00:00Bon Marc, déjà tous les voeux pour cette année 2, on va essayer, si je te dis 29 ?
00:09Je vois où tu veux en venir, mais ça passe vite.
00:12Tu l'aurais cru, parce que 29 c'est quand même un joli chiffre.
00:19Il y a même pire que ça, parce que si je compte mes années de coureur, c'est astronomique
00:27et c'est assez incroyable.
00:321997-2025, si on t'avait dit ça, tu l'aurais cru ?
00:38Pas forcément, le rêver peut-être, sûrement même, mais ma vie dans le cyclisme est quand
00:46même assez particulière, parce que j'avais 14-15 ans et à 14-15 ans j'avais envie d'être
00:53coureur cycliste professionnel, et comme j'ai souvent dit, j'ai eu la vocation d'être
00:58coureur comme on a la vocation d'être curé, et cette vocation je l'ai eue pendant une
01:02quinzaine d'années chez les pros, j'ai eu la chance de courir dans les plus grandes
01:05équipes du monde avec les plus grands coureurs au monde, les Hinault, les Fignon, les Lehmann
01:09et autres.
01:10J'ai eu cette chance en tant que coureur, et après mon idée c'était de partir d'une
01:15feuille blanche et de créer une équipe, donc pareil, deuxième vocation, j'avais une chance
01:20sur un million d'y parvenir, et 30 ans après je suis toujours là, donc c'est un peu vertigineux
01:27mais le temps passe vite, et je faisais les comptes, j'ai dû passer 40 mois sur le Tour
01:35de France à peu près, donc ça fait, si on divise par 12, j'ai dû faire 3-4 ans presque
01:42de ma vie sur le Tour de France.
01:46Tu l'as dit, une nouvelle saison commence, lors de la présentation, tu l'as dit, on
01:52repart à zéro, on repart vraiment à zéro.
01:54Quand j'étais coureur, je remettais le compteur à zéro le 1er janvier, quand je reprenais
01:58l'entraînement le 1er janvier, je tirais le rideau sur la saison précédente et le
02:03compteur était à zéro dans ma tête, et depuis que je suis patron d'équipe, à chaque
02:07fois c'est le même déclic, le 1er janvier, compteur zéro, on sort un nouveau cahier,
02:15on est parti pour une nouvelle aventure avec des gens différents, cette année j'ai la
02:19chance d'avoir une équipe de par circonstance, et un peu différente de ce que j'ai pu avoir
02:32peut-être certaines saisons, j'ai le sentiment d'avoir à tous les niveaux, tant au niveau
02:40de l'encadrement que des coureurs, des gens qui ont envie d'être là, des fois il y a
02:46des transferts qui se font pour d'autres raisons, là j'ai le sentiment qu'on a une équipe,
02:52il y a une osmose, il y a une adhésion, il y a un collectif, il y a une fidélité pour
02:59un certain nombre de coureurs qui est importante dans le cheminement de l'équipe, et ça je
03:09l'ai compris au cours du stage de Calpé au mois de décembre, en observant aussi bien
03:14l'encadrement que les coureurs, je me suis rendu compte qu'il y avait cette osmose.
03:19C'est pas étonnant du coup que tous les coureurs nous ont dit qu'ils pensent que
03:24l'équipe est plus forte, que votre équipe, que la groupe Amavédéji est plus forte en 2025 qu'en
03:302024 pour eux ? Je pense qu'on sera meilleur qu'en 2024 pour une raison déjà purement technique,
03:36c'est que je l'espère qu'on aura moins de blessés et de malades qu'on a eu sur la
03:40saison 2024 qui nous a quand même handicapés grandement pendant plus de la moitié de l'année,
03:44mais non je pense que l'équipe elle a su rebondir sur la dernière partie de la
03:50saison 2024 pour retrouver un standing et un niveau de compétitivité, et on s'est servi et
03:58on se sert de cette fin 2024 pour enclencher de la meilleure des manières 2025, et moi je
04:04sens une bonne cohésion et un bon tempo dans la vie de l'équipe. Un peu sportif, David Gaudu,
04:14Giro Tour, Guillaume Martin, Tour et Vuelta, c'est le bon combo, les deux sur le Tour après ? Oui
04:23c'est parfait, c'est nickel-chrome, pour moi ça va dans la direction qu'on souhaitait et j'ai pas
04:31de doute sur l'homogénéité de fonctionnement entre les deux coureurs parce qu'ils sont sur le
04:37même tempérament, ils sont sur la même envie de courir, je pense qu'ils ont une certaine maturité
04:43l'un et l'autre, et puis c'est pas toujours facile à expliquer mais je pense que le feeling est bon,
04:52j'ai pas besoin de chercher midi à 14h, le feeling est bon dans l'équipe. Pas le plus gros budget
05:00mais plein d'idées et du feeling. Oui et puis je pense qu'on essaie d'utiliser au mieux nos moyens
05:04et notamment dans l'accompagnement de nos coureurs, dans le matériel, dans la recherche,
05:09dans le développement, mais aussi dans l'accompagnement au niveau nutrition,
05:12au niveau préparation physique, les stages et autres. J'ai beaucoup de jeunes dans l'équipe,
05:19au niveau de l'encadrement, entraîneurs et accompagnants de l'équipe qui sont jeunes et
05:28qui ont envie. On a cultivé l'envie et cette envie devrait se traduire par des résultats sur la route.
05:34Ces dernières semaines, comme a pu nous le dire notre chroniqueur Cyril Guimard,
05:40Marc a beaucoup parlé mais il élucide le gars sur l'évolution du cycliste, tout ça, etc.
05:46Ça t'a agacé un peu tout ce qui s'est passé pendant l'intersaison ou pas du tout ?
05:50Non je suis pas agacé, je suis dans le réalisme. Après le sport cycliste est dans un
05:58virage. On va passer d'un sport économiquement, par rapport à des grands sports, assez faible.
06:06On voit bien qu'il y a une appétence et une attirance des grands sponsors mastodontes
06:13qui viennent vers le vélo. Donc ça va forcément modifier la philosophie et l'approche de ce qu'est
06:22le métier de coureur cycliste et de la vie d'une équipe.
06:25Il y a des choses à changer, il y a des choses à protéger ?
06:27Moi je pense qu'il y a une chose à protéger. Que le monde évolue, que la vie d'une équipe
06:32bouge et change, ça fait 30 ans que je le vis donc c'est normal. C'est l'évolution générale de la
06:38société. C'est logique et normal. Par contre il y a un truc auquel il faut faire je pense très
06:43attention, c'est garder la personnalité du coureur. C'est à dire que, je vais se faire très simple,
06:52il faut que le coureur puisse conserver sa spontanéité et s'exprimer par rapport à ses
07:00propres sentiments. Et pour résumer, éviter de robotiser le coureur.
07:06Tu parles des datas et compagnie ?
07:08Je parle des datas, je parle de la philosophie d'équipe, je parle du fonctionnement du coureur
07:16dans une équipe. Dans le sport, on ne se souvient que de ce qui est à sensation et où l'humain prend
07:27le dessus. J'en veux pour exemple Valentin Madouas, il n'a pas gagné, il a fait deuxième EGO. Mais si
07:40on regarde ce qui va rester en cette fin d'année 2024, il fera partie des choses qui restent.
07:48Pourquoi ? Parce qu'il a eu la chance d'être hyper opérationnel un jour, à un endroit qui était
07:57magique, le circuit de Montmartre sur les JO. Et il était dans ce rendez-vous, et il a capté le public.
08:10Le public l'a capté, comme il l'a capté Remco Evenepoel. Et Valentin, sans gagner, a transmis quelque chose
08:21dont on va se souvenir pendant très longtemps. Donc ça montre bien que l'humain et ce que le sportif transmet
08:31à travers sa performance est souvent plus important au final que le classement. Et ça, le monde moderne du cyclisme
08:44ne devrait jamais le perdre de vue. C'est-à-dire que ce n'est pas parce qu'on a les 25 meilleurs coureurs du monde
08:49dans la meilleure équipe, et qu'on les fait travailler ensemble du kilomètre 5 au kilomètre 50, c'est toi,
08:54du kilomètre 50 au kilomètre 100, c'est un autre, et ainsi de suite. Et puis il y a la rampe de lancement,
08:57et puis il y a le mec qui vient conclure. Quand on est dans quelque chose d'ordonné et de préparé minutieusement
09:03à l'avance, alors quand ça se fait une fois, c'est salué. Et quand ça se répète à l'infini, on s'emmerde.
09:14Donc ce qu'il faut, je pense, c'est qu'on arrive à laisser aux coureurs la part de magie qu'ils doivent conserver.
09:22Je pense que si on avait mis une oreillette et des ordinateurs auprès d'Eddie Merckx, je ne suis pas sûr qu'il aurait apprécié très longtemps.
09:32Et j'en connais un autre, le Blaireau, qui n'aurait sûrement pas supporté le truc très longtemps non plus.
09:36Et c'est pourtant des coureurs majeurs et mastodontes qu'on a eus dans notre sport.
09:42Et derrière, il y a eu d'autres sportifs qui ont gagné plein de grandes courses, mais dont on se rappelle à peine,
09:46parce qu'ils ne dégageaient pas cette personnalité et cette envie personnelle qu'ils avaient de s'affranchir en course.
09:55Et c'est ça qu'il faut qu'on garde dans le vélo. Et quel que soit le devenir économique ou la mondialisation du vélo, il faut que ça garde l'humain.
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