00:00Punchline, 18h-19h, Laurence Ferrari sur CNews et Europe 1.
00:1118h21, on se retrouve en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:14On va tout de suite prendre la direction du Tribunal Judiciaire de Paris,
00:17rejoindre Célia Barotte et Jean-Laurent Constantini.
00:19Bonsoir, ma chère Célia.
00:21Après deux mois, le procès du Rassemblement National,
00:24on l'évoquait sur le plan politique il y a un instant, touche à sa fin.
00:27La défense de Marine Le Pen aujourd'hui a tenté de convaincre le tribunal
00:31que la chef de file du parti était innocente,
00:34qu'elle ne méritait pas la mort politique programmée
00:36qui lui était promise par les réquisitions.
00:38Expliquez-nous un petit peu, parce qu'il va falloir du temps
00:40avant que le jugement ne soit rendu, Célia.
00:45Oui, Laurence, il va falloir être patient,
00:47puisque la décision sera rendue le 31 mars prochain,
00:51après la longue plaidoirie de Maître Bosselus, l'avocat de Marine Le Pen.
00:55Marine Le Pen n'a rien ajouté de plus à la barre,
00:58mais face aux journalistes en sortie d'audience,
01:00elle a déclaré que ce délai donné par le tribunal
01:03est révélateur des très nombreux sujets de droit qu'il va falloir trancher,
01:07que le tribunal va devoir trancher,
01:09et démontre que cette affaire n'est pas si simple,
01:12Marine Le Pen l'a affirmé.
01:13L'attente qu'il y aura pendant quatre mois n'aura aucune conséquence politique.
01:18Elle dit être toujours sereine et heureuse de faire à 100% son retour
01:22dans l'arène politique, notamment concernant le budget
01:25présenté par le gouvernement Barnier.
01:28Enfin, Marine Le Pen a déclaré que c'était la fin d'un procès
01:31fait par des politiques à des politiques, voire à la politique.
01:35Merci beaucoup Célia Barhaut avec Jean-Laurent Constantini.
01:38Ernaud Bénédicte, si la peine d'inégibilité, effectivement,
01:41est confirmée avant le jugement,
01:43le destin politique de Marine Le Pen est terminé,
01:46on est bien d'accord, au mois de mars, le 31 mars ?
01:49Moi, je me méfie en politique.
01:50La politique, c'est une longue vie en général, une longue carrière.
01:53L'inégibilité, ça court sur cinq ans.
01:55C'est sûr que ça handicaperait la stratégie de Marine Le Pen,
01:58c'est le moins qu'on puisse dire.
01:59Mais le gros avantage du Rassemblement national,
02:01c'est qu'en fait, il a aujourd'hui un tandem.
02:04C'est la force de ce parti, finalement, par rapport aux autres partis.
02:07Jordan Bardella ?
02:08Oui, il a Jordan Bardella, qui s'y prépare d'une certaine manière.
02:11Trente ans.
02:12On voterait pour un président de trente ans ?
02:16Il y a des aspérités.
02:17C'est-à-dire qu'on a eu un rajeunissement, quand même,
02:19de la scène politique française considérable ces dernières années.
02:22Ça commençait d'ailleurs avec Emmanuel Macron,
02:25qui est quand même le plus jeune président que la France ait élu.
02:27Trente ans.
02:28De toute son histoire, de toute son histoire.
02:30C'est-à-dire que pas seulement sur la Ve République,
02:32avec Valéry Giscard d'Estaing qui avait eu 48 ans,
02:34donc lui, il a dix ans de moins, quand il s'est fait élire.
02:37Et l'un des moins âgés était Louis-Napoléon Bollaparte.
02:43On dit 1848, mais Emmanuel Macron est quand même encore plus jeune.
02:46Non, il y a eu un rajeunissement.
02:48Mais la vérité, c'est que, oui, ça poserait un énorme problème
02:51au Rassemblement national.
02:52Il faut être clair, c'est une peine complémentaire.
02:56Parce que, d'abord, ça serait quand même un problème démocratique,
03:00sur le fond, on le voit ou non.
03:02Ça, c'est une réalité.
03:04On peut quand même être surpris que le ministère public,
03:08même s'il le peut, parce que la loi Sapin II,
03:10il faut le rappeler, l'autorise, en l'occurrence,
03:14peut demander cette...
03:16C'est-à-dire qu'elle ne pourrait pas faire appel.
03:18Elle peut faire appel, mais l'appel complémentaire d'inéligibilité
03:23est immédiat.
03:24C'est-à-dire, imaginez, vous avez des élections présidentielles
03:26au mois de mars, au mois d'avril, ou au mois de mai,
03:30en principe, sauf ressources juridiques assoupçonnées qu'on n'a pas vues,
03:34elle ne peut pas se présenter.
03:36Donc, c'est quand même une réalité.
03:39Mais quand même, elle peut faire appel, en effet.
03:41Elle peut rester vraisemblablement députée.
03:44Elle peut rester députée.
03:45S'il n'y a pas de dissolution.
03:46Même avec l'application de la peine complémentaire,
03:49elle peut rester députée, mais elle ne peut pas se représenter.
03:51S'il y a, par exemple, une dissolution au mois de juin prochain,
03:54elle ne pourra pas se présenter.
03:57Elle peut capitaliser énormément sur cette victimisation.
04:00Je veux dire, voilà, elle sera la...
04:04Jeanne d'Arc.
04:05Jeanne d'Arc, voilà, j'en perds mieux.
04:08La Jeanne d'Arc, effectivement, sacrifiée par la justice...
04:11Enfin, la mal finie, quand même.
04:12Oui, mais je pense qu'elle finira moins mal.
04:14Parce qu'effectivement, on est dans le paradigme
04:16où ça serait soit l'un, soit l'autre.
04:18Et moi, je ne crois pas du tout qu'effectivement,
04:19ça sera soit Jordan Bardella, soit Marine Le Pen,
04:21parce qu'en fait, ils font un tandem.
04:23Et que Jordan Bardella, même s'il commence à changer aussi
04:26au niveau de la base des jeunes qui lui sont dévoués,
04:28il a besoin de la machine Le Pen.
04:30La machine Le Pen, c'est une machine financière aussi.
04:33Enfin, je veux dire, c'est eux qui ont le trésor de guerre.
04:35Si Marine Le Pen voulait sacrifier Jordan Bardella,
04:38elle le pourrait aussi, mais ils n'ont aucun intérêt.
04:40Donc moi, je crois plutôt, effectivement, à un double ticket.
04:43Ça sera échangé, mais pourquoi pas ?
04:45Parce qu'elle, elle ne peut pas être élue,
04:46mais elle peut être nommée Premier ministre.
04:48Et on pourrait avoir...
04:49Ce ne sera pas, évidemment, le fillon de Nicolas Sarkozy
04:51qui est un simple collaborateur.
04:52Ça serait vraiment...
04:53Elle peut continuer à exercer le pouvoir,
04:55à être vraiment en tandem.
04:56Je citais Poutine-Medvedev,
04:59mais ça peut être un ticket à l'américaine,
05:00avec une vraie collaboration, en fait,
05:03de deux candidats qui sont complémentaires.
05:04Geoffroy Lejeune, sur cette hypothèse.
05:06Ce que je me disais en vous écoutant tous,
05:08c'est qu'il y a dix ans ou presque,
05:09je regardais la série Baron Noir de Canal+,
05:11en rigolant, en me disant,
05:12c'est sympathique, pas très crédible,
05:14mais c'est bien fait, c'est rigolo.
05:16En fait, aujourd'hui, on est quand même en plein
05:17dans un truc qui ressemble.
05:18C'est-à-dire l'atomisation absolue des partis politiques,
05:20la politique qui se fait un peu dans la rue,
05:22un peu à l'Assemblée, on ne sait pas trop,
05:23les ministères qui valsent,
05:24les présidents qui démissionnent.
05:25Enfin, toutes ces questions
05:26qu'honnêtement, on ne se posait quand même vraiment pas
05:28il y a quelques années,
05:29aujourd'hui se posent.
05:30Ça, déjà, c'est vertigineux.
05:31Et ensuite, moi, je suis désolé,
05:32je vois venir...
05:33Enfin, on est en plein, en fait,
05:34dans une crise qui est une crise,
05:36on ne sait pas si c'est une crise politique
05:37ou une crise de régime,
05:38on est un peu entre les deux,
05:39on ne sait pas comment ça va terminer.
05:40Mais je suis désolé,
05:41il y a un problème démocratique
05:42identifié d'ailleurs depuis,
05:43honnêtement, depuis quelques années,
05:45mais depuis, je pense,
05:46la présidentielle de 2017,
05:47avec déjà, à l'époque,
05:48ce qui est en train de se passer,
05:49le problème avec Marine Le Pen aujourd'hui,
05:50se pose déjà à l'époque avec Fillon.
05:52Aujourd'hui, on empêche les candidats
05:53de se présenter.
05:54Avant, on les empêchait de gagner.
05:55Bon, c'était un peu moins voyant.
05:57Et, en fait, une assemblée nationale en 2017,
05:59après l'élection de Macron,
06:00qu'on a tous cru être
06:01une page tournée,
06:03quelque chose d'un élan, etc.,
06:05en réalité, une assemblée nationale
06:06très mal élue
06:07avec une abstention importante.
06:09Et depuis, des élections, en fait,
06:10où le peuple participe de moins en moins,
06:12sauf là, au mois de juin dernier.
06:13Et quand il participe,
06:14on accouche plus d'une majorité claire.
06:16Donc, si vous voulez,
06:17ça commence à craquer un peu.
06:19Et Edouard Philippe disait,
06:20il s'amusait toujours dans cette formule,
06:22il disait la poutre travail,
06:23parce que c'était une façon de dire
06:24que les clivages entre les partis politiques bougeaient,
06:27qu'il y avait une recomposition politique.
06:28En fait, elle n'était pas en train de travailler,
06:29elle était prête à craquer.
06:30Et on est en plein dedans.
06:31On peut même remonter à avant,
06:33quasiment au référendum de 2005,
06:35où il y a eu un non clair
06:36et ensuite, on est passé dessus.
06:37Donc, moi, je pense que vraiment,
06:39le pire crime qui pourrait être fait
06:41à la démocratie,
06:42c'est de priver, encore une fois,
06:44le peuple français
06:45d'une élection présidentielle
06:46avec un vrai débat
06:48et avec les vrais acteurs.
06:50Parce que Jordan Bardella,
06:52ce n'est pas la figure de poux
06:53du Rassemblement national.
06:54Pour l'électorat du Rassemblement national,
06:56c'est Marine Le Pen.
06:57Et moi, je crois que ce serait un lourd handicap
06:59qu'elle ne puisse pas participer à la présidentielle.
07:02Parce que le tandem fonctionne effectivement
07:04en tant que tandem.
07:05Jordan Bardella parle davantage
07:06à un électorat de droite classique
07:08et Marine Le Pen, les classes populaires.
07:10Donc, ils ont besoin d'être deux.
07:11Donc, effectivement, une solution
07:12qui serait une solution bancale,
07:13serait un ticket à l'américaine.
07:15Mais ce serait quand même quelque chose,
07:17effectivement, un scénario
07:18digne de Baron Noir.
07:21Le plus sain est quand même pour la démocratie
07:24que le peuple s'exprime.
07:25Il peut très bien en décider
07:26de ne pas donner jamais de majorité
07:28à Marine Le Pen,
07:29de ne pas l'envoyer à l'Élysée.
07:31Mais c'est au peuple français.
07:32Pardonnez-moi de décider,
07:34et pas à des juges.
07:35Mais déjà, la question de la démocratie,
07:37comment se fait-il que des parlementaires
07:39aient pu voter une double peine ?
07:42C'est ça, c'est...
07:43Avec cette...
07:44Ah, mais là, on remonte un peu.
07:47Ils voulaient voter à l'origine.
07:49Clairement, c'est une double peine,
07:51alors que c'est au peuple de décider
07:53qui il va élire.
07:55Et il me semble que c'est inédit.
07:57C'est la première fois
07:58qu'un magistrat d'en ressent.
08:00La peine d'éligibilité existait.
08:02Ce qu'ils ont rajouté,
08:03c'est une exécution immédiate
08:05de cette peine d'éligibilité.
08:06C'est-à-dire qu'on attend pas la perdre.
08:07Et si ça l'aidait, Marine Le Pen,
08:08à briser le plafond de verre ?
08:12Parce que si ça se trouve,
08:13elle va pas se retrouver contre Mélenchon,
08:15qui va pas forcément être élue.
08:16Elle va de nouveau se retrouver
08:17avec un 45, etc.
08:19Donc, est-ce que, justement,
08:20un tandem...
08:21Mais un tandem, ça veut dire
08:22vraiment faire campagne.
08:23On sait que les Français savent
08:24qu'ils vont élire Marine Le Pen
08:26autant que Jordan Bardella, etc.
08:28d'additionner ses voix et ses ressources.
08:30Je sais pas si ça l'aidera.