Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui 14/11/2024, il revient sur les réquisitions du parquet dans le procès des assistants parlementaires du Rassemblement national. Il est notamment question des cinq ans de prison requis contre Marine Le Pen, dont deux ans de prison ferme aménageables, 300 000 euros d’amende et des cinq ans d’inéligibilité.
Vous voulez réagir ? Appelez-le 01.80.20.39.21 (numéro non surtaxé) ou rendez-vous sur les réseaux sociaux d’Europe 1 pour livrer votre opinion et débattre sur les grandes thématiques développées dans l'émission du jour.
Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Est-ce un procès politique ? Je vais évidemment parler de Marine Le Pen.
00:04Pourra-t-elle être candidate à l'élection présidentielle en 2027 ?
00:07Gilbert Collard était prévu de venir nous voir ce matin pour son livre
00:13« Indéfendable mémoire » où il parle notamment de l'affaire Ranucci, la tuerie d'Auriole,
00:18les bébés échangés à demi-siècle d'une carrière émaillée des plus grandes affaires judiciaires.
00:22Mais évidemment vous avez été proche de Marine Le Pen.
00:25Et vous nous direz ce que vous pensez de cette décision.
00:29Quoi de cette décision ? Non, des réquisitions.
00:31Mais les réquisitions dans le procès des assistants parlementaires sont tombées.
00:355 ans de prison, 5 ans d'inégibilité avec une exécution provisoire.
00:40C'est-à-dire qu'elle ne pourrait pas se présenter puisque si elle fait appel,
00:43cet appel ne serait pas suspensif.
00:47La justice reproche au Front National à l'époque, entre 2004 et 2016,
00:51d'avoir conclu des contrats artificiels d'assistants parlementaires européens
00:54pour travailler en réalité pour le parti.
00:56Le parquet réclame au Rassemblement National plus de 4 millions d'euros d'amende.
01:00Je vous propose d'écouter Marine Le Pen tout d'abord hier soir.
01:03Une volonté du parquet qui est celle en réalité de me priver,
01:07et même de priver les Français, disons, de la capacité de voter pour qui ils souhaitent.
01:12La seule chose qui intéressait le parquet, c'était Marine Le Pen.
01:15Pour pouvoir demander encore une fois son exclusion de la vie politique,
01:19avec exécution provisoire, et puis le Rassemblement National,
01:22pour pouvoir ruiner le parti.
01:24Il y a une phrase qui est beaucoup commentée hier,
01:26c'est celle de la procureure qui a déclaré concernant l'un des prévenus,
01:30et je précise qu'il ne s'agit pas de Marine Le Pen,
01:32je n'ai aucun élément, mais je ne peux pas demander la relax,
01:36ça me fait trop mal, et elle parlait aux prévenus jalques.
01:40Je vous propose d'écouter la réaction de Marine Le Pen.
01:42L'aveu de madame la procureure, quand elle a dit,
01:46sur ce contrat, je n'ai absolument aucun élément,
01:48mais je ne peux pas réclamer la relax, parce que ça me ferait trop mal.
01:52Didier Migaud était ce matin l'invité de Sonia Mabrouk sur CNews et sur Europe 1.
01:58Écoutons la réponse de monsieur Migaud.
02:06Vous savez que le garde des Sceaux n'a pas le droit de s'exprimer
02:09sur des affaires individuelles et à partir du moment où un procès est en cours.
02:13Je suis pratiquement le seul responsable politique à ne pas pouvoir commenter.
02:18Donc je ne peux pas commenter.
02:21C'était la première tentative de Sonia Mabrouk, on va écouter la deuxième.
02:25Est-ce que ce que dit le ministre de la Justice est juste ?
02:30Est-ce qu'il est dans son rôle un maître collard ?
02:33Est-ce qu'il t'obligeait de ne pas commenter ?
02:36D'abord, dans cette interview que j'ai entendu, il va faire une faute terrible.
02:43Il va dire que le justiciable peut récuser les juges,
02:47mais il ne peut pas récuser le procureur.
02:49Le procureur est irrécusable,
02:51d'où l'obligation que lui a imposée la Cour européenne d'être, et ça on l'oublie, impartial.
02:58Impartial.
02:59Et ça va nous ramener à la petite phrase qui a été prononcée.
03:02Non, le garde des Sceaux est le chef du parquet.
03:05Hierarchiquement.
03:06Je me rappelle la formule d'un professeur de droit, le professeur Stéphanie, édition Dallas.
03:13Le procureur est relié par un lien ombilical à la chancellerie.
03:20C'est dans les manuels.
03:22Que le patron du parquet, hiérarchiquement,
03:28ne puisse pas commenter le comportement d'un procureur, c'est se moquer du monde.
03:32Alors je vous rappelle l'adage que vous devez connaître,
03:34la plume est serve mais la parole est libre.
03:37Donc il suffisait de dire, le procureur il dit ce qu'il veut, la parole est libre.
03:41Ce qui me donne l'autorisation de le commenter.
03:44Puisque ce n'est pas de mon commandement.
03:48Non mais là on a affaire, je veux dire que c'est un chef d'oeuvre de langue de bois.
03:53C'est un charpentier génial lui.
03:55Deuxième tentative de Sonia Mabrou qui veut faire réagir M. Migaud, le garde des Sceaux.
04:00Alors autre question, quoi qu'on pense de l'opposante Marine Le Pen,
04:02elle représente quand même des millions de Français, vous serez d'accord.
04:05Si le tribunal suit les réquisitions, que vont penser ces millions de Français
04:09qu'on a cherché à éliminer ou à dissoudre de l'opposition ?
04:11Qu'est-ce que vous dites et qu'est-ce que vous opposez à l'argument d'une justice politisée avec Marine Le Pen ?
04:16Une fois de plus, je ne peux pas rentrer dans votre raisonnement.
04:21Je ne peux pas m'immiscer dans un procès qui est en cours.
04:25La justice elle est indépendante.
04:27Et les magistrats sont eux-mêmes indépendants.
04:30Et c'est un principe constitutionnel.
04:34Et le ministre peut définir une politique pénale,
04:38mais il n'a pas le droit d'intervenir dans des affaires particulières.
04:42Alors vous ne me répondez pas.
04:44C'était la deuxième tentative de Sonia Mabrou.
04:46Imaginons une troisième tentative de notre excellente consoeur.
04:51Marine Le Pen, inéligible.
04:53M. Migaud, garde des Sceaux, mais aussi responsable politique.
04:57Est-ce que ça c'est une question politique ?
04:59Vous pouvez me poser dix fois la même question.
05:01Je ferai toujours la même réponse.
05:03Je ne peux pas.
05:05Je comprends votre obstination à me faire parler.
05:07Mais là, je ne peux pas m'exprimer.
05:10Il y aura une quatrième et même une cinquième.
05:12On va écouter la quatrième pour le plaisir.
05:14Sur l'un des prévenus, la procureure ou l'une des procureurs a lancé au sujet d'un contrat.
05:19Lors de ce procès, je cite,
05:21« Je n'ai aucun élément, mais je ne peux pas demander la relâche, ça me fait trop mal. »
05:24M. le garde des Sceaux, est-ce qu'une procureure peut dire cela ?
05:28Je n'ai pas de commentaire à faire.
05:31Est-ce qu'une procureure peut dire cela ?
05:33Je n'ai pas de commentaire à faire.
05:36En tout cas, la réalité est tenace.
05:38Conclusion ? Conclusion avec Sonia et M. Migaud.
05:40Une interview, c'est un révélateur en réalité.
05:43Et que souvent, les silences, les non-dits et les non-réponses
05:47donnent beaucoup plus d'indications que les réponses,
05:49qui sont souvent enrobées de langue de bois et d'éléments de langage.
05:52Donc moi, ce que j'aime dans ces entretiens-là, vous l'avez dit,
05:55il y a de l'intensité parce que chacun s'accroche dans le regard de l'autre.
05:58En réalité, c'est comme un laser et un scanner que vous passez d'ailleurs,
06:02aussi bien pour le journaliste que pour le politique.
06:04C'est ce qu'il ne dit pas qui compte.
06:06C'est ce qu'il n'a pas dit là, dans la première partie,
06:08qui a quand même duré huit minutes, ce qui est assez long avec des non-réponses.
06:11Convenez que si on faisait un entretien pendant huit minutes
06:14où personne ne répond à la question,
06:16vous commencez à trouver le temps long.
06:18Moi, j'étais à l'école de Gérard Carreyrou et de Jean-Pierre Alcabache.
06:22La question n'est pas tellement de la poser plusieurs fois pour montrer que vous y tenez.
06:26La question, c'est que c'est la question que tout le monde se pose ce matin.
06:29Bon, sur le fond, et je vais vous interroger,
06:32est-ce que ces réquisitions, sur le fond,
06:37elles sont peut-être disproportionnées,
06:39mais est-ce qu'il y a faute ou pas du Rassemblement national ?
06:43Et vous allez pouvoir répondre tout de suite après.
06:45La pause, Gilbert Collard est avec nous.
06:48Et aussi, vous pouvez réagir avec Pascal Praud sur Europe 1 au 0180 20 39 21.
06:53Europe 1.
06:54Pascal Praud, de 11h à 13h sur Europe 1.
06:56Et Pascal, vous recevez ce matin Maître Gilbert Collard.
06:59Exactement, Maître Gilbert Collard, qui n'est plus avocat,
07:02puisque vous avez arrêté des activités il y a quelques semaines.
07:05C'est comme quand on a été pute, on reste...
07:09On reste avocat !
07:11La comparaison !
07:13Mais vous êtes...
07:15Vous savez qu'il y a des gens qui m'ont dit de vous,
07:18que vous êtes sans doute un des plus brillants
07:21et un des plus intelligents avocats du barreau,
07:25et qu'entre guillemets, vous avez gâché votre image
07:28par provocation, parce que votre nature est comme cela,
07:32vous aimez de temps en temps sortir des gonds,
07:34mais que derrière cette apparence,
07:37il y a une des plus fines lames du barreau dans son histoire.
07:43Oui, écoutez, comme disait Henri David Thoreau,
07:46si je ne suis pas moi-même, qu'il sera !
07:48Donc, je préfère me faire plaisir et dire ce que j'ai envie de dire.
07:52C'est vrai que ça m'a coûté beaucoup, honnêtement, je l'ai payé...
07:55L'image, parfois !
07:56Oui, l'image, oui, je m'en fous !
07:58Bon...
08:00Je m'en fous, moi, je...
08:02L'image...
08:04Quelle importance d'avoir une image qui plaît aux autres,
08:07auxquelles vous ne plaisez pas ?
08:09Bon, en tout cas, vous êtes là...
08:11Non, on n'est pas d'accord là-dessus !
08:12Vous êtes là ce matin, et vous allez pouvoir d'abord parler de votre livre, bien sûr,
08:16mais en 2019, vous avez été député européen,
08:20de 2019 à 2024,
08:23et lorsque vous êtes...
08:24Et député national avant !
08:25Bien sûr, mais lorsque vous êtes élu en 2019 au Parlement européen,
08:29c'est sous l'étiquette du Rassemblement National.
08:32Bon, donc vous avez un assistant parlementaire...
08:34Absolument, j'en avais trois, même.
08:36Vous en avez trois.
08:37Donc, comment ça se passe, à ce moment-là ?
08:39Est-ce que ces gens-là travaillent uniquement pour le Parlement européen ?
08:42D'ailleurs, vous n'êtes pas poursuivis, vous, dans cette affaire ?
08:44Non, mais moi, j'ai eu des...
08:45Alors, je veux dire que le hasard, il fait bien les choses,
08:47parce que moi, je me suis payé quand même deux contrôles.
08:49Deux contrôles...
08:51Non, mais expliquez-nous sur le fond...
08:53Moi, je n'arrive pas à comprendre comment le parquet peut construire une infraction pénale.
09:01Qu'il y ait...
09:02Alors, dans le pire des cas, il peut y avoir ce qu'on appelle, nous, une répétition de l'indû,
09:05c'est-à-dire qu'on considère que les fonds ont été utilisés indûment.
09:10Bon, à ce moment-là, il y a une demande de remboursement,
09:12mais de là à dire que le Rassemblement National aurait organisé un système
09:18destiné à détourner des fonds via des attachés parlementaires
09:24pour appauvrir le Parlement et enrichir le parti dans son action,
09:29c'est une mécanique qui est complètement improbable.
09:34Mais ce qu'on reproche, c'est que ces assistants parlementaires payés par le Parlement européen
09:40auraient dû travailler pour le député dans le cadre de son activité européenne,
09:44et pas pour la France, c'est bien ça ?
09:47Oui, mais comment dissocier, c'est ce que je disais récemment,
09:52comment dissocier l'activité du député de l'activité de l'étiquette qu'il porte ?
09:59Je veux dire que quand on intervient au Parlement européen,
10:01on intervient en tant que député européen inscrit à un groupe,
10:05lequel groupe est une émanation du mouvement auquel on appartient,
10:09donc il y a interdépendance entre les deux,
10:12et la mauvaise foi du Parlement européen qui a quand même mis 15 ans
10:16à se rendre compte de la situation infractionnelle,
10:19c'est de vouloir faire une dichotomie entre l'assistant parlementaire
10:27et l'activité politique du député, c'est très difficile,
10:30alors nous on était d'une rigueur là-dessus incroyable,
10:34pour ne pas avoir le moindre reproche,
10:38parce qu'effectivement on peut à tout moment vous dire,
10:40mais là, est-ce que c'est pour le député que l'assistant s'exprime ?
10:47C'est quoi votre analyse ?
10:51C'est un procès politique au départ,
10:54du reste, moi je crois beaucoup, en lacanien que je suis,
10:59aux phrases qui expriment la vérité de l'inconscient,
11:03quand le procureur va dire, je n'ai aucun élément,
11:07mais je ne peux pas demander à la relax, ça me fait mal,
11:10attendez, c'est la preuve d'un parti pris évident,
11:14si je l'avais en face de moi ce procureur,
11:17d'abord moi je serais intervenu, au moment où il a dit ça,
11:20j'aurais fait un scandale,
11:22je lui dirais, ça vous fait mal ? Où ?
11:26Si vous dites que ça vous fait mal ?
11:29Il a mal où ? Il a mal au parti pris ?
11:32Cette phrase elle est folle, parce que c'est un aveu,
11:36comment un procureur...
11:38L'inconscient !
11:40Moi ça ne me convainc pas,
11:43cet homme, cette procureure,
11:45on est dans une erreur absolument invraisemblable,
11:49on n'est même plus dans l'inconscient puisqu'elle dit les choses,
11:52l'inconscient peut vous faire parler,
11:54on est tellement dans le parti pris,
11:58qu'à un moment donné, parce qu'elle parle,
12:01ça peut avoir des conséquences de cette phrase ?
12:03En droit, est-ce que ça peut mettre tout le système par terre ?
12:06Tout dépend de la manière dont les avocats vont réagir,
12:08alors là vraiment, c'est une affaire de stratégie,
12:11un Vergès, un Collard, un Varro,
12:15je pense aurait une réaction assez surprenante,
12:18Mais vous par exemple, comment vous réagissez ?
12:21Quand vous revenez à l'audience ?
12:23Quand je reviens à l'audience, je fais un truc qui choquerait tout le monde,
12:27je demande au tribunal,
12:29juridiquement ma démarche serait iconoclaste,
12:33pas fondamentalement juridique,
12:35je demande au tribunal de se récuser,
12:37parce qu'on a un élément de participation au procès
12:41qui n'est pas le tribunal.
12:43Si ce n'est pas juridique, si ça n'a aucune chance d'aboutir...
12:47Mais attendez, le réquisitoire est un élément du procès !
12:50Oui, mais vous dites vous-même...
12:52La poursuite quand même,
12:54qu'est-ce qui demande le renvoi devant le tribunal ? C'est le procureur !
12:56J'entends bien, mais vous dites vous-même que ça n'ira pas jusqu'au bout, cette démarche.
13:00Si je suis prévenu, j'ai envie d'avoir un avocat qui soit efficace.
13:05Oui, mais Pascal, vous vous rendez compte du coup d'arrêt que ça mettrait au procès ?
13:08Le tribunal obligé de se prononcer sur une récusation...
13:11Est-ce qu'on est obligé de se prononcer quand même là ?
13:13Oui, ça part au premier président obligé de se prononcer.
13:17C'est vrai que c'est une démarche qui, pour des juristes, est iconoclaste.
13:20Moi, je l'ai fait à La Réunion.
13:22Il y avait du reste du pont Moriti qui plaidait avec moi.
13:25Et la Cour d'Assise a remis en liberté les types.
13:30Parce qu'on avait joué sur le fait que le procureur,
13:34ayant une obligation d'honnêteté, d'impartialité sur le terme employé...
13:40Alors, impartialité, évidemment, ce mot pose problème.
13:43Le parquet est impartial ?
13:45Il doit l'être, d'après la Cour européenne.
13:47Alors, il n'est pas une autorité judiciaire, mais il doit être impartial.
13:51Mais il représente l'accusation.
13:53Oui, mais il faut que son accusation soit honnête.
13:55Honnête, c'est autre chose qu'impartial.
13:57L'honnêteté vous conduit à l'impartialité.
14:01Si vous n'avez pas de preuve que quelqu'un est coupable,
14:03vous n'allez quand même pas demander au tribunal de le mettre en prison.
14:06C'est ça, l'impartialité.
14:08Ou alors, si vous demandez au tribunal de mettre en prison quelqu'un
14:11dont vous savez qu'il n'est pas coupable,
14:13vous êtes un sale mec, quoi !
14:16Vous n'êtes pas digne de la fonction que vous représentez.
14:19Alors, je fais juste une parenthèse, je ne sais pas si je dois le dire.
14:22Je ne vais pas dire, évidemment, les personnes qui sont mises en cause,
14:26mais je me souviens que vous m'aviez dit, dans une conversation privée,
14:29qu'un des juges, dans une affaire que je ne citerai pas importante,
14:33savait que celui qui l'avait mis en prison était tout à fait innocent.
14:36Ah oui, oui, je le raconte dans le livre, du reste.
14:38Il vous l'avait dit.
14:39Oui, oui.
14:40Alors, on peut dire, effectivement, c'est dans l'affaire de Bruet-en-Arthois.
14:43Voilà, absolument.
14:44Il y avait une femme qui était trémoin, là, oui.
14:46Donc, c'est quand même le juge qui était le juge Pascal.
14:49Pascal, oui, oui.
14:50Vous avez dit, ben oui, c'est le notaire.
14:52Le notaire, je sais bien qu'il est innocent, mais je l'ai mis.
14:54C'est un salaud, il part tout de suite, c'est un dégueulasse.
14:57Bon, il faut dire qu'il avait un peu bu ce soir-là.
15:00Oui, je suis d'accord avec vous.
15:01Et puis, il y a autre chose que vous avez dit et qui m'a beaucoup intéressé.
15:04C'est un adjectif que vous avez employé.
15:06Vous avez dit lacanien.
15:07Oui.
15:08En bon lacanien.
15:09Alors, lacanien, c'est Jacques Lacan.
15:10Oui, oui.
15:11Il se trouve que vous avez été l'avocat de Jacques Lacan.
15:13C'est Roland Dumas qui m'avait demandé de l'assister dans le contrôle fiscal.
15:17Mais alors, pourquoi vous êtes lacanien ?
15:19Parce que j'aime ce que cachent les mots.
15:23J'aime ce que cachent les mots.
15:24Je trouve qu'il n'y a rien de plus extraordinaire que le mystère des mots.
15:29Le trésor des mots.
15:31Vous ne dites jamais ce que vous dites.
15:33C'est ça qui est génial.
15:34Donc, il faut, même si ce que vous dites, c'est l'expression de votre parole,
15:39il faut toujours se demander...
15:41Dans le bouquin, je raconte comment, dans un procès, à partir de ce qui se dit,
15:46j'arrive à démontrer la culpabilité de l'accusé.
15:49J'arrive à démontrer la culpabilité.
15:51Donc, là, cette phrase, elle est...
15:53Vraiment, attendez.
15:54Elle est terrifiante.
15:55Mais là, on est autre chose.
15:56Je vous dis, c'est un aveu.
15:57Oui, c'est un aveu.
15:59Elle est plus facile, d'une certaine manière, parce qu'il n'y a pas d'interprétation.
16:03Non, il n'y a pas d'interprétation à avoir.
16:04C'est contre Jacques.
16:06Ce qui est intéressant, c'est de voir ce qu'il peut y avoir derrière un mot
16:10et de l'interpréter, ce qu'il cache.
16:12Là, il ne cache rien, cette phrase.
16:13Elle dit tout.
16:14Alors, elle ne cache rien, ce n'est pas dit.
16:16Il est 11h26.
16:18On est avec Gilbert Collard.
16:19Vous pouvez l'interroger.
16:21Vous êtes sûrement une des personnes les plus intéressantes à interroger.
16:26Vous êtes vous le plus intéressant à poser les questions.
16:31Il est flatteur, en plus.
16:3311h26.
16:34Vous devriez faire une carrière à la télé, je vous l'ai déjà dit, ou à la radio.
16:37Vous devriez faire, maintenant que vous n'êtes plus avocat, vous devriez penser à faire quelque chose.
16:41Mais j'ai une chaîne YouTube qui marche à merveille.
16:43Vous pouvez vous abonner.
16:44Bon, 11h26.
16:45A tout de suite.
16:46Et pour interroger Gilbert Collard, notre invité, vous composez le 01 80 20 39 21.
16:5111h13, vous êtes avec Pascal Praud sur Europe.
16:5411h13.
16:5513h.
16:56Pascal Praud sur Europe 1.
16:58Et vous allez évidemment, avant qu'on parle de son livre, Indéfendable Mémoire, on peut l'interroger.
17:04Vous pouvez l'interroger sur les réquisitions, hier, de la procureure contre les députés du Rassemblement National.
17:13Et on est avec Roc.
17:14Bonjour Roc, vous êtes agriculteur.
17:16Bonjour.
17:17Bonjour Pascal.
17:18Merci d'être avec nous.
17:19Votre analyse est peut-être une question à Gilbert Collard.
17:22D'abord, moi je suis dans une colère, mais très très importante sur absolument tous les plans.
17:27C'est d'une sévérité extrême.
17:30C'est injuste quand on voit que l'assassin du SDF à Lyon était interdit de territoire depuis 4 ans,
17:36qu'il était encore en liberté, qu'il a tué plusieurs personnes.
17:39Et Marine Le Pen, elle va être condamnée à 2 ans d'emprisonnement ferme.
17:43On va l'empêcher de se présenter à la présidentielle.
17:45C'est-à-dire qu'on va enlever au peuple français le pouvoir de décider pour lui-même.
17:49Mais c'est honteux, c'est révoltant.
17:51Ça donne envie de faire la révolution.
17:53Le seul problème, c'est que nous les électeurs de Marine Le Pen, on est la France qui bosse.
17:56Donc on n'a même pas le temps de faire la révolution.
17:58On bosse pour payer ces procureurs qui font n'importe quoi depuis 40 ans,
18:01qui sont responsables d'absolument tout.
18:03Eux, les procureurs, les juges, et les députés socialistes, UMP,
18:08qui depuis 40 ans ont trahi le peuple.
18:10C'est révoltant, c'est insupportable. Je suis très en colère.
18:12Gilbert Collard, la colère tonne en son cratère.
18:16Je comprends, je comprends cette colère.
18:19Parce que ce qui finalement justifie la colère,
18:23c'est la phrase de la procureure.
18:26Tant qu'elle n'avait pas lâché cette vérité intérieure
18:32qu'elle a extériorisée d'une façon honteuse,
18:35on pouvait se poser des questions.
18:37Mais là, on a un aveu judiciaire d'un procureur.
18:42C'est pour ça que je vous ai dit, est-ce que ça peut changer quelque chose ?
18:45Moi je pense que oui, mais maintenant...
18:46Sur le plan juridique ou judiciaire ?
18:48Ça peut embarrasser terriblement la juridiction.
18:51Et ça devrait embarrasser terriblement le garde des Sceaux.
18:54Parce qu'il peut chanter sa chanson à qui il veut.
18:57Il va chanter sa chanson, il ne chante même pas.
18:59Il ne fredonne même pas.
19:01Il se taire, terrorisé.
19:04Il se taire, le taiseux.
19:06Mais il devrait quand même se préoccuper de sa responsabilité
19:10en tant que chef hiérarchique.
19:13Parce que vous n'allez quand même pas me faire croire
19:15que le procureur de la République, le procureur général
19:20et le ministère de la Justice
19:23n'étaient pas au courant des réquisitions.
19:25Donc vous allez voir cette affaire,
19:28sur cette simple phrase,
19:30elle va prendre une ampleur inédite.
19:32Alors maintenant, est-ce que les avocats que je connais,
19:35qui sont de trop remarquables juristes,
19:38vont être capables de saisir la maladresse au bon ?
19:43Et je dis bien, de trop remarquables juristes.
19:46Parce qu'il y a des moments,
19:48sa Vergès savait le faire admirablement,
19:50je savais le faire.
19:52Il y a des moments où il faut taper à côté du droit.
19:54En étant dans la vérité du procès, bien sûr.
19:57Parce qu'à côté du droit, on reste aussi dans le droit.
20:01Et là, il y a quelque chose qui est à côté du droit,
20:04mais qui est dans le droit.
20:05Le procureur a tenu un propos qui disqualifie le procès.