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Le grand témoin - Denis Olivennes
Télématin
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il y a 10 mois
Retrouvez les émissions en intégralité sur https://www.france.tv/france-2/telematin/toutes-les-videos/
Dans « le grand témoin », Télématin reçoit Denis Olivennes, président d'Editis et essayiste.
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00:00
Seriez-vous prêts à travailler plus pour gagner plus ?
00:03
La question ne date pas d'hier, mais elle revient dans l'actualité grâce à votre grand témoin, Flavie.
00:08
Bonjour Denis Oliven, merci d'être avec nous ce matin.
00:11
Vous êtes chef d'entreprise, vous êtes essayiste, et vous venez de publier ce livre,
00:17
« La France doit travailler plus et les Français être mieux payés » chez Albain Michel.
00:21
Dites donc, heureusement que vous nous apportez la deuxième partie de la phrase quand même,
00:24
parce que je me mets à la place de ceux qui nous regardent et qui disent
00:26
« mais moi je bosse bien là, c'est comme ça ». Est-ce que vous pouvez nous expliquer davantage votre constat ?
00:30
Et ils ont raison, et c'est un titre un peu provocateur fait pour attirer votre attention.
00:35
Je ne voudrais pas effrayer ceux qui nous écoutent à 8h15.
00:37
Le point clé, c'est plutôt être mieux rémunéré, parce que ce qui différencie la France de ses voisins,
00:43
c'est que les gens qui travaillent sont mal payés.
00:45
Si vous comparez aux Allemands par exemple, les Allemands sont payés 10% de plus.
00:49
Et ça n'est pas que les entreprises soient puradines, elles le sont peut-être parfois.
00:53
C'est qu'on a un système français qui dissuade de bien payer les travailleurs
00:59
parce qu'il y a trop de cotisations et d'impôts sur les revenus du travail.
01:04
Et si on ne change pas ça, c'est pour ça que j'ai écrit ce livre,
01:07
en essayant d'expliquer de manière pédagogique pourquoi on peut le changer,
01:10
si on ne change pas ça, on continuera d'avoir ce problème de pouvoir d'achat qui mine le pays.
01:15
Donc ça n'est pas tant les travailleurs que vous incriminez dans votre ouvrage,
01:18
mais que les taxes et les impôts qui leur sont imposés à eux comme à leurs employeurs.
01:25
Mais néanmoins, vous employez cette expression de la défaite du travail.
01:29
Est-ce à dire que la France est aussi devenue un pays de cossards ?
01:34
Non, pas du tout, du tout.
01:36
D'ailleurs, moi mon sujet n'est pas, comme à l'époque de Nicolas Sarkozy,
01:40
de faire plus travailler ceux qui travaillent déjà.
01:42
Vous, vous tous, moi et ceux qui nous écoutent et qui travaillent,
01:45
travaillons à peu près assez, un peu moins que les autres en Europe,
01:49
mais ce n'est pas ça qui est significatif.
01:50
Ce qui est significatif, c'est que nous ne sommes pas assez nombreux à travailler.
01:54
6 Français sur 10 ne travaillent pas.
01:56
C'est-à-dire que les 4 Français qui travaillent, on peut leur demander beaucoup,
02:00
mais ils ne peuvent pas faire le job pour tout le monde.
02:03
Et pourquoi est-ce qu'on est si peu nombreux à travailler, si je me compare à d'autres pays ?
02:08
C'est parce qu'on n'est pas assez payés.
02:10
Il n'y a pas une incitation forte à travailler.
02:12
Donc les jeunes en formation, beaucoup moins d'alternance que les Allemands,
02:17
les personnes, les femmes, en particulier aux foyers,
02:20
moins de temps partiel complémentaire qu'en Allemagne,
02:23
ou les gens entre 55 et 65 ans, c'est la question de la retraite,
02:28
mais prenez la réforme des retraites.
02:30
Si on avait dit aux Français au moment où on a fait cette réforme,
02:32
écoutez, bien sûr vous allez travailler deux ans de plus,
02:35
mais vous allez être payés un 13e mois, voire un 13e mois et demi.
02:40
Je pense que leur rapport avec cette réforme aura été changé.
02:42
C'est ça le nœud du problème français.
02:44
C'est ça qu'il faut qu'on traite.
02:46
On a trop d'impôts et de cotisations qui pèsent sur le travail.
02:50
Il y a les retraités, mais il y a aussi les jeunes.
02:53
Est-ce que vous avez le sentiment qu'on ne leur transmet pas quand même
02:57
le goût du travail dans notre société aujourd'hui ?
02:59
Je sais qu'on le dit beaucoup, je ne le crois pas.
03:01
Et d'ailleurs, je ne le crois pas comme chef d'entreprise, parce que je le vois.
03:04
Quand vous mettez les jeunes dans une situation de travail intéressante,
03:08
et par ailleurs, vous les payez bien, parce que les jeunes sont ceux qui sont le moins payés.
03:12
Donc pourquoi est-ce que les jeunes allemands seraient moins flémards que les jeunes français ?
03:17
Non, je crois que c'est simplement que notre système de rémunération est inadapté.
03:20
Payons bien nos jeunes et offrons-leur des conditions de travail intéressantes
03:25
et vous verrez qu'ils seront capables de se mobiliser.
03:26
Dans les start-up, quand ça les intéresse et qu'ils ont une perspective de rémunération intéressante, ils bossent.
03:33
Mais le système éducatif allemand n'est pas le même.
03:35
Moi, j'en reviens aussi au goût du travail.
03:37
Je ne sais pas si vous vous rendez compte, vous...
03:39
C'est quoi surtout la solution ?
03:41
Docteur Kierseck, est-ce que l'État a compris ça ?
03:44
Le nouveau ministre de l'économie a compris ça ?
03:46
Comment on fait pour relancer ?
03:47
Comment on fait, c'est très très simple.
03:49
Et c'est d'ailleurs pour ça que j'ai écrit ce livre.
03:51
On déplace une bonne partie de la fiscalité qui pèse sur les revenus du travail
03:57
et on est le pays d'Europe qui impose le plus le travail.
04:00
On les déplace vers d'autres sources.
04:02
Si vous déplacez 90 milliards, ce n'est pas énorme.
04:06
Il y a à peu près 700 milliards d'euros d'impôts et de cotisations.
04:09
10% à peu près des cotisations vers une autre source de revenus.
04:14
Vous augmentez ipso facto immédiatement d'un 13e mois les actifs occupés,
04:20
c'est-à-dire à peu près 200 euros par mois, 250 euros par mois pour la moyenne des Français.
04:25
Et ça change absolument.
04:26
C'est la différence entre un pays qui va bien et un pays qui va mal.
04:29
Si on payait mieux les Français, notre pays irait beaucoup mieux qu'il ne va aujourd'hui.
04:33
Comment, concrètement, par exemple ?
04:35
Qu'est-ce qu'on gagnerait à travailler plus pour nous à titre personnel et pour le pays ?
04:39
Non, point 1, on paye mieux ceux qui travaillent.
04:42
Demain matin, on transfère une partie des cotisations et des impôts vers d'autres sources, d'autres recettes.
04:49
On augmente votre salaire net.
04:50
Ipso facto, le pays va mieux.
04:52
Et dans ma vie quotidienne, alors, qu'est-ce qui va s'améliorer ?
04:55
Pour votre vie quotidienne, vous, vous allez être payé mieux.
04:57
Demain matin, 10% de plus, un 13e mois.
05:00
Et par ailleurs, ça va avoir un autre effet.
05:01
Ça va avoir l'effet que ça va inciter à travailler d'autres gens qui ne travaillent pas aujourd'hui.
05:06
On va être plus nombreux à travailler.
05:08
Etant plus nombreux à travailler, on va créer plus de revenus fiscaux pour l'État.
05:12
On va mieux servir les services publics.
05:15
On va distribuer plus de pouvoirs d'achat.
05:16
Et collectivement, on sera tous plus heureux.
05:18
Est-ce que vous avez envoyé votre livre à ceux qui décident,
05:21
à ceux qui prennent les décisions, les hommes et les femmes politiques ?
05:23
C'est ça qui me navre le plus.
05:25
C'est que moi, ça me paraît évident.
05:27
Et j'ai essayé de l'expliquer de la manière la plus pédagogique.
05:30
Pourquoi ce qui me paraît évident à moi,
05:32
il y a un tas de gens qui regardent la France,
05:33
il suffit de nous comparer à d'autres pays.
05:35
Pourquoi ça ne paraît pas évident aux hommes politiques ?
05:37
Pourquoi ils ne s'en emparent pas ?
05:38
Donc moi, j'ai fait ça pour que chacun d'entre nous en soyons conscients
05:42
et qu'on exerce une pression aimable sur ceux qui nous dirigent pour qu'ils fassent…
05:46
Mon rêve, ce serait qu'un Premier ministre fasse sa déclaration de politique générale
05:51
et dise j'ai trois priorités.
05:53
Un, le travail.
05:54
Deux, le travail.
05:55
Et trois, le travail.
05:56
On va l'envoyer à François Bayrou, ne vous inquiétez pas.
06:02
Merci beaucoup Denis Oliven d'avoir accepté notre invitation.
06:05
La France doit travailler plus et les Français être mieux payés.
06:08
C'est chez Albin Michel, merci à vous.
06:09
Le travail, c'est la santé, c'est ce que chantait…
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