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  • 16/04/2025
Dans la Victoire est en elles, Alexandre Delpérier reçoit des sportives inspirantes. Cette semaine c'est le cas de Anaïs Bourgoin. Cette policière spécialiste du demi-fond à toujours cru en ses rêves et s'est entraînée pour atteindre son objectif : participer aux Jeux Olympiques de Paris ! Dans la dernière partie de l'émission, Julie Caron - rédactrice en chef de auféminin - nous présente une sacrée championne !

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Sport
Transcription
00:00Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport, soyez les bienvenus dans votre rendez-vous dédié aux femmes dans le sport.
00:20Bienvenue dans La Victoire est en elle avec une grande championne qui nous a fait vibrer cet été aux Jeux Olympiques.
00:26C'est Anaïs Bourguin. Bonjour Anaïs.
00:28Bonjour.
00:29Tu as été jusqu'en demi-finale du 800 mètres. On va revenir sur ce parcours exceptionnel, sur cette compète exceptionnelle, j'allais dire même unique.
00:37Parce que je te souhaite de refaire des Jeux, et très vite, et dès Los Angeles, mais des Jeux à Paris, c'est terminé là.
00:43Oui, oui, je confirme. Ça ne risque pas d'arriver de si tôt. C'était il y a 100 ans les derniers Jeux à Paris. Donc là, c'était juste une expérience unique.
00:51Tu as 28 ans Anaïs. On va rebalayer toute ta carrière. Comment tu es arrivée là ? T'es différente, ta progression ? Le demi-fond ? L'âge de... Le top du top, c'est quoi ? Il y a un âge où on se dit à tel âge,
01:07normalement, tu vas me dire que chaque athlète est différente. Mais grosso modo ?
01:12Franchement, maintenant, c'est vrai que ça a quand même beaucoup changé parce qu'on voit quand même encore des athlètes qui sont encore en lice
01:19et qui ont 34 ans, même 38 ans, et qui arrivent encore à briller. Donc, je n'arriverai même pas à déterminer vraiment quel âge est le meilleur.
01:27En tout cas, tu seras au taquet à Los Angeles si tu es calife, évidemment.
01:30Voilà, exactement.
01:31On va revenir sur ton parcours pour les Jeux Olympiques. Tu t'es qualifiée aux Europe, c'est ça ?
01:37Oui, c'est ça.
01:38Donc ça, c'était en juin ?
01:39Oui, c'est ça.
01:40Un mois et demi avant les Jeux ?
01:41Oui.
01:42Grosse pression ?
01:43Oui, énorme.
01:44Alors, j'imagine que l'objectif, c'était la calife, mais tu devais faire quoi pour être calife ?
01:48Il fallait qu'en fait, il y ait un minima. Donc, il fallait faire une 59-30 pour être qualifié aux Jeux.
01:55Mais il fallait aussi faire dans le top 3 au championnat de France si jamais on était plus de 3 à avoir fait les minima.
02:04Et toi, tu as coché quelles cases ?
02:05On n'était que 2 à avoir fait les minima pour les Jeux, mais j'ai quand même fait vice-championne de France.
02:11Et du coup, je fais les minima aux Europe.
02:13Donc, tu as coché 2 cases ?
02:14Oui.
02:14Au moment où tu fais 2 aux Europe ?
02:17Je fais 3 aux Europe.
02:183 aux Europe. Qu'est-ce qui se passe dans ta tête ?
02:21Mais en fait, j'ai fait les minima deux fois pendant les championnats d'Europe.
02:24Donc, c'était énorme.
02:26Je fais les minima en demi.
02:28Mais en fait, ce qui est assez marrant en championnat, c'est que tu cours vraiment pas après le chrono.
02:33Tu cours à chaque fois pour passer les tours.
02:34Donc en fait, tu n'es pas du tout focalisé sur le chrono.
02:37Sauf que là, il faut un chrono.
02:38Oui, mais tu y penses.
02:41Mais quand tu es dans le championnat, tu veux vraiment passer les tours parce que finalement, moi, quand je veux un championnat, c'est pour faire une médaille.
02:48Maintenant, c'est sûr que si je faisais les minima pour les Jeux, c'était un plus.
02:51Mais j'essayais vraiment de ne pas trop y penser parce que quand on se focalise beaucoup sur le chrono, en général, c'est un peu compliqué.
02:56Et ce qui est assez marrant, c'est que je pense que c'est une des courses qui m'a le plus fait vibrer.
03:02Et on te voit à côté de la future championne olympique ?
03:05Oui, c'est ça.
03:06Non, c'est magnifique.
03:07Et en fait, en demi-finale, je sais que pour aller en finale européenne, il faut que je sois dans les deux.
03:13Donc en fait, mon objectif, c'est juste d'être un ou deux.
03:17Du coup, je fais deuxième, je passe la ligne, je suis contente et en fait, je n'ai pas vu le chrono.
03:22Et je n'avais jamais couru sous les deux minutes.
03:24Et là, je me rends compte que je fais une 58-60.
03:28Donc à 7 dixièmes du...
03:30Enfin là, c'est juste énorme.
03:32La sensation que j'ai ressentie, elle est inexplicable.
03:35Oui, il faut expliquer quand même à ceux qui nous regardent que 800 mètres, ça paraît long.
03:40Mais aller chercher quasiment une seconde sur 800 mètres, c'est colossal.
03:45Oui, vraiment, c'est énorme.
03:47Tu te surprends toi-même ?
03:49Ah oui, non, mais oui.
03:50Franchement, quand je vois le chrono, c'est une explosion de joie parce que c'est les minima pour les jeux.
03:53C'est la première fois sous les deux minutes.
03:55Et pour une course de 800, courir sous les deux minutes, c'est vraiment une barrière qui est importante.
04:01Une fois que tu la passes...
04:02Ah, psychologique, tu veux dire ?
04:03Oui, c'est une barrière psychologique qui est vraiment importante.
04:05Quand tu cours sous les deux minutes, ça commence à parler.
04:08Donc là, en fait, je n'ai jamais fait moins de deux minutes.
04:10Et là, je fais directement une 58.
04:12Je fais les minima pour les jeux.
04:13Je suis en finale européenne.
04:15Enfin, c'est inexplicable en fait.
04:17C'est génial.
04:18C'est vraiment une des courses qui m'a marquée le plus cette année.
04:22Tu es sûre que c'est vraiment inexplicable ?
04:25Oui, c'est particulier parce que moi, j'ai vraiment eu aussi le truc où j'ai eu du mal à m'en rendre compte quand même parce que c'était mes premiers championnats d'Europe finalement.
04:35Donc là, faire les minima pour les jeux, c'était énorme.
04:42Mais le lendemain, il y avait quand même aussi la finale où il fallait assurer.
04:47Et là, tu fais combien en finale ?
04:48Je fais une médaille de bronze.
04:49Oui, mais le chrono ?
04:50Une 59-30, les minima pile pour les jeux.
04:53C'est hyper symbolique derrière ma médaille de bronze.
04:57Il y a marqué une 59-30 et c'est les minima pile pour les jeux.
04:59Et le chrono de la championne et de la vie championne, c'est quoi dans ces Europes ?
05:03Je crois qu'elles font un gros une 58, je pense.
05:06Ok.
05:07Donc même au niveau chrono, ça aurait été compliqué d'aller chercher la place de deux ou de un ?
05:11Oui, moi, je dirais que j'ai vraiment fait tout ce que je pouvais dans cette finale.
05:16Je ne suis pas dans le reproche.
05:17Oui, c'était dur parce que c'était la première fois que j'enchaînais trois courses à ce niveau-là.
05:22Et puis vu qu'on n'est pas aussi dans les mêmes demi, finalement.
05:26Moi, j'ai couru une 58 en demi, mais il y en a aussi qui ont couru moins vite.
05:30S'ils sont dans l'autre demi, donc c'est un peu moins fatigué et tout.
05:32Et non, franchement, là, je sais que je ne pouvais pas faire mieux dans cette finale.
05:36Explique-nous comment tu as fait pour te préparer, sachant qu'il y avait ces échéances, les Europes.
05:40Mais j'ai envie de dire, non, ce n'est pas anecdotique, mais le Graal, c'était la qualif pour Paris, pour les Jeux.
05:45Bah, c'est des entraînements, c'est entre 9 et 12 entraînements par semaine.
05:52On part en stage plusieurs fois par an en altitude.
05:56On part régulièrement en Afrique du Sud.
05:58Donc, c'est vraiment, c'est très, très intensif toute l'année.
06:02Tu as été la surprise ?
06:04Oui, je pense, oui.
06:05Oui, vraiment, parce que finalement…
06:07Mais tu sentais qu'il y a des gens qui, bon, Anaïs, on verra ?
06:09Bah, oui, parce que finalement, tant que ça n'a jamais rien fait, finalement, les gens, comment ils peuvent croire en toi et savoir vraiment ce que tu as dans les tripes ?
06:18Ils ne peuvent pas, ils ne peuvent pas savoir.
06:20Moi, je le savais que… Je sentais que je pouvais faire quelque chose, mais pour l'instant, je n'avais rien fait.
06:27Finalement, je n'avais jamais fait un championnat d'Europe, ne serait-ce qu'un championnat d'Europe.
06:32Et j'ai beaucoup couru pour faire les minimas.
06:36Pour les championnats d'Europe, c'était 2-0-0-0-0.
06:39J'ai fait plein de courses où je n'ai pas réussi à faire moins de 2-0.
06:43Et en fait, je me qualifie au championnat d'Europe grâce au ranking européen.
06:46Et je suis même la dernière prise pour aller au championnat d'Europe.
06:51Donc, c'est quand même assez marrant.
06:53Cette année est folle.
06:54Oui, c'est une année de folie.
06:56En fait, je suis la dernière qualifiée.
06:57Ça veut dire qu'à une place près, je n'étais pas au championnat d'Europe.
07:00Donc, pas au jeu.
07:01Donc, sûrement pas au jeu.
07:02Je vais au championnat d'Europe et je pense qu'il y a peu de gens qui auraient misé sur le fait que je fasse une médaille européenne.
07:07Et même moi, je m'étais dit, je vais juste essayer de passer le plus de tours possibles.
07:11Si je vais en demi, c'est déjà génial.
07:12Allez, en finale, c'est énorme.
07:13Faire une médaille, c'est énorme.
07:15Tu as pris une dispo.
07:17C'est ça, pour te préparer.
07:18Tu as arrêté de bosser.
07:19Oui, c'est ça.
07:19Comment on s'organise ?
07:20Comment on prend cette décision et de quoi on vit ?
07:22Comment ça se passe ?
07:24Du coup, moi, j'ai travaillé pendant 5 ans en tant que policière.
07:28Donc, 5 ans sur le terrain, sur Paris.
07:31Et j'ai toujours fait de l'athlée aussi en parallèle.
07:34J'avais un bon niveau national.
07:36Et je faisais souvent quand même des médailles au championnat de France élite.
07:40Mais toujours vice-championne de France, médaille de bronze.
07:45Et c'est vrai qu'il y a un hiver où je fais médaille de bronze au championnat de France.
07:50Et vraiment, j'ai tout donné.
07:52Je suis lessivée.
07:53Et je me dis, je ne peux pas faire mieux.
07:55Et pourtant, je m'entraîne quand même.
07:57Mais je travaille à côté.
07:58Tu étais déjà à l'INSEP.
07:59Je n'étais pas à l'INSEP encore.
08:00J'étais en club, à ICI-Les Moulineaux.
08:02Et en fait, là, je me suis dit, écoute, c'est soit t'arrêtes l'athlée,
08:08soit t'arrêtes de travailler parce que j'étais épuisée.
08:11J'ai longtemps réfléchi.
08:12En fait, je n'avais pas le statut d'athlète de haut niveau.
08:15Donc, pas possible d'intégrer les athlètes de haut niveau dans la police nationale.
08:19Ni les rémunérations qui vont avec.
08:21Voilà.
08:22Et du coup, j'ai quand même dû prendre une décision et me dire…
08:25En fait, j'ai cru en moi.
08:26Vraiment, je me suis dit, vu ce que je suis capable de faire en travaillant,
08:31je pense que je peux faire de grandes choses sans travailler.
08:34Forcément, les Jeux de Paris, ça a quand même poussé aussi la décision.
08:37Je me suis dit…
08:38Enfin, n'importe quel athlète a envie de faire les Jeux.
08:40Enfin, moi, quand j'étais petite, je regardais les Jeux.
08:43Je me levais la nuit quand c'était loin pour regarder les Jeux.
08:46C'est un rêve.
08:47Et du coup, j'ai mis des choses en place.
08:48J'ai pris quand même des gros risques
08:49parce que j'ai été quand même un an et demi sans solde.
08:51Bien sûr.
08:52Donc là, pas évident, mais j'ai démarché des petites entreprises.
08:58Pour des partenariats ?
08:59Oui, pour des partenariats, en fait.
09:01Et du coup, pour le coup, sans ces entreprises-là,
09:04je n'aurais pas pu parce que c'est quand même des entreprises
09:06qui ont misé sur moi alors qu'à l'époque, je faisais 2-0-2.
09:09En fait, même pour elles, dire que tu fais 2-0-2,
09:12tu as l'ambition de faire une 59, bon, c'est possible.
09:15Et quand tu démarches l'entreprise, c'est toi perso, tout seul,
09:17toc, toc, toc, bonjour, j'aimerais vous voir.
09:19Oui, c'est ça.
09:19Après, j'ai eu l'aide aussi de mon oncle qui m'a beaucoup aidée.
09:23Qui fait quoi, ce monsieur ?
09:24Il a une entreprise de plomberie-chauffage.
09:27OK.
09:27Et du coup, il m'a quand même beaucoup aidée là-dedans.
09:30Et ouais, du coup, j'ai démarché des entreprises.
09:33J'allais même dans des réunions, en fait,
09:36où les entreprises se rencontrent pour faire leur carnet d'adresses.
09:39Et moi, j'allais quand même dans ces réunions.
09:40Et pour parler de mon projet, finalement, c'est pas que j'avais rien à voir,
09:45mais ils n'étaient pas là vraiment pour ça.
09:47Mais j'ai quand même réussi à démarcher, du coup,
09:51à prendre attache avec des entreprises.
09:53Tu peux te demander le budget que tu as réussi à réunir ?
09:55J'ai réussi à peu près, on a fait plus de 20 000 euros.
09:59Pour un an, un an et demi ?
10:01C'est ça.
10:03Mais ouais, c'était quand même...
10:05C'était pas évident, parce que les stages, ça coûte de l'argent.
10:07Oui, oui, oui.
10:08La vie de tous les jours, en fait.
10:09Ça part vite, tout ça, quoi.
10:10Le kiné, la cuillot.
10:12Moi, j'ai besoin de te poser une question.
10:14On reçoit beaucoup de grandes championnes ici.
10:16Tu en fais partie, évidemment.
10:17Est-ce que tu considères que le demi-fond,
10:20donc le 800 m pour toi,
10:22est-ce que tu considères que, évidemment, c'est du physique,
10:25c'est du physique, c'est du physique,
10:26mais est-ce que sur ces courses plus longues,
10:30est-ce que le mental, tu le situes à combien dans le ratio
10:33mon physique, mon mental ?
10:35Parce que 800 m, c'est très court, mais c'est très long.
10:37Mais c'est très court, mais c'est très long.
10:38Et c'est très dur.
10:40Voilà.
10:41J'ai envie de dire quand même...
10:43Au moins 50 %.
10:46Franchement, il y a au moins 50 %.
10:48Des moments où tu dois t'accrocher
10:51ou décrocher les autres,
10:52il y en a un paquet en 800.
10:53En fait, c'est le moment où ça fait plus mal.
10:54Quand ça fait très mal, il faut commencer à accélérer.
10:57Parce que sinon, tu décélères.
10:58Oh, tu peux recommencer cette phrase ?
11:02Au moment où ça fait très mal,
11:04il faut accélérer.
11:05En tout cas, il faut avoir l'intention d'accélérer
11:07parce que sinon, tu décélères.
11:08Donc, juste en ayant l'intention d'accélérer,
11:10en fait, tu maintiens l'allure.
11:11Sinon, tu décélères.
11:13Donc, quand ça fait très, très mal,
11:14c'est là où il faut y aller.
11:16Sinon, c'est mort.
11:18Est-ce que ça a un côté kiffant, jouissif, ça, justement,
11:22d'y arriver, de sentir que ?
11:23Oui, quand même.
11:24Après, c'est vrai que pour faire du 800 m,
11:26il faut quand même être un peu fou
11:29parce que franchement, la douleur,
11:30elle est atroce.
11:32La douleur de l'acide lactique
11:33qui rentre dans ton corps,
11:34c'est énorme.
11:38Franchement, il faut courir un 800 m
11:40ou même courir un 400 m pour se rendre compte
11:42de ce que c'est.
11:43Et ça fait très, très mal.
11:45Et c'est vrai que c'est...
11:46Et les ressorts psychologiques,
11:48c'est quoi à ce moment-là ?
11:50Parce que ça commence à faire très, très mal
11:52à quoi, à 600 m ?
11:54Même avant, moi, ça commence à me faire mal avant.
11:56Fin du premier tour ?
11:57Oui, même, oui.
11:58En fait, là où ça commence vraiment à faire mal,
11:59je dirais que c'est au 500.
12:01OK.
12:01Au début du second tour.
12:03Voilà.
12:03Là, il reste 300 m.
12:05C'est quoi les ressorts mentaux psychologiques, là ?
12:07C'est ma cocotte, tu sais pourquoi t'es là ?
12:09T'as pas fait tout ça pour ça ?
12:10Il y a les jeux, tu vas te bouger ?
12:12C'est quoi ? Qu'est-ce qui se passe ?
12:14On n'a pas le temps d'aller...
12:15Quand tu prends le départ d'une course,
12:16c'est pour gagner, quoi.
12:17Donc, en fait, c'est à tout prix...
12:18C'est un peu ça, quoi.
12:19C'est à tout prix gagner.
12:20C'est vrai que parce que des fois,
12:21t'as quand même très mal.
12:22Même, il y a des fois,
12:23il y a des jours où t'as pas de sensation.
12:24Attends, pardon, Anaïs.
12:25Et surtout, le prends pas mal.
12:27Non.
12:27Je comprends.
12:28Tu fais pour gagner,
12:29mais tu gagnais jamais.
12:30Oui, c'est vrai.
12:32Comment t'as réussi à t'accrocher ?
12:34Mais je trouve ça magnifique.
12:35Comment t'arrives...
12:36Qu'est-ce qui se passe dans ta tête à toi
12:37pour dire...
12:38Ah ouais, les cocos, je vais pas y arriver.
12:39Bon, va voir.
12:40Oh, tu finis deux.
12:41Oh, tu finis quatre.
12:42Non, non, non, non.
12:42On va continuer d'y aller.
12:44Oui, parce que c'est vrai
12:46qu'on dit toujours quand même
12:51Mais quand tu le vois toujours
12:52autour des copines,
12:54ça doit être horrible.
12:54Oui, mais il faut jamais lâcher, en fait.
12:56Puis tu t'entraînes plus dur,
12:57t'en vis encore plus
12:59et tu vas le chercher, en fait.
13:00Il vient d'où ce mental ?
13:02Oui, je sais pas.
13:04Après, c'est vrai que
13:05moi, ma mère est sportive.
13:07Comme je l'ai souvent dit,
13:09j'ai grandi, moi, avec ma mère,
13:11qui était sportive.
13:12Et du coup, vu qu'elle était
13:13toute seule avec moi,
13:15en fait, elle allait courir
13:17et moi, j'allais à vélo avec elle.
13:18Et en fait, elle me disait toujours
13:19qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente.
13:21On y va.
13:21Et c'est vrai qu'elle m'a quand même,
13:22je pense qu'elle m'a beaucoup aidée.
13:24Tu l'as voyée souffrir
13:25sur ton vélo, toi ?
13:26Oui, oui, oui.
13:27Elle arrive à aller quand même
13:30dans un seuil de douleur
13:31qui m'a toujours impressionnée.
13:33Et finalement, elle me l'a transmise.
13:35Donc ça, c'est génial.
13:36Elle était au jeu ?
13:37Oui, elle était au jeu, oui.
13:38Vous avez pleuré ?
13:40Qu'est-ce que vous avez...
13:41Il a dû se passer un truc.
13:42Parce que ta maman, là,
13:43de ce que tu me dis,
13:44moi, père, je vis ça,
13:48c'est moi qui les pointe.
13:49C'est vrai qu'elle me suit énormément.
13:52Puis c'est vrai que c'est agréable aussi
13:54de se dire qu'elle comprend vraiment.
13:56Parce que finalement,
13:57quand les personnes
13:58qui ne sont pas forcément dans le sport
13:59ou qui ne connaissent pas ça,
14:01elles ne peuvent pas vraiment
14:02comprendre ce cours sans.
14:03Elle, elle le ressent à 200%.
14:04Elle le vit et ça, c'est...
14:06Tu cours pour elle un peu ?
14:08Oui, quand même.
14:09Moi, c'est elle qui m'a emmenée...
14:11Non, ce n'est pas ça, ma question.
14:12Tu as l'impression de courir pour elle ?
14:14Tu as envie de lui donner ton bonheur ?
14:15Oui, c'est sûr que j'ai envie
14:16de la rendre fière.
14:17Ça, c'est sûr.
14:17Non, fière, c'est même plus loin.
14:19Tu as envie de lui donner ton bonheur ?
14:21Ah bah oui, oui, franchement, oui.
14:23De partager ça avec elle, c'est...
14:25Magique.
14:26C'est magique, oui.
14:26On voit une photo qui est exceptionnelle.
14:28On va revenir sur les jeux.
14:29Au jeu, il y a ta manche.
14:31Tu termines quatrième.
14:32Oui.
14:32C'est la déception de terminer quatrième
14:34parce que ça veut dire
14:34qu'il n'y a pas qualif direct
14:35pour les demi,
14:35qu'il faudra passer par le repêchage.
14:37Oui, c'est dur.
14:39Mais en même temps,
14:41c'est une course
14:41où je prends beaucoup de risques.
14:43Déjà, je suis quand même
14:44énormément portée par le public.
14:46C'est une course, en fait,
14:47où je suis quand même
14:48un peu en queue de peloton
14:49sur le premier tour
14:50parce que ça va déjà très, très vite.
14:52Et au dernier 300,
14:53donc là, justement,
14:54où ça commence à faire mal,
14:56là, je me dis, attends,
14:57t'es au jeu, par contre,
14:57la maman, va falloir y aller.
14:58Oui, parce que t'auras la future...
15:00Enfin, dans ta série,
15:01t'as la future médaillée d'argent,
15:02de bronze, la quatrième.
15:03Voilà.
15:04Donc, c'est vrai que c'est une série
15:05qui est très costaud.
15:07Et en fait, à 300 mètres de la ligne,
15:09je me dis, bah là, vas-y, en fait,
15:10c'est les jeux, vas-y.
15:11Et je accélère.
15:13Et en fait, quand j'accélère,
15:14j'entends le public
15:15qui se lève et qui me porte.
15:20Et à ce moment-là,
15:22c'est là où ça a été
15:23quand même assez difficile,
15:24c'est quand j'entends ça,
15:25ça m'a redonné un coup de boost.
15:26Et en fait, au dernier 150,
15:28je suis à hauteur
15:29de la championne du monde
15:29de l'an passé.
15:31Donc, j'ai quand même réussi
15:32déjà à remonter.
15:33Et à ce moment-là,
15:35avec le public, en fait,
15:36j'en remets une...
15:37Je pense que c'est un peu trop tôt.
15:39Mais je suis tellement, en fait,
15:40dans l'émulation.
15:42Et c'est juste énorme.
15:44Et du coup, j'en remets une
15:45et je le paye un peu
15:46dans les derniers 50 mètres.
15:47Manque d'expérience ?
15:49Peut-être.
15:50Et puis, peut-être le manque d'expérience.
15:52Mais en fait, le public m'a tellement...
15:53Oui, mais je comprends.
15:55Oui, mais il y a peut-être...
15:56C'est la meilleure excuse du monde, quoi.
15:57Voilà, c'est ça.
15:58Et puis, en fait,
15:59je ne regrette rien
16:00parce qu'au final,
16:01je fais mon record personnel.
16:03Donc, c'est-à-dire,
16:03je n'ai jamais couru...
16:04Là où je suis couru
16:04le plus vite de ma vie,
16:05c'est au jeu.
16:06Donc, en fait...
16:07T'as couru combien, là ?
16:07J'ai couru une 58-47.
16:09Oh !
16:10Donc là, je me dis,
16:11c'est énorme.
16:11OK.
16:11Il y a le repêchage.
16:13Repêchage, on voit la photo,
16:14tu gagnes.
16:15Oui.
16:15Mais ça veut dire
16:16que ça te fait une course
16:17de plus dans les pattes
16:17que celles qui sont qualifiées
16:18directement de leur série
16:19pour la demi.
16:21Donc, ta première manche,
16:23tu fais 4.
16:23Le lendemain, le repêchage.
16:25Mais plein sont qualifiés directement.
16:28De nouveau, le lendemain,
16:28la demi-finale.
16:29Oui.
16:30Là ?
16:31Déjà, le repêchage,
16:33ça a été très difficile
16:34parce que j'ai couru
16:36donc à 21h les séries
16:38et je cours le repêchage
16:39à 11h le lendemain.
16:41Je n'ai pas dormi de la nuit.
16:42Pourquoi ?
16:43C'est tellement...
16:44L'émotion ?
16:45Les émotions, en fait,
16:46elles sont tellement énormes
16:47que tu ne peux pas redescendre.
16:48C'est impossible.
16:49Moi, j'arrive dans mon lit.
16:50J'ai qu'une envie,
16:51c'est de retenir au stade de France.
16:52Je ne peux pas me calmer.
16:53C'était impossible.
16:54Donc, en fait,
16:55je n'ai pas dormi de la nuit.
16:57Je renfile ma combinaison
16:58puis c'est reparti.
16:59Et puis là, le repêchage,
17:00la difficulté,
17:01c'est qu'il faut gagner
17:01pour aller en demi.
17:02Sinon, tu ne vas pas.
17:03Mais moi, là,
17:05j'ai qu'une envie, en fait.
17:06Je me dis...
17:07À aucun moment, en fait,
17:08je me dis que je ne vais pas gagner
17:09le repêchage.
17:10Je me dis qu'à aucun moment,
17:11je ne vais pas courir
17:12une troisième fois
17:13dans le stade de France.
17:14Et la course du repêchage,
17:16c'est...
17:16Le public, là,
17:17il est à 300% avec moi
17:19et c'est la course
17:20où vraiment
17:20j'entends le public
17:21qui crie mon nom
17:24pendant plus de 300 mètres.
17:25Il se passe quoi ?
17:27C'est énorme, en fait.
17:29Je me dis...
17:30Et grâce à ça,
17:30je me suis dit
17:31parce que là,
17:31tu n'as pas dormi de la nuit.
17:32Tu as une course
17:33en une 58 dans les jambes.
17:34Alors clairement,
17:35là, tu es à plat.
17:36Je pense que là,
17:37physiquement,
17:38c'est très compliqué.
17:38Et pourtant,
17:39je refais moins de deux minutes.
17:40Je gagne ma série.
17:41Je gagne le repêchage.
17:43C'est énorme.
17:44Il y a eu un record
17:45de décibels dans le stade
17:46ce jour-là.
17:49C'est...
17:50Et là, par contre,
17:51la redescente d'émotion,
17:52elle est impossible
17:53encore derrière.
17:53Ouais.
17:55Là, derrière,
17:56c'est pareil.
17:56Et la petite Anaïs
17:58auxquelles personne
17:59entre guillemets
18:00ne croyait
18:00et qui doit aller
18:01taper aux portes
18:01des entreprises,
18:02se taper à les réunions.
18:03Allez, j'ai besoin
18:04de 1 000 balles,
18:04s'il vous plaît,
18:042 000.
18:05Allez, soyez sympa,
18:05je veux aller au jeu.
18:06Ah ouais,
18:07mais avec ton chrono,
18:08on n'y va pas au jeu.
18:08Il se passe quoi, là ?
18:11C'est une réussite, en fait.
18:13Je me dis,
18:13j'y ai cru
18:14et ça a marché.
18:16Ça aurait pu
18:17ne pas marcher.
18:17Tu es qualifiée
18:18pour la demi.
18:19Ouais.
18:21Là, j'ai 2 cours
18:23sous les 2 minutes
18:24avec moins de 24 heures
18:26de récup,
18:27les ascenseurs émotionnels
18:29que finalement,
18:29je n'arrive pas à gérer.
18:31Ça, pour le coup,
18:31j'ai pas...
18:32T'as dormi, là,
18:32cette fois-ci ?
18:33En fait, le médecin
18:34me préconise
18:35de faire une sieste
18:36en rentrant,
18:37donc c'est impossible.
18:38j'arrive quasiment...
18:42Je n'arrive plus
18:42à m'alimenter
18:43parce que quand même,
18:44le 800 m,
18:44ça tape vraiment
18:45dans les tripes,
18:46ça tape dans le ventre,
18:47alors là,
18:47je n'ai pas du tout faim
18:48et pareil,
18:49là, je suis dans
18:50un état d'euphorie,
18:51en fait.
18:52Et je suis même obligée
18:54de mettre la tête
18:55dans le bain froid
18:56pour redescendre.
19:00Le médecin me dit là,
19:01oui, c'est bien,
19:01tu vas dans le bain froid,
19:02mais il va peut-être
19:03falloir mettre la tête
19:03pour quand même redescendre
19:04parce que ça ne redescend pas.
19:05OK, tu dors ou pas ?
19:06Un peu ?
19:07Je dors, je dors tard.
19:08Je crois que je dors
19:09à 3h du matin,
19:11mais je dors jusqu'à
19:1210h30, 11h,
19:13donc ça va.
19:13Donc ça va.
19:14La demi est à quelle heure ?
19:16La demi, c'est le soir,
19:17c'est pareil, c'est 20h.
19:18Ça ne va pas se passer
19:19comme tu le veux ?
19:20Qu'est-ce qui te manque ?
19:21Non, parce que j'y crois
19:22quand même, en fait,
19:22je me dis...
19:23Bien sûr, tu y vas
19:23pour quel livre,
19:24j'imagine.
19:24J'y crois quand même,
19:25mais dès les premiers mètres,
19:27là, je me dis...
19:28C'est vraiment lourd ?
19:29Très, très lourd.
19:29C'est horrible.
19:30Je crois que c'est
19:30les pires sensations de ma vie.
19:32Et là, je me dis,
19:33non, mais enfin,
19:34je ne vais quand même
19:35pas me retrouver.
19:36Là, à un moment,
19:36je me dis, en fait,
19:37je ne sais même pas
19:37si je vais réussir
19:38les premiers 200 mètres
19:38à accrocher le peloton.
19:40Ah oui.
19:41Et là, je me dis,
19:41ça va être compliqué.
19:42Et finalement,
19:43là, c'est là où la tête,
19:44elle joue.
19:45Je suis aux Jeux Olympiques,
19:47j'ai quand même envie
19:47d'essayer d'aller en finale.
19:48Donc, en fait,
19:49tu ne penses à rien,
19:51tu ne penses pas à la douleur.
19:52Tu veux refaire une course
19:53sous les deux minutes.
19:54Et je refais une course
19:55sous les deux minutes
19:55et je remets
19:56et j'accélère quand même
19:57dans le dernier 300.
19:59Je remets quand même.
20:00Ce n'est pas suffisant
20:00parce qu'à ce niveau-là,
20:02on a tous les mêmes niveaux
20:04et avoir une course en plus
20:05sous les deux minutes,
20:05c'est pas...
20:06Je pense que physiologiquement,
20:07c'était quasiment impossible.
20:08D'ailleurs,
20:09ils vont enlever
20:09cette méthode de repêchage.
20:12Ça ne va plus exister
20:12parce que c'est quasiment impossible.
20:14En fait,
20:15tu n'as quasiment aucune chance
20:16d'aller en finale.
20:17Mais derrière,
20:18oui, voilà.
20:18Moi, mes Jeux olympiques,
20:20pour moi,
20:20ils sont réussis.
20:21Courir trois fois
20:22sous les deux minutes,
20:23aujourd'hui,
20:24je me dis,
20:24je vais aller
20:25dans n'importe quel autre championnat.
20:27Ça ne va plus me faire peur.
20:28Je n'aurai plus peur de ça.
20:29Et tu intègres le dispositif
20:31de la police nationale ?
20:32Oui.
20:32C'est une satisfaction,
20:33ça aussi ?
20:34Oui, oui, carrément.
20:36Parce que la police,
20:37c'est quand même un...
20:38Moi, c'est un métier
20:39que j'aime.
20:41Que tu as toujours voulu faire.
20:43Oui, quand même.
20:43C'était quand même jeune.
20:45Ça a commencé
20:45parce qu'avant l'athlée,
20:46j'ai fait du triathlon.
20:47J'avais un entraîneur
20:48de triathlon.
20:49Sauf qu'il faut nager très vite.
20:50Voilà.
20:50Et ça, c'était...
20:51C'était pas trop mon fort.
20:54Le vélo, ça allait.
20:55Et la course à pied aussi.
20:57Et mon premier entraîneur
20:59de triathlon
20:59était policier.
21:01Donc, je pense quand même
21:01que ça a joué.
21:03Et c'est vrai que j'ai toujours
21:04voulu faire ça.
21:04Et c'est un métier que j'aime.
21:05Donc là, forcément,
21:06intégrer le dispositif,
21:07pouvoir faire de l'athlée
21:09et être quand même
21:10toujours un pied dans la police.
21:12Avec la police,
21:12parle-moi de cette course.
21:14Et moi, je trouve cette initiative géniale.
21:16Il y a eu l'édition Cinequanone.
21:19Explique-nous ce que c'est,
21:20cette volonté d'égalité,
21:21homme-femme,
21:22que met en place la police
21:23et qui nous semble
21:23tellement évident
21:24et indispensable.
21:25Malheureusement,
21:25c'est pas toujours le cas.
21:26Oui, c'est clair.
21:27C'est une course déjà
21:28pour lutter contre les violences
21:29faites aux femmes
21:30et pour aussi donner la liberté
21:33aux femmes de se dire
21:34en fait, je peux courir
21:35quand je veux
21:38à n'importe quelle heure
21:39et dans la tenue que je veux.
21:42Et laissez-moi tranquille.
21:42Et laissez-moi tranquille.
21:43J'aime bien cette phrase
21:44de Mathilde Casse
21:45qui est la présidente
21:46de Cinequanone
21:46qui dit
21:47« Les sportives ont un rôle
21:47à jouer dans la conquête
21:48de l'espace public. »
21:50C'est vraiment de ça
21:50dont on parle.
21:51C'est vrai.
21:51« Avec le supplément de confiance
21:53que donne le sport,
21:54et tu peux en témoigner
21:55et tu viens de le démontrer,
21:56elles peuvent,
21:57les sportives ou celles qui courent,
21:58montrer que les femmes
21:59ont toute leur place
22:00dans les rues
22:00quel que soit l'heure,
22:01le lieu ou la tenue
22:02qu'elles portent. »
22:03C'est vrai que là,
22:05c'est de se dire
22:06que plus les femmes
22:07vont être présentes
22:10dans l'espace public
22:10et ça va aussi inciter
22:12d'autres femmes
22:12à se dire
22:12qu'il y en a d'autres aussi
22:13et se sentir un peu plus
22:14aussi en confiance
22:16parce que c'est vrai
22:16que ce n'est pas
22:17en tant que femme
22:18coureuse.
22:20Tu as entendu
22:21des choses désagréables
22:21dans ta vie, toi ?
22:22Oui, quand même.
22:23Et puis comme je l'ai expliqué
22:25aussi à plusieurs reprises,
22:27quand je courais,
22:29parce que je courais moi
22:29des fois après le travail
22:30et des fois je finissais
22:32à 22h30,
22:3323h30 minuit,
22:34mais j'allais quand même courir.
22:35Et c'est vrai que quand même
22:37tu réfléchis à ta tenue,
22:38tu te dis « Attends,
22:38là il est minuit,
22:39je suis dans les rues de Paris,
22:41je vais faire attention,
22:41je ne vais pas mettre de musique,
22:42je ne vais pas mettre en short. »
22:44Clairement,
22:45ce que tu te dis,
22:45on ne sait jamais
22:46parce que forcément,
22:47tu te retrouves toujours
22:48dans des situations
22:49délicates en fait
22:50où tu ne te sens pas à l'aise
22:51et puis ça fait peur quoi,
22:52tu n'as pas envie
22:53qu'on vienne te parler
22:53ou te faire des réflexions
22:54quand tu es en train de courir.
22:55En fait,
22:56tu veux juste vider la tête
22:57et c'est vrai que je sais
22:59que ça freine énormément de femmes.
23:00Évidemment.
23:01Deux petites questions rapidement.
23:03Il y a les France,
23:04championnats de France,
23:05à Talence,
23:05chez toi,
23:06tout a commencé là-bas,
23:07à côté de Bordeaux.
23:08C'est en août
23:09et c'est qualif pour les mondiaux
23:10qui auront lieu à Tokyo
23:11au mois de septembre.
23:14Pardon,
23:14mais tu y vas pour gagner
23:15à Talence à la maison ?
23:16Oui,
23:16j'y vais pour gagner.
23:17Ah oui,
23:18là franchement,
23:19ça a vraiment du sens pour moi
23:21parce que j'ai commencé
23:22l'athlée pur
23:23parce que vu que j'ai fait
23:24du tri avant,
23:24j'ai commencé vraiment
23:25l'athlée pur
23:26sur le stade de Talence.
23:27Pour rentrer en sport études,
23:29les tests étaient
23:30sur le stade de Talence.
23:31J'ai commencé avec Patricia Jaté
23:33sur le stade de Talence
23:34et du coup,
23:35forcément,
23:36ça a du sens pour moi.
23:37Je me suis entraînée
23:37plusieurs années là-bas
23:38et oui,
23:39j'ai envie de gagner à Talence,
23:40c'est sûr.
23:40Tu restes avec nous
23:41pour parler encore
23:42d'une autre femme inspirante
23:43avec Julie Caron d'Auféminin.
23:50Julie Caron,
23:51la rédactrice en chef
23:52d'Auféminin est avec nous.
23:53Bonjour Julie.
23:54Bonjour Alexandre
23:55et enchantée Anaïs.
23:56Enchantée.
23:57Aujourd'hui,
23:57je vous emmène avec moi
23:58dans les années 20.
23:59On est aux prémices
24:00de l'athlétisme moderne.
24:02Donc,
24:02il faut savoir à ce moment-là,
24:03faire du sport
24:04quand on est une femme,
24:06c'est plutôt
24:06une activité marginale
24:07mais il y a une Française
24:09qui fait du demi-fond
24:09comme vous
24:10qui va vraiment
24:11bousculer les codes
24:12de l'époque.
24:13C'est la Française
24:15Lucie Bréard.
24:17Elle a vraiment
24:18tracé son sillage
24:19et elle s'est imposée
24:20comme une grande athlète
24:21dans l'histoire du sport
24:23avec un grand H
24:24puisqu'elle est lée
24:25et restera
24:25la première Française
24:26de toute l'histoire
24:27à être médaillée d'or
24:29au JO féminin
24:30de 1922.
24:31Alors,
24:32je sais que vous allez
24:33m'arrêter
24:33et me parler
24:34de Marguerite Brogdys
24:35parce que vous avez raison,
24:37elle est souvent citée
24:38comme la première femme
24:39française médaillée olympique.
24:42Elle avait en effet
24:43reçu son sacre
24:44à Stockholm
24:45en 1912
24:46mais en fait
24:47Lucie Bréard,
24:48elle,
24:48elle a été sacrée
24:48donc à ces JO féminins
24:50qui étaient
24:52des contre-jeux
24:53en fait
24:54parce qu'à l'époque
24:54si on resitue
24:55dans le contexte
24:56et l'histoire des jeux
24:57dès 1900
24:58il y a des femmes
24:58qui participent
24:59aux Jeux olympiques
25:00mais elles se contentent
25:02de quelques disciplines
25:03comme le tennis
25:04comme aussi la voile
25:05ou l'équitation.
25:06Et donc,
25:07il y a plein de disciplines
25:08qu'on interdit
25:09aux femmes
25:09parce qu'on pense
25:10qu'elles ne sont pas
25:10assez fortes
25:12pour y participer
25:13et donc Alice Milia,
25:14la fameuse
25:14va organiser ses Jeux
25:16de 1922
25:18à Paris
25:19au stade Pershing
25:20et donc là,
25:21c'est vraiment
25:21des Françaises
25:22qui vont s'imposer
25:24dans l'athlétisme.
25:26On est en 1922
25:28donc à cette époque,
25:29il y a beaucoup
25:29de clichés sexistes
25:30qui persistent.
25:32On pense notamment
25:32que les femmes
25:33ne sont pas assez fortes
25:35pour courir plus de 400 mètres
25:36et ce sont bien
25:38ces Françaises
25:39qui vont faire vaciller
25:40les idées reçues
25:41avec notre fameuse
25:42Alice Bréard
25:43qui pratique en parallèle
25:44puisqu'elle était
25:46très polyvalente
25:46le javelot
25:47ainsi que le lancé de poids.
25:50Et donc,
25:50elle fait sensation
25:51et elle remporte
25:52l'épreuve du 800 mètres.
25:54Elle décroche par la suite
25:55plusieurs records du monde
25:57sur des épreuves
25:57de demi-fondes
25:58donc en 500,
25:59en 800 et en 1000 mètres
26:00jusqu'à sa médaille d'or
26:01donc en 1922.
26:03Et en fait,
26:04aujourd'hui,
26:04si je voulais vous parler
26:05de Lucie Bréard
26:06qui est reconnue
26:07pour ses performances sportives
26:08qui pour l'époque
26:09sont vraiment spectaculaires,
26:11mais c'est surtout
26:12en fait restée une icône
26:13qui a osé remettre
26:15en question l'ordre établi,
26:17qui a aussi pavé la voie
26:18à de nombreuses athlètes
26:19après elle comme toi.
26:21Son héritage
26:23est aussi un rappel important
26:24que l'effort individuel
26:26d'une seule femme,
26:28même dans des contextes
26:29qui sont difficiles,
26:31qui sont peu favorables,
26:33peut transformer
26:34tout le paysage
26:35d'un sport
26:35et inspirer des générations
26:37entières
26:38à rêver plus grand.
26:39Donc c'est vraiment
26:40un exemple intemporel
26:42pour toutes celles
26:42qui aujourd'hui encore
26:44se battent
26:45pour une reconnaissance
26:47dans le monde sportif.
26:48Elle a été précurseur
26:49et dans un monde
26:50où il y avait moins
26:50de communication
26:51et où tout se faisait
26:52de manière beaucoup plus anonyme.
26:54Mais quand on entend dire
26:55qu'on pensait que les femmes
26:56ne pouvaient pas couvrir
26:56plus de 400 mètres,
26:58mon Dieu.
26:58La photo de la semaine.
27:00Alors oui,
27:00le mois dernier,
27:01le 13 avril 2025,
27:03c'était le Marathon Paris.
27:05Ils étaient plus de 55 000 coureurs
27:07à prendre le départ.
27:08C'est un record
27:09pour cette 48e édition.
27:12Mais l'image à retenir vraiment,
27:14c'est celle de Louise et Léantine,
27:16les ambassadrices du Marathon,
27:18qui ont franchi
27:19la ligne d'arrivée.
27:21En fait,
27:21à travers leur association,
27:22elle vise à former
27:23des binômes
27:24anti-valides
27:25grâce au sport.
27:27Et en fait,
27:27ces deux jeunes femmes,
27:28elles ont adapté
27:29le fauteuil de Louise
27:30pour rendre possible
27:31la course en duo.
27:33Et donc,
27:33leur but,
27:34c'est de démocratiser
27:34cette technologie
27:35pour permettre
27:36à d'autres
27:37d'en profiter.
27:38Et je crois
27:38qu'avec cette belle image,
27:40l'objectif est rempli.
27:41Tu es d'accord avec ça ?
27:42Oui,
27:43c'est génial,
27:45c'est hyper touchant.
27:46C'est le dépassement.
27:48C'est aller encore plus loin
27:50que tout.
27:52Exactement,
27:52c'est là où tu te dis
27:54qu'il y a,
27:55je pense,
27:55une grosse force mentale
27:56derrière tout ça.
27:57Évidemment.
27:58Merci beaucoup,
27:59merci Julie.
28:00Merci à vous.
28:00Merci Anaïs,
28:01on le suit au France
28:02et au Mondiaux
28:02à Tokyo au mois de septembre.
28:03Oui, c'est ça.
28:04Merci à vous tous
28:05et à vous toutes
28:05pour votre fidélité.
28:06Merci à toutes les équipes
28:07qui ont travaillé
28:07sur cette émission.
28:08Anthony Drevet à l'édition,
28:10François Caudal,
28:10Le Real,
28:11Esteban Lepic au son
28:12et Sandrine David au maquillage.
28:14On vous dit à bientôt.

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