Crise Paris-Alger : détention d’un agent consulaire algérien en France, l'Algérie menace de représailles

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00:00Voilà quand on reparle de l'Algérie, on n'a pas cessé d'en parler.

00:02Ah, ça faisait longtemps.

00:03Non mais ça faisait longtemps.

00:04Non mais écoutez, Paul Melun, Véronique Jacquier, franchement c'est une blague.

00:07C'est une blague.

00:09Donc, on nous dit Jean-Noël Barraud est allé en Algérie, tout va bien, avec le président Tebboune,

00:15c'est la voie de la réconciliation, ça n'a pas duré longtemps, l'Algérie menace la France de représailles

00:19parce que l'on détient un de ses agents consulaires qui est soupçonné d'être impliqué dans l'enlèvement.

00:24Non mais, on rappelle l'histoire d'un opposant algérien sur le sol français.

00:29Ils étaient trois hommes quand même qui ont enlevé cet opposant algérien qui était un influenceur

00:34et qui l'ont séquestré.

00:35Les faits se sont déroulés il y a un an et on ne l'a appris en fait que cette semaine.

00:41Mohamed Sifawi qui était avec nous hier, je voudrais juste qu'on réécoute ces mots dans le studio

00:44parce qu'on en parlait hier, c'est incroyable.

00:46Revenez sur les derniers développements de l'enquête et sur le profil de la personne qui est mise en examen.

00:50Regardez, écoutez.

00:51La personne qui a été arrêtée est un agent consulaire.

00:53C'est un militaire qui est un membre des services de renseignement

00:56et qui avait pour mission de liquider un influenceur, un blogueur algérien sur le territoire national.

01:05Donc, il faut qu'on arrive à peser.

01:07Et cet individu, c'est-à-dire ce vice-consul qui était en poste en France,

01:12a été exfiltré de France il y a de cela quelques mois

01:15pour rentrer en Algérie précipitamment parce que l'enquête justement avançait.

01:19Alors, ce qui est extraordinaire, c'est que les autorités algériennes retournent la situation

01:25et disent ce nouveau développement, je cite les mots du ministère algérien des affaires étrangères,

01:31ce nouveau développement inadmissible et inqualifiable causera un grand dommage aux relations algéro-françaises.

01:36Ils étaient engagés à ne pas laisser cette situation sans conséquence.

01:39C'est quoi ces menaces ?

01:40Comme si c'était nous, les Français, qui étions à l'origine de nos relations avec l'Algérie.

01:45Ce n'est pas comme s'il retenait un de nos plus grands auteurs français,

01:49puisque Boilem Sansal est français, depuis maintenant bientôt 150 jours,

01:53alors qu'il est malade, etc.

01:55Je ne refais pas une histoire qui est terriblement tragique,

01:58mais s'il y en a bien qui font en sorte d'envenimer les relations franco-algériennes,

02:03c'est bien le gouvernement algérien.

02:04D'autant que vous le rappeliez très justement Pascal, Jean-Noël Barraud et Emmanuel Macron,

02:10ont fait la diplomatie, la diplomatie française a fait tous les efforts du monde

02:13à déployer trous les trésors de diplomatie

02:16et d'essayer d'avoir une parole pondérée, modérée, respectueuse de l'Algérie

02:22et que finalement on a l'impression que le gouvernement algérien

02:26n'a que faire de la bonne volonté de la diplomatie française,

02:30continue à retenir Boilem Sansal, continue à ne pas reprendre ses OQTF

02:33et désormais on a cette espèce de cirque sur notre sol digne d'un mauvais James Bond,

02:38du genre règlement de compte avec cet influenceur

02:41et on nous dénie le droit de faire la justice sur notre sol

02:43parce que c'est de cela dont il s'agit.

02:45Sur le sol de France, on ne commet pas des assassinats ciblés

02:48ou des mesures de rétorsion contre des opposants politiques.

02:50Donc il est temps bien sûr de taper du poing sur la table contre l'Algérie,

02:54mais j'ai l'impression de prononcer cette phrase cette semaine.

02:55C'est insupportable, on le dit à chaque fois et on ne bouge pas Véronique Jacquet.

03:00J'ai l'impression que le gouvernement n'a pas compris ou fait mine de ne pas comprendre

03:04que le pouvoir algérien, bien entendu, il n'est pas capable,

03:08le régime algérien n'est pas question évidemment de mettre tous les habitants de l'Algérie dans le même panier.

03:15Le régime algérien, vous savez il y a des gens qui ne sont bien que dans le conflit.

03:19Et bien ce régime algérien, il n'est bien que dans le conflit.

03:22Il ne faut pas oublier que c'est un pouvoir militaire,

03:26donc ils n'ont pas tout à fait les mêmes us et coutumes démocratiques que nous,

03:29déjà c'est une première chose.

03:30La deuxième c'est qu'ils ont une forme de rente mémorielle de haine avec la France,

03:37qui date de la fin de la guerre d'Algérie.

03:40Si vous prenez un livre scolaire fait pour les collégiens ou les lycéens en Algérie,

03:45on ne vous montre qu'un côté de l'histoire de la guerre d'Algérie.

03:49Ce n'est pas factuellement quelque chose de pondéré.

03:52et d'équilibré.

03:53Donc on façonne les petits Algériens à haïr ce pays de l'autre côté de la Méditerranée.

03:59Qu'est-ce que vous voulez qu'il en sorte de bon ?

04:01Ça c'est la première chose.

04:02Il y a quand même un constat qui fait que c'est seulement sur le très long terme,

04:06en assumant un rapport de force avec un pouvoir politico-militaire,

04:11qu'on s'en sortira.

04:12C'est-à-dire leur dire, on va traiter d'égal à égal,

04:15on oublie cette histoire de rente mémorielle.

04:19Donc Jean-Noël Barraud, quand il est allé à Alger,

04:21c'est comme s'il était allé à Canossa.

04:23Vous savez, c'est-à-dire qu'il a mis un genou à terre devant le pouvoir,

04:28puisqu'il n'a pas été question des OQTF,

04:31silence assourdissant sur les OQTF.

04:33Oui, exactement.

04:33Pas question des laissés-passés consulaires,

04:36pas question de parler des visas.

04:38Mais alors on parle de quoi ?

04:39Ça sert à quoi que le ministre des Affaires étrangères...

04:41Les Boilelles sans salle !

04:42Vous souvenez, ça sans salle !

04:43C'était la fin du communiqué, Véronique Jacquier.

04:46Oui, nous avons bon espoir !

04:48Non mais si forcément le sujet des Boilelles sans salle a été évoqué.

04:51Seulement, on sait très bien qu'Alger est en train de mettre sur la table,

04:55ou sous la...

04:55Oui, sur la table des...

04:57Il monnaye, il veut monnayer.

05:00Alors je pense que le pouvoir français est bien embêté.

05:02Mais on n'a pas à se laisser dicter une conduite et une politique.

05:06Vous vous rendez compte où on en est ?

05:07Non mais c'est incroyable.

05:09Là où on voit aussi nos commentateurs faire notre...

05:11Pardonnez-moi, je termine.

05:13Il en va de la souveraineté de la France.

05:14Nous avons 7 millions en France d'Algériens ou de Franco-Algériens.

05:19Voilà le vrai sujet.

05:20Il est là.

05:21Et Emmanuel Macron n'aborde pas cette dimension politico-diplomatique.

05:25Paul Menard ?

05:26Non, là où nous-mêmes commentateurs devons faire attention à ce que l'on dit,

05:29c'est que...

05:30En fait, nous on dit qu'il faut taper du poids à la base.

05:31Après, en termes concrets, qu'est-ce que le gouvernement français peut faire de plus ?

05:36Qu'est-ce qu'on peut faire de plus pour libérer Boilem Sansal ?

05:38Pour le moment, il y a une stratégie,

05:39alors je ne sais pas si c'est ce qu'a déployé Jean-Noël Barraud lorsqu'il s'est rendu en Algérie,

05:43qui vise, et c'est la grande tradition de la diplomatie française,

05:46mais pas que, de toutes les diplomaties,

05:47qui vise à essayer, par des négociations dont probablement nous n'avons pas accès à la substance,

05:52puisque c'est par essence confidentielle,

05:54pour essayer de libérer Boilem Sansal.

05:56Moi, je suis membre de son comité de soutien, Boilem Sansal.

05:59On est nombreux à espérer que ces négociations, elles aboutissent.

06:02Et donc, elles nécessitent aussi, pour qu'elles réussissent,

06:04un peu, je ne dis pas que ça veut dire qu'il ne faut rien dire du régime algérien, pas du tout,

06:08mais ça nécessite aussi de notre part un peu de pondération, un peu de modération,

06:12parce qu'il y a des négociations qui sont en cours pour le faire sortir.

06:15Et le but, c'est aussi qu'on évite de les faire capoter,

06:17en se brouillant vraiment durablement avec l'Algérie.

06:20En tout cas, tant qu'ils retiennent Boilem Sansal,

06:22moi, je pense qu'il faut aussi parler la voie de la diplomatie,

06:26et qu'il n'y a pas qu'aller à Canossa,

06:27il faut aussi parler le langage de la diplomatie,

06:29discuter avec les Algériens,

06:31ça ne veut pas dire qu'après, il n'y aura pas de précieux.

06:32L'ancien ambassadeur de France,

06:35l'ancien ambassadeur de France,

06:36qui vient souvent ici, nous dit,

06:39ils ne comprennent que la force.

06:40Mais c'est ce que je vous dis.

06:41Que la force.

06:42C'est ce que je vous dis.

06:43La diplomatie, non mais c'est ça, Véronique Jacquet.

06:44Non mais je voudrais répondre à ce que vient de dire Paul Melun,

06:47parce que je suis aussi membre du comité de soutien à Boilem Sansal,

06:49et Noël Lenoir, qui est la présidente du comité de soutien,

06:54est la première à dire que la diplomatie, c'est bien,

06:56mais que malheureusement, ça ne suffit pas.

06:58Xavier Driancourt, l'ancien ambassadeur de France à Alger,

07:01est également membre de ce comité de soutien.

07:04C'est l'un des meilleurs amis de Boilem Sansal.

07:06Donc évidemment, il est très très inquiet de voir Alger

07:09tenter de monnayer au prix fort sa libération,

07:12et de voir qu'on est en train de se coucher.

07:15C'est-à-dire, quand Jean-Noël Barraud revient,

07:17et qu'on ne parle plus de visa, plus de laisser passer consulaire,

07:20plus d'OQTF, et que sincèrement,

07:22à part Emmanuel Macron, qui nous dit,

07:24on a bon espoir de le voir libérer,

07:25mais dans six mois, à mon avis, ce sera toujours morne pleine,

07:28ça s'appelle se coucher.

07:29Donc la diplomatie ne peut pas porter du fruit

07:32avec des gens qui sont intrinsèquement dans le conflit.

07:35C'est comme dans une famille, ça ne marche pas.

07:37D'accord.

07:38Alors qu'est-ce qu'on fait ?

07:39Jean-Noël Barraud, quand même, s'est rendu à Alger.

07:41Donc c'était le 6 avril, c'était il n'y a pas longtemps,

07:43vous vous rendez compte ?

07:44Le 6 avril, il avait rencontré M. Théboune,

07:48et qu'avait-il dit le ministre français ?

07:49Je le rappelle quand même.

07:50Il a insisté sur sa volonté de reconstruire

07:52un partenariat d'égal à égal,

07:54serein et apaisé,

07:55annonçant une nouvelle phase entre les deux pays.

07:58On a envie de rire.

08:00Ça, c'est le discours qu'il faudra avoir

08:01une fois que Boilem Sansal sera libéré.

08:03Parce que précisément,

08:04et là, pour le coup, j'ai des accueils à Véronique,

08:05c'est égal à égal que doit s'installer

08:07la diplomatie franco-algérienne.

08:09Et il n'y a pas, il est vrai que l'Algérie,

08:11il y avait un très bon livre qui s'appelait

08:12Mémoire coupable, qui a été écrit par Marou Nédé,

08:14qui a expliqué ça,

08:15c'est-à-dire que l'Algérie a élevé

08:16des générations entières

08:17dans le ressentiment vis-à-vis de la France

08:19et dans l'idée sur laquelle

08:20si l'économie algérienne ne fonctionne pas bien,

08:22c'est la faute à la France,

08:22aujourd'hui encore.

08:23Si, en gros, la France est responsable

08:25de tous les problèmes actuels de l'Algérie,

08:26il n'y a absolument aucun sens.

08:28Donc, il faut dire aux diplomates algériens,

08:29désormais,

08:30parce que sinon, ce serait du néocolonialisme,

08:32désormais, l'Algérie,

08:33nous sommes à égalité avec vous,

08:34nous traitons comme deux puissances

08:35et donc, on ne se traite pas avec violence,

08:38avec une forme de bellicosité,

08:40mais en même temps,

08:41on ne va pas non plus

08:41vous donner le bon Dieu sans confession

08:43sous prétexte que, jusqu'en 1962,

08:45il y a eu la guerre en Algérie.

08:49Hier soir, Choky Benzera,

08:52qui est activiste et réfugié algérien en France,

08:54lui aussi était dans le viseur

08:56des autorités algériennes.

08:57Que disait-il ?

08:58Que commettre un enlèvement sur le sol français,

09:00c'est du jamais vu ?

09:01Écoutez.

09:02Depuis au moins maintenant deux ans,

09:04le régime algérien,

09:05c'est comme si le régime algérien

09:07voulait transformer la France

09:09en une république bananière,

09:10parce que commettre un tel acte

09:13sur le sol français,

09:14ça, on n'en a jamais.

09:16C'est une première, Choky Benzera.

09:17Bien sûr, imaginez aussi maintenant

09:20le message, le signal qui est envoyé,

09:22c'est-à-dire que c'est comme si

09:23maintenant la France a des conflits,

09:26a des problématiques avec la Turquie,

09:28avec la Russie,

09:29demain, est-ce que M. Erdogan

09:31ou M. Poutine ne se diraient pas

09:32qu'on peut commettre des actes en France

09:34contre des opposants de leurs pays respectifs ?

09:37Bon. Oui, Féronique Jacquier.

09:39Oui, c'est un point qui est important,

09:42effectivement, c'est-à-dire qu'il faut savoir

09:43que les services secrets algériens

09:45sont formés par les services secrets russes.

09:47Et donc la France est très, très prudente

09:49et fait très attention,

09:51parce que je ne dis pas que c'est facile

09:53d'imaginer des attentats fomentés

09:56sur notre sol.

09:57Heureusement, on apprend souvent

09:59que beaucoup sont empêchés.

10:01mais il y a quand même cette menace.

10:03Il y a cette menace sur notre souveraineté.

10:06La France peut être directement visée

10:08par les services secrets algériens

10:11qui, je vous le dis,

10:13sont formés par les services secrets russes.

10:15Donc on est quand même obligés

10:17de faire attention.

10:18Ensuite, deuxième arme

10:20qui est possiblement aux mains

10:22des Algériens, du régime algérien,

10:26et quelque part ça peut être

10:27parfois plus efficace qu'un missile,

10:29c'est effectivement d'ouvrir

10:30une voie migratoire.

10:32Et là, quand on ouvre la porte

10:33ou quand on encourage

10:34des centaines de milliers d'Algériens

10:36à venir en France

10:37avec des intentions

10:38qui ne sont pas forcément

10:39ni pacifiques ni charitables

10:40pour déstabiliser un pays,

10:43on peut comprendre

10:44que le gouvernement

10:45fasse aussi attention.

10:47Maintenant, quand on a

10:48toutes ces données entre les mains,

10:49j'estime que dans la plus haute

10:52sphère de l'État,

10:53on est quand même en capacité

10:54d'en tirer quelques conclusions.

10:57Sur les services secrets,

10:58c'est intéressant.

10:59C'est vrai qu'on se croirait

11:00un peu dans un film d'espionnage,

11:01mais sur les services secrets

11:02qui commettent des assassinats

11:03ciblés dans un certain nombre

11:04de pays ou qui interviennent

11:05dans d'autres pays,

11:07malheureusement,

11:08là on est dans le domaine

11:08de l'ombre,

11:09dans les relations diplomatiques,

11:10mais ça existe sur le globe entier.

11:12Le président François Hollande,

11:13quand il avait fait le livre,

11:14vous savez que Davé et l'homme,

11:15le président ne devraient pas dire ça,

11:16il avait avoué avoir commandité

11:17des assassinats ciblés

11:18au nom de la France

11:19avec les services secrets français.

11:21Donc ça existe

11:22dans tous les pays du monde,

11:23seulement, généralement,

11:24on fait en sorte

11:25de ne pas se faire prendre.

11:26Il y a ce type de règlement,

11:27il y a de l'espionnage partout,

11:29probablement qu'à l'heure

11:29où nous parlons,

11:30je ne veux pas faire peur

11:30à nos auditeurs,

11:31il y a des espions chinois,

11:33russes,

11:34des gens de la NSA,

11:35je ne sais pas,

11:36qui espionnent.

11:37Le téléphone de Merkel

11:37avait été mis sur écoute

11:38à l'époque par les services américains.

11:40Donc il y a un monde

11:41d'espionnage dans le monde entier.

11:42Ça ne veut pas dire maintenant

11:43que nous en France,

11:44on ne doit pas faire respect

11:44de notre souveraineté,

11:45se méfier,

11:46il y a du contre-espionnage en France,

11:47on a des services de très haut niveau,

11:49donc je ne veux pas non plus

11:50paraître le ravi de la crèche,

11:51mais on a des modèles

11:52de contre-espionnage

11:53qui sont très perfectionnés en France.

11:55Donc si on peut arrêter

11:56ce type de services secrets,

11:57tant mieux,

11:58continuons.

11:59Dans un instant,

12:00nous allons parler

12:00du festival du livre,

12:02j'imagine que vous avez suivi ça,

12:04à Paris,

12:05des militants d'extrême-gauche

12:06qui ont pris d'assaut

12:07le stand Fayard

12:08avec des slogans

12:10très hostiles.

12:12Voilà,

12:12et ils ont son prix aussi

12:13à Europe 1,

12:15à CNews...

12:16On va en reparler

12:17dans un instant.

12:18C'est tout de suite

12:19sur Europe 1,

12:1919h44.

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