la Syrie
10:53sur le modèle libyen,
10:54parce que c'est ce qu'on nous dit,
10:55finalement,
10:55on ne veut pas
10:56une nouvelle Libye,
10:57donc,
10:57ou même une Syrie démembrée,
11:00ou même une Syrie démembrée,
11:01ou une Syrie démembrée.
11:02Moi,
11:02je pense,
11:03au contraire,
11:03qu'il y a une autre voie
11:05qui est,
11:06justement,
11:06une Syrie fédérale,
11:08confédérale,
11:09sans aller vers l'éclatement
11:10du pays,
11:10mais avec une large autonomie
11:12des Kurdes,
11:13des Druzes,
11:14des Alawites,
11:14même d'Alep
11:15par rapport à Damas,
11:16qui permettrait
11:17de garantir aux minorités
11:18leurs droits
11:19et leur existence en Syrie,
11:21et qui permettrait aussi
11:22de créer des contre-pouvoirs
11:23au pouvoir central,
11:25pour éviter,
11:26justement,
11:26qu'ils ne deviennent
11:27une dictature
11:28comme l'était
11:29celle d'Assad.
11:32En fait,
11:32c'est un pari,
11:33Fabrice Balanche,
11:33c'est un pari,
11:34justement,
11:35mais est-ce que
11:36c'est la menace,
11:38est-ce qu'en levant
11:38les sanctions,
11:40comme ça,
11:40comme ça risque de faire,
11:41est-ce que c'est une bonne méthode,
11:43à votre avis ?
11:45On peut lever les sanctions,
11:49puisque,
11:50à la période
11:50où elles ont été prises,
11:51c'était contre le régime
11:52de Bachar Al-Assad,
11:53c'est vrai qu'aujourd'hui,
11:55ça n'a plus tellement de sens,
11:57mais il y a quand même
11:57des sanctions
11:58qui ont été prises
11:59contre Hayat al-Yasham,
12:01contre le groupe dirigeant
12:02pour les exactions
12:04qu'il a commises
12:05dans le passé.
12:06Donc,
12:06à ce moment-là,
12:07celles-là,
12:07on pourrait quand même
12:08essayer de les maintenir.
12:10Mais on vous dit,
12:11voilà,
12:12il y a eu des massacres,
12:13si la Syrie
12:14ne se redresse pas,
12:16elle va s'enfoncer
12:17dans le chaos,
12:18ça va être pire,
12:19donc il faut aider
12:20Ahmad al-Challa
12:21à stabiliser
12:22le pays
12:23pour éviter
12:23que ça devienne
12:24une deuxième Libye
12:26ou que la situation
12:27empire.
12:29Moi,
12:30je dis,
12:30attention,
12:30il est sympa aujourd'hui,
12:32enfin,
12:32relativement sympa aujourd'hui,
12:33relativement tolérant aujourd'hui
12:34parce qu'il est faible.
12:35Mais le jour
12:36où il va se renforcer,
12:38là,
12:39il va être beaucoup plus méchant.
12:41Donc,
12:41vous ne m'éprenez pas.
12:42Oui,
12:42il y a un Joulani avec cravate
12:43et un Joulani sans cravate.
12:45C'est ça.
12:46Celui qu'on a vu avec cravate.
12:48Restez avec nous,
12:49c'est passionnant.
12:50Fabrice Balanche,
12:50on va aussi parler
12:51parce qu'il faut en parler
12:52de ce qui se passe en France,
12:54de ce qui s'est passé en France
12:55avec vous
12:56et au-delà de ça,
12:58de ce que ça représente
12:59aujourd'hui,
13:00le fait d'empêcher quelqu'un
13:01de pratiquer
13:02la chose la plus sacrée
13:04qui est la liberté d'expression,
13:06la liberté de parole,
13:06la liberté d'enseigner
13:07et la liberté de transmettre.
13:09On se retrouve tout de suite
13:10après cette petite pause,
13:11à tout de suite.
13:13Et nous sommes toujours
13:14avec Fabrice Balanche,
13:16professeur,
13:17maître de conférence
13:17en géographie,
13:18histoire à l'université Lyon 2
13:20et auteur,
13:21je le rappelle,
13:22il faut vraiment lire ce livre,
13:23ce livre sur la Syrie
13:25paru aux éditions Odile Jacob.
13:29Fabrice Balanche,
13:30je voudrais revenir
13:31à ce qui s'est passé rapidement.
13:33On en avait parlé
13:33mais quand même
13:34à ce qui s'est passé
13:35et surtout aux conséquences.
13:37Je rappelle qu'il y a
13:38cinq semaines,
13:39mardi 1er avril,
13:40vous donnez votre cours
13:42sur le campus de Bron,
13:43vous êtes violemment interrompu
13:44par une dizaine d'individus
13:46masqués et encapuchés
13:47en train de vous insulter,
13:48raciste,
13:49sioniste,
13:50l'éto-terroriste,
13:51le visant,
13:51voilà,
13:52complice du génocide,
13:53etc.
13:54vous parlez de ça,
13:57il y a eu aussi,
13:58vous étiez opposé
13:59effectivement
14:00aux jeunes,
14:02à une rupture de jeunes
14:03à l'intérieur de l'université
14:05et la présidente
14:10vous demande
14:11d'écrire ensemble
14:13une charte de la laïcité
14:14intéressante,
14:14je rappelle que
14:15la loi sur la laïcité
14:17date de 1905,
14:19enfin,
14:20il y a eu tout ce qu'il y a eu,
14:21vous n'avez pas été,
14:22c'est le moins
14:23que l'on puisse dire
14:24tréçu par une hiérarchie,
14:25en revanche,
14:26le ministère,
14:27oui,
14:28comment aujourd'hui,
14:30où est-ce qu'on en est,
14:30où est-ce que vous en êtes,
14:32cinq semaines plus tard,
14:33Fabrice Balanche ?
14:35Bon,
14:35cinq semaines plus tard,
14:36bon,
14:37il y a eu pas mal d'événements
14:38qui se sont passés entre temps,
14:39bon,
14:40ça s'était,
14:42au bout de dix jours,
14:43ça s'était assez apaisé,
14:44bon,
14:45je n'ai pas de soutien
14:45de la direction de l'université,
14:47mais enfin,
14:47c'est pas grave,
14:48je m'y attendais,
14:49l'enquête de police
14:51était en cours
14:52pour identifier
14:53mes agresseurs,
14:55difficile,
14:56parce qu'ils étaient masqués,
14:57cagoulés,
14:58et comme nous n'avons pas
14:59de caméras sur le campus,
15:01parce que c'est liberticide,
15:03évidemment,
15:04les caméras,
15:04vous savez,
15:05vous n'avez pas de caméras
15:07sur le campus,
15:08du tout ?
15:08Non,
15:08non,
15:09aucune caméra,
15:10donc ça veut dire
15:10que quand les gens
15:11détruisent,
15:13taguent,
15:13qu'on en a pour 60 000 euros
15:15tous les mois
15:15pour enlever les tags,
15:16eh bien,
15:17on ne peut identifier personne
15:18puisqu'on n'a aucune bande.
15:19Voilà.
15:20Intéressant.
15:21Bon,
15:23donc,
15:24mi-avril,
15:25la présidente de l'université
15:28annonce,
15:31dans un média lyonnais,
15:34que ça ne l'étonne pas
15:35que c'était tombé sur moi,
15:36cette affaire,
15:37vu mes propos sur Gaza,
15:39que j'avais tenu
15:40des propos complotistes,
15:42délétères,
15:43pour la réputation
15:44de l'université.
15:45Dixit la présidente.
15:46Dixit la présidente.
15:47Oui,
15:48oui,
15:48alors là,
15:48je suis vraiment
15:48tombé des nus,
15:49quoi.
15:50C'est bien qu'elle m'explique
15:51quels sont mes propos
15:52sur Gaza.
15:53Bon,
15:53en gros,
15:54elle justifie
15:55ce qui s'est produit,
15:57elle donne raison
15:58à mes détracteurs.
16:01Donc,
16:01j'ai eu énormément
16:02de soutien
16:02dans l'opinion,
16:05des collègues
16:06qui ont signé
16:08une pétition
16:08demandant la démission
16:09de la présidente.
16:10présidente.
16:11Le ministre,
16:12ensuite,
16:13a recadré
16:14la présidente
16:15dans une tribune
16:16dans le Figaro
16:17en disant
16:17qu'il attendait
16:18des présidents
16:19d'une université
16:20un soutien inconditionnel
16:21aux enseignants
16:22qui étaient agressés
16:24de la sorte
16:24et qu'on les enfonce.
16:27Et puis,
16:28bon,
16:28beaucoup de gens
16:28se sont intéressés
16:30évidemment à Lyon 2
16:31et on a commencé
16:33à exhumer
16:34des tweets,
16:35des tweets
16:36ou des captures
16:37de Facebook
16:39du vice-président
16:40de l'université,
16:41du premier vice-président
16:42de l'université
16:43dans laquelle
16:44il faisait
16:45en septembre
16:46dans laquelle
16:48il faisait
16:49en septembre
16:502024
16:51l'horizon funèbre
16:53d'Assad Nasrallah,
16:54le chef du Hezbollah,
16:55un mouvement terroriste
16:56quand même,
16:57dans lequel
16:58il disait
16:58qu'il fallait
16:59que Nasrallah
17:00soit au Panthéon.
17:01Ah oui,
17:01carrément.
17:02Intéressant.
17:03Bon,
17:03si vous voulez,
17:04ça interroge
17:04quand même
17:05sur la neutralité
17:06l'impartialité
17:07de la direction
17:08de l'université,
17:10il y a eu
17:10tout un tollé
17:13par rapport
17:13à cette affaire
17:14et début mai
17:17donc,
17:18le vice-président
17:19en question
17:19a posé sa démission
17:21alors officiellement
17:23d'après lui
17:23parce qu'il était harcelé
17:24sur les réseaux sociaux
17:25mais en réalité
17:26parce qu'il y a eu
17:27un signalement
17:28fait par le ministre
17:29de l'Enseignement supérieur
17:30pour apologie
17:32du terrorisme.
17:33Le ministre
17:33ayant lui-même
17:34déclaré
17:34qu'il ne comprenait
17:35pas que quelqu'un
17:36qui avait de telles positions
17:37sur le Hezbollah
17:38puisse être vice-président
17:39d'une université.
17:42Et à la suite de ça,
17:43autre rebondissement,
17:44eh bien,
17:45la région
17:47Auvergne-Rhône-Alpes,
17:48Laurent Wauquiez,
17:48Fabrice Pancouk
17:49et Laurent Wauquiez
17:50ont décidé
17:51de suspendre
17:52les subventions
17:54à l'université Lyon 2
17:55tant qu'il n'y aurait pas
17:58une inspection
17:58indépendante
18:00du ministère
18:00de l'Enseignement supérieur
18:01pour faire la lumière
18:02sur les dérives idéologiques
18:04et autres
18:06qui règnent
18:07dans cette université.
18:08Voilà où on en est aujourd'hui.
18:09Oui, oui.
18:10Alors, justement,
18:10je voulais vous parler
18:11de cette décision,
18:13effectivement,
18:13de Laurent Wauquiez,
18:14de dire,
18:15écoutez,
18:15on veut savoir
18:16ce qui se passe,
18:17donc pour le moment,
18:17on arrête les subventions.
18:19Mais moi,
18:19la question qu'on pose,
18:20ayant suivi ça
18:21comme beaucoup de monde,
18:24qu'est-ce qui fait
18:25qu'une présidente d'université
18:27et un vice-président d'université
18:29non seulement ne soutienne pas
18:31ses enseignants,
18:32en tout cas,
18:33en l'occurrence,
18:33vous-même,
18:34et au contraire,
18:36je ne dirais pas la câble,
18:37mais oui,
18:37enfin,
18:38en fait,
18:38se dit,
18:39oui,
18:39mais il l'a bien cherché,
18:40quelque part.
18:41Qu'est-ce qui fait
18:42que ça peut se passer comme ça ?
18:45Tout simplement
18:46parce que nous ne sommes pas
18:47du même bord politique
18:47et la direction
18:52de l'université de Lyon 2
18:53est clairement
18:53de gauche,
18:55d'extrême-gauche
18:55depuis dix ans
18:57Non mais ça n'empêche pas
19:00qu'on accepte
19:01une opinion différente,
19:02on accepte
19:03une liberté différente.
19:04C'est ça l'université.
19:05On peut être de gauche
19:06ou de droite,
19:06mais accepter
19:07que l'autre n'ait pas
19:08les mêmes pensées que vous
19:09ou les mêmes opinions que vous.
19:11En théorie, oui.
19:13Ça serait dans l'université idéale.
19:14Seulement,
19:15ça ne se passe pas
19:16du tout comme ça.
19:17Vous avez de moins en moins
19:19de pluralisme à l'université.
19:21Vous avez une pensée unique
19:23de gauche
19:23à l'extrême-gauche
19:24qui s'impose.
19:25dans les recherches,
19:28dans le recrutement
19:29des enseignants.
19:32Et notamment
19:33en sciences humaines
19:33et sociales,
19:35les gens qui sont
19:36comme moi de droite
19:37sont marginalisés,
19:38exclus.
19:40On ne veut pas
19:41leur donner
19:42les moyens de travailler.
19:43Si on pouvait
19:44les licencier,
19:45on le ferait,
19:45mais bon,
19:46on est fonctionnaire
19:47d'État quand même.
19:48Mais on serait
19:49dans une université,
19:51je dirais,
19:52en Union soviétique,
19:53je serais déjà au Boulag.
19:54Ça pose vraiment
19:57réflexion.
19:58Mais il est bon
19:59quand même
20:00qu'il y ait
20:00des opinions différentes
20:01et il est bon aussi
20:02que les présidents
20:02de régions
20:04réagissent
20:05et en tout cas
20:06posent des questions.
20:08Fabrice Ballanche,
20:09mais aujourd'hui,
20:10vous continuez vos cours
20:11à Lyon 2
20:12ou pas ?
20:13En ce moment ?
20:14Oui,
20:14je continue mes cours.
20:16Les cours aujourd'hui
20:17sont à raide
20:17parce que là,
20:18on rentre en session
20:19d'examen
20:20jusqu'au mois de juin.
20:22mais bon,
20:23en principe,
20:24je ferai ma rentrée
20:25à Lyon 2
20:26en septembre,
20:28normalement,
20:29à moins que
20:29les sessions d'examen
20:31soient perturbées aussi
20:33ou que j'ai de nouveaux
20:35incidents à la rentrée
20:36parce que je pense
20:37que je suis quand même
20:38dans le collimateur
20:39de tous ces groupes
20:40islamo-gauchistes
20:41et qui ne vont pas
20:43me rendre la vie
20:44facile.
20:46Et je n'essaierai pas
20:47beaucoup de soutien
20:48non plus de la part de...
20:49Oui,
20:49mais vous,
20:50vous continuerez.
20:50Vous ne me laisserez pas faire...
20:51Vous,
20:52vous continuerez
20:53à faire votre métier
20:54à Lyon 2.
20:55Je veux dire,
20:56en tout cas,
20:56vous ne renoncez pas,
20:58là,
20:58à la jeune part.
20:58De toute façon,
20:59non,
21:00un,
21:00je ne renonce pas
21:01et deux,
21:01je n'ai pas le choix.
21:02Je suis professeur
21:03nommé à Lyon 2
21:04et vous savez,
21:06dans l'université,
21:07on ne change pas,
21:08on ne mute pas facilement
21:09comme dans le secondaire.
21:11Oui.
21:12Merci Fabrice Valanche,
21:13merci pour l'exercissement,
21:14d'abord sur la série
21:15et sur ce qui se passe,
21:17mais je rappelle quand même
21:18que la liberté,
21:19si ça veut dire
21:20encore quelque chose,
21:21la liberté ne se divise pas
21:22et la liberté d'expression
21:24encore moins
21:25et que l'université,
21:26mais je...
21:27J'ai presque honte
21:28de rappeler
21:29ces banalités de base,
21:30c'est un lieu de transmission,
21:32c'est un lieu de pluralité,
21:33c'est un lieu de savoir
21:34et que ceux qui revendiquent
21:36hautement la diversité
21:37commencent à l'appliquer
21:38déjà chez eux,
21:40ce serait une bonne chose.
21:41Merci.
21:42Merci.
21:43Merci.