Interview Brut : Rio Mavuba

Brut

Migrant débarqué enfant en France sur un bateau de fortune, il a réussi à force de travail à devenir joueur de l'équipe de France et à participer à une Coupe du monde.  Une vie incroyable que le footballeur RioMavuba raconte à Brut.

Transcript

00:00Je suis un immigrant. Enfin, je le suis et je le serai toujours.

00:17Mes parents ont fui la guerre civile en Angola.

00:20Et donc, ils sont partis en bateau et ils sont arrivés du côté de Marseille.

00:26Ça fait partie de mon histoire.

00:30C'est un modèle, même si je n'ai pas pu voir ses matchs ou ses actions.

00:47Je pense qu'il m'a transmis sa passion, naturellement.

00:51Et évidemment que ça reste mon modèle numéro un.

00:54J'ai perdu mon papa à l'âge de 13 ans et je ne me suis pas apitoyé sur mon sort.

00:58Ça m'a donné encore plus de force, d'énergie, de caractère.

01:03Et évidemment que le foot aussi, c'était un échappatoire.

01:06Malheureusement, le décès de ma maman, je n'ai pas de souvenirs.

01:12J'avais deux ans.

01:14Et évidemment que le décès de mon papa, ça m'a plus marqué.

01:17Et justement, heureusement qu'il y avait le foot pour me faire changer les idées,

01:23me raccrocher à quelque chose.

01:24Grâce au mental, on peut retourner des situations très compliquées.

01:27Ça a été un des éléments clés de ma carrière.

01:32Et du fait que je suis un passé professionnel, c'est que je ne lâchais pas.

01:47J'étais heureux.

01:48Et puis ensuite, on m'a dit, tu ne pourras pas le faire parce que tu n'as pas de papier français.

01:52Et c'est là où, quelque part, ma vie éclate un peu au grand jour.

01:59Évidemment, je suis tombé en sanglots parce qu'il fallait replonger dans des souvenirs qui sont assez douloureux.

02:06Et c'est là où les gendarmes ont commencé à m'aider dans les démarches.

02:22Ce 15 juin 2014, il restera toujours gravé parce que j'ai eu la chance, 40 ans après mon père,

02:28de jouer un match de la phase finale de la Coupe du Monde.

02:31C'était un moment, pour moi, rempli d'émotions.

02:34Même si je n'ai fait qu'un match, ça reste quand même l'une des plus belles choses que j'ai pu faire.

02:40Étant donné le parcours, c'est une fierté de pouvoir aider et représenter le pays qui t'a donné une chance,

02:47qui t'a accueilli.

02:49Il y a encore, je pense, plus de fierté.

02:53En tout cas, pour ma part, c'est comme ça que je l'ai ressenti.

02:55Je ne suis pas en train de dire que celui qui a toujours été vencé n'est pas fier.

02:59Mais évidemment, pour moi, je l'ai ressenti comme ça.

03:01J'étais très fier, très honoré de pouvoir représenter la France.

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