Anna Roy raconte son combat pour se débarrasser de son addiction au sucre

COSMOPOLITAN

il y a 10 mois

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00:00Elle me dit « Je t'aime tellement et je suis hyper inquiète pour toi et j'ai pas envie que tu meurs. »

00:06Bonjour, je m'appelle Anna Roy, je suis sage-femme, autrice, chroniqueuse et plein d'autres choses.

00:11Et aujourd'hui, je viens vous parler de mon livre qui s'appelle « Enorme »

00:14qui est paru aux éditions Larousse et qui raconte un peu une traversée du désert,

00:19une histoire de poids, une histoire d'addiction au sucre, une histoire de plein de choses pour Cosmo.

00:23Le sucre, il faut le dire au début, ça a été un plaisir extraordinaire.

00:26Ça a été une source de réconfort, c'était anesthésiant, c'était calmant, c'était somnifère,

00:31ça avait plein de vertus dans ma vie qui a été vraiment difficile à un moment.

00:34C'est comme une rampe qu'on lâche et ça, c'est vraiment 2013-2014.

00:39Les éléments déclencheurs, c'est rétrospectif, il y a des traumas, il y a deux viols,

00:42il y a la mort de mon père, il y a des arrêts naturels de grossesse qui vont encore aggraver le phénomène.

00:47Je peux vous dire par exemple qu'à mon mariage, 2015, j'avais déjà pris 20 kilos en l'espace d'un an

00:52et qu'après, ça s'est encore beaucoup plus accentué.

00:54Juin 2022, je pesais 126,8.

00:56En fait, le sucre, c'était mon doudou, c'est pas cher, c'est accessible, il y en a partout.

01:00Et puis, il y avait aussi un côté dans la prise de poids d'être protégée,

01:04de plus susciter le désir des hommes.

01:06En tout cas, j'étais sortie du champ de la séduction et à partir de 17h,

01:09c'est un enchaînement absolument terrible, c'est-à-dire deux pâtisseries,

01:12un énorme dessert et une autre prise de sucre juste avant de me coucher.

01:16Après, ce qui va se passer, c'est qu'au fil du temps en plus,

01:18dès que j'ai des gros stress, des coups de mou dans le boulot, des trucs un peu difficiles,

01:22hop, j'y ajoute des shoots en journée.

01:24Je sentais que je ne pouvais plus courir derrière un bus,

01:26je sentais que je ne pouvais plus monter 4 à 4 les escaliers.

01:29Et puis, les vêtements, c'est-à-dire que je ne rentrais plus dans rien,

01:31en tout cas, ce qui avait été mes vêtements que j'aimais tant parce que j'adorais la sape.

01:34On sent, dire qu'on voit, je ne sais pas parce que je ne me regardais plus.

01:37Alors, c'est pour ça que la télé, d'ailleurs, quand j'ai commencé la télé, ça a été un enfer

01:40parce que j'étais obligée de me voir, c'était cauchemardesque, donc je baissais les yeux.

01:42Rien n'est prévu pour des gens qui ont un poids qui n'est pas le poids standard.

01:47Vous ne pouvez pas aller au théâtre.

01:49Dans les transports, vous êtes extrêmement mal ou vous gênez tout le monde.

01:52Mettre mes lacets, c'était une épreuve de force.

01:53Toute la société n'est absolument pas prévue pour des gens qui ont le poids qu'ils ont.

01:59Et ça, c'est très dur.

01:59Vous avez des chuchotements quand vous arrivez en soirée,

02:01il y a des gens dans le métro qui disent des trucs, vous les entendez, vous dites OK.

02:04Enfin, c'est fou comme les gens sont capables de méchanceté.

02:06Et je vous passe des phrases d'une violence comme

02:08« Écoute Anna, c'est une question de volonté, à Auschwitz, il n'y avait pas de gros. »

02:12Waouh !

02:12Enfin, vous mangez des trucs d'une violence inouïe.

02:15Il y a des gens qui sont grossophobes à l'intérieur.

02:18Il y en a plein qui, au fond, pensent

02:19« Putain, il ne pourrait pas faire un effort.

02:21Putain, il pue.

02:22Putain, il prend trop de place, etc. »

02:23Je vais déjeuner avec Agathe Le Caron, qui est présentatrice de la Maison des Maternelles,

02:26qui est aussi une amie,

02:27et qui, je pense qu'elle va me virer de l'émission de la Maison des Maternelles

02:30parce que c'est comme ça, la télé, ça bouge, etc.

02:31Donc, j'arrive à la boule au ventre.

02:33Et en fait, elle me dit

02:34« Je t'aime tellement et je suis hyper inquiète pour toi et je n'ai pas envie que tu meurs. »

02:37Parce qu'elle savait que moi, j'avais pour le coup des gros problèmes de santé

02:40attenant à cette prise de poids ou cette addiction au sucre ou j'en sais rien.

02:43Et donc voilà, elle a mort.

02:44C'est un changement énorme.

02:44Ça a l'air vraiment un changement énorme dans ma tête.

02:46Je me suis réveillée un matin, j'ai décidé que c'était terminé.

02:48J'arrête le sucre, les pâtisseries, les gâteaux, les glaces, etc.

02:51Moi, ça a été la souffrance.

02:52Ça a été horrible.

02:53J'ai eu des symptômes de sevrage physique.

02:55J'avais des vertiges, des tremblements, des sueurs, des douleurs abdominales.

02:58J'étais obligée de me coucher en journée, chose qui ne m'arrivait jamais.

02:59Certainement, d'ailleurs, parce que j'étais très dépendante ou très malade avant.

03:04Mais non, non, ça a été horrible.

03:05Horrible, horrible, horrible.

03:07Alors, 1er mars 2023, j'arrête complètement la consommation de sucre.

03:11Et après, sur la perte de poids, je sens...

03:13Il y a un premier phénomène, c'est que je sens que je dégonfle.

03:16Mais vraiment comme un ballon de baudruche.

03:18Je me sens beaucoup mieux parce que j'ai une amélioration franche

03:21de ma santé physique et mentale.

03:22Et donc, ça, c'est vraiment chouette.

03:23Que l'addiction au sucre n'existe pas, mais...

03:26Et c'est là où c'est un sujet de débat complexe.

03:28Parce qu'il y a des gens qui disent, non, ça n'existe pas, ça n'existe pas.

03:29Mais il y a quand même des addictologues, des psychiatres qui disent,

03:33ah, pas si sûr, en fait.

03:34J'ai suivi un webinaire fait par un addictologue pour des addictologues,

03:38où ils montraient des images d'imagerie cérébrale,

03:40où on voit que dans la personne qui consommait beaucoup de sucre,

03:43elle activait exactement les mêmes zones que la personne qui était alcoolique,

03:46que la personne qui était héroïnomane.

03:48Alors que le sujet normal, entre guillemets sans addiction,

03:51n'activait pas ces zones.

03:52Donc, quand même, j'en sais rien, ce qu'on va découvrir et tout.

03:55Mais moi, j'ai quand même un doute.

03:58Sous-titrage Société Radio-Canada

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